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Jean-Yves DORMAGEN

Daniel MOUCHARD

Introduction à la sociologie politiqueJean-Yves DORMAGEN

Daniel MOUCHARD

Introduction

à la

Ouvertures

politiques sociologie politique 4 e

édition

mise à jour

REMERCIEMENTS

remarques et commentaires avisŽs, pour son inŽpuisable patience (maintes fois mise

ˆ lՎpreuve) et, plus globalement, pour sa contribution dŽcisive ˆ la rŽalisation de ce

manuel. Nous tenons Žgalement ˆ remercier Yohann Aucante, William Genieys, Sophie Maurer, Laura Michel et Thomas RibŽmont pour leurs prŽcieuses relectures de diffŽrentes par- ties de ce manuel. DBU7113.book Page 5 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17 DBU7113.book Page 6 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17

INTRODUCTION

simplement : la sociologie politique est une discipline universitaire dont le but est de comprendre, sur des bases scientifiques, le fonctionnement politique des sociŽtŽs. La sociologie politique ne cherche donc ni ˆ justifier ni ˆ condamner, ni mme ˆ Žta- blir ce qui est juste, lŽgal, ou dŽsirable. En cela, elle se distingue du discours des pro- fessionnels de la politique dont le but est dÕabord de convaincre. Elle se diffŽrencie Žgalement de la philosophie politique, dont lÕobjet consiste, par exemple, ˆ sÕinter- roger sur les conditions dÕune vie plus harmonieuse et plus libre en sociŽtŽ, ou sur la question du meilleur rŽgime politique possible. La sociologie, comme lÕensemble des sciences sociales, nÕa donc aucune visŽe normative. CÕest pourquoi elle se distin-

gue Žgalement du droit, dont le principe est dՎtablir ce qui est lŽgal et ce qui ne lÕest

pas et qui, appliquŽ ˆ lÕordre politique, cherche ˆ organiser, en le rŽglementant, le fonctionnement du pouvoir politique. Il est dÕautant plus important de bien souli- gner les diffŽrences entre droit et sociologie que sociologie politique et droit consti- tutionnel ont un objet commun (lÕobjet politique) et que, tout au moins dans le contexte franais, ces deux disciplines sont frŽquemment enseignŽes dans les mmes institutions. Cela tient ˆ lÕhistoire des sciences sociales du politique 1 . Sans entrer ici

dans le dŽtail, il convient de rappeler que la sociologie politique franaise sÕest dŽve-

loppŽe dans les Instituts dՃtudes Politiques (IEP, qui sont des institutions gŽnŽra- certains objets politiques (lՃtat, le gouvernement, le Parlement...) relevait principa- lement du droit public et du droit constitutionnel. CÕest au sein de ces disciplines cipline universitaire spŽcifique et autonome. La diffŽrenciation toujours plus nette

1. LA SOCIOLOGIE POLITIQUE COMME DISCIPLINE DISTINCTE

ET AUTONOME

1. Voir Favre P.,

Naissances de la science politique

, Paris, Fayard, 1989 ; et DŽloye Y., Voutat B. (dir.),

Faire de la science politique

, Paris, Belin, 2002. DBU7113.book Page 7 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17

8INTRODUCTIONINTRODUCTION Ë LA SOCIOLOGIE POLITIQUE

ˆ lՎmergence dÕinstitutions et de cursus propres ˆ la nouvelle discipline (crŽation en

1949 de lÕAssociation Franaise de Science Politique, lancement en 1951 de la

Revue

Franaise de Science Politique

, mise en place du concours dÕagrŽgation en science poli- tique en 1973É), mais aussi gr‰ce ˆ un basculement du c™tŽ des sciences sociales, ce qui implique un changement de perspective par rapport ˆ lÕapproche juridique (cf. infra Autant il est important de bien distinguer le droit de la sociologie politique, autant il est important de rappeler leur complŽmentaritŽ 2 Ces deux disciplines sont complŽmentaires parce que le politiste ne ques. Et rŽciproquement, ceux qui produisent, enseignent ou tentent

ne prendre pour lÕinstant quÕun exemple, il est nŽcessaire dÕassocier lÕapproche juri-

dique et lÕapproche sociologique pour bien comprendre un trait central dÕune grande partie des dŽmocraties contemporaines : lÕaffaiblissement des Parlements. Expliquer qui limitent le pouvoir de lÕinstitution parlementaire, mais aussi dÕautres causes mises en Žvidence par la sociologie politique, notamment lÕemprise croissante des cf. encadrŽ n¡ 1 ), qui favorise la prŽ- dominance de lÕexŽcutif sur le lŽgislatif (cf. chapitre 3). 3 4

2. Voir sur ce point en gŽnŽral Franois B., Ç Duverger revisitŽ È, in Favre P., Legavre J.-B. (dir.),

Enseigner la science politique

, Paris, LÕHarmattan, 1997.

3. Voir notamment Parodi J.-L., Ç ImprŽvisible ou inŽluctable, lՎvolution de la V

e

RŽpublique ? È,

in Duhamel O., Parodi J.-L. (dir.),

La Constitution de la V

e

RŽpublique

, Paris, Presses de Sciences Po, 1988.

4. Voir sur ce point Lacroix B., Lagroye J. (dir.),

Le PrŽsident de la RŽpublique

, Paris, Presses de

Sciences Po, 1992.

EncadrŽ 1

LÕanalyse des institutions

quement un objet dՎtude majeur de la science politique. Mais la faon de les apprŽhender a largement ŽvoluŽ au fil

du temps : ˆ une approche strictement juridique (dŽcrivant les prŽrogatives formelles des diffŽrentes composantes

approche plus sociologique. Cette approche sociologique suit elle-mme diffŽrentes directions. On citera en particu-

dont les acteurs jouent de ces contraintes 3

est le nŽo-institutionnalisme, attentif ˆ la fois ˆ la structuration historique et sociale des institutions (aux acteurs

lyser sous diffŽrents angles ce qui fait vivre lÕinstitution prŽsidentielle sous la V e

RŽpublique (la parole prŽsidentielle,

le protocole, les interactions avec les autres institutions, le charisme de la fonctionÉ) 4

Politiste

: chercheur spŽcialiste de science politique (le terme

Ç politologue È est aussi souvent

utilisŽ). DBU7113.book Page 8 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17 INTRODUCTION Ë LA SOCIOLOGIE POLITIQUEINTRODUCTION 9 La sociologie politique, en tant que science dÕun certain type de faits sociaux (les faits politiques), est une science sociale entend par lˆ. Sous ce terme, on rŽunit traditionnellement un ensemble de discipli- nes scientifiques qui ont en commun de se consacrer ˆ lՎtude des sociŽtŽs et des comportements humains (cÕest pourquoi on peut Žgalement les appeler Ç sciences de lÕhomme È ou Ç sciences humaines È). Ces disciplines sont principalement la sociologie, lÕhistoire, la psychologie, lÕethnologie, lՎconomieÉ. Elles ont en com- mun lՎtude de lÕhomme et de la vie en sociŽtŽ, mais elles se distinguent, a priori par des angles dÕapproche et des objets spŽcifiques. La sociologie Žtudie les Ç faits

sociaux È (le mariage, lՎcole, le vote, la criminalitŽÉ) ; lÕhistoire est centrŽe sur le

passŽ ; lÕethnologie sÕintŽresse ˆ des sociŽtŽs Ç ŽloignŽes È (ŽloignŽes du monde

occidental o sont nŽes les sciences sociales) ; la psychologie explore la conscience (et son pendant, lÕinconscient), et lՎconomie analyse les mŽcanismes de lՎchange de biens (notamment dans le cadre du marchŽ).

Quant ˆ la sociologie politique, elle

a pour objet tout ce qui est relatif au gouvernement des sociŽtŽs et tout ce qui est en rapport avec cette activitŽ de gouvernement. Cependant, ces subdivisions ne sont pas si fermement Žtablies. DÕune part, chaque discipline tend ˆ dŽborder son objet limitativement dŽfini (il existe une Ç histoire du temps prŽsent È, une ethno-

logie des sociŽtŽs Ç occidentales È contemporainesÉ). Et dÕautre part, lÕhistoire, la

sociologie, lÕethnologie, la sociologie politique et mme lՎconomie peuvent avoir les mmes objets sur lesquels ils portent des interrogations croisŽes et complŽmen- taires. On le voit, par exemple, avec le comportement Žlectoral, qui a donnŽ lieu ˆ des Žtudes dans toutes ces disciplines. En outre, les sciences sociales ont une ambition commune : expliquer le social par (par exemple, en ce qui concerne la sociologie politique, chercher dans les structu- duite en vigueur au sein de ces groupes, lÕorigine des prŽfŽrences Žlectorales). Expliquer le social par le social revient ˆ faire le double pari que le social obŽit ˆ des causes, et que ces causes se trouvent dans la sociŽtŽ elle-mme. Toutes les sciences sociales reposent de fait sur ce postulat fondamental que le social est dŽterminŽ et quÕen consŽquence, il prŽsente des rŽgularitŽs . Pour cette raison, le principal objectif de la recherche doit tre dÕidentifier ces rŽgularitŽs et de les expliquer. Hors de ce postulat, il nÕy a pas de science du social possible, pas de science des comporte- ments humains possible. Il faut, en effet, bien comprendre que si les faits, les com- portements, les choix pouvaient tre sans cause, ils nÕobŽiraient, alors, quÕau hasard sans ordre et sans logique. SÕil devait en tre ainsi, alors il serait vain de sÕengager dans lÕexploration de lÕunivers social et dans lՎtude des comportements humains : lÕentreprise mme dÕune science du social serait sans fondement et dŽpourvue de sens.

CÕest pourquoi on retrouve le postulat

dŽterministe faon plus ou moins clairement assumŽe) dans tous les courants qui composent les sciences sociales ; y compris, on le verra, dans les

2. LA SOCIOLOGIE POLITIQUE COMME SCIENCE SOCIALE

DŽterminisme

: principe selon lequel chaque ŽvŽnement dŽpend dÕune causalitŽ scientifiquement repŽrable. DBU7113.book Page 9 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17

10INTRODUCTIONINTRODUCTION Ë LA SOCIOLOGIE POLITIQUE

courants qui placent les Ç choix È et les Ç stratŽgies È des acteurs au centre de leur dispositif thŽorique et mŽthodologique 5 cette discipline sÕorganise autour de deux grands courants ou para- digmes opposŽs 6 La tradition Ç holiste È, reprŽsentŽe notamment par

ƒmile

Durkheim

7 , constitue le premier p™le. Le holisme est une concep- tion thŽorique selon laquelle lÕindividu est dŽterminŽ par les rapports croyances en vigueur dans ses groupes dÕappartenance. En ce sens, selon le point de vue holiste, il faut partir du groupe pour expliquer les comportements individuels : le groupe est mŽthodologiquement premier. SÕinspirant au moins en partie des travaux de

Max Weber

le courant individualiste constitue le second p™le. Lˆ aussi, il sÕagit dÕune conception thŽorique, mais en quelque sorte symŽtriquement inverse de la prŽcŽdente. LÕindividualisme (que lÕon qualifie, en gŽnŽ- ral, de Ç mŽthodologique È, parce quÕil implique, ˆ lÕinstar du holisme, une mŽthode dÕanalyse 8 ) postule en effet que ce qui est pre- mier dans lÕanalyse, ce nÕest pas la sociŽtŽ, ni le groupe, mais lÕindi- vidu. En dÕautres termes, ce nÕest pas la sociŽtŽ qui produit lÕindividu mais au contraire lÕindividu qui produit la sociŽtŽ. La sociŽtŽ nÕest que le produit de la somme des comportements individuels, et cÕest lÕagrŽ- gation des attitudes, des choix, des stratŽgies individuels qui produit des faits sociaux (tels que le nombre de mariages, de divorces, de sui- cides, ou de votes pour la gauche ou la droite). Ces deux courants sont, en apparence, radicalement opposŽs sur le plan thŽorique. Cependant, et ce depuis dŽjˆ longtemps, la plupart cette opposition en montrant quÕune articulation des deux niveaux, et une mise en Žvidence de leurs interactions constantes, sont essen- des formes diffŽrentes, des thŽories de

Pierre Bourdieu

, de Norbert

Elias, dÕAnthony Giddens

9 , et dÕautres encore. On trouvera dans cet

5. Voir sur ce point la mise au point de Favre P.,

Comprendre le monde pour le changer. EpistŽmolo- gie du politique , Paris, Presses de Sciences Po, 2005. in Birnbaum P., Leca (dir.),

Sur lÕindividualisme

, Paris, Presses de Sciences Po, 1986.

7. CÕest dans

, publiŽ en 1895, (Paris, PUF, 1996) que Durkheim expose le plus clairement ce point de vue.

8. En ce sens, lÕindividualisme mŽthodologique est clairement distinct du sens courant du terme

Ç individualisme È, qui sÕapparente plut™t ˆ un constat normatif sur lՎvolution des sociŽtŽs con-

temporaines.

9. Voir notamment Bourdieu P.,

Le sens pratique

, Paris, Minuit, 1980 ; Elias N.,

QuÕest ce que la

sociologie ? , Paris, 1991 ; Giddens A.,

La constitution de la sociŽtŽ

, Paris, PUF, 1987. Voir pour une

Les nouvelles

sociologies , Paris, Colin, 2004.

Paradigme

: ensemble de thŽories, de concepts, de notions de base qui, ˆ un moment donnŽ de lÕhistoire dÕune disci- pline, constituent le cadre gŽnŽral de rŽfŽrence du travail scientifique pour une communautŽ de chercheurs.

E. Durkheim (1858-1917)

: con- de la sociologie, E. Durkheim, professeur

ˆ Bordeaux puis ˆ la Sorbonne, est

notamment lÕauteur de la

Division

du travail social (1893), des mŽthode sociologique (1895), et du

Suicide

(1897).

M. Weber (1864-1920)

considŽrŽ ˆ lÕinstar de Durkheim comme un des fondateurs de la sociologie, Max

Weber, professeur dans diffŽrentes uni-

versitŽs allemandes (Berlin,

Fribourg, Vienne) est notamment

lÕauteur de

LՎthique protestante

et lÕesprit du capitalism e (1905), des

Essais sur la thŽorie de la science

(1904-1917), de

Le savant et le politi-

que , et surtout dÕ

Economie et sociŽt

(1921-posthume).

P. Bourdieu (

1930-2002) :

considŽrŽ comme lÕun des plus impor- tants sociologues contemporains, Pierre Bourdieu, directeur dՎtudes ˆ lÕEHESS est notamment lÕauteur de

La distinc-

tion (1979), du

Sens pratique

(1980), ou encore des

MŽditations

pascaliennes (1995). DBU7113.book Page 10 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17 INTRODUCTION Ë LA SOCIOLOGIE POLITIQUEINTRODUCTION 11 lÕon qualifie prŽcisŽment, pour mieux les distinguer, de Ç sciences dures È) ? Si la question peut se poser, cÕest principalement parce que les sciences sociales ont

une vraie particularitŽ, qui constitue une rŽelle difficultŽ : leur objet. Elles Žtudient

quÕun seul : lÕhomme se caractŽrise, entre autres, par ses capacitŽs dÕadaptation. Il ne

des inconnus, dans lÕunivers professionnel ou dans lÕunivers familial. Cette aptitude, plus ou moins ma"trisŽe, plus ou moins consciente, ˆ modifier ses attitudes selon les contextes et la nature des interactions rend lÕanalyse scientifique de lÕhomme (de ses

cisŽment, lÕhomme qui se sait observŽ et ŽtudiŽ tend ˆ sÕadapter (parfois sans mme

moins importante) ses attitudes et ses opinions. LÕenquteur produit ainsi toujours un effet sur le milieu et les individus quÕil Žtudie. Il ne peut donc jamais savoir com- ment se comportent les individus en dehors des effets que sa prŽsence induit 10 lÕexemple des Žlecteurs du Front National. Dans les enqutes par sondages 11 , les

rieures ˆ la rŽalitŽ : il y a au moins deux fois moins dՎlecteurs frontistes dans les

rŽsultats bruts des sondeurs que dans les urnes. Deux explications peuvent tre don-

nŽes dÕun tel Žcart entre les rŽsultats des enqutes et la rŽalitŽ des votes : soit les Žlec-

teurs du FN refusent de participer aux sondages et ne sont pas dans les Žchantillons ˆ vocation reprŽsentative, soit ils dissimulent aux enquteurs leurs rŽelles intentions

de vote. Quelle quÕen soit la raison, la situation dÕenqute modifie bien la rŽalitŽ que

les chercheurs tentent dÕanalyser : en lÕoccurrence, elle tend ˆ rŽduire considŽrable-

ment les prŽfŽrences Žlectorales pour le FN. Sans que cela soit toujours aussi manifeste, donc aussi facile ˆ identifier, et beau- coup plus difficile ˆ corriger (en Ç redressant

È, comme disent les statisticiens, les

pourcentages de voix en faveur du FN), le sociologue modifie tou- jours (plus ou moins profondŽment) le monde social par le fait mme de lÕobserver. Cela ne signifie pas quÕil faille renoncer ˆ Žtu- dier les faits sociaux. Mais, en revanche, cela implique de tenir compte des effets que lՎtude du monde social exerce sur le monde social lui-mme.

3. PEUT-ON PRODUIRE UNE SCIENCE DE LÕHOMME EN SOCIƒTƒ ?

10. Mme lorsque les chercheurs se dŽguisent pour occulter leur identitŽ professionnelle et leurs

objectifs, comme dans le cas de Paul Lazarsfeld et de son Žquipe venus Žtudier une communautŽ

de ch™meurs dans lÕAutriche des annŽes trente (Lazarsfeld P. et al.

Les ch™meurs de Marienthal

Paris, Minuit, 1981), leur prŽsence (comme toute prŽsence) induit, malgrŽ tout, des effets sur la

communautŽ ŽtudiŽe. Il nÕexiste pas de moyens infaillibles qui permettent dՎchapper ˆ cet obsta-

cle ŽpistŽmologique.

11. Voir le chapitre 9 de ce manuel.

Redressement

: technique statisti- que visant ˆ compenser les effets de Ç sous-dŽclaration È dans les enqutes dÕopinion. DBU7113.book Page 11 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17

12INTRODUCTIONINTRODUCTION Ë LA SOCIOLOGIE POLITIQUE

ques auxquels se trouve confrontŽe une science de lÕhomme faite par des hommes.

Mais cÕest prŽcisŽment dans cette tentative dÕexplicitation de ses biais, de ses limites,

et plus globalement de ses conditions de validitŽ que les ŽnoncŽs scientifiques ont

vocation ˆ se distinguer de tous les autres ŽnoncŽs. Les ŽnoncŽs scientifiques ne prŽ-

tendent pas exposer des vŽritŽs rŽvŽlŽes et Žtablies une fois pour toute. En science,

la vŽritŽ est un idŽal, qui est au fondement dÕune Žthique de la recherche 12 , dont les chercheurs savent quÕil est inatteignable. Que ce soit dans les sciences de la nature ou dans les sciences sociales, les chercheurs tentent dÕapprocher le plus possible

cette vŽritŽ, en amŽliorant en permanence la valeur scientifique des ŽnoncŽs quÕils

produisent. En ce sens, le travail scientifique a pu tre dŽfini, ˆ juste titre, comme une activitŽ continue de Ç rectification des erreurs È 13 . LÕobjectif est alors de pro- duire un savoir moins faux, que ce soit sur lÕunivers physique ou sur nous-mmes. CÕest pourquoi il ne faut pas recevoir les analyses des sociologues comme sÕil sÕagissait

de vŽritŽs rŽvŽlŽes, mais bien plut™t comme des tentatives dÕapprocher les logiques

et, dans le meilleur des cas, conscientes de leurs limites de validitŽ. CÕest pourquoi

tout ŽnoncŽ scientifique a vocation ˆ tre critiquŽ et amŽliorŽ. Les sciences nÕont

14 , dans le cadre de cette vaste activitŽ de rectification des erreurs qui marque leur dŽjˆ longue histoire, afin de produire un savoir qui soit plus vrai sur le monde social. La scientificitŽ des sciences sociales ne doit donc pas tre ŽvaluŽe au regard de leur capacitŽ ˆ reproduire strictement les mmes mŽthodes, et ˆ engendrer le mme type dՎnoncŽs que les sciences dures 15 . Mais cela ne doit pas conduire ˆ rejeter toute 16 La sociologie politique contemporaine est de ce point de vue une comme des faits sociaux. Les sociologues du politique peuvent dÕailleurs tre amenŽs ˆ chercher lÕexplication des faits politiques

ŽloignŽs de ce qui est dŽfini

officiellement comme politique. Ainsi, on le verra, lÕun des fonda- teurs de la science politique franaise,

AndrŽ Siegfried

, expliquait- nes aussi ŽloignŽs du politique que la structure de lÕhabitat ou la

12. Weber M.,

Le savant et le politique

, Paris, La DŽcouverte, 2003 (1919).

13. Voir Bachelard G.,

La formation de lÕesprit scientiÞque

, Paris, Vrin, 1969, et Popper K.,

La logique

de la dŽcouverte scientiÞque , Paris, Payot, 1973.

14. Voir sur ce point Kuhn T.,

La structure des rŽvolutions scientiÞques

, Paris, Flammarion, 1983.

15. Voir Passeron J.-C.,

Le raisonnement sociologique

, Paris, Albin Michel, 2006 (1991).

16. Sur tous ces points Bourdieu P., Chamboredon J.-C., Passeron J.-C.,

Le mŽtier de sociologue

Paris, Mouton, 1980.

A. Siegfried

(1875-1959) : docteur en droit, il enseigne ˆ partir de 1911 ˆ lՃcole libre des sciences politiques (futur Sciences Po Paris). En 1933, il obtient la chaire de Ç gŽographie Žcono-

France. Elu ˆ lÕAcadŽmie franaise en

octobre 1944, il devient le premier prŽ- sident de la Fondation nationale des sciences politiques en 1945. DBU7113.book Page 12 Mercredi, 5. août 2015 5:30 17 INTRODUCTION Ë LA SOCIOLOGIE POLITIQUEINTRODUCTION 13 On peut donc dŽfinir la sociologie politique comme Žtant la branche des sciences sociales qui a pour objet les faits politiques. Se pose alors la question de dŽfinir ce polysŽmique. Les dictionnaires donnent dÕailleurs en gŽnŽral plusieurs dŽfinitions de ce terme. Pour prendre la mesure des diffŽrentes significations que comporte ce mot, les anglo-saxons diffŽrencient polity politics et policy La polity lÕespace formŽ par les acteurs de la politique. Cette notion est proche dÕune autre, forgŽe par Pierre

Bourdieu, et utilisŽe frŽquemment en

sociologie politique : celle de champ politique. Par politics , on dŽsigne lÕactivitŽ politique, cÕest-ˆ-dire lÕengagement politique et lÕexercice de la profession politique. Comme on le verra, cette activitŽ obŽit ˆ des logiques spŽcifiques par rapport aux autres activitŽs sociales. Par policy , on dŽsigne lÕaction publique, cÕest-ˆ-dire les politiques publiques et lÕaction des pouvoirs publics dans des secteurs particuliers (la politique de lÕemploi, la politique de lÕenvironnementÉ). Au-delˆ de ces diffŽrences de signification qui renvoient ˆ diffŽrents aspects de la politique, il reste possible de produire une dŽfinition ˆ la fois suffisamment large et suffisamment prŽcise pour permettre dÕidentifier ce quÕest la politique. On peut ainsi dŽfinir la politique comme Žtant ce qui se rapporte au gouvernement dÕune sociŽtŽ dans son ensemble 17 . On dŽfinit ainsi une activitŽ que lÕon retrouve dans toutes les sociŽtŽs

(y compris dans les sociŽtŽs o nÕexistent apparemment pas de r™les et dÕactivitŽs

politiques spŽcifiques 18

renciŽes dÕautres activitŽs et plus ou moins spŽcialisŽes : lÕactivitŽ de gouvernement.

La politique, cÕest donc le gouvernement des sociŽtŽs, mais pas seulement au sens institutionnel du terme. Le gouvernement dÕune sociŽtŽ au sens large, cÕest, en effet, la capacitŽ de certains groupes ou de certains individus (les gouvernants) de diriger la vie en sociŽtŽ, dÕorienter les comportements de lÕensemble des membres de cette pecter 19 . Cette dŽfinition est donc ˆ la fois prŽcise puisquÕelle dŽsigne une activitŽ sociale spŽcifique et suffisamment large pour englober tous les sens du terme politi-

que que lÕon avait dŽfinis prŽcŽdemment. Elle englobe, en effet, ˆ la fois la politique

comme espace (espace des activitŽs et des conflits autour de la question du gouver- nement de la sociŽtŽ), la politique comme activitŽ (lÕactivitŽ de gouvernement ou dÕinfluence sur le gouvernement) et la politique comme action publique (les dŽci- sions prises par ceux qui exercent les fonctions de gouvernement).

4. QUÕEST-CE QUE LA POLITIQUE ?

17. Lagroye J., Franois B., Sawicki F.,

Sociologie politique

, Paris, Presses de Sciences Po/Dalloz,

2003, p. 24.

18. Sur ce point, voir Lapierre J.-W.,

Vivre sans ƒtat ?

, Paris, Seuil, 1977.

19. Lagroye J., Franois B., Sawicki F.,

Sociologie politique

op. cit. , p. 31-32. Champ : le concept de Ç champ È dŽsigne un espace dÕactivitŽ spŽcialisŽ au sein de la sociŽtŽ, avec ses enjeux, sesquotesdbs_dbs50.pdfusesText_50