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BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 1Modes et travaux : un vestiaire pour l"imaginaire
" Pourquoi parler de la mode ? C"est un sujet intéressant ? Un sujet à la mode ? »Georges Perec
La thème retenu cette année pour le Festival Arts Plastiques Enfant (FAPE) peut surprendre si l"on s"arrête au seul mot de mode et nous amener
très rapidement à nous questionner sur la pertinence d"une telle thématique.Deux orientations essentielles nous ont guidées dans ce choix : l"une est d"ordre artistique et culturel.
A l"instar de l"Art Contemporain, la mode véhicule une pensée active, elle est le reflet d"une époque, elle exprime une esthétique du présent, en
bref, elle propose une vision du monde. Comme les Arts, elle joue de l"artifice et de la nouveauté et illustre bien davantage l"ordre du désir que
celui de la réalité.Certes la Mode n"appartient pas aux Beaux Arts, elle est un art appliqué puisqu"elle poursuit un but utilitaire et produit des objets ayant un usage.
Cependant, s"il faut se méfier des amalgames, les connexions entre le monde des Arts et celui de la mode sont multiples : engagement dans une
grande diversité de processus de création, collaborations entre créateurs et artistes, souci partagé d"interrogation du monde, de son actualité, de
son histoire, de sa diversité culturelle, questionnement sur la mise en scène du corps humain ...
L"autre raison est d"ordre pédagogique et se réfère aux textes officiels.L"ouverture des Arts Plastiques aux Arts Visuels propose de faire entrer à l"école une réflexion sur d"autres domaines de création et en
particulier sur le design de mode qui façonne notre quotidien et fait partie des champs d"investigation que nous pouvons désormais proposer à
nos élèves. En effet comme les peintres et les sculpteurs, les créateurs de mode jouent avec les matières et les couleurs pour les associer et donner
naissance à des formes nouvelles en utilisant des gestes traditionnels ou des procédés de haute technologie. Enfin, comme certains artistes
plasticiens, les stylistes de mode mettent en scène le corps humain et rejoignent - au delà de la très contemporaine problématique de la
présentation /représentation de soi - la thématique du portrait en habit qui jalonne l"histoire de l"art.
C"est pourquoi, nous nous sommes attachés à tisser dans ce dossier les liens étroits qui unissent ou opposent l"univers des Arts Plastiques au
monde de la mode sans pour autant en négliger les aspects sociologiques, historiques ou les fonctions symboliques. Vous y trouverez en outre
différentes entrées plus spécifiquement pédagogiques déclinées sous forme de tableaux et de pistes à explorer avec vos élèves.
Les Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Christine Charles / Raymond Balestra / Richard RouxBALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 2Sommaire
Introduction ....1
Sommaire ....2
Approche culturelle Corps et peau culturelle ....5 Les fonctions du vêtement ....11 Symbolique ....13 Expressions et proverbes ....19 La couturière ....21 Matières et matériau ....25 Emprunts et influences ....28 Mode et cinéma ....33 Mode et société ....35 Art et mode ....38
Approche pédagogique Tableau général ....42 Symbolique et linguistique ....43 Imaginaire ....45 Espace ....47 Temps ....49 Corps ....51 Communication ....53 Matières et matériaux ....55 Gestes et techniques ....57 Objets ....59 Sens ....61
BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 3Approche historique Une histoire de la mode Introduction ....64 Des origines au XIIème Siècle ....65 De Philippe Auguste à Charles VIII ....66 La renaissance et le règne de Henri IV ....67 Les règnes de Louis XIII et de Louis XIV ....68 D"une révolution à l"autre ....70 Le costume romantique sous Louis Philippe et Napoléon III ....71
La Belle Epoque ....72
L"entre deux guerres ....75
L"occupation ....78
Les années 50 ....80
Les années 60 ....82
Les années 70 ....86
Les années 80 ....88
Les années 90 ....92
Les années 2000 ....95
Bibliographie
BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 4Approche culturelle
BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 5Corps et peau culturelle
Outre le langage articulé, la station debout et l"usage des outils, ce qui distingue l"homme de l"animal, c"est le vêtement. Dès la naissance, le
corps est marqué de l"empreinte du sceau culturel : c"est là une pratique universelle.Le corps remodelé des cultures tribales
" Il fallait être peint pour être homme » affirmait Lévi-Strauss. Depuis les temps les plus reculés, l"être humain a fait appel à toute une diversité
de techniques pour modifier son apparence : Nouer, raser, tresser, colorer, couper, décorer ses poils et ses cheveux...Peindre, tatouer, scarifier, percer sa peau...
Orner, parer le corps de plumes, de fleurs, de coquillages, de pierres, d"objets métalliques... Cacher son corps sous des fourrures, des cuirs, des végétaux, des tissus...Certains ethnologues interprètent ces modifications corporelles comme une caractéristique signifiante de l"espèce. Par ces pratiques, le corps
naturel se mue en corps culturel, à la fois véhicule et support de communication, d"expression et d"identité. La parure du corps organise le
social : il rend visible les statuts et les frontières donne cohésion et stabilité à l"ordre social.
Le corps remodelé de notre société occidentaleLa version religieuse
Dieu créa l"homme nu, mais avec le péché originel, Adam et Eve découvrirent leur nudité et par corollaire la pudeur. Avec la chute originelle,
naquit l"ordre vestimentaire et une conception coupable du corps : suspicion envers la chair comme source de corruption. De plus, l"homme fait
à l"image de Dieu ne souffre pas de retouche qui ne soit associée au péché ou à la souillure. Il est étonnant de remarquer que ces conceptions
propres à l"Ancien Testament s"opposent aux dogmes de l"Incarnation et de l"Eucharistie du Nouveau Testament selon lesquels le corps devrait
reprendre une place déculpabilisée.Pendant des siècles, en occident, c"est le vêtement qui organise et révèle l"ordre social : habit pour les religieux, manteau pour les rois et les
princes, le vêtement est comme tissé des qualités de celui qui les porte dans toutes les strates de la société des élites jusqu"aux marginaux.
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Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 6La version de la tradition philosophique Refusant de voir le corps comme un élément constitutif du moi (considéré comme pure construction mentale " Je pense donc je suis »), le
cartésianisme apporte sa pierre à l"édifice. L"enveloppe corporelle est réduite à l"état d"encombrant.
La version médiatique contemporaine Longtemps, le corps représenté dans la photo de mode fut un corps parfait, sublimé par la technique (lumière, profondeur de champ, perfection
du grain...) pour en donner une vision idéalisée sous une forme de beauté canonisée.Aujourd"hui de multiples variations apparaissent dans le champ de l"image. Elles peuvent cependant être rangées selon deux catégories.
Une première orientation prend le contre pied de la tradition et rend compte d"une banalité du corps. Il est montré dans une absence de
maquillage qui en donne une vision inesthétique à tendance biographique et produit un effet de réel.
Une seconde orientation renoue avec la tradition mais dans un imaginaire actualisé, le corps y est d"une artificialité extrême, mécanisé et travaillé
selon une fantasmatique toute contemporaine.Le corps et le vêtement dans le domaine artistique Le corps Longtemps le corps humain fut exclu du domaine artistique. Cependant, au cours du XXème Siècle, certains artistes ont replacé le corps et la
chair au centre de l"expérience artistique :- La libération du geste et de l"expression physique : des Impressionnistes (fragmentation de la touche) à la peinture gestuelle de Jackson
Pollock (peinture comme enregistrement d"une dynamique physique).- L"intégration du corps de l"artiste au processus et au produit artistique : du surréalisme au Performance Art (présence du corps réel de
l"artiste).- La transformation effective du corps de l"artiste : de Van Gogh (l"oreille coupée) au artistes du Body Art (corps de l"artiste comme
médium ou matériau plastique). Andy Warhol se transforme pour se mettre en scène.Jean-Luc Verna recouvre son corps de tatouages et se met en scène pour être photographié dans des poses de statues et de personnages célèbres.
Nan Goldin exhibe dans ses photographies son quotidien et son intimité. Au delà de la mémoire biographique, c"est une autre Amérique qu"elle
nous donne à voir.BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 7 Gilbert et Georges sont devenus des sculptures vivantes depuis 1967 Pierre et Gilles magnifient en icônes contemporaines les corps qu"ils photographient et peignentCindy Sherman se met en scène pour traiter de l"actualité de la femme. Elle mime souvent les personnages de la presse féminine.
Gina Pane présente son corps comme un matériau artistique n"hésitant pas à le magnifier ni à le mutiler.
Orlan multiplie les interventions de chirurgie esthétique pour transformer son corps, le rendre sans cesse en mutation.
Le vêtement Le vêtement traverse l"histoire de l"art jusque dans la production artistique contemporaine que ce soit sous forme métaphorique ou
métonymique.Raoul Dufy réalise des tissus.
Henri Matisse crée des chasubles pour la chapelle de Vence. Etienne Martin propose des manteaux-sculptures de cordages et de fibres de récupération.Enrico Baj accumule galons, dorures, boutons et passementeries comme autant d"ironie et de sarcasmes à l"endroit de l"autorité politique et de la
hiérarchie.Joseph Beuys évoque la guerre et les camps à travers son manteau de feutre qu"il qualifie de sculpture de chaleur.
Arman crée des portraits de personnages célèbres en accumulant leurs effets personnels dans des boîtes de plexiglas.
Christian Boltanski évoque l"absence souvent liée à des événement historiques par des installations de vêtements commémoratifs.
Jan Fabre propose des vêtements-carapaces en façonnant de somptueuses robes avec de fines tranches d"os, ou avec une accumulation de
coléoptères, jouant ainsi du sublime et de l"horreur. Jana Sterbak crée des robes de chair pour anorexique avec des tranches de viande.Un questionnement artistique Au travers de leurs pratiques artistiques sur le corps et son apparence, les artistes contemporains questionnent :
- La mutation du corps naturel en corps socialisé et culturel - La parure ou du vêtement comme langage, code, symbole ou de signe- Les frontières et les limites entre moi et le autres (définir / identifier / exprimer), moi et le social (appartenance / style)
- La mode comme phénomèneLe corps comme sa parure pouvant tenir lieu de support, de matériau, de médium ou encore d"outil.
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Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 8Le vêtement comme enveloppe du corps : le domaine de la mode " Par ailleurs, la mode reste assez excitante parce que les gens en ont encore besoin. Ils ne peuvent s"échapper de leur corps, alors ils veulent le
regarder et décider quoi faire pour communiquer avec les autres et s"exprimer à travers les vêtements qu"ils portent. »
Vivienne Westwood
On ne saurait parler de vêtement, d"habillement ou d"habillage sans aborder la relation qu"entretient la moindre pièce d"étoffe ou le moindre
matériau avec le corps humain.Le corps est en effet le support de toute mode, de toute création vestimentaire. Chaque époque fait apparaître une théorie et une prise de position
par rapport au corps qui se traduit par - des changements constants dans les formes - une interrogation sur le monter/ cacher - une volonté d"affirmer son appartenance ou son refus d"appartenance à un groupe.On a longtemps pensé le vêtement comme une protection. Il est donc naturel qu"il ait, dans un premier temps rempli cette fonction en couvrant,
en cachant, en emprisonnant le corps.La notion de silhouette
Le costume drapé de l"Antiquité dessinait une silhouette tubulaire, toujours mobile et vivante, alors que le costume au XVIième siècle nécessite
l"intervention de la coupe et de l"ajustement. On voit apparaître des vêtements qui déforment ( élargissent ou rétrécissent) les proportions, la
carrure et les hanches se font proéminents, les vêtements sont rembourrés. A la souplesse du vêtement ancien s"oppose la raideur, obtenue à partir
d"armatures internes qui compriment le corps. Avec l"intervention de la coupe et de l"assemblage le corps s"est trouvé morcelé, mesuré : taille,
hanches, poitrine....Il est intéressant de noter que globalement ces deux tendances se retrouvent dans la création contemporaine :
- Le corps est conçu comme un support : il porte le vêtement qui le magnifie à son tour et illustre une certaine conception esthétique.
- Le corps et le vêtement ne sont pas dissociables : l"un et l"autre se conjuguent dans la relation qui s"impose entre le tissu et le corps, ses
parties et ses mouvementsC"est ainsi que se dégagent deux pistes d"exploration et qu"aujourd"hui, les stylistes adoptent une démarche identique à celles des plasticiens
opèrent des choix qui les conduisent à accentuer l"importance de la matière, du tissu, de la surface ou bien à structurer leurs vêtements , en
sculptant les formes et les volumes. Prenons ici quelques exemples qui illustrent ces deux tendances.
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Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 9· Les adeptes des volumes
La caractéristique du vêtement moderne introduit par Paul Poiret et Madeleine Vionnet est l"abandon de ce recel du corps, de ce cocon et des
structures rigides. Au delà de la libération du corps, ils ont permis avec d"autres de libérer la mode et de réintroduire le corps et ses mouvements.
Même si l"on voit réapparaître les armatures et les corsets dans certaines créations de Jean Paul Gauthier par exemple. Il ne s"agit plus du même
corset, ni de la volonté d"emprisonner la femme mais plutôt d"interroger et de citer les grandes tendances historiques du vêtement et de les
détourner.Des stylistes comme Martin Margiela ou Rei Kawakubo refusent l"esthétisation canonique du corps et de la culture du joli .
Rei Kawakubo par exemple reprend l"idée de rembourrages. La silhouette se voit ainsi amplifiée. Elle joue de la déformation, de l"excroissance
et donne volontairement à voir ce qui apparaît pour certains comme des défauts. Ces rembourrages et ses déformations peuvent être mis en
relation avec les mahoitres (ballons de toile glissés dans la doublure) du XVième siècle qui donneront plus tard les manches à gigot.
Viviane Westwood n"hésite pas à emprunter au costume historique et à introduire des " paniers » dans ses robes.
Majida Khattari enferme le corps des femmes dans des tchadors flamboyants en jouant des contrastes entre les matières vives et soyeuses et les
formes fermées des costumes au titre évocateur (" sésame ouvre toi », " tchador de la république »...)
Lucy Orta propose elle des architectures corporelles, une série de vêtements refuges qui prennent tour à tour l"allure d"un igloo, d"un sarcophage
de survie, d"une tente pour quatre personnes. Ce sont de véritables espaces de protection qui peuvent être des vêtements collectifs.
· Les joueurs de matières
Certains stylistes privilégient les jeux de couleurs et de matières, ils parent le corps et le vêtement, en mettant souvent en exergue les
mouvements du corps, véritable moteur de leur modèles.Paco Rabanne un des premiers créateurs qui a su nous étonner en couvrant le corps de matériaux surprenant : Plexiglas, de caoutchouc, de
métal...Azzedine Alaïa affirme : " Je préfère travailler sur les corps vivants. Je découvre beaucoup de choses, les muscles se déplacent, ils bougent, le
tissu suit. Il les drape ou se casse. Il provoque des surprises, des ruptures que j"intègre dans ma coupe. Je découpe dans le vif..... ».On voit que
pour Azzedine Alaïa tout se joue dans la fusion de ces deux paramètres.Dominique Fabrègues, travaille le morceau unique et explique que " la méthode du morceau unique, c"est le développé du volume en une seule
pièce .Autrement dit, c"est le même principe qu"on apprenait à l"école en faisant un cube avec une feuille de papier ; la seule différence, c"est
que le corps n"est pas un cube, c"est plus compliqué. »BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 10Elle avoue que sa démarche a été largement influencé par les gouaches découpées de Matisse . " Quand je travaille sur mes costumes, en fait, je
me sers de trois éléments qui sont dans les papiers découpés : couleur, matières, formes. Avec ces trois éléments, je dois composer une phrase »
Martin Margiela récupère, transpose, fragmente et joue des lacérations ou des collages. Dans ces assemblages de matières il va jusqu"à
introduire, dans le même état d"esprit des recherches des scientifiques, des bactéries, des levures et des moisissures. Il lutte contre l"idée
académique de la beauté et de rendre l"invisible présent. Ce créateur ose également jouer de l"éphémère en proposant des vêtements en papier.
Jean Charles de Castelbajac traite le vêtement davantage comme une surface, un tableau. Il n"hésite pas pour l"occasion à convoquer les
peintres pour traiter ces surfaces : Il fait appel directement à des peintres et offre ainsi dans ses collections des robes tableaux peintes par Gérard
Garouste, Keith Harring, Hervé Di Rosa, Miguel Barcelo et bien d"autres.BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 11Les fonctions du vêtement
Les fonctions du vêtement peuvent être regroupées sous trois grands ordres : l"ordre du besoin, l"ordre du désir et l"ordre de la culture.
Ordre du besoin Protéger Une des fonctions premières du vêtement est de protéger l"être humain contre les variations climatiques et d"aider le corps biologique à se
maintenir à une température constante. Il peut avoir aussi une fonction de réconfort.Ordre du désir Parer La fonction seconde du vêtement est d"arracher le corps à son destin anatomique, de lui donner une apparence, une seconde peau. Se parer, c"est
se fabriquer un autre corps en se référant à des univers symboliques, imaginaires, à des codes sociaux. On peut voir dans la parure un mode
d"expression de soi : la recherche de l"authenticité passant alors par l"artifice.Cacher / Montrer Le vêtement cache le corps et en particulier les parties sexuelles, tout en maintenant en éveil la curiosité sexuelle par la mise en valeur, par
l"érotisation du corps. Le vêtement évoque souvent ce qu"il est supposé cacher. Le vêtement est donc objet de transfert et de sublimation des
tendances exhibitionnistes, il est chargé d"ambivalences érotiques qui peuvent aller jusqu"au fétichisme.
Signifier Le vêtement est aussi conquête de visibilité : il permet une représentation, une mise en scène de soi dans laquelle l"être et l"apparence ne feraient
plus qu"un. Il est le signe distinctif d"un statut social, d"une identification à un temps, le signe de reconnaissance d"une appartenance sociale.
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Ordre de la culture Humaniser Le vêtement institue l"ordre social. Au delà des modes et des cultures, certaines pratiques vestimentaires sont socialement codifiées et attachées à
des lieux, à des moments, à des manifestations, à des cérémonies et témoignent d"une éducation, d"un savoir vivre ou d"un respect. Dans
l"uniforme culmine soit la soumission à l"ordre social soit la représentation de cet ordre.Identifier / Différencier Le vêtement joue un rôle de marqueur de l"appartenance sociale et de marqueur de la différence sexuelle.
Il permet de définir et de stabiliser une identité, de façonner sa personnalité et de délimiter les limites du moi.
Communiquer Par un ensemble de comportements mimétiques et ludiques, on peut faire remonter le jeu vestimentaire aux racines expressives de la
communication socialeBALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
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Vêtements et accessoires
· Ceinture
Soutenir, enfermer
Resserrer ou soutenir un vêtement, porter armes ou outils Attachement, dévouement, fidélité à une personne, à un ensemble, à une fonction. Dépouiller d"une ceinture, c"est rompre un attachement, un lien, c"est isoler.Dénouer sa ceinture c"est s"abandonner, se livrer (se donner en mariage chez les grecs et les romains).
Déposer sa ceinture c"est abandonner ses fonctions, cesser l"exercice de sa charge.Fécondité
Fécondité spirituelle par concentration mentale Puissance génésique : enceinte (entourée d"une ceinture) Source de grâces, de puissance et de pouvoirs magiquesCeinture d"Aphrodite contenant toutes sortes de charmes et symbolisant la puissance absolue de l"amour. Chez les romains Vénus était
représentée avec la ceinture dénouée. Ceinture d"Iris ou arc-en-ciel promesse de bonheur et de beau temps. Ceinture du voyageur prêt à affronter le dangerProtection, continence, chasteté
Enceintes de protection autour des villes.
Le premier vêtement dont parle la Bible est la ceinture de feuilles de figuiers assemblées par Adam et Eve après le péché.
La ceinture peut avoir pour fonction de contenir la sexualité. La ceinture comme le voile de la mariée, symbolisent la virginité prénuptiale. Dans l"antiquité, les prostituées n"avaient pas le droit de porter de ceinture.Protection et enfermement
Protection de la ceinture de sécurité et de la ceinture de sauvetage.Enfermement de la ceinture de chasteté.
Possession de soi
Ceinture comme cercle qui isole et permet de concentrer ses forces (ceinture des judokas).BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
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Hermès est le premier dieu à être chaussé de sandales ailées.Affirmation sociale, autorité et liberté
A Rome, les esclaves allaient pieds nus (d"ou l"expression " va nu pieds »). La chaussure est le signe qu"un homme s"appartient, se suffit à lui
même et qu"il est responsable de ses actes.Symbolique phallique pour les freudiens.
Symbolique de l"âme
Point de contact entre le corps et la terre
· Collier
Porté par les hommes et les femmes dans toutes les civilisations. LienOutre son rôle de parure, il symbolise un lien entre celui qui le porte et celui qui l"offre ou l"impose. Ce lien peut signifier une fonction, être une
récompense militaire ou civile, matérialiser une attache (esclave, prisonnier...), avoir un sens érotique.
Ordre Mise en ordre d"une diversité plus ou moins chaotique. Réduction du multiple à l"un.· Costume
De l"italien " costume », coutume, manière de s"habiller· Gant
Défi
Dans le langage figuré de l"ancienne chevalerie, le gant est le défi que l"on lance et que l"on relève.
Pureté et protection
Evite le contact direct et sans précaution avec la matière. Blancheur des mains des couches supérieures de la société.· Habit
Du latin " habitus » manière d"être, " habere » se tenir qui a donné habiter, habitat, habitude
Habit de choeur (éclésiastique), habit rouge (soldat anglais), habit vert (académicien)BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
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Puissance
Le manteau est l"attribut de celui qui assume une dignité, un rôle, une fonctionSagesse
Retrait en soi-même et en Dieu. Renoncement aux instincts matérielsProtection et secret
D"où l"expression " sous le manteau »
· Mode / Modèle
De " modus », manière
De " modulus », mesure
· Ombrelle
Soleil
L"ombrelle apparente la personne qu"elle abrite à ce dont elle le protège (le soleil).Protection
· Parapluie
Fuite et manque de dignité
Fuite devant les réalités. D"où l"expression " Ouvrir le parapluie ». Diminution de dignité, d"indépendance, de potentiel de vie.· Parasol
Dôme céleste dont le manche est l"axe du monde.· Peigne
Lumière
Les dents du peignes symbolisent les rayons de la lumière céleste pénétrant par le haut de la tête.
Saleté
D"où l"expression " Crasseux comme un peigne ».BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques
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