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Le mot de Marcelle Pierrot,
Préfète de la région Guadeloupe
Les événements de ces dix dernières années, tels les inondations pluviales des mois de janvier, mai et novembre 2011 et mai 2012, les séismes dits des Saintes en novembre 2004 ou du Nord Martinique en novembre2007, ou encore les glissements de terrains ou coulées de boue des mois
d'octobre à décembre 2004, viennent nous rappeler, s'il en était encore besoin, l'importante vulnérabilité de notre territoire exposé à une multitude d'aléas naturels ou technologiques. Ces événements récents, bien que parfois dramatiques et aux lourdes conséquences économiques, sont toutefois restés d'une ampleur limitée et souvent très localisés. Ceci montre à quel point il est important de rappeler aux citoyens la néces sité d'être à l'écoute et de respecter les consignes d e sécurité des autorités. En effet, s'il est évident que l'on peut difficilement prédire l'impact précis d'un événement donné, les comportements individuels appropriés aux diverses situations permettent d'éviter ou au moins limiter le urs conséquences dramatiques. Au-delà de ces événements récurrents, il est très important de garder à l'esprit les divers événements catastrophiques majeurs qui ont impacté notre archipel et qui se reproduiront inévitablement un jour tels le séisme de février 1843, le grand cyclone de 1928 ou le cyclone Hugo de 1989, ou encore la dernière éruption magmatique de la Soufrière remon tant au seizième siècle. Ceux-ci, bien que rares, auront inévitablement un impact majeur sur la totalité de notre archipel et nécessitent de maintenir et dével opper la mémoire du risque et d'accroître les efforts collectifs et indi viduels visant à réduire notre vulnérabilité. Hors de nos îles, le séisme d'Haïti en janvier 2010, le cyclone Katrina ayant impacté la Nouvelle-Orléans en août 2005 ou encore l'é ruption de la Soufrière Hills de Montserrat en 1995, témoignent des désastres qui peuvent être provoqués par ces phénomènes géologiques ou climatiquesextrêmes auxquels nous sommes potentiellement exposés.Et que dire du séisme du Sendai au Japon en 2011, qui a
entraîné un tsunami majeur induisant lui-même un accident nucléaire sans précédent sur la centrale de Fukushima comparer, toutes proportions gardées, à l'impact que pour- raient avoir ces événements en cascade sur notre zone in dustrielle de Jarry. Ignorer ces avertissements serait inconcevable, les garder en mémoire et les intégrer dans l'aménagement de nos ter- ritoires, nos pratiques constructives ou notre préparation individuelle ou collective à la gestion de crise est plus que jamais de rigueur. Face à cette situation, l'information préventive doit être développée pour inculquer une véritable culture du risque à la population et pour que chacun adopte les conduites appropriées. Cette information nécessite le recours à tous les leviers et vecteurs de communication et de formati on des autorités, des diverses institutions mais aussi de la société civile. Ce dossier départemental des risques majeurs (DDRM) que j'ai l'honneur de présenter à tous les acteurs de la prévention des risques enGuadeloupe
et en particulier aux maires de nos trente-deux communes, décrit les divers risques majeurs recensés sur nos territoires et les nombreuses actions préventives mises en oeuvre, dans l'objectif prioritaire d'augmenter la résilience de notre société face à ces menaces. L'élaboration des dossiers d'informations communaux sur les risques majeurs (DICRIM), la mise en oeuvre des plans communaux de sauvegarde (PCS) et l'information régulière des populations sont autant de leviers que doivent actionner les maires au service de la sécurité de leurs co ncitoyens. Je sais pouvoir compter sur votre sens du devoir et de l'intérê t majeur des populations.Marcelle Pierrot
Le risque naturel ou technologique majeur ........5Les risques naturels
Le risque cyclonique et autres phénomènes météo 16Le risque inondation
28Le risque sismique
38Le risque volcanique
50Le risque mouvements de terrain
58Le risque tsunami
66Les risques technologiques
...............................73Le risque industriel
74Le risque transport de marchandises dangereuses
86Le risque pollution marine du littoral
...............95Annexes
Communes soumises à un risque naturel
et/ou technologique majeur 102Liste des arrêtés CAT-NAT depuis 1999
103Sigles et abréviations
104En savoir plus... 105
Où vous adresser ?
107Sommaire
Première partie
6QU'EST-CE QU'UN RISQUE MAJEUR ?
Le risque majeur est la possibilité d'un événement d'orig ine naturelle ou anthropique, dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de per- sonnes, d'occasionner des dommages importants et de dépasser les capaci tés de réaction de la société.L'existence d'un risque majeur est liée :
d'une part à la présence d'un événement , qui est la manifes tation d'un phénomène naturel ou anthropique (relatif à l'activité humaine) ; d'autre part à l'existence d'enjeux , qui représentent l'ensemble des personnes et des biens (ayant une valeur monétaire ou non monétaire) pouvant être affectés par un phénomène. Les consé quences d'un risque majeur sur les enjeux se mesurent en termes de vulnérabilité. Un risque majeur est caractérisé par sa faible fréquence et par son énorme gravité. Les risques majeurs, d'une manière générale, peuvent avoir des conséquences sur la vie humaine, l'économie et l'environnement.Les conséquences humaines : au nombre des victimes corpo-
relles, parfois important, s'ajoute un nombre de sans-abris, poten tiellement considérable compte tenu des dégâts aux construction s. Parmi les différents risques présents en Guadeloupe, le séisme est le risque naturel majeur potentiellement le plus meurtrier, tant par ses effets directs (chutes d'objets, effondrements de bâtiments) que par les phénomènes qu'il peut engendrer (mouvements de terrain liquéfactions, tsunamis, etc.). De plus, outre les victimes possibles, un très grand nombre de personnes peuvent se retrouver blessées, déplacées ou sans abri. Les conséquences économiques : un risque majeur peut al- térer gravement les outils économiques. Les dommages portés aux édifices, aux routes ou aux infrastructures industrielles peuvent en traîner des coûts considérables : directs, comme la reconstruction ou la remise en état, ou indirects, comme la perte ou la perturbation d'activité. Les conséquences économiques peuvent également être liées à l'interruption des liaisons aériennes et maritimes ou aux dé gâts portés aux réseaux divers (eau, téléphone, électricité). Enfin, les dégâts sur les cultures peuvent être extrêmement préj udiciables. Les conséquences environnementales : parmi les atteintes portées à l'environnement (faune, flore, milieu terrestre et aqua tique) par les risques majeurs, on distingue les effets directs (des truction de forêts par les vents, dégâts des inondations, modifica tion du paysage par un séisme, etc.) et les effets indirects (pollution des côtes par un naufrage, effets dus à un accident industriel ou technologique, etc.).Les principaux risques
prévisibles en GuadeloupeSix risques naturels principaux
sont susceptibles de toucher le territoire de la Guadeloupe : les cyclones et autres phénomènes météo, les inondations, les séis mes, les éruptions volcaniques, les mouvements de terrain et les tsunamis.Les risques technologiques, d'ori
gine anthropique, sont au nombre de deux : le risque industriel et le risque lié au transport de matières dangereuses.Enfin, le risque de pollution ma
rine accidentelle du littoral est retenu comme risque majeur par- ticulier compte tenu de la sensibi lité écologique du littoral de notre archipel. Elle regroupe l'ensemble des dispositions à mettre en uvre pour réduire l'impact d'un phénomène naturel ou anthropique prévisible sur les personnes et les biens. Elle s'inscrit dans une logique de développement durable, puisque, à la différence de la réparation post- crise, la prévention tente de réduire les conséquences économiques, sociales et environnementales d'un développement imprudent de notre société. La loi de modernisation de la sécurité civile a placé le citoyen au coeur de la politique de prévention en tant qu'acteur de sa propre sécurité.LES OUTILS DE LA PREVENTION
La connaissance des phénomènes,
de l'aléa et du risque Depuis plusieurs années, des outils de recueil et de traitement des données collectées sur les phénomènes sont mis au point et utilisés, notamment par des établissements publics spécialisés (météo-france, bRGm et OVSG par exemple). Les connaissances ainsi collectées se concrétisent à travers des bases de données (sismicité, climatologie), des atlas (cartes d'aléas des PPRN, atlas des zones inondables), etc. Elles permettent d'identifier les enjeux et d'en déterminer la vulnérabilité face aux aléas auxquels ils sont exposés. Pour poursuivre vers une meilleure compréhension des aléas, il est donc primordial de développer ces axes de recherche, mais également de mettre l'ensemble de cette connaissance à disposition du plus grand nombre, notamment à travers l'internet.La surveillance
L'objectif de la surveillance est d'anticiper le phénomène et de pouvoir alerter les populations à temps. Elle nécessite pour cela l'utilisation de dispositifs d'analyses et de mesures (par exemple la surveillance météorologique ou volcanique), intégrés dans un système d'alerte des populations. La surveillance permet d'alerter les populations d'un danger, par des moyens de diffusion efficaces et adaptés à chaque type de phénomène. Une des difficultés réside dans le fait que certains phénomènes, comme les crues rapides de rivières, certains effondrements de terrain ou les séismes, sont plus difficiles ou impossibles à prévoir et donc plus délicats à traiter en termes d'alerte et, le caséchéant, d'évacuation des populations.
La mitigation
L'objectif de la mitigation est d'atténuer les dommages, en réduisant soit l'intensité de certains aléas (inondation s, éboulements, etc.), soit la vulnérabilité des enjeux. Cette notion concerne notamment les biens économiques : les constructions, les bâtiments industriels et commerciaux, ceux nécessaires à la gestion de crise, les réseaux de communication, d'électricité, d'eau, etc. La mitigation suppose notamment la formation des divers intervenants (architectes, ingénieurs en génie civil, entrepreneurs, etc.) en matière de conception et de prise en compte des phénomènes climatiques et géologiques, ainsi que la définition de règles de construction (parasismiques etpara-cycloniques notamment).L'application de ces règles doit par ailleurs être garantie par un contrôle des ouvrages. Cette action sera d'autant plus efficace si tous les acteurs concernés, c'est-à-dire également les intermédiaires tels que les assureurs et les maîtres d'uvre, y sont sensibilisés.
La mitigation relève également d'une implication des particuliers, qui doivent agir personnellement afin de réduire la vulnérabilité de leurs propres biens.