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Croissance et productivite´:

des indicateurs en crise larve´e

Jean Gadrey(*)

Les e´conomistes et les comptables nationaux sont les inventeurs et les producteurs des indicateurs de croissance et de productivite´en meˆme temps que leurs principaux utilisateurs a` desfins d'analyse scientifique. Au sein de cette profession, ceux qui pensent que ces indicateurs pourraient eˆtre se´rieuse- ment remis en question sont pour l'instant tre`s isole´s. Cet isolement devrait normalement conduire a` refu- ser l'ide´ed'une crise, car des concepts scientifiques et des outils de mesure n'entrent pas en crise quand ils sont presque unanimement conside´re´s comme va- lides, et quand ils font l'objet d'un accord tacite, ou d'une convention qui ame`ne leurs producteurs et leurs utilisateurs a` conside´rer que tout cela va de soi.

Dans la terminologie de BrunoLatouret Steve

Woolgar(1988), on parlerait"d'e´nonce´s de type

5»(c'est le degre´maximal d'accord entre scientifi-

ques), de´finis comme e´tant des"faits tenus pour ac- quis», des"choses que tout le monde sait». Ils se sont consolide´s dans les savoirs collectifs des scien- tifiques et ils y ont e´te´enfouis a` une telle profondeur qu'il faut une certaine inconscience pour envisager de les remettre en question. Le phe´nome`ne est encore renforce´par le fait qu'il ne s'agit pas seulement ici d'e´nonce´s de type 5 circulant entre scientifiques, mais d'e´nonce´s qui circulent dans des re´seaux bien plus larges, en particulier politiques et me´diatiques. Je fais pourtant l'hypothe`se d'une crise latente, ou larve´e, qui mettra peut-eˆtre longtemps a`eˆtre recon- nue comme telle. Cela de´pendra de processus politi- ques et de de´bats scientifiques, de rapports de forces, et de la capacite´des"contestataires»a` cre´er des "re´seaux d'inte´ressement»autour d'innovations conceptuelles, me´thodologiques, et pour une part phi- losophiques car il ne s'agit pas de concepts isole´s mais d'un paradigme. On ne peut que constater la domination e´crasante, depuis un demi-sie`cle, des concepts et des mesures de la croissance e´conomique nationale comme indi- cateurs de progre`s, comme justifications et outils des politiques e´conomiques, comme repre´sentations de la richesse des nations et de sa progression. Et, simulta- ne´ment, la pre´ponde´rance des concepts de producti- vite´comme indicateurs d'efficience et comme condi- tion fondamentale de la croissance, donc de la pro- gression des richesses. Les experts et les scientifiques qui produisent ces indicateurs et ceux qui les utilisent comme allant de soi ne disent pas que ces indicateurs

symbolisent a` eux seuls le progre`s social et ilsn'excluent pas l'existence d'indicateurs sociaux par

ailleurs. Mais ils croient fermement que les fonde- ments de l'analyse de la richesse et de l' efficience re´- sident dans ces concepts, et que, s'il est vrai qu'ils ne sont pas parfaits, ils sont en permanence perfectibles sur la meˆme base a` partir d'ame´liorations techniques incre´mentales. Il s'agit pour eux de mesures techni- ques assez neutres, que l'on peut mettre au service de politiques diverses, et il n'y a pas lieu d'organiser de de´bat public et d'e´valuation portant sur leurs fonde- ments. Il ne viendrait a`l'ide´e de personne d'exiger un de´bat public et une e´valuation de´mocratique de la mesure de la de´rive des continents ou de la vitesse de la lumie`re. C'est une affaire d'experts et de scientifi- ques. Il en va de meˆme selon eux de la mesure de la croissance et des gains de productivite´. Pour ces experts, il existe quelque part une re´alite´ technique mesurable qui s'appelle la croissance e´co- nomique, tout comme il existe quelque part une de´- rive des continents. Faire son travail d'expert, c'est fournir des outils et des me´thodes permettant de se s'approcher toujours plus de cette re´alite´, de la cerner et de la mesurer de mieux en mieux. C'est la proble´- matique de la chasse aux"biais»statistiques. La the`se de´fendue dans la pre´sente contribution est a` l'oppose´de ces ide´es : la croissance et la productivite´ sont des inventions historiques re´centes. Ces deux concepts sont au coeur d 'un mode de pense´eoud'un paradigme tayloriste-fordiste, qui a structure´l'orga- nisation de la production et la de´finition des politi- ques e´conomiques depuis environ un demi-sie`cle. Ce paradigme est celui de l'expansion continue de la quantite´et desflux de biens et de services produits, par la progression de la productivite´du travail. Cette capacite´du travail a` produire des quantite´s croissan- tes provient de la substitution du capital technique au travail, ou automatisation des taˆches, ou encore in- dustrialisation des processus, et elle stimule la concurrence par les prix. Du coˆte´de la consomma- tion, l'ide´e correspondante est celle de la progression continue du niveau de vie, de´fini comme le volume des biens et services consomme´s. Cette vision a constitue´un registre cognitif commun aux acteurs so- ciaux de l'e´poque, meˆme lorsqu'ils e´taient en conflit par ailleurs : les syndicats, le patronat et l'E´tat. Ce registre a pu eˆtre appele´le compromis fordiste, dont une cate´gorie politico-e´conomique centrale e´tait constitue´e par"la re´partition des fruits de la crois- sance», encore appele´e"re´partition des gains deDOSSIER (*) Professeur a`l'Universite´de Lille 1, CLERSE, 59655 VILLENEUVE D'ASCQ.

Travail et Emploi n

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productivite´». Des conflits puissants ont pu se de´rou- ler autour de cette re´partition, pour qu'elle soit plus favorable aux uns ou aux autres, mais sur un fond d'accord sur les notions et sur la vision globale du progre`s. Dans le pre´sent article, il est beaucoup plus ques- tion des limites conceptuelles et pratiques de la crois- sance (telle que l'appre´hende la comptabilite´natio- nale) que de celles de la productivite´. Cela peut sur- prendre, dans un dossier consacre´a` la productivite´et a` la place de ce concept dans le domaine des rela- tions salariales et de l'organisation du travail. J'ai toutefois propose´ce texte, qui semble en partie a`coˆte´ du sujet, parce qu'on peut aise´ment montrer que les principales raisons de la fragilisation du concept de productivite´-quel qu'en soit l'usage, rationalisation du travail, de´termination des salaires, ou proble´mati- ques macro-e´conomiques - se trouvent du coˆte´de la de´finition et de l'e´valuation de son nume´rateur, c'est- a`-dire le produit dit"re´el»,la"richesse»cre´e´e. Il y a certes d'autres raisons permettant de rendre compte de la relative disqualification du concept de produc- tivite´. On le voit bien, par exemple, lorsque Guy

Caire(

1 ), dans sa convaincante distinction entre"les trois aˆges»de la liaison salaires / productivite´, mon- tre comment, dans le"second aˆge», certains analys- tes et acteurs ont e´te´amene´sa` critiquer le caracte`re juge´rudimentaire du nume´rateur"volume de tra- vail»pour lui pre´fe´rer le"volume des facteurs».

On le voit aussi lorsque Franc¸oisStankiewicz(

2 fait e´tat, au de´but de son article, de la difficulte´crois- sante a`re´duire la contribution du"facteur travail»a` la quantite´de travail direct, pour diverses raisons qu'il explicite. Il n'empeˆche que, y compris dans ces deux contri- butions stimulantes, il est clair que ce qui perturbe le plus gravement la re´fe´rence a` la productivite´comme crite`redede´termination du salaire, rele`ve des nou- velles"conventions de produit»: conventions de qualite´et de services, diversite´,de´lais,fiabilite´, adap- tabilite´du produit et cre´ativite´propre des produc- teurs, etc. Ces nouvelles fac¸ons de produire et de penser le re´sultat de la production, c'est-a`-dire la ri- chesse, sont au coeur des difficulte´s rencontre´es pour prolonger la dure´e de vie des concept traditionnels de croissance et de productivite´.

L'e´cart croissant entre les pratiques

micro-e´conomiques et les concepts macro-e´conomiques Parmi les e´le´ments de contexte qui peuvent expli- quer que ce paradigme macro-e´conomique rencontre

aujourd'hui des difficulte´s, on trouve un certainnombre de transformations observables (au niveau

micro-e´conomique) de la production, de la consom- mation, et des e´changes. L'e´cart se creuse entre ces nouvelles pratiques micro-e´conomiques et des outils macro-e´conomiques pratiquement inchange´s, en de´- pit de certaines inflexions concernant en particulier les tentatives visant a` capturer statistiquement cette beˆte re´tive qu'on appelle l'effet qualite´. Parmi les e´conomistes, y compris du coˆte´de ceux qui ne sont pas preˆts a` remettre en question les indi- cateurs traditionnels, un accord assez large existe sur l'importance des transformations survenues dans les pratiques observables au niveau micro-e´conomique, depuis les anne´es quatre-vingt. Ces pratiques sont de plus en plus e´loigne´es de celles du taylorisme, du fordisme, et de leurs marche´s de masse de produits standardise´s. Elles sont de plus en plus marque´es par les caracte´ristiques de ce que LucienKarpikappelle "l'e´conomie de la qualite´»(des biens et des servi- ces), dans un contexte de forte expansion des servi- ces en tant que secteurs : importance croissante, tou- jours selon les termes deKarpik,du"marche´-juge- ment»par opposition au"marche´-prix»,etdece que les e´conomistes appellent la"concurrence hors- couˆts»;roˆle essentiel de l'innovation et en particu- lier d'innombrables innovations de service (forma- lise´es ouad hoc, selon Faı¨zGallouj) ; place gran- dissante des relations de service et des e´changes plus ou moins interactifs d'informations et de connaissan- ces. Les normes et les standards de qualite´visent dans certains cas a` rationaliser cette e´conomie de la qualite´,afin de produire de la confiance, mais ce n'est plus une rationalisation industrielle taylorienne de production en se´rie. Les exigences des consom- mateurs et des citoyens portent de plus en plus sur l'acce`s a` des services, sur"la re´partition des gains de qualite´et de service»(acce`s aux soins, a`l'e´du- cation, a`l'aide juridique, au logement, notions de "couverture universelle»dans divers domaines, etc.). La forme dominante de l'accroissement de la richesse n'est donc plus aussi nettement associe´ea` la progression des volumes des biens. Les notions et les pratiques centrales de substitution du capital technique au travail et d'automatisation des taˆches dans le cadre de l'industrialisation des processus et pour des produits qualitativement semblables, n'ont e´videmment pas disparu. Mais elles laissent de plus en plus la place aux notions et aux pratiques de comple´mentarite´du capital technique (en particulier informatique) et du travail, dans le cadre d'une "servicialisation assiste´e par l'informatique en re´- seau»pour des services qui se transforment alors qualitativement. On ne peut rien comprendre aux transformations des banques, des assurances, de l'hoˆpital, des agences de voyage et autres activite´s

1.Cf.sa contribution a` ce nume´ro p. 57. 2.Cf.la contribution de F.Stankiewicza` ce nume´ro, p. 19.

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de guichet, ou des services intellectuels aux entrepri- ses depuis les anne´es quatre-vingt, sur la base de la substitution du capital et du travail. Ceux qui, au de´- but des anne´es quatre-vingt, voyaient dans la banque "la side´rurgie de demain»se sont lourdement trom- pe´s pour cette raison. La"servicialisation assiste´e par l'informatique en re´seau»s'y est propage´e beaucoup plus vivement que l'industrialisation clas- sique (que l'on peut associer au stade ante´rieur de l'informatique bancaire lourde et centralise´e), ac- compagnant et autorisant un bouleversement profond de la gamme, de la nature, et de la qualite´des ser- vices. On trouve des e´volutions semblables dans la majorite´des activite´s tertiaires, et pour une part dans l'industrie elle-meˆme.

Tout cela s'observe quotidiennement dans les en-

treprises et les organisations, ou`l'on peut dire que le paradigme ancien a e´te´largement balaye´,ende´pit de multiples survivances. Le proble`me est que, si l'on quitte ce niveau micro-e´conomique pour s'inte´resser aux outils et aux discours macro-e´conomiques, a`la conception sous-jacente de la richesse et des perfor- mances, on constate que le paradigme ancien n'a nul- lement e´te´balaye´.Ilre´siste tranquillement. Il est re- pris tel quel dans les discours politiques, comme une e´vidence. Pour diverses raisons, toutefois, ce para- digme semble aujourd'hui fragilise´, sous l'effet de deux cate´gories de critiques, l'une et l'autre re´centes, datant du milieu des anne´es quatre-vingt-dix. La pre- mie`re est interne au groupe des spe´cialistes, la se- conde est externe.

Les critiques internes

Ces critiques sont, pour la plupart, des critiques "re´formistes», en ce sens qu'elles visent a` pre´server les fondements conceptuels de l'analyse, c'est-a`-dire le paradigme de la croissance et de la productivite´. Mais il existe aussi une petite minorite´de critiques plus radicales. Si l'on examine les de´bats re´cents, au demeurant tre`s riches, internes au groupe des experts des comptes nationaux, une premie`re chose apparaıˆt: l'autonomie scientifique de ce champ par rapport au politique est limite´e. Par exemple, c'est sous la forte pression d'AlanGreenspan, qui avait de´clare´ deux ans plus toˆtqu'il pensait que l'indice des prix e´tait surestime´d'au moins un point (et donc que la croissance e´tait sous-estime´ed'au moins un point), que le Congre`s ame´ricain a nomme´en 1995 une commission pre´side´e par MichaelBoskin,l'ancien conseiller e´conomique de GeorgesBush. Cette

commission devait donner totalement raison a` AlanGreenspan, en estimant que l'inflation e´tait suresti-

me´ed'au moins 1,1 point au milieu des anne´es quatre-vingt-dix, et plus dans la pe´riode ante´rieure. Il faut bien voir a` quel point ce re´sultat e´tait politi- quement sensible. Il permettait en effet, d'une part,quotesdbs_dbs5.pdfusesText_9