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Le Père Eugène Prévost, biographie Lapointe Georges 4e Roy Carmen 5e étage généalogie; cours; exercices; méthodes Bizelon; Bizet; Bizeux;

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Benjamin Duvshani

Un Juif libertin

Histoire d"une vie

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Introduction

Ce qui va suivre est l"uvre d"un conteur et non d"un écrivain. J"ai toujours préféré l"oral à l"écrit, même pour les examens à la faculté. Si je conte l"histoire de ma vie par écrit, c"est tout simplement parce qu"un jour je ne serai pas là pour la raconter oralement. J"ai été conçu au mois de septembre 1929 (un grand millésime !), c"est-à-dire un mois après le massacre de Hébron, ville où mes parents se sont fiancés en 1908 et où les Arabes ont assassiné tous les Juifs avec lesquels ils vivaient en paix jusque là (déjà !). Je me suis toujours considéré comme une forme de réponse à ce massacre. 4 5

Première saison, l"hiver

1930-1949

6 7

Chapitre 1

15.6.1930-15.6.1931

Je suis né le dimanche, 15 juin 1930, dix-neuvième jour du mois de Siwan 5690 du calendrier juif, à 16h30, à l"hôpital Biqqour-"Holim, rue des Prophètes à Jérusalem, après un accouchement qui a duré 48 heures. Est-ce de là que je tiens une certaine forme de flemme et une certaine tendance à l"oisiveté ? J"étais le dernier de la famille, quatre frères et quatre surs m"ayant précédé. Comme ma mère avait déjà presque 43 ans et que l"accouchement était difficile, l"accoucheur a proposé à mon père d"arrêter là, le menaçant d"avoir à élever ses enfants tout seul s"il continuait. Mon père a accepté à contrecur, désirant certainement arriver au chiffre 13 comme notre patriarche Jacob, mais comprenant le danger qu"il y avait à le faire. Il m"a appelé Benjamin (binyamin en hébreu) puisque je devais être le dernier. Nous habitions au 5 de la rue 'Ezra dans le quartier Cha"arey-Pinah entre le quartier boukharien et Meah-Che"arim. Là commençait la première année de ma vie. Evidemment, pas de grand souvenir de cette année-là 8 mais la connaissance par le dire des autres de quelques

événements marquants.

D"abord, la joie répétée plusieurs fois par jour de la tétée du sein maternel. C"était le devoir de chaque mère qui se respectait d"allaiter longtemps ses enfants selon tous les pédiatres de l"époque (de la nôtre aussi d"ailleurs). Est-ce là que j"ai acquis cet attrait de la sensualité qui est un des

éléments essentiels de ma vie ?

Il y eu aussi la circoncision, faite le dimanche, 22.6.30, un des jours les plus chauds du siècle à Jérusalem. Serait-ce là l"origine de ma haine de la chaleur qui a déterminé jusqu"à ma préférence de vivre à l"étranger, sous un climat plus clément ? D"ailleurs, mon meilleur souvenir de l"enfance est la première pluie, en octobre ou parfois novembre, qui mettait fin à des mois de chaleur et de lumière aveuglante. Mais ce n"était pas tout. Il y avait là le

Judaïsme par l"accomplissement de la Mitswah

(commandement), une des plus importantes, la musique par le chant des bénédictions, le vin par les deux gouttes bues en consolation et probablement aussi le début de mon intérêt dans les choses de la sexualité. [Je ne pouvais pas savoir alors que plus tard, quand j"aurai exercé la fonction de Mohel (péritomiste) pendant de longues années, je finirais par prendre position contre cet acte mutilant, proposant de le remplacer par quelques gouttes de sang symboliques. Garder la Brith (l"alliance) et supprimer la

Milah (la coupure)].

J"ai nommé là les quatre grandes passions de ma vie : la gastronomie et le vin, les femmes, la musique (classique évidemment) et le Judaïsme. Je compare toujours ces passions aux quatre éléments constitutifs de notre monde, à savoir, la terre pour le manger, l"eau pour l"amour, l"air 9 pour la musique et le feu pour la spiritualité. Ma mère, Rebecca (Rivqah en hébreu), faisait partie d"une famille des 'hasidim 'Habad (Loubavitch). Son père était un des secrétaires particuliers du Rachav (le chef du mouvement de ce temps-là). Il appartenait à la branche du mouvement dont le siège était à Krementchoug en Ukraine. En 1826, mon arrière arrière-grand-père est " monté » en Israël avec sa fille, Ester, mon arrière grand- mère et ils se sont installées à Hébron. En 1850, est née ma grand"mère Rachel, à Jérusalem, dans la maison face au Mur des Lamentations. Ma mère n"a pas eu la chance de naître en Israël tout simplement parce que sa mère était en voyage à Krementchoug au moment de sa naissance, mais elle s"est toujours considérée comme une " Sabrah » étant retournée encore toute petite en Israël dont elle n"est jamais repartit pendant les 102 ans de sa vie. Très moderne d"esprit, elle a étudié l"anglais et refusait de s"habiller selon la mode du monde ultra-orthodoxe auquel elle appartenait. D"ailleurs, au moment de son mariage elle a refusé qu"on lui rase la tête, comme c"était la coutume dans son milieu (et comme c"est encore la coutume aujourd"hui à Meah-Che"arim). C"est d"elle que je tiens mes tendances révolutionnaires. Pour le choix d"un mari, elle était très difficile, ne voulant pas partager sa vie avec quelqu"un qui aurait l"esprit rétrograde. (Elle avait en plus un signe qui ne trompe pas, il fallait que le monsieur ait ciré ses chaussures tout autour et pas seulement devant. Intelligent. Je crois que si les jeunes filles d"aujourd"hui appliquaient cette règle, il y aurait moins de mariages ratés). Mariée à mon père (qui répondait parfaitement au critère du cirage des chaussures), en 1909 à Jérusalem, ils ont eu autant d"enfants que le permettaient la biologie et les allaitements 10 successifs. Vers la fin de sa vie, elle a écrit ses mémoires dont une partie a été publiée dans la revue littéraire " Qecheth », dans un style très personnel considéré comme un style " à part » par les critiques littéraires. Pourvu que je puisse suivre son exemple. 11

Chapitre 2

15.6.1931-15.6.1932

Ma deuxième année ne fut pas très différente de la première. Nous habitions toujours la rue 'Ezra, ma mère continua de me donner le sein et je continuai à vivre dans ce paradis de la petite enfance, gêné seulement par quelques douleurs dues à la poussée des dents de lait. 12

Chapitre 3

15.6.1932-15.6.1933

Le vrai événement de cette année-là ne me concernait pas mais concernait mon père. Quelques années auparavant, quand mon frère aîné a eu son bac et s"apprêtait à s"inscrire à l"université hébraïque de Jérusalem qui venait de s"ouvrir, pour y étudier le grec et la civilisation grecque, mon père a considéré qu"il ne serait pas décent d"avoir un fils universitaire et de rester un simple instituteur, diplômé du séminaire. Bien qu"ayant accompli des études de Yeshivah en vue du rabbinat, il décida de s"inscrire, en même temps que mon frère, à l"université dans le département d"études juives avancées. Comment a-t-il réussi la gageure de travailler, d"élever plusieurs enfants, et d"étudier en vue du master, reste un mystère et un sujet d"admiration pour moi jusqu"à aujourd"hui. C"est à la fin de cette année-là que mon père et mon frère aîné ont eu, le même jour, leur diplôme de M. A. (master of Arts), l"équivalent d"une Maîtrise. Leur photo, ensemble, avec leurs diplômes, a fait le tour du monde et reste une de celles que je garde près de moi encore maintenant. 13 Mon père était né dans cette zone jouxtant la Pologne et l"Ukraine où son père était un garde forestier, dans une famille très religieuse de 'hassidim. Très plongé dans les études juives il s"est destiné au Rabbinat. Voulant acquérir tous les savoirs juifs, il voulait aussi apprendre l"abattage rituel, Kacher, et pour cela est allé aux abattoirs. Ce ne fut pas seulement sa première et sa dernière visite en ces lieux mais aussi la dernière fois où il voulut manger de la viande, devenant un végétarien convaincu, allant jusqu"à refuser toute nourriture ayant nécessité la mort d"un animal, viande, volaille ou poisson. Il ne nous a jamais imposé, à nous, ses enfants, le végétarisme du fait même que cela posait un problème religieux, le Judaïsme exigeant de manger de la viande pour le Chabbath et, surtout, pour les fêtes. Même pour lui ce fut là un problème non résolu, étant tout à fait strict sur l"application orthodoxe de la Halakhah, la Loi juive traditionnelle. Quoi qu"il en soit, à

16 ans il découvre le Sionisme, pas en tant qu"idée

politique mais comme une évidence découlant de ses études. Proposant à son Rabbin l"idée d"un départ en Israël, il reçoit un refus total de la part de celui-ci, car c"était l"attitude générale de tout le monde orthodoxe diasporique à ce moment-là. Comprenant qu"il s"agissait là d"une nécessité absolue pour la réalisation du projet juif, il désobéit, se met en opposition de tous ses camarades d"études et part. A pied jusqu"à Odessa et un voyage, dans des conditions épouvantables, en bateau vers Jaffa où il débarque le jour même où ma grand"mère maternelle faitquotesdbs_dbs4.pdfusesText_8

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