Plusieurs mécanismes de réparation de l'ADN ont été identifiés parmi lesquels l'excision spécifique d'ad- duits (groupes alkylés) formés au niveau d'une base par la O6-alkylgua- nine-ADN-méthyltransférase, la répa- ration de base (excision de base unique), la réparation de nucléotide (excision de plusieurs bases sous
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SYNTHÈSE
médecine/sciences 1996 ; 12 : 766-73 m/s n°6-7, vol.12, juin-juillet 96 D urant la dernière décen- nie, d'énormes efforts ont apporté l'espoir d'amélio- rer le traitement des mala- dies cancéreuses. De nom- breuses alternatives de traitements ont été découvertes incluant desagents cytotoxiques nouveaux et descombinaisons d'agents multiples, desanalogues d'hormones, et des agentsbiologiques. Parmi ces différentesapproches thérapeutiques, la chimio-thérapie demeure un traitement dechoix pour les maladies avancées.Cependant, il est très fréquent queson efficacité soit provisoire et que lamaladie réapparaisse après des pé-riodes plus ou moins longues. Lesraisons de ces échecs thérapeutiquesLes mécanismes
de réparation de l'ADN : des cibles potentielles en pharmacologie du cancerLa résistance à la chimiothérapie est fréquente en cancér o- logie. Une tumeur peut être intrinsèquement résistante aux médicaments ou peut développer, au cours du traitement, différents mécanismes de résistance. Ainsi, les cellules peu- vent neutraliser les lésions d'ADN provoquées par les agents génotoxiques (alkylants, analogues du cis-platine) gr ce à des mécanismes de réparation aboutissant à l'exci- sion d adduits* form s au niveau d'une base, l'excision de base, ou l excision de nucléotide. La réparation de l'ADN par la O6 -alkylguanine-ADN-m thyltransf rase (MGMT) est le m canisme le mieux caracterisé; l'
inhibition de la MGMT dans les cellules tumorales augmente la cytotoxicité des chloro-nitrosourées, alors que son transfert dans des cellules de la moelle osseuse protège celles-ci contre la myé- losuppression induite par ces médicaments. On est moins avanc dans la compr hension des m canismes de l alt ra- tion de la r paration par excision de nucléotides dans les cellules tumorales r sistantes aux anti-canc reux, mais les connexions entre la réparation, la transcription et le cycle cellulaire offrent des cibles multiples pour moduler ou cibler la r paration dans le contexte thérapeutique.ADRESSESM. Alaoui-Jamali:
professeur chercheur. InstitutLady Davis de recherches m
dicales de l h-pital général juif, départements de médeci-ne et d'oncologie, faculté de médecine, uni-versité McGill, 3755, Côte-Sainte-Catherine,Montréal, Québec, Canada. S. Mitra: profes-
seur titulaire. Center for Molecular Sciences,the University of Texas Medical Branch atGalveston, 301 University boulevard, Galves-ton, Texas 77555-1051, États-Unis.Moulay Alaoui-Jamali
Sankar Mitra
* Pour le mot anglais adduct, radical lié de maniè- re covalente l'ADN. 767m/s n
°6-7, vol.12, juin-juillet 96
sont multiples et complexes et peu- vent être liées, soit à l'hôte (le médi- cament est mal tol r , son m tabolis- me ou sa pharmacocin tique sont modifi s, etc.), soit à la tumeur et à son micro-environnement (figure 1).Une tumeur peut être, pour des rai-
sons encore peu élucidées, intrinsè- quement r sistante aux m dicaments (c est le cas fr quent du cancer du c lon et du cancer du poumon à l exception de celui à petites cel- lules), ou peut développer, au cours du traitement, diff rents m canismes de r sistance (r sistance acquise). Le m canisme le plus tudi de la r sis- tance acquise est la surexpression de la glycoprot ine membranaire P170.Cette prot
ine est capable de refouler certains m dicaments, en particulier les anthracyclines, du compartiment intracellulaire vers le compartiment extracellulaire [1]. D autres m canis- mes de r sistance acquise incluent l expression d autres prot ines de transport membranaire telles que laMRP (multidrug resistance-associated
protein)[2] et la LRP (lung resistance- related protein) [3], une diminution du m tabolisme intracellulaire du m dicament ou son inactivation pardes enzymes de détoxification [4], une alt ration de la cible cellulaire du m dicament [5], et une augmen- tation des capacit s de r paration.Tous ces m
canismes permettent la cellule tumorale d chapper aux ef- fets toxiques des médicaments et/ou la mort cellulaire programmée (apoptose) attribu e à de nombreux agents anticanc reux. Le micro-envi- ronnement tumoral peut également jouer un r le dans la r sistance. Ain- si l h t rog n it des cellules tumo- rales, la cr ation de conditions hy- poxiques, la pr sence ou l absence d interactions entre les cellules, ou des changements de la microvascula- risation tumorale peuvent contribuer la r sistance [6]. De nombreux tra- vaux y compris les nôtres ont dé- montr que diff rents m canismes de r sistance peuvent coexister au sein d une m me tumeur.De nombreux m
dicaments antican- c reux, en particulier les agents alky- lants et les analogues du cis-platine, exercent leurs effets cytotoxiques en formant des adduits et des liaisons intra- et intercat naires au niveau de lADN (DNA crosslinks).Ces lésions
sont capables d inhiber la transcrip-RÉFÉRENCES
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Figure 1.Principaux mécanismes responsables des échecs thérapeutiques en clinique canc rologique. 768m/s n