Chapitre 2 : Hérédité humaine
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DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 1 L'étude de la génétique humaine est difficile pour différentes raisons : • On ne peut imposer un accouplement pour étudier la transmission d'un caractère ;
• La durée d'une génération est longue, le nombre de descendants d'une même famille est faible. Il faut alors
réaliser un arbre généalogique et suivre le caractère envisagé sur plusieurs générations ;
• Les études statistiques portent sur plusieurs familles regroupées, de mêmes caractéristiques ;
• Les gènes sont très nombreux.La démarche à suivre :
Etablir le mode de transmission du gène à partir des données fournies par l'arbre généalogique
• Déterminer le rapport entre les allèles : dominant, récessif, codominant • Déterminer la localisation du gène.Partie 3 :
génétiqueChapitre 2 :
Hérédité humaine
I-Exemple d"hérédité autosomale
A- Exemple 1 : la phénylcétonurie
B- Exemple 2 : la chorée de Huntington
II-hérédité liée au sexe
A - Exemple 1 : la myopathie de Duchenne
B - Exemple 2 : le rachitisme vitamino-dépendantExercices d"application
DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 2La localisation du gène
Un arbre généalogique représente la descendance d'un couple avec leur phénotype.Nous possédons environ 100 000 gènes portés par les autosomes (22 paires) et les gonosomes (XX ou XY).
Cas d"un gène dont le locus est sur les autosomes a A A [A] si A dominant par rapport à a aLe gène est présent sous 2 formes alléliques A et a. La ¢ est donc hétérozygote pour le gène. Le locus du gène est le
même sur les 2 autosomes homologues. Chaque individu, Χ ou Ξ porte 2 allèles du gène.Pour être de phénotype [a] c'est à dire [récessif] il faut donc être homozygote pour l'allèle récessif : a // a
Par contre un individu de phénotype [A] c'est à dire [dominant] peut être homozygote A // A ou hétérozygote A // a.
Chaque gamète contient 1 chromosome de chaque paire et donc 1 seul allèle de chaque gène → il y a séparation des
allèles du gène lors de la disjonction des chromosomes homologues lors de la méiose. Cas d"un gène dont le locus est sur les gonosomes a A a ou A Partie propre à X Fille garçon Partie commune à X et YX X
Partie propre à Y
X Y XA [A] si A est dominant Xa [a] ou XA [A]Xa Y Y
Fille vectrice → le garçon exprime l'allèle qu'il porteA : allèle "normal" a : allèle "morbide"
DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 3I - exemple d"hérédité autosomale
A - Exemple 1 : la phénylcétonurie
Le gène code pour une enzyme, la PAH qui transforme la phénylalanine en tyrosine. La phénylalanine est un acide
aminé apporté par l'alimentation. L'allèle "morbide" code pour une enzyme non fonctionnelle ce qui provoque
l'accumulation de phénylalanine dans le sang d'où le nom de la maladie. Ce taux élevé de phénylalanine empêche le
développement normal du cerveau et provoque des troubles neurologiques variés mais qui peuvent aller jusqu'à une
arriération mentale grave.Un test pratiqué chez le nouveau-né appelé "test de Guthrie" permet de dépister ce déficit enzymatique.
Un régime alimentaire adapté permet de rééquilibrer le taux sanguin et ainsi, d'éviter les effets graves de la maladie.
Le rapport entre les allèles du gène
La fille II
3 est atteinte de la maladie. Dans son génotype, elle porte au moins 1 allèle "morbide" m responsable de sa
maladie. Cet allèle lui a été transmis par au moins 1 de ses parents I1 et / ou I2→ I1 et / ouI2 sont porteur de l'allèle m et pourtant ils ne l'expriment dans leur phénotype. Ils sont de phénotype [normaux
N] → l'allèle m est récessif par rapport à l'allèle "normal" N.La localisation du gène de la PAH
• Hypothèse n° 1 : le gène est porté par la partie propre à XLa fille II
3 [m] aurait comme génotype :
Xm → un Xm lui aurait été légué par sa mère I2 qui, étant saine serait XN // XmXm → un Xm
lui aurait été légué par son père I1 qui serait Xm // Y→ n'ayant qu'un seul allèle du gène, cet allèle s'exprime dans le phénotype → il serait [m]
or, il est de phénotype sain? Cette hypothèse est fausse ; le gène ne peut être localisé sur la partie propre à X.
Arbre généalogique d"une famille présentant des cas de phénylcétonurie 1 2 3 1 5 1 4 7 1 4 22 3 6 5
3 2 I II III IVHomme -
femme non atteintHomme - femme
atteint. 4 DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 4 Hypothèse n° 2 : le gène est porté sur la partie propre à YLe fils III
5 [m] serait
X → le chromosome X ne porte pas le gène ; il lui a été légué par sa mère II5 Ym → le chromosome Y porte l'allèle m et lui a été légué par son père II4→ son père serait X // Ym → il aurait donc un phénotype malade, ce qui n'est pas le cas
? L'hypothèse est donc réfutée. Le gène n'est pas porté par la partie propre à YCeci est confirmé par le fait que, selon cette hypothèse, seuls les garçons possèdent le chromosome Y et donc le gène.
Les filles ne possèdent pas le gène et ne peuvent donc pas être atteintes par la maladie. Or dans cet arbre généalogique,
2 filles sont atteintes.
Bilan :
Le gène n'est porté ni par la partie propre à X, ni par la partie propre à Y. C'est donc un gène autosomal.
Le génotype des individus de l"arbre généalogique • Les malades II3 ; III5, IV1 et IV3 sont tous homozygotes pour le gène m // m→ Ils ont donc reçu un allèle m de chacun de leurs parents → les 2 parents d'un malade sont porteurs.
• Les parents des malades I1 et I2, II4 et II5, III3 et III4 : ils sont tous sains mais porteurs de l'allèle m, ils sont donc
hétérozygotes pour le gène N // m • Les autres individus de l"arbre généalogique :Cas de II
2 ses 2 parents sont porteurs sains N // m → ils produisent chacun 2 types de gamètes équiprobables (N
) et (m)On peut faire un échiquier de croisement rendant compte de la probabilité de rencontre au hasard entre ces gamètes
Père →
Mère ↓ N
p = ½ m p = ½N p = ½
N N [N] p = ¼ N m [N] p = ¼ m p = ½ N m [N] p = ¼ m m [m] p = ¼ Le fils II2 est de phénotype [N] → il correspond donc à l'une des 3 cases grisées → il peut avoir comme génotypeN // N avec p =
1/3 ou N // m avec p = 2/3 le même raisonnement peut être fait pour IV 2 DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 5 Application : calcul de probabilité pour une naissanceLa phénylcétonurie est une maladie dépistée systématiquement à la naissance car elle est relativement fréquente
(1 / 16 000 en France; 1 / 5 000 en Irlande). On dispose donc de données statistiques fiables : en Europe, on estime Ã
1 sur 60 (1 sur 63 en France) la proportion de sujets porteurs d'un allèle morbide du gène responsable, calculez la
probabilité pour un couple européen pris au hasard de mettre au monde un enfant phénylcétonurique.
Considérons un couple dont les 2 familles ne présentent pas d'antécédents de la maladie • Chacun des parents peut être hétérozygote avec p = 1/ 60• Le risque pour que les 2 conjoints soient hétérozygotes est donc : 1 / 60 x 1/ 60 = 1/ 3 600
• Probabilité que ce couple hétérozygote ait un enfant malade : Ils produisent chacun 2 types de gamètes équiprobables (N ) et (m)→ on peut faire un échiquier de croisement rendant compte des probabilités de rencontre entre ces 2 types de gamètes
→ voir échiquier ci-dessus → p [m] = ¼bilan : la probabilité qu'un enfant européen naisse phénylcétonurique est donc : ¼ x 1/ 3 600 = 1 / 14 400
Exercice d"application
Prévoyez le risque pour que l'enfant IV4 de la famille française étudiée soit atteint de phénylcétonurie.
B - Exemple 2 : la chorée de Huntington
La chorée de Huntington est une maladie héréditaire qui se manifeste tardivement, vers l'âge de 40 ans chez les sujets
porteurs de l'allèle morbide.Elle se traduit par des mouvements anormaux qui se produisent brusquement et de manière incohérente chez le sujet
éveillé. Ces troubles sont dus à une dégénérescence des neurones de plusieurs zones de la substance grise de
l'encéphale. En plus, des troubles moteurs, on observe, chez les malades, un déficit cérébral qui peut varier selon le
degré d'évolution de la maladie, de simples troubles de la mémoire jusqu'à la démence.
DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 6 Quels sont les critères de reconnaissance d"une maladie autosomale dominante ?Calculez la probabilité pour que l"individu V
2 soit atteint de la maladie.
Maladie autosomale
• Des filles et des garçons sont atteints par la maladie. • Il n'y a pas de transmission privilégiée père - fille et mère - filsMaladie dominante
• La maladie se retrouve à chaque génération quel que soit le sexe • Chaque malade a au moins 1 des parents malades ? l'allèle morbide sera noté M et l'allèle normal mais récessif sera noté n la probabilité pour que l"individu V2 soit atteint de la maladie :
• la mère IV2 est saine donc n// n → elle ne produit qu'un seul type de gamètes (n Arbre généalogique d"une famille présentant des cas de chorée de huntington I II III IV V VI 2 16 5 3 4 2 1
5 6 1 2 3 4
1 22 3 1 4
1 2 3 4
Femme ou Homme non atteint
Femme ou homme atteint
Femme ou homme dont on ne sait
pas s'ils sont atteints car : ♦ Renseignements insuffisants ♦ Mort accidentelle ♦ L'individu n'a pas atteint l'âge où la maladie se manifeste. DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 7• le père IV1est atteint mais sa mère III4 est saine donc n // n → elle lui a donc légué un allèle n → IV1 est donc
hétérozygote pour le gène M // n → il produit 2 types de gamètes équiprobables (M ) et (n)On peut faire un échiquier de croisement rendant compte de la probabilité de rencontre entre ces gamètes
Père →
Mère ↓ M p = ½ n p = ½
n p = 1 M n [M] p = ½ n n [n] p = ½ La probabilité que V2 soit atteint est donc de ½II - hérédité liée au sexe
10 % des maladies héréditaires sont fréquentes chez les garçons (daltonisme) ou ne touchent que les garçons
(myopathie de Duchenne, hémophilie). Ces maladies sont dites "liées au sexe". Dans ce cas, les gènes être portés par les gonosomes ou hétérochromosomes XX ou XY.La plupart de ces maladies sont transmises par le chromosome X. Les chromosomes X et Y n'ont qu'une très petite
partie commune.On ne connaît pas de "maladie" transmises par le chromosome Y mais des caractères comme l'hypertrichose des
oreilles qui sont transmis aux garçons par leur père.A - exemple 1 : la myopathie de Duchenne
La myopathie de Duchenne est caractérisée par une dégénérescence progressive des muscles. Bien que de rares cas
féminins aient été décrits, on peut considérer qu'il s'agit d'une "maladie de garçon". 1 Garçon sur 5000 naît atteint de
cette affection héréditaire. Les 1 ers troubles apparaissent généralement avant l'âge de 2 ans. DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 8Le rapport entre les allèles du gène
Un enfant atteint comme II
3 porte au moins 1 allèle "morbide" responsable de la maladie → cet allèle lui a été transmis
par au moins 1 de ses parents I1 et / ou I2.
Un au moins de ses parents est donc porteur sain → il n'exprima pas l'allèle morbide dans son phénotype
→ l'allèle morbide m est donc récessif par rapport à l'allèle NLocalisation du gène
Hypothèse n° 1 : le gène est localisé sur les autosomes Le garçon II3 est [m] → son génotype serait donc m // m → ses 2 parents [sain] seraient donc hétérozygotes N //m or un des 2 parents n'est pas apparenté à la famille, on dit qu'il est extérieur.Le même raisonnement peut être fait pour III7 et IV2 → les parents II4 - II5 et III4 - III5 seraient hétérozygotes N // m
→ cette hypothèse suppose que les extérieurs à la famille II5 et III4 soient porteurs de l'allèle m.
Dans cette famille il y a 4 extérieurs (I1 ou I2, II1, II5, III4 ). L'hypothèse suppose que 3 extérieurs sur 4 seraient
hétérozygotes pour le gène. Or cet allèle m est rare dans la population humaine. ? Cette hypothèse ne peut pas être infirmée mais elle est très peu probable. Arbre généalogique d"une famille présentant des cas de myopathie de Duchenne I II III IV 1 1 2 2 23 2 4 5
3 1 5 7 4
1 3 4Homme atteint
Homme ou femme non atteint
6 DAEU- cours de Sciences de la Nature et de la Vie- Marie Claire Garnier 9 Hypothèse n° 2 : le gène est porté par la partie propre à YLe garçon II
3 serait
X → le chromosome X lui viendrait de sa mère II2Ym → le chromosome Ym
lui viendrait de son père I1Son père aurait alors le génotype X // Ym → l'allèle m, seul, s'exprimerait dans son phénotype → il serait [m] ce qui n'est
pas le cas. ? Cette hypothèse est donc réfutée. Hypothèse n° 3 : le gène est porté par la partie propre à X