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51ème Congrès International Société d'Ergonomie de Langue Française Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : www.ergonomie-self.org https://www.ebscohost.com/corporate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. 1 SELF 2016 Intervenir en ergonomie : analyser le travail pour le comprendre et transformer le travail pour le concevoir Tahar Hakim BENCHEKROUN Conservatoire National des Arts et Métiers, Centre de Recherche sur le Travail et Développement (CRTD), 41, rue Gay Lussac, 75005 Paris tahar-hakim.benchekroun@cnam.fr Résumé : cette communication porte sur une réflexion autour de l'intervention en ergonomie et sa pratique. Sur la base de la richesse des acquis en la matière, l'auteur soumet à discussion une proposition de modèle d'int ervention cherchant à tenir compte de l'évolut ion des connaissances en ergonomie, des demandes sociales et de l'évolution souhaitée des pratiques de l'intervention. Mots-clés : intervention, participation, agir collectif, qualité du dialogue social sur le travail et l'activité. Intervene in ergonomics: analyze the work to understand and transform the work trough design Abstract. This paper addresses a reflection on the intervention in ergonomics and its practices. Based on the weal th of the experie nce in this area, the author submits for discus sion a proposal model of intervention that seeks to take into account the development in Ergonomics knowledge, social demand and the desired development in intervention practices. Keywords: intervention, participation, collective action, quality of social dialogue on labor *Ce texte original a été produit dans le cadre du congrès de la Société d'Ergonomie de Langue Française qui s'est tenu à Marseille du 21 au 23 septembre 2016. Il est permis d'en faire une copie papier ou digitale pour un usage pédagogique ou universitaire, en citant la source exacte du document, qui est la suivante : BENCHEKROUN (2016). Intervenir en ergonomie : analyser le travail pour le comprendre et transformer le travail pour le concevoir, Actes du 51ème Congrès de la SELF, Marseille, 21-23/09/16. Aucun usage commercial ne peut en être fait sans l'accord des éditeurs ou archiveurs électroniques. Permission to make digital or hard copies of all or part of this work for personal or classroom use is granted without fee provided that copies are not made or distributed for profit or commercial advantage and that copies bear this notice and the full citation on the first page. 41 sciencesconf.org:self2016:114393

2 SELF 2016 INTRODUCTION L'action de construire socialement et celle de conduire stratégiquement les interventions se réalisent à travers des activités performatives essentielles que déploie l'ergonome chaque fois qu'il est saisi d'une demande ou d'un projet de conception. De sorte à créer les conditions d'un dia logue constructif et d'un agir collectif entre les dif férentes part ies prenantes de l'intervention : les acteurs de terrain mobilisés ou mobilisables ont souvent des enjeux, des stratégies, des demandes, des attentes (ou pas) et des points de vue différents ; ils peuvent se trouver en désaccord, en contradiction, voire en conflit sur les objectifs, les moyens ou les solutions à apporter aux problèmes qu'ils se posent et qu'ils cherchent à solutionner. Pourtant, il n'y a pas de t ransformat ions possible s en ergonom ie sans une implication et une collaboration effectives de tous les acteurs idoines dans le périmètre de l'intervention. En effet, le positionnement stratégique de l'intervention, au carrefour des différents points de vue qui forment le système de travail, permet d'identifier et d'analyser leur hétérogénéité, d'en faire un objet central d'a ction, de discussi on et de débat entre les différents acte urs managériaux, opérationnels, technique s, opérateurs de "première ligne», re présentants du personnels et diverses instances et comités. Aussi, l'objectif de cette communicati on est-il de soumet tre à ré flexion une démarche d'intervention ergonomique fondée à la fois sur une analyse concernant celle développée dans l'ouvrage collectif " comprendre le travail pour le transformer » (Guerin, Laville, Daniellou, Duraffourg et Kerguelen, 2001) et sur les productions de différents auteurs qui ont oeuvré à développer cette approche (Daniellou, 2003 ; Beguin, 2007 ; Hubault et Bourgeois, 2004 ; Garrigou, Thibault, Jackson et Mascia, 2001 ; Coutarel et Petit, 2009). Cette réflexion se nourrit également de l'expérience d'intervenant-chercheur de l'auteur et de sa pratique en tant que responsable pédagogique de l'enseignement professionnalisant au métier d'ergonome du cursus d'ergonomie du Cnam centré sur l'intervent ion. Ce tte réflexi on se fonde sur les évolutions rapides et perma nentes de la demande sociale e t projets de recherche, s ur la complexité croissante des pratique s d'intervention et sur les évolutions des métie rs de l'ergonome. La démarche proposée, à l'instar des auteurs précités, renforce et démultiplie les conditions et les opportunités d'une construction collaborative et d'une conduite négociée des interventions. De ce fait, elle se donne comme objectif la définition des différentes étapes et modalités pour organiser la participation et l'agir collectif dans les situations d'intervention, où les acteurs ne sont pas toujours d'accord sur les enjeux et les objectifs stratégiques du système de travail, les différentes logiques d'action mises en oeuvre, les moyens techniques, les changements organisationnels et les ressources humaines mobilisés pour les atteindre. Or, ces situations d'intervention où les tensions, les c ontradictions, voire les conflit s s ont omniprésents et d'intensité variable, forment le grand lot des interventions ergonomiques et posent en permanence les questions suivantes : a. Comment créer les conditions sociales d'un dialogue constructif centré sur le travail et l'activité, rendant possible des accords évolutifs entre les différents partenaires concernés ?. Dans ce sens, la démarche proposée dans cette communi cation érige la construction et le déve loppement du di alogue social centré sur le travail et l'ac tivi té en condition sine qua non sans laquelle il ne peut y avoir d'intervention pouvant ouvrir le champ des possibles des transformations et du développement. La qualité du dialogue social sur le travail et l'activité devient ainsi un objet de transformation et de développement. b. Comm ent organiser la partic ipation et l'agir col lectif des différents partenaires ? ; Comment créer les conditions de nouvelles intelligibilités du travail et de l'activité, et sur cette base des problèmes rencontrés et/ou des projets envisagés ? ; Comment instituer une démarche intégratrice des différents points de vue, une sorte d'intelligence collective, seule porteuse de compromis acceptables par tous, de progrès et de développement raisonnés ? 42 sciencesconf.org:self2016:114393

3 SELF 2016 Dans ce sens, l'auteur considère qu'à terme il y a toujours une volonté explicite ou implicite des acteurs du système de travail de résoudre les contradictions, de dépasser les désaccords, voire les conflits pourvus que leurs différences ne soient pas sous-estimées ou niées. En effet, comme le soulignent Clot et Gollac (2014), le déni du conflit sur la qualité du travail constitue un risque pour la santé et l'efficacité des acteurs. De ce fait, l'auteur considère que la notion de coopération conflictuelle et de l'agir collectif (Benchekroun, à paraître) est plus idoine que les approches tradi tionnelles du conflit fondés sur les rapports de force ou la simple coopération. En effet, la coopération conflictuelle telle qu'elle est déf inie par différents auteurs (Fournier, René et Duva l, 2001; Clot et Goll ac, 2014 ; Doré, 1991 ) s emble être pertinente pour rendre compte des processus sociaux rencontrés dans la grande majorité des situations d'intervention qu'elles soient à finalit é de t ransformation ou de conception des situations de travail. Dans cette communication, seront présentés, dans un premier temps, une réflexion et des arguments pour une évolution de la méthodologie d'intervention, dans un second temps le modèle de la démarche d'intervention fondée sur l'organisation de la participation et de l'agir collectif (Benchekroun, à paraître) préconisés par l'auteur. Cette démarche est guidée par l'objectif de création des conditions d'un dialogue social de quali té sur le travail et l'activité. Dans un troisiè me temps, une focalisation sera porté e sur l'étape de l'a nalyse stratégique de la demande et de la const ruction social e de l'intervention du f ait de son importance fondamentale dans le travail de l'ergonome. En effet, ce processus s'initie dès l'amorce de toute intervention ergonomique, s'y développe tout au long de cette dernière, voire au-delà. Réflexion et arguments pour u ne évo lution de la méthodologie et de la démarche d'intervention L'analyse du travail et de l'activité a connu ces dernières décennies un essor important qui s'est cristallis é par une production abondante de connaissances et de méthodes et un enrichissement permanent des disciplines voisines telles que la sociologie et la clinique de l'activité. La démarche d'intervention dé veloppée par Gué rin, Laville, Daniellou & Coll. (2001) a marqué jusqu'à présent la pratique de l'ergonomie et le métier d'ergonome. Cette démarche donne une place prépondérante à la participation, alimentant différentes phases de l'intervention, de l'analyse de la demande à sa reformulation, des problèmes du système de travail tels qu'ils le s formalisent à la problématique ergonom ique (prédiagnostic) e t du diagnostic aux recommandations. O r, cette séquentialité, les différentes étape s de cette méthodologie, ainsi que le statut de la construction mutuelle entre ergonome et partenaires de l'intervention, soulèvent un certain nombre de questions que l'auteur expose ci-après. Du diagnostic aux transformations : une séquentialité questionnée La séquentialité de la méthodologie dont il est question rend partiellement compte de la centralité de la question des transformations qui se joue dès les premières phases de l'analyse de la demande et du prédiagnostic. De cette question, n'en discutent pas et n'en décident pas les partenaires de l'intervention, conjointement avec l'ergonome, une fois le diagnostic posé. Il est possible que la question de la primauté du diagnostic dans l'histoire de l'ergonomie se justifiait lorsqu'une forme de culture de la solution technique et immédiate dominait le monde de l'entre prise et constituait le seul livrable att endu et reconnu. On peut penser que, si aujourd'hui ce risque est toujours présent, la culture de projet, multidisciplinaire par principe, rend socia lement possible la participation et la prise en compte de parts de plus en pl us importantes de la complexité immanente à toute compréhension et transformation. Dans cette perspective, la question des transformations est non seulement présente tout au long de l'intervention et au-delà ; elle est travaillée mutuellement par l'intervenant et ses 43 sciencesconf.org:self2016:114393

4 SELF 2016 partenaires, d'une façon explicite et partagée dès l'amorce de la démarche. De surcroît, les évolutions actuelles des connaissances et de l'ingénierie donnent davantage de moyens et de latitude aux ergonomes pour répondre à des cla sses de problèmes qui exi gent plus d'engagement dans les processus de transformations ? et de concept ion des s ituations de travail. Pour rompre avec cette séquentialité, la démarche présentée ici cherche à articuler Compréhension et Transformation dès l'analyse de la demande et la construction sociale de l'intervention. Cette articulation pre nd f orme expliciteme nt dans la construction du prédiagnostic, bien en amont du diagnostic, afin qu'elle soit débattue, travaillée, négociée et validée au fur et à mesure de l'intervention (Benchekroun, 2012). Dans ce sens, si comprendre est le socle indispensable pour pouvoir transformer, t ransf ormer devie nt également un prérequis pour pouvoir comprendre. Ainsi mis en mouvement dès les premiers moments de l'intervention, les processus de compréhension-transformation se développent réciproquement et donnent du sens et le cap à la participation et à l'agir collectif. L'analyse de la demande et sa reformulation en question La notion d'analyse de la demande et de sa reformulation est-elle toujours appropriée pour rendre compte du travail de l'ergonome lors de son intervention, étant donné les orientations actuelles de l'ergonomie et des sciences sociales ? Si l'analyse de la demande est à l'initiative de l'intervenant, conduit-elle uniquement à sa reformulation par l'ergonome et à sa validation par les acteurs concernés ? S'agit-il d'un travail de reformulation de ce que l'ergonome a compris de cette analyse ?, etc. Les réponses à ces questions ne sont pas simples et peuvent susciter débats et controverses. Pour l'auteur de cette communication, l'ergonome, dès qu'il commence l'analyse d'une demande initiale (Di) ou d'un projet, met en place deux processus conjoints : un processus centré sur la compréhension de la complexité du système de travail, liée aux enjeux, stratégies, logiques d'action, jeux d'acteurs, rapports de force..., et un autre processus selon lequel il cherche à opérer a vec l'ensemble des acteurs des déplacements successifs de leur(s) demande(s), des modèles de l'Homme au travail, des questions à traiter et des solut ions préconçues sur le champ du tra vail, de l'activité et le pote ntiel des transformations anthropo-technos centrées. Ces déplacements successifs ont pour objectif d'initier un véritable trava il de Construction Sociale de la Demande (CSD). Cert es, l'ergonome a un rôle central dans cette dynamique, notamment pour que l'évolution de la Di s'inscrive bien dans le champ de l'ergonomie et de son éthique mais les zones d'incertitudes dans une tel le const ruction rendent improbable toute prédiction du(es) chemin(s) qu'elle prendra. Loin d'être uniquement un travail d'analyse de la demande, de sa reformulation et de sa va lidation, il s'agit d'un travail de mobilisa tion des ac teurs concernés pour qu'ils développent une intelligibilité nouvelle de leur demande pouvant aboutir à des accords certes fragiles et évolutifs, mais qui ont pour originalité de se center sur le travail et l'activité. Ainsi, l'analyse stratégique de la demande initie à la fois la construction sociale de la demande, la construction sociale de l'intervention et de fait l'organisation progressive de la participation et de l'agir collectif. Cette participation et cet agir collectif sont renforcés par la mise en place d'espaces de discussion, de concertation et de débats contradictoires centrés sur le travail et l'activité. Ces espaces sont au moins de deux types : des espaces formels et organisés ayant un caractère institué fondé sur des règles de jeu socialement acceptées (Comité de pilotage, groupe de sui vi, groupes de travail, réunions, séminaires, etc.) ; des e spaces informels émergeants ou provoqués méthodologiquement. Ces deux types d'espaces permettent de faire discuter du travail, de l'activité et du potentiel des actions de transformation. Dans ce sens, les tensions, les contradicti ons, voire les confl its potentiels inhérents à toute intervention ergonomique ne sont pas considérés comme étant des entraves à son " bon » fonctionnement, à évite r ou à ignorer, mais plut ôt de s mati ères à tra vailler pour en faire de s ressources d'action. 44 sciencesconf.org:self2016:114393

5 SELF 2016 Il faut toujours souligner l'importance cruciale de cette première phase d'analyse stratégique de la demande et de la construction sociale de l'intervention qui positionne l'intervention au carrefour des problématiques stratégiques du système de travail et crée les conditions et de réussite des étapes suivantes de la démarche. Ainsi, du fait de la multiplicité des objectifs évolutifs de cette étape, elle est marquée par une grande plasticité et adaptabilité aux réalités non moins évolutives des systèmes de travail et demande un travail laborieux, une vigilance et une réflexion permanente sur sa propre pratique et sur la cohérence globale de la démarche. Vers un prédiagnostic tendu par des objectifs de transformation/conception La constr uction du prédiagnostic dans les mé thodologies existantes, est guidée par le principe suivant : comprendre d'abord le travail et l'acti vité. Cette logique, pourtant pertinente, étant donné que souvent les problèmes de l'entreprise ne sont pas opérants du point de vue ergonomique, connaît toutefois certaines limites importantes. Comme il a déjà été dit, les actions de transformations commencent dès la première étape de la démarche proposée et se déve loppent tout a u long de l'inte rvention et au-delà. La construct ion du prédiagnostic défendue dans cette communication est guidée d'emblée par des objectifs de compréhension et des objectifs de transforma tion/conception. Avec la richesse des connaissances et la multiplicité des méthodes et techniques d'a nalyse de l'activité et de transformation/conception des situations de travail dont dispose l'ergonomie aujourd'hui, il devient possible à ce stade d'élaborer un prédiagnostic d'activité guidé par des objectifs de transformation/conception. Et déjà à ce stade et non pas après le diagnostic où les marges de manoeuvres de spécification des actions de transformation se trouvent souvent réduites, le prédiagnostic " hybride » initi e chez les acteurs i mpliqués des quest ionnements, des réflexions et des débats ce ntrés sur le travail et l'activité, et de nouvelle s voies de transformations jusque là impensées. L'objectif est de faire travailler et de faire évoluer ensemble les acteurs de l'intervention sur la question centrale des transformations en même temps que la compréhension des activités réelles ou simulées. De ce fait, on considère que la deuxième étape de la démarche d'intervention consiste à co-construire avec différents acteurs un prédiagnostic centré sur l'activité et s ur les principes directeurs des transformations/conception à venir, appelé Prédiagnostic d'Activité guidé par des Objectifs d'Action (PAgOA). Cependant, à cette étape, le statut de ce prédiagnostic reste hypothétique et suppose de nouvelles modalités d'organisation de la participation et de l'agir collectif pour le valider méthodologiquement et socialement. Vers un diagnostic qui permet de transformer le travail pour le concevoir Le diagnostic tel qu'il a été pensé et c onçu, permet d'élaborer des modè les opérants (Wisner, 1979 ; 1995) d'une grande richesse et d'une précision sur la situation de travail en question. Dans ce sens la démarche est guidée par problème et non plus par solution. Le diagnostic ouvre dans un deuxième tem ps sur des recommandations ou des axes de transformations, souvent d'une grande pertinence mais qui restent, dans la majorité des cas, insuffisamment spécifiés. De nouveau, cette séquentialité Diagnostic-Transformation ne rend pas compte de la dynamique réelle d'une démarche d'intervention dans laquelle ergonome(s) et acteurs impliqués n'attendent pas la validation du diagnostic fi nal pour mettre en mouvement méthodologiquement e t socialement la question des transforma tions. Dans l a démarche proposée, le diagnosti c constitue une première production incontournable, un premier livrable qui rend possible la transforma tion du travail pour le concevoir par la mobilisation de différentes méthodes et techniques dont la s imulation. Dans ce sens, l a DOPAC est guidée par les transformations. 45 sciencesconf.org:self2016:114393

6 SELF 2016 Dans la démarche proposée, la séquentialité méthodologique se décline en deux grandes phases organiquement liées : analyser le travail pour le comprendre et transformer le travail pour le concevoir (voir figure 1). La dichotomie transformation versus conception en question Enfin, l'évolution de la démarche d'intervention proposée questionne la pertinence de la dichotomie persistante entre l'intervention à visée de transformation des situations existantes et l'intervention à visée de conception. Sauf dans les projets de conception qui demandent des conduites spécifiques, transformer ne relève-t-il pas d'une forme de conception de nouvelles situations de travail ? La démarche de transformation ou de conception ne se détermine-t-elle pas qu'après la construction sociale de la demande ? La différentiation ne joue-t-elle pas par le niveau d'engagement et de mobilisation des méthodes, outils et techniques spécifiques à la conception ? etc. Figure 1 : Modèle de la Démarche d'Organisation de la Participation et de l'Agir Collectif (DOPAC) Présentation succincte de la Démarche d'Organisation de la Participation et de l'Agir Collectif (DOPAC) Déjà abordée au paragraphe 2, cette démarche d'intervention (fig. 1) est organisée en trois phases itératives, organiquement liées, articulant explicitement la compréhension des activités en situation de travail réel ou simulé et leur transformation / conception, et ce dès la phase de 46 sciencesconf.org:self2016:114393

7 SELF 2016 l'analyse stratégique de la demande et du prédiagnostic. La forte interdépendance des trois phases détermine la cohérence interne de la démarche, sa capacité à enclencher dès le début de l'int ervention un travail d'organisation de la part icipation et de l'agir col lectif, en particulier sa centrati on sur la construction collaborati ve des a ctions ergonomi ques de transformation ou de conception. Eléments de la première phase : De la demande initiale (Di) à la construction sociale et stratégique de l'intervention (CSSI) - Dans son principe, la première phase correspond au processus social que l'intervenant ou le chercheur initie dès les premiers contacts avec le(s) commanditaire(s), par lequel il cherche à travailler la demande initiale (Di) avec les différents acteurs concernés. Ce travail est guidé et finalisé par la production négociée d'une demande collectivement construite, inscrite et positionnée dans le champ et les compétences de l'ergonomie. L'évolution de la demande initiale tend à tenir et à intégrer l'hétérogénéité des enjeux, des stratégies et des attentes portés par les différents acteurs clés impliqués dans le périmètre de l'intervention. Dans ce sens, l'analyse stratégique de la demande (ASD) est centrée sur l'identification et l'analyse : - de la structure et de l'organisation du système de travail et son fonctionnement selon chaque acteur rencontré de part son statut et sa fonction, - des objectifs évolutifs des différents acteurs (Crozier et Friedberg, 1977), - de l'hété rogénéité des enjeux, des stratégies et de s logiques d'ac tion des différents acteurs, - des ressources, des marges de manoeuvre et pouvoir d'agir, des contraintes et difficultés de chaque acteur selon son statut et fonction, - des jeux d'acteurs au sens de la sociologie des organisations, - des attendus+ exprimés ou latents des différents acteurs de l'intervention. La constructi on sociale et stratégique de l'inte rvention revient alors à mobiliser e t à organiser la participat ion en intégra nt différents enjeux, stratégies et logiques d'action en présence dans le système de travail et qui peuvent être potentiellement en tension, en contradiction voire en conflit d'objectifs et de moyens. C'est donc positionner l'ergonomie et l'ergonome au service de l'ensemble des acteurs en raison de leurs rapports au travail et à l'organisation. L'ergonome n'est pas l'expert d'un unique acteur du système de travail qui serait chargé de trouver des solutions sans impliquer et sans fa ire partici per activement l'ensemble des protagonistes potentiels de l'intervention. L'ergonome est certes expert de son domaine, puisqu'il est garant de la pertinence et de la validité de la démarche mise en oeuvre et de ses résultats. Et son expertise repose justement sur des compétences, des méthodes et outils qui rendent possible l'organisation de la participation et de l'agir collectif. Les espaces débatifs de négociation et de décisions raisonnées centrés sur le travail et l'activité (EDNDR-CTA) Pour inst ituer durablement la participa tion et l'agir collectif, il est cruci al de créer une dynamique portée par des instances de pilotage, de suivi et de travail. Leur mission est de porter stratégiquement, opérationnellement et techniquement l'ensemble de la démarche et 47 sciencesconf.org:self2016:114393

8 SELF 2016 d'en assum er et assurer la légit imité et la crédibilité du t ravail produit. D e par leurs compositions qui cherche nt à te nir l'hétérogénéité du systè me, de l 'organisation, des situations de travail et des activités concernées, l'objectif de ces comités et groupes de travail constitués est d'être des espaces débatifs de négociation et de décisions raisonnées centrés sur le travail et l'activité (EDNDR-CTA). Dans ce sens, pour renforcer la participation et la construction mutuelle entre l'ergonome et les acteurs de l'intervention, et ce, dès la première phase, le modèle propose la mise en place d'un groupe de travail stratégique centré sur l'analyse de la demande. Le GTS-ASD a comme mission d'étudier avec l'ergonome les analyses réalisées, leur représentativité et pertinence pour aboutir à une construction sociale de la demande et par là même à une Proposition Détaillée de l'Intervention (PDI). Une fois co-construite en groupe de travail, el le est présentée au CoPil pour être discutée,... et in fine validée. Eléments de la deuxième phase : Analyser le travail et l'activité pour les comprendre Prédiagnostic d'Activité guidé par des Objectifs de Transform ation/Conception (PAgOT/C) L'élaboration d'une problématique de compréhension et d'action fondée sur de nouveaux cadres de pensée et de rati onalité du travail e t de l'acti vité, correspond également à un processus de construction sociale, obje t de discussion, de compromi s, d'accord et de validation. Cette problématisation correspond à un processus qui intègre les résultats et la dynamique participative et collaborati ve de la pre mière phase, un approfondi ssement de l'analyse des données du système de travail en relation avec les objectifs de l'intervention, les premiers contacts directs et organisés avec l'activité à travers les observations ouvertes et les premiers entretiens d'explicitation centrés sur l'activité (Benchekroun, 2008) ainsi que la convocation des connaissances théoriques e t méthodologiques pertinentes, en capacité de renforcer son caractère plausibl e, sa rigueur et son potentiel desc riptif, explicatif et de perspectives et UE 136 d'action ergonomique. La composition générique, à caractère hypothétique, d'un tel prédiagnostic se décline en trois axes : - Un axe centré sur les activités cibles pour les comprendre dans leur contexte et dans leur complexité ; - Un axe qui articule explicit ement l'axe de compréhension à des objectifs de transformations/conception des situations de travail porteuses des enjeux stratégiques de l'intervention (Benchekroun, 2004) - Un axe c entré sur la spécification et la mobil isation des méthodes, outils et techniques pour atteindre les objectifs des deux axes précédents. L'objectif est de tendre le prédiagnostic d'activité, le système d'hypothèses qui en dérive et l'analyse de l'activité par des objectifs de transformation dès ce niveau de la méthodologie d'intervention. Cette étape se fonde sur les élaborations conjointes réalisées lors de groupe (s) de travail centré(s) sur l'analyse de l'activité (GT-AA). Par la suite, les résultats du GT-AA sont présentés, discutés et validés par le CoPil. Diagnostic d'activité et de transformation/conception (DAT/C) ; analyser l'activité pour la comprendre Les analyses systématiques et les modélisations des activités observées et verbalisées font l'objet d'un travail conjoint entre l'ergonome et le(s) GT-AA pour s'assurer, à la fois de leur validité écologique et représentative de la variabilité des situations d'action et de la pertinence des axes de transformation/conception qui en émergent. Par la suite, les résultats du GT-AA sont présentés, discutés et validés par le CoPil. 48 sciencesconf.org:self2016:114393

9 SELF 2016 Le diagnostic d'activité et de transforma tion/conception ouvre potentiellement sur une compréhension fine et pragmatique des activités analysées. Il trace également des axes de transformation/conception et permet de définir précisément les méthodes, outils et techniques d'action à mettre en oeuvre dans la troisième phase. Plus précisément , il permet de produire des connaissances sur les a ctivités observées e t verbalisées en situation de travail, en particulier : - des caractérisations détaillées et précises des situations de travail analysées ; - les mécanismes des activités individuelles et collectives ; - le travail d'organisation des activités ; - les articulations entre les activités productives et les activités constructives ; - les articulations entre activité et collectif ; - les mécanismes d'articulation entre niveaux horizontaux et verticaux ; - la construction et le développement des marges de manoeuvre et du pouvoir d'agir ; - La diversité des mécanismes sous-jacents à l'activité empêchée et ses impacts ; - Les mécanismes de développement ou d'entrave de la santé, la sécurité, les organisations et les personnes. Ainsi, sur la base du diagnostic il devient méthodologiquement possible de travailler sur des spécifications précises des situati ons de travail et des organis ations à t ransformer ou à concevoir. Eléments de la troisième phase : Transformer le travail et l'activité pour les concevoir Selon les objectifs négociés de l'intervention, celle-ci peut s'arrêter au diagnostic tel qu'il a été présenté en phase 2. Pour aller plus loin dans des spécifications détaillées de nature organisationnelle, technique, formative,... il faudrait organiser la participat ion et l'agi r collectif par des méthodes, techniques et outils dédiés aux transformat ions et à la conce ption. L'objectif est de transformer les situations de travail et leur organisation en cherchant à créer les conditions d'une activité performante, en capacité de se déployer et de se développer, sans risques pour la santé et la sécurité. La simulation représente l'une des méthodes les plus performantes dans ce processus de transformation du travail pour le concevoir. En effet, la simulation est considérée comme un outil de mise en circulation de données relatives au travail des opérateurs (Béguin et Weill-Fassina, 1977) et de mise en débat des normes du travail (Schwartz, 2000), des activités, des savoir et savoir -faire et des organisati ons (Benchekroun et Hervé, 2007 ; Malet et Benchekroun, 2015). L'ensemble des méthodes, techniques et outils sont décidés et élaborés dans des groupes de travail dédiés aux actions de transformations/conception (GT-T/C). Les analyses et spécificati ons détaillé es retenues par ces groupes de travail sont présentée s, débattues, priorisées et opérationnalisées par le CoPil. Ce dernier décide également des étapes suivantes, comme par exemple : une étape de test et d'évaluation d'une situation pilote, de mise en oeuvre, de déploiement, etc. CONCLUSION Ce qui définit et caractérise une intervention ergonomique, c'est sa capacité à organiser la participation et l'agir collectif des différentes parties prenantes concernées du système de travail. Si l'ergonomie mobi lise une grande technicité méthodologique de traitement, d'analyse, de modélisation,... cette technicité est sans aucun intérêt si elle n'est pas couplée à une démarche d'intervention qui crée les conditions d'une implication effective et durable de l'ensemble des acteurs concernés. Une implication qui ne doit pas être finalisée par les seuls 49 sciencesconf.org:self2016:114393

10 SELF 2016 objectifs méthodologiques et a dressée aux seuls intérêts de l 'intervenant. E lle doit être d'abord finalisée par la création des conditions sociales de dialogue sur le travail, l'activité l'organisation et le développement des personnes. Organiser la participation et l'agir collectif revient à organiser le dialogue social sur le travail et l'activité. L'une des finalités centrales de toute intervention en ergonomie est d'aboutir à des accords pos sibles de développeme nt conjoint de la santé, de la performance, et des personnes. Autrement dit, le tra vail d'intervention cherche à transformer et à améliorer la qualité du dialogue sur le travail et l'activité (Benchekroun, 2015). BIBLIOGRAPHIE Béguin, P., & Weill-Fassina, A. (ss.dir.). (1997). La simulation en ergonomie : connaître, agir et interagir. Toulouse, Octarès Editions. Beguin, P. (2007). Prendre en compte l'activité de travail pour concevoir. Activités, 4 (2), 107-114. Benchekroun,T.H. et Hervé, J.B. (2007). Démarche d'articulation des risques industriels et des risques professionnels : simulation grande échelle dans une usine classée Seveso II seuil haut, Institut pour la maitrise des risques (IMdR), Paris. Benchekroun,T.H. (2015). Coopération conflictuelle. Biennale internationale de l'Education, de la Formation et des Pratiques Professionnelles. Cnam, Paris Benchekroun,T.H. (2012). Intervenir en ergonomie . U E 245 - UA 2116, équipe d'ergonomie, TOF, Cnam, Paris. Benchekroun,T.H. (2008). Analyse de l'activité ; modèles, méthodes et techniques. UE 135, laboratoire d'ergonomie, Cnam, Paris. Benchekroun,T.H. (20O4). Initiation par la pratique à l'intervention ergonomique. UE B, laboratoire d'ergonomie, Cnam, Paris. Benchekroun,T.H. (à paraitre). Organiser la participation et l'agir collectif en situation de coopération conflictuelle. D ans Ulmann, A., Weill-Fassina, A. et Benchekroun,T.H., Intervenir : his toires, recherches, pratiques. Toul ouse, Octares Editi ons, Coll. Travail et Activité humaine, 81-97. Clot, Y. & Gollac, M. (2014). Le travail peut-il devenir supportable?. Armand Colin, Paris. Coutarel, F. & Petit, J. (2009). Le réseau social dans l'intervention ergonomique : enjeux pour la conception organisationnelle. Revue Management & Avenir, 27, 135-151. Crozier, M., & Friedbe rg,E. (1981). L'acteur et le systèm e : le s contraintes de l'action collective. Edition du Seuil. Daniellou, F. (2003). Introduction. Dans Martin,C. et Baradat,D., Des pratiques en réflexion - 10 ans de débats sur l'intervention ergonomique. Toulouse, Octarès Editions, Coll. Travail et Activité humaine, p. 23-32. 50 sciencesconf.org:self2016:114393

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