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QUE SAIS-JE ?

Histoire

de l"éducation ROGER GAL

Conseiller

au Ministère de l"Education Nationale

Directeur du

Département de la Recherche pédagogique

l"Institut Pédagogique National

Treizième édition

mise à jour par

JEAN VIAL

Professeur

honoraire de l"Université de Caen 99e
mille Retrouver ce titre sur Numilog.com

ISBN 2 13 044043 6

Dépôt

légal - 1 : 1948 13

édition mise à jour : 1991, décembre

Presses Universitaires de France, 1948

108,
boulevard Saint-Germain, 75006 type="BWD" Retrouver ce titre sur Numilog.com

INTRODUCTION

Le problème de l"éducation intéresse de plus en plus de gens aujourd"hui. On s"aperçoit qu"il ne concerne pas seulement les pédagogues profession- nels ou

les parents qui ont des enfants à élever, mais au fond tout le monde. Car nous sommes tous à quel-

que titre éducateurs,

ne serait-ce que par l"influence que nous pouvons exercer sur les êtres avec qui nous vivons ou travaillons. Et il n"est pas d"activité, pro-

fessionnelle, sociale, politique, morale, qui ne relève

à quelque degré

de l"action éducatrice. On en étend la portée, au-delà de la jeunesse, à l"âge adulte. On prend de plus en plus conscience du rôle qu"elle joue

et surtout

de celui qu"elle pourrait jouer dans la vie de l"individu et de la société si on le lui demandait.

En particulier, comme cela se

produit après toute grande guerre et dans les périodes de crise profonde, on se penche sur elle et on l"interroge. Il n"est pas de service qu"on n"attende d"elle.

Aussi esquisse-t-on

partout de vastes plans de réforme. Il n"est presque pas de pays qui ne possède le sien. Les partis, les associations professionnelles,

les groupements

de parents, prennent position à ce sujet. On discute pour et contre une éducation nouvelle mieux adaptée aux conditions modernes de

la science

et de la vie. Ce renouveau d"intérêt pour une question qui pouvait passer jusqu"ici pour une affaire de spécialistes se comprend. Il correspond à

un besoin dont tout nous fait sentir chaque jour davantage la force et l"importance. Retrouver ce titre sur Numilog.com Mais l"éducation n"a-t-elle pas été toujours plus ou moins nouvelle ? N"a-t-elle pas changé déjà bien des

fois ? N"a-t-elle pas dû s"adapter pas à pas à l"évolution des choses humaines ? Et, comme la vie,

le monde, ne cessent de changer, ne devient-elle pas, après chaque changement, une chose statique, qu"il faut une fois de plus rénover ?

Certes

le passé n"a d"intérêt que pour ceux qui l"interrogent et qui savent en utiliser les leçons. Mais s"il est un domaine où il peut instruire sur le présent

et même sur l"avenir, c"est bien celui de l"éducation. Car il nous offre dans l"histoire de ses

changements, mille expériences qu"il peut nous évi- ter de refaire. Voir comment nos usages en cette matière, nos traditions, nos institutions, nos prati- ques sont nés, connaître les nécessités et les desseins auxquels les uns et les autres ont répondu à leur origine, les transformations qu"ils ont subies au cours des siècles, c"est la meilleure façon de comprendre ce qui est, mais aussi de saisir le sens dans lequel ils évoluent.

L"histoire de

l"éducation peut être révélatrice et profitable en un sens encore plus large. Car, étant l"histoire

des diverses façons dont, à travers les âges et les civilisations, on a formé l"individu à son rôle

d"homme dans la société où il avait à vivre, elle cons- titue au fond une véritable histoire de l"homme, ou plutôt de l"idée qu"on se fit de lui à travers l"histoire. C"est un fait aussi que tout système d"éducation cor- respond à un régime économique, social, politique, religieux et à une situation humaine. Il est construit pour répondre aux besoins, aux idées, aux usages de l"époque.

Par conséquent l"histoire de l"éducation

touche à tout, à l"économie et à la technique comme l"évolution des idées et des moeurs ; partie essen- tielle de l"histoire de l"humanité, elle est l"aspect le Retrouver ce titre sur Numilog.com plus profond peut-être de l"histoire de la civilisation. Nous ne voyons souvent que l"aspect terre à terre de la fonction éducatrice dans la société, le remplis- sage des esprits ou la préparation des examens. En réalité l"éducation comprend toutes les influences qui peuvent s"exercer sur l"individu pendant sa vie ; elle embrasse aussi bien la formation professionnelle ou sociale que la formation intellectuelle ou morale. En tout cas c"est en ce sens large que nous voudrions prendre le mot. Nous ne parlerons donc pas seule- ment de l"éducation intellectuelle ou de l"éducation secondaire qui occupent toute la place dans les livres de ce genre tels qu"on les écrivait il y a un demi- siècle. Nous voudrions parler de l"éducation pri- maire et de l"éducation professionnelle ou tech- nique et, malgré le petit nombre de pages dont nous disposons, brosser une image rapide des principaux systèmes d"éducation à l"étranger, afin de ne rien négliger des

éléments essentiels de ce débat.

Puisse

ce petit livre contribuer à donner le goût des problèmes pédagogiques à tous ceux, parents et maîtres, techniciens, éducateurs et responsables sociaux,

qui peuvent en sentir l"importance ! Et si le XX siècle doit être, comme on l"a dit, " le siècle

de l"enfant », qu"il n"oublie pas les grandes traditions qui le portent et le poussent en avant. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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initiative ; adaptation et responsabilité ; ténacité et coopéra- tion. De plus, rien ne paraît plus antidémocratique que cet accent mis sur " 80 % de reçus » : ce sont les 20 % d"évincés, ce sont ces Enfants de Caïn qui mériteraient l"attention et les efforts. Or, le collège unique n"a pas résolu le problème d"une pédagogie riche pour enfants " pauvres », ces " déshé- rités », proie des redoublements et de l"éviction anticipée. C"est cependant surtout pour eux que se définit le second cycle court ouvrant sur les C.A.P. et B.E.P. alors que les lycées d"enseignement général sont assortis d"options. L"idée s"impose d"une seconde " passerelle » - le lycée préparant aussi bien aux baccalauréats qu"à des brevets de spécialité.

Encore

faut-il congédier aussi bien " la fonction trop sélective des mathématiques et de la physique » qu"une " lecture trop ambitieuse des programmes » (B.O., 11 janvier 1985). Mais il est surtout souhaité que les lycées conduisent aux I.U.T. (dont le succès s"établit), aux grandes Ecoles ou Universités. En dépit, ou à cause de leur forte croissance, celles-ci n"ont pas - comme le prophétisait G. Pompidou en 1970 - retrouvé leur " assiette ». Pourtant, après un accueil défavo- rable (grèves du printemps 1983), la loi Savary du 16 jan- vier

1984 réorganise toute l"institution. Très " préprofession-

nalisé », le second cycle doit " mettre en correspondance formations et perspectives de l"emploi ». Au-delà se profilent les diplômes d"études supérieures spécialisées, les magistères (au " label de grande qualité ») aujourd"hui négligés par les pouvoirs publics - et, fonction de recherches du 3 cycle, les diplômes d"études approfondies, puis les doctorats. Après la constitution, en mars 1986, du ministère Chirac, l"annonce d"une réforme par le ministre des Universités et de la Re- cherche, Alain Devaquet, suscite une telle réaction de la masse des étudiants (et des lycéens) que le ministre doit, le 8 décembre 1986, démissionner. Autre forme de la " professionnalisation » le technique long tend à absorber le technique court. Les classes " préprofes- sionnelles de niveau » gagnent les lycées d"enseignement pro- fessionnel de plus en plus dotés de 4e et 3e expérimentales : les liaisons s"affirment avec les lycées techniques, eux-mêmes enrichis d"options. Le tout s"ouvre sur des B.E.P., des brevets de techniciens supérieurs et, à partir de 1985, une dizaine de baccalauréats professionnels. La loi du 16 juillet 1972 a créé, pour la formation continue de plusieurs millions de travailleurs, quelque 600 groupements d"établissements (G.R.E.T.A.).

Mais les crédits vont davan-

tage à l"adaptation professionnelle qu"à l"épanouissement Retrouver ce titre sur Numilog.com

culturel, aux cadres qu"aux manœuvres, aux hommes qu"aux femmes. Le choc en retour de la formation continuée sur la

formation initiale ne s"est pas produit.

Certes,

l"aide va, d"abord, aux enfants en difficultés (péda- gogie de soutien ; appui de quelque 7 000 psychologues sco- laires

; groupes d"action psycho-pédagogiques...) ou aux mi- lieux défavorisés : le 28 décembre 1981, sont créées les zones

prioritaires

d"éducation, dotées de moyens supplémentaires. Les méthodes évoluent peu - même si les inspecteurs

essaient de passer du contrôle au conseil, même si, pour les disciplines en difficultés, interviennent de plus en plus des conseillers pédagogiques itinérants. En fait, le grand problème reste la formation des maîtres, difficilement étendue aux professeurs : il faut passer du schéma de l"instructeur au profil de l"animateur, emprunté aux insti- tutions parascolaires, passer de l"enseignant isolé à l"équipe

éducative. Le

recrutement des instituteurs s"établit après le baccalauréat : deux ans à l"Université (D.E.U.G.), deux ans de professionnalisation ; les E.N. participent à la fois à cette formation initiale et la formation continuée (trente-six se- maines prévues).

L"évolution de

l"éducation, dans les pays dits développés, révèle des tendances semblables, avec la prise de conscience aiguë de la distorsion croissante entre les acquis scolaires et les exigences d"un monde en mutation : la crise économique freine l"extension des moyens. Les systèmes américain et soviétique demeurent les plus développés. Fort décentralisé, l"enseignement aux Etats-Unis clôt à 18 ans le cycle des high

Schools

par un certificat d"études secondaires, l"Université est fort contestée. Là, deux années conduisent au Bachelor of Arts, au Master"s degree, aux Doctorats. Les Universités sont très autonomes. L"Institut de Technologie du Massa- chusetts et l"Université Harvard (équipes professorales coor- données) ont valeur exemplaire. En U.R.S.S., l"obligation scolaire de 7 à 17 ans tend à porter chacun jusqu"à l"Université. Des Facultés spéciales recyclent tous les enseignants, profes- seurs d"Université compris.

Dans les

pays sous-équipés, où souvent les universités ont capté la plupart des crédits, où l"augmentation du nombre des maîtres ne s"est pas accompagnée d"une meilleure quali- fication, le grand problème reste l"alphabétisation. L"Unesco s "y emploie - et des progrès d"ampleur statistique se mani- festent à Cuba, en Tanzanie, au Brésil... (Paulo Freire). Mais, en Afrique noire, en Asie du Sud, 40 % des enfants de 6 à 11

ans échappent à l"école : avec un million d"illettrés, le Retrouver ce titre sur Numilog.com

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Imprimé en France

Imprimerie

des Presses Universitaires de France 73,
avenue Ronsard, 41100 Vendôme

Décembre

1991 - N° 37 294

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