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Fonctions holomorphes
Mag354 { Magistere de Maths (L3)
Universite Paris-Saclay D. Hulin 2022{23
2D. H. M354Bibliographie
Il y a abondance de belles references d'introduction a l'analyse complexe. On peut citer entre autres les textes suivants :RudinReal and complex analysis
(ou sa traduction francaiseAnalyse reelle et complexe)Freitag BusamComplex analysis
RemmertTheory of complex functions
ConwayFunctions of one complex variables I
LangComplex analysis
CartanTheorie elementaire des fonctions analytiques d'une ou plusieurs variables complexes ou encoreNeedhamVisual complex analysis
pour aborder l'analyse complexe elementaire par son aspect le plus geometrique. Completons cette bibliographie succinte par quelques ouvrages (bien) plus avances pour approfondir l'etude des fonctions d'une variable complexe :ConwayFunctions of one complex variables II
RemmertClassical topics in complex functions theorySegalNine introductions in complex analysis
AudinUn cours sur les fonctions speciales
apercevoir quelques uns des prolongements de cette theorieReyssatQuelques aspects des surfaces de Riemann
Jarnicki P
ugInvariant distances and metrics in complex analysisAhlforsLectures on quasiconformal mappings
ou encore s'aventurer dans le domaine des fonctions de plusieurs variables complexes RangeHolomorphic functions and integral representations in several complex variables HormanderAn introduction to complex analysis in several complex variables 3Introduction
Dans ce cours, il va ^etre question de fonctions de variable complexe, par oppo- sition aux fonctions de variable reelle. Nous etudierons les fonctions holomorphes, a qui on demande simplement d'^etre \derivables" en chaque point de leur ouvert de denition. La theorie des fonctions holomorphes a pris son essor au 19eme siecle. Les trois noms de mathematiciens qui viennent immediatement a l'esprit lorsqu'on evoque les fonctions holomorphes sont ceux de : Cauchy (1789-1857) representation integrale Analyse Riemann (1826-1866) applications conformes GeometrieWeierstrass (1815-1897) series entieres Algebre
chacun etant associe a un point de vue dierent. L'interaction, fascinante, de ces trois points de vue fait la richesse et la beaute de ce sujet.Cauchy, Riemann et Weierstrass
A priori, la condition d'holomorphie est tres rigide. Prenons pour exemple le theoreme de Liouville qui arme qu'une fonction holomorphef:C!C, si elle est bornee, est automatiquement constante! Cependant, la theorie abonde en theoremes profonds, qui ont des applications ou des prolongements dans d'innombrables domaines des mathematiques, de la geometrie a la theorie des nombres. Le point de vue geometrique ne sera qu'eeure dans ce cours. Si le temps le permet, nous traiterons cependant le theoreme de representation conforme, au chapitre 13.Table des matieres
1 Fonctions holomorphes 7
A Fonctions holomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 A.1 LaC-derivabilite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 A.2 Holomorphie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 A.3 Representations graphiques de fonctions holomorphes . . . . 10 B Series entieres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 C Fonctions analytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Exponentielle complexe; logarithmes 14
A La fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 B Logarithme(s) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 C Determinations du logarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 C.1 La determination principale du logarithme . . . . . . . . . . . 20 C.2 Autres determinations du logarithme . . . . . . . . . . . . . . 21D Racinesk-iemes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 E Fonctions trigonometriques et hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . 23
3 La formule de Cauchy dans un disque 24
A Integrale d'une fonction sur un chemin . . . . . . . . . . . . . . . . . 24A.1 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
A.2 Operations sur les chemins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
A.3 Estimation de l'integrale sur un chemin . . . . . . . . . . . . 28
B Formule integrale de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
C Analyticite des fonctions holomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4 Premieres consequences de l'analyticite 35
A Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35B Primitives sur un ouvert etoile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
C Le theoreme de Morera . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
D Primitives sur un ouvert quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
E Logarithmes et racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
F Holomorphie etC-derivabilite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
5 Derivees d'une fonction holomorphe 44
A Estimees de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44B Estimees de Cauchy uniformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
B.1 Suites de fonctions holomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . 47
B.2 Holomorphie sous le signe integrale . . . . . . . . . . . . . . . 49
4 5
6 Etude locale d'une fonction holomorphe 51
A Petits rappels de topologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51B Principe des zeros isoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
C Theoreme de l'application ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
C.1 Le cas reel (pour memoire) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
C.2 Modele local pour une fonction holomorphe . . . . . . . . . . 56
C.3 Le cas holomorphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
7 Variations sur la formule de Cauchy 59
A Indice d'un lacet par rapport a un point . . . . . . . . . . . . . . . . 59B Formules de Cauchy dans un ouvert etoile . . . . . . . . . . . . . . . 61
C Series de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
C.1 Formule de Cauchy dans un anneau . . . . . . . . . . . . . . 63
C.2 Decomposition de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
C.3 Developpement de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
8 Formule des residus 68
A Singularites isolees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68B Formule des residus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
C Fonctions meromorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
C.1 Compter les zeros et les p^oles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
C.2 Series de fonctions meromorphes . . . . . . . . . . . . . . . . 77
9 Automorphismes 79
A Automorphismes deC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79 B Automorphismes du disque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80C La sphere de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
C.1 Compactication deC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83 C.2 Structure complexe surS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85 C.3 Fonctions denies au voisinage de l'inni dansC. . . . . . .86 C.4 Automorphismes de la sphere de Riemann . . . . . . . . . . . 87
10 Produits innis 89
A Prescrire les zeros d'une fonction holomorphe . . . . . . . . . . . . . 89B Produits innis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
C Fonction holomorphe avec zeros prescrits . . . . . . . . . . . . . . . . 92
11 Fonctions elliptiques 96
A De quoi s'agit-il? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96B Proprietes des fonctions elliptiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
C La fonction}de Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102 D Le corps des fonctions meromorphes surC=L. . . . . . . . . . . . .106 E Equation fonctionnelle pour}. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .107 F Lien avec les integrales elliptiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
G Courbes elliptiques comme cubiques de P
2C. . . . . . . . . . . . . .110
6D. H. M354
12 Formule de Cauchy homologique 114
A Lacets homologues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114B Theoreme et formule de Cauchy homologiques . . . . . . . . . . . . . 115
C De nouveau le theoreme des residus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
D Espaces simplement connexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
13 Le theoreme de l'application conforme de Riemann 124
A Retour sur l'uniformisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124B Familles normales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
C Preuve du theoreme de l'application conforme . . . . . . . . . . . . . 129
1.Fonctionsholomorphes
On presente les protagonistes : fonctions holomorphes et fonctions analytiques. On demontrera bient^ot que ce sont deux avatars d'un m^eme personnage. AF onctionsholomorphes
A.1La C-derivabilite
Dans tout le cours,UCdesignera un ouvert deC.
Denition 1.1Soitf:UC!C. On dit quefestC-derivable au pointz02U lorsqu'il existe un nombre complexe2Ctel que lim h!0f(z0+h)f(z0)h On note alorsf0(z0) =: c'est la derivee (au sens complexe) defenz0. Dans cette denition, l'accroissementhprend des valeurs complexes. De facon equivalente, la fonctionfestC-derivable enz0avecf0(z0) =si et seulement si f(z0+h) =f(z0) +h+o(h):() La notation de Landauo(h) signie quejo(h)j=jhj !0 lorsqueh!0.Une fonction holomorphe esta fortioricontinue.
Exercice 1.2Montrer que la fonctionz7!zestC-derivable surC, de derivee constante egale a 1, mais que la fonctionz7!zn'estC-derivable en aucun point. L'espace vectoriel complexeC, de dimension 1, est naturellement unR- espace vectoriel de dimension 2. L'applicationh2C'R27!h2C'R2, qui estC-lineaire, esta fortioriR-lineaire. On identieC'R2par l'application (x;y)2R27!x+iy2C. La condition () exprime que l'applicationf:UC'R2!C'R2est R-dierentiable enz0, avec une dierentielle tres specique qui se lit : D z0f:h2C'R27!h2C'R2: Prenons le temps d'etudier soigneusement cette condition. 78D. H. M354
A travers l'identicationC'R2, notre applicationf=P+iQ:UC!C (ouPetQsont les parties reelle et imaginaire def) se lit~f:UR2!C ou encore ~~f= (P;Q) :UR2!R2, avec f(x;y) =f(x+iy) et~~f(x;y) = (P(x+iy);Q(x+iy)). Notation 1.3On noteraf0la derivee complexe def, ainsi que~fx=@~f@x et~fy=@~f@y les derivees partielles de~fpar rapport aux coordonneesxety, lorsque celles-ci sont denies. Rappel 1.4DansR2euclidien, un element du groupe lineaireGL(R2;R2) est une similitude directe si, et seulement si, il s'ecrit comme produit d'une rotation et d'une homothetie de rapport non nul. C'est le cas si, et seulement si, il conserve les angles et l'orientation. Proposition 1.5MunissonsC'R2de sa structure euclidienne canonique.Les conditions suivantes sont equivalentes :
1.f:UC!CestC-derivable enz0;
2. ~f:UR2!CestR-dierentiable enz0, avec~fy(z0) =i~fx(z0); dans ce cas, on a l'egalitef0(z0) =~fx(z0); 3. ~~f:UR2!R2estR-dierentiable enz0et sa dierentielleDz0~~f2 L R(R2;R2)est nulle, ou bien est une similitude directe. Dans ce cas, sa matrice jacobienne s'ecritJz0~~f=ab b a ouf0(z0) =a+ib. PreuveOn a vu quefestC-derivable enz0ssi~festR-dierentiable en z0et si il existe=a+ib2Ctel que, pourh=x+iy, on ait
D z0~f:(x+iy) =(x+iy) =x+ (i)y= (axby) +i(bx+ay): Par la suite, on aura rarement besoin de distinguerfde ses alter ego~~fou~f! On obtient, comme consequence immediate de la proposition 1.5(3), le critere bien utile suivant.Corollaire 1.6Equations de Cauchy-Riemann
Soitf=P+iQ:UC!C. AlorsfestC-derivable enz0si et seulement siPetQ(parties reelle et imaginaire def) sontR-dierentiables enz0 avec, en ce point : @P@x =@Q@y et@P@y =@Q@xFonctions holomorphes9
A.2Holomorphie
Denition 1.7Une fonctionf:UC!Cest holomorphe si elle est C-derivable en chaque point deU, et si sa deriveef0:U!Cest continue. Les fonctions holomorphes sont donc les fonctions contin^ument derivables,au sens complexe, sur tout leur domaine de denition.La denition ci-dessus est redondante, mais elle nous permettra d'obtenir
rapidement l'analyticite des fonctions holomorphes. On a en eet le resultat suivant (dont on peut se passer en premiere lecture). Theoreme 4.18 :Soitf:U!C, que l'on supposeC-derivable en chaque point deU. Alors sa deriveef0:U!Cest continue! Une fonctionf:U!Cest donc holomorphe si et seulement si elle est C-derivable en chaque point. La deuxieme condition dans la denition 1.7 de l'holomorphie (continuite de la derivee) est nalement super ue. Proposition 1.8{ L'ensembleH(U)des fonctions holomorphes surU constitue une algebre unitaire : c'est un espace vectoriel (H(U)est stable par addition, et par multiplication par un scalaire), le produit de deux fonctions holomorphes est holomorphe; la fonction constante egale a1est holomorphe. { Sif2 H(U)et ne s'y annule pas,1=f2 H(U). { Si les fonctionsf:U!Vetg:V!Csont holomorphes, la composee gf:U!Cest holomorphe. PreuveImmediate, avec les expressions \habituelles" pour les derivees.