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839) — nous verrons l'importance et les implications de cette référence tique», parce que l'Énéide est un poème épique où agissent des figures tistique et une sensibilité moderne, en les développant dans cette direction, à quelques



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Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre LA PO‚SIE N‚O-CLASSIQUE EN FRANCE ET EN ANGLETERRE :

ENTRE CONTINUATIONS ET CONTRADICTIONS

Une immense, interminable nue, qui ne venait pas d'‚gypte, s'abattit sur Paris.

Cette nue vomit les no-classiques, qui certes valaient bien plusieurs lgions de sauterelles

1È Par cette analogie peu flatteuse de Charles Baudelaire, on ne peut que constater lӈpret du combat potique qui se livre encore au XIXe siŽcle entre les nouveaux reprsentants des classiques et les partisans de la modernit. Faut-il y voir un prolongement de la Querelle des

Anciens et des Modernes du Grand SiŽcle ? La question se pose dŽs lӍmergence du

romantisme, au moment oœ Victor Hugo se moque des AE vieux classique[s]

2 Ç et oœ Thophile

Gautier affirme combattre AE lÓhydre du perruquinisme

3 Ç. Un phnomŽne similaire appara“t de

lÓautre c˜t de la Manche : dans lÓhistoire littraire anglaise, le mouvement no-classique

prend symboliquement fin ‡ la publication des Lyrical Ballads en 1798. Les premiers romantiques rejettent les crivains no-classiques, comme Coleridge qui renie Milton 4 :

lÓesthtique de lÓimitation des anciens dans une posie rhtorique est bannie au profit de

lÓexpression lyrique de lÓintime et du retour ‡ la simplicit du vers, en vertu de laquelle le

poŽte doit retrouver un langage dnu dÓaffŽterie, AE unelaborated

5 Ç.

Toutefois, ce schma dÓopposition radicale nglige lÓhritage potique que les

romantiques reŒurent de leurs a“ns : impossible dÓignorer, par exemple, la dette profonde de

Hugo envers Chnier. Aussi ne faut-il pas considrer le no-classicisme comme un ensemble

fig dans lÓhistoire littraire, mais plut˜t comme un courant de pense diffus, un rseau

complexe dÓinfluences, un trait dÓunion entre les ides des LumiŽres et lÓidal romantique.

Comment, dŽs lors, analyser cet quilibre paradoxal entre tradition et modernit ? Quel

rapport la posie no-classique entretient-elle avec le canon classique ? Le no-classicisme

nÓest pas simplement un post-classicisme, qui serait lÓimitation servile des Anciens, mais

plut˜t un renouvellement imposant un traitement original de la matiŽre antique et des modŽles

qui le prcŽdent. DerriŽre le refus de la simple continuit, il faut voir une volont secrŽte de

refonder le canon classique. Mais alors, nÓexiste-t-il pas un risque de contradiction entre la

fidlit revendique vis-‡-vis dÓun pass artistique et littraire, et lÓaffirmation de recration,

entre pass et prsent, arriŽre-garde et avant-garde, loyaut et trahison.

É moins que derriŽre la recration de ce canon AE classique Ç, on ne voie plut˜t le dsir

de sÓassurer une place dans le champ littraire national, par le choix dÓune culture litiste. De

les arts visuels et plastiques, a en effet t au service de la Rvolution comme de lÓEmpire.

1 Charles Baudelaire, LÓArt romantique [premiŽre publication posthume en 1869], Paris, Calmann-Lvy diteur,

1885, p. 376. Baudelaire fait ici allusion ‡ la peinture no-classique.

2 Victor Hugo, Les Contemplations [1856], Paris, Michel Lvy FrŽres, Jules Hetzel diteurs, 1858, Livre I, 18,

AE Les oiseaux Ç, p. 82.

3 Thophile Gautier, Mnagerie intime, Paris, Alphonse Lemerre diteur, 1869, p. 8 : AE jamais lÓhydre du

Boileau Ç.

4 Telle est la position de Coleridge dans son poŽme AE The Nightingale : a Conversation Poem Ç publi en 1798

dans les Lyrical Ballads. Le poŽte va explicitement ‡ lÓencontre du AE Penseroso Ç miltonien pour esquisser un

tableau de la nature inspir par Wordsworth : AE in nature there is nothing melancholy Ç.

5 William Wordsworth, prface aux Lyrical Ballads [1800], Londres, Routledge Classics, 2005, p. 290. AE They

convey their feelings and notions in simple and unelaborated expressions Ç. Wordsworth distingue ici le langage

des hommes simples de celui des poŽtes classiques, quÓil juge trop loign des sentiments humains.

Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre Jeu de Paume la noblesse du Serment des Horaces, confondant les temps et les lieux dans un

art empreint dÓordre et de grandeur pique. La posie pourrait galement servir cette vise

particuliŽre : elle reconstruirait donc le canon en assurant la promotion dÓun modŽle social,

culturel et idologique. Il faut du moins distinguer le courant anglais du courant franŒais. Ces deux courants ont

des sources communes : lÓinfluence du Grand SiŽcle, mais aussi les ides des LumiŽres et le

modŽle antique. Tous deux recherchent le perfectionnement de lÓhomme ‡ travers des Íuvres

unissant la grˆce potique aux rŽgles formelles de symtrie et de proportion : on retrouve ici

lӍtymologie du canon, du grec kan˜n, dsignant ‡ lÓorigine un instrument de mesure. En

outre, les grandes rivalits politiques et commerciales entre la France et lÓAngleterre

Boileau et songe ‡ son Art potique en rdigeant son Essay on Criticism

6, Delille a traduit

Milton.

La diffrence essentielle entre le no-classicisme anglais et franŒais est sans doute leur

priode de rayonnement : en France, le no-classicisme potique est restreint ‡ une priode

courte mais intense, des annes 1780 aux annes 1820, domine par Jacques Delille, Andr Chnier ou encore Jacques Clinchamps de Malfilˆtre. Le no-classicisme dans la peinture, la

sculpture et lÓarchitecture est, lui, beaucoup plus tendu. En Angleterre, le mouvement

renouvelle le classiqueÈ franŒais, en sÓinspirant notamment de Boileau. LÓEnglish

Neoclassical movement commence ‡ la fin du

XVIIe siŽcle sous la Restauration (Restoration

Age), oœ triomphent le gnie de Milton et celui de Dryden, se poursuit avec la priode dite

AE augustenne

7 Ç (Augustan Age) durant la premiŽre moiti du XVIIIe siŽcle oœ Pope impose

les rŽgles classiques de la posie tout en renouvelant brillamment lÓart de la satire ; enfin, il se

termine sous lӍgide de Samuel Johnson, poŽte, essayiste et lexicographe. Ce nÓest toutefois que bien plus tard que le terme AE no-classique Ç sÓimposera pour

qualifier ces crivains et leurs Íuvres : un de ses premiers emplois est relev sous la plume de

Baudelaire. Littr ne lÓaccepte pas dans son dictionnaire et taxe le terme AE classicisme Ç de

nologisme

des crivains revendiquant les valeurs des Anciens. Or, quel tait exactement leur rapport ‡

lÓAntiquit et ‡ leurs prdcesseurs ? Quelle vision originale a justifi, chez les historiens de

la littrature, lÓinvention du terme AE no-classique Ç ? LÓhritage des anciens masquerait en

fait une reconstruction problmatique du canon, entre perptuation et recration, qui en plus

promotion ou de subversion politique.

en 1711, Pope a pu consulter la traduction anglaise en vers de William Soame parue en 1683, comme le suggŽre

David Nichol Smith (LÓArt Potique, Cambridge, Cambridge University Press, 1898, p. 28).

А AE Augustan Age Ç se rfŽre aux poŽtes latins vivant sous le rŽgne dÓAuguste, source dӍmulation pour les poŽtes

no-classiques.

8 AE Classicisme : systŽme des partisans exclusifs des crivains de lÓAntiquit, ou des crivains classiques du XVIIe

siŽcle Ç. É la dfinition de AE classique Ç, on peut lire : AE auteur, pote, ouvrage classique, qui est regard comme

un modŽle Ç mais aussi AE opposition ‡ romantique Ç (‚mile Littr, Dictionnaire de la langue franŒaise, Paris,

Hachette, 1874, p. 639).

Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre

Rivaliser avec les classiques

La posie no-classique propose une relecture originale des modŽles classiques, soit les auteurs antiques et les crivains du Grand SiŽcle. Ces illustres figures sont non seulement un

modŽle ‡ imiter, mais aussi des ma“tres ‡ penser dictant des rŽgles de style pour une parfaite

traduction. Milton est admir en France comme en Angleterre, et des deux c˜ts de la

Manche, Boileau est considr comme le ma“tre incontest de lÓart potique 9. Dans ce cadre, la traduction des grands poŽmes antiques en vers nÓest pas simplement une belle prouesse stylistique. La traduction potique implique plus quÓun banal changement

de systŽme linguistique ; sa beaut rside dans un fragile quilibre entre proximit et distance

avec le texte-source, fidlit et originalit : elle nÓest pas une simple paraphrase, mais une

imitation. Au-del‡ de la transcription verbale, le regard original du traducteur propose une perspective nouvelle, et prsente les textes sous un nouveau jour. La traduction est dÓabord

rinterprtation, ractualisation ; elle est le fruit dÓun dialogue intime qui traverse les mots et

les siŽcles pour renouveler entiŽrement le texte-source 10.

leurs ambitions sont plus proches de celles des Modernes : ils cherchent ‡ rivaliser avec

leurs modŽles en crant une Íuvre tout ‡ fait originale. John Dryden, considr comme un des

modŽles du no-classicisme anglais sous la Restauration, revendique ce caractŽre novateur dans sa prface aux ‚p“tres dÓOvide : But if Virgil, or Ovid, or any intelligible author be thus used [translated by the method of Imitation] Òtis no longer to be called their work, where neither the thoughts nor words are drawn from the original ; but instead of them there is something new produced, which is almost the creation of another hand. By the way, Òtis true, somewhat that is excellent may be invented, perhaps more excellent than the first design 11. Dryden ne cache pas la fiert quÓil prouve pour sa traduction des Íuvres de Virgile,

quÓil prtend nanmoins ne pas pouvoir galer : il se contente dÓaffirmer que sa traduction,

par la rigueur inspire des prceptes de Boileau, compte parmi les meilleures qui aient t

faites depuis quÓon a commenc de traduire Virgile, et se flatte de sa russite ‡ transposer les

passages les plus dlicats de lӂnide ou des Bucoliques

12. Toutefois, dÓautres se sont livrs ‡

cet exercice avant lui ; le vritable tour de force de Dryden est plut˜t, comme il lÓavoue lui-

longue haleine permet de distinguer les passages oœ le traducteur reste relativement prŽs du

texte-source de ceux oœ il prend davantage de liberts, par exemple pour exprimer la tristesse

de Mlibe, contraint ‡ lÓexil :

En umquam patrios longo post tempore fines,

Pauperis et tugurii congestum cespite culmen,

9 Dryden dit en effet de Boileau dans son Discourse of Satire: AE I might find in France a living Horace and a

Juvenal, in the person of the admirable Boileau ; whose numbers are excellent, whose expressions are

noble, whose thoughts are just, whose language is pureÈ Ç cit par John M. Aden dans The Critical Opinions of

John Dryden, Nashville, Vanderbilt University Press, 1963, p. 17.

ЊЉ Voir Alexandra Lianeri, Vanda Zajko, (d.), Translation & the Classics. Identity as Change in the History of

Culture, Oxford, Oxford University Press, AE Classical Presences Ç, 2008 ; Laurence Bernard-Pradelle, Claire

Lechevalier (d.), Traduire les anciens en Europe du Quattrocento ‡ la fin du XVIIIe siŽcle. DÓune Renaissance

‡ une Rvolution ?, Paris, Presses de LÓuniversit Paris-Sorbonne, AE Rome et ses Renaissances Ç, 2012.

11 John Dryden, AE Preface to OvidÓs Epistles Ç, cit dans The Critical Opinions of John Dryden, op. cit., p. 256.

12 John Dryden, AE Dedication of the neis Ç, cit dans The Critical Opinions of John Dryden, op. cit., p. 261.

Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre Post aliquot, mea regna videns, mirabor aristas13 ?

Oh ! Must the wretched exiles ever mourn,

Nor, after length of rolling years, return?

Are we condemned by FateÓs unjust decree,

No more our houses and our homes to see?

Or shall we mount again our rural throne,

And rule the country kingdom, once our own

14 ?

Il ne retranscrit certes pas le charme pittoresque qui se dgage de lӍvocation des

pauvres toits de chaume, objets de la plus tendre nostalgie pour le pˆtre en partance,

mentionns au vers 68, mais il prfŽre insister sur le caractŽre pathtique du discours de

Mlibe ; ainsi, il nÓhsite pas ‡ redoubler les interrogations et la comparaison des champs ‡

des royaumes : AE mea regna videns, mirabor aristas Ç, pour en souligner toute la puissance

vocatrice. Il rinvente Virgile, mais aussi les codes de la traduction, dont il est un des grands

thoriciens. CÓest dans sa ligne que de nombreux auteurs nÓhsiteront pas ‡ prendre

davantage de liberts avec les textes antiques, pour se les rapproprier, comme Pope un peu plus tard avec Horace. Ces nouvelles traductions permettent de redcouvrir lÓAntiquit sous

un nouveau jour, parallŽlement aux dcouvertes archologiques de ce temps, ‡ lÓinstar des

fouilles de Pompi. Dryden se montre ainsi classique par ses rfrences, et no-classique par

ses ambitions, nourries par un style ‡ la fois sensible et lgant.

LÓinfluence des LumiŽres

CÓest un peu plus tard, au moment oœ les LumiŽres auront commenc dÓilluminer

lÓEurope, que le no-classicisme dveloppera une vision diffrente des Anciens. Delille et

Malfilˆtre en sont de bons reprsentants : tous deux ont traduit en vers les Bucoliques de

Virgile, et leurs travaux respectifs sont rvlateurs dÓun rapport bien particulier aux textes

classiques ‡ la fin du

XVIIIe siŽcle.

est un homme de son temps, assoiff de connaissances et dÓune grande curiosit scientifique :

il doit sa premiŽre victoire potique ‡ un poŽme dtaillant les grandes dcouvertes

astronomiques depuis Copernic, Le soleil fixe au milieu des planŽtes (1754). Il est aussi

intress par la philosophie et insŽre dans sa prface une rflexion sur lӈge dÓor et sa possible

existence : conscient que les rcits pastoraux ne sont que des chimŽres, il se demande

cependant comment expliquer que, depuis les Bucoliques de Virgile jusquӇ lÓEstelle de

parce quÓelles recŽlent un fond de vrit ? É lÓinstar de Rousseau, il se pla“t ‡ imaginer une

socit idale des premiers temps, avant que les hommes ne soient corrompus par les

premiŽres ingalits. AE On nous parle du siŽcle dÓor, ce siŽcle dÓor tait celui de la bergerie :

cette tradition si ancienne serait-elle fonde ? [È] Par le siŽcle dÓor nÓentend-on point encore

ces temps oœ les bergers gyptiens et chaldens vivaient tranquillement dans leurs

champs

15È Ç Comme lÓauteur du Contrat Social, il aime mettre des hypothŽses sur les

13 Publius Virgilius Maro, Bucolica, Paris, Didot, 1798, premiŽre glogue, p. 3, v. 67-69.

14 John Dryden, The Works of Virgil translated by John Dryden [1697], Londres, Frederick Warne, 1910, p. 443,

v. 91-96.

15 Jacques Clinchamps de Malfilˆtre, Le Gnie de Virgile [ouvrage posthume], Paris, Maradan diteur, 1810, t. 1,

AE Rflexions sur les Bucoliques Ç, p. 185-186. Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre du changement qui arriva dans leurs mÍurs

16 Ç.

Ainsi, Virgile est plus pour lui quÓun grand poŽte de lÓAntiquit, puisque le poŽte latin

sÓinscrit dans une rflexion historique et philosophique sur les premiers temps de lÓunivers. Le

canon latin est ici un AE canon Ç au premier sens du terme, kan˜n : un outil de mesure, qui

permet de repenser la socit contemporaine ‡ lÓaune du savoir des anciens. La rfrence

virgilienne permet lÓamorce dÓune rflexion sociale et politique sur les progrŽs de lÓingalit.

Dans une certaine mesure, cet idal pastoral contraste avec une France mine par une

conomie en dclin et par la corruption du pouvoir. On pourrait y voir une critique latente de

la France de Louis XV, roi libertin dont les folles dpenses nÓont fait quÓaccro“tre les dettes et

soulever lÓindignation populaire. Le canon virgilien permet dŽs lors de prendre la juste mesure

du politique et de prsenter un contre-modŽle, acqurant un caractŽre subversif par sa

comparaison avec la monarchie franŒaise du

XVIIIe siŽcle.

Ses choix stylistiques sont galement intressants : comme Dryden, il sÓen rfŽre ‡

Boileau. AE Nous ne pouvons mieux terminer ces rflexions que par les vers de Boileau, oœ il style ni trop levs ni rampans

17 Ç. Le modŽle de LÓArt potique de Boileau est un modŽle

dӍquilibre auquel Malfilˆtre ajoute un idal de simplicit : le berger de Virgile AE dit de

grandes choses, mais il le dit simplement ; il ne prend point pour cela la trompette ; en un mot,

il ne chante rien qui soit au-dessus de sa porte Ç. Ensuite, il dnigre les choix dÓadaptation de

Fontenelle, qui opŽre des coupures dans le texte virgilien. Malfilˆtre pr˜ne, l‡ encore, une

esthtique de la simplicit : AE les soins quÓexigeaient les brebis nÓont rien de bas par eux-

18 Ç. Il apprcie

galement les charmes de la nature, que Fontenelle a rejets pour ne garder que les passages

galants : en AE loignant tout ce qui nӍtait point lÓamour [È] il oublie que ses bergers doivent

dessus de ce faux bel-esprit, de cette enluminure moderne

19. Ç

Malfilˆtre sÓinscrit indniablement dans la ligne des classiques du Grand SiŽcle, en

rejetant la galanterie et lÓaffŽterie quÓil critique dans des rcits pastoraux plus contemporains

comme ceux dÓHonor dÓUrf, mais il le fait au profit dÓun retour simple ‡ la nature imprgn

dÓun idal rousseauiste, dont Virgile est lÓinspirateur et le support.

No-classicisme et Rvolution

LÓabb Jacques Delille (1738-1813) suit de peu Malfilˆtre dans sa publication des

Bucoliques. Il traduit les Gorgiques en 1770, puis Lӂnide en 1804, et les Bucoliques en

1806. Sa brillante carriŽre littraire est trouble par le sisme rvolutionnaire : il migre vers

la Suisse, puis vers lÓAngleterre, oœ il compose LÓHomme des champs, ou Les Gorgiques franŒaises en 1800, avant de rentrer en France sous lÓEmpire et de poursuivre ses travaux de

traduction de Virgile. Les derniŽres annes de sa vie, oœ il sombra dans la ccit, lӍrigent en

patriarche littraire : aveugle comme HomŽre, quÓil admirait tant, ou aveugle comme Milton, dont il avait traduit Paradise Lost en 1805, plus de trente ans avant Chateaubriand. Ses traductions ont une rsonance intime : les pˆturages riants de lÓAuvergne rappellent

la douce campagne de Mantoue et sont la source dÓun attachement sincŽre ‡ la simplicit de la

16 Ibid., p. 186-187.

17 Ibid., p. 207.

18 Ibid., p. 200.

19 Ibid., p. 206.

Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre

vie rurale. De plus, Virgile, au-del‡ de son statut de modŽle, est aussi un compagnon

dÓinfortune qui lÓa suivi durant ses errances ‡ travers lÓEurope pour fuir la Terreur. Comment

ne pas voir un miroir de ses propres malheurs dans ces vers de la premiŽre glogue : CÓen est fait. Quoi ! Jamais, jamais je ne pourrai Contempler seulement le toit qui mÓa vu na“tre, Delille voque dans ses Commentaires la noble simplicit de Virgile : AE On trouve

encore, dans le discours de Mlibe, un sentiment qui nÓest pas moins touchant que lÓamour

de la patrie, cÓest la modration des vÍux du berger. Un toit de chaume est tout ce quÓil

regrette, mais combien lÓobjet de ses regrets nÓacquiert-il pas de prix par ces mots : "mea regna videns" ? Les mots de pauvre et de royaume, "pauperis" et "regna", forment le plus heureux des contrastes

20. Ç

Malfilˆtre sÓexprime avec plus de sobrit, restant fidŽle ‡ son loge de la simplicit et

de la modration :

Ne reverrai-je plus mon toit couvert de chaume

Ni ce champ que je quitte et qui fut mon royaume

21 ?
Ce ton mlancolique semble une rminiscence de Du Bellay, qui dans les Regrets sӍtait galement inspir des sources antiques pour mettre en vers la nostalgie de la France : [È] et en quelle saison

Reverrai-je le clos de ma pauvre maison

Qui mÓest une province et beaucoup davantage ?

Si Mlibe sÓexprime avec plus de virulence chez Delille, cÓest sans doute aussi parce que

ses vers acquiŽrent un sens tout personnel pour lӍcrivain franŒais qui dut quitter son pays au

moment de la Rvolution. Dans ses Commentaires, il fait allusion au contexte politique de la

France rvolutionnaire en soulignant la dtresse des proscrits : AE Combien de fois les

malheureux FranŒais, que la Rvolution avaient proscrits, nÓont-ils pas jet leurs regards vers

sentiment que Mlibe

22. Ç Les Bucoliques sont dans une certaine mesure le miroir de sa

propre histoire : ‡ lÓinstar de Mlibe, il est forc de quitter les terres de ses pŽresÈ Ces

remarques complmentaires ne font que souligner la nostalgie dÓun pass double : le pass

lointain de lÓAntiquit et le pass plus proche de lÓAncien Rgime. Les vers de Virgile

seraient ainsi un refuge symbolique, reflet crypt dÓune ralit douloureuse et dÓune idologie

en crise.

Or, au moment oœ il traduit les Bucoliques (1806), il a t autoris ‡ revenir en France

par lÓempereur. Un autre passage du Chant I prendrait donc un autre sens : Tityre fait lӍloge

de lÓempereur, quÓil lŽve au rang de divinit. Ce passage, comme le souligne Delille dans son

introduction, tait inspir par la propre exprience de Virgile qui avait pu regagner les terres

de Mantoue par la grˆce dÓOctave et de Pollion. Faut-il voir une transposition de sa

20 Jacques Delille, Les Bucoliques de Virgile, traduites en vers franŒais, Paris, Guiguet et Michaud, imprimeurs-

libraires, 1806, p. 85.

21 Jacques Clinchamps de Malfilˆtre, Le Gnie de Virgile [ouvrage posthume], Paris, Maradan diteur, 1810, t. I,

AE Rflexions sur les Bucoliques Ç, p. 215.

22 Jacques Delille, Les Bucoliques de Virgile, traduites en vers franŒais, Paris, Guiguet et Michaud, imprimeurs-

libraires, 1806, p. 98. Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre

reconnaissance ‡ lӍgard dÓun autre empereur, Napolon ? AE Namque erit ille mihi semper

deus

23 Ç: devrait-on lire ici une secrŽte apologie de lÓEmpire ? Sans doute est-ce aller trop

loin, on peut nanmoins observer que Virgile prend un sens nouveau dans le contexte dÓune France clate : il devient le chantre intemporel de lÓexil et du bonheur retrouv.

Depuis Dryden, le poŽte latin a ainsi t investi dÓune qualit dÓhistorien sous les

LumiŽres et ses diverses traductions ont fait lÓobjet de nouvelles querelles stylistiques de

Fontenelle ‡ Delille. Il a, enfin, acquis un r˜le particulier ‡ travers les grands bouleversements

de lÓHistoire, qui ont permis de le relire sous un nouveau jour. Virgile reprsente alors une contre-rvolution en chantant le bonheur des proscrits qui ont retrouv leur foyer, un retour

par lÓimaginaire ‡ lӈge dÓor, une valeur stable dans un monde politiquement clat.

Subversion du modŽle classique : no-classicisme et politique CÓest prcisment ‡ travers ces grands bouleversements historiques et politiques que le

no-classicisme assimilera le modŽle littraire antique ‡ la ralit contemporaine, crant un

modŽle tout ‡ fait original

24. Si Virgile peut appara“tre comme un symbole de la contre-

rvolution sous la plume de Delille, bien dÓautres grands crivains de lÓAntiquit sont, ‡

lÓinverse, des compagnons de la Rvolution. En France comme en Angleterre, les rfrences

antiques sont rinventes. Il suffit de lire des discours ou articles rvolutionnaires pour sÓen

apercevoir : sous la plume de Camille Desmoulins, les comparaisons fusent, Robespierre se confond avec Horatius CoclŽs, les Jacobins deviennent les Gracques, et Tacite est cit pour dnoncer les abus de la monarchie 25.
bonnet phrygien. Chnier crira ainsi cette ode vibrante ‡ Charlotte Corday : La GrŽce, ˜ fille illustre ! admirant ton courage,

‚puiserait Paros pour placer ton image

AuprŽs d'Harmodius, auprŽs de son ami ;

Et des chÍurs sur ta tombe, en une sainte ivresse,

Chanteraient Nmsis, la tardive desse,

Qui frappe le mchant sur son tr˜ne endormi. [È] Seule, tu fus un homme, et vengeas les humains ! Et nous, eunuques vils, troupeau lˆche et sans ˆme, Nous savons rpter quelques plaintes de femme ;

Mais le fer pŽserait ‡ nos dbiles mains

26.

Chnier rend ainsi hommage ‡ celle qui assassina Marat. Il trace le portrait dÓune desse

grecque dÓabord fige dans la beaut clatante du marbre de Paros, puis bouillant

intrieurement des fureurs de Nmsis, divinit de la vengeance. Harmodius est un

tyrannoctone, qui ‡ lÓaide de son compagnon Aristogiton assassina Hipparque, tyran athnien,

23 Publius Virgilius Maro, Bucolica, Paris, Didot, 1798, premiŽre glogue, p. 1, v. 6-7 : AE Deus nobis haec otia

fecit : / Namque erit ille mihi semper deus Ç. Traduction de Delille, op. cit., p. 77 : AE un dieu, car de ce nom

jÓappelle un bienfaiteur, / Un dieu mÓa procur ce tranquille bonheur Ç.

ЋЍ Voir Jean Starobinski, 1789. Les EmblŽmes de la Raison, Paris, Flammarion, 1973 ; reprise dans LÓInvention

de la libert 1700-1789, suivi de Les emblŽmes de la raison. ‚dition revue et corrige, Paris, Gallimard,

AE BibliothŽque illustre des histoires Ç, 2006.

25 Camille Desmoulins, Le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins, prcd dÓun essai sur la vie et les crits de

lÓauteur, Paris, ‚brard, 1834, ensemble de fac-simils runissant les journaux du Vieux Cordelier. Les

comparaisons voques se trouvent respectivement dans les numros 1 (p. 3), 2 (p. 15) et 3 (p. 34).

26 Andr Chnier, AE Ode ‡ Charlotte Corday Ç, Ìuvres potiques, Paris, EugŽne Manuel, 1884, p. 266.

Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre

selon le rcit de Thucydide. Marat est ainsi compar au tyran de lÓAntiquit puni par la justice

vengeresse. Du reste, Charlotte Corday acquiert de mˆles vertus, de telle sorte que les

jeune femme prend ainsi les traits de Cne qui, dans les Mtamorphoses dÓOvide, change de

sexe et participe vaillamment au combat contre les Centaures, transperŒant le plus fort dÓentre

eux, Latre

27. Ce personnage a finalement gagn la piti des dieux qui le rendirent immortel

en le changeant en oiseau. Le canon classique est donc ici clairement utilis comme un puissant vecteur

idologique destin ‡ dramatiser les pisodes rvolutionnaires. En reliant le prsent au pass,

Camille Desmoulins et Andr Chnier tentent de donner ‡ la Rvolution un caractŽre

Ce modŽle dÓAntiquit dtourne se retrouve en Angleterre, plus spcialement durant

lӈge AE augusten Ç oœ la satire est repense selon les canons dÓHorace et de Juvnal. Le seul

terme de satire prend ici tout son sens : satura, le mlange. Traduire les satires latines est

lÓoccasion de remettre leur virulence au got du jour en les replaŒant dans un contexte

moderne, cÓest un mlange de lÓancien et du nouveau qui brouille les rfrences. Alexander Pope en fait une dmonstration tonnante par sa traduction, ou plus exactement son adaptation des Satires dÓHorace : Pope ne se contente pas de retranscrire

servilement la pense de son modŽle latin, il veille ‡ la ractualiser pour la conformer aux

gots et aux habitudes de son public. Comme le souligne Jacob Fusch, AE the imitation [È]

cannot incorporate its source ; to be identifiable as an imitation, it must make outright

departures : London must replace Rome, for example, or George replace Augustus

28 Ç. Il

rend ainsi cette imitation accessible ‡ un lectorat moins lettr, en donnant aux crits dÓHorace

une force nouvelle, comme on peut lÓobserver dans la premiŽre satire : Trebatius - Aut, si tantus amor scribendi te rapit, aude

C½saris invicti res dicere, multa laborum

Pr½mia laturus.

Horatius- Cupidum, pater optime, vires

Deficiunt : neque enim quivis horrentia pilis

Agmina, nec fracta pereuntes cuspide Gallos,

Aut labentis equo describat vulnera Parthi.

[È] Haud mihi dero,

Cum res ipsa feret : nisi dextro tempore, Flacci

Verba per attentam non ibunt C½saris aurem ;

Cui male si palpere, recalcitrat undique tutus

29.
F. Or, if you needs must write, write Caesar's praise:

You'll gain at least a Knighthood, or the Bays.

P. What? Like Sir Richard, rumbling, rough, and fierce, With Arms, and George, and Brunswick, crowd the verse,

Rend with tremendous sound your ears asunder,

27 Ovide, Mtamorphoses, Livre XII, v. 459-535.

28 Jacob Fuchs, Reading PopeÓs imitations of Horace, Londres, Associated University Press, 1989, p. 17.

29 Quintus Horatius Flacchus, Satirarum, dans Ìuvres dÓHorace, Paris, Levraut, Schoell et Cie, 1804, vol. III,

Livre

II, premiŽre satire, v. 10-15 et 17-20.

Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre With Gun, drum, trumpet, blunderbuss, and thunder?

Or nobly wild, with Budgell's fire and force,

Paint Angels trembling round his falling Horse?

[È] Alas! Few verses touch their nicer ear;

They scarce can bear their Laureate twice a year:

And justly Caesar scorns the Poet's lays,

It is to History he trusts for Praise

30.

Pope garde la rfrence ‡ Csar, symbole gnral du pouvoir, mais intŽgre ensuite au

texte original des rfrences aux grands vnements et aux personnalits politiques et

culturelles de son temps. É la couronne de lauriers latine, AE praemium Ç, est substitue la

rcompense du Poet-Laureate : un titre de noblesse, AE knighthood Ç. AE Sir Richard Ç nÓest

autre que Richard Blackmore, poŽte que Pope ne tenait guŽre en haute estime, et quÓil

considrait plut˜t comme un flagorneur des puissants, AE justly Caesar scorns the PoetsÓ

lays Ç. Si Blackmore ne fut pas officiellement promu poŽte-laurat, il demeurait du moins

proche du pouvoir et avait obtenu le titre de chevalier, AE knighthood Ç, grˆce ‡ son poŽme sur

la Glorieuse Rvolution, ‡ la gloire des grands de son temps tels que Guillaume

III. En outre,

Alexander Pope se pla“t galement ‡ tourner en drision les monarques de son poque, comme

le souligne Jacob Fuchs : AE George Ç et AE Brunswick Ç dsignent George

I et George II, qui

peuplent les vers des poŽtes tels que Blackmore. Par sa srie tonitruante dÓallitrations et

dÓassonances, Pope critique ‡ la fois la politique des souverains de la Glorieuse Rvolution,

dont lӍcrasement des rbellions jacobites, et la maladresse de ces poŽtes qui, par

lÓexagration de la grandeur pique, deviennent grotesques. de ses contemporains, recontextualise Horace. Sa traduction nÓaurait de toute vidence pas eu ancien et moderne.

30 Alexander Pope, The Poetical Works of Alexander Pope, New York, A. L. Burt, publisher, 1900, v. 25-29 et

v. 34-37, p. 278. Caroline DAUPHIN : La posie no-classique en France et en Angleterre

No-classicisme et pr-romantisme

Certes, les romantiques souhaitent explicitement se dpartir des modŽles anciens qui les maintiennent dans un carcan stylistique : Hugo souligne sa volont de jouer avec AE ce grand niais dÓalexandrin

31 Ç. Impossible cependant de nier lÓempreinte profonde que les no-

classiques ont laisse sur les gnrations suivantes : Hugo et Vigny ont dÓabord Chnier pour

modŽle. Hugo lui rend hommage dans ses Contemplations et lui ddie un poŽme, qui est

justement consacr au renouvellement des classiques : il faut, selon lui, allier le rire de

Rabelais ‡ la mlancolie de Dante, pour allier le bas avec le haut, le grotesque avec le

sublime

32, comme il lÓa dj‡ crit trente ans plus t˜t dans la clŽbre prface de Cromwell.

Hugo se retourne ainsi contre la majest de lӍloquence des classiques, empreinte de la

gravitas latine, mais confesse aussi sa dette envers Chnier.

LÓexemple de Vigny est galement loquent, avec ces vers dÓAE Eloa Ç, dont la

similitude avec les vers de AE La jeune tarentine Ç est troublante

33. LÓinfluence des no-

classiques se ressentira jusquÓaux parnassiens, grands admirateurs de Chnier, comme

Heredia pour qui le poŽme de AE NŽre Ç est AE le plus simple, le plus touchant, lÓun des plus

parfaitement beaux de la langue franŒaise

34 Ç. Il exprime ainsi son sentiment ‡ la lecture de ce

poŽme :

Un frisson religieux (je ne saurais trouver le mot juste) me fit tressaillir [È] CÓest encore un des

prodiges de ce temps prodigieux que des poŽmes tels que NŽre [È], si simples, dÓun si profond

annes du

XVIIIe siŽcle35.

exemple le modŽle du rossignol dans le AE Penseroso Ç en 1796 pour composer son ode AE To a

Nightingale Ç

36, avant de se raviser et dӍcrire quelques annes plus tard, sous lÓinfluence de

Wordsworth, un autre poŽme qui prend cette fois le contre-pied de Milton, faisant du

AE Penseroso Ç un AE Allegro Ç, et de la triste PhilomŽle lÓemblŽme paradoxal de la joie de vivre

dans AE The Nightingale, a Conversational Poem Ç en 1798

37. Les gnrations suivantes ne

cacheront pas non plus leur admiration pour les classiques, ‡ lÓinstar de Byron dont le

cynisme est inspir par le mordant des satires de Pope. En outre, romantisme et no-classicisme se rejoignent par cet entre-deux trouble quÓest le AE pr-romantisme Ç, une notion incertaine runissant des aspects communs aux uns et aux

31 Victor Hugo, Les Contemplations [1856], Paris, Michel Lvy FrŽres, Jules Hetzel diteurs, 1858, AE Quelques

mots ‡ un autre Ç, p. 108.

32 Ibid., p. 21. Dans AE É Andr Chnier Ç, lÓoiseau donne au poŽte une leŒon de style, faisant clater le

AE rire norme Ç auprŽs de lÓ AE immense deuil Ç.

33 AE Car la vierge enfantine, auprŽs des matelots, / Admirait et la rame, et l'cume des flots ; / Puis, sur la haute

poupe accourue et couche, / Saluait, dans la mer, son image penche È Ç Alfred de Vigny, AE Symtha Ç,

PoŽmes antiques et modernes [1826], dans Posies complŽtes, Paris, Michel Lvy frŽres, 1866, p. 99.

34 Jos-Maria de Heredia, cit dans les Ìuvres ComplŽtes de Chnier, Paris, BibliothŽque de la Pliade, 1940,

p. 846.

35 Ibidem.

Taylor Coleridge, edited with textual and biographical notes by Ernest Hartley Coleridge, Oxford, Clarendon

Press, 1912, p. 94.

37 Samuel Taylor Coleridge, ÐThe Nightingale: a Conversation PoemÑ, dans les Lyrical Ballads [1798], La

Ballade du vieux marin et autres textes, Paris, NRF Posie Gallimard, 2007, p. 100-101. Voir Jean-Yves

Masson, AE Du rossignol chez Keats et chez quelques poŽtes romantiques anglais Ç, in Vronique Gly, Jean-

Louis Haquette, Anne Tomiche (d.), PhilomŽle. Figures du rossignol dans la tradition littraire et esthtique,

Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2006, p. 151-175.quotesdbs_dbs17.pdfusesText_23