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Thomas Rapin, Les chantiers de Jean de France, duc de Berry : maîtrise d'ouvrage et architecture à la fin du XIVe siècle

Résumé :

Le legs architectural de Jean de Berry (1340-1416) s'est imposé comme l'un des plus importants de la fin du XIVe siècle. On lui doit une vingtaine de chantiers, allant de l'Auvergne à l'océan et à Paris, qui s'appuyèrent sur la détermination du prince à pourvoir à leurs financements et sur les compétences d'un petit groupe de grands artistes conduits sous la houl ette des frères Dampmartin. Conçue aux prémisses de l'architecture flamboyante, leurs ouvrages furent trop souvent étudiés selon une lecture binaire mettant en opposition innovation et tradition. A l'image de la culture du commanditaire, riche et éclectique, son oeuvre bâtie ne procède pas de cette

dualité. Elle tente de satisfaire en réalité aux intérêts mêlés, et parfois contradictoires,

du prince, du roi, et des communes, et s'inscrit dans un effort de cohésion marquant l'aube de l'état moderne.

Abstract

The architectural heritage of Duke Jean de Berry (1340-1416) is one of the largest at the end of 14 th century. He is credited with approximately twenty construction' sites, from Auvergne to the ocean and Paris, founded on the prince's determination to provide their financing, and by the skills of a small group of great artists led by the Dampartin brothers. Designed at the beginning of the flamboyant architecture, their achievements have in the past too often been studied in a binary way opposing innovation and tradition. Similarly to their patron's rich and eclectic culture, the works of Duke of Berry don't fit in this duality. In reality, they try to satisfy the shared, and sometimes contradictory interests of the Duke, the King and Urban Communities, and belong to a move toward cohesion which is the hallmark of the dawn of the modern state. Mots clés : Duc de Berry ; maîtrise d'ouvrage ; Dampmartin ; gothique flamboyant ; gothique international ; Bourges ; Riom ; Poitiers.

Université de Poitiers

Centre d'études Supérieures de civilisation Médiévale, UMR 6223

Les chantiers de Jean de France, duc de Berry

Maîtrise d'ouvrage et architecture à la fin du XIVe siècle

Thomas Rapin

Thèse d'histoire de l'art

Sous la direction de

Mme Claude Andrault-Schmitt

Co-tutelle scientifique

Jean Chapelot

Année 2010

Au moment de mettre un terme à cette longue recherche universitaire, je remercie tout d'abord et très chaleureusement, pour leur patience et leur persévérance, les directeurs de ma thèse : Mme Claude Andrault-Schmitt ainsi que Jean Chapelot qui orienta dès le début mes travaux et m'apporta son soutien scientifique. Je rends également hommage à l'ensemble des conservateurs, archivistes, archéologues

et universitaires qui m'autorisèrent à utiliser leurs travaux ou qui me permirent de consulter

des documents souvent incommunicables : M. Jean-Yves Ribault, Mme Josiane Teyssot, M. Pierre Sanchez, M. Pierre Martin, M. Etienne Hamon, Mme Hélène-Yvonne Lemaresquier, M. Marc Viré, M. Alain Salamagne, Mlle Marie-Astrid Zang, M. Arnaud Alexandre, M. Philippe Bon, M. Bruno Galland, M. François Marin, etc. Enfin, mes pensées vont à ma famille, mes amis et mon employeur. On dit souvent qu'il s'agit là de conventions d'usage, mais il est indéniable que, sans leur soutien et leurs encouragements, cette thèse n'aura it jamais connu son aboutissement. 1

INTRODUCTION

En 1997, alors que les historiens de l'art renouvelaient depuis déjà un certain temps l'étude de l'architecture dite flamboyante, je présentais un mémoire de maîtrise consacré à la façade occidentale de la cathédrale de Tours 1 . A ce moment, la plupart des manuels retenaient encore du monument son splendide choeur rayonnant du XIIIe siècle et oubliaient de mentionner que sa façade appartient à la courte liste des grandes entreprises architecturales du début du XVe siècle. Tout comme le parti rayonnant de la haute abside mérite d'être considéré aux côtés d'oeuvres mieux connues comme la cathédrale de Troyes, la façade de l'église métropolitaine de Tours se place dans une filiation la rattachant à de grands ouvrages cathédraux des années 1400-1450 : ainsi le bras nord du transept de la cathédrale du Mans et la façade de la cathédrale de Nantes. Outre les similarités de parti, les liens entre ces trois monuments sont corroborés par les carrières des maîtres d'oeuvre, principalement Jean de Dampmartin, l'architecte du Mans et de Tours, qui perpétua un certain classicisme rayonnant et dont l'oeuvre annonce assez peu le gothique flamboyant fougueux des maîtres d'oeuvre de la seconde moitié du XVe et du début du XVIe siècle. A partir de la seconde moitié du XIVe siècle, la plus grande quantité de pièces d'archives conservée nous permet de mieux décrire les parcours de ces hommes de l'art, mais elle nous invite surtout à investir un champ d'étude parfois contrarié par l'absence de vestige monumental. C'est le cas de l'immense héritage architectural civil et religieux sur lequel s'était appuyé Jean de Dampmartin. Durant sa jeunesse, il n'avait eu que l'embarras du choix pour se former à l'art de la construction et à l'esthétique du gothique international : son père - Drouet - et son oncle - Guy - furent pendant plus de quarante ans au service de Jean de France duc de Berry, l'un des plus ambitieux maîtres d'ouvrage de la fin du XIVe siècle. 1

Rapin Thomas, La façade occidentale de la cathédrale de Tours, mémoire de maîtrise d'histoire de

l'art, Claude Mignot et Claude Andrault-Schmitt (dir.), Tours, Université François Rabelais, 1997, 2

vol. Une partie de cette recherche est publiée dans Rapin Thomas, " La cathédrale de Tours. La façade : les campagnes du XV e siècle et le programme iconographique du portail central »,

Congrès

Archéologique de France, 1997, p. 301-315.

2 Jean de Berry (1340-1416), débat autour du personnage A la fin du XIVe siècle, alors que la monarchie française était plongée dans la tourmente de la guerre de Cent Ans et que s'affrontaient les maisons de France en interminables luttes fratricides, se distinguait une figure singulière : un prince mécène protecteur des artistes et patron d'ouvrages d'exception. Jean de France, duc de Berry et d'Auvergne, comte de Po itou était-il réellement ce personnage exceptionnel mais controversé comme les aime l'histoire ? Son nom est à jamais associé aux Très Riches Heures, véritable chef d'oeuvre de l'enluminure médiévale que le duc d'Aumale acquit en 1856 lors d'une vente à Turin 2 . Nous gardons de Jean de Berry l'image du prince avenant, entouré d'une cour haute en couleur, figurée sur l'enluminure du mois de janvier du célèbre livre d'heures. Il est représenté au milieu des siens, assis sous un dais fleurdelisé et attendant, derrière une table richement ornée, qu'un nouveau venu lui prête hommage. Les Très Riches Heures sont également un précieux témoignage de l'architecture du temps. Sur les seize architectures identifiables proposées par les frères Limbourg -

véritable cortège d'architectures médiévales idéalisées - cinq sont des châteaux

entrepris par Jean de Berry 3 . Il n'en fallait pas moins pour que le mécène, déjà reconnu pour ses multiples contributions aux arts, devînt aussi le plus grand bâtisseur de la fin du Moyen Age. De 1888 à 1894, deux érudits natifs du Berry, Alfred de Champeaux et Paul Gauchery, entreprirent la première monographie raisonnée des constructions de Jean de Berry 4 . Dix ans plus tard, Lucien Magne, alors inspecteur des Monuments Historiques et professeur d'histoire de l'architecture à l'école des Beaux-arts, prit prétexte de la restauration du palais de Justice de Poitiers pour 2

Autrand Françoise, Jean de Berry : l'art et le pouvoir, Paris, Fayard, 2000, p. 440. Durrieu Paul,

" Les Très Riches heures du duc de Berry conservées à Chantilly au musée Condé et le bréviaire

Grimani », Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. LXIV, 1903, p. 321-328. 3

Mois de mars (Lusignan), mois d'avril (Dourdan), mois de juillet (Poitiers), mois d'août (Etampes)

et la Tentation du Christ (Mehun-sur-Yèvre). 4 Louis-Alfred de Champeaux (1833-1900), natif de Bourges, fut inspecteur des Beaux-Arts et des

travaux historiques de la ville de Paris et conservateur de la bibliothèque de l'Union Centrale des Arts

Décoratifs. On lui doit notamment la publication d'un ouvrage fondamental sur l'histoire du mobilier

(Histoire du meuble, 2 vol, 1885) et des arts décoratifs parisiens (L'art décoratif dans le vieux Paris,

1898). Paul Gauchery (1846-1925) était un architecte berruyer qui publia principalement sur les

bâtiments du duc de Berry. Ses papiers sont conservés aux Archives départementales du Cher (Arch.

dép., Cher, 36J 28-29). On y découvre la correspondance nourrie qu'il entretenait avec son ami Alfred

de Champeaux qu'il tutoyait. Les deux hommes publièrent sur les travaux de Jean de Berry un

volumineux article (Gazette Archéologique, t. 12, 1887, p. 18-28 et p. 64-71 et t. 13, 1888, p. 245-

254) qu'ils complétèrent par ouvrage qui fait toujours référence aujourd'hui (Champeaux Alfred (de)

et Gauchery Paul, Les travaux d'art exécutés pour Jean de France, duc de Berry avec une étude

biographique des artistes employés par ce prince , Paris, H. Champion, 1894).

3publier un imposant volume sur le sujet

5 . Contrairement à l'ouvrage de ses prédécesseurs, il édita de longs passages des comptes de chantiers, tout en gardant un vif intérêt pour les enluminures auxquelles il consacra une longue introduction. Comme en témoigne la correspondance de Paul Gauchery, les enluminures et leurs arrières plans étaient alors considérés comme des sources de première importance et faisaient l'objet d'âpres discussions. Le s interprétations allaient bon train et aboutissaient parfois en affrontements, comme au sujet du château de Saumur (mois de septembre des Très Riches Heures) un temps supposé être celui de Bicêtre 6 Depuis le premier tiers du XXe siècle, les querelles d'interprétation se sont tues et nos connaissances sur les commandes de Jean de Berry se sont considérablement enrichies par l'apport de plusieurs travaux universitaires basés pour l'essentiel sur l'étude des sources autant que sur l'archéologie : ceux de Anne Liebreich, Jean-Yves Ribault, Robert Favreau, Philippe Bon, Pierre Sanchez, Pierre-Jean Trombetta,

Josiane Teyssot et Clémence Raynaud

7 Récemment, l'histoire a considérablement redéfini les rapports entre les commanditaires du Moyen Age et l'architecture. Les concepts même de mécène et

d'architecte, entachés d'anachronisme, ont été reconsidérés et remplacés par ceux de

" maître d'ouvrage » et de " maître d'oeuvre ». Il nous faut donc, dans le cas de Jean 5

Magne Lucien, Le palais de Justice de Poitiers : étude sur l'art français au XIVe siècle, Paris,

Librairie centrale des Beaux-Arts. Au sujet de cet ouvrage lire Joy Diane et Servant Sonia, " La

transformation du palais de Poitiers au XIXe siècle (1783-1912) », Revue Historique du Centre-Ouest,

tome IV, 2005, p. 319-323 6 Beauchamp Raymond (de), " Note sur le château de Bicêtre »,

Bulletin de la Société des Antiquaires

de l'Ouest, 1904-1906, t. 10, p. 135. 7

Liebreich Anne, " Relations artistiques entre la cour de Jean, duc de Berry à Bourges et la ville de

Cologne », Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry, 1985, t. 81, p. 39-45. Il s'agit de la

publication posthume d'un article rédigé avant guerre Une grande partie du travail d'Anne Liebreich,

disciple d'Henri David, est consacré à Claus Sluter. Ribault Jean-Yves, " Chantiers et maîtres d'oeuvre

à Bourges durant la première moitié du XVe siècle : de la Sainte-Chapelle au palais de Jacques

Coeur », 93ème congrès des sociétés savantes, section archéologie, Tours, 1968, p. 387-410. Favreau

Robert, " Jean de Berry et la ville de Poitiers », in

Europa

, Hans Patze und Werner Paravicini (dir.), Sigmaringen, Jan Thorbecke, 1991. Bon Philippe,

Les premiers " bleus » de France : les carreaux de faïence au décor peint fabriqués pour le duc de

Berry, 1384, Mehun-sur-Yèvre, GHAMY, 1992. Sanchez Pierre, Trois chantiers de construction de

Jean de France, duc de Berry et d'Auvergne, en

son apanage d'Auvergne : le palais de Riom, les

châteaux de Nonette et d'Usson : étude de l'organisation des chantiers et des vestiges du décor sculpté

des chapelles de Riom et de Nonette , mémoire de maîtrise d'histoire de l'art, Université de Paris I, C. Prigent (dir.), 1993, 2 vol. Raynaud Clémence, La Sainte-Chapelle du palais de Bourges : une fondation de Jean de France duc de Berry, Mémoire de troisième cycle, Ecole du Louvre, Alain

Erlande-Brandenburg (dir.), 1996, 2 vol. Teyssot Josiane, " Les forteresses urbaines : les châteaux de

Riom et de Montferrand en Auvergne aux XIVe-XVe siècles », Château Gaillard, t. XVIII, Actes du

colloque international, Gilleleje, 1996, Caen, Centre de recherches archéologiques médiévales, 1998.

4de Berry, nous départir de l'image du mécène telle qu'elle s'était imposée depuis la

seconde moitié du XIXe siècle, critiquable à bien des égards. Par une certaine symétrie de jugement, les éloges des historiens de l'art avaient réveillé les critiques. Ainsi, quand on louait sa prodigalité à l'égard des artistes, on lui reprochait en même temps sa générosité envers des parvenus sans mérite dont il faisait sa cour. Si on magnifiait chez lui l'amour de l'art, on s'empressait de fustiger avec sévérité son

goût pour les objets précieux. Enfin, il fut jugé égocentrique et dénué de scrupules :

si Jean de Berry préférait l'art, c'est avant tout parce qu'il n'aurait conçu la politique que dans le sens d'un en richissement personnel. D'un point de vue historiographique, l'histoire de Jean de Berry se résumait donc en une alternative insoluble et cette double interprétation de son principat partagea longtemps les historiens. D'un côté, on compte les partisans d'un esthète raffiné auquel les affaires politiques s'imposaient comme une contrainte. Alfred de Champeaux dit à son sujet qu'il préférait passer la majeure partie de son temps parmi " des imagiers, des tapissiers et des orfèvres flamands ou venus du nord de la France, des peintres allemands, un céramiste espagnol, mêlés à des architectes, à des sculpteurs et à des peintres français (...). Tous travaillaient sous la direction du prince auquel n'échappait aucun détail artistique » 8 . Bernard Prost ne s'embarrasse pas de précautions : " Désintéressons-nous de sa carrière politique, laissons dans l'ombre ses peccadilles financières et administratives, envisageons-le uniquement sous ses côtés séduisants d'incomparable mécène, réputé de son vivant » 9 . Une pensée totalement opposée se fit jour à la fin des années 1960. La grande biographe du duc, Françoise Lehoux, considéra alors que l'évocation envahissante du mécénat du prince ne pouvait que nuire à la mise en évidence de sa carrière politique qu'elle s'efforça de réhabiliter en reprenant l'analyse des sources avec méthode et objectivité. L'entreprise commandait que l'on se départisse de l'image " fabriquée » du mécène. On avait surabondamment loué chez lui " le bâtisseur, l'amateur d'art, le mécène » 10 . La question de l'art est annexe dans la vie de Jean de Berry pour 8

Champeaux Alfred (de), " Les relations du duc de Berry avec l'art italien », Gazette des Beaux-Arts,

t. 38, nov. 1888, p. 409-415. 9

Prost Bernard, " Les arts à la cour du duc de Berry d'après les récentes publications de MM. Jules

Guiffrey, A. de Champeaux et P. Gauchery », Gazette des Beaux-Arts, sept. 1895, p. 254 - 264, oct.

1895, p. 342 - 349.

10 Lehoux Françoise, Jean de France, duc de Berri, sa vie, son action politique (1340-1416), Paris,

Picard, t. I, p. XLVII.

5Françoise Lehoux

11 et, dans les trois précieux volumes qu'elle consacra à la longue carrière du prince, les évocations du mécénat restent limitées aux notes. En 2000, Françoise Autrand fut la première à proposer une synthèse de ces postulats apparemment inconciliables. Elle exposa l'idée que le faste, dont faisait preuve Jean de Berry, était une manife station ou une " esthétique du pouvoir » selon ses propres termes 12 . Les deux facettes du personnage sont bien évidemment indissociables. Dans sa biographie, l'auteure restitua la place qui revenait à

l'architecture et à l'art en général dans la carrière du prince. Jean de Berry était, tout

à la fois, un prince du sang, un politicien, un tacticien, un intrigant, mais aussi un aristocrate bâtisseur et un collectionneur. Sa culture ne se mesurait pas essentiellement au nombre de ses commandes ; sa maîtrise de la rhétorique par exemple était également au service de la diplomatie française 13 . C'est bien évidemment cette approche de la réalité du personnage, tentant de décrire le prince tel qu'il apparaît et non tel qu'on le voudrait, qui nous guidera pour cerner sa maîtrise d'ouvrage.

Dès les lendemains de sa mort, le jugement

de l'histoire à l'égard du prince était lui-même profondément contrasté. Les chroniqueurs " officiels » des règnes de Charles V et de Charles VI rendirent hommage à ses talents. Christine de Pisan dit de lui qu'il aimait " la compagnie des gens intelligents et cultivés, clercs ou autres », ainsi que " les beaux livres de sciences morales et politiques, l'histoire romaine et les lectures instructives » 14 . Le Religieux de Saint-Denis ajouta à ce portrait la figure d'un prince courtois qui accueillait avec bienveillance les étrangers qui se

présentaient à sa cour, lesquels étaient traités avec largesse. Il louait en ces termes sa

prodigalité : " Il se distinguait entre tous les princes du sang par sa munificence : il dotait les églises du royaume dont Saint-Denis et Notre-Dame » 15 Pour autant, il faut bien avouer que ces mêmes chroniqueurs, dont Christine de Pisan qui le comptait pourtant parmi sa clientèle, ne forcèrent pas les mérites du prince ; ils n'oublièrent pas de fustiger ses mauvais penchants. Selon le Religieux de 11 Ibid ., t. I, p. LI. 12

Autrand Françoise, op. cit., p. 10.

13

Ibid., p. 393-484.

14

Ibid., p. 24.

15 Chronique du Religieux de Saint-Denys, Bellaguet (ed.), Paris, Crapelet, t. VI, 1852, p. 31-33.

6Saint-Denis, l'homme ne supportait pas les remontrances que suscitait sa politique

fiscale 16 ; les consuls auvergnats en furent pour leur frais à deux reprises. Le plus souvent, c'est sous les traits de la satire que les chroniqueurs raillaient ses défauts. Toujours d'après le même auteur, le prince faisait venir d'Orient des joyaux et passait des commandes d'orfèvrerie avec une telle frénésie " qu'il aurait pu habiller les chanoines de trois cathédrales dans une seule et même solennité » 17 . Cette critique ironique traduirait, selon Françoise Autrand, un sincère courroux populaire 18 Jean Froissart rapporta, non sans malice, le ridicule dont se couvrit le duc lorsqu'il épousa, à quarante-neuf ans, une jeune princesse qui n'en n'avait que douze. L'épisode lui valut les quolibets de son neveu le roi Charles VI 19 . Jusqu'au XVIIe siècle, le personnage resta toujours sujet de remarques narquoises. Par exemple, le nombre de ses résidences parisiennes provoqua l'étonnement d'Henri Sauval : " Voilà bien des palais pour être si proches les uns des autres, pour un seul prince quelque grand qu'il fût. Mais peut-être alors étoit-ce la mode car enfin je trouve que Louis de France, neveu du duc de Berry, n'en eut guère moins à Paris et aux environs » 20 Les pamphlets les plus virulents à son encontre débutèrent dès les premiers affrontements entre les partis Armagnac et Bourguignon. Le Songe véritable, écrit en

1406, fut le premier à placarder l'impopularité de Jean de Berry

21
. L'auteur anonyme le dépeint comme un prince infernal grand dilapidateur des deniers publics et surtout ceux du Languedoc. Sa cupidité, son avidité et son absence de scrupules lui auraient fait à maintes reprises choisir une politique à courte vue au lieu d'oeuvrer pour le bien commun. Les qualités militaires, inhérentes à la noblesse de son sang, lui auraient fait défaut. Dans l'intimité, il entretint et couvrit de présents une cour de parvenus notoires, médiocres et dépourvus de mérite tel Jean de Montaigu, le maître de l'Hôtel du roi, que l'auteur anonyme du Songe haïssait. Enfin, même l'extraordinaire 16

Ibid., p. 33.

17 Ibid 18

Autrand Françoise, op. cit., p. 25.

19 En outre, selon Jean Froissart, le roi donnait au duc l'age de soixante ans (OEuvres de Jean Froissart, Chroniques, Kervyn de Lettenhove (ed.), t. XIII, 1871, p. 310). 20 Sauval Henri, Histoire et recherches des antiquitez de la ville de Paris, Paris, C. Moette et J.

Chardon, 3 vol., 1724, t. II, p. 72.

21

Moranvillé Henri, " Le Songe véritable : pamphlet politique d'un Parisien du XVe siècle »,

Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, t. 17, 1890 (d'après Françoise

Autrand, op. cit., p. 13, note 4).

7résistance physique dont le duc fit preuve jusqu'à l'âge de 76 ans ne trouva pas grâce

aux yeux de ses détracteurs qui n'y voyaient que la marque d'une longue sénilité. Selon Françoise Autrand, l'absence d'héritier mâle serait une des principales causes de la " mauvaise réputation » de Jean de Berry. Contrairement à ses deux frères Anjou et Bourgogne, son incapacité à fonder une dynastie, propre à entretenir une oeuvre mémorielle, n'a pas permis de jeter les fondements d'une mythe provincial. Françoise Lehoux releva que la mort du prince, le lundi 15 juin 1416, ne suscita aucune émotion chez les chroniqueurs 22
. Charles VII n'entreprit que tardivement l'achèvement du tombeau de son grand oncle dans la Sainte-Chapelle de Bourges. A la fin du XVe siècle, la fondation de la Sainte-Chapelle de Riom par les Bourbons ne fait aucune allusion au prince qui bâtit l'édifice. On passa donc rapidement de la critique à l'oubli. En 1756, sa dernière demeure, la Sainte-Chapelle de Bourges, fut détruite dans l'indifférence générale et le gisant du prince, " frere, oncle de roys de France et nepveu de l'empereur Charles, roy de Behangne... », comme le rappelle encore aujourd'hui son épitaphe, fut simplement déposé dans la crypte de la cathédrale de Bourges. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le souvenir du prince semblait donc promis à l'oubli. Les premières études historiques du Berry des XVIe et XVIIe siècles, elles aussi, se montrèrent très discrètes sur la personnalité du duc. Nicolas de Nicolay, s'il mentionne le palais, la Sainte-Chapelle de Bourges et le château de Concressault, n'aborde pas le sujet. Jean Chaumeau s'emploie davantage à décrire les monuments (Sainte-Chapelle, palais de Bourges, château de Concressault) qu'à faire l'éloge du commanditaire qui mourut sans enfant à " l'âge de 89 ans (sic.) » 23
. D'autres réemploient à l'encontre du prince toutes les vieilles rancoeurs que son passage avait pu susciter. Nicolas Catherinot raille par exemple l'épisode du siège de Bourges, en

1412, durant lequel le duc fut obligé de puiser dans le trésor de la Sainte-Chapelle,

institution qu'il avait personnellement dotée sept ans plus tôt : " Le duc de Berry 22
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