1 juil 1999 · Diên Biên Phu est situé en Indochine, au nord-ouest du Tonkin, en Biên Phu reste une petite partie de cette longue guerre, seulement cinq mois et demi sur huit 19 Extrait du témoignage de Sauveur Verdaguer, méd 48 Lt-Col (ER) Hubert Tourret, « L'évolution de la tactique du Corps expéditionnaire
Previous PDF | Next PDF |
[PDF] Diên Biên Phu Des tranchées au prétoire 1953-1958 - Thèses
1 juil 1999 · Diên Biên Phu est situé en Indochine, au nord-ouest du Tonkin, en Biên Phu reste une petite partie de cette longue guerre, seulement cinq mois et demi sur huit 19 Extrait du témoignage de Sauveur Verdaguer, méd 48 Lt-Col (ER) Hubert Tourret, « L'évolution de la tactique du Corps expéditionnaire
[PDF] bodacc bulletin officiel des annonces civiles et commerciales
7 jan 2008 · DUMONT Brigitte ClaudiaAssocié en nom collectif : PROSOL teur : VIDAL REVEL Jean Marc modification le 10 Juin 2008 siège de la liquidation est fixé au domicile du liquidateur HUBERT Adresse du siège social : Lieudit le Petit Lodi 13730 Saint-Victoret domaine du Bocage 16100 Cognac
[PDF] bodacc bulletin officiel des annonces civiles et - Publication DILA
26 août 2016 · tion : Président du conseil de surveillance : BOTTERO Jean-Claude Adresse du siège social : 8 lotissement le Petit Plan Administration : Modification de la désignation d'un dirigeant : lotissement Domaine des Risées 26600 La Roche- de-Glun Com- Administration : DI SALVO Brigitte nom d'usage
[PDF] Les acadpdf - Académie des sciences
29 sept 2014 · Encourager la vie scientifique LAURÉATS PRÉCÉDENTS 2014 MULLE Christophe 2013 GIRAULT Jean-Antoine 2012 KIEFFER Brigitte
[PDF] La grande médaille et les grands prix de lAcadémie des sciences
Brigitte Kieffer dirige une brillante équipe à l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg Son domaine de recherche concerne
[PDF] Bibliothèque numérique de lenssib
BACCONNIER, Brigitte ; BARBIER, Frédéric ; BOTREL, Jean-François, et al deux alliances auront une influence sur la vie des petits-fils de Marcellin situés dans le faubourg Saint-Germain, rue du Paon, à l'hôtel de Tours, donnaient La Confession générale du chevalier de Wilfort, par Hubert d'Orléans, est publiée
[PDF] LE_MONDE/PAGES
13 jan 2002 · Yves, NANCY Jean-Luc, NYSSEN Hubert, PROST Antoine, DUPRE Brigitte, ALLAL Brigitte et Tewfik, ALLAMY Paulette et André, François, PERY-DOUY Claude, PETIT Lucien, PETITJEAN Pierre, Stoiber se situe « à droite du centre », a déclaré le secrétaire général du Antonio Verdaguer [2/2]
[PDF] RECUEIL DES ACTES ADMINISTRATIFS N°13-2018-100 PUBLIÉ
26 avr 2018 · dans le domaine funéraire, du 24 avril 2018 et de la formation complémentaire de 42 heures de dirigeant VALLEE Jean-Philippe (Arles bsi), Agent de constatation HELFER Brigitte (Toulon bsi), Agent de constatation ppal GAUTIER Hubert (BGC Ajaccio), CONTRÔLEUR PRINCIPAL DGDDI,
[PDF] jean-jacques - Anciens Et Réunions
[PDF] Jean-Jacques ANDRE
[PDF] Jean-Jacques Audubon Peintre
[PDF] Jean-Jacques Brousson, secrétaire d`Anatole France - France
[PDF] Jean-Jacques Dumont
[PDF] Jean-Jacques Fadeuilhe
[PDF] Jean-Jacques Goldman - Je marche seul
[PDF] Jean-Jacques Goldman : un artiste en or Charles Aznavour : l`éternel
[PDF] JEAN-JACQUES GOLDMAN FREDERICKS, GOLDMAN, JONES - Anciens Et Réunions
[PDF] Jean-Jacques Goldman, Cyril Hanouna, Dany Boon
[PDF] Jean-Jacques Grodent, SOS Faim (PDF, 562.11 Ko) - Gestion De Projet
[PDF] Jean-Jacques Guy CHARLES
[PDF] Jean-Jacques HANINE
[PDF] Jean-Jacques HARDY - Anciens Et Réunions
Université de Paris I Panthéon - Sorbonne
Ecole doctorale d'Histoire - UFR 09
Thèse de Doctorat
Laure COURNIL
Diên Biên Phu.
Des tranchées au prétoire.
1953-1958
Sous la direction de M. Hugues TERTRAIS,
professeur à l'Université Paris I Panthéon-SorbonneJury :
M. Robert FRANK, professeur émérite à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne M. Pierre JOURNOUD, chargé de recherche et de programme à l'IRSEMM. Alain RUSCIO, docteur d'Etat (rapporteur)
M. Hugues TERTRAIS, professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne M. Frédéric TURPIN, Professeur à l'Université de Chambéry (rapporteur)Soutenance le 23 septembre 2014.
Avertissement
Le sujet de la présente étude nécessite l'emploi fréquent de termes et de sigles d'origine militaire, dont la signification doit être précisée. Le bataillon est considéré comme l'unité de base regroupant un nombre variabled'hommes, dépassant généralement le millier de soldats. Il est composé de plusieurs
compagnies. Plusieurs bataillons constituent un régiment. Les dénominations traditionnellesdes unités et la façon de les retranscrire reprennent cette hiérarchisation, comme par exemple
le 3/3 e RTA. Pour en faciliter la compréhension, ces appellations sont détaillées dans le corps du texte : ce 3/3 e RTA est ainsi noté " 3e bataillon du 3e régiment de tirailleurs algériens ».Toutefois, la fréquence à laquelle nous nous référons à ces unités nécessite également
d'employer les transcriptions militaires traditionnelles. C'est pourquoi il est utile de se référer
au Glossaire situé dans les Annexes aux pages 404 et 405. 1Introduction
Diên Biên Phu. Trois mots qui évoquent l'Indochine, l'année 1954, une défaite.La " défaite » y est même beaucoup plus fréquemment associée. Ces trois petits mots
soulèvent pourtant, encore soixante ans après, plusieurs interrogations pour qui a encore envie
de s'intéresser au sujet. Que représente réellement Diên Biên Phu ? Un lieu, une bataille, une défaite,certes c'est indéniable. Mais Diên Biên Phu est aussi un moment, un événement, un cadre de
vie, un groupe, et enfin, une affaire complète, complexe et multiple. Le lieu est connu. Diên Biên Phu est situé en Indochine, au nord-ouest du Tonkin, enHaute Région, dite aussi Pays Thaï. Secteur particulier de l'Indochine, très différent du reste
du Viet Nam, du Tonkin même, il s'agit d'une région recouverte de forêt dense et d'herbeshautes, les fameuses " herbes à éléphants », présentant un relief au dénivelé important, avec
quelques rizières étagées à flan de montagnes, entrecoupées par les étroites vallées des
nombreux affluents de la Rivière Noire et du Fleuve Rouge. La région est aussi pour lespopulations locales, non vietnamiennes, le plus grand bassin rizicole du Pays Thaï. Diên Biên
Phu est, en marge de ce Pays Thaï et à moins de quinze kilomètres du Laos, un village dansl'une de ces vallées isolées bordées de collines qui forment les contreforts de massifs
montagneux s'étirant vers le Nord-Est, jusqu'à la frontière chinoise. Au-delà de cette simple
localisation, Diên Biên Phu est également un lieu utilisé depuis longtemps comme point
d'ancrage administratif de contrôle territorial. Pour les Français colonisateurs installés
définitivement au Tonkin depuis 1884, le village est le lieu de l'ancienne résidence du
gouverneur colonial, quand pour les Vietnamiens, Diên Biên Phu signifie, très concrètement,
" chef-lieu d'administration préfectorale frontalière ». Ces dernières définitions prouvent,
2chacune à leur manière, l'importance de cette vallée et de ce village dans l'organisation
territoriale du Nord-ouest de l'Indochine. Il est d'autant plus important qu'il comporteégalement une dimension mythique. Pour les populations locales thaïes, Diên Biên Phu,
Muong Thanh en thaï, est le berceau légendaire de leur civilisation, le lieu à partir duquel les
royaumes de toute la péninsule indochinoise ont été fondés1. Leur monde, tel que la
mythologie thaïe l'explique, commence à Muong Thanh. En 1954, le mythe a changé de camp et le Pays Thaï, encore plus largement que le seul villagede Diên Biên Phu, est presque devenu un " mythe exotique » pour les Français, malgré la
guerre qui dure depuis huit ans. Concrètement, sur le terrain, Diên Biên Phuest donc le point central d'uneplaine plus large que d'autres, entourée de montagnes, vite dénommée la cuvette par la presse
française. Pour les observateurs extérieurs de 1954, en effet, Diên Biên Phu désigne par
extension, la totalité de la vallée. Cet espace peut alors apparaître comme : " Une vaste plaine
nettoyée, aplatie par nos troupes, cinq ou six collines oubliées là comme des pâtés d'enfant
sur une plage, un ruisseau modeste qui doit devenir fleuve avec les pluies. [...] »2. L'image dela " cuvette » peut sembler juste au premier abord : un fond de vallée entouré de hautes
montagnes a pu faire penser à cette forme caractéristique d'un " terrain en entonnoir »3. La
description est assez bonne à ceci près que le fond de vallée est assez large, ne ressemble en
rien à un entonnoir, et qu'il n'est pas, non plus, tout à fait fermé. En terme géographique,
l'expression " bassin sédimentaire» serait plus juste que celle de " cuvette ». Les eaux de la
Nam Youm, " ruisseau modeste » traversant la vallée, se gonflent effectivement en saison despluies et contribuent à déposer des sédiments qui rendent la terre fertile. Cette description
n'est pas la première qui ait été donnée par la presse au sujet de la cuvette. Mais l'appellation
" cuvette » est bien celle qui a été adoptée et qui est restée comme une appellation officielle.
1 Selon une légende thaïe, Khoun Bouloum père des 7 fondateurs des royaumes de la péninsule indochinoise,
serait descendu du ciel pour régner sur Muong Thanh. C'est le début de la légende fondatrice du royaume lao.
2Henri Amouroux, " 24 heures de Diên Biên Phu », Indochine Sud-Est asiatique, n° 28, avril 1954, pp. 12 -19.
3Terme de géographie physique ; le Dictionnaire de la géographie de Pierre George et Fernand Verger, Paris :
Puf, sixième édition mise à jour, 1996, donne une définition scientifique de la cuvette : " creux topographique,
occupé actuellement par des eaux (à titre permanent ou saisonnier) ou anciennement occupé par les eaux et
conservant les dépôts accumulés [...] Par extension, toute forme qui se prête à la constitution d'un bassin
fermé». La vallée est bien occupée par un cours d'eau beaucoup plus important en saison des pluies, mais le
bassin n'est pas fermé. 3La première description donnée par la presse française de cette cuvette, celle qui fait autorité,
donne pourtant une impression quelque peu différente. Dans un article daté de février 1954, le
journaliste Robert Guillain, correspondant du Monde en Indochine, décrit cet espace comme " [...] un stade immense, de vingt kilomètres au moins dans sa longueur, de sept à huit par letravers. Le fond du stade est à nous, les gradins des montagnes tout autour sont aux
Viets... »4. Que ce soit un stade ou une cuvette, nous avons finalement bien à faire à un large
fond de vallée plat représentant environ 130 km², comprenant quelques collines disséminées
autour de la rivière Nam Youm, tenues par les forces françaises, entouré par de plus hautssommets à la végétation dense, tenus eux, par le Viet Minh. Une position, dont le point fort et
essentiel, est un terrain d'aviation utilisé par les Japonais pendant la Seconde Guerre
mondiale,qui doit être le point central permettant d'aménager Diên Biên Phu et sa plaine,
comme une place forte imprenable. Diên Biên Phu, est donc aussi et surtout le nom donné à un moment symbolisé parune bataille qui s'est déroulée pendant cinquante-six jours au fond de cette large vallée et sur
ses collines. Une bataille finalement méconnue, bien qu'un peu mieux depuis quelques années. Méconnue dans la forme de ses combats, son caractère quasi unique dans la guerre d'Indochine. Une bataille aux allures de siège qui pourrait aussi bien s'inscrire dans uneguerre de position. Cependant, si Diên Biên Phu est avant tout cette bataille, commencée le 13
mars 1954 et terminée les 7 et 8 mai 1954, c'est aussi quatre mois avant, et trois à quatre mois
après cette bataille. L'avant et l'après-bataille sont des moments indissociables de la bataille
elle-même. Il a fallu investir cette plaine, s'y installer et la tenir, en attendant l'affrontement
général, plus ou moins prévu. Puis, une fois la bataille terminée, les défenseurs de la place
forte, ont été emmenés en captivité, comme une continuité logique de leur statut de
combattants, défaits, de Diên Biên Phu. Ainsi, nous étudions le théâtre d'opérations militaires
de Diên Biên Phu, pendant les cinq mois et demi d'occupation française, ainsi que les trois ou
quatre mois de captivité qu'il nous semble impossible de dissocier de la bataille : il n'y a pasde bataille sans préparation, et il n'y a pas de captivité sans bataille. Nous suivons donc, pour
ce qui constitue le coeur de notre étude, une chronologie évidente, composée de trois grandes
périodes : du 20 novembre 1953, début de l'opération " Castor » pour l'occupation de Diên
4 Extrait issu de " Week-end à Diên Biên Phu », de R. Guillain, publié le 12 février 1954 dans le Monde. La
même citation est utilisée in R. Bruge, Les hommes de Diên Biên Phu, Paris: éd. Perrin, 2001, p. 67. L'extrait y
est attribué à une lettre du capitaine Chevallier du 1/13 e DBLE, adressée à son épouse et datée du 2 mars 1954. 4Biên Phu, jusqu'au 13 mars 1954, ce sont les " mois d'attente » ou " l'avant-bataille » ; du 13
mars 1954, déclenchement des hostilités, au 7 et 8 mai, chute du Camp retranché, a lieu labataille de Diên Biên Phu proprement dite ; enfin, à partir des 7 et 8 mai commence " l'après-
bataille », indissociable des mois précédents par le simple fait que les mêmes acteurs y sont
impliqués. Diên Biên Phu présente donc une unité temporelle, spatiale, et également, une
unité d'acteurs.En définitive, Diên Biên Phu est un ensemble complexe dont les différentes composantes sont
reliées par de nombreux fils, mais dont seule la date du 7 mai 1954 et la défaite ont été
retenues. Car en effet, Diên Biên Phu reste surtout, dans la majorité des esprits, une défaitede l'Armée Française. Et cela est indéniable. Par conséquent, elle est également un grand
choc : pour l'opinion publique française, qui depuis huit ans, ne se souciait guère du sort des
soldats du Corps Expéditionnaire français en Indochine, mais aussi pour l'Armée Française, et
les pouvoirs publics français. Les conséquences d'une telle défaite sont nombreuses. En
Indochine d'abord, cette défaite française marque, dans l'autre sens, une victoire politique éclatante pour l'armée révolutionnaire Viet Minh et ainsi, une victoire du communisme sur une armée occidentale à un moment où la tension Est-Ouest reste importante. Le contexteinternational est prépondérant dans la réception de cette défaite et de ses conséquences. La
Conférence ouverte à Genève pour le règlement de questions asiatiques, a engagé sa phase
indochinoise au moment où les dernières résistances françaises cessent le combat dans leCamp retranché de Diên Biên Phu. Elle se termine le 21 juillet 1954 par la signature
d'accords qui entérinent notamment le retrait de toute présence française en Indochine. Deux
niveaux de conséquences sont dès lors à prendre en compte : la scène internationale d'une
part, dont nous venons de faire un exposé rapide, et la politique intérieure française d'autre
part. La crise gouvernementale française est accentuée par cette défaite : le gouvernementLaniel tombe et Pierre Mendès France est investi à sa suite dès le 17 juin 1954, avec pour rôle
essentiel, de mettre fin, par des négociations, à huit ans de guerre en Indochine, même si cela
doit se solder par la perte de toute présence et influence françaises dans la région. Diên Biên
Phu et ses conséquences représentent donc bien un tournant : la première victoire communiste
sur " un front chaud de la Guerre froide », et le début de l'effondrement de l'empire colonial français. 5 Toutes ces conséquences nationales comme internationales, sont autant d'éléments très négatifs pour la France sur le moment, que de nombreuses personnalités cherchent à faireoublier rapidement. Néanmoins, tout ceci représente bien le coeur d'une véritable affaire
nouée autour du point central que représente Diên Biên Phu. Tout comme " Diên Biên Phu » peut se comprendre de diverses façons," l'Affaire de Diên Biên Phu » présente plusieurs acceptions. Reprenons pour tenter un
premier éclaircissement, les diverses définitions que donne le dictionnaire5 pour le mot
" affaire ». Parmi dix définitions, six peuvent convenir à la situation de Diên Biên Phu que
nous nous proposons d'étudier. Une affaire relève d'abordde "ce que l'on a à faire», une" occupation », et aussi de " ce dont il est question » : les opérations militaires à Diên Biên
Phu sont bien l'occupation principale à laquelle s'est adonnée une partie du CEFEO durant les premiers mois de 1954, et elle est l'objet principal de la plupart des conversations etpublications de la période. L'expression " l'affaire » a ainsi pu être employée pour
simplement désigner l'événement auquel sont alors confrontées les autorités militaires ou
politiques, ou même les soldats, et auquel ils doivent faire face : une attaque, la recherche desolution pour un ravitaillement, pour évacuer des blessés... Une connotation négative apparaît
lorsque nous regardons d'un peu plus près les quatre autres définitions correspondantes. Uneaffaire se définit également comme " une situation indéfinie impliquant plusieurs personnes »,
ou bien " une situation périlleuse, embarrassante », ou encore " un ensemble de faits souventà caractère plus ou moins délictueux, qui vient à la connaissance du public ». Quoi de plus
indéfinie que cette bataille qui s'annonce mal, mais dont la France doit se sortir la tête la plus
haute possible pour ne pas être trop embarrassée dans les négociations commencées à
Genève ? Nous avons bien à faire à un ensemble de faits périlleux (les combats) et
embarrassants (la défaite qui se profile) qui a été rendu largement public pendant la bataille,
puis à la chute du Camp retranché, et qui a soulevé de nombreuses questions. La dernièredéfinition du dictionnaire correspondant bien aussi à " l'affaire» de Diên Biên Phu, est celle
de " litige, procès ». Tous ces événements, ces questions publiques, ont bien donné lieu à de
nombreuses polémiques, et en définitive, à un procès qui a opposé les deux principaux
généraux en charge des opérations militaires en Indochine et au Tonkin.5 Petit Larousse illustré, 2001.
6Diên Biên Phu, de sa phase préparatoire en 1953, jusqu'au procès ayant opposé,
jusqu'en 1958, les généraux Navarre et Cogny en charge de la bataille aux échelons de Haut commandement, est bien une affaire beaucoup plus complexe qu'elle n'y paraît au premierabord. Une affaire aux multiples aspects, passée des tranchées du Pays Thaï, au prétoire
parisien, que nous nous proposons d'étudier ici. Diên Biên Phu ne se résume pourtant, souvent, qu'à son sens de bataille et surtout,de défaite. Aujourd'hui cependant, Diên Biên Phu est le support d'une énorme bibliographie,
d'un film et de documentaires, ainsi que des archives en quantité importante. Elle est sansdoute devenue l'une des batailles les plus étudiée du second XXe siècle français, et ce
d'autant plus lors des grandes dates anniversaires, notamment les anniversaires décennaux qui sont toujours l'occasion de commémorations plus importantes. " Tout a donc été dit, et bien dit, sur le déroulement du combat et sur le réseau d'intrigues dont il est à la fois l'aboutissement et le départ. Ce qui dispense ici d'examiner une nouvelle fois, dans le même esprit, ces sources d'informations et de reprendre l'enquête : il n'en sortirait rien de neuf. [...] C'est un regard différent que je voudrais porter sur les traces de l'événement».Alors pourquoi ne pas s'arrêter ici, à cette courte période de bataille, de guerre de tranchées,
qui a rapidement été appelée " l'affaire de Diên Biên Phu » ? Ne pouvons-nous pas appliquer
sans n'y rien changer, cette réflexion de Georges Duby6, au travail que nous voulonsprésenter ? En effet, Diên Biên Phu est toujours exploité du même point de vue :
" pourquoi ? », " comment ? ». Deux questions essentielles pour comprendre l'événement et
ses conséquences. L'enjeu n'est donc pas de refaire une énième relation de cette bataille en
elle-même, de ses causes, et de son déroulement. Nous en avons retracé les grandes étapes
fondamentales dans une chronologie7. Il s'agit plutôt d'essayer d'entrevoir Diên Biên Phu par
le prisme du " par qui ? », c'est-à-dire de s'attacher plus particulièrement aux hommes qui ont
6 Georges Duby, Le dimanche de Bouvines, 27 juillet 1214, Paris : Gallimard, 1973, Préface p. 7-18.
7Cf. Annexes, Chronologies, p. 404 à 421.
7fait cette bataille, qui y ont participé. En effet, la guerre est avant tout faite par des hommes, dont nous ne connaissons rien ou presque : dans le cas présent, ni vraiment qui ils sont, ni dans quelles conditions ils ont fait leur métier. Il s'agit à travers eux, de retrouver une
ambiance, un moment du milieu des années 1950, qui a finalement eu un grand retentissement national et international, un moment devenu une " affaire », militaire en premier lieu, maisaussi éminemment politique et humaine. Les anniversaires décennaux ont souvent été
l'occasion d'apporter certains renouvellements. Ce fut le cas en 2004 lors des commémorations du cinquantenaire qui furent notamment l'occasion d'organiser deux colloques internationaux8, dont le premier à Paris, en novembre 2003, qui a proposé les
premières études sur une nouvelle façon d'aborder la bataille de Diên Biên Phu. L'une d'elle
était d'entrer dans la bataille par le biais des hommes qui l'ont menée et de leur quotidien.Cette idée de base, insufflée par M. Robert Frank, représentait une problématique générale,
qui depuis quelque temps intéresse les historiens, notamment ceux de la Première Guerre mondiale, mais qui reste l'un des quelques aspects non exploités sur la guerre d'Indochine.S'attaquer, si l'on peut dire, à Diên Biên Phu c'est à la fois s'engager dans une voie qui
semble donc bien balisée et satisfaire une curiosité sur une bataille, dont seule la fin est généralement connue, mais qui reste encore ignorée dans ses formes. Le sujet s'est ainsi rapidement imposé, mais a progressivement, et lentement, évolué. Les recherches initiales ont été engagées dans l'esprit de retracer le quotidien et les aspects humains de la bataille. Il a d'abord fallu faire une importante sélection tant dans la bibliographie que dans les inventaires des archives. Puis, parallèlement aux lectures et auxquotesdbs_dbs21.pdfusesText_27