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DR JEAN PRIeE-MARS

. ET LA RÉPUBLIOUE DOMINICAINE

Les aspects divers d'un problème d'histoire,

de géographie et d'ethnologie

Depuis les origines

du peuplement l'Ile antiléenne en i492, jusqu'à l'évolution des deux Etats qui en partagent .' la souveraineté en 1953

TOME II

PORT·AU-PRINCE

1953

ET LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

DR PHI CE-MARS

L RÉ l' U B LlO U E D' HA ï T 1

ET .LA UÉPUBLIOUE DOMINICAINE

,Les aspects divers d'un problème d'histoire, de géographie et d'ethnologie

Depuis les origines

du peuplement de l'Ile antiléenne en 1492, jusqu'à l'évolution des deux Etats qui en partagent la souveraineté en 1953

TOME II

lT.AU·PRINCE 1953

CHAPITRE PREMIER

La guerre haïtiano-dominicaine.

Indivisibilité du territoire ou Indépendance dominicaine?

L'Action militaire

1 que la nouvelle des événements de Santo-Domingo parvint à Pod·'m-Prince, Rivière Hérard, Président de la République, s'<>mpressa de prendre les dispositions les plus propres à la ré ;Ju mouvement et au rétablissement de l'ordre. lJr,médiatement, il mit en branle une expédition de "trente mille hommes, un parc d'artillerie composé d'obusiers et de pièn·s dt grns calibre », dit-il, dans un ordre du jour du 15 mars 1. Peu a\'ant, le 10 du même mois, l'armée avait levé la marche vero.; l'Est. Il divi"ée en trois colonnes sous sa direction suprême. La prell1ièrt, au dont il prit le commandement, lui-même, passa pM Il Mirebalais, Lascahobas en direction de Las Matas, San .Juan-de la Magua et la vallée du Yaqui dei Sur. La seconde --c'était droite -traversa la plaine du Cul-de-Sac sous le commandf'mentdu général Souffrant et du colonel Brouard, suivit la route des lacs, ayant Neyha pour premier objectif. Ces deux attaquer Azua ct marcher ensuite sur Santo Domingo, ;"\1r )rincipal objectif. Quant à la troisième armée - c'était l'ail!' g?uche -forte comme les deux autres de dix mille hommes, J,lac'e sous la conduite du général Pierrot, comman dant du dépa-tement du Nord, elle devait envahir le territoire ennemi par D.jahn;[ traverser le Yaqui dei Norte, s'emparer de

1 Cf. LCjle] ,( ier d,' : Saint-Domingue, Etude et solution nou

nlle de LA QC,:STIO': l!AlTIEl\:-.IE, Paris, 1846, tome I. p. 362, Santiago de los Caballeros et, par la route de Moca, La Vega, rallier les forces venues du Sud-Ouest pour livrer assaut avec elles à Santo-Domingo. Il semble que ce fut en ce dernier point qu'on s'attendait à quelque résistance. Cependant, si la première armée put sans encombre s'emparer de Las Matas et de San Juan et s'arrêter le 18 mars devant Azua, la seconde éprouva quelques échecs à Fuente dei Rodeo et, après avoir enlevé Las Cabezas de las Marias, captura Neyba. A cause de cette résistance, elle ne put, comme c'était convenu, rejoindre la première, le 18, devant Azua. Donc, seules, les troupes de Rivière Hérard attaquèrent cette ville le 19. La bataille dura trois heures environ. Elle fut un insuccès pour les troupes haïtiennes qui ne purent enlever la place. Rivière Hérard retraita à son Quartier général, ayant perdu une cinquantaine d'hommes dans l'action. De leur côté, les Dominicains qui se défendaient sous les ordres de Pedro Santana, peu sûrs de pouvoir garder la place devant la supériorité numérique des troupes de Rivière Hérard, qui pouvaient être renforcées d'un moment à l'autre par celles de Souffrant, retraitèrent, eux aussi, sur Savana Buey, puis sur Bani, à quelque trente kilomètres d'Azua. Le lendemain, 20 mars, Rivière Hérard vint s'établir à Azua où Souffrant le rejoignit. Donc, il y avait dans cette ville près d'une vingtaine de milliers d'hommes. Le général en chef fit occuper le littoral de la baie d'Ocoa pour assurer ses communications maritimes avec l'Ouest. Cette première rencontre, qui fut défavorable à Rivière Hérard, quant à son plan d'invasion ininterrompue du territoire ennemi, mais qui n'avait aucun caractère décisif, jeta, cependant, un véritable désarroi dans l'armée haïtienne. La désertion subreptice, au fil des jours d'abord, puis de plus en plus serrée, désorganisa cette partie du corps expéditionnaire au point que cette armée de vingt mille hommes ne fut plus bientôt que l'ombre d'elle-même, une bande dissociée qui s'égré nait avec une persistance alarmante. Drame poignant s'il en fut jamais, et qui met en relief cette vérité fondamentale, à savoir que dans la guerre d'autrefois et peut-être même d'aujourd'hui -du moins, dans une certaine mesure -un très grand nombre d'hommes n'est pas suffisant pour assurer la victoire d'une armée. Ce qui compte en dehors de l'effectif -l'outillage technique étant mis à part, bien entendu - c'est d'abord le moral du combattant, son sentiment intime sur la valeur de la cause pour laquelle on lui demande de verser son sang et de donner sa vie. En ce qui concerne l'espèce dont nous nous occupons, que défendait le soldat haïtien engagé dans la guerre haïtiano-domi nicaine ? L'intégrité, l'indivisibilité du territoire insulaire en sou- 8 tènement de l'indépendance haïtienne? En était-il averti? Le lui avait-on fait comprendre? Non, certainement. De ce fait, la guerre haïtiano-dominicaine était impopulaire. Dans le tumulte des passions soulevées depuis la chute de Boyer, le soldat haïtien, tiraillé par les idéologies partisanes - ne lui avait-on pas dit de ne pas tirer sur ses frères! -ne pou vait plus savoir où étaient le droit et la justice, où même était la patrie. Il suivait le drapeau en automate, allant d'un point du territoire à l'autre, malgré lui, sans ardeur et sans enthousiasme. Travaillé, en outre, par la politique régionaliste, il était parti à pied, dans cette expédition, pour une zone distante de quelque cinq à six cents kilomètres de son foyer, sans service de ravi taillement, sans aucun idéal et décidé à ahandonner la partie au moindre revers. Voilà comment s'explique le drame de la désertion continue de l'armée de Rivière Hérard à Azua. Le Président resta figé dans sa position, prisonnier de l'inac tion forcée, incapable de poursuivre l'offensive préméditée. Réduit à menacer les déserteurs de la peine de mort sans en arrêter le flot, sans oser exécuter son dessein de peur de provoquer la panique, il expédiait courrier sur courrier à Port-au-Prince, solli citant des renforts et des secours de son cousin Hérard Dumesle, Ministre de la Guerre, perdu de sybaritisme dans la débauche et la luxure.

Situation tragique.

D'autre part, sans nouvelles de son aile gauche puisque le service de liaison était inexistant dans ce pays ennemi, dépourvu de bonnes routes, il attendait que Pierrot fut à pied d'oeuvre, au rendez-vous donné sous les murs de la ville de Santo-Domingo. Mais de ce côté-là aussi, de ce côté-là surtout, la position des troupes haïtiennes était désastreuse. Pierrot, qui marchait sur Santiago de los Caballeros après avoir fait franchir à son armée les 234 kilomètres qui séparent le Cap Haïtien de la ville sus-dénommée sans rencontrer de résis tance, traversa le Yaqui dei Norte et attaqua les troupes domini caines à la Sabana Talaquera. Celles-ci se replièrent sur Santiago et jetèrent l'alarme dans la ville, qui fut mise fiévreusement en sérieux état de défense par le général José Maria Imbert. Le 30 mars, à 1 heure de l'après-midi, les troupes haïtiennes donnèrent l'assaut. Le combat dura plus de quatre heures sans que la ville succombât. A ce moment, vers les cinq heures, un parlementaire vint du camp haïtien solliciter une suspension d'armes. Aussitôt, une conférence tenue à égale distance des deux camps, s'amorça entre MM. Toussaint Dupuy et Charles \Vesten, délégués haïtiens dûment autorisés par Pierrot et le général Imbert, accompagné d'autres officiers supérieurs dominicains. On discutanonplus sur les termes d'une suspension d'armes mais sur ceux d'un véritable armistice. Il fut convenu qu'un arrangement définitif interviendrait entre Haïti et la République dominicaine sur la base d'un Traité d'amitié et de commerce entre les deux parties, et leur ferme résolution de n'épargner aucun sacrifice pour soutenir l'indépen dance de leurs territoires respectifs. En foi de quoi, le général Pierrot retraiterait ses troupes vers le Nord-Ouest à la condition qu'elles ne fussent pas inquiétées dans leur contremarche. Pierrot était-il sincère dans ces tractations ou voulait-il se tirer d'un mauvais pas? Cependant, ainsi arrêtée, la retraite fut ordonnée pendant la nuit même. Mais malgré la convention des parties, Pierrot ayant appris que deux colonnes dominicaines, l'une venant de Puerto Plata et l'autre de San José de la Sierra, menaçaient de couper sa retraite, accéléra sa marche pour évacuer le sol dominicain le plus rapidement que possible. Néanmoins, avant d'atteindre cet objectif, il fut surpris dans une embuscade entre Guayabin et Talaquera où ses troupes déjà désorganisées subirent des pertes sévères. On évalue à plus de sept cents hommes, tués et blessés, les pertes totales de son armée avant qu'il pût traverser le Mas sacre et regagner le Cap Haïtien. Voici d'ailleurs comment s'exprime le général José Maria Im bert dans son rapport du 5 avril 1844 adressé à la Junte centrale gouvernementale de Santo-Domingo pour rendre compte de la bataille de Talaquera et de celle de Santiago. " ... En ce qui concerne le combat de Talaquera entre nos troupes avancées et celles de l'ennemi qui étaient en nombre supérieur, écrit-il, je me suis aperçu tout de suite que mes pré cautions n'étaient pas inutiles. Nos troupes, en nombre très infé rieur, se virent dans la nécessité précise de se retirer de cette cité sans avoir obtenu cependant des avantages dans ce combat où " l'ennemi a subi quelques pertes » ... ... Et il continue: "A Santiago, l'ennemi n'a pas laissé sur le champ de bataille moins de six cents morts et, selon l'effet que produisit la mitraille, le nombre de ses blessés a été bien supé rieur. La route de sa retraite n'a été qu'un vaste cimetière. Par une protection manifeste de la divine providence, l'ennemi a souffert les pertes telles que nous les avons énoncées, sans que nous ayons eu à déplorer la perte d'un homme ou la blessure d'un soldat. » Chose miraculeuse qu'on doit seulement au Dieu des armées et à la justice de notre cause. » 1

1 Guerra Dominico-Haitiana : Editorial el Diario y Marina. Rcp. Dom.

Secretaria de Estado de Guerra y Marina, 1944, p. 92-95. 10 D'autre part, d'une correspondance publiée par Garcia dans Guerra de la separacion Dominicana et reproduite dans le volume officiel de la Secrétairerie d'Etat de la Guerre et de la Marine dominicaine sur la guerre "Dominico-Haïtiana» 1, nous retien drons quelques faits intéressants et qui éclairent bien des points obscurs relatifs à la retraite dramatique et précipitée de Pierrot devant Santiago. Un témoin oculaire et survivant de l'époque, M. Pedro Eugenio Curiel, a donné sur ces événements les appréciations suivantes dans une lettre datée de Puerto Plata le 30 septembre 1881 et adressée à M. Segundo Imbert, de la même ville : La bataille, écrivit-il, se poursuivit jusque vers les quatre heures et demie de l'après-midi. L'armée haïtienne ravagée par les mitrailles vomies des forteresses "Dios », "Patria» y "Li bertad» et par les feux des troupes retranchées avait subi de telles pertes que le général Pierrot se vit obligé de solliciter une suspension d'armes pour ramasser ses morts et ses blessés et avoir une entente avec les Chefs dominicains. En effet, le général Pelletier et d'autres officiers dominicains lui accordèrent une entrevue et, entre autres choses, lui apprirent que le général Rivière Hérard était mort dans la bataille du 19 mars à Azua. Pour lui prouver la véracité de cette communication, ils lui firent lire un imprimé de la Junte centrale gouvernementale qui relatait la nouvelle. Cette information inattendue non seulement envahit Pierrot de crainte mais aussitôt fit jaillir chez lui l'ambition de devenir Président d'Haïti et, soudain, il pensa à la retraite de son armée qui s'effectua pendant cette même nuit, laissant sur le champ de bataille ses morts et ses blessés. » Si étrange que puisse paraître le récit de M. Curiel, nous le croyons vraisemblable sinon fondé parce qu'il explique claire ment l'attitude ultérieure de Pierrot, que jusqu'à présent aucun historien n'a pu comprendre et qu'on serait tenté d'attribuer à une certaine instabilité mentale. Mais le témoignage dont il s'agit est confirmé par d'autres tels que ceux du général Imbert qui, dans le rapport dont nous avons parlé plus haut, a consigné ce qui suit: " Il paraît que l'ennemi n'avait qu'une connaissance confuse des événements survenus à Azua le 19 mars. Mais, après que notre parlementaire l'eut informé de ce qui s'était passé, il nous fit savoir que la partie Nord, fatiguée du joug du Sud, n'était pas loin de s'en séparer et de traiter avec la République. » 2 Par ailleurs, il ne faudrait pas qu'on s'étonnât de voir men tionner dans les pourparlers d'armistice entre Pierrot et Imbert

1 Op. loc. cit., p. 84.

2 Souligné dans le texte.

11 la notion relative à la mort de Charles Rivière Hérard à Azua pendant la bataille du 19 mars. La nouvelle s'en était répandue à Santo-Domingo, à ce moment-là. On la donnait même pour certaine, au point que M. Juchereau de Saint-Denys, Consul de France, en fit l'objet de son rapport du 25 mars à M. Guizot, ministre des Affaires étrangères 1. "La mort du Président Hérard, écrivit-il, et la mise en déroute de la colonne expéditionnaire qu'il commandait en per sonne, prennent de jour en jour plus de consistance. Cependant, on n'a pu jusqu'ici se procurer la preuve de la mort du Comman dant en chef. » Mais, plus loin, M. de Saint-Denys exposa les conditions dans lesquelles cette mort a pu avoir lieu. "Alors, ajouta-t-i!, un chef haïtien, qui s'était avancé pour examiner la position de l'ennemi sous le feu d'une pièce de canon de 24 chargée à mitraille, tomba frappé mortellement ainsi que trois autres personnes qui se trouvaient auprès de lui. On vit aussitôt un grand nombre de soldats se précipiter sur son corps pour lui faire un rempart. Il fut enlevé avec tant de précipitation, et caché avec un tel soin, même aux yeux des siens, que ces pré cautions donnèrent à penser aux personnes qui en furent témoins que ce ne pouvait être que le général Rivière lui-même. Cette conjecture se changea en certitude, lorsqu'après le combat meur trier du 19 on retrouva sur le champ de bataille les corps des généraux Souffrance et Thomas Hector et ceux des oolonels

Terlonge

et Bris, aide de camp du Président qu'i! suivait en toute circonstance comme son ombre. » Cette opinion se trouve confirmée par la déposition de deux prisonniers haïtiens. Amenés à Santo-Domingo, devant la Junte, ils ont déjà déclaré en notre présence que le Président Rivière, grièvement blessé dans l'action, avait expiré quelques heures après entre les mains des médecins qui le soignaient. » Que tous ces témoignages fussent controuvés par la suite, nous ne le savons que trop. Mais ils ont constitué une rumeur consistante, à un moment donné et à la date consignée, dans les rapports dont il s'agit. Ils ont donc été servis fort à propos par les Dominicains à leurs adversaires haïtiens pendant la discus sion des termes de l'armistice du 20 mars et ont été la détermi nante psychologique de la retraite de Pierrot qui voyait mousser ainsi ses chances à la présidence de la République, s'il pouvait arriver à temps au Cap Haïtien pour recueillir la succession éven tuelle de Rivière Hérard.

1 Correspondaneia deI Consul de Francia en Santo-Domingo, 1844-1846.

Edieion y notas de E. Rodriguez Demorizi. Editoria lIIontalvo, Ciudad Tru jillo, R. D., 1944, p. 72-74. 12 Et le général Pierrot ajouta à la honte de sa défaite militaire, les marchandages politiques d'une proposition de traité d'amitié et de commerce dont il n'avait pas le droit de prendre l'initiative puisqu'il n'avait ni titre ni qualité pour amorcer des conversa tions sur un tel sujet en un tel moment. Son attitude constituait ni plus ni moins une trahison de ses devoirs envers le gouver nement provisoire, en admettant l'hypothèse qu'Hérard fut réellement tué sur le champ de bataille -et, au surplus, une trahison envers le pays dont il commandait, fort improprement d'ailleurs, une partie des forces armées. Que Pierrot ait eu des tractations louches au cours de ses propos d'armistice avec les chefs dominicains, cette information se trouve indirectement confirmée par la leUre suivante que lui adressa le général Imbert le 31 mars en réponse à une note de même date du Général en chef de l'armée haïtienne du Nord.

Voici la teneur de ce document :

Dieu, Patrie et Liberté

République Dominicaine

Quartier général de Santiago, 31 mars, An 1er de la Patrie. José Maria Imbert, général commandant du district et des opérations de Santiago Au Général Pierrot, commandant en chef de l'armée haïtienne du Nord

Général,

Je viens de recevoir votre note en date de ce jour. J'apprécie à leur vraie valeur les motifs qui vous ont déterminé à retraiter. Toujours juste, toujours ferme et généreuse, la République domi nicaine ne fomentera pas une guerre civile et d'extermination, encore que son succès en notre faveur ne puisse être douteux d'aucune façon. Toujours disposée à considérer et à reconnaître comme amis et comme frères les Haïtiens du Nord, notre Répu blique, Etat libre et indépendant, sera animée des sentiments de fraternité les plus sincères envers eux et toujours disposée à faire avec eux des traités de commerce et d'amitié. Mais s'il s'agit de l'enchaîner de nouveau, elle proteste à la face de Dieu qui la protège si visiblement que plutôt de se soumettre au joug haïtien, il ne restera à la disposition de ses cruels oppresseurs que la cendre et des décombres. En outre, je vous avertis, Général, que vous ne pouvez considérer les hostilités comme terminées entre les Dominicains et les Haïtiens, tandis que sont détenus des Dominicains arrêtés en certaine partie de la République haïtienne. Comptez, Général, avec la grandeur, la justice et la bonne foi de la République dominicaine pour qu'en même temps que nos 13 compatriotes nous seront remis sous sauf-conduit, les Haïtiens soient traités instantanément de la même manière. Je vous fais remarquer que les prisonniers haïtiens qui sont entre nos mains ont toujours été traités avec générosité. Le général Morisset et autres officiers supérieurs actuellement déte nus à Santo-Domingo ne sont pas en prison mais gardés en des maisons privées et jouissent du meilleur traitement possible. Je regrette amèrement que les nôtres qui sont en votre pouvoir soient traités de façon différente. Je regrette que vous ayez des inquiétudes pour vos blessés, ils seront traités avec soin et humanité. 1

Signé·,' J. M. Imbert.

Quel dommage que la note même de Pierrot n'ait pas été publiée. Il est infiniment probable que les archives dominicaines ne la possèdent pas. En tout cas, la réponse d'Imbert corroborant la lettre de Curiel, donne un caractère accentué de vraisemblance aux démarches imputées à Pierrot et éclairent d'un jour nouveau certains points de cette déconcertante histoire restés jusque-là assez embarrassants. Mais, il subsiste une autre énigme indéchiffrable, celle-là. Il s'agit du nombre des morts et des blessés accusés par les Domi nicains, tant dans les batailles de Neyba, d'Azua que de celles de Talaquera et de Santiago de los Caballeros. Ils n'avouent que trois morts et un seul blessé de leur côté, tandis que du côté haïtien il y aurait eu près d'un millier de morts et de blessés. Notez bien que officiellement ils reconnaissent qu'en deux ren contres entre les troupes haïtiennes et dominicaines, celles-ci avaient été obligées de se replier devant les forces numériquement supérieures des Haïtiens. La première rencontre eut lieu à la Fuente deI Rodeo où l'avant-garde haïtienne commandée par le colonel Auguste Brouard se heurta aux Dominicains avant qu'elle parvînt à occuper Neyba. La deuxième rencontre eut lieu à la Sabana Talaquera où les cinq cents Dominicains se replièrent devant les dix mille hommes de Pierrot. Comment, même en ces deux rencontres où la résistance dominicaine n'avait pu arrêter l'avance haïtienne, il n'y eut qu'un seul blessé et trois morts parmi les Dominicains ? 2 L'unique cas de blessure grave confessé par les Dominicains fut celui de Fernando Tavera qui commandait les troupes domi nicaines à Fuente deI Rodeo contre l'avant-garde de Brouard. Et ce fut tout 3. N'est-ce pas renversant?

1 Guerra Dominico-Haitiana, loc. cit., p. 96-97.

2 C. S. Une note de "Guerra Dominico-Haitiana », p. III.

3 Lie. C. Armando Rodriguez : "La Frontera Dominico-Haitiana », Santo

Domingo, R. D. Imprenta de J. R. Vidal, 1929, p. 489. 14 Comment, même dans cette bataille sanglante de Santiago où les Haïtiens laissèrent sur le sol six cents morts et un nombre considérable de blessés, même dans cette bataille d'Azua faite en rase campagne où de part et d'autre le canon tonna, il n'y eut ni blessés ni morts du côté dominicain, c'est à croire que les armes haïtiennes n'étaient chargées que d'étoupes et de poudre, tandis que seules les armes dominicaines avaient du plomb et de la mitraille. Dieu est si bon, les Haïtiens sont si stupides et la cause dominicaine fut si juste! En tout cas, ce miracle extraordinaire continue à étonner et à confondre les chercheurs et les historiens ainsi qu'en fait foi la note suivante puisée dans le remarquable ouvrage de Tansill : "The United States and Santo-Domingo (1798-1873) ». "La facilité avec laquelle le peuple de Santo-Domingo se débarrassa du joug haïtien, dit-il, est indiqué par le petit nombre de pertes subies par l'un et l'autre adversaire dans les batailles qui eurent lieu entre les forces haïtiennes et dominicaines. Dans le manuscrit intitulé Journal d'une Mission à Santo-Domingo,

1846, tenu par le lieutenant David D. Porter, se trouve le passage

pertinent ci-après: " L'Histoire n'a encore relaté aucune bataille 1 où la dispro portion des forces fut si grande et dans laquelle la partie la plus faible souffrit... des pertes si minimes. En deux grandes batailles où l'ennemi perdit plus de mille hommes, les Dominicains n'en perdirent que trois. » 2 Enigme indéchiffrable, vous dis-je, puisque les seules données du problème sont fournies par les Archives dominicaines. Pierrot s'est tu et aucun témoin haïtien n'a déposé devant l'Histoire. Nous n'avons rien dans nos Archives qui confirme ou infirme le récit de cette fantastique aventure.

Troublante énigme, en vérité.

1 Charles Callan Tansill : The United States and Santo-Domingo, 1798-

1873.

Baltimore Johns Hopkins University, 1938, p. 124.

2 C'est nous qui soulignons.

15 II Mais quelle était la situation véritable de Rivière Hérard pen dant que sa mort supposée faisait naître tant de tractations éhontées entre l'ennemi et un officier supérieur de son armée? D'abord son plan initial d'invasion et de conquête s'était effondré sur les deux fronts dès que ses troupes éprouvèrent leurs premiers chocs avec l'adversaire. On eût dit que ce chef d'esca dron devenu subitement général de division et commandant su prême des forces armées d'Haïti par l'ordonnance d'une divinité malfaisante, n'avait conçu son plan d'action offensive que selon la perspective d'un triomphe continu au moins jusqu'aux portes de la ville de Santo-Domingo. Aussitôt donc que l'une ou l'autre colonne de son armée eut éprouvé un échec même provisoire, même momentané, tout le plan s'en trouva affecté. Que dire de l'épreuve inattendue à laquelle l'ensemble de l'armée se heurta? Rivière Hérard qui, d'ailleurs, n'avait organisé aucun service de liaison entre ses troupes, ignorait le malheur dont son aile gauche avait été frappée par la débâcle de l'armée de Pierrot. Dans ces conditions, il ne pouvait vraisemblablement envisager que son propre sort en considérant l'isolement et l'inaction aux quels il était condamné par la désertion ininterrompue des troupes placées sous son commandement immédiat. Il s'immo bilisa et attendit. Et ce fut dans cette attente anxieuse que des nouvelles catas trophiques lui vinrent de l'Ouest. Toute cette partie du pays était en pleine ébullition. Les par tisans du gouvernement déchu ne s'étaient pas consolés d'avoir perdu le pouvoir et conspiraient pour déclencher une contre révolution sous une forme camouflée qu'ils espéraient pouvoir diriger dans l'ombre vers des fins machiavéliques.quotesdbs_dbs20.pdfusesText_26