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David MichelsTo cite this version:

David Michels. Soigner sa sexualite. Experience des dicultes sexuelles et recours a la sexologie. Anthropologie sociale et ethnologie. Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS),

2013. Francais.

HAL Id: tel-00856538

Submitted on 1 Sep 2013

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ƒCOLE DES HAUTES ƒTUDES EN SCIENCES SOCIALES ƒcole doctorale Temps, Espaces, SociŽtŽs, Cultures (ED 327) Laboratoire interdisciplinaire SolidaritŽs, SociŽtŽs, Territoires (UMR 5193) Doctorat Anthropologie sociale et historique David MICHELS Soigner sa sexualitŽ ExpŽrience des difficultŽs sexuelles et recours ˆ la sexologie Thse dirigŽe par Mme Agns FINE, directrice dՎtudes Soutenue publiquement le 10/04/2013 Jury : M. Michel Bozon, directeur de recherche, INED Mme Sylvie Chaperon, professeure, UniversitŽ Toulouse II Ð Le Mirail Mme Agns Fine, directrice dՎtudes, EHESS M. Alain Giami, directeur de recherche, INSERM Mme Laurence HŽrault, ma"tresse de confŽrences (HDR), UniversitŽ Aix-Marseille

ˆ Kaddour

Remerciements ˆ Agns Fine, ma directrice de thse, qui mÕa suivi tout au long de mon parcours chaotique dÕapprenti-chercheur. QuÕelle reoive ici toute ma gratitude. ˆ JŽr™me Courduris, sans lÕaide et le soutien de qui je nÕaurais jamais terminŽ ce travail. Merci pour son optimisme ˆ toute Žpreuve, sa gŽnŽrositŽ. Ma dette est immense. ˆ Sandrine Halfen, pour nos trs (trop) longues discussions tŽlŽphoniques et pour la relecture complte du manuscrit. ˆ Alain Giami qui mÕa fait profiter de ses contacts et qui a facilitŽ mon entrŽe sur le terrain. Merci pour lÕintŽrt quÕil a toujours portŽ ˆ mon travail. ˆ Alain Corman, Isabelle Chaffa• et Nancy Bourdoncle pour mÕavoir aidŽ ˆ entrer en contact avec des patients. ˆ tous les hommes et les femmes qui ont acceptŽ de me rencontrer et de me livrer une part de leur intimitŽ me permettant ainsi de rŽunir la matire principale de ce travail. ˆ Jean-Pierre Albert auprs de qui je suis allŽ, trop frŽquemment sžrement, chercher des conseils et du soutien. ˆ Dominique Blanc, pour son soutien administratif mais surtout amical. ˆ Marlne Albert-Llorca, pour nos nombreux Žchanges sur lÕenseignement et lÕuniversitŽ. ˆ Brigitte Cousin, pour tous les petits services rendus. ˆ Sylvie Chaperon, avec qui jÕai organisŽ la journŽe Ç Genre, sexualitŽ et santŽ È en 2003 ˆ lÕUniversitŽ de Toulouse et qui mÕa invitŽ ˆ faire un article pour Clio ˆ partir de mon travail sur de jeunes anarchistes gays. ˆ Michel Bozon et Alain Giami qui ont per mis que mon travail soit discut Ž devant le RŽs eau ThŽmatique Ç Recherches en sciences sociales sur la sexualitŽ È de lÕAssociation Franaise de Sociologie en 2004, 2005 et 2011. ˆ Agns Martial et ˆ Irne ThŽry, pour mÕavoir intŽgrŽ aux programmes de lÕEhess Ç La dimension sexuŽe de la vie sociale È et Ç Genre et sciences sociales È entre 2005 et 2009 et mÕavoir permis dÕy prŽsenter mon travail en 2006. ˆ BŽatrice Fraenkel, qui mÕa tout appris de lÕanthropologie de lՎcriture et qui mÕa invitŽ ˆ exposer mon travail sur le changement de la mention de sexe ˆ lՎtat civil lors de la journŽe sur Ç LÕinjonction autobiographique È en 2004 ˆ Carcassonne au GARAE et lors de celle sur lÕ Ç Anthropologie de lՎcriture È en 2009 ˆ Paris ˆ lÕEhess. ˆ Laurence HŽrault qui mÕa invitŽ ˆ prŽsenter mon travail sur les transsexuels lors de la journŽe Ç Les expŽriences transgenres et leur narration È en 2005 ˆ la Maison MŽditerranŽenne des Sciences de lÕHomme. ˆ Marc Bessin qui, en mÕembauchant comme coordinateur du RŽseau des Jeunes Chercheurs SantŽ et SociŽtŽ, a permis que je trouve les conditions matŽrielles et financires nŽcessaires ˆ la finalisation de cette thse. ˆ Sandrine Fournier, pour tous nos Žchanges tout au long de ces longues annŽes dÕamitiŽ, pour nos intŽrts communs concernant la lutte contre le VIH et pour mÕavoir offert un espace de travail chez elle quand jÕen ai eu besoin. ˆ Flavio Tarnovski, pour les bires en terrasse du Quinquina ˆ Toulouse, pour nos Žchanges sur lÕanthropologie, et pour la lecture dÕun chapitre de cette thse. ˆ Franois Masure ³, pour les bires et nos longs dŽbats politiques et scientifiques. Il part trop t™t. ˆ Florian Voros pour les clopes fumŽes ˆ la MSH-PN, pour le bout de chapitre quÕil a bien voulu lire. ˆ Gabriel Girard, Pauline Delage, Fanny Chabrol, pour leurs tŽmoignages dÕamitiŽ et leurs encouragements. ˆ tou-te-s mes autres ami-e-s que je ne peux tous citer mais qui savent ce que je leur dois. ˆ mes parents, Monique et Oswald et ˆ mes trois sÏurs, Paula, Sarah et Esther pour leur soutien indŽfectible. Enfin, ˆ Kaddour pour son soutien, sa patience, son amour et pour la vie.

Table des matires !"#$%&'(#)%"*++!!"#!$%!&'()*+(,!-.%/0+12%!"3!"#"#!4/!/*/5&(*6%,,7*//%8!6')%!9!-%,!&(*6%,,7*//%8,!":!"#"#"#!$.;!'66'7(%!!<*(-=>'/!?!%2!+/!/+>@(*!-+!!"#$%!"A!"#"#B#!C.%/2(%2%/7(!'D%)!8%,!&(*6%,,7*//%8,!E!+/!('&&*(2!7/@F'872'7(%!BG!"#"#3#!$.*H,%(D'27*/!-%,!)*/,+82'27*/,!E!'/'8I,%!-.+/!(%6+,!BB!"#"#J#!K*88*0+%,!%2!)*/F(L,!E!'+!)M+(!-%!8.'(L/%!,%N*8*F70+%!BJ!"#B#!O%)+%7887(!-%,!)',!-%!(%)*+(,!BP!"#B#"#!Q%22(%!%/!&8')%!+/!-7,&*,7276!-%!(%)(+2%>%/2!BP!"#B#"#"#!R(@,%/2'27*/!-+!-7,&*,7276!BS!"#B#"#B#!T667)')72@!-+!-7,&*,7276!BS!"#B#"#3#!$'!0+%,27*/!-%!8'!(%&(@,%/2'27D72@!BA!"#B#B#!$%,!%/2(%27%/,!'D%)!8%,!&'27%/2,!E!&*,2+(%!%2U/*8*F70+%V!&*,2+(%!)87/70+%!BA!"#B#B#"#!4/%!&*87270+%!-%,!%/2(%27%/,!E!;!)%!0+7!D7%/2!?!3G!"#B#B#B#!$%!)'-(%!7/)%(2'7/!-%,!%/2(%27%/,!3G!"#B#B#3#!$.%/2(%27%/!-%!(%)U%()U%!6')%!9!8'!-%>'/-%!2U@('&%+270+%!3B!"#B#B#J#!W%!8.7/68+%/)%!-%!8'!,72+'27*/!&%(,*//%88%!-+!)U%()U%+(!3J!"#B#B#P#!$.%/2(%27%/!)*>>%!@&(%+D%!>*('8%!3P!"#B#B#S#!4/%!;!6%/12(%!-%!&'(*8%!?!(@-+72%!3:!"#B#3#!R(*678!,*)7*8*F70+%!-%!8'!)87%/2L8%!-%,!,%N*8*F+%,!3A!"#B#3#"#!C%N%V!,72+'27*/!)*/=+F'8%!%2!XF%!3Y!"#B#3#B#!Z&&'(2%/'/)%!,*)7*&(*6%,,7*//%88%!J3!"#B#J#!R(@,%/2'27*/!,I/2U@270+%!-%,!,72+'27*/,!@2+-7@%,!JP!!B#!R(*H8@>'270+%!%2!'//*/)%!-+!&8'/!JS!$%!-@&8')%>%/2!-%!8'!&(*H8@>'270+%!JS!$%!(%)*+(,!9!8'!,%N*8*F7%!E!+/!&*7/2!-.*H,%(D'27*/!&(7D78@F7@!-%!8'!,%N+'872@!)*/2%>&*('7/%!JA!R(@,%/2'27*/!-+!&8'/!P3!****

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Introduction On voit que, dÕaprs les rŽponses des personnes interrogŽes, la frŽquence maximale des dysfonctions sexuelles survenant souvent est de 11% (absence dÕorgasme chez les femmes). On peut noter que plus de 40% des femmes dŽclarent avoir, au moins de temps en temps, une absence ou une insuffisance de dŽsir. Les hommes, quant ˆ eux, sont prts ˆ rec onna"tre not amment des Ç Žjaculations prŽcoces È (souvent + parfois : 37%), ou des absences dՎrections (souvent + parfois : 19%). CÕest, dÕun certain point de vue, beaucoup (comme vivier potentiel pour les sexologues et autres orgasmothŽrapeutes par exemple). Mais lÕon pourrait Žgalement dire quÕune nette majoritŽ des personnes interrogŽes dŽclarent ne pas tre affectŽes par des dysfonctions ˆ la fois frŽquentes et contraires ˆ lՎpanouissement de leur sexualitŽ. AndrŽ BŽjin1 Les liens entre difficultŽs de la fonction sexuelle et recours ˆ un prof essionnel de santŽ apparaissent par aille urs compl exes. Hommes et femmes consulte nt peu lorsquÕi ls rencontrent des difficultŽs dans leur vie sexuelle, moins de 5% lors dÕune difficultŽ qui survient de manire isolŽe (É) Les rapports sexuels douloureux chez les femmes (13% dÕentre elles) et les difficultŽs dՎrection chez les hommes (9% dÕentre eux) sont les troubles les plus associŽs ˆ une consultation. CÕest bien le cumul de plusieurs types de difficultŽs qui semble motiver une consultation chez un professionnel de santŽ. Ainsi 18% des hommes et 21% des femmes qui cumulent souvent ou parfois les trois difficultŽs dŽclarent avoir consultŽ un professionnel ˆ cette occasion. Sharman Levinson2 Ces deux commentaires en exergue sont extraits des deux ouvrages qui, ˆ quinze ans dÕintervalle, rendaient compte des enqutes nationales sur le comportement sexuel des rŽsidents franais : lÕenqute ACSF de 1992 et lÕenqute CSF de 2006. Les deux auteurs relvent quÕalors quÕune part non nŽgligeable dÕindividus rencontre des difficultŽs de la Ç fonction sexuelle È, seule une minoritŽ dÕentre eux dŽcide au final de consulter un professionnel de sant Ž. Cette situation pourrait tre considŽrŽe comme paradoxale au regard du contexte social et du discours entourant la sexualitŽ dans la France contemporaine. En effet, reprŽsentations culturelles, discours journalistiques et psycho-mŽdicaux nÕont jamais ŽtŽ aussi nombreux ˆ faire la promotion dÕune sexualitŽ libŽrŽe, variŽe et de ses bienfaits, dÕen proposer des reprŽsentations de plus en plus explicites. Avoir une activitŽ sexuelle Žpanouie parce quՎpanouissante, plus quÕune 1 Voir Spira, Bajos & Groupe ACSF, 1993 : 199. 2 Levinson, 2008 : 495-497.

Introduction 12 simple possibilitŽ offerte aux femmes et aux hommes, est dŽsormais une obligation. On pourrait donc sÕattendre ˆ ce que les individus soient proportionnel lement plus nombreux ˆ consulter ou bien quÕils consultent plus rapidement, sans attendre que les difficultŽs sexuelles se cumulent. Pourtant, comme le montrent les deux enqutes, ce nÕest pas le cas et une grande majoritŽ des personnes qui rencontrent des difficultŽs sexuelles ne ressentent pas le besoin de recourir ˆ un professionnel. Ainsi, malgrŽ les injonctions culturelles de plus en plus fortes ˆ la performance sexuelle, la plupart des gens Ç font avec È les problmes fonctionnels quÕils peuvent tre amenŽs ˆ rencontrer. CÕest que lÕexercic e de la sexualitŽ nÕest pas rŽductible ˆ ses composantes fonctionnelles mais quÕil est liŽ au sens que les individus donnent ˆ lÕactivitŽ sexuelle. Les significations de la sexualitŽ sont multi ples et varient selon le se xe, lՉge, la situation conjugale, etc. Par consŽquent, sui vant le contexte dans lequel ell es sÕinscrivent, les difficultŽ s sexuelles sont plus ou moins Ç gnantes È1 pour le s individus. Certains dÕentre eux pourront alors considŽrer que les difficultŽs doivent tre prises en charge et choisir de recourir ˆ un professionnel de santŽ. CÕest cette dŽmarche thŽrapeutique, et plus prŽcisŽment le recours ˆ la sexologie (qui est la seule discipline se prŽsentant comme spŽcialisŽe dans le traitement de ce type de difficultŽs), qui est lÕobjet de ce travail. Il sÕagit de comprendre, ˆ partir du rŽcit des patients eux-mmes, les conditions dans lesquelles apparaisse nt la nŽce ssitŽ de consulter. LÕinterrogation Ç par les marges È, trs frŽquente en anthropologie sociale2, sÕavre en effet trs fŽconde dans la mesure o ces situations obligent, peut-tre plus que dÕautres, les individus et institutions ˆ produire des discours tendant ˆ expliciter et ˆ justifier ce qui, dans dÕautres situations, relve de Ç lÕallant de soi È. SÕintŽresser aux difficultŽs sexuelles qui Ç font problme È, permet ainsi dÕinterroger plus gŽnŽralement les significations et les reprŽsentations de la sexualitŽ dans notre sociŽtŽ, sa place dans la fondation du lien conjugal et les liens quÕelle entretient avec les identitŽs fŽminines et masculines. Toutefois, avant de prŽsenter plus prŽcisŽment notre problŽmatique et dÕentrer dans le Ç vif du sujet È, il nous faut dŽtailler le dŽroulement de lÕenqute et du recueil des donnŽes ˆ partir desquelles nous avons Žcrit ce travail. 1 Levinson, 2008. 2 Notamment dans le champ de la parentŽ et du genre o lՎtude des situations Ç problŽmatiques È ou Ç marginales È (adoption, recomposition familiale, procrŽation mŽdicalement assistŽe, homoparentalitŽ, transsexualitŽ, etc.) a largement contribuŽ ˆ mieux comprendre la parentŽ ou les questions de genre Ç en gŽnŽral È.

Introduction 13 1. Le parcours dÕenqute DŽcrire lÕenqute comme si elle Žtait ˆ tout moment mŽthodologiquement armŽe, cÕest peindre une fiction, dont on ne sait si elle rassure ou si elle inhibe. Olivier Schwartz1 LÕenqute de terrain ne peut sÕapprendre dans un manuel. Il nÕy a pas de procŽdures formalisables quÕil suffirait de respecter (É) CÕest que lÕenqute de terrain est dÕabord une question de Ç tour de main È, et pr ocde ˆ coups dÕintuition, dÕimprovisation et de bricolage. Jean-Pierre Olivier de Sardan2 Nullement question, dans cette partie, de reconstruire a posteriori un rŽcit qui viendrait tŽmoigner dÕun contr™le total du dŽroulement de lÕenqute depuis ses dŽbuts et servirait ˆ justifier de l a qualitŽ de ses rŽsulta ts et, en quelque sorte, de sa valeur scientifique. Plut™t que de dŽcliner les diffŽrentes Žtapes dÕune mŽthode, comme si elles avaient ŽtŽ dŽcidŽes en amont de lÕenqute pour rŽpondre ˆ des hypothses, ce chapitre vise ˆ rendre compte dÕun parcours, expose les conditions de son dŽroulement ainsi que les diffŽrents moyens mis en Ïuvre. Cette partie mŽthodologique se voudrait plut™t, pour rompre avec le pa radigme expŽriment al et util iser une mŽtaphore juridique, comme une prŽsentation des Ç pices È sur lesquelles on sÕest appuyŽ, sans prŽjuger de ce quÕaurait pu tre le rŽsultat si des Ç expertises supplŽmentaires È ou un Ç complŽment dÕinvestigation È avaient ŽtŽ demandŽs. Il faut donc faire preuve dÕhumilitŽ et accepter le caractre nŽcessairement provisoire et circonscrit dÕune enqute ethnologique et de ses rŽsultats, dans la mesure o ceux-ci sont aussi liŽs aux circonstances extŽrieures, aux opportunitŽs qui se prŽsentent ou non sur le terrain et aux conditions matŽrielles dans lesquelles la recherche se dŽroule3. 1 Schwartz, 1993: 281. 2 Olivier de Sardan, 1995: 73. 3 Sur ce dernier point, il nous faut prŽciser que cette recherche a souffert de trs nombreuses interruptions liŽes en gran de partie a ux nŽcessitŽs Žconomiqu es. PŽriodes de tr avail ˆ mi-temps et ˆ plein te mps, dŽmŽnagements successifs de Toulouse ˆ Marseille, puis vers Paris, puis en Normandie, ont eu pour consŽquence de rŽduire le temps disponible pour le travail de recherche. Temps de recherche pendant lequel, par ailleurs, nous avons acceptŽ ou dŽcidŽ par nous-mme de mener, manquant sur ce point de la luciditŽ nŽcessaire quant ˆ lÕorganisation de notre travail de thse et de son calendrier, des recherches annexes nÕayant quÕun rapport lointain avec notre projet doctoral. Ces recherches, plus circonscrites, nŽcessitaient toutefois dÕy consacrer un part de notre temps. CÕest ainsi que nous avons publiŽ sur lÕhomosexualitŽ (Michels 2000, 2001, 2003a, 2003b & 2005) et le transsexualisme (Michels, 2008). Par ailleurs, en 2008, 2009 et 2 010, nous avons arrtŽ toute activitŽ acadŽmiq ue et avons enc ha"nŽ des contrats de recherche appliquŽe sur les addictions. Les dix annŽes qui nous sŽparent du dŽbut de ce parcours ne sont donc pas dix annŽes qui ont ŽtŽ entirement consacrŽes ˆ la thse.

Introduction 14 Notre intŽrt pour la sexologie et les troubles sexuels est nŽ en novembre 2001. Notre premier sujet de thse avait pour ambition dÕexplorer la faon dont les sciences sociales, et en particulier lÕa nthropologie socia le, avaient abordŽ (et partici pŽ ˆ construire) le concept de sexualitŽ entre la fin du 19ime et le dŽbut du 20ime sicle. CÕest dans le cadre de cette rŽflexion sur la diffusion et la construction des savoirs sur la sexualitŽ que nous avons Ç dŽcouvert È la sexologie, discipline qui se propose justement dՎlaborer un savoir sur la sexualitŽ et dÕy appuyer une pratique thŽrapeutique. Il se trouve en effet quÕanthropologie et sexologie ont entretenu un dialogue important au tournant des 19ime et 20ime sicles, les auteurs se lisant, Žchangeant et se prŽfaant mutuellement1. Ayant abandonnŽ notre projet initial et ses visŽes historico-ŽpistŽmologiques, hors de portŽ e pour le chercheur dŽbutant, nous comme n‰mes ˆ travailler sur la sexologie. CÕest portŽ par la curiositŽ et lÕintuition que cela pouvait tre intŽressant dÕy Ç regarder dÕun peu plus prs È, que nous avons entamŽ notre enqute sans poser de problŽmatique prŽcise et sans avoir une idŽe prŽdŽfinie de ce que serait notre Ç terrain È. La perspective de dŽpart Žtait donc trs gŽnŽrale. Il sÕagissait de cerner les frontires (en termes de pratique s, mais aussi de disc ours) de ce qui se donnai t comme Ç la sexologie È, dÕen rŽpertorier les acteurs (non seulement les thŽrapeutes et thŽoriciens, mais aussi les Ç patients È), dÕen recenser les lieux dՎmergence, afin de saisir la place de cett e pratique thŽrapeutique et discursive dans les agencements sociaux de la sexualitŽ et de la santŽ. Comme lÕexprime autrement Olivier Schwartz. : Ç Il y a de ux ma nires d Õaborder la ques tion du terrain : soit lÕon considre quÕil ne peut y avoir de bonne observation sans construction prŽalable de lÕobjet (É) ; soit lÕon considre que le premier objet de lÕenqute nÕest pas de rŽpondre ˆ des questions mais de dŽ couvrir celles quÕon va poser. Et il faut , pour cette simple dŽcouve rte, du temps. È2 Aborder la sexologie, cÕest aborder un ensemble dÕacteurs, de pratiques et de discours dispersŽs dans lÕespace social. Cela ne dŽfinit ni de lieu dÕenqute, ni de groupe ˆ enqu ter. En effe t, lÕespace thŽrapeutique de la consultation (cÏur de la pratique sexologique) est entirement privŽ, ˆ la diffŽrence de ce qui peut se passer dans dÕautres sociŽtŽs o lÕespace thŽrapeutique est au contraire Žminemment public. Y avoir 1 Signalons, ˆ titre dÕexemple, la prŽface rŽdigŽe par Havelock Ellis ˆ La vie sexuelle des sauvagesÉ de Malinowski (Malinowski, 2000). Sur les relations entre lÕanthropologie du dŽbut du 20ime sicle et la sexualitŽ voir Weeks, 2000 ; Bozon & Leridon, 1993. 2 Schwartz, 1993 : 281.

Introduction 15 accs est donc difficile. Et dÕune certaine faon, il nÕy a pas non plus de groupe sur lequel faire porter lÕanalyse. Mme sÕils forment un groupe professionnel il ne sÕagissait pas dՎtudier Ç les sexologues È mais Ç la sexologie È. Ç Les patients È, quant ˆ eux, ne forment pas de groupe en dehors de la Ç tte È du chercheur qui les agrge dans une mme catŽgorie de situation. Comment, ds lors, justifier dÕune dŽmarche ethnologique dans la mesure o celle-ci semble a priori tirer sa lŽgitimitŽ du fait que lÕethnologue sÕappuie sur lՎtude dÕun lieu gŽographiquement localisŽ et/ou fait porter son analyse sur une communautŽ dÕinterconnaissances, sur un groupe constituŽ1 ? LÕune et/ou lÕautre de ces conditions, qui renvoient toutes les deux ˆ lÕidŽe dÕune insularitŽ nŽcessaire du terrain liŽe ˆ la perspective totalisante monographique2, Žt ant encore posŽes impl icitement ou explicitement par la plupart des manuels dÕenqut e ethnographi que non seulem ent comme indispensables et nŽcessaires mais comme le propre de la dŽmarche ethnographique. Bien que, comme le relve Janet Carsten pour le champ de la parentŽ, de nombreux travaux effectuŽs en Europe ou aux Etats-Unis tendent ˆ ne plus sÕappuyer sur une vŽritable ethnographie localisŽe3, le fait de travailler en ethnologie sans prendre appui sur un groupe constituŽ ou sur un lieu prŽcis suscite parfois encore lՎtonnement, voire la perpl exitŽ, notamm ent parmi les tenants dÕune c ertaine tradition anthropologique. De ce point de vue, ce travail nÕest pas ethnographique si l Õon considre que lÕethnographie procde de lÕobservation directe (partici pante ou non) dÕun fait social ou de lՎlaboration dÕune monographie. En fait, cÕest moins la nature du terrain qui caractŽrise la dŽmarche ethnologique que la m anire dont el le construit ses objets 4. Pour Yves De laporte, dans lÕunive rs urbain, 1 Voir par exemple BŽaud & Weber, 2003 ; Kilani : 1992. 2 Sur ce point voir Dodier & Baszanger : 1997. 3 Carsten, 2006. Changement dÕapproche du terrain qui sÕaccompagne par ailleurs pour Janet Carsten dÕun changem ent de dŽmarche puisque selon elle ce ty pe de trav aux a pour point de dŽ part une problŽmatique largement ŽlaborŽe en amont de lÕenqute, et procde a u final dÕune dŽmarche de connaissance plus sociologique, hypothŽtico-dŽductive, quÕethnologique, inductive. Il est ˆ noter toutefois que ces travaux ne souffrent dÕaucune illŽgitimitŽ dans la mesure o ils portent sur un des domaines (celui de la pa rentŽ) le s plus nobles et les plus cl assiques de lÕ ethnologie pour l equel existe une tradition problŽmatique distincte de celle de la sociologie de la famille. 4 En fait il semble quÕil existe au moins cinq faons de se rattacher ˆ lÕethnologie : par lÕobjet (les sociŽtŽs Ç primitives È), par la mŽthode ethnographique (terrain localisŽ et/ou groupe dÕinterconnaissance), par la tradition problŽmatique autour dÕun objet dŽjˆ dŽconstruit/construit (voir les Žtudes sur la parentŽ ou sur le religie ux), par le type de rappor t au temps et ˆ lÕhistoir e (lÕethnologie sÕintŽress erait plus spŽcifiquement ˆ la permanence, ˆ la tradition plut™t quÕau changement), par le mode de construction de lÕobjet (dŽmarche inductive). Il reste que lÕethnologue faisant ˆ lՎtranger lÕethnographie dÕun groupe rural restreint reste dÕun point de vue symbolique en haut de la hiŽrarchie en tant que seul Ç vŽritable È

Introduction 16 Ç[lÕ] inscription spatiale [des faits s ociaux] te nd ˆ se diss oudre. Or cÕest lÕunitŽ de lÕespace dÕobservation qui caractŽrisait peut-tre le plus gŽnŽralement lÕenqute ethnologique (É) Cet obstacle sera contournŽ et la spŽcificitŽ de la dŽmarche ethnologique maintenue si la dŽfinition et les limites de lÕobjet ne sont pas posŽes a priori, mais construites au cours de lÕenqute et soumises ˆ dՎventuels ajustements au fur et ˆ mesure de sa progression È1. LÕenqute ethnologique procde pa r itŽration et Ç la production des donnŽes modifie la problŽmatique qui modifie l a production des donnŽes qui modifie la problŽmatique È2. Questions et problŽmatique ont ainsi ŽmergŽ progressivement tout au long de lÕavancŽe du terrain. Au dŽpart, il sÕagissait de faire Ç feu de tout bois È et de faire preuve dÕune cert aine Ç boulimie È sans trop prŽjuger des rŽs ultats. LÕenqute, itinŽrante, multi-situŽe et discontinue trouve son unitŽ dans les liens tissŽs entre les diffŽrentes donnŽes recueillies. Les donnŽes sur lesquelles porte lÕanalyse prŽsentŽe ici sont de diffŽrentes natures. Out re lÕexercice de lÕ Ç observation flottante È3 et lÕanalyse de documents Žcrits, notre terrain a pris deux directions successives : enquter auprs des sexologues et interroger de s patients. Les de ux sŽquences dÕe nqute ont comportŽ un certain nombre de diffi cultŽs sur lesquelles il nous semble utile de revenir pa rce que les conditions du terrain sont Žclairantes par rapport ˆ notre objet. Elles constituent, en effet, un matŽriau dÕanalyse en soi4, quand bien mme, sur le moment, nous les avons ethnologue. Le label dÕethnologue est retirŽ tant™t au nom de son objet (trop moderne, trop contemporain, trop urbain), ta nt™t de sa mŽthode (trop interviews based comme on dit en anglais), ou de sa problŽmatique (trop sociologique) mais beaucoup moins souvent par la faon dont il a construit son objet (qui reste parf ois impensŽe). De manire assez parad oxale, les discours dŽfendant lÕanthropol ogie Ç classique È entretiennent une confusion entre la mŽthode de recueil des donnŽes, lÕethnographie, et la construction dÕune rŽflexion anthropologique. Alors mme que cette dernire peut tout ˆ fait se passer dÕethnographie, au sens strict, et sÕappuyer sur des sources ou des donnŽes nՎtant pas issues dÕun travail ethnographique fait par le chercheur lui-mme, comme en anthropologie historique par exemple. 1 Delaporte, 1986 : 156. 2 Olivier de Sardan, 199 5 : 94 . Janet Car sten, revenant su r sa formation ˆ la Lond on School of Economics, le haut lieu de la tradition malinowskienne, Žcrit : Ç Le projet de recherche que jՎcrivis avant de commencer mon terrain Žtait trs gŽnŽral (É) Les Žtudiants qui commenaient avec une sŽrie de questions thŽoriques prŽcises et dŽjˆ construites Žtaient regardŽs avec quelques mŽfiance. A leur retour du terrain, les Žtudiants de la L.S.E. devaient organiser leurs matŽriaux ethnographiques autour de thmes ou de sujets dŽterminŽs par des questions thŽoriques ou comparatives, mais ces questions Žmergeaient de lÕethnographie plut™t que lÕinverse. È (Carsten, 2006) 3 PŽtonnet, 1982. 4 Darmon, 2005 : 99. Samuel LŽzŽ dŽcrit ainsi comment il a transformŽ ses Ç Žchecs È en matŽriau lors de son enqute de thse auprs des psychanalystes : Ç Aucun de ces entretiens nÕa pu tre enregistrŽ. Ils furent soldŽs par un Žchec de "communication" (É) Comme ces situations difficiles se sont par la suite poursuivies, jÕai dŽcidŽ dÕemblŽe de dŽcrire ces situations dÕinterlocution. A dŽfaut dÕentretiens rŽalisŽs dans les r gles de lÕart , jÕai donc recueilli les dŽ tails souvent infimes du rappor t de force afin de lՎlucider È (LŽzŽ, 2008 : 270).

Introduction 17 surtout ŽprouvŽes et interprŽtŽes comme des Žchecs, des blocages ou des erreurs personnelles. En effet, pendant lÕenqute, il est compliquŽ Ð surtout lorsque lÕon dŽbute Ð dÕen tirer parti et seul un retour rŽflexif permet dÕen mesurer a posteriori la richesse. Retour sur lÕenqut e diffi cile, parce que nous nÕavons pa s toujours gardŽ une trace Žcrite de ses errements dans la mesure o donner corps ˆ ces Žchecs contribuait ˆ les faire exister ; alors que justement, nous cherchions plus ou moins consciemment ˆ les gommer, ce qui correspondait paradoxalement ˆ une volontŽ de Ç bien faire È. VolontŽ Ç scolaire È propre au dŽbutant qui a te ndance ˆ penser que se s a"nŽs , eux, ne rencontrent pas de problmes sur le terrai n1 et qui le c onduit ˆ rŽduire la Ç vraie enqute È ˆ s es mome nts explicites (le temps de lÕentretie n, de lÕobservation) et ˆ nŽgliger les nŽgociations prŽalables qui lÕont rendue possible (ou non) ; difficultŽ qui, de notre point de vue, est dÕautant plus grande pour qui travaille sur sa propre sociŽtŽ dans la mesure o il nÕy a pas ˆ proprement parler de pŽriodes de terrain Ç dŽlimitŽes È par les dates dÕarrivŽe et de dŽpart dÕun sŽjour ˆ lՎtranger. Bien quÕaucune des pistes possibl es pour apprŽhender la sexologie nÕait ŽtŽ posŽe comme priorit aire et que ds le dŽbut nous avons cherchŽ ˆ rencontrer des patients, entrer en contact avec des sexologues est vite apparu comme beaucoup plus aisŽ. Ce nÕest que dans un deuxime temps et notamment avec lÕaide de sexologues rencontrŽs que lÕenqute auprs des patients a pu Ç dŽmarrer È. 1.1. Un non-professionnel face ˆ des professionnels CÕest tout naturellement vers les sexologues que nous nous sommes tournŽs au dŽbut de notre enqute. Qui mieux quÕeux aurait pu nous expliquer de quoi retournait la sexologie ? En novembre 2001, ˆ Toulouse, vingt-sept professionnels Žtaient recensŽs comme sexologues dans les Pages Jaunes. NÕayant pas de connaissance personnelle dans ce mil ieu ayant pu faciliter notre mise en relati on, nous avons s ollicitŽ de s 1 Sentiment partagŽ, concernant les entretiens, par des camarades de lÕEHESS et de lÕENS : Ç DŽbutants comme professionnels rencontrent un certains nombre dÕobstacles lorsquÕils pratiquent lÕentretien. Mais lՎtudiant se trouve brutalement confrontŽ aux contraintes de la mŽthode : lÕentrŽe en contact avec les agents, la prŽparation des entr etiens, la gestion du dŽcalage entre lÕinterlocu teur et lui, enfin lÕinterprŽtation et le contr™le des discours. Ces diffŽrents moments paraissent plus dŽlicats ˆ ma"triser pour des novices qui ont une vision idŽalisŽe de lÕentretien et qui ont tendance ˆ ressentir comme des entretiens ratŽs les interactions qui ne se conforment pas ˆ cette reprŽsentation. NՎtant pas toujours parvenus ˆ imposer le fil conducteur et nos questions, nous avons vŽcu et interprŽtŽ cela comme des Žchecs liŽs ˆ notre situation de dŽbutants. Il reste que ce sont les contraintes objectives de notre position dÕapprentis-sociologues qui ont donnŽ forme ˆ ces impressions. È (Chamboredon et alii, 1994 : 114-115).

Introduction 18 entretiens par courrier. Si un certain nombre acceptrent de nous rencontrer aprs une relance tŽlŽphonique, dÕautres refusrent prŽtextant le plus souvent un manque de temps ou exprimant parfois leurs doutes quant ˆ la pertinence de notre projet de recherche. Doutes que nous avions nous-mmes du mal, dans un premier temps, ˆ dissiper dans la mesure o nous ne connaissions ˆ peu prs rien de la sexologie et que notre projet nՎtait encore quÕune Žbauche. LÕidŽe qui nous animait Žtait justement de le modifier au fur et ˆ mesure des entreti ens avec les pratic iens. Au fi nal, nous nous som mes entretenus de manire formelle ou informelle, de manire rŽpŽtŽe ou non, avec vingt-trois sexologues entre octobre 2001 et janvier 2007. Seuls dix de ces Žchanges ont pu tre enregistrŽs. Mais au-delˆ des maladresses commises au dŽbut de lÕenqute, il nous semble, dÕune part, que notre e nqute auprs de s sexologues a souffe rt de dŽbuter dans un contexte particulier qui a certainement accentuŽ la mŽfiance de nos interlocuteurs et, dÕautre part, que la diffŽrence entre notre position sociale et celle des professionnels que nous rencontrions impliquait un type de rapports que nous avions du mal ˆ ma"triser. Mme si les enjeux et la nature des rapports de chaque rencontre mŽriteraient dՐtre analysŽs individuellement dans la mesure o chacune des interactions recle sa part de singularitŽ, nous ne prŽsentons ici que les ŽlŽments les plus gŽnŽraux. 1.1.1. LÕÇ affaire Tordjman È et un numŽro du Point CÕest dans un contexte particulier que nous avons commencŽ notre enqute. En effet, quatre mois avant que nous entamions notre t errain, en juin 2001, l Õun des initiateurs de la sexologie en France, animateur des Cahiers de sexologie clinique et auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation, le Dr Gilbert Tordjman, Žtait suspendu par lÕOrdre des mŽdecins suite ˆ la plainte de lÕune de ses patientes qui lÕaccusait de lÕavoir abusŽe sexue llement pendant les consultations . LÕ Ç affaire Tordjman È commenait tout juste et Žtait loin dՐtre terminŽe puisque le mŽdecin accusŽ, aprs avoir ŽtŽ mis en examen en mars 2002, a ŽtŽ renvoyŽ devant les assises le 21 dŽcembre 2006. Cette Ç affaire È suscite, ˆ lՎpoque, et ˆ la suite de celui provoquŽ par la mise sur le marchŽ du Viagra¨ en 1999, lÕintŽr t des journalistes pour la se xologie e t s es objectifs. Le traitement de l a question par les journalistes se fait plut™t de mani re accusatoire. Par exemple, le quotidien Le Monde titre en septembre 2001 : Ç MalgrŽ son

Introduction 19 succs, la sexologie a du mal ˆ gagner en respectabilitŽ È1 , tandis que lÕhebdomadaire Le Point sort, en aožt 2002, un numŽro i ntitulŽ : Ç Sexologie. Enqute sur une profession suspecte È2. Certains sexologues ayant acceptŽ de participer ˆ ce numŽro sՎtaient dÕailleurs sentis trahis par lÕorientation polŽmique du dossier. Bien quÕaucun des sexologues contactŽs et/ou rencontrŽs nÕait explicitement fait rŽfŽrence ˆ ce contexte, il est certain que celui-ci a pesŽ sur la dŽcision dÕaccepter ou non de nous rencontrer et, lorsquÕun entretien avait lieu, sur son dŽroulement et sur le discours qui nous Žtait tenu. On peut par exemple penser que le fai t que plusie urs sexologues aient refusŽ que nos Žchanges soient enregistrŽs, ou quÕune autre nous ait plusieurs fois demandŽ ce que nous allions faire de notre enregistrement, en sÕinquiŽtant de sa diffusion, illustre une crainte quant ˆ la possibilitŽ que ces donnŽes puissent tre utilisŽes Ç ˆ charge È. Plus gŽnŽralement, dans un tel contexte, renforcŽ quelques temps plus tard par le dŽbat sur lÕefficacitŽ des psychothŽrapies et les discussions autour de lÕamendement Accoyer visant ˆ encadrer lÕexercice des psychothŽrapies, ce sont des tentatives dՎvaluation dont les sexologues semblaient se mŽfier. MalgrŽ nos tentatives pour faire comprendre que notre projet nՎtait en aucun cas de cet ordre et que les questions concernant lÕefficacitŽ des thŽrapies et la dŽontologie nՎtaient ni lÕune ni lÕautre les n™tres, il e st toujours res tŽ un fond de mŽfiance ou de circonspection autour de notre projet ; comme sÕil nÕexistait pas dÕautre statut possible ˆ donner ˆ lÕenquteur que celle de lՎvaluat eur ou de l Õinspect eur3. Mme aprs avoir passŽ du temps ˆ frŽquenter les colloques professionnels et avoir fait connaissance avec plusieurs praticiens , nos visŽes nՎta ient pas bien claires pour certains. Ainsi, lors dÕune discussion collective en marge dÕun colloque, un sexologue ayant passŽ une dizaine de minutes ˆ raconter sa mise en couple, aprs divorce, avec lÕune de ses consÏurs et la recomposition familiale qui sÕen Žtait suivie, arrte son rŽcit en sÕapercevant que nous Žtions prŽsent et sÕexclame sur un ton humoristique : Ç Mais mieux vaut-il que je mÕen tienne lˆ sinon les sexologues vont encore passer pour des gens aux mÏurs bizarres ! È 1 Le Monde, 2001. 2 Le Point, 2002. 3 Ce qui nÕest pas s pŽcifique ˆ notre enqute et est une situation frŽquemment ren contr Že par les enquteurs sur leur terrain. La position du chercheur se rapproche de celle de lÕenquteur au moment de nŽgocier des entretiens puisquÕil soll icite un informateur au bŽnŽfice de sa propre recherche, ˆ la diffŽrence du professionnel de santŽ qui est sollicitŽ par le patient et qui compte tirer un bŽnŽfice de la consultation. Sur le parallle entretien / interrogatoire, voir Blanchet & Gotman, 1992 : 19.

Introduction 20 Double clin dÕÏil renvoyant ˆ lÕimage convenue de lÕethnologue des contrŽes lointaines mais aussi ˆ celle du sexologue dont les mÏurs sont justement frŽquemment mises en cause dans lÕimaginaire collectif. 1.1.2. SÕentretenir avec les professionnels : un rapport inŽgalitaire La sociologie et l'anthropologie sociale sont plus habituŽes ˆ prendre pour objet des groupes Ç dominŽs È. LÕanthropol ogie sÕest mme dŽveloppŽe da ns un contexte dÕinŽgalitŽ entre lÕobservateur et lÕobservŽ1. Ainsi, que lÕethnologue Žtudie une tribu lointaine, un groupe de SDF, des ouvriers, ou travaille dans un camp de rŽfugiŽs ou un village rural Ð groupes auxquels on ne demande gŽnŽralement pas d'autorisation2Ð, sÕil y a une inŽgalitŽ de rapports entre lÕenqutŽ et l'enquteur, celle-ci est en sa faveur et se fonde sur une distance sociale importante entre les deux. Enquter auprs de professionnels occupant une position de domination a en effet des consŽquences sur la mani re dont se dŽroulent les entretiens et les observations. LՎcoute et lÕintŽrt que nous ont portŽ les sexologues au dŽbut de notre enqute ont ŽtŽ tout relatifs. Le rapport dominŽ/dominant Žtait en tous points ˆ notre dŽsavantage et Žtait redoublŽ par nos propres i ncertit udes Ç intŽrieures È qui participaient au fait que nous Žtions impre ssionnŽ e t que nous intŽriorisions la domination3. Not re posture supportait une double illŽgit imitŽ : cell e qui nous Žtait imposŽe Ç de lÕextŽrieur È par les sexologues eux-mmes, puisquÕils ne comprenaient pas vraiment comment nous pouvions travailler sur la sexologie sans tre du sŽrail, celle que nous nous imposions Ç de lÕintŽ rieur È puisque nous ne nous considŽrions pas comme un Ç professionnel È et du coup ne trouvi ons pas l es ressources pour nous Ç imposer aux imposants È4. Ainsi, pour exemple, quel ne fut pas notre dŽpit lorsque, heureux dՐtre reu, ˆ Paris, par un Ç ponte È historique de la discipline, il nous fit comprendre quÕil nՎtait pas intŽressŽ pour nous accorder un entretien plus approfondi parce que celui-ci ne 1 Godelier, 1993 : 1184. 2 Darmon, 2005. 3 Des camarades de lÕENS et de lÕEHESS, rendant compte de leurs enqutes auprs de Ç dirigeants È et Ç donneurs dÕordre È de diffŽrents milieux notent trs justement : Ç Cette domination est dÕautant plus complexe quÕelle comporte une part de subjectivitŽ. Rencontrer une personne "imposante", cÕest saisir un ensemble dÕattributs et dÕattitudes qui fondent le prestige social. Selon les positions de lÕenquteur, celui-ci intŽgrera plus ou moins cette imposition et, partant, intŽriorisera plus ou moins la domination. È (Chamboredon et alii, 1994 : 116) 4 Ibid.

Introduction 21 sÕintŽgrait pas dans un projet de publication. Il avait cru que nous prŽparions un livre dÕentretiens et que son nom appara"trait. Dans un premier te mps, nous avons vŽ cu cette s ituation sociologique e t les rapports quÕimpliquait notre enqute comme une situation dՎchec et nous avions la sensation de ne pas rŽussir ˆ mener de Ç bons entre tiens È : nous nous retrouvions, dŽbutant et peu assurŽ de notre ident itŽ profe ssionnelle, face ˆ des prof essionnels reconnus, au minim um par le fait quÕils a vaient un statut public de thŽrapeute, sÕappuyant sur des dipl™mes et sur une pratique, et pour certains dÕentre eux par le fait que cette reconnaissance Žtait renforcŽe par une notoriŽtŽ publique et/ou mŽdiatique. LÕobjectivation de ces diffŽrentes situations dÕenqute (dont il ne faut pas, malgrŽ leurs points communs, nier la variabilitŽ selon la formation initiale du thŽrapeute, son sexe, son ‰ge et le moment de lÕenqute o la rencontre avait lieu) Žtait trs difficile ˆ faire dans la mesure o nous cumulions justement un certain nombre de handicaps. Reu dans le cabinet des praticiens et pendant leurs horaires de consultation, installŽ ˆ la place du patient, nous avions plus lÕimpression de subir lÕentretien plut™t que de le diriger et il Žtait trs difficile, nՎtant pas mŽdecin ou psychologue, de lŽgitimer notre approche. De fait, au tout dŽbut de notre enqute, les renseignements que nous avons pu recueillir sur la pratique de la sexologie, sur les pratiques thŽrapeutiques, Žtaient assez convenus et trs gŽnŽraux. Les sexologues interrogŽs rŽpondant souvent a minima, ou usant de stratŽgies pour ne pas avoir ˆ donner leur avis ou expliciter clairement leur technique. LÕune de ces stratŽgies consistant notamment ˆ pointer la singularitŽ des situations (Ç il nÕy a pas de gŽnŽralitŽs È, Ç chaque cas est diffŽrent È), valorisant ainsi implicitement la pratique clinique face ˆ lÕethnologue qui, lui, nÕy a pas accs. Paradoxalement en effet, interroger ce type de professionnels sur leur pratique sans rien conna"tre de leur pratique (ce qui Žtait notre cas en dŽbutant lÕenqute), ne faisait que renforcer lÕinŽgalitŽ de statut et ne nous permettait pas de fonder un dialogue Žgalitaire. Or, comme le note Jean-Pierre Olivier de Sardan, dans ce genre de situation, plus on a le sentiment dÕavoir affaire ˆ un Ç Žtranger incompŽtent È, plus on peut lui raconter des histoires1. Ayant commencŽ trs t™t les entretiens avec les sexologues, nous rendions sans le savoir nos rencontres avec eux moins productives dans la mesure o nous nÕavions pas de base pour dŽ battre. Ce nÕes t quÕau fur et ˆ mesure de notre enqute, de nos lectures, que nous avons pu tendanciellement transformer la nature des 1 Olivier de Sardan, 1995 : 87.

Introduction 22 situations et arriver ˆ un dialogue plus fructueux avec les professionnels, ne serait-ce quÕen pouvant dŽbattre avec eux de leur pratique, de la situation de leur discipline, des situations de recours, du profil des pa tients, etc. Bien que le s s exologues aient ŽtŽ interrogŽs au titre de Ç consultants È1, dans lÕidŽal il aurait fallu Ç savoir pour pouvoir savoir È et nous lÕavons appris ˆ nos dŽpens2. Tirer le meilleur parti de ces interactions nŽcessite en effet dՐtre soi-mme assez assurŽ pour rŽtablir un Žquilibre dans la relation. Dans ce type de contexte o les acteurs ma"trisent leur parole, leur prŽsentation de soi a insi que le s informations quÕils di vulguent, lÕe nqute est dÕauta nt plus productive quÕelle prend la forme dÕune collaboration dans la mesure o le s interlocuteurs ma"trisent les enjeux de ce type dÕinteraction sociale quÕest lÕentretien (puisquÕils la mettent en Ïuvre tous les jours dans leur pratique clinique). Le type de re lations que nous entret enions avec les sexologues, ai nsi que l e cadre dans lequel se faisaient le plus souvent nos rencontres, ne permettaient pas par ailleurs dÕobtenir beaucoup dÕinformations sur leurs parcours personnel et biographique. NÕayant aucune compŽte nce mŽdicale ou psychologique sanctionnŽe par un dipl™me, lÕattitude des sexologues portant le plus dÕintŽrt ˆ notre travail consistait ˆ adopter une posture professorale et ˆ nous renvoyer ˆ notre statut dՎtudiant en nous proposant de lÕaide (Ç on va vous aide r pour votre Ž tude È), en nous donnant des conseils de lectures, en nous proposant de relire notre t ravail une fois quÕil serait terminŽ, etc. Cette attitude Žtait largement favorisŽe par la diffŽrence dՉge. DÕailleurs, quand il nous a ŽtŽ donnŽ de rencontrer de jeunes sexologues, les rapports avec ceux-ci prenaient une tournure diffŽrente. 1.1.3. LÕobservation des consultations : analyse dÕun refus LÕessentiel de la pratique de la sexologie sÕeffectue en libŽral dans lÕespace privŽ du ca binet de ville. Cet espa ce thŽra peutique est dÕaccs trs diffi cile pour le non-thŽrapeute et dÕailleurs nous nÕavons pas cherchŽ ˆ y accŽder, intŽriorisant et anticipant en cela le discours des thŽrapeutes eux-mmes sur la dŽontologie, le respect du secret professionnel, etc. Toutefois une possibilitŽ dÕobservation existait. En effet, bien que peu implantŽe ˆ lÕh™pital (dÕaccs plus facile pour le chercheur dans la mesure o il est un lieu de recherche en plus dՐtre un lieu de soins), il existe ˆ Toulouse quelques 1 Olivier de Sardan, 1995 : 81. 2 Comme le note Samuel LŽzŽ, ˆ propos de son enqute auprs des psychanalystes : Ç Tel est le paradoxe du cercle anthropologique : pour entrer sur le terrain et obtenir le "droit dÕentrŽe", il faut y tre dŽjˆ un peu et possŽder le "mot de passe". È (LŽzŽ, 2008 : 265)

Introduction 23 consultations hospitalires de sexologie. LÕune dÕentre elles est gratuite et anonyme et fait justement lÕobjet dÕune observation par les Žtudiants de lÕun des deux dipl™mes de sexologie. Le dispositif, tel quÕon nous lÕa dŽcrit, est le suivant : derrire une glace sans teint, les Žtudiants peuvent observer et Žcouter la consultation. Le patient est informŽ du fait quÕil peut tre observŽ, cÕest ˆ ce titre quÕil ne paie pas et que la consultation est anonyme. Un micro posŽ sur la table de la salle de consultation est dÕailleurs lˆ pour rappeler le contexte dans lequel sÕinscrit la consultation. MalgrŽ le fait que nous ayons obtenu lÕaccord du chef de service, que les prŽcautions dŽontologiques et Žthiques aient ŽtŽ prises, le responsable de cette consultation ne nous a pas donnŽ lÕautorisation dÕy assister, jugeant notre enqute Ç non pertinente È et e stimant que quelques mois dÕobservations ne nous permettraient pas de pouvoir en comprendre quelque chose. Ce qui est intŽressant cÕest que, par ces paroles, notre interlocuteur ne se prononait pas en fonction dÕarguments dŽontol ogiques mais sur le proje t de rec herche lui-mme, affirmant non seulement ses compŽtences sexologiques mais aussi sociologiques. Sur le moment, nous avons vŽcu ce refus dÕobservation avec amertume sans en comprendre totalement les enjeux. Il nous semble maintenant que celui-ci sÕexplique, du moins en partie, par la position occupŽe par le sexologue lui-mme dans le champ de la sexologie. En effet, ce sexologue nÕest pas lui-mme mŽdecin ni psychologue mais a reu pour formation initiale une formation de sociologue1. Or, en France, la sexologie est fortement dominŽe par les mŽdecins (prs de 60% des praticiens sont mŽdecins gŽnŽralistes ou spŽcialistes2) et dans une moindre mesure par dÕautres professionnels de santŽ dont les psychologues. Se trouvant lui-mme marginalisŽ au sein de la discipline3, nous refuser lÕaccs aux consultations lui permettait de rŽaffirmer son appartenance professionnelle, dÕen souligner les frontires, nous rejetant par lˆ-mme ˆ lÕextŽrieur de ces limites. AccŽder ˆ des patients et aux rŽcits de troubles sexuels Žtait ainsi posŽ comme lÕune des cara ctŽristiques dŽfinissant la profession, au-delˆ de la forma tion disciplinaire initiale. Nous exclure du dispositif dÕobservation destinŽ aux personnes suivant la formation de sexologie permettait en mme temps de marquer lÕimportance de ces observations pour la formation. 1 Muriel Darmon, analysant un refus de terrain de la part dÕun mŽdecin lors de son enqute sur lÕanorexie, montre elle aussi que celui-ci est pourtant sensible dans ses publications ˆ lÕapport des sciences sociales (Darmon, 2005 : 105) 2 Pour une prŽsentation de lÕorganisation de la profession en France, voir infra. 3 MarginalitŽ illustrŽe par son absence lors des diffŽrents congrs professionnels la mme annŽe.

Introduction 24 Une autre occasion dÕobservation sÕest prŽsentŽe lors dÕun sŽjour ˆ Paris au mois de juillet 2003. Un sexologue avait une vacation de consultation gratuite dans un centre de santŽ communautaire et nous avait proposŽ dÕy assister. Malheureusement, en ce mois de juillet caniculaire, la frŽquentation Žtait au plus bas et seule une demi-dizaine de personnes vinrent consulter. Notre emploi du temps ne nous permit dÕassister quՈ une seule consultation (situation n¡27)1. 1.1.4. Colloques et congrs : au cÏur de lÕarne sexologique En plus des rencontres en face ˆ face avec les sexologues, nous avons observŽ et participŽ ˆ des colloques, congrs professionnels et ˆ des rŽunions publiques en 2004 et 2005 (n = 5). Colloques et congrs constituent une part non nŽgligeable de lÕactivitŽ professionnelle et scientifique et, ˆ c e titre, le ur observation est importante pour comprendre la Ç gŽographie È dÕun cham p dis ciplinaire parti culier et pour saisir les tensions qui le traversent2. La participati on ˆ ces diffŽrents rassemblements nous a permis de nous familiariser avec la faon de penser des sexologues, de saisir la pratique sexologique, dÕen saisir les enjeux et de distinguer les diffŽrentes tendances et Žcoles, mais aussi de mieux nous intŽgrer ˆ la communautŽ sexologique. LÕaccs ˆ ces manifestations Žtant dÕun cožt ŽlevŽ pour notre budget, il a fallu pour accŽder ˆ celles-ci que nous bŽnŽficions du Ç parrainage È dÕun psychosociologue (Alain Giami) travaillant sur le champ depuis plusieurs annŽes pour tre invitŽ et tre exemptŽ des frais dÕinscriptions. Pour les congrs annuels 2004 et 2005 de lÕAssociation Inter-Hospitalo-Universitaire de Sexologie, nous avions proposŽ des communications. Nous nous retrouvions donc dans une situation assez inconfortable puisquÕil sÕagissait de rendre compte de notre recherche devant les principaux protagonistes du phŽnomne que nous nous proposions dՎtudier. 1 Les tableaux 7 et 8, en fin de chapitre, synthŽtise lÕensemble des situations de recours que nous avons ŽtudiŽes. 2 Sur les congrs dans le champ des prises en charge Ç psy È voir LŽzŽ, 2004 et 2010 ; sur les congrs dans le champ de la sexologie, voir Giami, 2009b.

Introduction 25 Tableau 1: Congrs, colloques et manifestions de sexologie ayant fait lÕobjet dÕune observation 1.2. Recueillir des cas de recours 1.2.1. Mettre en place un dispositif de recrutement Ds le dŽbut de notre terrain, nous avons cherchŽ ˆ rencontrer des patients pour nous entret enir avec eux. Si enquter auprs des sexologues com portait que lques difficultŽs, recueillir le tŽmoignage de patients sÕest avŽrŽ trs laborieux. Le sujet de notre recherche nՎtant pas, il faut bie n le dire, trs valori sant pour les Žventuels participants1. La mŽthode du recrutement par interconnaissances, frŽquemment utilisŽe par les recherches socio-anthropologiques de ce type, sÕest avŽrŽe peu fructue use puisquÕelle nous avait permis, deux ans aprs le dŽbut de notre enqute, de ne rencontrer que deux personnes acceptant de faire un entretien (situations n¡ 1 et 2). Les annonces passŽes dans la presse (deux fois dans le journal LibŽration) nÕont, quant ˆ elles, rien donnŽ. Celles dŽposŽes sur les forums dÕune cinquantaine de sites Internet dŽdiŽs ˆ la santŽ nÕont suscitŽ que quelques rŽponses parfois farfelues qui nÕont jamais conduit ˆ un entretien. Toutefois, nous avons pu Žchanger avec quelques personnes lors de trs brves correspondances de mails (situations n¡24, 29, 30, 31 et 32). Nous avons Žgalement eu des discussions inf ormelles avec des personnes rencontrŽes lors de soirŽes, de moments de convivialitŽ, etc. qui nous ont permis de recueillir des donnŽes trs partielles sur des situations de rec ours (sit uations n¡23, 25, 26 et 28). CÕest finalement par le biais des professionnels que nous avons pu recruter la majoritŽ de nos informateurs. Il a fallu du temps puisque cela ne pouvait se faire quՈ partir du moment o notre intŽgration auprs dÕeux Žtait suffisante. Mais lՎlŽment dŽclencheur a ŽtŽ, lˆ encore, lÕaide dÕAlain Giami qui, ˆ un colloque en 2004, a explicitement demandŽ ˆ un 1 Comme le note GŽrard Mauger, les personnes ont dÕautant plus de chance de participer ˆ lÕenqute que celle-ci permet de les Ç grandir È (Mauger, 1991). IntitulŽ de la manifestation EntitŽ organisatrice Dates SantŽ sexuelle, du corps au dŽsirÉ 34ime sŽminaire de l'AIHUS Association Inter Hospitalo-Universitaire de Sexologie 18-20 mars 2004 La sexualitŽ aprs 40 ans, idŽes vraies, idŽes fausses Laboratoire GSK 18 mai 2004 De la sexologie ˆ la santŽ sexuelle, 30 ans de combat. XXIXime congrs annuel de la SFSC SociŽtŽ Franaise de Sexologie Clinique 18-19 juin 2004 Sexe et psychiatrie Ecole franaise de sexologie 10-11 dŽcembre 2004 La condition masculine. 35ime sŽminaire de l'AIHUS Association Inter Hospitalo-Universitaire de Sexologie 10-13 mars 2005

Introduction 26 sexologue de me mettre en contact avec ses patients. Celui-ci accepta de mettre en place dans son cabinet un dispositif de recrutement pendant six mois. Il nous a par ailleurs recommandŽ auprs de deux consÏurs qui ont Žgalement acceptŽ de nous aider sur une pŽriode plus courte. CÕe st par ce dispositif que nous avons re cueilli le plus de cas (situations n¡3-22). Au final , au-delˆ des dix situations trs partielles qui nous ont donnŽ des ŽlŽments gŽnŽraux, nous avons recueilli des informations sur vingt-deux situations de recours (deux en 2003 par interconnaissance, vingt par le biais du dispositif dŽposŽ chez les sexologues entre mai 2004 et juillet 2005). !"#"!"!"$%&'()*+,+-.*$/0$/-(1.(-+-2$$Le dispositif que nous avons mis en place chez les sexologues visait ˆ pouvoir recruter, sur la base du volontariat, des personnes ayant eu recours ˆ un sexologue. Pour ce faire, de brefs questionnaires dont lÕobjectif Žtait de proposer un entretien ont ŽtŽ mis ˆ la disposition des patients de trois sexologues : deux mŽdecins gŽnŽralistes (MG1, MG2), exe rant ˆ Toulouse et une psychothŽrapeute (PT), exe rant dans une ville moyenne de la rŽgion. Les trois sexologues (un homme et deux femmes) avaient le choix de dŽcider de la manire dont ils mettraient les questionnaires ˆ disposition de leurs patients. A prs quelques lignes prŽsent ant la visŽe gŽnŽrale de l a recherche, quelques brves questions anonymes portant sur lÕannŽe de naissance, la profession et le motif de consultation, la possibilitŽ de participation ˆ lÕenqute Žtait prŽsentŽe sous la forme dÕune proposition dÕentretien. Les personnes volontaires pouvaient laisser leurs coordonnŽes tŽlŽphoniques. Une fois le questionnaire rempli, des enveloppes adressŽes ˆ notre nom permettaient de rendre le questionnaire sous pli au sexologue, sans que celui-ci ne puisse prendre connaissance des rŽponses de son patient. Les questionnaires relevŽs chez les diff Žrents sexologues, nous contactions le s personnes acceptant de participer ˆ lÕenqute par tŽlŽ phone pour le ur proposer un rendez-vous. En ca s dÕabsence, nous laissions si possible un message sur le rŽpondeur. La rgle Žtait de ne pas rappeler les personnes plus de trois fois, considŽrant que si elles ne rŽpondaient pas cela signifiait quÕelles ne voulaient plus participer. !"#"!"#"$322-4,4-+'$/0$/-(1.(-+-2$Le tableau 2 reprend, se xologue par sexologue, le nombre de ques tionnaires recueillis et le nombre final dÕentretiens obtenus. On y distingue par ailleurs les refus

Introduction 27 directs dÕentretiens explicitement formulŽs dans le questionnaire et les refus et abandons survenus au moment d e la prise de conta ct. Il est intŽ ressant de noter quÕavant les abandons en cours de parcours, plus de la moitiŽ des rŽpondants dŽclarent dans un premier temps accepter de nous rencontrer. Tableau 2 : RŽpartition des questionnaires recueillis par sexologues Comment interprŽter ce dŽcalage entre le nombre de rŽponses positives et le nombre effectif dÕentretiens rŽalisŽs ? On peut supposer que ces cas sont pour la plupart des rŽtractations dŽguisŽes. Le dŽlai entre la rŽponse au questionnaire et la prise de contact a pu Žgalement suffire ˆ faire changer dÕavis certaines personnes puisque nous ne passions pas quotidiennement chez les sexologues relever les questionnaires. Au final, le dispositif de recrutement des patients a ŽtŽ relativement efficace puisque vingt entretiens ont ŽtŽ rŽalisŽs sur un nombre total de questionnaires recueillis de quatre-vingt : huit avec des hommes, huit avec des femmes, quatre avec des couples. Le tableau 3 montre la rŽpartition des ent retiens par sexol ogue. Le nombre Ž gal dÕentretiens menŽs avec des femmes et avec des hommes pourrait laisser penser que les questionnaires se distribuaient Žquitablement entre hommes et femmes. En fait il nÕen est rien, puisque les hommes sont deux fois plus nombreux ˆ avoir rŽpondu a u questionnaire. Notons donc le Ç taux dÕabandon È plus important pour les hommes que pour les femmes. MG1 MG2 PT TOTAL Nombre de questionnaires recueillis 30 31 19 80 Nombre de refus directs formulŽs dans le questionnaire 9 12 2 23 Nombre dÕabandons survenus lors de la prise de contact 16 10 11 37 Entretiens menŽs 5 9 6 20

Introduction 28 Tableau 3 : RŽpartition des entretiens rŽalisŽs par sexologue Entretiens hommes femmes couples MG1 3 2 ! MG2 4 2 3 PT1 1 4 1 TOTAL 8 8 4 !"#"!"5"$6,$70)(+-.*$/)$8,$&)1&'()*+,+-9-+'$Du point de vue du recrutement, la mŽthode et les diffŽrentes manires de faire passer le questionnaire impliquaient des biais concernant les donnŽes recueillies. Dans les trois situa tions, le recrute ment sur la base du volonta riat amne bie n sžr ˆ questionner les motivations des personnes acceptant de tŽmoigner et ˆ se demander si les personnes interrogŽes refltent bien la clientle standard des sexologues. Ce biais est consubstantiel aux enqutes de ce type, mme quand elles recrutent par interconnaissance. Et de ce point de vue la manire utilisŽe pour faire passer le questionnaire (en libre accs pendant six mois chez un des sexologues, distribuŽ presque systŽmatiquement par la secrŽtaire pendant un mois chez le second, donnŽ en main propre ˆ ce rtains pa tients sur un trimestre chez le troisi me) influe finalement peu puisquÕen dernier ressort cÕest le patient lui-mme qui dŽcidait de nous rencontrer ou non. Par ailleurs, nous ne visions pas ˆ atteindre une reprŽsentativitŽ de type statistique puisque nous cherchions ˆ interroger des situations et questionner des reprŽsentations. LÕobjectif Žtait de recueillir des cas1 de recours quotesdbs_dbs2.pdfusesText_4