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La Revue de l'Énergie n° 649 - mars-avril 202021

La sobriété énergétique,

une notion disruptive de plus en plus étudiée

Edouard Toulouse*

Mots-clésfi: sobriété énergétique, transition énergétique, consommation, environnement,

sociologie Vélo, végétarisme, rejet de l"hyperconsumérisme, abandon de grands projets... Face aux urgences environnementales, des stratégies et comportements allant au-delà de la simple amélioration des technologies remettent en cause les fondements de nos (sur)consommations de ressources. Le concept de sobriété, notamment énergétique, suscite un intérêt croissant de la part des sciences sociales et politiques. Qu"ont-elles à nous dire sur la place que la sobriété pourrait prendre dans la transition énergétique Le concept de sobriété énergétique n'est pas nouveau. Les principes de sobriété et frugalité ont été de tout temps portés par des penseurs, notamment depuis l'avènement de la société de consommation. On peut trouver un aperçu de ce riche historique dans un panorama récent sur la notion de sobriété publié par l'ADEME [Cézard et al., 2019]. Sur un plan plus pratique, l'association négaWatt, formée d'experts prati ciens de l'énergie, propose depuis 2003 un scé nario de transition énergétique pour la France basé sur le triptyque sobriété-efficacité-renou velables, qui a aussi aidé à populariser la no tion de sobriété énergétique [négaWatt, 2018]. Pour autant, la sobriété a manqué pendant longtemps d'une certaine assise scientifique, car peu de travaux académiques lui étaient consacrés. Certains aspects étaient certes ap prochés dans le cadre des théories compor- tementales (par exemple dans les champs du changement de comportement ou des modes de vie durables), mais sans une vision globale, systémique et politique. Les choses évoluent, * négaWatt (cf. biographies p. 80). et la création en 2017 d'un réseau international sur la recherche et les politiques de sobriété 1 a permis d'améliorer l'identification des travaux sur le sujet. Plusieurs dizaines de publications se référant explicitement à la notion de sobrié té — souvent énergétique — sont désormais répertoriées [Toulouse et al., 2019].

Il convient d'ailleurs de noter que cette

notion n'est pas spécifiquement française, des travaux (souvent méconnus dans notre pays) creusent aussi la question dans les pays anglo- saxons (où l'on parle de " sufficiency »), en Alle- magne (" suffizienz »), et ailleurs dans le monde.

Le panorama général proposé ici couvre

surtout les aspects sociologiques et politiques de la sobriété, moins ses dimensions écono miques. L'exercice oblige à n'évoquer que très succinctement les nombreuses références citées, ce qui ne permet pas de rendre compte de toute leur richesse.

SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE

La Revue de l'Énergie n° 649 - mars-avril 202022

SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE

Définir la sobriété

La sobriété peut d'abord être vue comme

un idéal, celui d'une société dans laquelle l'ensemble des citoyens pourraient satisfaire leurs besoins de base dans le respect des li mites écologiques de la planète et sans épui ser ses ressources au rythme effréné actuel. La sobriété porte en elle une interrogation pro fonde sur l'impact et le fonctionnement de nos systèmes technico-économiques, à la fois dans leur dimension macroscopique (la société de consommation au sens large) et microscopique (les modes de consommation individuels et leurs assises matérielle et énergétique).

Sachant que les limites écologiques plané

taires sont largement dépassées aujourd'hui, notamment en raison des niveaux de consom mation d'énergie, il devient incontournable de s'interroger sur la nature et le niveau des services énergétiques qui soutiennent la satis faction de nos besoins actuels et la plupart des activités humaines 2 [Darby et al., 2018]. La sobriété énergétique s'entend ainsi égale ment comme l'ensemble des stratégies collec tives et individuelles pour changer la nature des services énergétiques que nous consom mons et cesser ou réduire le recours à ceux qui sont intrinsèquement les plus intensifs en

énergie [Toulouse et al., 2017].

Cette définition large soulève bien entendu

un ensemble de questionnements fondamen taux. En premier lieu, les limites planétaires ne sont pas toutes connues avec précision. Mais si l'on s'en tient déjà au seul changement clima tique, on sait qu'un Français a une empreinte carbone annuelle de près de 12 tonnes d'équi valent CO 2 là où il faudrait se contenter de moins de 2 [Dugast et al., 2019]. L'ampleur du problème est donc sans équivoque. Une étude qui se base sur différents indicateurs environ nementaux (émissions de carbone, extraction de matériaux, fourniture d'eau potable, etc.), montre qu'actuellement aucun pays ne peut se targuer de satisfaire les besoins fondamen taux de sa population avec une empreinte

écologique en ligne avec les limites plané

taires connues, et que pour ce faire il faudra restructurer profondément tous les systèmes sociétaux en considérant la sobriété [O'Neill et al., 2018] 3

Autre interrogation : comment faire la part

entre les services énergétiques indispen sables et ceux, plus superflus, dont on pour- rait se passer ? Cette question renvoie aux réflexions sur les besoins et les désirs, qui ont donné lieu à de nombreux travaux scien tifiques en sciences humaines. Chercher une réponse universelle et définitive est complexe, et il semble qu'à mesure du développement de nos sociétés, la liste des besoins suppo sés " fondamentaux » et des consommations qu'on qualifie de " socialement contraintes » a tendance à s'accroître [Darby et al., 2018]. Il reste toutefois possible de réaliser des arbi trages personnels et politiques, comme c'est le cas dans d'autres domaines où des dimensions

éthiques interviennent. Thomas Princen, l'un

des pères du concept de sobriété, considère ainsi que " se contenter d'assez quand plus est possible est à la fois intuitif et rationnel - sur les plans personnel, collectif et écologique. Et, sous contrainte écologique planétaire, c'est

éthique

» [Princen, 2005].

Afin d'opérationnaliser un peu plus le

concept de sobriété, l'association négaWatt ain si que d'autres auteurs (notamment allemands) ont proposé des catégorisations des actions de sobriété selon leur nature. À quelques variantes près, les classifications incluent généralement : La sobriété d'usage : elle consiste à ré- duire la durée ou la fréquence des activités les plus intensives en énergie (par exemple, faire moins de longs déplacements)

La sobriété de substitution : elle cor-

respond à satisfaire autant que possible un besoin d'une manière différente en remplaçant un service énergique intensif par un autre qui l'est beaucoup moins (par exemple, rafraîchir un bâtiment en été à l'aide de ventilateurs plu tôt que de climatiseurs)

La sobriété dimensionnelle : il s'agit

là de modérer certaines envies et d'ajuster au plus près la capacité du service consommé

à son usage courant (par exemple, s'équiper

d'un réfrigérateur de volume optimal pour ses La Revue de l'Énergie n° 649 - mars-avril 202023

La sobriété énergétique,

une notion disruptive de plus en plus étudiée besoins quotidiens, plutôt qu'un grand frigo américain clinquant qui sera rarement rempli)

La sobriété collaborative : elle a pour

objectif de partager le plus possible les ser- vices énergétiques afin d'en réduire le volume total (par exemple l'autopartage).

Il est utile de noter ici que la sobriété

souffre d'un biais courant qui consisterait à la restreindre à la sphère des comportements et choix individuels. En réalité, la sobriété est une notion qui peut être pensée et appliquée à tous les niveaux économiques et sociétaux (même si les rythmes de changement, les in vestissements nécessaires et les cobénéfices varient selon les cas). Dans l'aménagement du territoire par exemple, une manière différente d'organiser les villes pour réduire les distances à parcourir, ou encore la mise en place d'alter- natives à de grands projets d'aménagement à forte empreinte énergétique totale (aéroports, autoroutes...) peuvent entrer dans le champ d'une sobriété que l'association négaWatt qua lifie de structurelle. Dans le privé, les entre prises peuvent repenser leurs activités et leur façon de fournir des services pour appliquer et inciter à la sobriété ; il y a là un énorme potentiel à explorer, qui est encore peu ana- lysé [Bocken et al., 2016].

Pour finir sur les aspects terminologiques,

on entend parfois également la notion de sobriété carbone ». Consistant à appliquer les principes de la sobriété aux activités émet trices de CO 2 , elle recoupe souvent la sobriété énergétique mais pas toujours, puisque les fac teurs d'émission varient selon le type d'éner- gie utilisée et que des services peu émetteurs en carbone peuvent se révéler très intensifs en énergie (par exemple une mobilité hydrogène

à partir de renouvelables avec un faible rende

ment global).

Distinguer la sobriété de l'efcacité

Certains auteurs ont une acceptation large

de la notion d'efficacité énergétique comme tout ce qui peut réduire la demande d'énergie, et à ce titre peuvent revendiquer de couvrir d'ores et déjà le champ de la sobriété à travers la notion " d'efficacité appliquée aux comporte- ments

» (cf. par exemple [AEE, 2013]). Toutefois,

c'est une vision assez réductrice de la sobriété, et elle n'est pas largement partagée. DomaineExemple de sobriétéExemple d'efcacité

Mobilité

Remplacer l'usage de la voiture par le

véloRemplacer un véhicule thermique clas- sique par un hybride

Bâtiment

Mieux optimiser les bâtiments pour

réduire la surface par habitant / usagerChauffer et climatiser les bâtiments avec des appareils performants

Éclairage

Utiliser le plus possible la lumière

naturelleChoisir des ampoules LED

Tâches ménagèresSécher son linge sur un étendoirUtiliser un sèche-linge de bonne classe

énergie

Communication

Limiter la production de données et les

besoins en stockage d'une entrepriseStocker les données dans un data cen- ter

à efficacité élevée

AlimentationRéduire sa consommation de viandeCuisiner avec un four performant Tableau1. Exemples de sobriété et d'efcacité énergétiques dans différents domaines La Revue de l'Énergie n° 649 - mars-avril 202024

SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE

Bien souvent, l'efficacité est plutôt entendue comme l'amélioration technique d'un service énergétique sans que soit interrogés le fonde ment et le niveau de consommation de ce der- nier. Le Tableau 1 fournit quelques exemples de démarcation entre sobriété et efficacité. Il est vrai que la frontière n'est pas toujours parfaitement fixée, car elle dépend de la ma nière dont on interprète une même action 4

Les deux approches relèvent toutefois de

conceptions assez différenciées quant à la manière de réduire la demande en énergie, et peuvent être vues comme complémentaires.

Pour certains auteurs toutefois, l'efficacité

peut devenir dans son principe probléma tique lorsqu'elle se contente de renforcer et perpétuer aveuglément les modèles actuels de consommation de services énergétiques [Shove, 2018]. De nombreux travaux ont été par exemple consacrés aux effets rebond, que nous ne rappellerons pas ici mais qui tendent à légitimer la nécessité de ne pas s'en tenir à la seule efficacité technique pour espérer aboutir

à des réductions drastiques de consommation

d'énergie : " pour être opérante, l'efficacité doit impérativement être couplée à la sobriété éner- gétique

» [Labo de l'ESS, 2018].

L'association négaWatt quant à elle consi

dère la sobriété et l'efficacité comme complé mentaires, mais avec des logiques de priorité différentes (interroger d'abord les services éner- gétiques avant de se demander comment les optimiser techniquement) [négaWatt, 2018].

Freins et limites

aux comportements de sobriété

La sobriété peut mobiliser de nombreux

champs de la connaissance (sociologie, psy chologie, économie, philosophie, sciences politiques, etc.). Une question récurrente sur laquelle se penchent les chercheurs est de comprendre pourquoi, alors que l'urgence des contraintes environnementales est de plus en plus reconnue, les tendances à la sobriété ne se sont pas largement répandues. Une explication tient dans la persistance de forces majeures générant plutôt de " l'ébriété énergétique » que de la sobriété. Les publications consacrées au sujet recensent ainsi [Toulouse et al., 2019] :

Le paradigme social dominant dans

nos sociétés, qui véhicule et entretient des valeurs telles que le matérialisme, le consumé risme, l'individualisme, la puissance, etc. ;

La plupart des modèles économiques

et de développement actuels, qui bien souvent conduisent au surdimensionnement et à l'in citation au " toujours plus » ; en témoigne par exemple le déploiement à marche forcée de la 5G, qui suscite des interrogations quant à sa contradiction avec une logique de sobriété 5

Les contextes sociotechniques et déci-

sions d'aménagement passées qui enferment les usagers dans certains choix de services

énergétiques limités

Certaines normes sociales dominantes

(par exemple sur le confort " moderne ») ;

La résistance au changement dans les

pratiques quotidiennes

Le manque de visibilité et de tangibi-

lité de l'impact énergétique de nos choix à tous niveaux.

En allant à l'encontre de paradigmes et

normes encore largement dominants, la so briété revêt ainsi une dimension disruptive, voire subversive. Ce caractère subversif peut d'ailleurs être considéré bienvenu, en ce qu'il permet de remettre en question " certaines pseudo-évidences de notre relation à l'éner- gie » [Villalba et al., 2018]. Mais il peut égale- ment expliquer pourquoi la sobriété fait l'objet de préconceptions idéologiques et réactions

émotionnelles parfois fortes contraignant

son appropriation chez certaines personnes [Dufournet et al., 2019].

Les promoteurs du concept se voient régu

lièrement reprocher la connotation potentielle ment négative du terme. "

Sobriété » évoquerait

des notions de contraintes, de limites, de re noncement, voire d'appauvrissement. La forme de sobriété imposée vécue par les populations en situation de précarité énergétique peut être vue comme un repoussoir à l'idée de sobriété [Lejeune, 2018]. Ceci montre que la réflexion La Revue de l'Énergie n° 649 - mars-avril 202025

La sobriété énergétique,

une notion disruptive de plus en plus étudiée sur la sobriété doit prendre en compte les questions d'inégalités sociales et les variations importantes de niveaux de consommation entre ceux qui peinent à accéder à des services énergétiques de base et ceux qui se permettent des comportements d'ébriété énergétique os tentatoires (nombreux voyages lointains, véhi cules très puissants, etc.).

Une autre question intéressante est celle des

limites aux comportements de sobriété. Plu sieurs chercheurs se sont demandés jusqu'où on peut réduire les consommations d'énergie, ou émissions de CO 2 (par exemple [Druckman et al., 2010]). Au niveau individuel, même pour les personnes les plus volontaires, il n'est pas toujours facile de mettre ses actes en adéqua tion totale avec les principes de sobriété. Des études sur des individus engagés montrent que la sensation de vivre dans un " trop plein » de consommation semble assez répandue chez eux [Gorge et al., 2015]. Toutefois, lorsque ceux-ci envisagent des changements de modes de vie assez radicaux, ils peuvent créer des risques perçus de marginalisation sociale (comme par exemple se passer totalement de voiture ou limiter drastiquement son usage des technologies de communication). En effet, la réaction de l'entourage joue souvent un rôle important chez les personnes qui s'engagent volontairement dans des pratiques plus sobres. Des considérations socioculturelles internes et externes, liées aux imaginaires sociaux domi nants, forment ainsi un " plancher de verre » sur lequel peuvent encore buter les velléités de sobriété les plus engagées [Cherrier et al, 2015].

Il n'en reste pas moins qu'une marge de

manoeuvre importante existe avant d'atteindre ce type de limites, comme en atteste la variabi lité importante des niveaux de consommation d'énergie entre ménages, entre entreprises ou autres organisations.

Par où et comment la sobriété

pourrait-elle s'installer La sobriété fait encore l'objet d'une certaine ambivalence. D'un côté, les paradigmes domi nants précédemment cités paraissent encore très prégnants. De l'autre, on peut identifier des signaux faibles suggérant qu'elle progresse dans les esprits. Si l'on en croit par exemple les enquêtes d'opinion, une majorité de Français considère que limiter le réchauffement clima tique nécessitera des changements importants de modes de vie, bien plus que le seul recours

à des progrès techniques [ADEME, 2019].

En outre, si les appels explicites à la sobriété pour des motifs écologiques sont restés long temps relativement marginaux, on peut noter une inflexion. En témoignent plusieurs tri bunes publiées récemment : près d'un millier de scientifiques de toutes disciplines affirmant que " nos modes de vie doivent évoluer vers plus de frugalité

» et s'éloigner du " consumé-

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