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Voltaire
Micromégas
Zadig
Candide *
Présentation
par René Pomeau
OF----=-
Voltaire
Micromégas
Zadig
Candide
Voltaire
Micromégas
Zadig
Candide
"Il faut être très court, et un peu salé, sans quoi les ministres et madame de
Pompadour,
les commis et les femmes de chambre, font des papillotes du livre.»
Brièveté et mordant, telles sont les princi
pales qualités de
Micromégas, Zadig et
Candide, les trois contes de Voltaire les
plus célèbres, traversés par deux motifs: le philosophe dans le monde, le bonheur par la philo sophie. Chassé de sa planète, Micromégas -un jeune géant de près de sept cents ans -entame un périple cosmique qui le mènera à ces "petites mites» qu'on appelle les hommes. En proie aux caprices du sort, !'Oriental
Zadig fera la rencontre d'un ermite à la barbe
blanche, détenteur du livre des destinées où tout est
écrit.
Quant à Candide, contraint de quitter le château de Thunder-ten-tronckh, il apprendra à ses dépens que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ... Présentation, notes, bibliographie et chronologie par René
Pomeau
'lèxte intégral
Illustration:
Virginie Berthcmct
e Flainmarion GF
Flammarion
MICRO MÉGAS
ZADIG
CANDIDE
INTRODUCTION 9
tion », "non pas de [son] voyage, mais de celui de monsieur le baron de Gangan ». "C'est, continue-t-il. une fadaise philosophique qui ne doit être lue que comme on se délasse d'un travail sérieux avec les bouffonneries d' Arlequin
2•
» Le manuscrit de ce Gan
gan est perdu.
Sur son contenu on ne sait que ce qu'en
dit Frédéric dans sa réponse: "Il m'a beaucoup amusé, ce voyageur céleste; et j'ai remarqué en lui quelque satire et quelque malice qui lui donne beau coup de ressemblance avec les habitants de notre globe, mais qu'il ménage si bien qu'on voit en lui un jugement plus mûr et une imagination plus vive qu'en tout autre être pensant. » Il relève " dans ce voyage un article» flatteur pour lui. Il ironise: "Je m'étonne qu'en un ouvrage où vous rabaissez la vanité ridicule des mortels, [ ... ] vous vouliez nourrir mon amour propre3. » Il apparaît que Gangan fut une première version de
Micromégas.
En effet dans Je conte qui paraîtra en
1752, maintes allusions visent l'actualité de 1737-
1739 : ainsi la référence dans le chapitre septième à la
guerre qui opposa (1736-1739) les Russes, alliés à l'Autriche, aux armées du Sultan ottoman. On remar quera surtout, dans la lettre d'envoi (02033), la men tion d'un " travail sérieux », dont on " se délasse par des bouffonneries d' Arlequin ». Le tempérament ludique de Voltaire, après l'effort qu'exige un grand ouvrage, a besoin de s'égayer par ces sortes de récréa tions : souvent elles prennent la forme d'un conte. Précisément, dans les mois précédents, le philosophe s'est astreint
à composer un livre combien "sérieux»:
les Eléments de la philosophie de Newton (1738). Les découvertes du savant anglais ne pénétraient que diffi cilement en France. Beaucoup, parmi les plus compé tents, refusaient d'admettre la gravitation universelle,
2. D2033 : nous ren\'oyons, ici et dans la suite, aux numéros des
lettres, dans l'édition de la Corrcspo11da11cc de Voltaire, (Euvres complètes, en cours de publication à la Voltaire Foundation d'Oxford (OC).
3. D2042, 7 juillet 1739.
10 VOLTAIRE
préférant s'en tenir à la cosmologie cartésienne qui expliquait le mouvement des corps célestes par l'impulsion de "tourbillons». Voltaire avait entrepris de diffuser la science newtonienne, base de sa propre philosophie. Il l'avait exposée, mais non sans erreurs, dans ses Lettres philosophiques. Il reprit la question à
Cirey, encouragé
par Mme Du Châtelet. Ses Eléments de 1738 constituent un solide ouvrage de vulgarisa tion. Il s'y livre aux démonstrations et aux calculs qu'exige l'exposé des lois de l'attraction et de l'optique de Newton. Dans sa tâche, il est aidé par une de ses relations, ami également de
Mme Du Châtelet : Mau
pertuis, qui n'est pas, lui, un amateur en matière de science. Les idées de
Newton étaient susceptibles
d'une vérification expérimentale. Selon la théorie de la gravitation, la terre devait être un sphéroïde légère ment aplati aux pôles. Afin d'établir que telle était bien la " figure » de notre planète, Maupertuis avait conduit en 1735-1736 une expédition de savants en Laponie: ils y mesurèrent un degré du méridien. Simultané ment, La Condamine allait procéder à la même opéra tion au Pérou. On suivit attentivement à Cirey l'expé dition de Maupertuis. Voltaire la rapporta dans ses Eléments de la philosophie de Newton, et en souligna l'importance scientifique
4•
C'est alors, peut-on suppo
ser, qu'il en fit un épisode de Gangan qui passera dans Micromégas: le lecteur n'avait aucune peine à identi fier, à la fin du chapitre quatrième, la " volée de philo sophes » qui " revenait du cercle polaire » et fit effec tivement naufrage sur les côtes de Botnie. Autre identification non moins facile : dans le " nain de Saturne», compagnon de Micromégas, on reconnais sait Fontenelle, petit vieillard vif, en matière de science souvent imprudent par vivacité, galant aussi. Non seulement le conte rappelle qu'il " faisait passablement de petits vers et de grands calculs
», mais il fait compa
raître une de ses maîtresses, " une jolie petite brune », et il évoque une de ses mésaventures, où " la nature füt
4. oc, t. 15, p. 471.
INTRODUCTION 11
prise sur le fait». Fontenelle pratiquait aussi la vulgari sation scientifique, mais sur le mode badin. Ses Entre tiens sur la pluralité des mondes le mettaient en scène lui-même, expliquant, par une nuit claire, le système céleste (celui des tourbillons cartésiens) à une jeune marquise, blonde celle-là. Voltaire jugeait ce mélange des genres attentatoire à la dignité de la science. Préfa
çant en mai 1738
le très sérieux ouvrage de Mme Du Châtelet (marquise, elle aussi), les Institutions de phy sique, il avait écrit: "Ce n'est point ici une marquise, ni une philosophe imaginaire» ... Fontenelle s'était fâché. A la vulgarisation enrubannée (dont relève aussi Le Newtonianisme pour les dames, 1738, d'un familier de Cirey, Algarotti), Voltaire oppose la clarté, sans enjolivures déplacées, de ses
Eléments de la philosophie
de Newton. Micromégas fait écho à cette querelle : "Je ne veux pas qu'on me plaise,[ ... ] je veux qu'on m'ins truise » répond le " Sirien » au " nain de Saturne » ( cha pitre second).
Ce qui nous ramène encore à l'actualité
de 1738-1739. Mais
Micromégas ne paraîtra qu'en 1752. Que
s'est-il passé dans l'intervalle? La carrière de Voltaire courtisan -poète quasi officiel, académicien, histo riographe de France, " gentilhomme ordinaire de la chambre du roi» -s'est soldée par un échec. Après la mort de Mme Du Châtelet, il cède aux pressions insis tantes de Frédéric II. Il arrive à Berlin en juillet 1750. A la fin de cette année ou au début de 1751, Gangan est devenu Micromégas. Un M. d'Ammon, chambellan prussien, va se rendre à Paris, où il négociera des accords commerciaux. Son départ, prévu pour décembre 1750, est retardé. Il quitte enfin Berlin en février 1751. Voltaire l'a chargé d'un "gros paquet» pour l'édition de ses oeuvres par Lambert (D4404) : dans le lot un manuscrit de Micromégas. Sur les chan gements apportés au conte de 1739, nous ne savons qu'une chose: à la louange de Frédéric a
été retranché.
On peut supposer qu'en 1739 le prince
12 VOLTAIRE
royal s'y trouvait loué pour la philosophie pacifiste de son Anti-Machiavel. Le roi s'était avéré depuis lors un redoutable chef de guerre et conquérant : pareil éloge n'aurait pas manqué d'attirer les foudres de Sa Majesté sur le chambellan Voltaire, déjà compromis dans plusieurs affaires dont celle du juif Hirschel. D'autres transformations ont-elles accompagné le changement du nom de Gangan en celui, plus parlant, de Micromégas? Nous l'ignorons.
Nous savons en revanche qu'à son arrivée
d'Amman a remis le manuscrit à Lambert. Pourtant Micromégas ne figure pas dans les onze volumes des OEuvres de Voltaire que l'éditeur parisien publie en avril-mai 1751. Le conte n'est imprimé qu'environ un an plus tard, en trois éditions : l'une portant le lieu de Londres, sans date ; les deux autres datées de Londres
1752, l'une d'entre elles comportant avec Micromégas
l' Histoire des croisades, fragment du futur Essai sur les moeurs. Ce sont les trois éditions sur lesquelle<> l'éminent voltairiste Ira 0. Wade se fonda pour établir son édition critique en 1950. Depuis cette date, un chercheur allemand, Martin Fontius, dans son livre Voltaire in Berlin, Berlin (R.D.A.) 1966, a apporté sur la publication de Micromégas d'importantes décou vertes, généralement ignorées des éditeurs français ultérieurs de ce texte.
Les trois éditions
de 1752 ont été publiées presque en même temps, vers le mois de mars, non pas à
Londres, mais
en Allemagne. Deux ont été données par Walther, l'éditeur de Dresde à qui Voltaire confie habituellement la publication de ses oeuvres : il a dû lui faire parvenir un manuscrit du conte. Pourtant c'est une autre édition qu'il faut considérer comme l'origi nale : celle que donnent, à Gotha, les éditeurs Meviusquotesdbs_dbs33.pdfusesText_39