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o :0251 Lcp: 700 CMYK aEdmond Hervé se défend
Pendant cinq heures, mercredi 10 jan-
vier, l'ancien secrétaire d'Etat à la santé a répondu aux questions désordonnées de la Cour de justice de la République. p.10 aLa carte des ZEP
Près de mille établissements scolaires
supplémentaires vont être classés en zone d'éducation prioritaire. p.11 aLes 35 heures et les " grandes »
Après les PME, les grandes entreprises
se lancent dans la négociation sur la ré- duction du temps de travail. Non sans mal. p.17 aEuropéennes : le vote volatil
Les partis politiques tentent d'éviter la
dispersion de leur électorat. p. 6 aL'âge de la retraite
Le Commissariat du Plan et l'OFCE
jugent que le système français de ré- partition ne pourra faire l'économie d'un recul de l'âge de la retraite. p. 32 aLe Berlin alternatif à Paris
Amarré au pied de la Bibliothèque
François-Mitterrand, le Batofar ac-
cueille pendant deux semaines la scène alternative berlinoise. p. 27 aLes réfugiés d'Otrante
Un reportage de Tahar Ben Jelloun
dans le talon de l'Italie, où arrivent chaque nuit des réfugiés d'Albanie et d'ailleurs. p.14 aAllemagne, mémoire troublée
Régine Robin décrypte la polémique
qui a agité l'Allemagne, après les dé- clarations controversées de l'écrivain
Martin Walser à propos du futur
Mémorial berlinois aux victimes de la
Shoah. p.15
55
e
ANNÉE - N
o
16811 - 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINEFONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY ± DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIVENDREDI 12 FÉVRIER 1999Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d'Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1£ ; Grèce,500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.
VENDREDI 12 FÉVRIER 1999LITTERATURES ESSAIS
Trois récits composent ce
curieux livre, ni roman ni recueil de nouvelles. Trois personnes ± dont on ignore où elles sont et ce qu'elles font ± se remémorent la ®n de leur adolescence ± entre seize et vingt ans ±, quand elles ne savaient pas vraiment d'où elles venaient et encore moins où elles allaient. Ce sont trois personnages embléma- tiques de l'univers singulier de
Modiano, anonymes et inou-
bliables, entre deux dérives, entre révolte et consentement, lointains et attentifs à la fois, étonnés et pourtant presque résignés, imprévi- sibles ou trop prévisibles, porteurs de sourdes angoisses nées des atro- cités de l'Histoire du XX esiècle, de lourds secrets de famille, d'événe- ments indicibles, d'un passé inex- pliqué et qui " ne passe pas ».
Mais cette fois, le " je », la narra-
tion à la première personne chère à
Patrick Modiano, est au féminin.
" Je » est une inconnue, à tous les sens du mot. Et tout ce qui ferait l'histoire, l'anecdote, l'intrigue, dans un autre roman, est ici en creux : la Shoah, la guerre d'Algé- rie, l'exil, le meurtre, le sexe, le viol, les sectes. Le bizarre, l'incertain, la perdition, le renoncement : voilà ce que traque Modiano depuis trente ans et près de trente livres, solitaire,
étrange promeneur dans un Paris
perdu, secret et bavard à la fois, beaucoup plus complexe que ne l'imaginent ceux qui célèbrent indé®niment la" petite musique » de son style en croyant qu'il compose de jolies sonates décora- tives. Subversif, Modiano ? Certai- nement, si on accepte de poser les questions qu'il laisse en suspens.
Pourquoi les Français de cette
seconde moitié du siècle, qui sont nés, comme lui, vers 1945, ne peuvent-ils pas se regarder? Qui sont leurs pères et qu'ont-ils fait ?
De quoi est-on comptable pour
toujours ? Peut-on comprendre et revivre ? Peut-on oublier et sur- vivre ? Peut-on s'enfuir et "vivre en fraude »? Qu'est-ce que " se sou- venir » ?
La trace, les identités ¯oues, la
mémoire trouée...Des inconnues portent à un point de perfection le jeu de Modiano avec ses obses- sions. Comme dans Du plus loin quel'oubli(1996), il s'agit d'emmener le lecteur à la recherche d'un moment de jeunesse. Comme dans Dora
Bruder (1997), Modiano pourrait
af®rmer ici : " Si je n'étais pas là pour l'écrire, il n'y aurait plus aucune trace de cette inconnue. »Ce n'est pas la première fois qu'il s'en va du côté des jeunes ®lles perdues.
Mais qu'il le fasse avec des narra-
trices change tout. Quand un homme prend le risque d'écrire au féminin, à la première personne, il en dit beaucoup plus long sur la manière dont il voit les femmes que lorsqu'il les fait décrire par un nar- rateur. Et il en dit plus encore sur ce qu'il pense des hommes.
La première inconnue, venue de
Lyon à Paris, à dix-huit ans, après
avoir raté un entretien d'em- bauche, alors qu'il lui faut absolu- ment trouver du travail pour gagner son autonomie, rencontre un homme mystérieux, qui se fait appeler Guy Vincent. On est à la ®n des années 50 ou au tout début des années 60, pendant la guerre d'Algérie. " Guy », enfant de la
Shoah qui a changé d'identité, est
probablement " porteur de valises » pour le FLN. Il a des ren- dez-vous clandestins, parfois en
Suisse. L'inconnue l'accompagne,
mais n'est tenue au courant de rien.
Un jour seulement elle entend son
véritable patronyme, quand
Modiano fait surgir dans le récit un
Chardonne improbable qui dédica-
cerait, dans un hall d'hôtel, Vivre à
Madère. Elle se laisse aller à cette
drôle de vie avec Guy : "La nuit, dans la chambre de l'hôtel, il me posait des questions sur mon enfance et ma famille. Mais, comme lui, je brouillais les pistes. Je me disais qu'une ®lle aussi simple que moi, qui n'avait qu'un seul nom et qu'un seul prénom, et qui venait de Lyon, ne pouvait pas vraiment l'intéresser. »
Un lundi de novembre, lors-
qu'elle arrive au rendez-vous, rue
Frédéric-Bastiat, Guy n'est plus là.
" Il n'y a plus personne », seulement plusieurs voitures noires devant l'hôtel et un groupe d'hommes sur le trottoir d'en face. Un Algérien qu'elle a déjà vu à Genève lui enjoint de partir : " Pour le moment, vous n'êtes qu'une jeune ®lle blonde
NON IDENTIFIÉE. »Cette inconnue
donne en conclusion de son aven- ture une des clefs du livre, la cohé- rence des trois histoires : " Des ®lles que l'on a repêchées dans les eaux dela Saône ou de la Seine, on dit souvent qu'elles étaient inconnues ou non identi®ées. Moi j'espère bien le rester pour toujours. »C'est bien un roman de la noyade que Modiano construit, en trois chapitres sans autre lien entre eux que la sensa- tion de l'inconnu. Que faire quand on a le sentiment de se noyer ? Chercher à se sau- ver ? Trouver quelque chose faisant of®ce de bouée ? Ou bien laisser s'accomplir la dispari- tion ?
La deuxième inconnue n'est pas
blonde, mais tout aussi " non iden- ti®ée ». Elle est née à Annecy. Son père est mort quand elle avait trois ans et sa mère est " partie vivre avec un boucher des environs ». Elle n'est pas restée " en bons termes »avec elle. Sa vie se passe dans un pen- sionnat à la discipline particulière- ment rigoureuse. Pendant les vacances, elle va chez sa tante, à
Veyrier-du-Lac, et l'aide à faire le
ménage dans les villas des environs.
Un avocat parisien en villégiature
lui trouve " la beauté du diable »: " Je ne savais pas ce que cela voulait dire et ça m'a fait peur. La même peur que lorsque j'avais entendu dire que mon père était une ªtête brû- léeº. »Un jour, un ®ls de famille, militaire en permission (il faisait son service en Algérie), bourgeois dédaigneux vouant un amour excessif à sa mère, entraîne la jeune
®lle dans sa chambre, l'étreint avec
maladresse, puis lui lit un passage du livre qu'elle avait déjà remarqué sur sa table de nuit, Comme le temps passe: la pompeuse description, par Brasillach, d'une nuit d'amour, " fraternelle bataille». Elle éclate de rire. Le garçon l'insulte et la chasse.
Après l'été, un dimanche, elle
décide de ne pas rentrer au pen- sionnat. Commence le temps des petits boulots, les retrouvailles avecun ami du père, qui con®e à l'inconnue quelques objets ayant appartenu à celui-ci. Parmi ces sou- venirs de rien du tout, un revolver.
Un soir où elle croyait aller faire du
baby-sitting dans une famille pour laquelle elle avait déjà travaillé, elle se retrouve aux prises avec deux hommes bien décidés à s'amuser avec elle, à l'humilier, à la violer.
Alors, elle saura s'en servir, du
revolver.
L'abandon, la violence... il fallait
bien que la troisième inconnue s'invente, elle, un refuge. Pour
échapper à l'angoisse des chevaux
qu'on mène aux abattoirs de Vaugi- rard, près desquels on lui a prêté un appartement. Pour oublier l'imagede René, avec lequel elle vivait à
Londres, qui lui a " parlé de ce
genre d'hommes pour qui les femmes n'existent pas ». Elle est celle des trois jeunes ®lles qui exprime le plus constamment son angoisse.
Dans l'appartement, dans le métro
vide. La peur devient panique dans le métro bondé, dans la foule des couloirs. Elle se sent en sécurité, fugitivement, dans un café du
15earrondissement qui a ses habi-
tués. Proie idéale pour ceux qui offrent du réconfort à coups de " travail sur soi », elle va se laisser attirer dans une secte, car "pour rompre sa solitude », pour apaiser sa terreur devivre, " on est prête à accepter n'importe quoi »... Il n'y a évidemment pas de morale de l'histoire. Dans aucun des récits. Ce n'est pas dans la manière de Modiano, qui s'est toujours gardé de la démagogie.
En revanche, les propos déran-
geants, provocants, non conformes, ne lui sont pas étran- gers, même s'ils ne sont jamais assénés. Il faut les lire, non pas entre les lignes, mais dans les détails. Ici, le " je » de ses inconnues lui permet d'exprimer une radicale hostilité aux attitudes de certains hommes, à cette complicité, cette grande " frater- nité », cette homosexualité ina- boutie qui dictent les comporte- ments de quantité de soi-disant hétérosexuels. Dans ce livre,
Modiano va le plus loin possible
dans l'observation des relations humaines biaisées, dans la sugges- tion des dépossessions, des men- songes, des dévastations. Avec, plus que jamais, la délicate alliance de la violence et de l'élégance..Signalons la sortie de Pages pour
Modiano, d'Olivier Barrot, un bref
texte d'hommage (Ed. du Rocher,
46 p., 69 F [10,52¨]). En librairie le
23 février.
DES INCONNUES
de Patrick Modiano.
Gallimard, 156 p., 95 F (14,48¨).
JEANNE HILARY/RAPHO
"Je»est uneinconnue
La trace, les identités
¯oues, la mémoire
trouée... Trois jeunes
®lles anonymes
se racontent à la première personne dans le nouveau livre de Patrick Modiano, qui porte le jeu avec ses obsessions à un point de perfection
EDITH WHARTON
Le Feuilleton
de Pierre Lepape page IILESLEY GLAISTER page IIIJUAN GOYTISOLO page IVDIOGÈNE
LAËRCE
La Chronique
de Roger-Pol Droit page VI
NADINE FRESCO
page VIISAINTS ET PROPHÈTES
AU MOYEN ÂGE
L'historien André Vauchez démontre
comment la " sainteté » a été utilisée à des ®ns politiques par la papauté et les Etats naissants page IX
J osyane Savigneau
La surprise de l'euro faible
UNE FOIS ENCORE, les pronos-
tics des experts ®nanciers ont été déjoués. Ils avaient prédit sinon une envolée, du moins une forte hausse de l'euro face au dollar. A les écouter, les investisseurs inter- nationaux allaient se ruer vers la nouvelle monnaie européenne, lesbanques centrales asiatiques s'em- presser de convertir en euros une partie de leurs réserves libellées en billet vert. A ces données ®nan- cières positives devaient s'ajouter, pour l'euro, des considérations
économico-psychologiques favo-
rables. A travers la réussite de ceprojet monétaire sans précédent, les marchés étaient censés saluer la renaissance économique d'une
Europe se posant désormais en ri-
val direct des Etats-Unis.
Rien de tel ne s'est produit. De-
puis le 4 janvier et son premier jour de cotation, l'euro n'a cesséde perdre du terrain face à la de-quotesdbs_dbs24.pdfusesText_30