Parcours de formation des diplômés universitaires et insertion professionnelle : le cas des diplôme acquis en formation classique et en apprentissage ?
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céreq derrière les diplômes et certications, les parcours de formation et leurs effets sur les parcours d'emploi XV es journées d'étude sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail
Benoît cart
Jean-François Giret
Yvette Grelet
Patrick Werquin
(éditeurs)Échanges du Céreq
R E L I E F 24
mai 2008Derrière les diplômes et certi cations,
les parcours de formation et leurs effets sur les parcours d'emploi XV es journées d'étude sur les données longitudinales dans l'a nalyse du marché du travailBenoît Cart
Jean-François Giret
Yvette Grelet
Patrick Werquin
(éditeurs) r eLIeF 24 / m
ai 2008 © centre d'études et de recherches sur les quali cations - marseille 2008 3 sommaire Benoît Cart, Bernard Convert, Marie-Hélène ToutinThème 1 - L'entreprise, poursuite de formation
Accès et carrière dans la fonction publique : le cas des procureurs de la république..................................13
Florence Audier
quelles dynamiques formation-emploi dans l'hôtellerie ?............................................................................25
Nathalie Bosse, Christine Guégnard
Une analyse longitudinale des accords de la branche bancaire...................................................................35
Marnix Dressen
contribution d'une entreprise à la formation des salariés......................................................................
.......49Coralie Perez
Les administrateurs de systèmes d'information géographique dans les conseils généraux............................61
Nadine Polombo
Le rapport entre l'analyse de contexte de travail et la formation...................................................................75
Raquel Becerril Ortega, Bernard Calmettes, Bernard FraysseMobilités sur le marché du travail : comment les marchés professionnels se caractérisent-ils ?....................81
Mireille Bruyère, Laurence Lizé
La difficile inscription de la validation des acquis de l'expérience dans le parcours de licenciés
Olivier Mazade
Parcours de VAe, un visa pour l'emploi ?...................................................................................................101
Isabelle Recotillet, Patrick Werquin
Les trajectoires professionnelles des bénéficiaires de VAe. réflexions à partir de cas en rhône-Alpes.......117
Michel Rocca, Sarah Veyron
Thème 2 - nouvelles formes des marchés professionnelsÀ quelles conditions le marché professionnel de l'ingénieur diplômé de l'enseignement supérieur agricole
peut-il s'étendre ?......................................................................................................................................131
Jean-Michel Drouet
L'importance du stage dans l'insertion professionnelle des étudiants.........................................................143
Nicole Escourrou
Fermeture du marché du travail et émergence d'un micromarché professionnel. Illustration à partir de la
création d'une licence professionnelle.......................................................................................................155
Anne Moysan-Louazel
4 Carrières d'amateurs/Carrières de professionnelsNiveau d'engagement dans une carrière amateur et début de parcours des étudiants en STAPS.................167
Lucile Chalumeau, Nicolas Gury, Séverine Landriercarrières d'amateurs et cursus universitaires : le sens multiple des parcours des étudiants en STAPS.........179
Vérène Chevalier, Cyril Coinaud
Processus d'autosélection à l'entrée des marchés professionnels non réglementés : le cas des professions
Magali Danner, Gilles Galodé
Parcours de formation, itinéraires d'insertion et réussite professionnelle : essai de modélisation des carrières
des danseurs intermittents..........................................................................................................................197
Janine Rannou, Ionela Roharik
des parcours atypiquesréversibilité et chemins de traverse en formation initiale...........................................................................211
Gérard Boudesseul, Cyril Coinaud, Yvette Grelet, Céline ViventAprès l'activité professionnelle, retraite ou re-traitement ?.........................................................................223
Aline Chamahian
Orientation scolaire et genre : les élèves de cAP et BeP typiques et atypiques...........................................233
Clotilde Lemarchant, Benoît Tudoux
La réorientation professionnelle et le retour en formation : quel impact sur le devenir professionnel des
jeunes adultes ?.........................................................................................................................................245
Agnès Legay, Nathalie Marchal
Formations professionnelle et technique au québec : l'émergence de nouvelles filières............................261
Sylvie De Saedeleer, Guy Sauvageau, Lucie Tremblay diversité des parcours de formationÀ quoi servent les disciplines universitaires ? essai de typologie des filières universitaires à travers
l'observation de cinq ans de parcours étudiants dans l'enseignement supérieur.........................................273
Bernard Convert
Diversité des parcours de niveaux V, une composante des effets de spécialité ?........................................287
Françoise Dauty, Philippe Lemistre
Inégalités sociales et parcours universitaire. étude microéconométrique par la régression Logit.................299Magali Jaoul-Grammare
des expériences étrangèreseducation, training and youth employment outcomes. evidences from Italy..............................................317
Elena Baici, Giorgia Casalone
compétences des diplômés de l'enseignement supérieur (le cas de la région de Volgograd en russie)......331
Lisa Bydanova
5Les parcours scolaires et professionnels des jeunes étudiants canadiens : définition et analyse à partir de
l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET).........................................................................................337
Pierre Doray, Stéphane Moulin, Jake Murdoch, elise comoé, catherine LeroyEffets des modalités du choix initial sur le parcours de formation et la trajectoire professionnelle..............349
Annick evrard, claude Albert Kaiser, François rastoldoTrajectoires et salaires
Formation continue, mobilités et salaires...................................................................................................361
Pierre Béret
Les carrières salariales françaises du privé sur longue période : effets de l'éducation, de l'ancienneté et des
Fabienne Berton, Jean-Pierre Huiban, Frédérique NortierL'adaptabilité des apprentis sur le marché du travail : impact de la mobilité sur la trajectoire salariale......385
Benoît cart, Alexandre Léné
Filières de formation et insertion professionnelleParcours de formation des diplômés universitaires et insertion professionnelle : le cas des diplômés
catherine Béduwé, Bernard Fourcade, Jean-François GiretL'insertion professionnelle des jeunes en apprentissage : une analyse empirique en termes d'efficacité.....413
Oana calavrezo
La qualité de l'insertion professionnelle selon la continuité ou la rupture de filière entre le 2 e et le 3 e cycleNathalie Jacob
La politique d'insertion des docteurs en entreprise : fondement et efficacité..............................................439
Jean-Paul Beltramo, Julien calmand, Patrick MontjouridesÉvolution de l'impact des contrats en alternance sur l'insertion professionnelle des jeunes........................453
Sabina Issehnane
Le programme individuel de formation et la mise en uvre de ses modalités dans le cadre de la loi du
4 mai 2004................................................................................................................................................463
Philippe Jean-Amans
7Avant-propos
Derrière les diplômes et certifications,
les parcours de formation et leurs effets sur les parcours d'emploi Benoit Cart, Bernard Convert, Marie-Hélène ToutinL'analyse
1 traditionnelle du lien formation-emploi doit beaucoup à une conception du diplôme qu'uncertain nombre d'évolutions récentes remettent en cause, et qui obligent à accorder une attention
renouvelée aux parcours de formation. La massification de l'enseignement, la diversification des cursus dans les enseignements secondaire,professionnel et supérieur, la mise en place du " processus de Bologne » dans l'enseignement supérieur, la
cohabitation et le développement de certifications différentes par leur nature ou par leur processus
d'acquisition, le développement de l'apprentissage à tous les niveaux, ces différentes évolutions brouillent et
affaiblissent le rôle de " signal » du diplôme, aux yeux des employeurs et des individus eux-mêmes.
Les parcours de formation, les modes d'acquisition des diplômes ou des certifications, produisent désormais
des effets sur les modalités de l'accès à l'emploi et sur la trajectoire professionnelle qui viennent s'ajouter à
ceux des diplômes eux-mêmes. nous proposons de consacrer ce Relief, qui rassemble les communications présentées aux XV esJournées du
Longitudinal de Lille des 22 et 23 mai 2008, à l'analyse de ces modes et parcours de formation - que ceux-ci relèvent de la formation initiale, de la formation continue, de la formation tout au long de la vie - et aux
effets de ces parcours de formation sur l'insertion et la trajectoire professionnelle à plus long terme.
cet objet principal peut se décliner en différentes thématiques, qui ont fait l'objet chacune d'un certain
nombre des communications regroupées dans ce document.1. L'entreprise, acteur de la formation : apprentissage, validation des acquis de
l'expérience...Avec le développement de l'apprentissage à tous les niveaux, avec la reconnaissance croissante des " acquis
de l'expérience », l'entreprise peut être désormais considérée comme un véritable acteur de la formation.
On reconnaît aujourd'hui, dans le consensus entre usagers, entreprises et pouvoirs publics, la légitimité
d'une qualification, d'une compétence ou de savoirs partiellement ou totalement acquis dans l'entreprise.
Longtemps réservé aux métiers manuels et au modèle traditionnel de l'apprentissage, l'acquisition,
sanctionnée ou non par une certification, de savoirs et de savoir-faire au sein de l'entreprise, est désormais
un modèle qui se généralise à tous les types et niveaux de qualification.Ainsi, la question à laquelle certains textes tentent de répondre, est celle de l'efficacité propre de ces
nouvelles modalités de formation et de certifications sur la carrière professionnelle. comment peut-on la
mesurer ? Peut-on par exemple comparer l'efficacité différentielle sur la trajectoire professionnelle d'un
diplôme acquis en formation classique et en apprentissage ? Peut-on faire apparaître des efficacités
différentes à court et à plus long terme ?Benoît Cart et Marie-hélène Toutin sont ingénieur d'études au Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et
économiques (Clersé), centre associé au Céreq de Lille, benoit.cart@univ-lille1.fr, marie-helene.toutin@ univ-lille1.fr ; Bernard
Convert est co-directeur du centre associé au Céreq et directeur-adjoint du Clersé, Bernard.Convert@ifresi.univ-lille1.fr.
1nous remercions Véronique Testelin (Clersé) pour l'aide apportée à la relecture des textes.
82. Vers une extension des " marchés professionnels » ?
Pour certains types de formation, la fonction de sélection, qui s'opère généralement au moment de la
certification puis, sur le marché du travail, au moment du recrutement dans l'entreprise, est anticipée dès
l'entrée dans la formation. Dans ce mode de relation formation-emploi, c'est au moment de l'accès au
cursus de formation que le dimensionnement des effectifs formés au regard des besoins quantitatifs
d'emplois est réglé. Ainsi, dès lors que la formation est menée à son terme, l'admission dans le métier
préparé est " garantie » dans des conditions " satisfaisantes ». Est décrit là ce que la théorie économique, par
les apports de mardsen, formalise sous le concept de " marchés professionnels » ; l'accès aux professions
médicales avec leur numerus clausus en constitue un exemple classique. La qualité et la " sécurité » de
l'insertion professionnelle qu'elles assurent constituent les atouts de ces formations.Pour les politiques, il est tentant de développer ce type de relation formation-emploi comme remède aux
apories de la massification et de la démocratisation de l'enseignement supérieur, particulièrement en termes
d'insertion professionnelle. ne faut-il pas voir dans le développement des filières professionnalisées et
sélectives à l'université, notamment les " licences professionnelles », des tentatives pour " créer » de
nouveaux micromarchés professionnels ? mais ces filières professionnalisées peuvent-elles constituer des
solutions généralisables, si l'on considère qu'elles vi sent souvent des niches très ciblées d'emplois auxeffectifs relativement restreints ? Dans ces cas-là, en choisissant de telles formations, l'étudiant se voit offrir
un placement rapide et sûr au prix d'une spécialisation étroite et précoce. ce choix ne se fait-il pas au
détriment de la carrière à long terme ? mais la question de la transférabilité de ces savoirs vers d'autres
emplois que ceux initialement visés reste posée.ces questions, stratégiques pour l'orientation de la politique d'enseignement, sont abordées par des
communications portant sur la genèse et l'histoire de ces filières, sur l'évolution des caractéristiques sociales
des jeunes les fréquentant, sur le rôle et la place de ces cursus dans les parcours individuels de formation et
d'emploi.3. Le lien formation-emploi revisité
Le thème abordé dans ces journées permet aussi de revenir sur un problème récurrent de l'analyse du lien
formation-emploi. : ce lien est classiquement mesuré à partir du diplôme final ; mais trop souvent la mesure
de l'efficacité du diplôme final est entendue comme mesure de l'efficacité de la filière qui est censée y
conduire. Quand on montre, par exemple, qu'un master de gestion est plus efficace en termes d'insertion
qu'un master d'économie, on court le risque d'être entendu comme ayant montré que la filière gestion offre
de meilleurs débouchés que la filière économie. ce qui serait une mauvaise interprétation, car nombre de
titulaires d'un master de gestion ont fait la plus grande partie de leurs études en économie et rien ne dit que
ce ne sont pas eux, parmi les titulaires d'un master de gestion, qui ont la meilleure insertion, ce qui
conduirait à l'interprétation inverse de la précédente. ces effets méritent d'être mesurés. car le diplôme final
ne préjuge en rien de la trajectoire qui y a conduit, aujourd'hui moins qu'hier. Les parcours de formation
initiale, longtemps linéaires, sont désormais faits de bifurcations plus ou moins nombreuses. Entre
l'orientation initiale à l'entrée d'un cycle de formation et le diplôme finalement obtenu, le lien est de moins
en moins direct. Se pose ici directement la question de l'effet, derrière les diplômes, des parcours de
formation, mais également des différentes expériences qui peuvent influencer les choix scolaires et
professionnels du jeune (les stages, le travail étudiant ou les autres expériences non scolaires). ces effets
peuvent être mesurés, là encore, au stade de l'insertion professionnelle ou à plus long terme.
À l'heure où l'accent est mis sur la nécessité d'une " orientation active », il est urgent de mesurer les
relations observées entre les points d'entrée d'un cycle de formation, le diplôme final, et les parcours
d'emploi associés. 94. Parcours de formation et effets de court et long terme sur la trajectoire
d'emploi Face à une opportunité de formation, l'individu est souv ent placé devant une alternative qui consiste soit àéchanger de la sûreté à court et moyen terme contre une spécialisation professionnelle plus ou moins
étroite, soit à refuser une spécialisation trop précise et trop précoce au risque d'une insertion et d'une
trajectoire plus aléatoire. Il fut une époque (le début des années 70) où certains auteurs expliquaient le peu
de succès de l'enseignement professionnel supérieur court par ce schéma : les élèves préféraient courir le
risque de poursuivre des filières générales in fine plus payantes en moyenne (salaire modal de début plus
élevé), mais plus aléatoire (fort écart-type de la distribution des salaires) à des études professionnelles sûres
(faible écart-type) mais en moyenne moins payantes. À l'évidence la tendance s'est aujourd'hui inversée
sous l'effet de la crise de l'emploi, mais aussi de l'aggravation des taux d'échec en premiers cycles
universitaires et de l'extension des possibilités de poursuite d'études après un DuT ou un BTS.
Plusieurs questions se posent autour de cette alternative générale : le choix de l'un ou l'autre terme de
l'alternative est-il ou non indifférent aux caractéristiques sociodémographiques ? A-t-on les moyens de
mesurer et de comparer les effets à court terme (plus ou moins forte déqualification à l'embauche) et à plus
long terme (reclassement plus ou moins rapide, effets sur la précarité ou la stabilité des trajectoires
professionnelles) de ces différents choix ?5. effets et efficacités des politiques publiques
Enfin, il est tout aussi nécessaire de s'interroger sur le rôle majeur des politiques publiques, tant dans leur
fonction d'orientation, dont on a vu qu'elle était fortement questionnée, que dans leur rôle d'incitation vers
de nouveaux modes de formation. Elles proposent en effet d'autres accès à la qualification et à l'emploi,
pour des jeunes ou pour des actifs, qui doivent construire, consolider ou améliorer une compétence
insuffisante ou inadaptée. On a fait appel ici à plusieurs travaux d'évaluation de ces politiques publiques,
qui tentent de tenir compte des multiples effets croisés venant brouiller la mesure, en présentant des résultats
portant sur le rôle et la place du passage par ces différentes mesures dans la trajectoire des individus. À ce
sujet, les outils statistiques tenant compte du temps, tels que les enquêtes rétrospectives (dispositif
" génération » du céreq par exemple), les panels, les suivis de cohortes, servent de mesure pour ces
travaux. mais sont présentés aussi des modes d'interprétation du rôle de ces politiques appuyés sur des
matériaux plus qualitatifs : monographies de dispositifs, entretiens auprès de bénéficiaires, histoires de vie...
Derrière toutes ces approches longitudinales, et pas seulement sur ce dernier thème, la plupart des
disciplines des sciences humaines sont représentées, qu'elles mobilisent des données statistiques (enquêtes
céreq, DARES, InSEE, Observatoires universitaires...) ou des résultats de monographies, d'entretiens,
d'histoires de vie... ou tout autres matériaux qualitatifs. Bien entendu, les textes issus des disciplinestraditionnelles qui questionnent la relation formation-emploi, l'économie et la sociologie, sont les plus
nombreux. mais d'autres approches disciplinaires, telles que la psychologie, la gestion, le droit, les sciences
de l'éducation, permettent des confr ontations intéressantes, tant par les méthodes employées que par les concepts développés.La présentation des travaux est organisée dans la suite de ce document conformément aux ateliers
thématiques mis en place au cours de ces XV esJournées du longitudinal.
Thème 1
L'entreprise, poursuite de formation
13 Accès et carrière dans la fonction publique : le cas des procureurs de la républiqueFlorence Audier et Maya Bacache-Beauvallet
Les 1procureurs de la République sont les " chefs » du parquet, le parquet constituant l'une des deux
" branches » de la magistrature, l'autre étant le siège. De ce fait, en tant que parquetiers, ils ont en charge,
au sein d'un tribunal de grande instance (TgI), les fonctions primordiales que sont l'enquête judicaire, les
poursuites, les réquisitions, bref, l'exercice de l'action publique. comme chefs du parquet, les procureurs
assument en outre des fonctions de définition, d'adaptation et de mise en uvre de la politique pénale
locale, de coordination et d'animation de leur équipe, d'administration et de gestion. Le fait que le parquet
constitue ou non un groupe professionnel constitue un enjeu qui dépasse les situations particulières de
chacun, et engage une certaine conception de la justice.La connaissance précise des carrières de ceux appartenant à ce que nous nommerons ici, faute de mieux, ce
" groupe professionnel », est intéressante à plusieurs titres : elle permet non seulement d'appréhender un
exemple symbolique de carrières dans la fonction publique qui, dans le cas français, est peu étudié (meurs
et Audier 2004) ; mais aussi d'éclairer un débat de politique publique sur la réforme du système judiciaire
français concernant la place des procureurs dans le système inquisitorial. c'est cet enjeu que nous
souhaitons aborder dans cette communication.En effet, des propositions récurrentes,
et qui prennent de l'ampleur, préconisent la séparation statutaire desmagistrats du parquet de ceux du siège en modifiant les positionnements des uns et des autres. À l'inverse,
les magistrats, et en particulier ceux du parquet, sont et restent très majoritairement hostiles à une
autonomie " statutaire » qui les isolerait de l'ensemble de la magistrature. Les procureurs sont, en France,
pleinement des magistrats alors qu'ils sont des fonctionnaires de l'exécutif dans d'autres pays où la justice
fonctionne sur un mode accusatoire et non inquisitoire. une connaissance précise des carrières et des
mobilités fonctionnelles des magistrats du parquet n'est donc pas indépendante de l'enjeu politique et
judiciaire majeur que constitue l'organisation du système judiciaire " à la française ».La question que nous traitons dans cet article est la suivante : dans quelle mesure être parquetier et
davantage encore procureur de la République nécessite-t-il la formation d'un capital humain spécifique
(Schultz 1961) qui serait distinct du capital humain lié à la fonction de magistrat ? La spécificité des tâches
du procureur ne faisant, elle, pas de doute, tant l'exercice des fonctions de procureur a connu une expansion voire une transformation 2 dans la dernière période (hyest et al. 2001), la question posée est cellede la spécificité du capital humain requis, et par conséquence l'efficience éventuelle d'une séparation allant
jusqu'à une distinction statutaire entre le siège et le parquet. nous sommes bien entendu convaincus que les
propositions politiques de séparation entre le parquet et le siège peuvent reposer sur des arguments tous
autres, d'ordre politique, juridique, stratégique, etc.Pour tenter de répondre à cette question, nous mobilisons trois types d'enquêtes (section 1). Ensuite, après
avoir exposé les caractéristiques principales des parquetiers et des procureurs, de leur formation et de leur
carrière (section 2), nous montrons (sections 3 à 5) que le métier de procureur ne met pas en jeu
l'acquisition d'un capital humain spécifique par rapport à celui d'un magistrat du siège. Au contraire, le
choix du parquet semble être le fait des magistrats eux-mêmes qui se précise parfois en cours de carrière,
apparaissant comme une révélation des préférences ou une préférence liée à l'âge et à la situation familiale.
L'existence d'un capital humain spécifique ne semble donc pas pouvoir figurer au titre des arguments
militant pour une rupture de l'unité du corps des magistrats.Florence audier, université Paris1/CnRs, EEP, Centre d'économie de la sorbonne-Matisse, 106 bd de l'hôpital
75013 Paris, florence.audier@univ-paris1.fr ; Maya Bacache-Beauvallet, Institut Telecom-Telecom ParisTech, 46 rue
Barrault, 75013 Paris, maya.bacache@telecom-paristech.fr 1Cette communication s'appuie sur les résultats d'une recherche réalisée avec le soutien du GIP Mission de recherche droit et
Justice (convention n° 25 03 18 15) de F. audier, M. Beauvallet, E. G. Mathias, J.-L. outin et M. Tabariés.
2Voir le rapport, , 2007, de F. audier,
M. Beauvallet, E. G. Mathias, J.-L. outin et M. Tabariés, en particulier le dossier IV. 141. comment appréhender le groupe professionnel des procureurs ?
L'intérêt de cette recherche, au-delà de l'appréhension de la carrière des procureurs, est également
méthodologique : il s'agit de montrer concrètement comment, en articulant plusieurs bases de données de
nature et de contenu très différents, les unes en provenance des services de gestion (données administratives
préexistantes) et d'autres constituées pour les besoins de l'étude à partir d'enquêtes par questionnaire, il
semble possible de restituer le déroulement des carrières et des activités dans leur dynamique. En effet, une
des difficultés généralement rencontrées dans l'étude des déroulements des carrières (Bacache et al. 1997)
est l'impossibilité de distinguer les effets d'offre des effets de demande. On n'en observe en effet,
généralement, que la résultante, en étudiant les trajectoires ex post. L'étude combinée des différentes bases
de données mobilisées dans cette recherche permet, précisément, de conjuguer l'étude de l'offre et celle de
la demande. La carrière des procureurs est ainsi étudiée à travers trois prismes.1.1. Formation et entrée dans la profession : le devenir des magistrats-parquetiers
Le premier prisme, le plus évident, se décline donc au moment des concours d'entrée à l'École nationale de
la magistrature (Enm) 3 . Pour appréhender ce premier accès au parquet nous avons utilisé deux types debases de données : deux bases de données administratives (les fichiers de scolarité de l'Enm et ceux qui
consignent les premières mobilités des magistrats) et une enquête directe. ce premier prisme d'informations
autour des concours d'entrée et des choix des postes de sortie permet de traiter la question de l'attractivité
de la fonction de magistrat et plus spécifiquement de l'attractivité du parquet, et la question de la formation
initiale.nous étudions ainsi la première affectation d'auditeurs appartenant à quatre promotions de l'Enm qui
représentent, réunies, plus de mille jeunes magistrats. Puis nous enrichissons l'analyse en examinant la
première mobilité des magistrats issus des deux premières promotions observées, magistrats qui, statu-
tairement, ont déjà eu l'opportunité d'effectuer un premier changement de poste. nous disposons donc
d'informations de source " administrative », relatives exhaustivement à quatre promotions d'élèves entrés à
l'École entre 2000 et 2003 et qui sont donc " sortis » entre 2002 et 2005 soit au total 1 029 situations qui
correspondent à tous les sortants des années étudiées. Pour ces quatre " vagues » de magistrats, les
informations disponibles concernent : (i) la civilité des auditeurs (monsieur, madame, mademoiselle) ; (ii)
leur classement de sortie, information d'autant plus utile que le choix des postes se fait par " ordre de
mérite » ; (iii) la fonction qui correspond au poste de première affectation ; enfin (iv) la juridiction d'affec-
tation et sa localisation.nous approfondissons et éclairons ensuite les informations précédemment analysées à l'aide des résultats
d'une enquête originale très détaillée spécifiquement construite à cet effet. cette enquête postale, qui s'est
déroulée fin 2005 et début 2006, a été adressée aux 1 029 auditeurs des quatre promotions déjà étudiées.
Elle a recueilli 723 réponses exploitables, soit un taux de réponse exceptionnellement élevé. De cette
enquête on peut tirer en particulier trois types d'informations portant sur : (i) les antécédents de formation et
éventuellement d'emploi des auditeurs ; (ii) l'attractivité de la magistrature et de ses différentes déclinaisons
à travers un questionnement portant sur leur degré de motivation quant à l'entrée dans la magistrature et sur
leur projection dans l'avenir, eu é gard aux différentes fonctions envis ageables ; (iii) leurs appréciationsconcernant leur premier poste, à travers par exemple leur désir de le conserver encore un certain temps ou,
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