[PDF] le djokan, un « art martial guyanais - Érudit

Explore this journal Le quotidien France-Guyane et la station locale de RFO, ainsi que quelques sites cérémonie et fête » (France-Guyane, 18 août 2011)



Previous PDF Next PDF





[PDF] FRANCE GUYANE JOURNAL - Cnap

Page 1 FRANCE GUYANE JOURNAL 7 Juin 2020



[PDF] LE GROUPE FRANCE-ANTILLES Gilles KRAEMER (*) La presse

France Guyane (3 000 ex ) France- Antilles Martinique (35 000 ex en semaine et 70 000 le week-end) Journal de l'Ile de la Réu- nion (JIR) (35 000 ex )



[PDF] LES METROPOLITAINS EN GUYANE - TEL archives ouvertes

La Guyane se situe à 8 000 km de la France hexagonale journal « Rot Kozé », « la Semaine guyanaise », « Okamag » et « Memo mag » Les sites



le djokan, un « art martial guyanais - Érudit

Explore this journal Le quotidien France-Guyane et la station locale de RFO, ainsi que quelques sites cérémonie et fête » (France-Guyane, 18 août 2011)



[PDF] Dimanche 27 Novembre 1966 - JOURNAL OFFICIEL

N° 59 S JOURNAL OFFICIEL militaire adapté aux Antilles, en Guyane et à la Réunion, elles faut que les fonctionnaires guyanais mutés en France béné-



[PDF] Revue des connaissances sur la zone côtière de Guyane Française

possédant une excellente expertise sur la Guyane le Laboratoire central d' hydraulique de France (LCHF) ; Guyane Journal du CNES, 52: 15-16 277



[PDF] Bilan RFO - CSA

Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Polynésie française, Nouvelle- Calédonie débat public en collaboration avec le journal France Guyane

[PDF] france highway tolls

[PDF] france highway tolls calculator

[PDF] france in 1950

[PDF] france income classes

[PDF] france income distribution 2017

[PDF] france income distribution 2018

[PDF] france india double taxation treaty

[PDF] france info fm fréquence paris

[PDF] france inland waterways map

[PDF] france inter émission dimanche matin

[PDF] france inter fm fréquence

[PDF] france isis attack 2015

[PDF] france joli come to me album

[PDF] france mileage rates 2019

[PDF] france mileage reimbursement rates 2020

Tous droits r€serv€s Anthropologie et Soci€t€s, Universit€ Laval, 2018 This document is protected by copyright law. Use of the services of 'rudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. This article is disseminated and preserved by 'rudit. 'rudit is a non-profit inter-university consortium of the Universit€ de Montr€al, promote and disseminate research.

Volume 42, Number 2-3, 2018URI: https://id.erudit.org/iderudit/1052652arDOI: https://doi.org/10.7202/1052652arSee table of contentsPublisher(s)D€partement d"anthropologie de l"Universit€ LavalISSN0702-8997 (print)1703-7921 (digital)Explore this journalCite this article

Collomb, G. (2018). Sport, politique, constructions identitaires en Guyane : le djokan , un ... art martial guyanais † ?

Anthropologie et Soci€t€s

42
(2-3), 385‡402. https://doi.org/10.7202/1052652ar

Article abstract

Within a few years, the

d jokan (a martial art that its inventor introduces as ... a fusion of the knowledge of the native American, Businenge and Creole warriors †) acquired in French Guyana a great readability in the media but also in the political sphere, even if it is still struggling to recruit practitioners and if its development as a sport is still very uncertain. This situation questions on how the field of the martial practices grows, is formatted and structured in Western countries, but it also sheds an indirect light on the underlying logic of the today"s Guyanese society. For that, one needs to take into account the way in which the discourse of the djokan entered somehow in resonance with the expectations, sometimes the concerns, of a society that attempted to rethink a ... living together † in a French Guyana undergoing substantial changes.

Anthropologie et Sociétés, vol. 42, n

os

2-3, 2018 : 385-402

SPORT, POLITIQUE, CONSTRUCTIONS

IDENTITAIRES EN GUYANE

Le djokan, un " art martial guyanais » ?

Gérard Collomb

1

Ce 31 octobre 2011, la reconnaissance du

par une fédération sportive internationale 3 , qui consacrait son entrée dans le paysage des arts martiaux, se doublait de son institution solennelle comme " patrimoine immatériel guyanais » au cours d"une cérémonie à l"Hôtel de Région, en présence du Directeur régional des affaires culturelles de Guyane. Témoignant de l"intérêt que les acteurs politiques guyanais portaient à cet art martial, la démarche, tout efois, avait de quoi étonner car tout n"avait véritablement commencé que l" année précédente. En septembre 2010, Yannick Théolade avait déposé à l"Institut national de la propriété intellectuelle la marque "

Djokan Art Martial Amazonien », et le ,

dont il avait élaboré durant quelques années les règles et les techniques, était

1. Le site Internet du explique : " Le mot DJOKAN se décompose en deux parties : le mot

“Djok" et la préposition “an" qui sont deux particules de la langue créole guyanaise. “Djok"

DJOKAN pourrait se traduire littéralement par “en éveil" ou “celui qui est éveillé" » (http://

www.djokan.org/, consulté en 2015 ; le site, qui a été remanié, est aujourd"hui accessible à

http://www.djokan.net/ en date du 5 juillet 2018).

2. Site Internet du Conseil régional (https://www.cr-guyane.fr/consecration-internationale-pour-

le-Djokan/), non disponible le 7 octobre 2017.

5 juillet 2018) regroupe, pour l"essentiel en France, outre le , nouvellement reconnu,

une trentaine de clubs pratiquant des variantes de sports tels que le karaté, dont la majorité des pratiquants se réclament généralement de grandes fédérations disciplinaires.

22_HT2_Collomb_385-402.indd 3852018-08-07 11:59:02

386
apparu pour la première fois au public guyanais à l'occasion d' une démonstration des mois suivants, la presse locale et les médias audiovisuels 4 s'étaient largement fait l'écho des démonstrations que Y. Théolade et un petit groupe de pratiquants multipliaient devant le public guyanais. Ainsi, depuis le début de l'année 2011, il n'y eut guère de manifestation touchant aux cultures traditionnell es ou à l'histoire de la Guyane qui n'ait fait appel aux pratiquants du : commémoration de l'abolition de l'esclavage, présentation de l'Hymne à la communauté de destin organisée par les mouvements indépendantistes, fêtes patronales de plusieurs communes, Journées des peuples autochtones ou Festival des rythmes sacrés 5

Six ans plus tard, le

occupe toujours une place notable dans le paysage guyanais, mais l'expansion rapide des pratiquants et des clubs qu' espérait Y.

Théolade en 2011

6 ne s'est pas réalisée : l'ouverture de huit clubs était annoncée en 2011 en Guyane, et plusieurs autres devaient être créés hors de la Guyane, mais aujourd'hui seuls deux sont en activité, à Cayenne (en Guyane) et à Asnières (en région parisienne) 7 . Si le club d'Asnières ne mobilise guère, celui de Cayenne continue de rassembler un noyau de pratiquants un peu plus corps. Mais de toute évidence, l'un et l'autre peinent encore à développer leurs fréquemment sollicités pour des démonstrations publiques, et en octobre 2015
le a bénéficié à nouveau d'une reconnaissance comme " patrimoine 8 Y. Théolade a créé en quelques années le autour d'un dispositif technique et symbolique qui se veut du même ordre et du même nivea u que celui des autres arts martiaux, dont l'histoire s'inscrit dans un temps long, parfois plus que centenaire, et sont à ce titre reconnus de longue date. Comment

4. Le quotidien et la station locale de RFO, ainsi que quelques sites Internet

d'actualités régionales.

5. Les organisateurs du Festival des Rythmes sacrés, à Cayenne, le présentent comme un évènement qui propose des rendez-vous " alliant mystique et musique, profane et sacré,

cérémonie et fête » (, 18 août 2011).

6. La presse se faisait l'écho de cette prévision très optimiste : " Aujourd'hui, Yannick Théolade

forme huit personnes qui développeront cet art martial local dans l'Hexagone, ou encore en Allemagne. Le émerge à travers l'Europe, les Antilles ou encore l'Afrique. [...] Le sera bientôt enseigné en Indonésie, en Hollande, en France et en Allemagne » ( , 6 août 2011). 7. Y.

Théolade donne en Guyane des cours de "

», dans des établissements spécialisés. Il évoque aussi la possibilité d'un " » pour les personnes âgées, d'un "

8. " Art martial créé par le Guyanais Yannick Théolade et largement inspiré de la nature et des

cultures du département, le Guyane, ce matin par le conseil régional » (Vulpillat 2015).

22_HT2_Collomb_385-402.indd 3862018-08-07 11:59:02

387
invente-t-on » de la sorte un art martial ? Mais surtout, comment réussit-on à lui conférer en si peu de temps une telle lisibilité et une forme de légitimité dans les médias et dans le public, et également aux yeux des politiques, alors même que dans le moyen terme, son développement comme sport et le recrutement de ses pratiquants demeurent encore incertains ? Autant de questions qui renvoient

à un ensemble de travaux (Gaudin 2009

; Juhle 2009 ; Bernard 2014) sur la manière avec laquelle les pratiques martiales se sont développées dans les pays occidentaux et se sont structurées autour d'enjeux symboliques et de pouvoir souvent sans rapport direct avec ces pratiques elles-mêmes.

L'aventure du

en Guyane ne saurait en effet être comprise seulement comme la création d'un nouvel art martial. Si on la replace dans un moment particulier de l'histoire de la société guyanaise, elle prend une autre dimension et devient, en un sens, un objet politique. Nous mettrons ici l'accent sur cette dimension, en considérant l'apparition du et sa réception par le public comme révélateurs de processus sociétaux et de reformulations culturelles et identitaires qui travaillent aujourd'hui la société guyanaise. Après une rapide présentation du dans sa dimension technique et sportive, on suivra, à travers l'itinéraire et le discours de son créateur, la maturation et la mise en forme d'un imaginaire et d'un appareil symbolique (Bernard 2016) qui c onfèrent à cette dont le est porteur a assuré son succès public et médiatique en entran t en quelque sorte en résonnance avec les attentes, parfois les inquiétudes, d'une société guyanaise pluriculturelle qui tente d'inventer de nouve lles manières de faire cohabiter ses diverses composantes 9

Un art martial

Les élèves du club de

prennent place vers 20 h

30 sur le tatami

10 dans la petite salle du gymnase municipal d'Asnières, en banlieue parisienne. Aujourd'hui, seulement cinq élèves sont présents, âgés entre 20 et 40 ans. D., un Guyanais installé depuis quelques années en région parisienne et qui pratique le depuis cinq ans, conduit l'entraînement. E., qui fut le partenair e de Y. Théolade lorsqu'il mettait au point le à Cayenne et fonda le club en

2013, est un peu en retrait. Il observe et recadre de temps en temps les pratiquants,

délivrant une rare parole qui vient rappeler un point technique ou philosophique de la pratique du . Tout au long de la soirée, deux tambours, joués par l'épouse d'E. et par D. lorsqu'il n'intervient pas auprès des élèves, donnent le rythme de la séance et marquent sa progression. Globalement, l'organisation de ces séances d'entraînement ne surprend guère celui qui connaît le déroulement

9. Les données sur lesquelles s'appuie ce travail ont été rassemblées lors d'un terrain réalisé en

Guyane et en région parisienne en 2015 et à la suite d'un dépouillement de la presse régionale,

écrite et audiovisuelle.

10. Le tatami est le tapis de sol souple sur lequel se pratiquent généralement les arts martiaux d'origine asiatique.

22_HT2_Collomb_385-402.indd 3872018-08-07 11:59:02

388
classique d'un entraînement de judo, par exemple : salut au tatami et aux esquives, étude des coups et des parades - à main nue ou avec les " armes » du comparables aux 11 que connaissent la plupart des disciplines martiales asiatiques. Après l'entraînement, tous les participants forment un cercle, on se concentre, on se détend, puis le " salut Les entraînements conduits par Y. Théolade à Cayenne, dans l'espace aménagé à son domicile ou dans un gymnase accueillant successiv ement en soirée plusieurs clubs d'arts martiaux, se déroulent sur le mê me mode, mais la présence du fondateur du confère à ces entraînements une autre dimension, leur donne beaucoup plus de densité que ne sont en mesure de le faire les enseignants du club d'Asnières. Yannick est celui qui a mis au point les techniques du , en puisant, explique-t-il, à une double source : d'une part, aux sports de combat asiatiques (judo, jujitsu, ninjutsu, aïkido, etc.), à diverses techniques d'autodéfense et à la capoeira, entre lutte et danse ; et, d'autre part, à également lui qui a imaginé une manière de se vêtir et de se comporter sur le tatami et pensé un mode d'accompagnement musical mobilisant les tambours. Il a aussi composé un lexique technique en créole qui balise pour les pratiquants une sorte d'entre soi culturel 12 , et formalisé un apparat rituel inspiré des ritualités des disciplines asiatiques (Baudry 1992). Lors des entraînements, et plus encore lors des démonstrations organisées pour un public extérieur, les pratiquants se déploient sur le tatami en de spectaculaires chorégraphies, formellement séduisantes, qui sont pour beaucoup dans le rapide succès rencontré auprès des médias et du publ ic. Mais si l'on passe outre cette dimension qui frappe l'observateur, et que l'on s'attache à ce qui ferait du un art martial, c'est-à-dire les techniques de combat mobilisées lors d'un entraînement ou d'une démonstration, on a du mal à percevoir ce qui dans l'espace guyanais et amazonien, voulue par son fondateur Y. Théolade ; dans la manière avec laquelle ce dernier a construit son histoire et son pers onnage, a

11. Les

d'une discipline. 12. L'idée d'un entre soi culturel renvoie, d'une manière cer tes plus étroite, à ce que M.

Herzfeld

(2004) caractérise comme " ». Le vocabulaire (techniques, moments, lieux et objets) du est globalement créole : le combat à mains nues (), les frappes avec toutes

les parties du corps (), les clés (), les projections (lévé fésé), les étranglements

(), le travail au sol et les immobilisations (). Le créole occupe donc ici une place comparable à celle du japonais pour les arts martiaux d'origine japonaise. Quelques emprunts aux langues amérindiennes et businenge ouvrent à la marge ce lexique sur les autres composantes culturelles guyanaises.

22_HT2_Collomb_385-402.indd 3882018-08-07 11:59:02

389
pensé le , et transmis, à travers le , une armature idéologique et un imaginaire qui ont rapidement séduit dans le contexte historique et politique de la Guyane d'aujourd'hui 13

Le Gran Dòkò Sawani Makan

J'ai commencé les arts martiaux à l'âge de 7 ans. En 1997, j'ai eu mon 14 , et j'ai continué le judo aussi là-bas. Mais progressivement, le ninjutsu 15 a pris beaucoup plus de place dans ma vie, j'en avais assez de la compétition en judo, au fond de moi je cherchais quelque chose de beaucoup plus profond, sur la philosophie, l'énergétique. [...]

Je suis allé au Japon, j'ai eu la

chance de rencontrer les plus grands maîtres. Mais j'en ai bavé, j'ai vu la dure réalité des arts martiaux japonais : dans le monde occidental on croit connaître mais on ne connaît rien ! Aujourd'hui, si je veux prendre du recul, je dirais que les arts martiaux japonais m'ont appris l'humilité, la rigueur, la Ça a été un passage obligatoire, parce qu'il y avait quelque chose de plus grand qui était en train de se dessiner pour moi.

Entretien avec Y. Théolade, Cayenne, mai 2015

Lorsqu'il relate son itinéraire personnel, Y. Théolade (aujourd'hui âgé de

40 ans) évoque d'abord ce voyage vers l'Orient, véritable quête initiatique, au

cours duquel il a puisé à la source. Lorsqu'il a créé le , il a d'une certaine manière voulu rejoindre la légende dorée des personnages fondat eurs des arts martiaux asiatiques contemporains 16 (Grand Maître), et en choisissant de se faire appeler Sawani Makan 17 : " Sawani ce n'est pas un nom que j'ai choisi, c'est un nom que l'on m'a donné... C'est comme tous les grands maîtres japonais, ils portent un nom qui n'est pas leur vrai nom... » (Entretien avec Y. Théolade, Cayenne, mai 2015).

13. O. Bernard (2016) souligne que cet imaginaire et cette armature idéologique sont importants

pour la plupart des arts martiaux, dont ils représentent une caractéristique commune.

14. Filière d'études universitaires en Sciences et techniques des activités physiques et sportives

15.

Le ninjutsu est inspiré de techniques de combat autrefois pratiquées par des guerriers du Japon

féodal. Le Bujikan France explique : " Le Ninjutsu vise à la fusion du corps et de l'esprit pour

la construction de l'être et l'abandon du paraître, en adapt ation permanente à l'environnement (http://bujinkan-france.com/qu-est-ce-que-le-ninjutsu/, disponible le 5 juillet 2018).

16. Gichin Funakoshi pour le karaté moderne, Morihei Ueshiba pour l'aï

kido ou Jigoro Kano pour le judo, si l'on ne considère que les plus connus, occupent une place de premier plan dans le

panthéon contemporain des arts martiaux d'origine japonaise.

17. En créole guyanais,

un savoir, une technique. Dans le lexique du , le est un pratiquant arrivé au niveau d'instructeur, et l'on peut donc traduire par "

Grand Maître ».

réfère explicitement aux anciens guerriers amérindiens Émeri llon (un point sur lequel nous reviendrons plus loin). NdlR : Sur le site du , l'orthographe de apparaît cependant

22_HT2_Collomb_385-402.indd 3892018-08-07 11:59:02

390

Toutefois, si le

s'inscrit pour une part dans cet univers des arts martiaux japonais, son histoire s'écrit d'une manière p articulière. Le développement en Occident, dans la seconde moitié du XX e siècle, d'un ensemblequotesdbs_dbs14.pdfusesText_20