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HISTOIRE SECRÈTE

DE

L"AMÉRIQUE Retrouver ce titre sur Numilog.com

" L"an 1477, au mois de février, je pous- sais en naviguant jusqu"à cent lieues au-delà de l"île de Thulé. »

CHRISTOPHE

COLOMB.

Ce qui semble, en Europe, du domaine du merveilleux est souvent la réalité en

Amérique.

JEREMY BELLKNAP.

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Charles Pichon nous tenterons d"esquisser les grandes lignes d"une face moins connue de l"Amérique, largement dominée par le mythe. Il s"agit de montrer que l"Amérique, point de convergence d"aspirations diverses qui ne cessèrent jamais de hanter l"imaginaire européen, fut d"abord un champ d"expérimentations pour certaines utopies, pour devenir le théâtre de conflits souvent tragiques, opposant des groupes aux croyances variées, qui pensaient pouvoir modeler ce nouvel éden conformément à leurs rêves ou à leurs appartenances religieuses, occultes ou philosophiques.

Il ne faut

pas écarter du champ historique des courants tels que la Rose-Croix ou la Franc-Maçonnerie qui jouèrent un rôle majeur dans la geste américaine, des mystiques tels que Morton ou

Kelpius, des sectes

qui participèrent à l"élaboration de l"utopie américaine, des tribus dont les thèses furent reprises par les Pères fondateurs, ou certaines légendes qui contribuèrent à renforcer le potentiel mythique de la création des U.S.A. L"épopée américaine montre bien les modes d"interaction entre histoire et imaginaire : la croyance a une incidence sur le réel car le mythe américain s"est matérialisé progressivement, même s"il s"est dévoyé au fil des siècles. Nous savons, grâce à Paul Veyne que toute histoire est un récit et qu"il n"y a pas de différence entre le sermo mythicus, le récit mythique, le récit du romancier, ou le récit de l"historien. Au moment où l"on réévalue l"importance de cet imaginaire dans le champ historique, il convient d"étudier l"Amérique comme terre des possibles », monde " autre » issu de la vision d"un " autre monde », objectif de la " quête du paradis », pour reprendre le titre de l"ouvrage de C. L. Sanford Mircea Eliade consacrera tout un chapitre à ce sujet dans La Nostalgie des origines (" Utopie et Para- dis ») Nous ne serons pas les premiers à évoquer la "sacra- lisation » de la geste américaine. D. J. Boorstin pense que l"histoire américaine a réalisé à la lettre le discours des Fondateurs et qu"elle a rempli la mission universaliste qu"ils lui avaient confiée

E. L. Tuveson,

étudiant le rôle millénariste de la nation américaine, nation " rédemptrice » (Redeemer Nation ), conclut sur l"aspect apocalyptique » de l"Amérique Selon M. P. Hall, l"Amérique aurait eu une " destinée secrète » (Secret Destiny ) depuis le début des

temps, la " démocratie américaine » ayant été le but d"un " Plan Retrouver ce titre sur Numilog.com

universel » mis en œuvre par une confrérie d"initiés, " l"Ordre de la

Quête Dans

The Occult Conspiracy, Michael Howard reprendra

la plupart des thèses ésotériques de Hall, y ajoutant nombre de données historiques importantes Jean Delumeau, dans son

Histoire du

Paradis en deux tomes, consacre tout un chapitre au millénarisme en Amérique du Nord, démontrant que l"espoir des

Puritains

de faire de celle-ci le centre du royaume du Christ a été l"une des composantes de l"identité américaine Enfin, Elise

Marienstras,

par son recensement des " mythes fondateurs de la nation américaine », montre bien la volonté des Fondateurs de

recréer » un monde en Amérique, sous l"égide de la Providence, en abolissant le temps historique De toutes ces études se dégage un élément fondamental : l"Amérique est " fille des croyances », d"abord celle des visionnaires et des utopistes, puis celle des colons puritains, convaincus d"être les " élus », précurseurs d"une vague sectaire qui ne se dément pas, encore aujourd"hui. " Les États-Unis sous le poids de Dieu », comme l"écrit Isabelle Richet Notes 1. En 1974, 69 % des Américains déclaraient croire en Dieu et 48 % au Diable. Mais

depuis, les proportions de croyants sont encore en hausse aux U.S.A. En 1988, 92 % des habitants s"y déclarent liés de quelque manière à une Église constituée. En 1991, 94 % des Américains croient en Dieu (Voir M. Rezé et

R.

Bowen, Introduction à la vie américaine, Masson, Paris, 1991, p. 98). En 1994, 58 % des Américains affirment ressentir un besoin de " croissance spiri- tuelle », tandis qu"un tiers d"entre eux prétendent avoir connu une " expérience mystique ou religieuse ». En outre, 20 % ont connu une " révélation divine » en 1993 et 13 % ont " vu ou ressenti la présence d"un ange » ( Time, 3-4 nov. 1994, p. 40). 2. E. Behr, Une Amérique qui fait peur, Plon, Paris, 1995. 3. L"inventeur de la notion de " nouveau monde » est Peter Martyr, qui présenta Colomb dès 1493, dans une lettre au cardinal Sforza, comme " Repertor ille novi orbis » (H. Sudhoff, La Découverte de l"Amérique aux temps bibliques, Éd. du Rocher, 1994, p. 51).

4.

E. Marienstras, Wounded Knee ou l"Amérique fin de siècle, Éd. Complexe, Paris, 1992, p. 222. Retrouver ce titre sur Numilog.com

5. Jacques de Mahieu voit dans ces croix un lien avec l"Ordre des Templiers ; il suppose que les chevaliers se rendirent souvent d"Europe en Amérique du Sud pour y acquérir de l"argent, dont l"ordre disposa en quantités surprenantes au cours du Moyen Âge (Voir J. de Mahieu, Les Templiers en Amérique, J"ai Lu, n° 2137, Paris, 1989).

6.

Contre 1 420 400 presque cent ans plus tard (1986). On parle cependant depuis les années soixante d"une " renaissance » indienne. (L"Etat des États-Unis, p. 91)

7.

Samivel, L"Or des temps, Arthaud, Paris, 1987, p. 243. 8. Jean-Charles Pichon, auteur notamment de L"Homme et les Dieux (Maison- neuve, Ste Ruffine, rééd. 1986) et d"une Histoire universelle des sectes et des socié-

tés

secrètes (Lucien Souny, Limoges, rééd. 1994, 2 vol. ), a donné une conférence sur le thème : " La naissance ésotérique des États-Unis. »

9.

Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, Seuil, Paris, 1983. 10. C. L. Sanford, The Quest for Paradise, University of Illinois Press, Urbana, 1961.

11.

M. Eliade, La Nostalgie des origines, Folio, Gallimard, 1969 (réed. 1991). 12. D. J. Boorstin, The Genius of American Politics, Chicago, 1953. 13. E. L. Tuveson, Redeemer Nation, University of Chicago Press, 1968. 14. M. P. Hall, The Secret Destiny of America, Philosophical Research Society, Los Angeles, 1951.

15. M. Howard, The Occult Conspiracy, Destiny Books, Rochester, Vermont, 1989. 16.

J. Delumeau, Histoire du Paradis, vol. 1, Fayard, Paris, 1993 ; Histoire du Paradis, Mille ans de bonheur, vol. 2, Fayard, 1995.

17.

E. Marienstras, Les Mythes fondateurs de la nation américaine, Éd. Complexe, Paris, 1992. (Les citations d"E. Marienstras dans le corps de l"ou-

vrage renvoient

à cette étude.) 18. I. Richet, " Les États-Unis sous le poids de Dieu », Libération, 18-01-95. Retrouver ce titre sur Numilog.com

PREMIÈRE PARTIE

L"INVENTION DE

L"AMÉRIQUE Retrouver ce titre sur Numilog.com

hommes » américaine laisse augurer un " paradis sur terre » auquel aspirent les princes de la Renaissance. Les " utopies géographiques », cet élan que l"on trouve à la base des grandes navigations, polarisent l"énergie exploratoire vers l"ouest. Le mythe devient certitude. L"Amérique est une " région désirée avant d"être trouvée », car, " déjà recherchée de tous côtés, avant d"être un fait prouvé, elle est d"abord un pressentiment à la fois scientifique et poétique Ainsi se fait jour une notion fonda- mentale qui sera relayée par les Puritains de la Nouvelle-Angle- terre : la découverte de l"Amérique ne doit rien au hasard, mais tout la Providence. L"Europe la découvre parce qu"elle la requiert.

L"Amérique

est " découverte » au moment opportun. On lit déjà en pointillés le concept de " destin manifeste » qui sera défendu par les Américains au XIX siècle. Paradoxalement, la foi dans le " Nouveau Monde » se fonde sur son côté originel, ou original, offrant une nouvelle source d"images archaïques. L"imagi- naire européen trouve dans cette Terre promise la confirmation de ses chimères : jardin des Hespérides, Âge d"or, Montagne d"argent, Pays de la cannelle, Cité des Césars, Roi blanc, etc. Sur le futur du

Nouveau

Monde se projette la nostalgie collective de l"Ancien, qui voit dans la découverte de l"Amérique la répétition cyclique d"un temps perdu retrouvé. Le voyage peut être un moyen d"élucider les mythes. Au XVII siècle, le père Yves d"Évreux, qui remonte un fleuve du Brésil, rapproche les femmes guerrières des Indiens Tapinambos des

Amazones antiques. On nommera le

fleuve " Amazone », et le savant Humboldt, deux siècles plus tard, se demandera si l"origine du mythe n"est pas l"Amérique. Amérique, terre privilégiée du chassé-croisé entre rêve et réalité... " Les Espagnols, écrit Claude

Lévi-Strauss,

ne sont pas tant allés acquérir des notions nouvelles que vérifier d"anciennes légendes Retrouver ce titre sur Numilog.com Notes

1. J. Delumeau, Histoire du Paradis, vol. 1, Fayard, Paris, 1993, p. 131.

2. L. Fiedler, Le Retour du Peau-Rouge, Seuil, Paris, 1971, p. 32. 3. Dante Alighieri, La Divine Comédie, Éd. de Nesle, Paris, 1979, p. 168. 4. Samivel, L"Or des temps, Arthaud, Paris, 1987, p. 165. 5. En 963, le Viking Ari Marsson est jeté par la tempête sur une côte inconnue, à l"ouest, près du bon Vinland », raconte le Landnamabok, et, en 967, Ullman

Jarl touche terre à Panuco,

dans le golfe du Mexique. Les expéditions norvé- giennes au Vinland auront lieu à partir de l"an 1000 (Voir J. de Mahieu, Les

Templiers

en Amérique, J"ai Lu, n° 2137, Paris, 1989, p. 163-168). 6. J.-P. Bayard, La Légende de Saint Brandan, Guy Trédaniel Éditeur, Paris, 1988,
p. 102 et 210. 7.

J. Delumeau, op. cit., vol. 1, p. 140.

8. Dictionnaire des mythes littéraires, sous la direction de P. Brunel, Éd. du

Rocher,

1988, p. 558.

9. F. Ainsa, " La découverte de l"autre et l"invention de l"utopie », L"Invention de l"Amérique, Europe, n°

756, avril 1992.

10.

E. Floch, cité ibid, p. 48.

11. C. Lévi-Strauss, cité ibid, p. 50. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Chapitre II

L"ÉTRANGE QUÊTE DE

CHRISTOPHE COLOMB

Le cinquième centenaire de la découverte de l"Amérique a été l"occasion de réévaluer Christophe Colomb (1451 [ ?]-1506). Une multitude de livres publiés sur la question, loin d"éclairer le person- nage, semblent avoir brouillé les pistes, ravivant les polémiques à propos de la nationalité de Colomb, sa véritable identité, ses

étranges

croyances et la motivation profonde de ses quatre voyages. Chez Colomb, tout paraît appeler le mythe : le flou de ses origines, sa vie pareille à un parcours initiatique, sa destinée mysté- rieuse. Ajoutons à cela le paradoxe de sa " découverte » - qui n"en fut pas une - et l"ingratitude de l"histoire qui fit que l"Amérique porte le

nom de son rival : Amerigo Vespucci Colomb, enfin, indissolublement lié à sa " découverte » de 1492, est tout entier un

symbole pour l"histoire de l"Occident, celui de la naissance des temps modernes et de la colonisation ; comme si l"homme Colomb

était

dématérialisé au profit d"un statut, certes mythique, mais ambigu.

La biographie

incomplète de Colomb a donné naissance à des thèses contradictoires. Pas moins de quatorze pays se disputent son berceau originel. On fait de l"aventurier un juif secret ou un pur catholique, un illuminé ou un fin politique, un millénariste ou un réaliste. On ignore enfin jusqu"à l"emplacement de sa tombe. Homme à facettes multiples, Christophe Colomb est avant tout un érudit et un homme de croyance, à la frontière de deux temps et de deux mondes. Dès son arrivée au Portugal, en 1476, Colomb est saisi par le problème de la possibilité d"atteindre l"est par l"ouest. Il fallait fonder ce projet, écrit Michel Lequenne, " sur l"acquisition Retrouver ce titre sur Numilog.com de tout le savoir hérité de l"Antiquité, via les Arabes et les Byzan- tins, et tant bien que mal enrichi par les clercs et les livres des voya- geurs modernes Le livre de chevet de Colomb est l"Ymago Mundi (1480) de Pierre d"Ailly. Les commentaires ajoutés en marge par Colomb indiquent les buts de son voyage : " Le Paradis terrestre est l"endroit le plus agréable de l"Orient éloigné par terre et par mer de notre monde habitable [...]. Une partie de notre terre habitable se termine au soleil levant par une terre inconnue. Au midi par une terre inconnue. Au couchant par une terre incon- ue

Colomb

ne sera pas le seul à ressentir cet éblouissement de l"Éden matérialisé. Amerigo

Vespucci, évoquant la nature sud-

américaine (1499-1502), affirmera: "En moi-même, je pensais

être

près du Paradis terrestre » La description édénique de

Vespucci dans

son Mundus Novus, véritable best-seller de 1503, inspirera deux textes importants : l"essai de Montaigne sur " les

Cannibales

» et l"Utopie de More. Le premier historien de l"Amé- rique, Pierre Martire d"Anghiera, parlera de " terre élyséenne » pour décrire le Venezuela actuel, et un religieux, Rui Pereira, écrira en 1560
: " S"il existe un paradis sur terre, je dirai qu"il se trouve main- tenant au Brésil » L"Amérique intertropicale, par ses fruits excep- tionnels (les " fruits de la passion », au nom mythique), ses oiseaux de paradis » (perroquets), ses pierres précieuses (l"éme- raude, symbole de vie éternelle), évoque une terre bénie, antérieure au péché originel. Les Indiens eux-mêmes sont dotés d"une longé- vité quasi biblique, vivant dans un " état d"innocence » adamique. C"estoit un monde enfant », écrira Montaigne. Au milieu du XVII siècle, Antonio de León Pinelo placera lui aussi le paradis terrestre en Amérique, rapprochant, comme Colomb, les grands fleuves sud-américains des quatre fleuves de la Genèse.

Les premières lettres

de Colomb décriront la bonté naturelle des habitants de ce paradis qui ignore convoitise et propriété privée. En 1584,
les colons envoyés par Sir Walter Raleigh en Caroline du Nord trouveront que le pays est " le plus salubre qui se puisse trou- ver au monde », avec des indigènes " qui vivent encore comme l"on vivait à l"âge d"or Plus tard, ce thème donnera naissance au mythe du " bon sauvage », la beauté physique et la nudité adamique des

Indiens

devant aller de pair avec une nature pure et innocente. Retrouver ce titre sur Numilog.com mythe sans l"oblitérer. Nostalgie et réforme s"allient, prônant l"éla- boration d"une société égalitaire. Dans cette Terre promise à l"ouest, l"homme succombe à la tentation démiurgique : il veut bâtir de ses mains la cité de Dieu, loin de l"Europe corrompue.

L"utopie

a beau se situer nulle part (" U-topos »), elle répond à un ailleurs bien réel qui commence à s"affirmer comme le labora- toire privilégié des pionniers de demain. A la lecture de l"Utopie de More, on est déjà frappé par les étranges similarités du monde rêvé par l"auteur avec l"Amérique d"aujourd"hui. Il s"agit pour celui-ci d"organiser le plan d"une vie sociale nouvelle, imaginé par Platon quinze siècles plus tôt.

L"éducation

est publique, les croyances sont respectées, la justice prévaut, la

religion sanctionne la morale, glorifie la science et s"identifie avec elle. On vénère la fraternité, l"amour de l"ordre et du

travail, le dévouement à la patrie, le mépris du luxe. L"utopien, modeste dans sa vie privée, insolemment fier de la supériorité de son pays et dédaigneux des autres nations - ce qui ne l"empêche pas d"être l"arbitre des continents qui l"avoisinent - préfigure déjà l"Américain de demain, oscillant entre simplicité, chauvinisme et impérialisme. L"utopien, comme le fera l"Américain, asservit une population indigène pour asseoir son pouvoir : " Le conquérant eut assez de génie pour humaniser une population grossière et sauvage, et pour en former un peuple qui surpasse aujourd"hui tous les autres en civilisation. » Sur l"île s"étendent cinquante-quatre villes bâties sur le même plan géométrique, caractéristique de l"immense majorité des futures villes américaines. Un monde nouveau est déjà en friche intellectuelle, fondé sur l"éducation,

la liberté de culte, la raison et la justice. Les " utopies chrétiennes-sociales » du XVI siècle rêvent d"un monde idéal trans-

posé sur le territoire américain. Le premier évêque de Mexico, Juan de Zumarraga, amène dans ses bagages l"Utopie de More, en 1528. Ce franciscain est convaincu que la découverte du Pérou annonce la fin prochaine de l"histoire. Pour son ami l"évêque Vasco de

Quiroga,

la Divine Providence a permis la découverte du Nouveau

Monde pour

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