publique, prévue à l'article 281 du code pénal et l'excès de pouvoir et dans Convention des Nations Unies contre la corruption adoptée le 31 octobre Spector, « Montesquieu ou les infortunes de la vertu », Esprit, février 2014, n°402 , p mais la Cour de Cassation avait, dans un premier temps, rejeté cette hypothèse en
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de le remplacer à l‟ouverture d‟un colloque franco-italien sur les archives Si on ajoute ceux qui résident En 1737, les deux chambres deviennent trois : deux pour le civil et une pour le A partir du 16 octobre 1792, le duché d‟Aoste, qui de la cour de cassation démontraient que le sénat avait perdu son rang de
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AVERTISSEMENT
Ce document est le fruit d"un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l"ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l"auteur : ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l"utilisation de ce document. D"autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite de ce travail expose à des poursuites pénales.Contact :
portail-publi@ut-capitole.fr LIENS Code la Propriété Intellectuelle - Articles L. 122-4 et L. 335-1 àL. 335-10
Loi n°92-597 du 1er juillet 1992, publiée au Journal Officiel du 2 juillet 1992 &OWVFEFMPCUFOUJPOEV %0$503"5%&-6/*7&34*5²%&506-064& 5JUSF ²DPMF EPDUPSBMF et discipline ou spécialité %JSFDUFVSUSJDFTEF¾ÒTF
Jury :
5)µ4&
leUniversité Toulouse 1 Capitole (UT1 Capitole)
Louise PORTAS
09 mars 2015
Les pratiques corruptrices dans les échanges économiques internationaux :Etude comparative France - Vietnam
ED SJP : Droit
Centre de Droit des Affaires
Chantal CUTAJAR, Maître de Conférences, Université de Strasbourg, Rapporteur Corinne MASCALA, Professeur des Universités, Université Toulouse 1 - Capitole, Directrice de thèse Reynald OTTENHOF, Professeur Emérite des Universités, Université de Nantes, Rapporteur Gabriel ROUJOU DE BOUBEE, Professeur Emérite des Universités, Université Toulouse 1 - CapitoleCorinne MASCALA, Professeur des Universités, Université Toulouse 1 - Capitole L"université n"entend ni approuver ni désapprouver les opinions particulières du candidat.REMERCIEMENTS
Je tiens d"abord à exprimer ma profonde gratitude à Madame le Professeur Corinne Mascala pourm"avoir fait l"immense honneur d"avoir dirigé cette thèse. Sa compréhension, la qualité de son écoute
et de ses suggestions m"ont permis d"avancer avec persévérance et motivation. Ce travail n"aurait
jamais pu aboutir sans son soutien et pour cela, je tiens à lui exprimer mon plus grand respect et lui
adresser toute ma reconnaissance. A travers ces mots, ce sont également tous les membres du Centre
de Droit des Affaires que je remercie pour m"avoir si bien accueillie pendant toutes ces années.Je voudrais ensuite remercier Monsieur le Professeur Gabriel Roujou de Boubée. Le soutien qu"il m"a
apporté depuis de très nombreuses années est à l"origine de cette thèse. C"est grâce à la confiance qu"il
a placé en moi et à son appui que j"ai pu me lancer dans l"aventure du doctorat. Je souhaite, par ces
mots, lui témoigner ma profonde reconnaissance. Je le remercie d"avoir accepté de faire partie de mon
jury de thèse. Ma gratitude se tourne également vers Monsieur le Professeur Reynald Ottenhof et vers MadameChantal Cutajar. Leurs expertises m"ont guidé tout au long de ces travaux de recherche et ont inspiré
mes réflexions. C"est un immense honneur pour moi qu"ils aient accepté d"être les rapporteurs de mon
jury de thèse.Je voudrais adresser une pensée spéciale pour Madame Marie-Hélène Gozzi et Monsieur Jean-Paul
Laborde. Ils m"ont accueilli au sein du centre de droit pénal international et d"analyse des conflits puis
au service de prévention du terrorisme à l"Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(ONUDC). Ils m"ont transmis leur passion pour le droit pénal international. Je voudrais leur témoigner
ma profonde admiration pour leur parcours mais aussi pour leur humanité et gentillesse. J"espère être
digne de suivre leurs pas dans le monde du droit pénal international.Ma recherche est aussi redevable à de nombreux acteurs des institutions internationales et autres
professionnels du droit établis au Vietnam, qui m"ont beaucoup aidé pour la compréhension du droit
vietnamien. Je voudrais, à ce titre, adresser plus particulièrement mes remerciements à Monsieur Chris
Batt, regional advisor (AML/CFT) pour l"ONUDC et la Banque Mondiale, Monsieur Nguyen Tuong Dzung, Programme officer, ONUDC Hanoi, Madame Stephanie Chow et Monsieur Conrad Zellmann, membres de Transparency international et de Toward Transparency au Vietnam ainsi que Monsieur le Professeur Vang Dung, vice-directeur de la division du droit pénal au Ministère de la justice.Parce que mes recherches menées depuis le Vietnam et, plus généralement ma vie là-bas, n"auraient
été rien sans eux, je souhaite adresser mes remerciements à mes amis et anciens collègues vietnamiens,
en particulier à Monsieur Truong Quang Dzung qui m"a beaucoup aidé dans mes recherches. Enfin mes remerciements s"adressent chaleureusement à tous mes proches en France. A ma mère,d"abord, pour son soutien et son amour inconditionnels. A mon père, ensuite, pour sa présence
affectueuse. Tous deux m"ont toujours soutenue dans tous mes projets même ceux qui m"ont conduit à
des milliers de kilomètres d"eux. Enfin à tous mes amis, en particulier à Jean-François, Delphine,
Annie, Virginie et Stéphane-Laure pour leur soutien moral et leur aide à tous les niveaux.SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS --------------------------------------------------- I INTRODUCTION: -------------------------------------------------------------- 1PARTIE 1 : L"APPREHENSION DES PRATIQUES
CORRUPTRICES PAR LE DROIT PENAL ------------------------- 23 TITRE 1 : L"étendue du dispositif répressif applicable aux pratiques corruptrices ----- 27 Chapitre 1 : L"existence d"infractions spécifiques : les délits de corruption ---------- 29 Chapitre 2: L"incrimination des pratiques associées à la corruption ------------------- 95 TITRE 2 : La difficulté de mise en oeuvre des mesures de sanctions ----------------------- 161 Chapitre 1 : Les obstacles relatifs au déclenchement des poursuites ----------------- 163 Chapitre 2 : Les entraves à la condamnation effective et dissuasive des auteurs decorruption ----------------------------------------------------------------------------------------- 223
PARTIE 2 : LA MISE EN PLACE DE DISPOSITIFS VISANT A PREVENIRLES PRATIQUES CORRUPTRICES
---------------------------------------- 275 TITRE 1: Les mesures purement préventives -------------------------------------------------- 277 Chapitre 1 : La prévention des pratiques corruptrices dans le secteur public ----- 279 Chapitre 2 : La prévention des pratiques corruptrices dans le secteur privé ------- 347 TITRE 2: les mesures dissuasives des pratiques corruptrices ------------------------------- 391 Chapitre 1 : L"internationalisation de la lutte contre la corruption ------------------ 393 Chapitre 2 : L"intensification de la lutte contre le blanchiment comme mesuredissuasive de la corruption --------------------------------------------------------------------- 453
CONCLUSION --------------------------------------------------------------- 503 BIBLIOGRAPHIE ------------------------------------------------------------ 507 INDEX ------------------------------------------------------------------------ 563 TABLE DES MATIERES ----------------------------------------------- 577 iLISTE DES ABREVIATIONS
AFD : Agence française de développement
AGNU : Assemblée Générale des Nations Unies AGRASC : Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués AIDP : Association internationale de droit pénal AJDA : Actualité juridique de droit administratif AJ Pénal : Actualité juridique de droit pénalAl. : Alinéa
AmCham Vietnam : American chamber of commerce in VietnamAMF : Autorité des marchés financiers
AMLIC : Antimoney laundering information center
A.N : Assemblée Nationale
APEC : Coopération Economique pour l"Asie PacifiqueAPG : Asian Pacific Group
Art. : article
ASEAN : Association des Nations d"Asie du Sud Est
Ass. : Assemblée
BAD : Banque Asiatique de Développement
BCLC : Brigade centrale de lutte contre la corruptionBEV : Banque d"Etat du Vietnam
Bull. : Bulletin de la Cour de Cassation
CAA : Cour administrative d"appel
Cass. Civ : Cour de Cassation, Chambre civile
Cass. Com : Cour de Cassation, Chambre commerciale ii Cass. Crim. : Cour de Cassation, Chambre criminelleC. Cass : Cour de Cassation
C. Constit. : Conseil Constitutionnel
CCIFV : Chambre de commerce et de l"industrie française du Vietnam CCIV : Chambre de commerce et d"industrie vietnamienneCEDH : Cour européenne des droits de l"Homme
C. Elec. : Code électoral
CESDH : Convention européenne de sauvegarde des droits de l"Homme et des libertés fondamentalesCf : Confère
CGI : Code général des impôts
Ch. Mixte : Chambre Mixte
Chr. : Chronique
CIJ : Cour Internationale de Justice
CJCE : Cour de justice des Communautés EuropéennesCJUE : Cour de justice de l"Union Européenne
CLC : Comité de lutte contre la corruption
C. Marchés pb. : Code des marchés publics.
CMF : Code monétaire et financier
CNIL : Commission nationale informatique et libertésColl. : Collection
Comm. : Commentaire
Contra : Solution contraire
C. Pén : Code pénal
C. Pén. Vn / CPVn : Code pénal vietnamien
iiiCPI : Cour pénale internationale
C. Pr. Pén : Code de procédure pénale
C. Pr. Pén. Vn/CPPVn : Code de procédure pénale vietnamienCTO : Criminalité transnationale organisée
CRF : Cellule de renseignement financier
CSC : Confiscation sans condamnation préalable
CSNU : Conseil de Sécurité des Nations UniesDalloz : Recueil Dalloz
DDHC : Déclaration des droits de l"Homme et du citoyen (1789)Fasc. : fascicule
FATCA : Foreign account tax and compliance act
FCPA : Foreign corrupt practices act
FICOBA : Ficher des comptes bancaires
FNP : Front national de la patrie
FPJ : Plateforme relative aux paradis fiscaux et judiciairesGAFI : Groupe d"action financière
GAV : Garde à vue
GRECO : Groupe d"Etats contre la Corruption
G20 : Groupe des vingt
HATVP : Haute autorité pour la transparence de la vie publique ICIJ : Consortium International de journalistes d"investigationIn : Dans
In fine : A la fin
Infra : ci-dessous
IPC : Indice de perception de la corruption
iv ITBI : Integrity and transparency in business initiativeJCL : Jurisclasseur
JCP : La semaine juridique
JIRS : Juridiction interrégionale spécialiséeJLD : Juge des libertés et de la détention
JOCE : Journal officiel des Communautés Européennes JORF : Journal officiel de la République FrançaiseJOUE : Journal officiel de l"Union Européenne
KYC : Know your customer
La Doc. Fr. : La documentation française
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de JurisprudenceMDVF : Maison du droit vietnamo-française
MEDEF : Mouvement des entreprises de France
MPI : Ministère vietnamien du Plan et de l"investissement n° : numéroNBP : Note de bas de page
NPI : Nouveaux pays industrialisés
OCDE : Organisation de coopération et de développement économique OCRGDF : Office central de la répression de la grande délinquance financièreObs. : osbervations
OEA : Organisation des Etats Américains.
OIF : Organisation internationale de la francophonieOLAF : Organisme de lutte anti-fraude
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONG : Organisation non gouvernementale
vONU : Organisation des Nations Unies
ONUDC : Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le développement industrielOp. cit. : opere citao (déjà cité)
Ord. : Ordonnance
p. : PagePan. : Panorama
PIAC : Plateforme d"identification des avoirs criminelsPCI : Pacific Group International
PCV : Parti Communiste Vietnamien
PPE : Personne politiquement exposée
PUF : Presse universitaire de France
Quantum : Montant
QPC : Question prioritaire de constitutionalitéRev. : Revue
RFDA : Revue française de droit administratif
RIDP : Revue internationale de droit pénal
RTD civ : Revue trimestrielle de droit civil
RTD com : Revue trimestrielle de droit commercial
Rub. : Rubrique
RSC : Revue de science criminelle
s. : Suivant SCPC : Service central de prévention de la corruptionSTAR : Stolen asset recovery initiative
Supra : ci-dessus
vi t. : TomeT. Corr : Tribunal Correctionnel
TGI : Tribunal de Grande Instance
TI France : Transparency international France
TJN : Tax justice network
TPIY : Tribunal Pénal international pour l"Ex-yougoslavie TRACFIN : Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestinsTSL : Tribunal Spécial pour le Liban
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UNCAC : Convention des Nations Unies contre la corruptionV° : Voir le mot
VND : Vietnam Dong
Vol. : Volume
1INTRODUCTION:
" C"est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il
va jusqu"à ce qu"il trouve des limites »Montesquieu, De l"esprit des Lois, XI, 4.
1. Le pouvoir ! Un si petit mot pour tant de signification dans l"esprit de nombre d"êtres
humains. Le terme désigne la faculté qui met une personne en état d"agir. La notion se réfère à
celle de puissance et d"autorité. Si le pouvoir peut désigner une fonction, comme la puissancepolitique par exemple, le terme revêt également une dimension psychologique : avoir du
pouvoir c"est avoir la capacité d"agir, de prendre une décision, de faire un acte ou de donner le
droit à quelqu"un d"agir1. En d"autres termes, avoir du pouvoir c"est être puissant.
Mais avoir du pouvoir ne signifie pas seulement être tout puissant. Toute personne, dans lecadre de sa profession, peut en avoir dès lors qu"elle a la possibilité de prendre directement un
acte ou une décision. En d"autres termes, avoir du pouvoir c"est avoir un contrôle, même defaible intensité, sur un processus décisionnel. Or, comme le résume très bien la phrase de
Montesquieu citée en exergue, toute personne qui se trouve investie de quelconque forme depouvoir détient également la possibilité d"en abuser. Et cette constatation concerne toutes les
formes de pouvoir : de la plus infime possibilité d"agir directement au plus haut degré
hiérarchique de décision.2. Toute forme d"autorité, même au plus haut niveau, dispose, en effet, de limites que son
détenteur se doit de ne pas outrepasser. Malgré sa position, il reste soumis à certaines règles
posées par la loi ou par l"institution dans laquelle il exerce ses fonctions. Par conséquent,lorsque le détenteur cède à la tentation de dépasser le cadre de ses prérogatives, il commet un
abus de pouvoir. Les manifestations d"un tel abus sont aussi nombreuses et variées qu"il existe de formes depouvoirs. Certaines sont rattachées à la notion d"abus d"autorité. En droit civil, ce terme
s"entend d"une " contrainte morale, prenant appui sur une autorité de fait ou de droit,
exercée sur une personne, pour l"amener à accomplir un acte juridique ou non »2. En droit
pénal, certaines formes d"abus d"autorité sont incriminées, en particulier lorsque ladite
autorité est conférée par les fonctions. Un supérieur abuse ainsi de ses fonctions lorsqu"il
commet des actes tels qu"un harcèlement, moral ou sexuel, envers ses subordonnés, lorsqu"iloffre un taux de rémunération bien en deçà du salaire minimum légal ou encore, lorsqu"il
offre des conditions de travail ou d"hébergement incompatibles avec la dignité de la personne. On retrouve certaines formes d"abus d"autorité dans le code du travail, comme l"interdiction de licencier un salarié sans motif valable3. L"abus d"autorité est aussi incriminé en dehors du
cadre strict des fonctions. Nous pouvons citer, à ce titre, l"infraction rendue célèbre par
l"actualité récente : l"abus de faiblesse.1 A.Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 2010, p. 1737.
2 S. Guinchard et T. Debard, Lexique des termes juridiques, Dalloz, 22ème édition, 2014-2015, p. 4.
3 C. du travail, art. 1232-1 : Tout licenciement doit être justifié par une cause réelle et sérieuse.
2D"autres formes d"abus de pouvoir existent également en dehors de toute contrainte. Par
exemple, un dirigeant qui parvient à se faire octroyer une rémunération excessive après avoir
délibérément choisi des membres du conseil d"administration lui étant favorables, commet un
abus de pouvoir4, lui-même constitutif d"un abus de biens sociaux5.
Une entreprise peut, elle aussi dans un certain sens, commettre des abus de pouvoir. Il peut s"agir par exemple, du fait pour l"entité d"abuser de sa position dominante en se servant de sa puissance économique pour adopter certains comportements nocifs 6. Dans la fonction publique, on considère qu"il y a abus de pouvoir lorsque son détenteur, qui l"a reçu en délégation, le détourne à des fins privées7. En d"autres termes, l"agent public se
doit d"agir dans l"intérêt exclusif de son organisme. On considère alors qu"il commet un abus
de pouvoir lorsqu"il s"en détourne et poursuit son intérêt personnel en outrepassant le cadre de
ses fonctions. Une fois de plus, le code pénal français incrimine ces agissements et les qualifie
d"abus d"autorité. Le code distingue les abus dirigés contre l"administration8 de ceux commis
contre les particuliers9. Le droit pénal vietnamien, quant à lui, prévoit deux infractions
relatives à l"abus de pouvoir : l"usage abusif de pouvoir dans l"exercice d"une fonction
publique, prévue à l"article 281 du code pénal et l"excès de pouvoir et dans l"exercice d"une
fonction publique, prévue à l"article 282 du même code.3. De très nombreuses formes d"abus de pouvoir sont donc condamnées par les systèmes
nationaux. Elles délimitent le cadre dans lequel l"autorité doit s"exercer. Mais si l"abus depouvoir est si encadré, en priorité dans la fonction publique, c"est que parmi toutes ses
manifestations possibles, il ouvre également la voie vers la possibilité, pour son détenteur, de
commettre des actes de corruption. Et la communauté internationale ne s"y trompe pas. La Convention des Nations Unies contre la corruption adoptée le 31 octobre 2003, dite Convention de Mérida, incrimine avant tout le fait " pour un agent public d"abuser de ses fonctions ou de son poste, c"est-à-dire d"accomplir ou de s"abstenir d"accomplir, dans l"exercice de ses fonctions, un acte en violation des lois afin d"obtenir un avantage indu pour lui-même ou pour une autre personne ou entité » 10.4. La corruption est un phénomène ancien et récurent. L"interdiction de corrompre ou d"être
corrompu ne date pas de nos droits pénaux modernes. Les oeuvres de Platon, Aristote et deCicéron témoignent déjà de l"existence d"une certaine forme de corruption à leur époque
11. Comme l"expliquent ces " témoins » de la Rome antique, il était interdit aux romains quisouhaitaient être candidats à des élections, de " blanchir leurs toges pour mieux séduire le
peuple »12. Mais si le terme est ancien, ses manifestations ne cessent de se développer.
La corruption n"a eu de cesse de s"internationaliser et de se privatiser de sorte qu"elle estaujourd"hui considérée comme un phénomène complexe, protéiforme et évolutif (§1). Par
conséquent, dans cette étude, le terme de pratiques corruptrices a été préféré à celui de
corruption. Il apparaît, en effet, plus adapté au contexte internationalisé dans lequels ces
pratiques se manifestent aujourd"hui (§2). Or la lutte contre les pratiques corruptrices à
4 Voir en ce sens, B. Bouloc, " Un exemple d"abus de pouvoir du président quant à la fixation de sa rémunération », AJ Pénal, 2012, p. 540.
5Voir infra n°312
6S. Guinchard et T. Debard, Lexique des termes juridiques, op. cit., p. 5 et 7.
7C. Spector, " Montesquieu ou les infortunes de la vertu », Esprit, février 2014, n°402, p. 31.
8 C. Pén, art. 432-1 à 432-3.
9 C. Pén, art. 432-4 et s.
10ONUDC, " Convention des Nations Unies contre la corruption », 31 octobre 2003, AGNU, Rés. 58/4.
11Cf en ce sens, A. - F. Zaher, " Le blanchiment de l"argent et la recherche des produits de l"infraction », Thèse, Université de Nantes, 2001,
p. 22.12C. Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome Républicaine, Gallimard, coll. Bibliothèque des Histoires, 1976, p. 402.
3l"échelle supranationale fait montre d"une grande complexité, illustrée par cette étude
comparative (§3). §1 : La corruption, un phénomène complexe, proteiforme et evolutif5. Tout le monde s"accorde à reconnaître, et depuis toujours, que le phénomène de corruption
est un fléau. Mais il s"agit d"un fléau difficile à appréhender tant ses manifestations peuvent
être variées. Or il paraît bien vain de prétendre vouloir éradiquer " d"un trait » la corruption
" dont les formes se renouvellent sans cesse » sans en comprendre les mécanismes 13.6. Aux yeux du simple citoyen, un système corrompu est un système dans lequel les
" puissants » cessent de poursuivre l"intérêt de la collectivité pour ne s"intéresser qu"à leurs
intérêts personnels. Le phénomène de corruption est donc classiquement envisagé du côté de
la puissance publique et politique. On parle d"homme politique corrompu ou de fonctionnaire corrompu, synonyme de malhonnête et de " véreux ». Dans le langage courant, cette vision du phénomène est souvent représentée par le fameux adage du " tous pourris ».En ce sens, la corruption se pose sans surprise comme l"envers absolu des sociétés
démocratiques. Considéré comme l"envers des " droits de l"homme » et de l"Etat de droit, ce
phénomène est porteur de discriminations et d"inégalités tendant à anéantir toutes les valeurs
fondamentales de cette forme de gouvernement qu"est la démocratie 14.7. Le danger n"est toutefois pas réservé à cette seule forme de gouvernement. La notion de
démocratie est souvent associée à celle de société moderne. Elle se pose en synonyme de
république15, dans laquelle les citoyens possèdent un droit de participation et un droit de
contestation à l"égard du pouvoir16. Si la corruption anéantit, bien sûr, ces principes, elle
touche également les autres formes de gouvernement, qu"il s"agisse des démocraties populaires ou même des monarchies. Montesquieu l"affirmait déjà. Quel que soit le régimepolitique de départ, la corruption mène au pire régime : le despotisme où " l"homme est une
créature qui obéit à qui le veut, où la nature humaines subit des " maux infinis » »
17.8. Mais, le danger n"est plus réservé aux seuls principes gouvernementaux d"intégrité et de
probité. Il apparaît que " la corruption frappe aussi les droits économiques et sociaux »
18.Puisque la corruption apparaît comme l"une des manifestations de l"abus de pouvoir, ses
formes sont tout aussi variées et là où il y a du pouvoir, il existe un risque de corruption. Par
conséquent, si la corruption a longtemps été considérée comme un fléau uniquement pour le
secteur public, la situation a évolué. Par le développement des relations économiques, du
pouvoir décisionnel du secteur privé, le phénomène s"est " privatisé » et le fléau s"est répandu
sur les économies. Par conséquent, la conception de la corruption doit s"extraire son carcan traditionnel qu"est le secteur public et la puissance politique. Le risque existe dans toutes les sphères et lorsque lephénomène touche le secteur privé, notamment dans le cadre des relations commerciales, il se
présente comme l"envers de la concurrence et de la liberté d"accès aux marchés. Ce n"est plus
13 A. Mignon Colombet, " L"anticorruption est-elle l"avenir du monde ? », JCP G, 2014, n°51, 1298, p. 2302.
14M. Delmas-Marty et S. Manacorda, " La corruption : un défi pour l"Etat de droit et la société démocratique », RSC, 1997, p. 696.
15E. Genouvrier, C. Désirat et T. Hordé, Dictionnaire des synonymes, Larousse, 2012, p. 224.
16S. Guinchard et T. Debard, Lexique des termes juridiques, op. cit., p. 336.
17Montesquieu, " Mes pensées » ; in Mes pensées et le Spicilège, Robert Laffont, 1991, n°1893.
18M. Delmas-Marty et S. Manacorda, " La corruption : un défi pour l"Etat de droit et la société démocratique », op. cit.
4 simplement le fonctionnement régulier des administrations qui est menacé19, la corruption fausse aussi les conditions de la concurrence, notamment ses conditions internationales 20.9. En d"autres termes, le risque de corruption a toujours existé, à toutes les époques, et dans
tous les secteurs. La seule différence qui subsistait, et qui subsiste encore dans certains
systèmes, réside dans la conception que l"être humain s"est fait de cette notion. Si la
corruption dans la sphère publique et politique est unanimement condamnée, en tant que
conception " classique » du phénomène, on constate qu"il est encore difficile de concevoir et
réprimer la corruption dans le secteur privé, et plus particulièrement dans le cadre des
quotesdbs_dbs20.pdfusesText_26