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Perspectives culturelles Transformation de la France Charles Baudelaire Les Fleurs du mal (1861) Petits poèmes en prose – Le Spleen de Paris (1869)



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Au nom de la liberté – Poèmes de la Résistance (anthologie) Guignon » ( section « Spleen et Idéal » des Fleurs du mal), comme s'il poésie française



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Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Spleen et Idéal », 1857 1 Il s'agit de ce qu'on appelle le sonnet français, construit sur le schéma de rimes abba, abba,



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pour Les Fleurs du Mal par Charles Baudelaire, Baudelaire: p spleen » et l' « idéal » qui me fascine le plus, la forme très rigide et parfaitement de la littérature française pour apprendre à connaître sa vie, ses expériences personnelles



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Découvrir la singularité du lyrisme de Baudelaire dans les Fleurs du mal Georges POMPIDOU (Anthologie de la Poésie française, 1961) : « Lorsqu'un poème ou En revanche, « l'Albatros » est bien plus marqué par le spleen du poète 



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Dans cette anthologie le thème choisi est : « la mort » ; bien que cela puisse paraître macabre et déplacé Spleen et idéal La structure du Ce sonnet, extrait de l'œuvre de Charles Baudelaire "Les Fleurs du Mal", paru en 1857 français, l'un des principaux chefs de file des jansénistes et un opposant des jésuites au 



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" Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. » (Lénine, 1902, Que faire ?)

Perspectives culturelles

Transformation de la France

Charles Baudelaire

Les Fleurs du mal (1861)

Petits poèmes en prose - Le Spleen de Paris (1869) suivi de Honoré de Balzac - Le Chef-d'oeuvre inconnu (1831) Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste de France

Perspectives culturelles

Présentation

Il existe en France un gigantesque malentendu sur Charles Baudelaire, un malentendu exprimé par

exemple en février 2012 par Marine Le Pen : " Le livre sur ma table de chevet, ce sont les Fleurs du mal

de Baudelaire et je ne suis pas une droguée syphilitique. » Telle est la triste image accordée à Charles

Baudelaire par l'idéologie dominante : il ne serait qu'un demi-fou, consommant du haschisch et de

l'opium, écrivant des poètes hallucinés dont le sens échappe nécessairement, lui-même ne vivant que dans

une grande dépression, une grande détresse.

Une telle vision est, bien entendu, erronée, elle est le fruit d'une reconstruction de la ifigure de Charles

Baudelaire, sans juste compréhension de son époque, de la culture de son époque, de l'idéologie

dominante. En réalité, Charles Baudelaire était particulièrement critique des drogues, sa seule

perspective étant la quête esthétique de l'idéal. Il est souvent présenté comme quelqu'un préifigurant le

symbolisme, cependant il est surtout une grande ifigure du romantisme. S'il fallait déifinir Charles

Baudelaire, alors il faudrait dire : c'est un romantique. Il voit bien que la bourgeoisie qui domine se

moque de l'esthétique, même si certains esprits jouent aux mécènes. Alors il cherche dans les marges une

certaine vérité, à défaut de la rechercher dans le prolétariat - c'est là qu'il est un romantique et non

quelqu'un ayant le même parcours que Karl Marx (né en 1818, Charles Baudelaire étant né en 1821).

Charles Baudelaire explique ainsi que : " Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit

volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis

qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette

bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. »

Cela l'amène d'un côté à l'idéalisme le plus complet, à la croyance d'un monde mystique parallèle -

comme dans " Correspondances », dont le principe est emprunté au mystique suédois Emmanuel

Swedenborg (1688-1772), et dont la conception est expliquée de manière extrêmement approfondie dans

le roman Séraphîta d'Honoré de Balzac, qui est pratiquement une oeuvre de philosophie très avancée,

d'une grande complexité. Parfois, Charles Baudelaire utilise la mise en avant des aspects négatifs pour

souligner la dimension positive - une démarche tout à fait mystique, celle d'une certaine interprétation

de la Kabbale juive, reprise par des courants magico-religieux. C'est particulièrement apparent dans le

poème " Une charogne », où l'on a l'impression fausse que Charles Baudelaire célèbre un cadavre

pourrissant, alors que les derniers vers montrent qu'il célèbre le caractère éternel de la personne, de son

âme, au-delà du corps. Il est vrai qu'ici Charles Baudelaire a, comme on dit, tendu le bâton pour se faire

battre, et son mysticisme le fait aisément passer pour quelqu'un du même ressort que le protagoniste du

roman Le Horla de Guy de Maupassant.

Toutefois, sa situation amène aussi Charles Baudelaire à une critique sociale, au nom du beau, qui tend

nettement à rejoindre les exigences du marxisme. Dans " Le mauvais vitrier », si Charles Baudelaire a

une attitude personnelle préifigurant clairement la posture fasciste, sa critique du vitrier a une résonance

communiste : " Enifin il parut : j'examinai curieusement toutes ses vitres, et je lui dis : " - Comment ?

vous n'avez pas de verres de couleur ? des verres roses, rouges, bleus, des vitres magiques, des vitres de

paradis ? Impudent que vous êtes ! vous osez vous promener dans des quartiers pauvres, et vous n'avez

pas même de vitres qui fassent voir la vie en beau ! » »

Charles Baudelaire est ainsi un véritable romantique, avec deux aspects très prononcés, qui s'expriment

ifinalement dans Les Fleurs du mal particulièrement " esthète » et mystico-religieux, et un Spleen de

Paris qui conifine parfois à un réalisme brillant. En ce sens, Charles Baudelaire présente d'une manière

certaine les contradictions de l'artiste dans la société bourgeoise : la position de l'artiste, qui vit aux

dépens de la bourgeoisie et de son idéalisme mais tente d'aller plus loin et d'être concret, est celle du

peintre de la nouvelle Le Chef-d'oeuvre inconnu d'Honoré de Balzac. Sans doute que pour comprendre

Charles Baudelaire, et tous les romantiques, il faut commencer par cette nouvelle, tout au moins pour

comprendre véritablement leur exigence d'absolu et leur échec idéaliste. Après, on pourra s'interroger sur

la nature de leur mysticisme, justement présenté par Honoré de Balzac dans le roman Séraphîta. Mais ce2222222

Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal

Charles Baudelaire - Petits poèmes en prose (Le Spleen de Paris)

serait ne pas comprendre la double nature des romantiques d'en faire simplement des idéalistes : leur

quête d'absolu contient indéniablement une exigence de vérité dans la réalité sociale.

Table des matières

Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal.....5

AU LECTEUR......................................................5 SPLEEN ET IDÉAL.............................................6 I. BÉNÉDICTION...........................................6 II. L'ALBATROS............................................7 III. ÉLÉVATION.............................................8

IV. CORRESPONDANCES............................8

VI. LES PHARES...........................................9 VII. LA MUSE MALADE...............................9 VIII. LA MUSE VÉNALE............................10 IX. LE MAUVAIS MOINE............................10 X. L'ENNEMI...............................................10 XI. LE GUIGNON.........................................10 XII. LA VIE ANTÉRIEURE........................10

XIII. BOHÉMIENS EN VOYAGE................11

XIV. L'HOMME ET LA MER......................11

XV. DON JUAN AUX ENFERS..................11

XVI. CHÂTIMENT DE L'ORGUEIL...........11

XVII. LA BEAUTÉ.......................................12 XVIII. L'IDÉAL............................................12 XIX. LA GÉANTE........................................12 XX. LE MASQUE.........................................13 XXI. HYMNE À LA BEAUTÉ.....................13

XXII. PARFUM EXOTIQUE.......................14

XXIII. LA CHEVELURE..............................14

XXVI. SED NON SATIATA.........................15

XXVIII. LE SERPENT QUI DANSE...........15

XXIX. UNE CHAROGNE............................16

XXX. DE PROFUNDIS CLAMAVI..............16

XXXI. LE VAMPIRE....................................17

XXXIII. REMORDS POSTHUME...............17

XXXIV. LE CHAT........................................17 XXXV. DUELLUM.......................................18 XXXVI. LE BALCON...................................18 XXXVII. LE POSSÉDÉ................................18

XXXVIII. UN FANTÔME............................19XXIX.............................................................19

XL. SEMPER EADEM.................................20 XLI. TOUT ENTIÈRE..................................20

XLIII. LE FLAMBEAU VIVANT.................20

XLIV. RÉVERSIBILITÉ...............................21 XLV. CONFESSION.....................................21

XLVI. L'AUBE SPIRITUELLE....................22

XLVII. HARMONIE DU SOIR.....................22

XLVIII. LE FLACON....................................22 XLIX. LE POISON.......................................23 L. CIEL BROUILLÉ.....................................23 LI. LE CHAT.................................................23 LII. LE BEAU NAVIRE................................24

LIII. L'INVITATION AU VOYAGE.............24

LIV. L'IRRÉPARABLE................................25 LV. CAUSERIE.............................................25

LVI. CHANT D'AUTOMNE.........................26

LVII. À UNE MADONE...............................26

LVIII. CHANSON D'APRÈS-MIDI..............27

LIX. SISINA..................................................27

LX. FRANCISCAE MEAE LAUDES...............27

LXI. À UNE DAME CRÉOLE.....................28

LXII. MOESTA ET ERRABUNDA..............28

LXIII. LE REVENANT................................29

LXIV. SONNET D'AUTOMNE....................29

LXV. TRISTESSES DE LA LUNE...............29

LXVI. LES CHATS.......................................29 LXVII. LES HIBOUX...................................30 LXVIII. LA PIPE..........................................30 LXIX. LA MUSIQUE....................................30 LXX. SÉPULTURE.......................................30

LXXI. UNE GRAVURE FANTASTIQUE....30

LXXII. LE MORT JOYEUX.........................31

LXXIII. LE TONNEAU DE LA HAINE......31

LXXIV. LA CLOCHE FÊLÉE......................31 LXXV. SPLEEN............................................31 LXXVI. SPLEEN..........................................31 LXXVII. SPLEEN.........................................32 LXXVIII. SPLEEN........................................32 LXXIX. OBSESSION....................................323

Perspectives culturelles

LXXX. LE GOÛT DU NÉANT....................33

LXXXI. ALCHIMIE DE LA DOULEUR......33

LXXXII. HORREUR SYMPATHIQUE........33

LXXXIII. L'HÉAUTONTIMOROUMÉNOS.33

LXXXIV. L'IRRÉMÉDIABLE......................34 LXXXV. L'HORLOGE.................................34 TABLEAUX PARISIENS....................................35 LXXXVI. PAYSAGE.....................................35 LXXXVII. LE SOLEIL..................................35

LXXXVIII. À UNE MENDIANTE ROUSSE

LXXXIX. LE CYGNE...................................36

XC. LES SEPT VIEILLARDS......................37

XCI. LES PETITES VIEILLES....................38

XCII. LES AVEUGLES.................................39 XCIII. À UNE PASSANTE...........................39

XCIV. LE SQUELETTE LABOUREUR......40

XCV. LE CRÉPUSCULE DU SOIR.............40

XCVI. LE JEU..............................................41

XCVII. DANSE MACABRE.........................41

XCVIII. L'AMOUR DU MENSONGE..........42

CI. BRUMES ET PLUIES............................43 CII. RÊVE PARISIEN..................................43

CIII. LE CRÉPUSCULE DU MATIN...........44

LE VIN................................................................44 CIV. L'ÂME DU VIN...................................44

CV. LE VIN DE CHIFFONNIERS...............45

CVI. LE VIN DE L'ASSASSIN.....................45

CVII. LE VIN DU SOLITAIRE....................46

CVIII. LE VIN DES AMANTS.....................46

FLEURS DU MAL..............................................46

CIX. LA DESTRUCTION............................46

CX. UNE MARTYRE...................................47 CXI. FEMMES DAMNÉES..........................47

CXII. LES DEUX BONNES SOEURS...........48

CXIII. LA FONTAINE DE SANG................48

CXIV. ALLÉGORIE.....................................48 CXV. LA BÉATRICE...................................49

CXVI. UN VOYAGE À CYTHÈRE.............49

CXVII. L'AMOUR ET LE CRÂNE..............50

CXVIII. LE RENIEMENT DE SAINT

CXX. LES LITANIES DE SATAN................51PRIÈRE.........................................................52

LA MORT...........................................................52

CXXI. LA MORT DES AMANTS................52

CXXII. LA MORT DES PAUVRES.............52

CXXIII. LA MORT DES ARTISTES...........53

CXXIV. LA FIN DE LA JOURNÉE............53

CXXV. LE RÊVE D'UN CURIEUX.............53

CXXVI. LE VOYAGE...................................53

Les 6 poèmes des Fleurs du mal censurés.56

SPLEEN ET IDÉAL...........................................56 XX. LES BIJOUX.........................................56 XXX. LE LÉTHÉ..........................................56

XXXIX. À CELLE QUI EST TROP GAIE..57

FLEURS DU MAL..............................................57 LXXX. LESBOS............................................57

LXXXI. FEMMES DAMNÉES.....................58

LXXXVII. LES MÉTAMORPHOSES DU

Charles Baudelaire - Petits poèmes en

I. L'ÉTRANGER...........................................61

II. LE DÉSESPOIR DE LA VIEILLE..........61

III. LE CONFITEOR DE L'ARTISTE.........62

IV. UN PLAISANT.......................................62

V. LA CHAMBRE DOUBLE........................62

VI. CHACUN SA CHIMÈRE........................64 VII. LE FOU ET LA VÉNUS.......................64

VIII. LE CHIEN ET LE FLACON...............64

IX. LE MAUVAIS VITRIER.........................65

X. À UNE HEURE DU MATIN...................66

XI. LA FEMME SAUVAGE ET LA PETITE-

XII. LES FOULES.........................................67 XIII. LES VEUVES.......................................68

XIV. LE VIEUX SALTIMBANQUE.............69

XV. LE GÂTEAU.........................................70 XVI. L'HORLOGE........................................71

XVII. UN HÉMISPHÈRE DANS UNE

XVIII. L'INVITATION AU VOYAGE..........72

XIX. LE JOUJOU DU PAUVRE..................74

XX. LES DONS DES FÉES..........................74 XXI. LES TENTATIONS..............................75

XXII. LE CRÉPUSCULE DU SOIR.............77

XXIII. LA SOLITUDE..................................78 XXIV. LES PROJETS..................................784444444

Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal

Charles Baudelaire - Petits poèmes en prose (Le Spleen de Paris)

XXV. LA BELLE DOROTHÉE....................79

XXVI. LES YEUX DES PAUVRES.............80

XXVIII. LA FAUSSE MONNAIE.................83

XXIX. LE JOUEUR GÉNÉREUX................83

XXX. LA CORDE.........................................85 XXXI. LES VOCATIONS.............................87 XXXII. LE THYRSE....................................89 XXXIII. ENIVREZ-VOUS............................89 XXXIV. DÉJÀ !............................................90 XXXV. LES FENÊTRES..............................90

XXXVI. LE DÉSIR DE PEINDRE...............91

XXXVII. LES BIENFAITS DE LA LUNE...91

XXXVIII. LAQUELLE EST LA VRAIE ?...91

XXXIX. UN CHEVAL DE RACE.................92

XL. LE MIROIR............................................92XLI. LE PORT..............................................92

XLII. PORTRAITS DE MAÎTRESSES........93

XLIII. LE GALANT TIREUR......................95

XLIV. LA SOUPE ET LES NUAGES..........95

XLV. LE TIR ET LE CIMETIÈRE..............95

XLVI. PERTE D'AURÉOLE.........................96

XLVII. MADEMOISELLE BISTOURI.........96

XLVIII. ANYWHERE OUT OF THE

XLIX. ASSOMMONS LES PAUVRES !.......98

L. LES BONS CHIENS...............................100

Honoré de Balzac - Le Chef-d'oeuvre

I. Gillette.....................................................102 II. Catherine Lescault..................................111

Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal

(1861, 2e édition)

AU POËTE IMPECCABLE

AU PARFAIT MAGICIEN ÈS LETTRES

FRANÇAISES

A MON TRÈS-CHER ET TRÈS-VÉNÉRÉ

MAÎTRE ET AMI

THÉOPHILE GAUTIER

AVEC LES SENTIMENTS

DE LA PLUS PROFONDE HUMILITÉ

JE DÉDIE

CES FLEURS MALADIVES

C.B.

AU LECTEUR

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,

Occupent nos esprits et travaillent nos corps,

Et nous alimentons nos aimables remords,

Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux,Et nous rentrons gaîment dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste

Qui berce longuement notre esprit enchanté,

Et le riche métal de notre volonté

Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les ifils qui nous remuent ! Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;

Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un

pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange

Le sein martyrisé d'une antique catin,

Nous volons au passage un plaisir clandestin

Que nous pressons bien fort comme une vieille

orange.5

Perspectives culturelles

Serré, fourmillant, comme un million

d'helminthes,

Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,

Et, quand nous respirons, la Mort dans nos

poumons Descend, lfleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,

N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins

Le canevas banal de nos piteux destins,

C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie. Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,

Les monstres glapissants, hurlants, grognants,

rampants,

Dans la ménagerie infâme de nos vices,

II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !

Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands

cris,

Il ferait volontiers de la terre un débris

Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui ! - L'oeil chargé d'un pleur involontaire,

II rêve d'échafauds en fumant son houka.

Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,

- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !

SPLEEN ET IDÉAL

I. BÉNÉDICTION

Lorsque, par un décret des puissances supremes,

Le Poëte apparaît en ce monde ennuyé,

Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes

Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en

pitié : - " Ah ! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,

Plutôt que de nourrir cette dérision !

Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémèresOù mon ventre a conçu mon expiation !

Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes

Pour être le dégoût de mon triste mari,

Et que je ne puis pas rejeter dans les lflammes,

Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable

Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,

Et je tordrai si bien cet arbre misérable,

Qu'il ne pourra pousser ses boutons

empestés ! »

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,

Et, ne comprenant pas les desseins éternels,

Elle-même prépare au fond de la Géhenne

Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,

L'Enfant déshérité s'enivre de soleil

Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il

mange

Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

II joue avec le vent, cause avec le nuage,

Et s'enivre en chantant du chemin de la croix ;

Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage

Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,

Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,

Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,

Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche

Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats ;

Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,

Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses

pas.

Sa femme va criant sur les places publiques :

" Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,

Je ferai le métier des idoles antiques,

Et comme elles je veux me faire redorer ;

Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,

De génulflexions, de viandes et de vins,

Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire6666666

Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal

Charles Baudelaire - Petits poèmes en prose (Le Spleen de Paris)

Usurper en riant les hommages divins !

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,

Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;

Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,

Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui

palpite,

J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,

Et, pour rassasier ma bête favorite

Je le lui jetterai par terre avec dédain ! » Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,

Le Poëte serein lève ses bras pieux

Et les vastes éclairs de son esprit lucide

Lui dérobent l'aspect des peuples furieux :

- " Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la soufffrance

Comme un divin remède à nos impuretés

Et comme la meilleure et la plus pure essence

Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

Je sais que vous gardez une place au Poëte

Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,

Et que vous l'invitez à l'éternelle fête

Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique

Où ne mordront jamais la terre et les enfers,

Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique

Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,

Les métaux inconnus, les perles de la mer,

Par votre main montés, ne pourraient pas suiÌifiÌire

A ce beau diadème éblouissant et clair ;

Car il ne sera fait que de pure lumière,

Puisée au foyer saint des rayons primitifs,

Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur

entière, Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! »

II. L'ALBATROS

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les goufffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes

blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !quotesdbs_dbs8.pdfusesText_14