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UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE- PARIS III
École doctorale de littérature générale et comparée
ED 120
T H È S E de DOCTORAT
présentée et soutenue publiquement le 9 octobre 2009 par
Mademoiselle Titaua Porcher
Pour une typologie de la littérature du
secret :
Mystère et Sens
dans l'oeuvre romanesque de Pierre Jean Jouve.
Directrice de thèse
Madame Sylvie ANDRÉ
JURY
Madame Béatrice Bonhomme
Monsieur Jean Bessière
Monsieur Daniel Leuwers
1
À Maeva, Loïc, Tea et Anuata
2 " En sorte qu'il n'y a pas poésie s'il n'y a pas absolue création, et que, tout autour de cette création comme un nimbe permanent, le mystère doit demeurer. Création et mystère forment le trésor de la Poésie ». (En Miroir. Journal sans date) 3
Abréviations utilisées dans cette
étude
ADP : Apologie du poète
BR : Beau Regard
CC : Aventure de Catherine Crachat
DLAP : Dans les Années profondes
EM : En Miroir
H : " Hécate »
HS : Histoires sanglantes
MC : Matière céleste
MD : Le Monde désert
Mé : Mélodrame
N : Les Noces
ND : Notes et documents
P : Paulina 1880
Pr : Proses
SC : La Scène capitale
SS : Sueur de sang
V : " Vagadu »
Les références de pages renvoient aux OEuvres complètes de Pierre Jean Jouve, Tomes I et II de l'édition du Mercure de France, établie et présentée par Jean Starobinski et publiée en 1987. 4
SOMMAIRE
Introduction
p.7
Première partie
TOPOLOGIE DU MYSTÈRE
A- Les espaces naturels p.25
1- La nature et le sens p.27
2- Nature vive et "numineux" p.36
3- Les lieux d'ombre p.41
4- L'ombre bienfaisante: la "Ténèbre divine" p.49
B- L'être dans l'espace p.53
1- L'être comme source d'espace p.53
2- L'être comme représentation spatiale p.61
3- La terre d'élection: le templum p.66
4- Le templum comme espace oraculaire p.72
Deuxième
partie
L'ÉCRITURE DU MYSTÈRE
A- Les effets de brouillage p.83
1- Au seuil du roman: les titres p.83
5
2- La superposition des codes de lecture p.91
3- L'élision des temps forts et la généralisation de l'asyndète p.96
4- Révélation et ignorance p.102
5- La voix du narrateur p.109
B- La "déréalisation" du récit p.113
1- Récit de rêve, récit rêvé p.113
2- Surréalisme et surréalité p.120
3- Le personnage symbole p.131
4- La "déréalisation" du récit et le mythe de la rencontre amoureuse p.139
5 "Dans les Années profondes", récit fantastique ou récit mythique? p.145
Troisième partie
MYTHES ET
MYSTÈRE
A- Les références mythiques et leur "pouvoir d'irradiation" p.158
1- La beauté de Méduse p.161
a. La
Gorgone
p.161 b. "La mort dans les yeux" p.166 c. Chevelure méduséenne et mystère féminin p.170 d. S. Freud et "das Medusenhaupt" p.174
2- Hécate p.181
a. La déesse des enchantements p.182 b. La "mort dans la vie" p.186 c. La déesse chtonienne p.190
3- Catherine et le Minotaure p.194
a. Ariane p.195 b. La perte de repères spatio-temporels p.199 c. Le Minotaure et la quête p.203
4- Paulina et Jacques de Todi: le reflet de Narcisse p.209
a. La dualité p.210 6 b. La scène du miroir p.213 c. Le désir de soi p.218 d. La quête de l'unité p.222 B- Synthèses. Au coeur du mythe, Eros et Thanatos p.229
1- Pulsion de vie, pulsion de mort p.229
2- La femme et la mort p.235
3 La réversibilité des valeurs symboliques ou la "pensée du chiasme" p.242
Quatrième partie
MYSTÈRE, MYSTIQUE ET
SACRÉ
A-Phénoménologie religieuse p.253
1- Le sacré p.253
2- "Le pur et l'impur" p.257
3- "La violence et le sacré" p.264
B- Poésie et mystique p.271
1- Jacques et Paulina: deux mystiques ou deux poètes? p.271
2- Les symboles de lumière et la déréliction p.279
3- L'art comme figuration de l'absence p.287
a. Portrait de l'artiste en personnages p.287 b. Absence et sublimation p.291
Conclusion
p.298
Bibliographie critique sur l'oeuvre de
Pierre Jean Jouve
p.314
Bibliographie
générale p.325
Index des notions et des
oeuvres de l'auteur p.329 7
Introduction
Le premier contact avec le roman jouvien s'apparente à une violente commotion : une chose obscure, capitale vient de nous être révélée par un mode de transmission qui ne relève pas du rationnel mais qui serait plutôt de l'ordre de la résonance. Une onde de choc nous parvient de cette terre mythique à l'orée du plus intime et de l'universel, qui émerge et s'épanouit en un questionnement. Ce roman nous ouvre des perspectives sans jamais les refermer sur un sens qui viendrait en figer le mouvement : une équivoque demeure comme un point d'orgue, précieusement entretenue par une impulsion qui nous surprend, qui nous effraie même par sa capacité à aller loin au bout d'elle-même. Gaston Bachelard avoue ne pas avoir cessé de trembler en lisant Paulina 1880 : tout y est révélé, mais rien n'y est élucidé. L'auteur n'est là que pour nous permettre de voir et les images restent en suspens, comme une invitation à lire "à rebours " cette oeuvre
énigmatique.
Dès les premières publications, les critiques ont relevé cet au- delà du texte. En 1926, Jean Paulhan écrivait à propos de Paulina
1880 :
8" Paulina n'a cessé d'agir en moi par ce qui en elle n'est pas à
comprendre 1 De fait, aucun mot plus que le mot " mystère » ne paraît correspondre tant à l'auteur, qui se définit comme un " personnage secret », qu'à son oeuvre, reniée pour une partie, et autour de laquelle s'est progressivement formée une aura. L'obsession du mystère qui se manifeste dans l'ensemble de la production littéraire, aussi bien sur le plan thématique que sémiotique ou structurel, apparaît comme une invitation à nous y intéresser. Elle correspond à une perception singulière des choses, à une façon de saisir dans le réel l'intuition d'une réalité sous-jacente au monde visible. Elle apparaît dans une littérature qui agit comme un révélateur de l'invisible au sens photographique du terme, c'est-à-dire qui laisse apparaître l'image latente de l' " autre univers ». De tous les romans de l'auteur, il émane une aura mystérieuse liée d'abord à leur fonction heuristique. L'appel de sens que constitue chacun de ces récits voire l'appel du sens se fait par un mode opératoire ouvert, spéculatif qui induit gloses et interprétations. Pierre Jean Jouve semble toujours taire quelque certitude secrète, quelque révélation interdite, quelque vision sacrée qui nous parvient fugitivement, comme intuitivement. Par ailleurs, la présence continuellement suggérée de l'invisible et l'atmosphère surréelle prennent une teinte mystique car la fonction qu'il attribue au mystère est une fonction sacrée. Le mystère est donc à entendre à plusieurs niveaux : c'est d'abord, au sens le plus direct, ce qui ne peut être expliqué par l'esprit humain dans la nature ou dans les destinées humaines ; c'est l'inconnaissable, l'insondable. C'est aussi ce qui donne l'impression du mystérieux, c'est-à-dire ce qui, par son caractère inattendu, menaçant, étrange, irréel ou fantastique, exerce un attrait, une répulsion ou un charme. L'auteur ne cède pourtant pas au " mystère 1 Pierre Jean Jouve, Lettres à Jean Paulhan 1925-1961, Lettre de Jean Paulhan du
24 février 1926, collection " Correspondances de Jean Paulhan », édition Claire
Paulhan, 2006, p.34.
9facile », celui qui flatte l'imagination du lecteur d'une manière
superficielle. " On peut toujours faire mystérieux en n'expliquant pas », écrit Julien Green dans son journal, " l'art consiste à rejeter le mystère derrière l'explication 2
». De fait, au-delà des procédés
d'écriture et de l'atmosphère générale des romans, le mystère est lié à une présence inexplicable dissimulée au coeur de la forêt, aux pressentiments ou au caractère insolite de certaines manifestations qui unissent l'âme aux " choses muettes ». C'est aussi le pur mystère de la transcendance, qui renoue avec les " Mystères », enseignements secrets expliqués aux seuls initiés. Dans En Miroir, journal sans date, l'auteur explique avoir découvert la poésie sur le mode de la reconnaissance à travers Mallarmé surtout, " parce qu'il était obscur, parce qu'il ne disait pas, et qu'il resplendissait 3
». C'est donc par le biais de cette
obscurité qu'il dit être " entré en poésie » par une forme d'appropriation du texte, devenu la trame de sa propre histoire, et c'est elle encore qui définit et magnifie la création littéraire autour de laquelle, " comme un nimbe permanent, le mystère doit demeurer » : " Création et mystère forment le trésor de la poésie 4 De ce caractère énigmatique est née l'idée d'une oeuvre difficile d'accès. Même si pour Jean Starobinski, " il ne s'agit pas, en fait, de la difficulté intrinsèque de cette oeuvre, mais de l'effort qu'elle exige du lecteur pour se laisser complètement appréhender 5
», il faut bien
reconnaître que la critique l'a souvent accueillie comme une oeuvre " difficile ». Comme le souligne Pascal Nouveau dans son article sur " la réception des romans de Jouve 6
», dans les années 30, l'horizon
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