Paris des douze arrondissements, levé de 1812 à 1825, auxquels venaient deux atlas de plans cadastraux par quartiers, levés de 1807 à 1821 sur le fond
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CATALOGUE
GÉNÉRAL
DESCARTES, PLANS
ETDESSINS D'ARCHITECTURE
RÉPERTOIRE
DES PLANS CADASTRAUX DE PARIS
COTÉS
F31 3 à 72
LEVÉS
de 1809 à 1854MINISTÈRE
DES AFFAIRES CULTURELLES
DIRECTION DES ARCHIVES DE FRANCE
ARCHIVES NATIONALES
CATALOGUE
GÉNÉRAL
DES CARTES, PLANS
ETDESSINS D'ARCHITECTURE
RÉPERTOIRE
DES PLANS CADASTRAUX DE PARIS
COTÉS
F31 3 à 72
LEVÉS
de 1809 à 1854 PARMichel LE
MOËL
Conservateur
aux Archives Nationales PARIS S.E. V. P. E. N. - 13, rue du Four (VIe)
1969INTRODUCTION
Dans sa séance du 19 janvier 1899, la Commission municipale du Vieux Paris reçut une communication de Cosselin-Lenôtre. L'auteur de Paris révolutionnaire attira l'attention de la Commission sur un ensemble d'anciens plans cadastraux de la ville déposé à la Direction des Contributions directes de la Seine, rue Poulletier. La collection ne comprenait pas moins de vingt-quatre volumes in-folio représentant le cadastre du Parisdes douze arrondissements, levé de 1812 à 1825, auxquels venaient s'ajouter unecentaine de feuilles concernant les principaux monuments de la ville, ainsi que les plans
des communes annexées par la loi du 16 juin 1859. Lenôtre souhaitait le versement des précieux relevés aux Archives de la Seine et la Commission le suivit : deux jours plus tard, le préfet écrivait dans ce sens au Directeur général des Contributions directes.L'écho
donné à cette révélation ne se fit pas attendre. Dès le 26 janvier suivant le journal l'Éclair livrait au grand public, dans un style savoureux et en les assaisonnant d'inexactitudes, les précisions apportées par Lenôtre " collaborateur de M. Victorien Sardou dans ses recherches urbaines ». La conclusion était de la meilleure veine :Ce plan, ce n'est pas une découverte à proprement dire, puisqu'il appartient auxarchives des Contributions. Mais qui se souciait d'y aller voir ? Les chats et les rats
sous les gouttières du toit y tenaient cour plénière, jamais dérangés dans leurs ébats.
Il est probable que l'on va arracher cet intéressant document à la rue Poulletier où il n'a pour témoins que le silence et l'ombre afin de le déposer dans un lieu plusaccessible. Ceci regarde l'Administration municipale et le Préfet de la Seine, tropdésireux de servir les intérêts de Paris et de ses historiens ».
La communication de Lenôtre était loin de rendre un compte exact de la nature des collections conservées rue Poulletier. L'historien attendit le 1er mars 1900 pour préciser à la Commission du Vieux Paris qu'il existait en outre quatre-vingts cartons " des plansde toutes les maisons » et souhaitait leur dépôt à la Bibliothèque historique de la ville.
Enfait, le nombre d'articles qui réunit les plans d'immeubles parisiens s'élève à soixante-
dix, et c'est le contenu de cet ensemble qui fait l'objet du présent répertoire.Dans le
même temps, l'Administration ne restait pas inactive. Dès le 11 août 1899Édouard Arnoux, administrateur de la 2e division de la Direction générale des Contri-
butions directes, entrait en relations avec les Archives nationales. Le principe du verse-ment fut rapidement acquis. Le lieu suscita diverses polémiques au sein desquelles
il parait anachronique et superflu de s'aventurer près de soixante-dix ans plus tard. Le29 avril 1900 Edouard Arnoux signait un rapport relatif à la nature des collections
cadastrales dont la valeur documentaire n'a peut-être pas assez été mise en lumière. Les 12 et 13 août 1901, le versement fut effectué au palais Soubise.Il suffit de rappeler
pour mémoire (1) la composition du versement : deux atlas de plans cadastraux par quartiers, levés de 1807 à 1821 sur le fond du plan de Verniquet; cotés F 117333 et 117334, actuellement F31 1 et 2;soixante-dix cartons de feuilles d'immeubles; cotés F 117335 à F 117401 bis,actuellement F31 3 à 72;
Vingt-quatre atlas de plans de maisons par îlots, levés de 1810 à 1836; cotés F 117402 à F 117425, actuellement F31 73 à 96;enfin deux-cent neuf plans de palais, hôtels, lycées et collèges, églises et couvents,hôpitaux, halles et marchés, levés entre 1807 et 1834 à des échelles variant entre le
1/200 et 1/500; cotés F 117426 à F 117634, actuellement N III Seine 1296 à 1504.
E. Coyecque devait
peu après consacrer un article demeuré justement célèbre àl'ensemble de ces collections (2). Le rapport d'E. Arnoux, d'ailleurs cité par l'auteur,
y est pratiquement reproduit in extenso. Le seul élément nouveau se rapporte aux plansdes communes annexées à Paris par la loi du 16 juin 1859, dressés sous l'Empire et sousla Restauration, puis sous la Monarchie de Juillet. Ils entrèrent aux Archives nationales
en1931 et sont actuellement cotés F31 98 à 104 bis. Une note additionnelle vient enoutre très heureusement rappeler l'existence d'un double, malheureusement incomplet,
de la collection des plans par îlots conservée au Cabinet des manuscrits de la Biblio- thèque nationale dans le fonds des nouvelles acquisitions françaises, sous les numéros206871-48.
Rappelons,
pour conclure, qu'en juillet 1935 le Service géographique de l'Armée effectua le versement aux Archives nationales de 2.295 plans du cadastre par masses de culture, levés en vertu de l'arrêté des Consuls du 12 brumaire an XI (3 novembre 1802) [3]. L'ensemble concerne 71 départements. Paris s'y trouve intéressé en raison de quatre des communes qui lui furent annexées et qui sont représentées ici : Auteuil (an XI), Montrouge (an XIII), La Villette (an XIV), Vaugirard (an XIII), actuellement réunis dans l'article coté F31 156.LA COLLECTION DES FEUILLES CADASTRALES
DES IMMEUBLES PARISIENS
Au nombre d'un
peu plus de 25.000 et réunis en soixante-dix cartons (4), les plans qui constituent la partie de la sous-série F31 analysée intéressent exclusivement les douze arrondissements entre lesquels la capitale fut partagée jusqu'en 1860. Primitive- ment conçus pour ce cadre, ils sont maintenant répartis dans celui de nos arrondisse- ments actuels. Si l'utilisation ultérieure de ces documents par l'Administration et leur facilité de consultation dictèrent une telle refonte, il faut bien reconnaître que l'aspect de notre fonds - celui du Paris antérieur aux travaux d'Haussmann et à l'annexion des communes suburbaines - s'en trouve sensiblement altéré. Faut-il rappeler que les limites présentes de ceux de nos arrondissements qui recouvrent le territoire de l'Ancien (1)Cf. Arch. nat., ABVd 8.(2) E. Coyecque, Les plans cadastraux de la ville de Paris aux Archives nationales dans Bulletin de laSociété de l'Histoire de Paris et de l'Île de France, t. X, 1908, p. 238-278.(3) Cf. États sommaire des versements faits aux Archives nationales par les ministères et les adminis-trations qui en dépendent, t. III, 1957, p. 351-358.(4) Le carton coté F31 42 est en effet en déficit.
Paris ne coïncident guère avec celles de leurs prédécesseurs ? De plus, la classification nouvelle adoptant les divisions administratives du Paris moderne aboutit à une solutionfatalement bâtarde : seuls les onze premiers de nos vingt arrondissements contempo-rains voient leurs quatre quartiers représentés dans ce nouveau cadre. Nos XIIe, XIIIe,
XIVe et XVe arrondissements y figurent à peine. Quant à l'absence des quatre derniers arrondissements formés de communes annexées, elle apparaît d'elle-même.Il était impossible de revenir
sur le parti adopté. Cependant, et comme on le verraplus loin, le souci de se replacer dans le contexte nous a fait choisir comme point de
départ, pour chaque analyse de rue, la mention de l'arrondissement ancien.Exécuté de
1809 à 1855, l'établissement des feuilles cadastrales par immeubles
comporte deux périodes distinctes. La première, qui s'étend entre 1809 et 1836, voits'élaborer parallèlement à sa réalisation celle d'un deuxième ensemble par ilôts dit
" plan de Vasserot » réuni en vingt-quatre atlas (1). Or l'existence d'un double - qu'on nous permette d'employer ce terme en dépit des différences de conception, d'échelles etde facture - se révèle ici particulièrement efficace. En effet, si on possède la feuilled'un bâtiment, il est utile de pouvoir, grâce à l'atlas correspondant, le replacer dans
son îlot et partant le bien situer dans le temps et dans l'espace, mais surtout, il faut attirer l'attention sur le caractère lacunaire de la collection des feuilles d'immeubles. Le quartier de la Cité en fournit un bon exemple : mal représenté parmi les plans de maisons, son relevé par ilôt effectué en 1827 (F31 90), précis et comportant encore bon nombre des anciennes églises, vient heureusement combler cette lacune.Toutefois,
et c'est là un des caractères spécifiques de la collection par feuilles, les relevés furent poursuivis jusqu'en 1855 : cette mise à jour est évidemment précieuse pour suivre l'évolution topographique, économique et sociale de la capitale jusqu'audébut du Second Empire. Ainsi, feuilles d'immeubles et plan dit " de Vasserot » secomplètent-ils l'un l'autre à merveille.
Comparé
aux atlas par îlots, l'ensemble des plans de maisons offre moins d'unité dans son exécution. De fait, l'Empire et la Restauration ne font pas preuve d'un souci d'unification dans la technique des relevés, ce qui se traduit par l'emploi de lavis, voir d'aquarelles aux teintes diverses, et de feuilles aux formats les plus variés. Les feuillescadastrales n'adoptent un aspect à peu près immuable que vers 1829, époque ouPh. Vasserot commence à signer seul toute une partie de la collection des relevés. En
ce qui concerne les caractères internes de nos documents, on constate qu'une évolution se produit dans le même sens. Certes, et dès le début de leur établissement, les feuilles comportent les plans du rez-de-chaussée des bâtiments généralement levés à l'échellede 1/200, mais la légende qui les complète est plus ou moins fournie. Là encore, à partir
des dernières années de la Restauration, on relève l'usage qui devient constant des pré-cisions suivantes : l'arrondissement, le quartier, et parfois l'îlot auxquels appartiennentla rue où est situé l'immeuble sont accompagnés de la numérotation de ce dernier.
D'autres mentions suivent, absentes dans le plan de Vasserot : le nom du propriétaire, la longueur de la façade sur rue, la superficie de la propriété comprenant la distinction entrela surface bâtie, celle des cours et celles des jardins. Plus rarement est désormaisindiquée la distribution du rez-de-chaussée des hôtels importants. De même, la valeur
vénale de l'immeuble, parfois portée au crayon sur certaines feuilles, tend à disparaître.
La signature du géomètre-expert, auteur du relevé, et fréquemment celle du contrôleurdes contributions directes viennent ensuite apporter leur caution à la feuille ainsi
dressée. (1) Arch. nat., F31 73 à 96. - 10 - Acet égard, il faut noter qu'on rencontre rarement des mentions aussi précises quecelle qui accompagne le plan d'une maison de la rue d'Enfer en 1811 : " Pommery etTannerot, géomètres employés au cadastre » (1). Pendant la période initiale, l'importance
de l'oeuvre à accomplir entraîne la participation d'une quarantaine de collaborateurs. Il faut pourtant retenir avec prudence ce chiffre, certaines feuilles n'étant pas signées.Aux géomètres identifiés avec plus ou moins de sûreté se mêle un certain nombre d'archi-
tectes parisiens qui ne dédaignent pas de prêter leur concours, tels Archangé, L.-P. Baltard, Billaud, Bourdon, Brunet-Debaines, Brunton, Chapuis, Clavareau, Constant,Danjan, Delaunay, J. Delespine,
Deschamps, Destournelles, Duchesne de Villiers,
Dupuis, Durand, Gabriel, Galimard, Gauché, Gilbert, Huyot, Poussièlgue, Thévenin, de Valcourt. Certains d'entre eux étaient déjà employés par l'Administration. Bourdonétait
architecte-voyer, Brunton architecte de la Préfecture de police. Clavareau fut archi- tecte des hospices sous l'Empire, et Galimard inspecteur général de la grande voirie de Paris. A partir de 1829, et jusqu'au terme de l'entreprise, l'exécution sera exclusive- ment confiée à trois hommes : Ph. Vasserot (de 1829 à 1839), Ch. Vasserot (de 1840 à1848), M. A. Delucenay (de 1849 à 1854).
Enfin la feuille cadastrale doit
comporter la date à laquelle le géomètre-expert a pro-cédé à son relevé. Mais cette dernière précision est très souvent absente pour la période
1809-1836.
Conscient du caractère fâcheux de cette omission, E. Coyecque avait tenté d'y remédier en dressant un tableau de datation que nous croyons utile de reproduire (2) :DIVISIONS
OU QUARTIERS DATE D'EXÉCUTION
Ier arrondissement :
Roule ..... 1er mai 1816 - juin 1818Champs-Élysées ..... 15 avril 1817 - juin 1818 Place Vendôme ..... juillet 1818 - février 1819Tuileries..... 15 avril 1817 - juin 1818
IIe arrondissement :
Faubourg-Montmartre
Mont-Blanc..... 1er mai 1813 - 15 octobre 1814Butte-des-Moulins......Le Pelletier
IIIe arrondissement :
Poissonière ..... 1er janvier 1810 - 9 août 1811 Contrat social ..... 1er janvier 1810 - 1er mai 1813Brutus ..... 1er janvier 1810 - 9 août 1811
Mail ..... 1er janvier 1810 - 9 août 1811
IVe arrondissement :
Halle-au-Blé.
Gardes-Françaises..... 25 avril - 31 décembre 1809Marchés.....Muséum.....
(1) F31 72, p. 361.(2) Cf. E. Coyecque, op. cit., p. 247-249.Ve arrondissement :
Partie du 1er janvier 1824 au 16
Faubourg-du-Nord..... août suivant, le surplus duBondy..... 1er
janvier 1836 au mois de juillet suivant. Bonne-Nouvelle..... 1er janvier - décembre 1823Bon-Conseil ..... juin 1823 - décembre 1824
VIe arrondissement : Saint-Martin-des-Champs artie en 1832, le surplus en1836Porte-Saint-Denis ..... Juin-décembre 1829
Lombards ..... 1er septembre 1828 - 1829
Temple ..... Partie en 1832, le surplus en1836
VIIe arrondissement :
Droits-de-l'Homme
Homme-Armé..... 10
août 1811 - 1er mai 1813Réunion.....
Arcis.....
VIIIe arrondissement :
Montreuil ..... Septembre - décembre 1830
Quinze-Vingts ..... 1830
Popincourt..... 1831 aux premiers mois de 1832Indivisibilité.....IXe arrondissement :
Fidélité ..... Partie en 1815, le surplus de juillet 1824 à juillet 1825Fraternité ..... Premiers mois de 1826
Arsenal ..... Partie en 1815, le surplus de
juillet 1824 à juillet 1825Cité ..... Fin de 1825
Xe arrondissement :
Fontaine-de-Grenelle ..... 1er août 1821 - 1er juin 1823Ouest..... 1819 - 1er août 1821
Invalides.....
Unité ..... 1er août 1821 - 20 août 1822 XIe arrondissement :Théâtre-Français..... Juillet
1826 - 1827Pont-Neuf.....Luxembourg..... 1827-1828
Thermes.....
XIIe arrondissement :
Jardin des Plantes ..... 1er janvier 1810 - 9 août 1811 Panthéon ..... 25 avril 1809 - 9 août 1811 Finistère..... 1er janvier 1810 - 9 août 1811ObservatoireLE CADASTRE ET L'HISTOIRE DE PARIS
Les ressources offertes par le cadastre parisien de la première moitié du XIXe siècle sont multiples. N'entreprenant pas une étude de fond, il nous sera permis d'en évoquer seulement les traits essentiels.La principale bénéficiaire
est évidemment la topographie de la ville. Son étude, de la fin du moyen âge à la Révolution s'appuye à la fois sur les textes et sur les images. En ce dernier domaine, elle est liée à la consultation d'un ensemble d'amirables documents : les atlas censiers du XVIIIe siècle conservés aux Archives nationales. Les relevés parfois inexacts ou lacunaires qui accompagnent le terrier du Roi (1) dressé vers 1710 ouvrentavec le siècle le début de cette série. Ils ont le mérite de représenter la ville dans sonensemble à une période donnée. Par la suite le nombre des productions et la qualité
de leur technique s'affirment. La rive gauche est essentiellement représentée par les atlas de Sainte-Geneviève, de Saint-Victor, de la Sorbonne, de Saint-Benoît, de Saint- Germain-des-Prés, de l'Université. Sainte-Opportune, le terrier de la Ville, le Temple, et surtout l'archevêché de Paris se partagent la rive droite (2). D'illustres cartographes et géomètres prêtent leur concours, tels l'abbé Delagrive, Rittmann ou Junié. Depar la période pendant laquelle ils ont été dressés, les atlas par îlots et les feuilles
d'immeubles viennent prendre le relai des précédents relevés et souvent les complètent. De 1809 à 1836, dates entre lesquelles fut exécutée la plus grande partie des plans cadas- traux, Paris avait bien peu changé par rapport aux temps classiques. En outre leur facture est beaucoup plus exacte. Dans les atlas de l'Ancien Régime, les propriétés bâties ne sont représentées qu'en masse; désormais le plan du rez-de-chaussée des im- meubles est reproduit. De cette collection exceptionnellement précise, l'archéologie et l'histoire de l'archi- tecture ne tirent pas un moindre secours. Les quelques illustrations réunies dans le répertoire ne peuvent que suggérer les richesses qui s'offrent aux chercheurs. Qu'ils'agisse de l'enceinte de Philippe-Auguste, de la restitution de demeures mutilées oudisparues, de l'étude de l'habitat parisien, et en un temps où l'opinion commence à
prendre conscience de la valeur et de la sauvegarde des quartiers historiques, le recours aux atlas par îlots et aux feuilles d'immeubles s'impose à l'historien de l'art, à l'urba- niste et à l'architecte. Les documents cadastraux offrent aussi un fidèle reflet du Paris de la première moitié du XIXe siècle dans ses aspects les plus divers. Telle feuille d'atlas, dressée entre 1818 et 1821 (3), représentant le boulevard du Temple, fait reparaître lesVariétés amusantes, les théâtres d'Orsay, des Funambules, de la Gaîté, la première salle
(1) Q1* 10991-10.(2) Placés dans la sous-série N IV Seine. Cf. M. Hébert et J. Thirion, Catalogue général des cartes,plans et dessins d'architecture, tome 1er, série N, Paris 1958.(3) F31 90.
de l'Ambigu comique et le Cirque olympique de Franconi. Il ne manque pour compléter la résurrection du boulevard du Crime que le plan du Théâtre historique fondé en 1846 par Alexandre Dumas. Une feuille d'immeuble levée en 1849 nous l'a conservé (1).Pour la
même époque, l'évolution de la vie économique de la capitale et les mutationsqu'elle entraîna ont aussi laissé leur marque. Parmi les marchés, à l'existence plus oumoins éphèmère, on trouve celui de la Friperie installé au pied de la tour Saint-Jacques,
oula Halle au Vieux Linge construite de 1809 à 1811 par l'architecte Molinos sur unepartie de l'enclos du Temple (2). Avec la Monarchie de Juillet, les chemins de fer firent
lentement leur apparition en France : la collection par feuilles possède les plans despremières gares parisiennes. Plus exceptionnel nous semble, de par sa date et sa nature,le plan de la propriété de François de Neufchâteau située rue du Faubourg-Poissonnière,
et levé vers 1814. L'immense jardin est déshonoré par la présence d'importants bâti- mentsparasites, dont le lavis et l'écriture de la légende qui les caractérisent montrentqu'ils furent édifiés après le passage des agents du cadastre. L'intérêt de la pièce appa-raît de lui-même à la lecture de ces mentions : " gazomètre contenant 195.506 pieds
cubes », " bâtiment des cornues », et surtout " les bâtiments teintés de rose constituentl'usine de M. Pauwels fils aîné et compagnie, expertisés en 1825; leur surface est de
2.951 mètres carrés ». Si la première tentative d'éclairage au gaz avait eu lieu en 1817,
passage des Panoramas, on se trouve ici en face de la première usine fondée en 1823 parAntoine Pauwels (3). Dans le même esprit, et en raison de leur mise à jour exécutéede 1839 à 1854, les feuilles rendent fidèlement compte des modifications apportées à laphysionomie de certains quartiers avec le développement de l'artisanat et de la petiteindustrie. Les hangars, appentis, cours vitrées et autres verrues qui dénaturèrentnombre de nos plus beaux hôtels prennent leur plein essor à partir de cette période.
Mais il
est encore un autre domaine où l'utilisation du cadastre se révèle utile : celuide l'histoire sociale. Paris, en moins de cinquante ans, va presque doubler le nombredes habitants vivant à l'intérieur de ses murs d'octroi. En 1811, plus de 600.000 âmes
coexistent dans les mêmes limites. En 1856, le total atteint presque 1.200.000 (4).Notons que cette tranche chronologique correspond aux dates extrêmes des relevéscadastraux. La construction est bien loin de suivre la courbe galopante de la pousséedémographique. Si, en 1817, on recense 27.493 maisons, on n'en dénombre pas plusde 30.000 en 1830. Les bénéficiaires majeurs sont les arrondissements et les quartiers
récents ou à la mode, tel l'ancien Ier arrondissement (actuel VIIIe) qui voit de 1817 à1826 construire 509 maisons à l'intérieur de sa circonscription. En revanche, les vieuxquartiers ne participent guère à un essor au demeurant modeste. Dans le même tempsl'ancien IIIe arrondissement, qui groupe les quartiers du Mail, Saint-Eustache, Mont-
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