[PDF] Sur les traces naturalistes de «La Vérité en marche»



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Sur les traces naturalistes de «La Vérité en marche»

Tout en admettant la place exceptionnelle de la « Lettre à Félix Faure », aussi bien dans Émile Zola, «Impressions d'audience», in id , La Vérité en marche L'Affaire Dreyfus, Paris, GF-Flammarion,1969 [édition originale sous le titre L'AffaireDreyfus La Vérité en marche, Paris, E Fasquelle, 19011, p 243 Henri Mitterand, « La



imp zola jaccuse la verite en marche - ecriture-communicationcom

cillité et la honte de l’antisémitisme, où s’illustrait un Drumont, par exemple, avec sa Libre Parole Zola, cependant, n’a pas de goût pour la bagarre Il n’est plus, en 1897, le jeune homme d’autrefois qui cherchait le bruit dans sa défense des impression-nistes, avec Mon salon et Mes haines Il a cinquante-



“Vivre dans la vérité”: La lutte pour la vérité subjective

Zola dans l’Aurore du 13 janvier 1898,2 “La vérité est en marche et rien ne l’arrêtera”; telle semble bien également être la prise de position de Mercier Durant l’affaire Dreyfus, Zola s’engagera contre le “racisme” antisémite et pour la vérité



THÉRÈSE RAQUIN

Zola se exilió en Londres, donde vive en secreto, y hay una agitación en la opinión pública A su regreso, publicó en La Vérité en marche sus artículos sobre el caso Sólo en junio de 1899, con la prosecución del proceso, puede regresar a su país Pero Alfred Dreyfus es condenado, con atenuantes, y Zola le escribe nada más llegar



Chapitre I : Le peintre et son tableau Chapitre II : Rappels

gravées du tableau, offertes en remerciement aux souscripteurs, annotés et signés de Zola, portant la mention : « La vérité est en marche et rien ne l’arrêtera Remerciements à mes amis de la Vérité qui ont bien voulu me faire le sympathique cadeau de cette œuvre belle et brave, Paris le 6 décembre 1900



Lundi 23 janvier Lettre à la jeunesse E Zola

Zola se lancer dans la politique, non pas pour y glaner des honneurs accessoires, mais pour y recevoir des coups » A son retour, il continue son combat pour Dreyfus en publiant ses articles dans un ouvrage intitulé la Vérité en marche Le 29 septembre 1902, il est asphyxié à son domicile à cause d’une cheminée bloquée



comment on meurt

dans La Vérité en marche (1901) La tentation du théâtre Zola a souvent été tenté par le théâtre, bien que ce versant de son œuvre soit aujourd’hui occulté Ainsi, son roman Madeleine Férat est en réalité la reprise du drame Madeleine (1865) Plus tard, en 1873, il adapte Thérèse Raquin pour la scène et réci-dive en 1880

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Source gallica.bnf.fr / Société littéraire des amis d'Émile Zola

Les Cahiers naturalistes :

bulletin officiel de la Société littéraire des amis d'Emile Zola

Société littéraire des amis d'Émile Zola. Auteur du texte. LesCahiers naturalistes : bulletin officiel de la Société littéraire desamis d'Emile Zola. 2008.

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Surlestracesnaturalistes

de

LaVéritéenmarche

par

UrsulaBÂHLER

(Université deZurich) Nous savionstout maiscommentledire?1 La "forcedela fiction» Dans Zola.L'histoireetlafiction,Henri Mitterandamisaupointl'essenceetl'impactde"J'accuse»: [Après

"J'accuse»la]véritéallaittriompher,parcequelasignaturedugénieavaitsu-àl'intuition-luidonnerlaforcedelafiction.Pourmobiliserl'opinion-ou,toutsimplement,Yintéresser-,etcontraindrelespouvoirs-ou,toutsimplement,lesdéstabiliser-,Zolaavaitcomprisqu'ildevaitfaireéchapperl'affaireà lapolitiqueetà lapoliceduquotidien,etluidonnerunedimensionquasi poétique.

trouvetoujoursdanslaparoled'ungrand écrivainlecontre-pouvoirquil'équilibre,etquiletientenrespect.

Le

développementquisuitseproposedesonderla"forcede lafiction»,demettreenlumièrequelquesaspectsde la"dimensionquasipoétique»de laparolezoliennedansl'affaireDreyfus,enélargissantlecadrederéflexionduseul"J'accuse»àl'ensembledestextesrédigésparlemaîtredeMédanaucoursdesévénementsquiontbouleversélaFrancedanslesannées1897à1900.Toutenadmettantlaplaceexceptionnelledela"LettreàFélixFaure»,aussibiendans

Émile

HenriMitterand,"La paroleetlhistoireJ'Accuse»,inid.,Zola.L'histoireetlafiction,Paris,PUF,1990(coll.écrivains),p.249. - CetteétudereprendunautrearticledumêmeHenriMitterand,"Laparoleetl'histoire.Analysespectralede

l'évolutiondel'Affairequedansl'écriture(polémique)deZola\onmettral'accentmoinssurlesrupturesque surlescontinuitésetla

cohérence

desarticles réunisparl'écrivainen1901dansLaVéritéenmarche\Notreanalyse,littéraireetnonpashistorique5,s'intéressera

tout

Commentparlerdel'Affaire?

Au dit sens génériqueetnon pasqualificatifduterme-desévénements:

"Onremarquerapourtant,danscespremièrespages,note-t-ilenpréambuleàlaréédition,en1901,desonarticle consacréà"M.

Scheurer-Kestner

romancier, étaitsurtoutséduit, exaltéparuntel drame.Etlapitié,la 3 Voiribid.,p.242,ainsiqueid.,"Histoire, mytheetlittérature.Lamesurede analyses

Mitterand

Cogny,

"Larhétoriquedelavérité dans'J'accuse'»,LesCahiersnaturalistes,46, 1973,
Terzo Zola.ÉmileZoladopoi"Rougon-Macquart»,Attidel ConvegnoInternazionale (Napoli-Salerno 27-30 collaborazione diValeriadeGregorio Cirillo,Napoli,IstitutoUnversitarioOrientale, 1990,
64
151,
sous

Éditions

des Cahiersintempestifs, 2003(Coll.Lieuxlittéraires /5),pp.135-146;Nelly

Wilson,

"Parolesetsilences dans'J'accuse'...»,LesCahiersnaturalistes,72,1998, pp. eux pp.113-118. Cet articlereprendenpartie etdéveloppedeséléments de réflexionquenous avons publiés dansunarticleparuenespagnol,"EstrategiasdecorporizaciÓn:apropôsitode La

17-42,

etdansunautre,àparaîtreen2008,sousletitre"Quelle réalité?Quelle

édité

parBarbaraVinkenetPeterFrôhlicher. Quantàcesdeux approchespossiblesdeLaVéritéenmarche,voirA.Pagès,"Le discours

Quel drame

poignant,etquelspersonnagessuperbes!Devantcesdocuments,d'unebeautésitragique,quelavienousapporte,moncoeurderomancierbonditd'uneadmirationpassionnée.Jeneconnais riend'unepsychologieplus haute(67).

Peu

àpeu,Zolas'estpourtantintéresséaufonddel'Affaireetaprispositionsurelle dansdestextesdenaturepolémiquequiappartiennentbiendansleurensembleaugenreditargumentatif.Lapremièreimpulsion,d'ordreromanesque,acependantpersistéenlui.Elleaprisforme,quelquesannées plustard, dansleromanVérité,rédigéen1901-1902etdontlapublicationenfeuilletonnes'estachevéequ'aprèslamortdel'auteur8.Enréalité,etc'estcepointqu'ils'agirad'approfondirici, lavisionromanesqueouplusgénéralementlittérairedeschosesestdéjàprésentetoutaulongdestextesrédigés

Modélisations

littéraires Dans 6

7Voircesremarquesd'AlainPagès:"Inscritdanslaparole journalistiqueduXIXesiècle,'J'accuse'essaiededéfinirunautretypede langage,quis'écartedelaviolence

quepratiquel'adversairenationaliste.Decepointdevue,letextedeZolas'écartedelalittératuredupamphlet.Ilrecherchelapreuve,veutconvaincre,mettoutsoneffortdansunelogiquedeladémonstration.Ilestaniméparuneidéologied'espoirdanslesprogrèsquepeutaccomplir l'humanitépouratteindrelaVéritéetlaJustice»("Larhétoriquede'J'accuse'»,art.cit.,p.144).

Voir,parexemple,BéatriceLaville,"'J'accuse...!'etVérité»,Jean Jaurès.Cahierstrimestriels,151,2000,pp.87-95.

associe

lesévénementsàun"drame»dontla"beautétragique»aurait faitbondirson"coeurderomancier»(67).Cettejuxtaposition

des plus

netteencore,dansl'extrait qu'onvientdelire("enromancier,endramaturge»).Or,lethéâtreetleroman,lesdeux formesdecréation

littéraire qui depuislesdébutsdesacarrière,semblentavoir influencé,voire modélisé, sur l'affaireDreyfus.

Drames

Les verbal exprime dans l'issuedu procèsEsterhazy,commenceparl'exclamation: "Ah!quelspectacle, depuistroissemaines,etquelstragiques,quels tique et Lepremieracte estfini,lerideauesttombésurl'affreuxspectacle. Le même, il inclus, renvoieévidemmentaumodèlede latragédieclassique,dontle cinquième vérité surl'actiondramatique: Ce drame géant dramaturge incomparable génie, faits, d'oeuvre surhumain soyez-en condamné (163).

Ce qui

"grandeur».Ensubordonnantlapolitiqueaumodèlethéâtral,l'écrivaincréeenmêmetempsunschémad'intelligibilitéetd'attentecontraignant,censénonseulementorganisermaiségalementprédireledéroulementetledénouementdel'Affaire.Leschémaesthétiquesertainsitantàorganiserqu'àconjurerlesévénementspolitiques.Mais,surtout,lesrapportsde forcehabituelsentrelesdiscourssontdéfinitivementinversés:c'estlemodèlelittérairequidominelaréalitépolitiqueetqui luidonneunecohérenceetun sensautresqueceuxvoulusparlediscoursdominant.Àtraverslemodèleesthétique,théâtral,ils'agitderienmoinsquedeconstruire,surlabasedesmêmesévénementsfactuels,undiscoursradicalementdifférent,quis'opposeaudiscoursofficieldespoliticiens,desmilitairesetdesjuristes.

Faire

"beautésouveraine»attribuéesau"drame»ainsiconstruitarrachentlesévénementsàlahideuseréalitépolitiqueetfontde"l'horreur»mêmeuneexpérienceesthétiqued'ordre"sublime».Quandlemisérabledramepolitiqueaccèdeaustatutde"chef-d'oeuvreincomparable»,c'estlalogiqueesthétiquequitriomphe,les loisdudiscourslittérairedontÉmileZolaestl'undesincontestablesmaîtresdel'heure.L'écrivains'approprielaréalité,ilsemetsurunpiedd'égalitéavecle"dramaturgesublime»dontluiseul saitdéchiffrerleplansecret,aupointdes'identifieraveclui,quittemêmeà leremplacer9.Netrouve-t-onpas,dès1875,cettedescriptionde

Voir

égalementLaville,"'Contreeuxaveclalyreetl'épée'.La véritéenmarche»,art.cit.,pp.113-118etenpart.p.118.

Cette du de c'est la différents romans,

Romans

Le modèle du"roman-feuilleton»apparaîtdefaçonsystématique sous Paty deClam,qui avaitétéchargéen1894,occupantalorslerangde commandant, del'enquêtesurDreyfus.Zola faitdecepersonnagele principal judiciaire» que Paty deClam,qui semblebienavoirétédupelui-mêmedes 1898,
Chose

beaucoupplus importantecependantpournosréflexions:quand ZolaparledeDu PatydeClam,cen'estjamaissansl'associer

explicitement lecture despassagessuivants,quisetrouventtousdans"J'accuse»: Il plus compliqué, hantéd'intriguesromanesques,secomplaisantaux moyens les rendez-vousdanslesendroits déserts,lesfemmesmystérieusesqui colportent, denuit, despreuvesaccablantes(114).

Flaubert

1989,
p.135."Ausujet decemanquedepreuvesmatériellesetdelafaçondontonaessayédele combler, pour leConseildeguerrede 1894,voirA.Pagès,"Lire'J'accuse'...»,art.cit., pp.

57-59.

72.
Est-ce doncvrai,leschosesindicibles,leschosesdangereuses, capables Clam.Tout celan'aétéfaitquepourcacherleplussaugrenudesromans-feuilletons(116).

Des témoignages

le[i.e.Esterhazy]montrentd'abordaffolé,prêtausuicideouà lafuite.Puis,toutd'uncoup,ilpayed'audace,ilétonneParisparlaviolencedesonattitude.C'estquedusecoursluiétaitvenu,ilavaitreçuunelettreanonymel'avertissantdesmenéesdesesennemis,unedamemystérieuses'étaitmêmedérangéedenuitpourlui

son

oeuvre.Larévisionduprocès, maisc'étaitl'écroulementduroman-feuilletonsiextravagant,sitragique,dontledénouementabominablealieuàl'îleduDiable(119).

Le quele"spiritiste»DuPaty deClamsevoitcondamné:

aufond,iln'yad'abordquelecommandantduPatydeClam,qui lesmènetous,quileshypnotise,carils'occupeaussidespiritisme,

d'occultisme,ilconverseaveclesesprits.Onnesaurait concevoirles expériences dans lesquelsilavoululefairetomber,lesenquêtesfolles, les imaginations

Derrièrele"roman-feuilleton»dulieutenant-colonelsecache,enréalité,toutelalittératureidéalisteetsentimentalequeZola rejetteenbloc

Le premier caractèreduromannaturaliste, dont MadameBovaryest le type,écrit-ilen1875,estlareproductionexactedela vie,l'absence de toutélémentromanesque.[...]Touteinvention extraordinaireenest donc bannie.Onn'yrencontreplusdesenfants marquésàleur naissance, plus moment,

àsauverl'innocencepersécutée.

En

1876,dansuneétudesurGeorgeSand, quivenaitdemourir,il

note àproposdes"livresromanesques»,parmilesquelsilrange ceuxdel'auteuredéfunte:

Mettez

lesromansdeGeorgeSand danslesmainsd'unjeune homme garderonttoutéveilléslesouvenird'unrêvecharmant. Dèslorsilestà craindre quela vienelesblesse,qu'ilsnes'ymontrentdécouragés, dépaysés, ouvrent dans la réalité.14 Et

Walter

Scottqui séduitMarie Pichon,dansPot-Bouille,ladétournede sa filleetdesonménagepourlafaire tomber,finalement,dans l'adultère. Pichondu"roman-feuilleton»deDu PatydeClametdurécitofficiel 13

14ÉmileZola,"GeorgeSand»[1876],inid.,OEuvrescomplètes, éditionétabliesous

la

Après

avoir citéenexerguelepassagesuivantdeJoseph Reinachtiredutroisième tome del'Histoiredel'Affaire Dreyfus (1903)"'Onneparlait plusquedel'Affaire.

Elle occupait

délaissés.

Pagès

par fond. Cartousleshistoriens del'Affaireontdéveloppécethème.EtZola,lepremier, dansJ'accuse[...]»(art.cit.,p.447).L'originalitéetl'intérêtde ladémonstrationde

surl'erreurjudiciaire.Lecontre-récitqu'estLaVéritéenmarche,àl'instarducontre-romanqu'estleromannaturaliste,nevapassansfictionnalisation.ÀencroireNellyWilson-et cettelecturenousparaît parfaitementplausible-,Zolanes'esteneffetpastrompéenaccusantDu Paty deClam,maisaconsciemmentinventéunpersonnagesurlequelconcentrerlamalfaisance'".Ce quiestvraipourleromannaturaliste-etdanscedomaineladémonstrationn'aplusbesoind'êtrefaite-leseraitdoncégalementpourLaVéritéenmarche:laréalité,mêmeconçuecommeobjective,commefactuelle,

:ilyaunefictionmensongère tellequ'elleseferaitjourdanslalittératuredetyperomanesque,idéalisteetsentimental,maiségalementdanslerécitofficieldel'Affaire,etilyaunefictionvéridictionnelle,syntagmeoxymoriqueenapparenceseulement.DanslalettreàHenryCéarddu22mars1885précédemmentcitée,Zolaécriteneffet:"Nousmentonstousplusoumoins,maisquelleestlamécaniqueetlamentalitédenotremensonge?Or-c'esticiquejem'abusepeut-être-jecroisencorequejemenspourmoncomptedanslesensde lavérité»17.

Mises enscèned'unacteur

En effet,

A.Pagèsconsistentdanslefaitquecen'estpaslediscoursdesantidreyfusards,maisceluidesdreyfusardsquiestquestionnéetanalyséauregardduschématraditionnelduroman-feuilleton"Lemodèlelittéraireduroman-feuilletonsembledevoirrendrecomptedesévénementsdel'AffaireDreyfus.Maisilnefaudraitpas enlimiterlaportéeenl'appliquantseulementauxagissementsantidreyfusards,commeonlefaitengénéral.Lactiondesdreyfusardsaussirelèved'unetelleidée.Cesderniersontvécul'Affairecommeunroman, - bongré,malgré, - trouvantdanscettesituationunintérêtà lafoispratique,tactiqueetstratégique»(ibid.,p.448). - NotreapprochecomplètecelledeA.Pagès danslamesureoùnousessayonsdedégagerleseffetsde

explicitesque nousavonsétudiés,celui du drameetceluiduroman-feuilleton,elleyestencoreprésented'uneautrefaçon,moinsvisibleà

premièrevue,maistoutaussi sinonplusefficace. Commel'indiqueà lui seulletitredurecueil,lavéritéaccède, danslestextesquis'y trouvent des

Picquart,

les comme

nousallonslevoir,misenscèneparZola. Cettemiseenscène,ons'endoute,passeessentiellementàtraversdesprocédésde

métaphorisation procédés fameux

syntagmedela"véritéenmarche».Sionlaissedecôtél'exergueduvolume,qui, dupointdevuechronologique,estvenuendernier,la"véritéenmarche»setrouve

pour

Scheurer-Kestner

».Cetarticle,paru, nousl'avonsdit,dansleFigaro

du du terme-duvice-présidentdu Sénat.Aprèsunelettreouverteà

Arthur

avait

Scheurer-Kestner

calomnies de lapartdelapressenationaliste.EtZoladevoleràson secours dénoûment, l'arrêtera (71). Au momentde larédactiondecetexte,Zola-toutcommetant une peu. verrons, comme mauvaises n'est discursive, quiferad'ellelecri deralliementdesdreyfusards?Dufait qu'au moyende lamétaphorisation,qui,enl'occurrence,confèreàla vérité un

réaliseratoutseuletcontretouslesobstaclessaproprevictoire,inscrite,dèsmaintenant,dansleregistredelafatalité.Lavéritén'estdoncpasseulementunacteurparmid'autres,mais elleestprésentéed'embléecommel'acteurlepluspuissantdansl'Affaire,celui,encoreunefois,quiremporteralavictoirefinale,quoiqu'ilarrive.Allonsplusloin.Ellen'estpasseulementl'acteurprincipal,l'héroïnedel'histoire(danslesdeuxsens,spécifiqueetgénéral,duterme):l'infaillibilitémêmedesavictoireluiconfère,deplus,unestatureproprementmythologiquequil'élèveau-dessusducommundesmortels impliquésdanslesévénements.Or,cette staturemythologiquen'aévidemmentriendecontingentnidegratuit.On saitquelegrandrenversementdansledébatqu'aopéréZolaconsistaitdansledéplacementdeladiscussiondelavéritéjudiciairespécifiqueà lavéritéentenduecommevaleuruniverselle:"Ilnes'agitplus,commelesouligneAlainPagès, desebattrepourlarecherched'unevéritéjudiciaire,maispourlavéritéetlajustice.Onpasseduparticulieraugénéral,del'expertiseàlaréflexionintellectuelle»18.Or,qu'ya-t-ildeplusappropriépourexprimerl'universalitédelavéritéqued'enfaireunefiguremythologique,échappantauxcontingenceshumaines?Onlevoitbien:d'aspectanodin,lasentencefinaleestredoutablementefficace,commenepeuventprobablementl'êtrequedesénoncésdetypemétaphorique,quiréunissentenuneconcentrationmaximaleetirréductiblecomplexitésémantiqueeteffetspassionnels.Cesderniers,enl'occurrence,sontdedeuxordres:sil'imagedela"véritéenmarche»soutientlesdreyfusards,encorepeunombreux,faut-illesouligner,àcemomentdel'Affaire,dansleurconfianceenletriomphedelavérité19,ellemenaceenmêmetempslesadversairesdelarévisionduprocès:gareavous,lesennemisdelavérité

p.32. Voir

cetteappréciationrétrospectivedeJoseph Reinach:"[La]paroledeZolaétaitsihauteetsiclaire,ellesonnait,aprèsunsilencesiprolongé,avecunteléclatquetousceuxquiétaientconvaincusdel'innocencedeDreyfusouquienavaientseulementunsoupçon,furentréconfortésetceignirentplusfortementleursreinspourlalutte»(Histoiredel'affaireDreyfus,citédansHenriMitterand,Zola,vol.III,L'honneur[1893-1902],Paris,Fayard,2001,p.342).

pp.26-27. habituésàparlerauxmasses»,écritcelui-ci danssesMémoires,avant où l'onvitseréunirchezluiMeLeblois, ÉmileZolaetMarcelPrévosfl.

Cependant,

une première. Ah dehors même de lapromessequ'ilavaitfaite,c'était justementqu'il avait charge de vérité. Cettepauvrevérité,nueetfrissonnante,huéepar tous, quetoussemblaientavoir intérêtàétrangler,ilnesongeaitqu'àla protéger

contre tantdepassionsetdecolères.Ils'était juré qu'onnel'escamoteraitpas,etilentendaitchoisirsonheureetsesmoyens,pour

luiassurerletriomphe(69). Silapremièreimagenousprésentela véritécommeunacteurà stature victoire différente »22-,ne sauravaincreàmoinsd'êtreaidéepardeshommes comme triomphedelavéritén'estplusinscrit dansleregistrede lanécessité, mais fortement passionnels

hué»sontévidemmenttoutdifférents:celle-cifaitcertesappelauxsentimentsdecharitéetaucourage(civique) deslecteurs,maisenmêmetemps,cesdernierssontlaissésdansunepositionémotionnelle

précaire,lavictoire étantloind'êtreassurée. Ces

Scheurer-Kestner

»,bienquelapremière-celle, donc,dela"vérité en Ce seraelle,onlesait,quis'imposeraparla suite.Ladeuxième restera

pourtantégalementprésentetoutaulongdestextesdeZolasurl'Affaire,mêmesic'estdefaçon beaucoupplusdiscrète,àlamanière,

pourrait-on constater

quelatensionentrelesdeuxattitudesénonciativesquisemanifestentàtraverslesdeux imagesdelavérité,l'uneextrêmement

confiante 21
A.Pagès,"ÉmileZola dansl'AffaireDreyfus:intellectuelouexpert?»,art.cit., pp.

30-31.Voir égalementH.Mitterand,"Laparoleetl'histoire J'Accuse»,art.cit.,

d. 240.

rarementsaisissabledefaçonaussiclairedanslesénoncésnonfiguratifsdel'auteur.Cefaitaévidemmentdesraisonstoutespragmatiquesaussi:ils'agissait,aprèstout,dedonnerducourageauxgensprêtsàlutterpourlabonnecauseetnon pasdeleur inculquerdesdoutesetdesangoisses23.Maislecasestquandmême éclairant,danslamesure,justement,oùlesmétaphoressemblent installerundiscoursàplusieurstitresautonome,quinerecoupepasentouspointslediscoursnonfiguratif,conceptuelquevéhiculentégalementlestextesdeLaVéritéenmarche.Cecifournitunepreuveéclatante,sibesoinétait,du faitquelesmétaphoresneconstituentjamaisunquelconque

"habillementfiguratif»d'uncontenuconceptuelpréalablementexistant,maissontàconsidérercommedesproducteursdesignificationsquin'ontpasd'existenceendehorsd'elles.Cephénomènede"doublediscours»,nousl'avonsvu, neconcernepasseulementlerapportentrelediscoursmétaphoriqueetlediscoursconceptuel,maiségalementlediscoursmétaphoriquelui-même,entantqu'ilconstruit deuximagestrèsdifférentesdelavéritéet,partant,del'issuepréditeàl'Affaire.

La"véritéenmarche»réapparaîtle5décembre1897,dansl'article"Procès-verbal»,derniertexteparudansleFigaro24.Le3décembre,legénéralSaussier,gouverneurmilitairedeParis,avaitsignéunordred'instructionjudiciairepourunecomparutiond'EsterhazydevantleConseildeguerre.Pour Zola,ilnefaitaucundoutequ'auboutdeceprocès,laculpabilitédel'officieréclateraaugrand jour.Ilignorait(ouaffectaitd'ignorer)qu'ils'agissaitlà,enréalité,d'unprocèsmanipuléàl'avance,auboutduquelEsterhazyétaitcenséêtreacquittéetinnocentéunefoispourtoutes.Sonarticledresseunesortedebilanprovisoireàcemoment-jugécrucialparlui-del'Affaireetenprésentelesdifférentesétapescommeobéissant,malgrétouslesrevers,àunelogiqueimplacable,menantàlarévisionduprocès.Ilsetermineparcesphrases:

J'ai Il

y aunedeuxièmemétaphoredansLaVéritéenmarchequiprésentelavéritésoussonaspectfragileetfaible,maiségalementsacréeenl'occurrence.Ellesetrouvedans

"Justice»,parule5juin1899"Sinousavonsvoulugagnerdutemps,sinous avonsopposéprocédureàprocédure,c'estquenousavionschargedevérité,commeonacharged'âme,c'estquenousnevoulionspaslaisseréteindreentrenosmainslafaiblelueur,quichaquejourgrandissait.C'étaitcommelapetitelampesacrée,qu'onporteparungrandvent,etqu'ilfautdéfendrecontrelescolèresdelafoule,affoléede

mensonges

»(148).Voirégalementn.27.

Voir, àcesujet,lecommentairedeZola dansLaVéritéenmarche,op.cit.,p.82. ardemmentque,lavérité étantfaite, lajustice rendue,je n'aieplusà lutter pourelles (88). l'endroitstratégique,denouveau,queconstituela fin dutexte, Zolaseréfèreexplicitementàsonpremierarticle,qui finissaitsurla même élémentsnouveaux.Toutd'abord,ilfilelamétaphore dansl'énoncé l'ampleur

etde laconsistanceàl'imageenquestion,qui,parsonextensionverbalemême,devientplusfamilièreet,parlàmême,plus

réelle»pourleslecteurs;auniveaudel'énoncé,ilconstitueuneaffirmationsurlebondéroulementdes événements("toutvabien»);

de Zolasursonpropredire("ce quej'aiditestvrai»).Ledeuxième ajout souligne renforceenmêmetempslastaturemythologiquede lavérité, dontla marche Le conseildeguerresaisidel'affaireEsterhazyavait confié d'ordonner lenon-lieu25.Maiscedernier, sûrdel'issueduprocès, insiste ci,sa"LettreàlaFrance».Ilsentquelemoment estdécisifetqu'il de troublemoralque noustraversons,aumomentoùlaconscience publique paraît nation,àlapatrie!»(101). Unexordedecinqparagraphesestsuivi d'un le deuxièmeparagraphe: Voyez oùensontleschoses.Unnouveau pasvientd'êtrefait,le commandant dit dèslepremierjour,lavéritéestenmarche,etriennel'arrêtera. mathématiquement, réussitàl'enfermerplusoumoins longtempssousterre,elles'y amasse,

éclate,

elle faittoutsauteravecelle.Essayez,cettefois,de lamurer 25
desdésastres(102). On

reconnaîticilemêmeprocédéd'amplificationdéjàanalyséausujetdel'extraitprécédent:à lareprised'élémentsconnusetdevenusfamiliersaulecteur-enl'occurrence,lesimagesde"lavéritéenmarche»etdes"mathématiques»-viennents'ajouterdeséléments

"voyant»26.

l'on"barrelechemin»;d'autrepart,ilsembleréactualiseretdéployerlespotentialitéssémantiquesdunoyaufiguratifquisetrouveà labasedutermedevéritéengrec,"aletheia»,laracineindogermanique"leth»signifiant"êtrecaché»,"êtredérobé»(onsaitquec'estpourcela,justement,queHeideggerparlera,àproposdelavérité,de"Unverborgenheit»).Lesexpressions"enfermerlavéritésousterre»et"murerlavéritésousdesmensongesoudansunhuisclos»peuventainsiêtrecomprisescommedesmétaphorisations

L'expression

"Croyez-moi,lespoètessontun peudesvoyants»(144). plus contraireàl'idéemêmede lavérité27. du

13janvier1898.Le11janvier, l'inconcevable-mais,enréalité,

Zola avait

conseildeguerreavait acquittéEsterhazyetprisladécisiond'arrêter le lieutenant-colonel Picquart,l'undesdéfenseurslesplusacharnésde la vérité!Cettefois-ci,lamesureestdéfinitivement comble,etZola, pour débloquerlasituationetpermettredenouvelles procédures entre

autres,leconseildeguerred'avoiragi"parordre»(113)etsemettantainsi volontairement"souslecoupdesarticles30et31dela

nouveau vers lafin, dansledernierparagraphe précédantla conclusionproprementdite, qui,elle,estrythméeparlaformule performative "J'accuse»: Telle estdonclasimple vérité,monsieurlePrésident,etelleest effroyable, bien que vousn'avezaucunpouvoirencetteaffaire,que vousêtesle prisonnierde laConstitutionetdevotre entourage.Cen'estpas, d'ailleurs,quejedésespèrelemoins dumonde dutriomphe.Jelerépète avec une certitude plusvéhémente:lavéritéestenmarche,etrienne l'arrêtera. C'estd'aujourd'huiseulementquel'affairecommence,puisque aujourd'hui seulementlespositionssont nettes:d'unepart,les coupables qui neveulentpas quelalumièresefasse;del'autre,les justiciersquidonnerontleur viepourqu'elle soitfaite.Quandon enfermelavéritésousterre,elle s'yamasse,elleyprenduneforcetelle d'explosion, quelejouroùelleéclate,ellefaittoutsauteravecelle. On verra biensil'onnevientpasdepréparer,pourplus tard,leplus retentissant des désastres (123). Ce phrases,àquelques légèresdifférences près,queletexteprécédent,cequotesdbs_dbs19.pdfusesText_25