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LE MAL-LOGEMENT, SES FORMES ET SES MANIFESTATIONS 15
Plus de 2 000 personnes
meurent de la rue chaque année en France, en moyenne à 49 ans.
L'augmentation du nombre
de personnes sans domicile est alarmante : + 50 % entre 2001 et 2012,
143 000 personnes, dont
30 000 mineurs, sans doute
encore plus aujourd'hui.
Qu'elles soient à la rue, en
bidonville, à l'hôtel ou en centres d'hébergement, il n'est plus admissible de laisser tant de personnes, hommes, femmes, enfants, sans solution digne pour vivre correctement.
SDF : objectif zéro !
© Fondation Abbé Pierre 2017. Crédits photos : Pierre Faure I l est possible en France de mettre fin au scandale des personnes sans-domicile, en moins de cinq ans dans les villes petites et moyennes et moins de dix ans dans les métro- poles. Pour réussir ce plan systé- mique, six leviers principaux doivent
être actionnés simultanément et
durablement, avec une impulsion nationale appuyée sur une loi de programmation financière plurian- nuelle, et une mise en oeuvre locale dès les premières semaines du pro- chain quinquennat, en associant bailleurs sociaux et privés, collecti- vités locales, associations, citoyens et bien sûr personnes mal logées...
Ce plan s'adresse principalement
aux personnes sans-domicile, mais aussi plus largement aux mal-logés, pour éviter qu'ils ne basculent dans la grande exclusion.
Logement d'abord !
T out d'abord, il s'agit de changer de paradigme, de favoriser les solutions de logement plutôt que de multiplier les places d'hébergement d'urgence ou d'hôtels, inadaptés et coûteux. Chacun doit se voir propo- ser un logement sans délai ni condi- tion, conformément à la philosophie du " logement d'abord », qui fait du logement le point de départ vers l'in- sertion, plutôt que la récompense au bout d'un long parcours d'obstacles au sein des différents segments de l'hébergement (d'urgence, de stabi- lisation, d'insertion...). Cet accès au logement pérenne de droit commun, avec un vrai bail, peut être associé si nécessaire à un accompagnement ajusté dans le temps aux besoins et aux désirs des ménages (particulier ou global, léger ou renforcé, pluri- disciplinaire...), avec une attention particulière envers certains publics fragiles (issus de l'Aide sociale à l'en- fance et sortants de prison notam- ment). Pour certaines personnes, cela passe par l'extension de solu- tions comme les pensions de famille ou le programme " Un Chez soi d'abord ». Celles-ci ont fait la preuve que, même pour des personnes en grande exclusion, souffrant de troubles psychiatriques ou d'addic- tions, l'accès direct à un logement est possible et nécessaire pour voir leur situation s'améliorer durable- ment, au-delà des préjugés sur leur " capacité à habiter ». Le Logement d'abord suppose également de dé- velopper et soutenir les accueils de jour, dernier filet de sécurité pour les plus démunis et porte d'entrée pour l'accès aux droits et au logement.
SDF : OBJECTIF ZÉRO ! 2017 • 1
2 • SDF : OBJECTIF ZÉRO ! 2017
150 000 logements
vraiment sociaux par an
DES ATTRIBUTIONS DE
LOGEMENT SOCIAL PLUS
DIFFICILES POUR
LES PUBLICS DÉFAVORISÉS
En moyenne, il y a une attribution Hlm par an
pour 3,9 ménages en attente. Les demandeurs à bas revenus, inférieurs à 500 € par mois par unité de consommation, se voient quant à eux attribuer un logement pour 5,4 demandes. PLS PLUS PLAI NOMBRE DE LOGEMENTS SOCIAUX FINANCÉS EN FRANCE MÉTROPOLITAINE (HORS ANRU)
SOURCE / Cour des comptes d'après
ministère du logement
Priorité aux ménages
en difficultés pour les attributions Hlm A u-delà des attributions à mieux flécher vers les mal-logés, la tension est telle dans les grandes ag- glomérations qu'il est impératif d'ac- croître la production de logements vraiment sociaux (PLAI et PLUS), à hauteur de 150 000 par an en par- ticulier dans les territoires tendus.
Mais pour être réellement sociaux,
ces nouveaux logements doivent sortir à des niveaux de loyers ac- cessibles, sous les plafonds pris en charge par les APL. Ceci est possible en augmentant les aides à la pierre pour aider les bailleurs sociaux à proposer des loyers bas, et en ces- sant de rogner les APL. L a première marge de manoeuvre du " logement d'abord » réside dans une réorientation d'une par- tie des attributions de logements sociaux. Une plus grande part des
500 000 attributions Hlm an-
nuelles doivent se faire en direction des sans-domicile et des ménages prioritaires, au moins à hauteur de
25 % comme le prévoit désormais
la loi. Or les ménages à très bas re- venus ont moins de chances que les autres candidats d'accéder au parc social. Pour rendre les personnes en difficulté réellement prioritaires dans l'accès au logement social, il est impératif d'établir des systèmes objectifs, notamment la " cota- tion
», qui permettent d'attribuer
les Hlm selon des critères partagés et transparents, en prévoyant des baisses de loyer si nécessaire et en augmentant l'aide au paiement des charges.
3,93,9
3,43,64,55,56,76,68,0
6, 6 5, 3
Ensemble
0€
1 - 499€
50
0 - 999€
1 000 - 1 499€
2 000 - 2 49
9€
2 500 - 2 99
9€
3
000 - 3 499€
3 50
0 - 3 999€
4 000 - 4 499€
4 500 - 4 999€
> = 5 000€1 500 - 1 99
9€
5, 45,4
20 00040 00060 00080 000100 000120 000140 000160 000
PLS P LUS PLAI
NOMBRE DE
LOGEMENTS SOCIAUX FINANCÉS EN FRANCE MÉTROPOLITAINE (HORS ANRU) 8 648
42 224
5 427 OBJ ECTIF
150 000
31 966
57 909
34 351
LOGEMENTS CONVENTIONNÉS PAR L'ANAH À "LOYERS MAÎTRISÉS»
AVEC OU SANS TRAVAUX
(HORS INSTITUTIONNELS)
SOURCE / ANAH
Mobiliser le parc privé
DONT LOGEMENTS INTERMÉDIAIRES
DONT LOGEMENTS SOCIAUX
DONT LOGEMENTS TRÈS SOCIAUX
Le parc social ne peut pas, à lui
seul, accueillir tous les ménages en difficulté. Il faut donc dynamiser les conventionnements de loge- ments privés par l'Anah pour capter chaque année 40 000 logements.
Pour passer du stade artisanal à
l'échelle industrielle, il est essen- tiel de proposer aux bailleurs privés intéressés un package comprenant des aides simplifiées, afin de sécu- riser leur rendement locatif par une indemnisation fine des baisses de loyer qu'ils consentent (par rapport au loyer de marché réel), des éven- tuels travaux de remise en état du logement, ainsi qu'une gestion lo- cative adaptée garantissant le paie- ment du loyer et la prise en charge en cas de dégradation ou de va- cance. En échange de ces conditions avantageuses, ces logements privés doivent accueillir, principalement en mandat de gestion, des ménages prioritaires en difficulté.
SDF : OBJECTIF ZÉRO ! 2017 • 3
Accueillir dignement
les personnes migrantes
Ce plan comprend également un
accueil digne des personnes mi- grantes en privilégiant leur accès au logement. La facilitation des dé- marches des demandeurs d'asile passe notamment par la production de davantage de places en Centres d'accueil (CADA). Pour les per- sonnes déboutées du droit d'asile, il est indispensable d'assouplir les conditions de régularisation, condi- tion sine qua none d'intégration de personnes qui bien souvent tra- vaillent, ont des enfants scolarisés, ne sont parfois pas expulsables, mais qui stagnent dans des situa- tions de mal-logement inextricables,
à l'hôtel, en hébergement ou en bi-
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