Séquence ④ : L’Etranger, d’Albert Camus Objet d’étude : Le
Lecture analytique n° ③ L’Etranger, CAMUS (1942) : On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant, dans L’Étranger, l’histoire d’un homme qui,
Albert Camus, L’Etranger, 1942
2 Lecture analytique n°1 Albert Camus, L’Etranger, 1942, depuis le début jusqu’à « s’ennuyer avec vous », pp 9-12 L’incipit I Etude des caractéristiques de l’incipit : Evocation d’une conscience engluée dans le présent
L’Étranger d’Albert Camus
Par ailleurs, si l’enseignant a un souvenir de lecture particulier associé à cette œuvre et susceptible d’éveiller la curiosité des élèves, il serait aussi souhaitable qu’il se mette lui-même en scène comme sujet lecteur et indique le rôle qu’a pu jouer L’Étranger dans sa vie culturelle 2
L’étranger, Camus : incipit (analyse)
l’humanité L’Étranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » et qui transpose en roman sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’existence n’a pas de sens et seule la fatalité et le hasard guident nos pas
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Séquence ④: L’Etranger, d’Albert Camus Objet d’étude : Le personnage de roman du XVII° siècle à nos jours Lecture analytique n° ④ LʼEtranger, CAMUS (1942) : lʼexcipit
L’étranger, Camus : analyse (le procès)
L’étranger, Camus : analyse (le procès) Voici une analyse d’un extrait issu de L’Etranger de Camus Il s’agit d’un extrait du chapitre 4 de la deuxième partie relatif au
L’étranger - Lecture analytique n° 3 – Le procès a commencé
L’étranger - Lecture analytique n° 3 – Le procès a commencé et Céleste vient de maladroitement essayer de défendre Meursault qui touché déclare « c’est la première fois de ma vie que j’ai eu envie d’embrasser un homme » (p140) Vient le tour de Marie La lecture du passage donne une impression de malaise
Etude d’une œuvre intégrale - Le personnage de roman du
L’étranger - Lecture analytique n° 1 – L’incipit- du début (p 9) à « -sans compter l’effort pour aller à l’autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route » (p13) La lecture du début de ce premier roman de Camus publié en 1942 surprend et séduit le lecteur par son étrangeté
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Objet d'étude : Le personnage de roman du XVII° siècle à nos jours
Lecture analytique n° ④
LEtranger, CAMUS (1942) : lʼexcipit
La dernière page : "Lui parti, j
ai retrouvé le calme"... jusquà la fin
I) Introduction
-Situation générale : Ce texte constitue lʼexcipit du roman LʼEtranger dʼAlbert Camus, roman qui met en scène un petit
employé, Meursault, qui vit au jour le jour et refuse de faire semblant, comme le voudrait le conformisme social. Ce
refus du conformisme social se double dune indifférence à sa propre vie ("Ça mʼest égal" est une phrase quʼil répète
souvent) : même s il n en est pas encore conscient, il pressent l absurdité du monde, et il vit chaque instant comme dénué de sens et de but.Un jeu de circonstances l
a amené à tuer un Arabe. Le procès est maintenant terminé, Meursault a été condamné à
mort. Non pas réellement pour son crime, puisque dans le contexte colonial d une Algérie contrôlée par la France, l assassinat d un Arabe par un Français n était pas considéré à sa juste gravité, et Meursault aurait pu être facilement acquitté si par exemple il avait expliqué qu il avait agi sous le coup d une insolation, ou s il avait plaidé la légitime défense (même si le fait davoir tiré quatre fois était difficile à justifier). En vérité, la justice, au lieu de s'attacher à
clarifier les circonstances du crime, s est concentrée sur la personnalité de Meursault, son caractère asocial. Et cʼest làque Meursault se fait "rattraper" par son caractère foncièrement différent, impossible à intégrer dans une société : s
il est condamné à mort, cest pour son indifférence aux normes et aux valeurs de la société, indifférence dont on lui fait
un crime parce qu elle constitue un défi pour une société basée sur l ambition et la domination.- Situation particulière : Cʼest la dernière page du roman. Meursault doit être exécuté prochainement, lʼaumônier lui a
rendu visite dans sa cellule, mais la consolation religieuse qu il proposait à Meursault a mis celui-ci dans une étrange colère, mêlée de joie ; il s est précipité sur l aumônier, l a saisi au collet, lui criant que rien n a d importance en soipuisque, de toutes façons, il nous faut tous mourir un jour : "un seul destin devait mʼélire moi-même, et avec moi des
milliards de privilégiés". On a "arraché" lʼaumônier des mains de Meursault. Celui-ci se retrouve maintenant seul.
II) Lecture
III) Problématique et plan!
Ce passage nous montre Meursault prenant conscience pour la première fois de lʼabsurdité de la vie. Cela va
sopérer en deux temps : le retour au calme tout dʼabord, puis la découverte de sa propre vérité.
IV) Explication
A) Le retour au calme
1) La coupure avec le monde des hommes
- La coupure avec le monde des hommes sʼopère avec le départ du prêtre. Cʼest une rupture définitive, que marque
nettement la subordonnée participiale "Lui parti...", à la fois par sa brièveté (deux mots) qui marque bien la frontière
entre le avant et le après, et par l'aspect accompli du verbe, qui suggère un fait révolu, une affaire classée dont on n
a plus à s occuper : c est comme si le prêtre n avait jamais existé.Dès lors Meursault retrouve le calme qui était le sien avant l'arrivée du prêtre, le calme foncier de celui qui sait qu
il araison, de celui qui a trouvé SA vérité, comme il le dit dans un passage qui précède notre extrait : "Jʼavais eu raison,
j avais encore raison, j avais toujours raison". - Et cest, pour la première fois, la prise de conscience de son étrangeté au monde. Cette distance qui le séparait du
monde des hommes, cette étrangeté, il ne se contente plus de la vivre au premier degré, dans une espèce d
hébétudeet d'engourdissement de la pensée, il la formule dans des mots : "un monde qui maintenant mʼétait à jamais indifférent".
Ce que perçoit Meursault de ce monde se trouve maintenant très loin, "à la limite de la nuit", et en plus à travers la
notation dun bruit désagréable ("des sirènes ont hurlé") : ainsi ce monde est signalé comme agressif, par opposition
avec le monde de la nature. 2) L osmose avec le monde de la natureMeursault avait toujours fortement ressenti la nature (et notamment le soleil), il découvre maintenant que là est la vraie
vie pour lui, à laquelle il s ouvre entièrement après un sommeil purificateur qui est pour lui comme une nouvellenaissance : "Je crois que jʼai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur mon visage".
- La nature est pour lui une fête des sens : y participent le toucher ("rafraichissaient, entraient en moi"), lʼodorat ("des
odeurs de nuit, de terre et de sel"), lʼouïe ("des bruits de campagne") et peut-être même le goût à travers le mot "sel".
Seule la vue n
est pas représentée, peut-être du fait de la nuit ou encore de la présence des murs. Et Meursault, ce
même Meursault qui avait tant de mal à établir des relations et une logique entre les choses (cf l
usage du PasséComposé), cʼest lui maintenant qui va trouver des relations improbables et établir des correspondances proprement
poétiques entre les différentes sensations (synesthésie de lʼodorat et du toucher : "Des odeurs rafraichissaient") et
entre lʼabstrait et le concret (métaphore de la paix comme une marée, nuit chargée de signes et dʼétoiles).
De ces correspondances naît alors un sentiment d ʼharmonie générale, renforcée par l'impression de durée quʼapporte lImparfait : "des bruits montaient / des odeurs rafraichissaient / la paix entrait". On est loin de ce Passé Composé qui
isolait chaque action l une de l autre et empêchait d y trouver une quelconque logique. Au lieu de placer le lecteur faceà une succession de petits faits autonomes, l
imparfait au contraire donne l impression de baigner dans une sorte d intemporalité ou même déternité.
- D autre part la nature semble être comme une compagne pour Meursault, ce que l on ressent à travers plusieurs personnifications : lété est "endormi" comme pourrait lʼêtre un être vivant, les éléments de la nature deviennent sujets
de verbes daction ("des bruits montaient, des odeurs rafraichissaient"). Parfois la personnification sʼopère au point
dêtre ressentie comme une présence effective : "Je me suis réveillé avec des étoiles sur mon visage", comme si lui et
les éléments naturels étaient de la même essence, ce que rappelle un peu plus loin l expression "un monde si pareil àmoi, si fraternel". Ce que Meursault ressent ici, cʼest une véritable communion avec la nature. Le monde certes est
indifférent à l homme. Mais cette indifférence est "tendre" car elle laisse à l homme la possibilité de communier avec la nature, et donc dêtre heureux.
Cette harmonie avec la nature s
exprime dans un vocabulaire dont la poésie traduit un état dʼesprit tout nouveau chezMeursault. Finies les notations objectives et glacées du type "Aujourdʼhui maman est morte. Ou peut-être hier" que lʼon
avait au début du roman, place au lyrisme et à la chaleur des sentiments, à la vision enchantée du poète
("merveilleuse paix, trêve mélancolique, nuit chargée de signes")..B) La découverte de sa vérité
1) Le souvenir de sa mère
Le roman se clôt par où il avait commencé, par l évocation de la mère, mais les choses sont maintenant biendifférentes. Une solidarité nouvelle est apparue entre le fils et sa mère, née dʼune proximité des vécus :
- Lexpérience commune de lʼattente de la mort : on notera la douceur nouvelle de lʼeuphémisme "des vies
séteignaient", lʼutilisation de la métaphore montrant une prise de recul, un lâcher-prise, un détachement du fait brut de
par la magie de la poésie, qui révèle un abandon serein à un destin que Meursault a désormais accepté.
- La similitude des leçons tirées de cette imminence de la mort : la vie a une valeur en elle-même, et non pas par
rapport à une hypothétique vie éternelle ou de hasardeuses récompenses ou punitions dans l
au-delà. C est pourquoiMeursault avait été si agressif envers le prêtre, qui "vivait comme un mort", puisque tout entier tourné vers une
supposée vie future. En niant la valeur de la vie ici-bas, le prêtre dépossédait Meursault de son unique richesse. D
où la violence de la réaction de ce dernier. Meursault imagine sa mère "prête à tout revivre", ce qui est une façon - de vivre intensément linstant présent sans le laisser être gâché par lʼidée de la mort ("si près de la mort, maman
devait s y sentir libérée"), - d assumer sa vie, c est-à-dire d affirmer que, s il fallait la revivre elle n y changerait rien. C est pourquoi"personne nʼavait le droit de pleurer sur elle", puisquʼelle avait vécu pleinement et comme la vie doit être vécue, elle
avait même "joué à tout recommencer". Pleurer sur elle, cétait lui faire l
insulte de croire qu elle n avait pas su employer sa vie comme il le fallait.Car la vie est belle quand on n
espère plus, quand on est "vidé d espoir", quand on a accepté qu il n y avait rien d autre qu elle sur terre : alors elle devient précieuse, puisqu elle constitue toute notre richesse. Et la seule chose à faire est dela vivre le plus intensément possible, sans y chercher un sens improbable ou des buts imaginaires (comme le font les
religions), qui ne font que nous détourner de la vivre pleinement et de l apprécier à sa juste valeur, dans l ici et le maintenant de la sensation.2) Le bilan personnel
La réflexion sur sa mère permet à Meursault de se comprendre lui-même : "Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout
revivre". Il fait alors une double prise de conscience : - Il se rend compte de son bonheur : "Jʼavais été heureux et je lʼétais encore".Son bonheur, Meursault l
a trouvé dans la jouissance de l instant présent, et dans la plénitude de la sensation : ainsi lesprit trouve sa raison dans le corps. Et les sensations les plus fortes naissent au contact avec la nature : si la nature
revêt une telle importance pour Meursault, c est qu il sent confusément qu il n a pas d autre raison de vivre que dêtre
en harmonie totale avec elle. Ainsi vivre au jour le jour sans se poser de questions puisque de toutes façons rien de
tout cela n a de sens, se laisser aller en quelque sorte à la pleine expérience de l instant présent, tel est le secret pourêtre heureux selon Meursault, c
est-à-dire selon l homme absurde.Mais ce bonheur ne peut être là qu
à partir du moment où la mort n
est plus un scandale, c est-à-dire à partir du moment où elle est pleinement acceptée. Or cette acceptation va se faire que lorsqu elle sera toute proche ("si près de la mort, maman devait sy sentir libérée") : cʼest pourquoi Meursault ne prend conscience de tout cela quʼau moment où
il sait qu il va être exécuté. - Il ne subit plus l absurdité de la vie, il l'assume. Ce qu il a compris de lui-même maintenant lui permet d'assumer ce qui l attend en toute tranquillité. Il se projette mêmedans le futur ("il me restait à souhaiter...") et cʼest la première fois quʼil est capable de dépasser le présent. Il fait même
un bilan sur son passé ("j avais été heureux"), envisageant ainsi la vie de façon beaucoup plus large que précédemment. C est qu il a trouvé sa logique propre et se sent désormais justifié d avoir vécu le nez sur l instantprésent, sans chercher à déterminer les causes ou les buts de ses actions. Lʼabsurde quʼil mettait en application sans
le savoir, maintenant il le prend en charge : c est dans l indifférence à tout que l homme absurde trouve son bonheur.Désormais, il vivra (même si ce n
est plus pour longtemps) en complète logique avec lui-même.- Il se veut en rupture totale avec le reste des hommes ("et quʼils mʼaccueillent avec des cris de haine"). Nous sommes
loin de la vulnérabilité de celui qui se sentait toujours coupable ("il mʼa semblé quʼil me reprochait quelque chose" est
en effet une idée qui revenait souvent dans son discours).Il se permet même de faire de l
ironie, voire de la provocation : "pour que je me sente moins seul... quʼils mʼaccueillentavec des cris de haine", comme si la haine pouvait faire quʼon se sente moins seul, comme si cette haine allait lui tenir
compagnie ! Mais il est arrivé à un tel détachement du reste des hommes et de ce qu ils peuvent penser de lui qu il n a aucune envie dêtre apprécié d
un monde qu il refuse, et que la haine qu il suscite lui est la confirmation qu il a fait lebon choix : il ne veut rien avoir de commun avec cette société, il se veut irréductiblement hors normes. Et dans ce
contexte, les cris de haine pourront effectivement lui sembler de bonne compagnie...Si le héros est celui qui va jusqu
au bout de lui-même, Meursault est un héros. En effet, il est allé jusqu'au bout de l'absurde : puisque tout est égal, tuer ou ne pas tuer est égal, jusquà l
ultime constatation : vivre ou mourir est égal. Ainsi Meursault a-t-il fait taire en lui tout réflexe vital, tout instinct de vie.Mais ce héros est en fait en anti-héros, puisquʼil va jusquʼau bout... de lʼabominable : sa façon de vivre en-dehors de
tout sens et de tout jugement moral l a tout de même amené à enterrer sa mère sans émotion et à tuer sans état d âme... En ce sens, il représente bel et bien un danger pour la société.V) Conclusion
- Meursault est enfin parvenu à coïncider avec lui-même, à être logique avec lui-même. Son étrangeté à la société
trouve son explication dans sa conception d un bonheur comme jouissance immédiate de l instant présent après avoir renoncé à lutter contre l inévitable. C est une sorte de stoïcisme moderne : ne pas sʼépuiser face à une chose contrelaquelle on ne peut rien. En ce sens, LʼEtranger apparaît comme un roman dʼinitiation dont le héros prend
progressivement conscience de lui-même. Il devient capable d exprimer sa logique propre et de l assumer face au monde : se tenir proche de la nature et éloigné des hommes. - "Philosopher, c est apprendre à mourir", disaient les philosophes de l Antiquité (et après eux, Montaigne au XVI°siècle). Meursault dans ce sens, est un sage : il a accepté de mourir et il prend la vie comme elle vient. La particularité
de cette dernière page, c est qu ʼil en prend enfin conscience, y puise une grande sérénité, et dès lors sera capable de l assumer envers et contre tous. - Pourtant, même si l univers est privé de sens, l individu peut agir. Meursault reste un personnage théorique, et son créateur n est pas allé aussi loin que lui sur le chemin de l absurde. En effet, Camus ne s est pas désinvesti de la vie.