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Le schéma actantiel - erg

partie selon ce modèle qu’est construite L’École des femmes, où Molière apporte, en outre, une variation originale au début de l’intrigue, le barbon Arnolphe, qui est très fort, est le clown blanc, alors que le jeune Horace est si naïf qu’il est presque l’Auguste



Note dintention

Dans L’École des femmes (1662), contrairement à L'École des maris (1661), pièce foi-sonnante au schéma actanciel compliqué, Molière allège le canevas, en ne proposant qu'une histoire à suivre : celle d'un barbon qui veut se marier coûte que coûte avec sa pupille et la naissance d'un grand amour



L’École des femmes

Annexe_3 Le schéma actantiel : présentation de Jean-Pierre Ryngaert Annexe_4 La fable d’Arnolphe : version lacunaire et corrigé Annexe_5 La fable d’Agnès : corrigé Annexe_6 Les maximes du mariage : ouvrages dévots de l’époque de Molière Annexe_7 Relevé des lieux de l’action dans L’École des femmes 3 7 18 26 28 31 35 39 40 41



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Le nom d'un personnage peut préfigurer son destin Dans la pièce L’École des femmes (1662, Molière), le personnage d'Arnolphe est obsédé par la crainte d'être cocufié, il cherche à épouser une femme qu'il pense être trop bête pour avoir l'idée d'aller voir ailleurs Or, Arnolphe est le nom du saint patron des maris trompés



INTRODUCTION GENERALE - Overblog

4 L’Ecole des Femmes, Molière Groupement 4 : la satire sociale dans la littérature négro - africaine 1 Histoire d’AWU, Justine MINTSA 2 Une Si Longue Lettre, Mariama BÂ 3 Ville Cruelle, EZA BOTO 4 Les Matinées Sombres, Narcisse EYI MENIE 5 Les Larmes de Tsiana, Sylvain NZAMBA



Diplomarbeit version 3 - univieacat

1 1 Introduction Le thème de ce mémoire s’est développé en lisant le roman Les Misérables (1862) de Victor Hugo, un des écrivains les plus populaires en France, mais presque



LA PRINCESSE DE CLEVES -ME DE LA FAYETTE

des Glaces à Versailles 1678 La Fontaine, deuxième recueil des Fables 1681 Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle 1684 Révocation de l’édit Mort de Corneille de Nantes 1685 1687 La Bruyère, Les Caractères 1689 Racine, Esther 1691 Racine, Athalie



Mon dossier - ac-guadeloupefr

des rois qui interdisent certaines pièces et autorisent d’autres Des Académies sont alors créées dans chaque art (par exemple, l'Académie française en 1635) Ces Académies sont chargées de réglementer les compositions des œuvres artistiques Les auteurs des pièces de théâtre doivent obéir à des règles



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La Barbe Bleue - i-profsfr: Des Fiches pédagogiques pour

Beaux-Arts de Lyon, puis à l'Ecole des Arts Décoratifs de Genève Il travaille pour la publicité, et à partir de 1977, se spécialise dans le domaine du livre pour enfants Il partage son temps entre l'enseignement à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon et l'Ecole Emile Cohl Grille d'analyse Axe narratif * Schéma narratif du conte

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ANALYSER LE PERSONNAGE

SOMMAIRE

Éléments de définition.................................................................................................................1

La description du personnage......................................................................................................2

Le schéma actanciel.....................................................................................................................4

Le héros.................................................................................................................................................6

L'effet de réel...............................................................................................................................7

Le monomythe.......................................................................................................................................8

Le XXe siècle............................................................................................................................10

Le Nouveau Roman :...........................................................................................................................11

Le théâtre de l'Absurde........................................................................................................................12

Étude du personnage de roman (voir le document sur le théâtre pour étudier le personnage de théâtre, même si j'en touche un mot ici aussi).

Vu le thème du site, on va en rester à des considérations littéraires mais je vais aussi tâcher

d'utiliser des exemples provenant du cinéma pour rendre les choses plus claires.

ÉLÉMENTS DE DÉFINITION

Ce site étant étiqueté " littéraire », on va commencer par un peu de jargon histoire d'être en

phase avec ce qu'on attend d'un tel site. Pour cela, on va parler de Yves Reuter. Il va y avoir quelques mots qui ne veulent rien dire mais les définitions devraient être limpides. Yves Reuter est professeur à l'université Lille 3. Selon lui, le personnage est : •Un marqueur typologique : Il caractérise le genre romanesque car le roman raconte, par définition, l'histoire d'un ou de plusieurs personnages. Est-il seulement possible d'écrire un roman sans personnage ? Pas vraiment mais un peu quand même. Le courant littéraire dit " Nouveau Roman » s'y est aventuré mais n'a pas particulièrement réussi son coup, comme on aura l'occasion de le constater plus bas. •Un organisateur textuel :

Le roman est un genre narratif qui se caractérise par l'action. Pour qu'il y ait une suite d'actions,

il faut un personnage pour les exécuter. Le personnage romanesque lie les actions entre elles,

leur donne une cohérence. Sans personnage, l'intrigue n'est pas cohérente, la narration n'est plus

structurée. •Un double lieu d'investissement : Pour l'auteur qui le crée et le lecteur qui prend connaissance de ce personnage : Pour l'auteur, qui projette sa vision du monde dans ses personnages. Pour le lecteur, qui s'identifie au personnage. Un rapport affectif se crée.

LA DESCRIPTION DU PERSONNAGE

La description d'un personnage concerne son habillement, le vocabulaire qu'il utilise, ses

manières et son apparence physique qui sont autant de critères qui déterminent l'origine sociale

et le caractère. Le nom peut être particulièrement important. Plus un nom est banal, plus le personnage est

réaliste. S'il est fantasque, il a tendance marquer d'office la fiction, voire la farce. Les noms

nobles, grandiloquents, donnent de la superbe aux personnages qui les portent. Le roman Bel Ami (1885) de Maupassant (un roman d'apprentissage) met en scène Georges Duroy, un arriviste qui veut gravir l'échelle sociale. Son patronyme (Duroy) fait clairement

écho à la noblesse tandis que Georges veut dire paysan en grec. Présenté dès le début du roman,

le héros porte un paradoxe. Le nom d'un personnage peut préfigurer son destin. Dans la pièce L'École des femmes (1662,

Molière), le personnage d'Arnolphe est obsédé par la crainte d'être cocufié, il cherche à épouser

une femme qu'il pense être trop bête pour avoir l'idée d'aller voir ailleurs. Or, Arnolphe est le

nom du saint patron des maris trompés. D'entrée de jeu, on peut savoir que l'entreprise du personnage d'Arnolphe est vouée à l'échec si l'on s'intéresse à son étymologie. Même si la description physique peut-être est très précise, le personnage romanesque est par définition incomplet, car on ne peut pas se l'imaginer comme si on avait sa photo sous les yeux. Les éléments biographiques ne sont pas exhaustifs non plus, on n'a pas accès à sa

généalogie sur quatre générations, on ignore le plus souvent les événements qui ont précédé le

début du récit. Pour combler ces lacunes, le lecteur se représente le personnage d'une manière

qui lui est propre, il l'interprète en fonction de ce qu'il ressent pour le personnage. Ainsi, le

personnage n'est pas une entité figée, elle fluctue selon chaque lecteur qui aborde l'histoire de

manière personnelle. C'est pour ça qu'une analyse strictement psychologique d'un personnage de fiction n'a pas beaucoup de sens ; on n'a pas assez d'éléments à disposition pour le comprendre comme on le voudrait. Ce n'est pas tant la psychologie qui conditionne l'action d'un personnage que l'intrigue et le besoin de faire avancer cette intrigue. L'étude d'un personnage devient vraiment intéressante à partir du moment où l'on essaye de voir quel impact l'auteur lui donne pour développer l'histoire, où l'on analyse ses interactions avec son environnement et les autres personnages en présence. Parfois, un personnage peut apparaître chez différents auteurs.

Ça arrive très souvent au théâtre, quand les pièces sont inspirées de la mythologie. Il est

alors intéressant de voir de quelle manière le personnage est traité selon différents auteurs. En

guise d'exemple, nous pouvons citer le personnage d'Antigone (figure de rébellion contre

l'autorité politique) qui a occupé pour la première fois un rôle central au théâtre dans la pièce

éponyme (l'oeuvre porte le nom du personnage) de Sophocle (Antigone, 441 avant Jésus-

Christ). D'autres pièces prenant Antigone pour héroïne ont été écrites depuis lors, introduisant

ainsi des variations dans le mythe et dans le traitement réservé au personnage.

LE SCHÉMA ACTANCIEL

Bien souvent, les lecteurs ou les spectateurs ont une approche " psychologisante » du personnage (Mais enfin pourquoi ce personnage fait ça ? Il est con ou bien ?), ce qui n'est

particulièrement pertinent. Un personnage est un être fictif, il réagit comme il réagit car l'auteur

/ scénariste l'a décidé, en accord avec le principe de cohérence (ou effet de réel, ça dépend des

auteurs, j'en parle plus bas). Des fois c'est réussi, d'autres fois c'est raté. Le personnage doit agir

comme le ferait une véritable personne dans un contexte donné mais il ne faut pour autant l'analyser comme une vraie personne. Il est plus intéressant de l'étudier en fonction de son impact sur l'action et de ses relations avec les autres personnages. Les personnages sont moins gouvernés par une psychologie que par des rapports de force qui influencent l'action. Il faut alors ressortir le vieux schéma actanciel avec lequel on nous a farci le crâne au

collège. J'ai déjà eu l'occasion de le dire mais je le répète : même si ni les collégiens ni leurs

parents ne comprennent l'intérêt de ce truc, c'est un excellent outil quand il s'agit d'analyser une

fiction. Il a été établi par Algirdas Julien Greimas, un linguiste, donc c'est forcément bourré de

jargon mais en réalité c'est très simple à comprendre.

Décryptage :

La quête est menée par un sujet envers un objet (l'argent, un titre de noblesse, la gloire, la justice, un objet inanimé, une personne, etc). Les adjuvants sont ceux qui aident le sujet dans sa quête. Les opposants s'opposent au sujet dans l'accomplissement de sa quête.

Les destinateurs poussent le sujet à agir.

Le destinataire est celui auquel la quête du sujet est destinée. Le destinataire peut être le sujet

lui-même, une tierce personne, une collectivité, une abstraction, .... On peut trouver plusieurs sujets qui ont chacun leur quête ou qui s'opposent / s'allient pour une quête commune. La fonction actancielle d'un personnage peut évoluer dans la pièce. D'adjuvant il peut

devenir opposant, etc. Un même personnage peut également avoir plusieurs fonctions

actancielles.

Il peut être intéressant d'opposer le dire et le faire. Si un personnage dit une chose mais fait

l'inverse de ce qu'il recommande, on affaire à un hypocrite, à un intriguant.

Illustration du concept avec Le Seigneur des Anneaux (qui est une série de livres à la base) :

Frodon Saquet est le sujet. Il a choisi de s'aventurer dans le Mordor, le repère des forces des

ténèbres, pour détruire l'anneau de Sauron, la plus grande menace qui plane sur la paix et la

liberté. Plus d'anneau, plus de Sauron. Il est aidé dans sa quête par la Communauté de l'anneau, composée du magicien Gandalf, de l'elfe Legolas, du nain Gimli, des humains Aragorn et Boromir, des trois hobits Sam, Pipin et Mery, puis de la créature Golum. Tous ces personnages sont les adjuvants. Pendant un temps, Boromir devient un opposant en cherchant s'emparer de l'anneau de Frodon. Même chose avec

Golum qui a une attitude très ambiguë (sa double personnalité ne l'aide pas) et qui finit par

attaquer Frodon pour lui voler l'anneau. Les destinateurs sont tous les personnages pacifiques que Frodon et sa petite équipe rencontrent. Ils veulent tous qu'il détruise enfin cet anneau car personne ne tient à ce que

Sauron revienne pour conquérir le monde.

Le destinataire, c'est la paix dans le monde. L'harmonie, l'amitié, la camaraderie, et tout un tas d'autres mièvreries qui font sourire à la fin de l'histoire

LE HÉROS

Le héros a une importance qualitative et quantitative dans l'intrigue : il apparaît plus

souvent que les autres (en général, on le suit sans le lâcher du début à la fin de l'intrigue) et ses

actions ont plus d'efficacité sur l'intrigue que les autres personnages. C'est lui qui résout les

problèmes, qui fait avancer l'histoire, qui prend les décisions et ses actes modèlent la réalité. Il

suscite l'admiration, bénéficie de la reconnaissance du public / lecteur et des autres

personnages.

À la fac, nous avons surtout étudié le héros romanesque du XIXe siècle, je ne m'aventurerai

donc pas à évoquer les siècles précédents. Pour résumer, voici ce que nous pouvons dire des

caractéristiques du héros en fonction du courant : Réalisme : Il n'est pas idéalisé, c'est un homme banal. Naturalisme : Le héros est un homme du peuple, il est l'objet de l'analyse scientifique de l'auteur (psychologie, caractéristiques héréditaires, impact de son environnement sur son comportement). Décadentisme (Huysmans et Lorrain surtout) : Le héros est un être intelligent, cultivé,

raffiné qui tend à se soustraire à la société pour cultiver son individualité. Ses actions sont

réduites à peu de choses ; il n'est pas au centre d'une intrigue complexe, il cherche avant tout à

se développer en tant qu'individu.

L'EFFET DE RÉEL

L'effet de réel cherche à rendre vraisemblable le récit et particulièrement les personnages. Il

fait croire au lecteur qu'on est dans la vraie vie, non pas dans une fiction, que le personnage est une vraie personne. L'auteur donne à son personnage une épaisseur biographique, sociologique.

Quand on a affaire à un récit fantastique, merveilleux ou de science-fiction, on parle plutôt

de principe de cohérence : tout le monde sait que ce qu'on lit / voit à l'écran n'existe pas, mais

l'auteur / scénariste est tout de même tenu de présenter un univers cohérent dans lequel on peut

se projeter. Il ne faut pas que les règles qui régissent l'univers changent dix fois au cours du

récit. On se fixe une ligne, on s'y tient. L'analyse psychologique est toujours utile et elle est assez intuitive (quand on regarde un

film, on voit tout de suite si le caractère du personnage est crédible), mais il ne faut pas la

privilégier au détriment de l'analyse pragmatique. Il faut toujours se demander quel modèle le

personnage représente-t-il, quelles valeurs il incarne, s'il évolue au cours de l'intrigue, ce qu'il

veut et ce qui l'anime dans sa quête. On peut bien évidemment adopter une analyse psychologique quand le récit s'y prête. Le XVIe siècle a vu naître beaucoup de romans (La Princesse de Clèves, par exemple) qui développaient une analyse des sentiments des personnages, des moeurs, de la personnalité, des états d'âme, de la vie intérieure et des drames secrets. Quand on analyse un récit de manière pragmatique, on se rend compte que beaucoup d'histoires se ressemblent. C'est du moins ce que dit la théorie du monomythe.

LE MONOMYTHE

Le monomythe est une théorie qui a été développée par Joseph Campbell (un bonhomme qui

a étudié les diverses mythologies du monde).

Campbell remarque que les héros des grandes épopées suivent le même schéma narratif qui

sont résumés dans le schéma suivant (de Nicole Fodale) :

Le héros épique part à l'aventure sans vraiment le vouloir, sans avoir conscience de l'enjeu

de sa quête. Sur son chemin, il rencontre des gens qui vont lui faire prendre conscience de son destin. Explication plus détaillée en vidéo (5 minutes) : Lien. Ce schéma narratif ne se retrouve pas seulement dans les sagas antiques. Le roman

d'apprentissage (très populaire au XIXe siècle) suit ce modèle en ce sens qu'un personnage tout

à fait ordinaire se lance dans une aventure qui doit le faire mûrir. Le jeune héros est arraché à

son quotidien, et c'est ce déracinement qui contribue à le changer radicalement en le soumettant

à des expériences qu'il n'aurait jamais soupçonnées. De sa confrontation avec la société, il tire

une leçon qui renouvelle la vision qu'avait le lecteur de ce personnage. On retrouve aussi ce schéma narratif dans les grandes épopées cinématographiques. Ce

n'est pas un gigantesque plagiat à l'échelle mondiale. La pensée humaine étant, à peu de choses

près, similaire aux quatre coins du monde et à toutes les époque possibles, il est normal que les

schémas narratifs de grandes oeuvres éloignées dans le temps et dans l'espace se ressemblent

dans le principe.

Le schéma suivant représente les similitudes de fond entre les grandes sagas

hollywoodiennes : On voit ainsi que le héros est guidé par un mentor (The Ancient Mystagogue) en vue d'une confrontation avec un ennemi (The Enemy) qui le dépasse. Avant cette confrontation, il doit surmonter une première épreuve (The Threshold Guardian) et est aidé / entravé par un personnage dont les motivations restent obscures (The Shape-Shifter). Le Tricckster est le faire-

valoir du héros, il met ce dernier en perspective grâce à son incompétence et sa couardise).

LE XXE SIÈCLE

Les grilles d'analyse développées plus haut perdent de leur intérêt pour les romans du XXe

siècle. Souvent, le personnage ne fait rien, il subit l'action au lieu de la commander. Les noms ne représentent plus grand chose, on tend presque à rendre le personnage anonyme en donnant de lui aussi peu d'informations que possible, en passant les descriptions qui le concernent sous silence. C'est au XXe siècle qu'a émergé une nouvelle conception du roman : le personnage s'efface,

les auteurs cherchent à rompre avec le principe de l'imitation et de la reproduction du réel (la

fonction mimétique du roman). C'est la mode du modernisme, du refus des vieilles techniques

narratives qui laissaient croire au lecteur que le récit était réaliste et qui donnaient une épaisseur

aux personnages. Il y avait une volonté de rompre avec le personnage comme être social qui

n'était perçu que dans son rapport à la société qui l'entourait, dans sa fonction sociale (père, fils,

employé, etc). Tout au long du XIXe siècle, le personnage romanesque avait tendance à être vu

comme appartenant à un tout, à une famille, à un corps de métier qui primait sur son individualité. Cette approche a sauté à la fin de la Première Guerre Mondiale. Les auteurs voulaient alors

s'intéresser à l'intimité, à ce que les psychanalystes appellent le Moi (l'intériorité profonde, je

crois). Chaque personne est unique et ne saurait être rattachée à un tout. La notion

d'individualité envahit le roman, les auteurs refusent de donner une biographie à leurs personnages qui n'agissent plus à la manière des grands personnages romanesque d'antan, ils

sont livrés au regard du lecteur dans leur dépouillement et dans leur fragilité. L'action importe

moins que le flux de conscience, les pensées des personnages. L'intrigue est morcelée, la

personnalité et les actions du personnage n'assurent plus la linéarité du récit. Le personnage est

perdu au milieu dans son environnement immédiat, il cherche sa place dans la société et sa perte de repères entraîne une perte de sa consistance.

LE NOUVEAU ROMAN :

Note : Pour cette sous-partie, je me réfère beaucoup au livre d'Albert Samuel, Regard sur la littérature contemporaine

(1974). Il est sans doute parfaitement introuvable en dehors des Bibliothèques Universitaires mais l'auteur a très bien

compris que le 20e siècle marquait le début du livre comme produit culturel en concurrence avec d'autres, avec lesquels il

était mis sur un pied d'égalité. La littérature cessant d'incarner une référence culturelle incontournable, l'auteur doit se

vendre, participer à sa promotion.

Comme dit plus haut, le personnage tend à devenir inutile, il est désincarné. En 1950 naît le

courant du " Nouveau Roman » avec L'Ère du soupçon (1956, Sarraute), Pour un nouveau roman (1963, Robe-Grillet), Essais sur le roman (1964, Butor). Ce mouvement s'oppose à tout ce qui compose le roman traditionnel (psychologie, personnages, intrigue). Les monologues, les descriptions minutieuses de l'environnement, le

caractère répétitif des différentes scènes de vie des personnages remplacent l'action à

proprement dite. L'intrigue étant évacuée, le personnage n'agit plus car il ne saurait avoir de

prise sur une histoire réduite à presque rien. Le personnage n'ayant plus d'importance, son nom

peut être remplacé par une lettre (cf La Jalousie de Robe-Grillet), par un simple pronom personnel. Le mouvement s'essouffle finalement dans les années 70 et on voit alors des auteurs comme Robe-Grillet, Butor ou même Nathalie Sarraute (Enfance, 1883) faire de l'autofiction (l'auteur

se présente comme le personnage principal d'une histoire fictive qui lui serait arrivée). Alors

que les auteurs du Nouveau Roman avaient évacué l'importance du personnage et du narrateur, ils reviennent au premier plan. L'auteur se confond avec le personnage, la première personne (le Je narratif) est au centre du récit. Réflexion hautement philosophique : Cette mode ayant abouti à un cul-de-sac, cela veut-il

dire que l'individualité n'existe pas, que l'être humain est avant tout un être social qui se définit

par son appartenance à quelque chose qui le dépasse et que l'individualisme est stérile ?

LE THÉÂTRE DE L'ABSURDE

Cette crise du personnage concerne aussi le théâtre avec le théâtre de l'absurde. Soit dit en

passant, je vous recommande particulièrement En attendant Godot et Fin de partie de Samuel

Beckett, et aussi Le Roi se meurt de Ionesco (La Cantatrice chauve est également une pièce très

représentative du théâtre de l'absurde mais beaucoup de gens la trouvent chiante comme la

mort). Il faut lire des pièces en rapport avec ce courant pour comprendre l'intérêt de la chose.

Tout le monde peut être fasciné par En attendant Godot alors qu'il ne se passe absolument rien.

C'est juste deux personnages qui sont là, sans savoir quoi faire, et qui attendent ce fameux

Godot. Dit comme ça, ça ressemble à des trucs pour intellos coincés mais en vrai c'est ce qui

m'a vraiment fait aimer le théâtre car il y a quelque chose de tragique dans cette inertie. Pour comprendre le théâtre de l'absurde qui se développe après la Seconde Guerre

Mondiale (années 50) il faut comprendre ce qu'il y avait avant : le théâtre traditionnel. Pour

Albert Samuel, le théâtre traditionnel recouvrait deux facettes : la facilité (les vaudevilles, des

pièces qui visent à susciter l'émotion du public, des comédies distrayantes) et la culture (les

pièces classiques qui s'adressaient à l'intelligence). Le développement de l'instruction avait

permis aux pièces classiques d'ouvrir ses portes à un nouveau public, plus populaire. Le théâtre

traditionnel était donc marqué par un souci de vraisemblance, de cohérence dans les rapports de

force entre les personnages.

Là-dessus arrive le théâtre de l'absurde (qu'on appelait au début le " nouveau théâtre »)

marqué par le courant Surréaliste et par le Nouveau Roman. La scénographie est dépouillée

(décor et costumes minimalistes). C'est un théâtre métaphysique qui cherche une vérité qu'on

ne peut pas appréhender, il pose des questions sans pouvoir y répondre. Les personnages parlent dans le vide, la communication échoue (cf La Cantatrice chauve), le langage ne permet

plus de comprendre les intentions / émotions de l'autre. Derrière la stérilité des échanges, de la

sociabilité, on peut voir la mort des personnages, leur non existence, la vacuité absolue de leur

existence. Le théâtre de l'absurde montre des personnages isolés du reste du monde, en prise

avec leurs angoisses.

BIBLIOGRAPHIE

•COLLECTIF, La Littérature française de A à Z, Hatier, 1998, 480 pages. •COLLECTIF, Histoire de la littérature française, Tome 2, Bordas, 1977, 763 pages. •CORINUS Véronique, professeure agrégée de Lettres.

•LOËHR Joël, Les Grandes notions littéraires, Éditions Universitaires de Dijon, 2010,

130 pages.

•SAMUEL Albert, Regard sur la littérature contemporaine, Chronique sociale de France, collection L'Essentiel C.S.F, 1974, 113 pages. + d'infos sur https://gilleselana.wordpress.com/quotesdbs_dbs47.pdfusesText_47