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3 ÉCRITS ÉCONOMIQUES DE VOLTAIRE
Écrits économiques
de Voltaire
Lettres philosophiques
Observations sur MM. Law, Dutot et Melon
Dialogue entre un philosophe et un Contrôleur général des Finances
Épître sur l'Agriculture
L'Homme aux quarante écus
Dictionnaire philosophique
Diatribe à l'auteur des Éphémérides
Correspondance
Paris, octobre 2013
Institut Coppet
INTRODUCTION 4
5 ÉCRITS ÉCONOMIQUES DE VOLTAIRE
INTRODUCTION
VOLTAIRE ET L·ÉCONOMIE POLITIQUE
Le patrimoine littéraire français du siècle des Lumières a été l'objet d'innombrables articles, mémoires, études, ouvrages, qui en ont, ce semble, épuisé la substance. Il n'est plus un roman, il n'est plus un dialogue, un épître, ou une lettre, provenant des grands représentants du bien nommé " parti philosophique », qui n'ait été expurgé et sacralisé par une critique bienveillante. Les terres du siècle des Lumières sont connues, et comme cartographiées ; les sentiers qui mènent de la critique philosophique de la France d'Ancien Régime jusqu'à l'implosion révolutionnaire est même emprunté quotidiennement par les historiens des idées. Comment, dans ces conditions, oserait-on donc prétendre à la nouveauté, en présentant ici les ues ? Il faut dire d'abord que l'histoire de la pensée économique, en tant que discipline autonome, est de création récente. Si l'on écarte les sommaires aperçus de Dupont de Nemours pour l'histoire du développement de l'école physiocratique (1), le premier ouvrage spécifiquement consacré à l'histoire de la pensée économique, qu'on doit au français Adolphe Blanqui, date de 1841. (2) Cette époque, marquée par la pénétration de la doctrine classique, conjointement formulée par les économistes britanniques (Adam Smith, Thomas Malthus, David Ricardo) et français (Jean-Baptiste Say), professe partout les vertus de l'épargne, la supériorité de l'industrie, et le mérite indélébile du " fondateur » Adam Smith. Ces trois positions, déjà, n'aidèrent pas à fournir un compte-rendu positif des idées économiques de Voltaire, qui vanta le luxe comme source d'enrichissement pour les peuples, mit l'agriculture sur un piédestal, et fut mêlé aux efforts des Physiocrates pour fonder la science de l'économie politique.
INTRODUCTION 6
Représentatif de cette approche critique est l'article " Voltaire » que le très savant Henri Baudrillart donna en 1854 au de l'économie politique, et que nous reproduisons en annexe de cet ouvrage.Nuancé, mais plutôt critique, il acheva de convaincre l'école française d'économie du non-intérêt que pouvait avoir assez amèrement l'article, " un mélange d'idées vraies et d'idées fausses, avec prédominance de ces dernières ». (3) du , pour fournir l'histoire des idées économiques, furent moins enclins encore à faire naître une ap- SUpFLDWLRQSRVLWLYHGHO·±XYUHGXSDWULDUFKHde Ferney. Parce que leur tradition en histoire de la pensée économique n'était française ni par nationalité ni par goût, Joseph A. Schumpeter, Murray N. Rothbard, ou Mark Blaug, firent à peine entrer le nom de Voltaire dans le récit de la grande épopée de la nouvelle science écono- mique au cours du XVIIIe siècle ³ et Rothbard ne le mentionne même pas. Une approche radicalement nouvelle, fondée sur une réap- propriation du corpus physiocratique, ainsi que sur une analyse positive des prises de positions critiques du camp philosophique de la période, est donc nécessaire. Ce n'est qu'à ce prix que le rôle de Voltaire, tant dans la naissance de la science économique que dans la diffusion de ses principes et de ses vérités pratiques, pour- ra être décelé, compris, et expliqué. Nous pourrions bien, partant à la recherche des influences profondes de l'économie politique scientifique, trouver ça et là quelques auteurs, chicaner infiniment sur leurs apports, puis présenter, content de nous-même, la véritable lignée de cette science. S'il n'est pas vain de poursuivre cette recherche, il est certain que la multiplicité des causes ne sied pas aux ambitions de cette introduction. Qu'il nous soit permis néanmoins d'en mobiliser certaines, pour éclairer quelque peu cette présentation, et aider à la compréhension de l'économie politique de Voltaire.
7 ÉCRITS ÉCONOMIQUES DE VOLTAIRE
L'exemple de l'Angleterre, en premier lieu, c'est-à-dire l'in- fluence de son mode de gouvernement et de ses principes en matière de commerce sur la formation et le développement de l'économie politique en France, a été tout à fait déterminant. C'est en effet d'Angleterre que nous sont venus, notamment, les tout premiers ouvrages de théorie économique, à l'époque où les réformateurs de notre pays tâchaient de trouver des moyens de solutionner le mal français. " La connaissance des pratiques employées par les étrangers est la voie la plus sûre pour y parvenir ªQRWDLWVDJHPHQW)RUERQQDLVTXL±XYUDDXVVLELHQHQ traducteur qu'en économiste. (4) De cette influence, Voltaire fut le témoin ; il y participa même. Après avoir vécu deux ans en
Angleterre, il livra au public des , plus tard
intitulées , dans lesquelles il présentait les dif- férentes religions présentes en Angleterre, évoquait les richesses du commerce anglais, et ferraillait avec quelques-uns des grands penseurs du temps, comme Blaise Pascal, ou John Locke ³ qu'il contribuait ainsi à introduire auprès du public français. C'est dans ces lettres, en apparence très impropres à contenir des réflexions d'ordre économique, que nous trouvons les toutes premières pièces à apporter à notre recueil. Raisonnant sur le mode comparatif, Voltaire prend le parti de l'Angleterre, et four- nit des aperçus très élogieux sur la Bourse de Londres, " cette place plus respectable que bien des cours » (5) ainsi que sur le commerce. Entre la noblesse commerçante anglaise et les badine- ULHVGHODFRXUGH9HUVDLOOHVOHF±XUGH9ROWDLUHQHEDODQFHSDV : Je ne sais lequel est plus utile à un État, ou un seigneur bien poudré qui sait précisément à quelle heure le Roi se lève, à quelle heure il se couche, et qui se donne des airs de grandeur en jouant qui enrichit son pays, donne de son cabinet des ordres à Surate et au Caire, et contribue au bonheur du monde. (6) Dans une lettre que nous ne reprenons pas ici, et qui est consacrée à l'étude des de Pascal, Voltaire s'avança même à un degré rare vers l'une des idées-IRUFHVGHO·eFRVVDLV $GDP
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INTRODUCTION 8
l'harmonie des intérêts, que Smith immortalisera de façon célèbre avec son concept de " main invisible », que Voltaire touchait net- tement du doigt dans cette vingt-cinquième et dernière lettre. Blaise Pascal avait écrit : " Nous naissons injustes ; car chacun tend à soi. Cela est contre tout ordre. Il faut tendre au général ; et la pente vers soi est le commencement de tout désordre en guerre, en police, en économie, etc. » Voltaire est sur ce point en complet désaccord, et il note, en guise de réponse : &HOD HVW VHORQ WRXW RUGUH ,O HVW DXVVL LPSRVVLEOH TX·XQH société puisse se former et subsister sans amour-SURSUHTX·LO serait impossible de faire des enfants sans concupiscence, de VRQJHU j VH QRXUULU VDQV DSSpWLW HWF &·HVW O·DPRXU GH QRXV- PrPH TXL DVVLVWH O·DPRXU GHV DXWUHV F·HVW SDU QRV EHVRLQV mutuels que nous sommes utiles au genre humain F·HVW OH fondement de tout commerce F·HVWO·pWHUQHOOLHQGes hommes. SHUVRQQHVIRUPpH"esdbs_dbs8.pdfusesText_14