Jean Echenoz, Je m’en vais - Revue de presse du Goncourt
Jean Echenoz, Je m’en vais - Revue de presse du Goncourt L'utilisation de personnages récurrents dans une œu vre romanesque est destinée, songeons à
L’imaginaire nordique dans Je m’en vais de Jean Echenoz
Je m’en vais de Jean Echenoz Isabelle Décarie CÉLAT – Université du Québec à Montréal Résumé – Dans le roman Je m’en vais de Jean Echenoz (1999), les clichés sur le Nord côtoient des images qui renversent les représentations convenues Echenoz donne à lire une
DEKONSTRUKSI DALAM ROMAN JE M»EN VAIS
de décrire les déconstructions du roman Je M»en Vais de Jean Echenoz Le sujet de cette recherche est le roman Je M»en Vais de Jean Echenoz publié par Les Éditions de Minuit en 1999 Lobjet sont les éléments de lhistoire, les caractéristiques du postmodernisme, et les déconstructions identifiées par lanalyse de déconstruction
Jean Echenoz (1947-) - Bibliographie - En ce moment BnF
Médicis en 1983 pour Cherokeeet le prix Goncourt en 1999 pour Je m'en vais Héritier du Nouveau romanpar son travail rigoureux sur la langue et les possibles du récit, il s’en démarque par les aspects ironiques et ludiques de ses romans peuplés de personnages fatigués, flottants et
Au-delà de lomniscience Étude du narrateur-constructeur
Dans le but d’asseoir cette étude sur des bases concrètes, les uvres de Jean Echenoz (Un an et Je m’en vais) et de José Saramago (L’année de la mort de Ricardo Reis) servent à montrer la structure discursive de ces narrations
Jean ÉCHENOZ (France)
C'était au milieu des années 1970, en pleine prolifération des avant-gardes, chose à laquelle j'étais attentif Mais mon désir romanesque ne rejoignait pas du tout les positions de ‘’Tel quel’’, par exemple, et de I'idéologie littéraire del'époque Le ‘’polar’’ était alors un terrain marginal, qui m'intéressait
Ekphrasis et crise de la représentation dans les romans de
Ses personnages voyagent beaucoup, en orbite autour de la Terre dans Nous trois (1992), à travers le Pacifique 11 Jean Echenoz, Je m’en vais, op cit , p 181
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Jean Echenoz, Arctique de Paris
Jean-Baptiste Harang (Libération, 16 septembre 1999)" Il gagne énormément d"argent dans des affaires où il s"ennuie énormément, c"est qu"il n"est pas tous
les jours exaltant d"avoir le monopole mondial du Velcro. » " Un nouveau livre de Jean Echenoz est un peu comme un cadeau, on est heureux, heureux qu"il aitpensé à nous, on s"attarde sur l"emballage, et, pour tout dire, on a peur d"être déçu. Non pas qu"on
manque de confiance en lui, au contraire, mais en prenant le livre en main, on se rappelle la fragilité
de sa littérature, cette littérature de la fragilité, de la modestie, de la drôlerie, tirée sur un fil tendu où le
moindre faux pas vous jette dans un vide sans écho. On lit les quatre lignes écrites derrière : " Ce
n"est pas tout de quitter sa femme, encore faut-il aller plus loin. Félix Ferrer part donc faire un tour au
pôle Nord où l"attend, depuis un demi-siècle, un trésor enfoui dans la banquise. " C"est tout un art
d"écrire derrière les livres. On le retourne, on le regarde en face, le m"en vais, dit le titre. On va le lire,
le livre aussi commence ainsi : " Je m"en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout mais je pars. "
Quatre fois " je " pour deux petites phrases. Ce " je " ci, on le connaît, c"est Ferrer, Félix Ferrer. On
pourrait presque dire qu"on le reconnaît si on avait bien lu le précédent livre de Jean Echenoz, Un an,
mais là, c"était Victoire qui partait, Félix, on le laissait pour mort. Ça n"a rien à voir. On tourne la page.
Page 9 : " Il parvint au sixième étage moins essoufflé que j"aurais cru ", c"est Ferrer qui parvient au
sixième étage, il va frapper deux coups légers sur la photo d"un ex-matador qu"on a punaisée sur la
porte. Ce n"est donc pas lui le " je " qui aurait cru que Ferrer serait tout de même un peu plus
essoufflé, surtout que Ferrer, on le verra, côté coeur, ce n"est pas ça. Non, ce " je " est un autre, un
narrateur discret qui de temps à autre sort la tête au-dessus du texte, pour respirer un peu, un
narrateur ou bien l"auteur lui-même. C"est à ces petits clins d"oeil hors de l"eau qu"on reconnaît à coup
sûr un roman d"Echenoz. Des " je ", des " nous " (page 62 : " Mais nous ne pouvons, dans l"immédiat,
développer ce point vu qu"une actualité plus urgente nous mobilise : nous apprenons à l"instant en
effet, la disparition tragique de Delahaye "), des " vous " (page 70 : " Vous avez le cercueil sur
tréteaux, disposé les pieds devant. À la base du cercueil, vous avez une couronne de fleurs à l"ordre
de son occupant. Vous avez le prêtre... ", il s"agit de vous donner la recette de l"enterrement, puisque,
on l"a dit, Delahaye vient de disparaître), ou les deux personnes du pluriel d"un même geste (page 86 :
" Changeons un instant d"horizon, si vous le voulez bien, en compagnie de l"homme qui répond aunom de Baumgartner ") ou bien " tu " (page 102 : " Tu parles "), d"autres " nous ", des " on ", jusqu"au
retour excédé du " je " à l"ouverture du chapitre 28 : " Personnellement, je commence à en avoir un
peu assez, de Baumgartner ", page 189. On ne va d"ailleurs pas tarder à lui régler son compte, à
Baumgartner, avec son nom de directeur de la Banque de France et son talent de transformiste.
Jean Echenoz ne nie pas qu"il convoque parfois en renfort les autres personnes de la conjugaison www.marincazaou.fr/cont/echenoz/echenoz.html Jean Echenoz, Je m"en vais - Revue de presse du Goncourt http://www.marincazaou.fr/cont/echenoz/je_m_en_vais_revue_de_presse.pdf2pour écrire à la troisième, il dit : " On change de caméra, il y, a plusieurs caméras sur le plateau, on
change d"angle, de focale, à chaque fois j"ai l"impression de décaler les choses, de prendre du recul,
ce " je » qui intervient de temps en temps depuis la page 9, c"est à la fois le narrateur et l"auteur,
c"est-à-dire moi, peut-être un peu plus que pour d"autres, " je », J.E., ce sont mes initiales. "
Ces discrètes et fantasques caméras sont donc braquées tour à tour sur notre ami Ferrer, galeriste
nonchalant et désabusé, elles le suivent au plus près un chapitre sur deux ce qui lui laisse largement
le loisir de partir pour le pôle Nord, tandis qu"aux autres chapitres alternés, six mois plus tard, et sans
qu"on perde le fil, le même Ferrer se démêle avec ses difficultés financières, sexuelles et
existentielles, et se sort avec de belles cicatrices et une magnifique visiteuse d"hôpital d"un infarctus
carabiné. Les deux lieux et les deux temps du récit finiront bien par se rejoindre, l"été suivant dans un
Issy-les-Moulineaux de demi-deuil, un personnage double n"en fera plus qu"un, et les crimes
trouveront leur coupable. Entre-temps nous aurons appris qu"il pousse des cèpes occasionnels en arctique, que tout est bondans le phoque, " c"est un peu l"équivalent polaire du porc : sa chair se grille, se poche, se mijote, son
sang au goût de blanc d"oeuf donne un boudin correct, sa graisse permet de s"éclairer et de se
chauffer, on fait de sa peau d"excellentes toiles de tentes, ses os donnent des aiguilles et ses tendons
du fil, on fabrique même avec ses intestins de jolis voilages pour la maison. Quant à son âme, une fois
l"animal mort, elle demeure dans la pointe du harpon " (page 66), de passage dans la région, on peut
le préparer avec des cèpes. Les ours sont gauchers. On apprend donc beaucoup de choses,
comment réussir un enterrement, que " promiscue " n"a pas de masculin, où trouver les pôles sur un
planisphère tant ils sont rétifs à l"espace plat, que là-bas, " les journées sont interminables, les
distractions sont nulles, il y fait un temps de chien ", et qu"à bien y réfléchir, c"est partout pareil. Ainsi,
une fois de plus, Jean Echenoz a réussi son affaire, à faire sourire avec de la tristesse, à faire aimer
avec de l"amertume, à faire rêver avec des contingences. Et, lorsque tout est fini, que le coeur de
Ferrer a lâché, qu"il n"y a plus de place que pour la nuit ou le blanc de la page, le texte se poursuit " ce
n"était pas le noir qui envahissait l"écran comme un téléviseur qu"on ferme, non, son champ visuel
continua de fonctionner comme enregistre encore une caméra versée par terre après la mort subite de
son opérateur, et qui filme en plan fixe ce qui lui tombe sous l"objectif un angle de mur et de parquet,
une plinthe mal cadrée, un élément de tuyauterie, une bavure de colle à l"orée de la moquette ", cette
caméra désabusée se réfugie dans les détails lorsque l"essentiel est indicible ou aveuglé, elle sait se
mettre hors du jeu, et près du je, du je j-e, comme Jean Echenoz. » www.marincazaou.fr/cont/echenoz/echenoz.html Jean Echenoz, Je m"en vais - Revue de presse du Goncourt http://www.marincazaou.fr/cont/echenoz/je_m_en_vais_revue_de_presse.pdf3Petites nouvelles du coma Pierre Lepape (Le Monde, 17 septembre 1999)
Félix, déjà présent dans Un an, reparaît pour quitter sa femme. Mais, rupture pour rupture, il décide
d"aller plus loin, sur le cercle polaire, où l"attend un trésor. De retour à Paris, le marchand d"art perd
tout repère. Errances, fuites, absences, identités incertaines, trahisons, mensonges... Jean Echenoz
décrit avec virtuosité une réalité en trompe-l"oeil." Le précédent roman de Jean Echenoz s"intitulait Un an. Une jeune femme prénommée Victoire,
" s"éveillant un matin de février sans rien se rappeler de la soirée ", découvrait près d"elle son amant,
Félix, mort dans leur lit. Elle décidait de s"enfuir. Pendant " un an, un peu moins d"un an ", elle errait
sur les routes, de ville en village et de fuite en fuite, avant de rencontrer dans un bar parisien,
accompagne d"une belle femme prénommée Hélène, ce Félix qu"elle avait cru et qu"elle avait vu mort.
Le roman se refermait sur cette énigme et sur ce glissement d"identité.Le héros de Je m"en vais se prénomme Félix. Il a cette fois un nom, Ferrer. Le premier dimanche soir
de janvier, il annonce à sa femme, Suzanne, qu"il la quitte : " Je m"en vais ". Le roman s"achève " un
an pile moins deux jours " après la séparation de Félix et de Suzanne. Ferrer, qui vient de se faire
jeter par Hélène, la fiancée avec laquelle il espérait, comme on dit, refaire sa vie, retourne à la maison
où il habitait avec Suzanne. C"est le réveillon. Dans le pavillon rempli d"invités, personne ne sait
vraiment qui est qui. La jeune femme qui accueille Ferrer ne connaît pas de Suzanne, mais elle l"invite
à entrer : " Bon, dit Ferrer, mais je ne reste qu"un instant, vraiment. Je prends juste un verre et je m"en
vais. " Les quatre premiers mots du livre sont aussi les quatre derniers et le titre, manière de faire
croire que la boucle est bouclée, alors que Félix et le lecteur nagent dans l"incertitude. Ajoutons
qu"entre-temps nous avons, à plusieurs reprises, croisé le chemin de Victoire.L"utilisation de personnages récurrents dans une oeuvre romanesque est destinée, songeons à
Balzac, à donner à la fiction un air supplémentaire de réalité. Elle organise de livre en livre des
réseaux, croise des biographies, multiplie des rencontres, comme dans la vie. Le réel est ce qui a lieu
plusieurs fois. Encore faut-il que ces figures familières soient douées d"une certaine stabilité, qu"elles
soient identifiables autrement que par le nom ou le prénom que l"auteur leur attribue. Ce n"est pas tant
parce qu"Eugène de Rastignac apparaît dans une trentaine de romans de La Comédie humaine qu"il
sert de repère et de balise, mais parce que du Père Goriot aux Comédiens, de ses débuts de
provincial râpeux à son fauteuil de ministre de l"Intérieur, il demeure ce qu"il est : fou d"ambition, roué,
énergique et sans scrupule. Chez Jean Echenoz au contraire, on ne semble construire des pharesque pour mieux tromper les navigateurs. Plus la structure romanesque est précise, les bornes
temporelles soigneusement plantées, les phrases lisses comme des sous neufs, plus nous avons lesentiment de glisser sur une réalité biaisée, insaisissable et trompeuse. Pire : nous nous enfonçons
dans cette forêt de leurres avec délectation.L"arme la plus redoutable d"Echenoz est sa séduction. Ses ennemis littéraires le savent bien, qui ont
eu tôt fait de lui coller le masque du diable ou celui du joueur de flûte de Hamelin. Tant de talent et
tant d"attraits, tant de charme et tant de virtuosité pour mieux nous pousser hors du chemin droit et
www.marincazaou.fr/cont/echenoz/echenoz.html Jean Echenoz, Je m"en vais - Revue de presse du Goncourt http://www.marincazaou.fr/cont/echenoz/je_m_en_vais_revue_de_presse.pdf4sérieux, pour éroder les certitudes, mettre en échec la raison, court-circuiter les vérités établies,
ridiculiser les faiseurs de systèmes et leurs laborieux et ennuyeux bricolages, c"est du détournement
de lecteurs.Voyez Je m"en vais. L"histoire devrait être dramatique. Un quinquagénaire léger, cynique et traversant
l"existence avec une désinvolture libertine - il tient une galerie d"art contemporain, c"est tout dire - est
victime d"un malaise cardiaque ; d"un bloc auriculo-ventriculaire de deuxième degré type Luciani-
Wenckebach, précise le narrateur. (C"est d"ailleurs - tout s"explique - parce qu"elle avait pris cet
endormissement des fonctions vitales pour la mort que Victoire, l"héroïne d"Un an qui dormait alors
aux côtés de Félix, s"est enfuie.) Le médecin de Félix lui annonce que son coeur est usé, qu"il est à la
merci d"un nouvel accident, cette fois fatal, qu"il doit ralentir, mesurer ses efforts et ses émotions,
devenir vieux tout de suite s"il veut avoir des chances d"être vieux plus tard. Je m"en vais, c"est aussi
ce que murmurent, les agonisants.Mais rupture pour rupture, départ pour départ, Félix décide d"aller voir ailleurs, plus loin, beaucoup
plus loin. À la recherche d"un Graal assez dérisoire, un trésor archéologique, une cargaison d"objets
d"art paléobaleiniers, reposant depuis un demi-siècle dans les cales d"un bateau échoué sur une
banquise près du cercle polaire. Chaque époque a les Graals qu"elle peut ; Félix escompte une
fortune de ces défenses de mammouths sculptées et de cette " collection de crânes aux bouches
colmatées par des rails d"obsidienne, aux orbites obturées par des boules d"ivoire de morse incrustées
de pupilles de jais. " La mort est un commerce.Comme la mort, le pôle est un lieu où toutes les différences s"abolissent, dans une blancheur d"hôpital.
Le jour, la nuit, l"est, l"ouest, la mer, le ciel, la terre. Sa récolte d"objets funéraires faites, Félix rentre à
Paris, mais ne retrouvera jamais plus de point fixe ni de ligne sûre. Errances, fuites, absences,
identités incertaines et interchangeables, trahisons, mensonges, amours en trompe-l"oeil, c"est comme
si le réel s"échappait par tous les bouts comme si la vie n"était plus qu"une drôle d"histoire, moins
gouvernée par les caprices - somme toute raisonnables - d"un romancier, pas davantage par le jeucomplexe des passions et des désirs - Félix n"en éprouve plus guère -, mais par le jeu aléatoire des
rencontres, la mécanique des habitudes, la circulation inattendue des humeurs.Dans la description de cet entre-deux, l"efficacité narrative de Jean Echenoz est à son sommet - il est
assez difficile d"expliquer de quoi elle faite, tant le rythme qu"impose Echenoz et l"adhésion spontanée
qu"il suscite se prêtent mal aux lenteurs de l"analyse. On remarquera toutefois l"absence dans Je m"en
vais de ces phrases et de ces paragraphes de remplissage dont Kundera parle dans son Art du romancomme d"une sorte de fatalité esthétique (elle existe aussi en peinture et en musique). Chez Echenoz,
chaque phrase compte. Les informations qu"elle donne, la touche de sens qu"elle pose sur le tableausont strictement indispensables à la compréhension sensible de l"ensemble. Utilisation joueuse des
temps verbaux, glissements de la place du narrateur, références littéraires et citations, modifications
de la " couleur " narrative, changements de focale du macroscopique au microscopique, raccourcis fulgurants : " On s"en fut le jour même, les voilà qui s"éloignent. "Mais en même temps, cette extrême densité de ce qui est dit est comme gommée et contestée par la
grâce et la légèreté allègre de la manière de dire. Il y aurait plus qu"une faute de goût à appuyer et à
peser : une faute de morale et de pensée. Echenoz porte certes sur ce monde contemporain qu"il www.marincazaou.fr/cont/echenoz/echenoz.html Jean Echenoz, Je m"en vais - Revue de presse du Goncourtquotesdbs_dbs2.pdfusesText_2