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RÉALITÉ POLICIÈRE AU QUÉBEC :

MODERNITÉ, CONFIANCE ET EFFICIENCE

Livre vert du ministère de la Sécurité publique du Québec concernant les enjeux de la réalité policière au Québec

Avis de la Fédération des cégeps

présenté au comité consultatif du ministère de la

Sécurité publique du Québec

15 octobre 2020

Coordination, recherche et rédaction

Mathieu Lépine, coordonnateur aux affaires pédagogiques, Fédération des cégeps

Comité de travail, relecture et collaboration

Nina Admo, coordonnatrice du département Techniques auxiliaires de la justice, Collège de

Maisonneuve

Paul Chablo, coordonnateur du programme Techniques policières, John Abbott College

Éric Gagné, directeur des études, porte-parole du programme Techniques policières, Cégep de

Sherbrooke

Isabelle Laurent, directrice des affaires éducatives, Fédération des cégeps Gaétan Ménard, coordonnateur et responsable du programme Techniques policières, Cégep

Garneau

Révision linguistique

Julie Anne Roy, conseillère aux affaires éducatives, Fédération des cégeps

Mise en page

Élizabeth Ledoux, technicienne en administration, Fédération des cégeps

La Fédération des cégeps est le regroupement volontaire des 48 collèges publics du Québec. Elle

a été créée en 1969 dans le but de promouvoir le développement de la formation collégiale et des

cégeps. Elle agit comme porte-parole officiel et lieu de concertation des cégeps, à qui elle offre

continue et de services aux entreprises, de financement, de recherche, de ressources humaines,

et de relations du travail. La Fédération des cégeps représente les collèges pour la négociation des

conventions collectives. www.fedecegeps.qc.ca.

Fédération des cégeps

500, boulevard Crémazie Est

Montréal (Québec) H2P 1E7

Téléphone : 514 381-8631

Télécopieur : 514 381-2263

www.fedecegeps.qc.ca

© Fédération des cégeps

TABLE DES MATIÈRES

MISE EN CONTEXTE ............................................................................................... 1

LE PROGRAMME TECHNIQUES POLICIÈRES ............................................................ 2 UN LIVRE VERT QUI SOULÈVE DES INQUIÉTUDES .................................................. 4 ................................................... 5 TECHNIQUES POLICIÈRES : UN PROGRAMME PERTINENT .................................... 16

CONCLUSION ....................................................................................................... 23

SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS ................................................................... 25

ANNEXE 1 ............................................................................................................ 26

ANNEXE 2 ............................................................................................................ 28

MISE EN CONTEXTE

Le 18 décembre 2019, le ministère de la Sécurité publique du Québec a déposé un livre vert

intitulé Réalité policière au Québec : modernité, confiance et efficience. Cette publication était

au ministère tout

commentaire ou mémoire afin de participer à la réflexion. En tant que porte-parole des 48 cégeps

du Québec, qui offrent 134 programmes techniques et 9 programmes préuniversitaires conduisant lus de 165 280 étudiants, la Fédération des cégeps suit qui touchent de près ou de loin à la formation. Ainsi, cette invitation lui semble une bonne occasion de faire valoir la qualité et la pertinence du DEC en

Techniques policières

en ce qui concerne des

situations particulières concernant des policiers, se sont ajoutés des récits sur certaines difficultés

persistantes des organisations policières, que ce soit en région urbaine, rurale ou même sur les

territoires autochtones. De plus, la question du racisme et de la discrimination systémiques fait les

manchettes au Canada et surtout aux États-Unis, notamment depuis la mort de George Floyd lors en mai 2020. La formation policière est fréquemment pointée du doigt lorsque difficultés actuelles, et présentée comme la principale voie pouvant

conduire aux améliorations souhaitées. La Fédération des cégeps considère que la formation initiale

de niveau collégial peut continuer de elle ne constitue

pas à elle seule la clé de voûte pour résoudre les différents problèmes. Tous les intervenants, que

et surtout les milieux policiers, doivent contribuer amélioration de la formation initiale et continue des corps de police

québécois. La Fédération des cégeps a donc lu et analysé avec attention le livre vert rédigé par le

ministère de la Sécurité publique et désire répondre plus particulièrement au contenu de la

section 3.5, intitulée La formation et le recrutement 40 du document.

Tout d le

programme Techniques policières conduisant au llégiales (DEC, 310.A0). Cette sessions (3 ans) mène ultimement à la profession de policier, une fois réussi le programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie de 450 heures de du réseau collégial public qui ont cette autorisation sont : C-Témiscamingue, Collège Ahuntsic, Collège Alma, Cégep Garneau, John Abbott College, Collège de Maisonneuve, CCégep de Rimouski,

Cégep de Sherbrooke et Cégep de Trois-Rivières. Deux collèges privés subventionnés offrent

également ce programme : Collège Ellis et Campus Notre-Dame-de-Foy. Le programme a été élaboré

7

8. Toutes les modifications

ou du ministère de devenu, en 2020, le minis supérieur (MES). 2 publique dans le cadre consultation sur la révision et la consolidation de la formation

continue et du perfectionnement des policiers du Québec. Dans ce contexte, la Fédération avait

démontré la pertinence de la formation initiale collégiale pour exercer le métier de policier. En

2000, la Fédération des cégeps a également soumis un mémoire à la Commission des institutions

à la suite de la publication du projet de loi 86 (Loi de la police), dans lequel elle a fait valoir

de police du Québec dans la formation des futurs policiers du Québec.

LE PROGRAMME TECHNIQUES POLICIÈRES

La Fédération des cégeps souhaite rappeler les grandes lignes de la formation initiale de niveau

collégial afin de permettre une meilleure compréhension des éléments et recommandations mis de

dans cet avis.

Actuellement, un candidat devient policier après avoir obtenu un DEC en Techniques policières de

2385 heures, réparties sur 3 ans et complété une formation initiale intensive de 450 heures en

patrouille-nationale de police du Québec possible de délai, nécessite le plus souvent une attente supérieure à six

mois. De plus, la population étudiante en Techniques policières est composée d'une proportion très

importante d'adultes qui effectuent un retour aux études. Cette question sera approfondie un peu plus loin. Le DEC en Techniques policières, comme tous les programmes techniques et préuniversitaires, comporte une composante de formation générale (actuellement 660 heures) et une composante de

formation spécifique (actuellement 1725 heures). La composante de formation générale, commune

à tous les programmes et équivalant à une année de formation, prévoit des cours en philosophie,

en français, langue et littérature, cours dits " complémentaires fique fait une

large place à des disciplines telles le droit, la criminologie, la psychologie et la sociologie, en plus

des cours relevant de la discipline policière proprement dite. un étudiant qui détient déjà un DEC et en Techniques policières suivra uniquement une formation spécifique de 1725 heures en 1994-1995, la formation de base offerte par l'IPQ faisait partie du DEC. Pendant les années scolaires 1995-1996 et 1996-1997, anticipant sur le nouveau programme par compé-

tences, les étudiants complétaient les exigences du DEC en Techniques policières dans leur collège

et devaient ensuite être admis à l'IPQ pour y terminer leur formation de base. Depuis 1997-1998,

un nouveau programme de DEC en Techniques policières 3 opre en , en 2000, la même multiples actualisations du DEC en Techniques policières en 2007, 2011 et 2017. des programmes techniques s comparativement à, par exemple , qui pour sa part, a connu une seule

actualisation ministérielle depuis 1997. Bien évidemment, en dehors des actualisations officielles

du MES, les collèges procèdent à des mises à jour demeurent en adéquation avec les besoins des corps policiers.

actualisations, le profil de sortie convenu entre le MES et le milieu de travail est celui du policier

généraliste et ne peut correspondre à un profil unique. Cette spécifique au milieu policier. En effet, nt des candidats généralistes, en prévision du premier jour de travail. Il revient à la formation continue ou la spécialisation des candidats. Fait à souligner, depuis 1997, le programme collégial et celui compétences. Cette approche est particulièrement bien adaptée aux exigences

et aux réalités de la formation technique. Elle a pour fondement que tout programme de formation

technique doit correspondre à une fonction de travail. Une fois la fonction de travail identifiée,

celle de policier- profession, effectuée en présence de personnes exerçant ou supervisant des employés qui exercent la profession, la liste des tâches courantes

accomplies par ceux et celles qui remplissent la fonction. Deuxièmement, le degré de complexité

de ces tâches est établi; la fonction de policier-patrouilleur a été reconnue comme

étant la profession correspondant à la formation technique collégiale. Troisièmement, les tâches et

les habiletés qu'elles requièrent sont traduites en compétences, qui deviendront les objectifs du

ces

compétences. Quatrièmement, le projet de formation est soumis à une double validation, par des

marché du travail.

Soulignons également que le concept de compétences est approprié pour la formation technique,

tion ou de

résolution de problèmes qui doit sous-tendre toute formation préparant directement au marché du

travail. La formation théorique de niveau supérieur continue être importante dans une telle approche par compétences, mais elle se justifie par sa capacité

à l'exercice d'une fonction de

travail et elle est clairement adaptée à ces fins. Par exemple, les notions de psychologie propres

au DEC en Techniques policières visent à habiliter le futur policier à communiquer adéquatement,

à intervenir auprès de personnes en situation de crise et à gérer son stress.

compétences est implantée dans le programme Techniques policières

siècle et a démontré des résultats positifs, dont un arrimage plus efficace entre la formation offerte

au collégial et la formation initiale de 4

La plus récente révision du programme Techniques policières par le MES a eu lieu en 2017. À

des consultations auprès des corps policiers ont eu lieu pour connaître leurs besoins et obtenir leur opinion améliorer le programme.

Mentionnons également

cadre de cet exercice, aussi analysé commissions diverses en lien avec le travail policier ayant eu cours dans les 10 dernières années. Trois principaux constats se sont dégagés des consultations et analyses. que requise du programme de DEC était mineure, lant que bon nombre des recommandations des corps de police, des coroners ou des relevaient Deuxièmement, il a été jugé intervention en santé mentale et en toxicomanie. La formation spécifique du programme est donc passée de

1665 heures à 1725 heures notamment, afin de couvrir ces éléments. Troisièmement, les savoir-

être ont été explicités dans chacune des compétences pour répondre aux besoins des corps de

police, mais aussi des collèges qui travaillaient déjà ces savoir-être, afin udes professionnelles. Les autres

changements étaient mineurs, ne modifiant pas de manière substantielle les compétences

actuelles, tous jugeant que celles-ci étaient à jour. dans les cégeps automne 2018.

UN LIVRE VERT QUI SOULÈVE DES INQUIÉTUDES

Le livre vert, publié par le ministère de la Sécurité publique, soulève des inquiétudes au sein du

réseau des cégeps quant à la crédibilité et à la pertinence de la formation offerte dans le DEC en

Techniques policières. Effectivement, le texte des pages 38 et 39 ainsi que deux questions de la page 40 laissent entendre , la durée et le niveau du diplôme collégial

sont remis en question par le ministère de la Sécurité publique. Dans le texte, à la page 38, il est

indiqué que "

nationale de police du Québec, est long et peine à répondre aux besoins des organisations ». Un

peu plus loin, on peut également lire que le " recrutement de nouveaux policiers ayant non

seulement la formation et les résultats académiques requis, mais également un profil et une aux attentes de la société à leur égard apparaît organisations policières ». La Fédération deux pistes de réflexion mentionnées sous forme de questions à la page 40 : police du Québec correspond-il toujours

aux besoins variés et en évolution des organisations policières qui sont appelées à les

recruterௗ? La formation offerte aux aspirants et aux policiers est-elle suffisante et adéquateௗ?

Dans les pages qui suivent, la Fédération des cégeps concentrera son argumentaire autour de deux

thématiques larges, en lien avec le contenu des pages 38 à 40 du livre vert, soit la sélection et

, ainsi que la pertinence de la formation collégiale préalable au p 5

Dans cette section, la Fédération des cégeps réagira directement à la question du ministère de la

Sécurité publique au sujet de

aux besoins variés et en évolution des organisations policières. Elle répondra également au

commentaire du ministère concernant

expérience leur permettant de faire face aux réalités du métier de policier et de répondre aux

collégiales (AEC) qui est un autre programme offert par le réseau collégial pour accéder à la

profession de policier. Ensuite, elle évoquera les différents critères de sélection du programme

menant au DEC, ainsi que le profil des étudiants qui sont admis dans ce programme. Enfin, elle abordera également la question de la collégiales. -le DEC en Techniques policières traditionnellement appelée " conventionnelle », en référence avec ce qui fut autrefois la règle. Le " conventionnel » est cTechniques poli- cièresDans le passé, quelques cégeps ont offert cette Techniques policières. collèges de Maisonneuve et Ahuntsic offrent en alternance ce programme. Le Cégep de Sherbrooke a récemment été sollicité par le MES pour offrir ce . De plus, les cégeps et -Témiscamingue offrent également une AEC en Techniques policières des Premières

Nations destinée à des candidats adultes qui désirent intégrer des organisations policières dans

des territoires des Premières Nations. Techniques policières est régie par

Enseignement

supérieur (MES). Cette formation de (945 heures sauf

en Abitibi-Témiscamingue, où la formation est de 1245 heures), pour accéder à la profession de

policier, du DEC. En 1988, un quota avait été établi à 25 % des programme AEC. Dans son mémoire de

1997, la Fédération des cégeps faisai

1, en 2018-

2019, 4 % seulement détenaient une AEC (24 sur 624). Cette diminution du

pour le programme de DEC déployé dans le réseau afin de répondre aux besoins. En

1 École nationale de police du Québec. Rapport statistiques 2018-2019. École nationale de police du Québec : Nicolet, 2019, p. 23.

6

4 du Règlement sur le régime

des études 2 qui impose C en Techniques policières au programme de patrouille-gendarmerie.

Avec seulement 945 heures

du DEC, comme les pouvoirs et les devoirs, ou encore les cours de combat. Ainsi, les contenus criminologiques ou portant

systémique, sont peu présents et même, pour certains programmes, entièrement évacués. Par

conséquent, la multidisciplinarité qui fait la force de la formation du DEC est beaucoup moins Cégep Garneau, dans le DEC en Techniques policières, le département de sociologie donne trois cours de 45 heures portant sur des compétences en lien avec le rôle communautaire (06DR, 06DY et 06E3, voir annexe 2) et aucune compétence Toujours à du Cégep Garneau, les départements de techniques policières (06DX, voir annexe 2) et de psychologie (06EB, voir annexe 2) offrent également des cours (45 heures ntif et communautaire de la profession. Cela porte donc le total

à 225 ces dernières ne sont

même pas abordées. Ces compétences acquises dans le programme de DEC, jumelées au programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie de 15 , permettent apprentissage e sur une période de près de quatre les

Un autre exemple, lié aux notions fondamentales de droit, vient illustrer le manque à gagner entre

les deux formations. Dans le réseau collégial, on peut constater que le DEC offre 345 heures pour

les différents cours de droit, comparativement à 206 heures ௗLa différence de

139 heures est très importante puisque toutes les interventions policières sont basées sur le droit.

Une bonne connaissance des pouvoirs et devoirs du policier est la différence entre une arrestation

légale ou non, une fouille légale ou non, une saisie légale ou non, etc. La formation générale est

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