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La croissance économique et ses indicateurs

La croissance économique et ses indicateurs Mise en situation : Les médias évoquent depuis quelques années la crise économique et vous entendez parler de PIB, de croissance, vous décidez d'en savoir plus



Quels indicateurs pour mesurer la qualité de la croissance

les aspects qualitatifs de l’activité économique cette note présente un jeu d’indicateurs permettant de mesurer la qualité de la croissance française les nombreuses réflexions engagées en la matière n’ont pour l’heure pas réussi à détrôner le PIB au rang des principaux indicateurs



Les principaux indicateurs socio- économiques du Burundi

Les indicateurs les plus couramment utilisées : Taux de croissance, PIB, PIB/hab, déficit budgétaire, Taux de pauvreté, taux de malnutrition, etc Exemple: La superpuissance économique chinoise s’est construite sur un taux de croissance à deux chiffres sur une plus longue période (plus de 20 ans) et la pauvreté



Les indicateurs anthropométriques

Les enfants indicateurs de la croissance Taille Poids Tour de bras (MUAC) Autres indicateurs : périmètre crânien, plis cutanés, etc Dépendants de l’âge Les adultes Taille Poids Tour de bras Plis cutanés Considérés comme indépendants de l’âge



Vers une croissance verte : suivre les progrès

Les publications Vers une croissance verte et Vers une croissance verte – Suivre les progrès : les indicateurs de l'OCDE , récapitulent les travaux effectués à ce jour qui Ces offrent un analyses, prisme à travers lequel



Principaux indicateurs démographiques

II-les indicateurs utilisés 1 Taux de natalité 2 Taux de mortalité 3 L’espèrencede vie 4 Taux de nuptialité 5 Taux de fécondité 6 Pyramide des âges



Étude du développement et de la croissance de l’enfant

Les premières dents de remplacement suivent le même ode d’appaition ue les dents de lait à pati de 6 -7ans À 12 ans sortent les deuxièmes molaires, les dernières molaires, dites « dents de sagesse » apparaissent le plus souvent vers 20 ans Étude de la croissance et biométrie L’évaluation de l’état nutitionnel :

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www.strategie.gouv.fr SEPT. 2014

Quels indicateurs pour mesurer

la qualité de la croissance ? GŽraldine Ducos, en collaboration avec Blandine Barreau*

LA NOTE D"ANALYSE

La crise économique et financière de 2008 a remis à l'ordre du jour les interrogations sur la

finalité de la croissance. Le début des années 1970 avait amorcé le débat, quand le Club de

Rome alertait sur " les limites à la croissance » (rapport Meadows, 1972) : au-delà de la seule

augmentation du PIB, comment être certain qu'une société progresse sur le long terme, c'est-à-

dire sans hypothéquer les ressources disponibles et en assurant le bien-être de l'ensemble de la

population, y compris des générations à venir ?

Pour viser une croissance " soutenable » ou " de qualité », il est nécessaire de mesurer non plus

seulement la progression du PIB, mais aussi le legs social, environnemental et productif que nous ferons aux générations suivantes. Dans la lignée des conclusions de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure du progrès social, cette note propose sept indicateurs susceptibles d'accompagner le PIB dans un tableau

de bord de la qualité de la croissance française : l'évolution des stocks d'actifs productifs,

physiques et incorporels, rapportés au PIB ; la proportion de titulaires d'un diplôme supérieur au

brevet des collèges parmi les 25 à 64 ans ; la proportion artificialisée du territoire ; l'empreinte

carbone française annuelle, importations incluses ; le rapport entre les revenus détenus par le

cinquième le plus riche de la population et ceux détenus par le cinquième le plus pauvre ; la

dette publique nette rapportée au PIB ; enfin, la dette extérieure nette rapportée au PIB.

Parce qu'ils représentent de véritables choix de société, ces sept indicateurs devront faire

l'objet d'un débat public. INDICATEURS DE QUALITƒ DE LA CROISSANCE EN 2014 * Département Développement durable.

Source : France Stratégie

FRANCE STRATƒGIE

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LA NOTE D"ANALYSE

SEPTEMBRE2014

1. " Le développement durable, c'est s'efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures » : Commission

mondiale sur l'environnement et le développement de l'Organisation des Nations unies, rapport Brundtland (1987),

Notre Avenir à tous (Our Common Future).

2. Voir par exemple Vanoli A. (2002), Une Histoire de la comptabilité nationale, Paris, La Découverte.

3. Robert Solow reprend la définition de la soutenabilité comme la faculté " de doter les générations futures de tout ce qui sera nécessaire pour atteindre un niveau de

vie au moins aussi bon que le nôtre et pourvoir pareillement aux besoins de la génération qui suivra ». Il ajoute : " Nous ne devons pas, au sens large, consommer le

capital de l'humanité » ; Solow R. M. (1993), "An almost practical step toward sustainability",

Resources Policy,vol. 19(3), septembre, p. 162-172. Voir également Solow R. M. (1974), "Intergenerational equity and exhaustible resources", Review of Economic Studies,Symposium, vol. 41(5), décembre, p. 29-45.

4. Stiglitz E., Sen A. et Fitoussi J.-P. (2009),

Rapport de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, Paris, La Documentation

française. À noter que cette commission se prononce en faveur de l'intégration de deux types d'indicateurs : une mesure du bien-être courant (consommation

courante, revenu équivalent, etc.) et un petit nombre d'indicateurs reflétant l'état des différents capitaux. La prise en compte de ces deux dimensions permet de

transcrire la dynamique de la notion de soutenabilité. Elle évite en outre la confusion entre une situation de bien-être conséquent mais non soutenable et de bien-être

faible mais soutenable.

1. COMMENT MESURER

LA SOUTENABILITƒ ?

L"intŽrt et les limites d"une approche par les capitaux Si la soutenabilitŽ consiste ˆ assurer la transmission de ressources su?santes aux gŽnŽrations futures, elle peut donc tre mesurŽe relativement aux Ç stocks È de ces res- 3 , conoit comme des Ç capitaux È, exprimŽs en mesures monŽtaires ou physiques. En 2009, le rapport de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi 4 retenait ainsi trois types de Ç capitaux È : Žconomiques et financiers (aspects relatifs ˆ l"appareil de production), humains et sociaux (Žducation, fonctionnement des institutions, cohŽsion sociale, etc.) et environnementaux (ressources renouvelables et non renouvelables).

LES ENJEUX

La notion de Ç croissance soutenable È fait rŽfŽrence ˆ la dŽfinition du dŽveloppement durable proposŽe par la

d

it soutenable (sustainable)quand il est capable de rŽpondre aux besoins d"une population et de transmettre aux

gŽnŽrations futures les ressources nŽcessaires pour satisfaire leurs propres besoins 1

bien-tre doit tre entendu au sens large, englobant des dimensions Žconomiques, sociales et environnementales.

O

n parlera Žgalement de qualitŽ de la croissance pour dŽsigner cette condition de bien-tre inter-temporel et multi-

dimensionnel.

Mesurer la qualitŽ de la croissance ou la soutenabilitŽ d"une Žconomie est une entreprise complexe. C"est nŽanmoins

indispensable pour guider l"action publique dans ses arbitrages : au vu de la dŽgradation environnementale, doit-on

concentrer les e?orts d"investissement sur l"innovation ŽnergŽtique ou sur la consommation prŽsente ? Peut-on se

Des indicateurs de qualitŽ de la croissance prŽsentent l"intŽrt de rassembler et de hiŽrarchiser l"information perti-

nente sur l"Žtat des connaissances scientifiques, afin de rŽduire l"incertitude qui prŽdomine sur les dŽterminants de

la soutenabilitŽ.

Le seul produit intŽrieur brut (PIB) ne saurait constituer une mesure pertinente ˆ cet Žgard : cet indicateur phare, sou-

de la production d"une rŽgion. Son incompatibilitŽ avec une Žvaluation de la soutenabilitŽ a ŽtŽ mise en Žvidence

2

il rassemble des mesures de flux, donc ne retranscrit pas l"Žtat des stocks de ressources et laisse de c™tŽ la soutena-

bilitŽ sociale (le PIB est notamment Ç aveugle È aux inŽgalitŽs socioŽconomiques) et environnementale, ainsi que

les aspects qualitatifs de l"activitŽ Žconomique.

Cette note prŽsente un jeu d"indicateurs permettant de mesurer la qualitŽ de la croissance franaise. Les nombreuses

de Ç santŽ È et de Ç performance È des Žconomies ; et beaucoup d"entre elles se sont recentrŽes sur la question du

PIB ; ils forment un tableau de bord qui vise ˆ garantir la prise en compte du long terme dans le pilotage des politiques

publiques. Il est cependant ˆ noter que si les mesures retenues sont pour la plupart fondŽes sur des donnŽes

permettant des comparaisons internationales, elles sont avant tout pertinentes pour le cas franais. La pertinence

de leur adaptation ˆ d"autres contextes nŽcessiterait une rŽflexion spŽcifique.

3FRANCE STRATƒGIE

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5. France Stratégie (2014), Quelle France dans dix ans ? Les chantiers de la décennie, rapport au président de la République, Paris, Fayard. Voir aussi le rapport

thématique Bâtir un développement responsable,sous la direction de Géraldine Ducos et Clélia Godot.

6. Voir Laurent É. (2013), "Inequality as pollution, pollution as inequality. The social-ecological nexus",

Working Paper, Stanford Center on Poverty and Inequality.

7. Michel Aglietta évoque ainsi deux logiques de mesure de la valeur des stocks de ressources environnementales : soit par les coûts économiques de la non-utilisation

des ressources au-delà de leur seuil critique (coût d'opportunité, qui impose également d'évaluer les externalités négatives liées à l'utilisation des ressources au-delà

du seuil), soit par les coûts de la reconstitution des stocks au niveau du seuil critique. Voir Aglietta M. (2011), "Sustainable growth: Do we really measure the

challenge?" , inMeasure for Measure. How well do we measure development?, actes de la 8 e conference AFD-EUDN, décembre 2010.

8. Voir notamment Weitzman M. (2007), "A review of the

Stern Review on the Economics of Climate Change", Journal of Economic Literature, vol. 45(3), p. 703-724,

septembre, et Nordhaus W. (2007), "A review of the

Stern Review on the Economics of Climate Change", Journal of Economic Literature, vol. 45(3), p. 686-702.

L"approche Ç par les capitaux È o?re la possibilitŽ d"analy- ser les liens entre di?Žrents types d"investissements ou de dŽprŽciations, ainsi que leurs e?ets sur les capitaux dont dŽpend la soutenabilitŽ. C"est pourquoi France Stra- tŽgie l"a retenue dans le cadre de l"exercice de prospective

Quelle France dans dix ans ?

5 . Elle nŽcessite nŽanmoins en termes de collecte de donnŽes, notamment pour les aspects sociaux et environnementaux, et en termes de logique, un certain nombre d"investissements dans des capitaux tangibles ou intangibles ayant jusqu"ici ŽtŽ considŽrŽs comme des inputs intermŽdiaires (recherche et dŽveloppement, rŽparation environnementale). MalgrŽ ses avantages, l"approche Ç par les capitaux È reste critiquŽe par certains observateurs, qui dŽnoncent la transcription d"une vision tronquŽe, car sous le seul prisme de l"Žconomie et reposant sur une conception Ç faible È de la soutenabilitŽ (voir infra). Les di?cultŽs liŽes ˆ la valorisation des capitaux L"exercice consistant ˆ dŽterminer la valeur des di?Žrents publics (santŽ, Žducation), fournis ˆ titre Ç gratuit È, mais aussi pour les capitaux dits Ç intangibles È (innovation, recherche, qualitŽ et confiance dans les institutions, etc.) et les services environnementaux, dont la valeur est imparfaitement apprŽhendŽe. En outre, les interactions entre facteurs Žconomiques, sociaux et environnemen- taux sont mal connues 6 , de mme que les seuils d"irrŽver- sibilitŽ (au-delˆ desquels la dŽgradation d"un capital ne peut plus tre rŽparŽe ni compensŽe par l"investissement). La monŽtarisation des donnŽes disponibles _qui n"est pas une Žtape obligatoire _a pour objet de retranscrire le degrŽ de raretŽ d"un stock et la nature de la substituabilitŽ : plus une ressource est abondante ou substituable par une autre, moins son prix sera ŽlevŽ. Pour tre pertinente, une telle valorisation impose cependant de conna"tre la trajec- toire future du stock concernŽ, ce qui n"est pas souvent le cas. En l"absence d"incertitudes, la monŽtarisation devrait

Žvaluer les capitaux ˆ leur Ç shadow price È,c"est-ˆ-dire ˆ l"investissement net requis dans ces capitaux pour

assurer le bien-tre inter-temporel. Ce prix n"est pas observable, notamment parce que certains biens ne disposent pas de marchŽ susceptible de rŽvŽler leur prix, ou parce que les marchŽs sur lesquels ils s"Žchangent sont a?ectŽs par des distorsions. Les prix calculŽs correspon- dent donc aux Ç rentes actualisŽes È, c"est-ˆ-dire ˆ une estimation de la disponibilitŽ des ressources, soit par rŽfŽ- rence ˆ une ressource ayant un prix de marchŽ observable (on estime alors Ç l"ŽlasticitŽ de substitution È d"une res- source par une autre), soit par le biais des Ç prŽfŽrences rŽvŽlŽes È (donnŽes dŽclaratives, Žtude des comporte- ments ou estimation de la rente viales cožts de produc- tion et les prix), soit enfin en modŽlisant les cožts et les 7 Le prix du carbone estimŽ ˆ partir d"une modŽlisation des comportements des agents, les cožts de la transition ŽnergŽtique, la vitesse de progression des e?ets du chan- gement climatique, l"incertitude sur ces e?ets, l"aversion sions est sans doute le taux d"actualisation, qui traduit la valeur attachŽe au capital concernŽ, et sa substituabilitŽ avec la consommation courante des agents. Les contro- verses ont notamment ŽtŽ vives dans le domaine du chan- gement climatique autour des conclusions du rapport Stern, dont la prŽfŽrence pour le prŽsent a ŽtŽ jugŽe trop faible par les critiques 8

Tableau de bord ou indicateur agrŽgŽ ?

Les indicateurs peuvent tre prŽsentŽs sous forme d"un tableau de bord regroupant plusieurs indicateurs distincts et adaptŽs ˆ chacune des dimensions de la soutenabilitŽ ou sous forme d"un indicateur agrŽgŽ _synthŽtique ou composite _qui rassemble toutes les dimensions retenues, pondŽrŽes ou non, monŽtarisŽes ou non, en une seule statistique (PIB vert, Žpargne nette ajustŽe, indicateur de dŽveloppement humain, indice du bien-tre Žconomique soutenable, empreinte Žcologique, empreinte carbone, etc.).

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LA NOTE D"ANALYSE

SEPTEMBRE2014

9. Par opposition à une conception " forte », où les capitaux ont une substituabilité nulle. Sur les implications et sur la formulation mathématique de l'hypothèse

de soutenabilité forte, voir Aglietta M. (2011), op. cit.

10. Pour une démonstration des limites de cette substituabilité (faible élasticité des consommations et incertitudes scientifiques), voir Guéant O., Guesnerie R. et

Lasry J.-M. (2010), "Ecological intuition versus economic reason", communication au colloque international d'Aix-en-Provence, mai. Voir également Méda D.

(2013),

La Mystique de la croissance, Paris, Flammarion. À noter que le débat sur la " force » de la définition à retenir pour assurer la soutenabilité est loin

d'être tranché ; la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi a ainsi choisi de ne pas prendre position sur le sujet.

11. Voir Wackernagel M. et Rees W. E. (1996),

Our Ecological Footprint: Reducing Human Impact on the Earth,New Society Publishers ; Stiglitz E., Sen A. et

Fitoussi J.-P. (2009),

op. cit. et Le Clézio P. (2009), " Les indicateurs du développement durable et l'empreinte écologique », Avis et rapports du Conseil

économique, social et environnemental, mai.

12. Hamilton K.

et al.(2006), Where is the Wealth of Nations? Measuring Capital for the 21st Century, World Bank Publications.

Les indicateurs agrŽgŽs ont l"avantage d"tre rapidement lisibles et de rŽpondre ˆ une forte demande mŽdiatique et p olitique pour un Ç concurrent È au PIB reflŽtant la soute- nabilitŽ. En ajustant la pondŽration des composantes de auxquels elles correspondent, on peut Žgalement faire appara"tre l"existence de seuils critiques. En revanche, faible È de la soutenabilitŽ 9 , puisque les capitaux sont agrŽgŽs comme des contributions substituables, ce qui ™te la possibilitŽ de visualiser l"Žtat des stocks dans une logique de soutenabilitŽ forte. Certains observateurs refusent les indicateurs agrŽgŽs au motif que toutes les dimensions de la soutenabilitŽ ne sont pas substituables : ainsi les services environnementaux ne sont pas parfaite- ment compensŽs par la consommation des mŽnages, en termes de bien-tre 10 . Par ailleurs, l"agrŽgation des com- posantes de la soutenabilitŽ multiplie les di?cultŽs liŽes ˆ la monŽtarisation _opŽration qui n"est pas possible pour tous les capitaux _et aux choix liŽs ˆ la pondŽration des composantes entre elles. Les di?cultŽs sont ici d"ordres Žthique, scientifique et technique : faut-il ajuster les pon- dŽrations en fonction des calculs d"experts, sujets ˆ l"incertitude des estimations, ou selon les prŽfŽrences rŽellement la valeur attribuŽe aux conditions de vie des gŽnŽrations futures ? Ces Žcueils de la pondŽration peu- vent nuire au sens de l"indicateur : l"empreinte Žcologique, qui se propose d"exprimer l"Žtat de la consommation vis-ˆ-vis des capacitŽs de renouvellement terrestres au sens large, donne ainsi une place prŽpondŽrante au d"une Ç empreinte carbone È 11 . Enfin, la construction des indicateurs agrŽgŽs est souvent loin d"tre intuitive pour le lecteur, et leur interprŽtation peut s"avŽrer complexe. Ë l"inverse, les tableaux de bord donnent une information plus fournie, et permettent de situer plus directement l"Žtat des stocks en fonction de seuils critiques. Ils sou- tiennent Žgalement plusieurs lectures, selon que l"on retient une conception forte ou faible de la soutenabilitŽ.

En revanche, le message global est moins rapidementinterprŽtable, surtout si le tableau de bord prŽsente un

grand nombre d"indicateurs.

L"ƒPARGNE NETTE AJUSTƒE, UNE ILLUSTRATION

DE LA DIFFICULTƒ Ë COMPOSER DES INDICATEURS

AGRƒGƒS DE SOUTENABILITƒ

La Banque mondiale

12

Žlabore en 2006 un indicateur agrŽgŽ

d"Žpargne nette ajustŽe, basŽ sur l"Žlargissement du taux d"Žpargne nette, mesure de l"investissement net d"une Žconomie (l"Žpargne brute moins la destruction du capital) qui s"est imposŽe comme principal indicateur de soutenabilitŽ Žconomique dans la littŽrature universitaire, pour les capitaux humains et environnementaux. L"indicateur part du capital productif issu de la comptabilitŽ nationale, auquel il ajoute Žducative publique de fonctionnement et d"investissement), prix du marchŽ amputŽes du cožt d"extraction) et de pollution atmosphŽrique (Žmissions de CO

2issues de l"industrie du

ciment et du secteur ŽnergŽtique, valorisŽes ˆ

5,5 dollars/tonne CO

2e, et Žmissions de particules fines dans

les villes de plus de 100 000 habitants, valorisŽes par le consentement ˆ payer pour rŽduire cette pollution). L"Žpargne nette ajustŽe identifie la soutenabilitŽ ˆ une trajectoire de croissance pour laquelle la richesse, mesurŽe par les capitaux, ne dŽcro"t jamais : dans ce cas, elle sera positive, tandis qu"en situation d"insoutenabilitŽ, elle sera nŽgative, indiquant une destruction de richesse. CalculŽe pour 120 pays, l"Žpargne nette ajustŽe montre un bilan globalement positif de la trajectoire de croissance mondiale : l"accumulation de capitaux productifs et humains compense la dŽgradation du capital environnemental, notamment dans les pays dŽveloppŽs. L"indicateur valide ainsi l"idŽe, couramment admise dans les annŽes 1990, que l"insoutenabilitŽ est du c™tŽ des pays en dŽveloppement, et que les pays dŽveloppŽs ont des trajectoires de croissance soutenable gr‰ce ˆ leur plus grande e?cacitŽ productive et ˆ leur accumulation de capitaux physiques. Les limites de l"indicateur ont depuis ŽtŽ soulignŽes, notamment par la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi. Au-delˆ des contraintes qu"impose un indicateur agrŽgŽ pour rendre compte de l"irrŽversibilitŽ du dŽpassement de seuils critiques pour certains capitaux, trois objections peuvent tre formulŽes : ¥ l"indicateur ne tient pas compte de la dimension mondiale de la gestion de certains stocks : dans le domaine

5FRANCE STRATƒGIE

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13. Quinet A. (2009), La Valeur tutélaire du carbone,Centre d'analyse stratégique, Rapports & Documents, Paris, La Documentation française.

14. Antonin C., Mélonio T. et Timbeau X. (2011), " L'épargne nette ré-ajustée »,

Revue de l'OFCE,n° 120, p. 259-286.

15. Pour un résumé de ces préconisations sur les indicateurs de soutenabilité, voir Blanchet D. (2011), " La mesure de la soutenabilité. Les antécédents,

les propositions et les principales suites du rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi », Revue de l'OFCE,n° 120, p. 287-310 ; et Clerc M., Gaini M. et Blanchet D. (2010), " Les préconisations du rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi : quelques illustrations », L'Économie française,INSEE Références, édition 2010. environnemental notamment, il ne comprend que la consommation des ressources nationales ; ¥ le capital social est estimŽ par l"investissement dans l"Žducation, sans prise en compte de l"Žvolution du processus mesurŽ. Le capital Žducatif est donc surestimŽ car interprŽtŽ comme un investissement net, en omettant la dŽprŽciation du capital occasionnŽe par le renouvellement des gŽnŽrations, l"Žmigration, le ch™mage ou la retraite. Autre limite, l"indicateur ne tient pas compte de certains contribuent ˆ renforcer le capital social. En outre, la question de l"e?cacitŽ de la dŽpense publique, dont les dŽterminants ¥ enfin, la pondŽration inŽgale des di?Žrents types de capitaux est critiquable : les Žmissions de gaz ˆ e?et de serre sont ainsi estimŽes par celles du carbone, valorisŽes ˆ un faible prix (5,5 dollars/tonne CO

2e, quand la commission Quinet

13 retient 100 euros/tonne CO2e en 2030, et 45 euros/tonne CO

2e en 2010).

Antonin, MŽlonio et Timbeau (2011)

14 proposent un triple ajustement ˆ l"Žpargne nette : ¥ traiter plus finement la raretŽ en augmentant la pondŽration d"un capital ˆ mesure que sa dŽgradation s"approche d"un seuil critique ; ¥ amŽliorer la valorisation du capital environnemental en augmentant la valorisation des dommages liŽs (45 euros/tonne CO

2e), en prenant en compte d"autres gaz ˆ

e?et de serre que le CO

2, ainsi que d"autres sources

d"Žmissions (consommation Ç importŽe È et dŽforestation) ; ¥ tenir compte de la dŽprŽciation annuelle du capital Žducatif, en reconstituant le cožt total des formations par classe d"‰ge, auquel on applique un coe?cient d"amortissement (calcul de la Ç dŽpense Žducative nette È). Une fois ajustŽ, et bien que certaines dimensions demandent encore ˆ tre traitŽes (santŽ, biodiversitŽ, etc.), le nouvel indicateur donne des la France (1,1 % du PIB). Le choix du format doit tre guidŽ par la finalitŽ de l"exercice S"il s"agit de sensibiliser ˆ la question de la soutenabilitŽ, les indicateurs agrŽgŽs ont des qualitŽs pŽdagogiques certaines. S"il s"agit de guider l"action publique, de dŽter- miner ses objectifs, d"Žvaluer leur atteinte ou de surveiller la progression des stocks vis-ˆ-vis de seuils d"alerte, le choix d"un tableau de bord sera en revanche plus pertinent. Le projet Quelle France dans dix ans ?menŽ par France S tratŽgie en 2013-2014 s"inscrit bien dans la perspective d "un pilotage stratŽgique, impliquant d"identifier et de p eser des choix de gouvernance, avant d"e?ectuer des a rbitrages : il a donc semblŽ plus pertinent de retenir dans c e cadre un tableau de bord de la soutenabilitŽ, qui se dis- t inguerait des Ç batteries d"indicateurs È, outils d"experts, p ar son faible nombre d"indicateurs centraux. On remar- q uera par ailleurs que les tableaux de bord ne sont pas a utre chose qu"une sŽlection de statistiques pertinentes : i ls peuvent donc permettre de sŽlectionner un indicateur o u de composer un indice agrŽgŽ en fonction des besoins. L es indicateurs de soutenabilitŽ de la gouvernance ŽlaborŽs p ar la Banque mondiale, soit un tableau de bord composŽ de s ix dimensions (e?cacitŽ de l"administration, stabilitŽ p olitique, contr™le de la corruption, participation dŽmocra- t ique, etc.), servent ainsi de base, une fois regroupŽs, ˆ un i ndice composite ˆ destination des bailleurs internationaux.

2. QUEL TABLEAU DE BORD ?

Un nombre restreint d"indicateurs, lisibles et

c ohŽrents, tenant compte des seuils de soutenabilitŽ Le choix d"un petit nombre d"indicateurs de premier rang nous en prŽconisons ici sept) permet de faire du tableau d e bord un outil de communication lisible et e?cace, deux c aractŽristiques indispensables pour qu"il trouve sa place p armi les statistiques phares. P our prŽserver la cohŽrence du tableau de bord, et confor- m Žment aux recommandations de la commission Stiglitz- S en-Fitoussi 15 , on mobilisera des indicateurs monŽtaires p our les dimensions qui peuvent s"exprimer directement a insi (finances publiques) et des mesures Ç physiques È p our celles dont la valorisation monŽtaire est complexe ou s ujette ˆ controverse (notamment les capitaux sociaux et e nvironnementaux). noter que les comparaisons internationales, intŽres- s m esure de la soutenabilitŽ, laquelle se focalise davantage s ur l"Žvolution temporelle des stocks, et sur la dŽtection d es seuils d"irrŽversibilitŽ. Ces derniers peuvent en r evanche tre dŽfinis en rŽfŽrence ˆ des Žvolutions inter- n ationales pour les ressources qui constituent des biens p ublics mondiaux.

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LA NOTE D"ANALYSE

SEPTEMBRE2014

forte incertitude sur l"Žtat des stocks, par manque de don- nŽes disponibles ou par incomprŽhension partielle des dynamiques de dŽgradation et d"amŽlioration, reviendrait ˆ nier leur importance. Il est donc prŽfŽrable de traiter l"in- certitude et de prŽsenter les indicateurs disponibles comme imparfaits.quotesdbs_dbs6.pdfusesText_11