A la mémoire de Henri Versillé - Le Mans University
Sommaire ( la table des matières détaillée se trouve en fin de thèse) -Chapitre 19: De l’administration des Liste des principales abréviations
TABLE DES MATIÈRES - univ-amufr
TABLE DES MATIÈRES Remerciements 13 Liste des principales abréviations 15 Introduction
Utilisation des engrais par culture en Algérie
Table des matières Préface vii Sommaire ix Signification de certains termes ou expressions xi Liste des abréviations xiii Remerciements xv 1 Introduction 1 2 La répartition et l’occupation des terres 5 L’occupation des terres agricoles 5 3 Les différentes étapes traversées par le secteur de l’agriculture 7 4
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES Remerciements 13 Liste des principales abréviations 15 Introduction générale
RECHERCHES SUR LA TRADITION MANUSCRITE DU CONTRA EUSEBIUM V5
définitif des images (843), jusqu’au ScorialensisΨ I 15, copie du xvie siècle, qu’il faut replacer cette fois dans le contexte des querelles entre protestants et catholiques en Occident En prêtant une attention minutieuse aux manuscrits, Alexis Chryssostalis illustre de façon concrète ce que pouvait être, au ixe siècle, une édition
Remerciements Avant-propos Préface Introduction
Table des matières 339 PROMOCULTURE – LARCIER 1 5 Un encadrement de plus en plus strict du comportement des élus 212 2 Des règles informelles contraignantes 217 2 1 Une assemblée dominée par une grande
tabLe deS matièreS - enbruylantlarciergroupcom
tabLe deS matièreS Préface 15 Liste des principales abréviations 19 Introduction
Technologies pour L’Adaptation
Table des matières Table des matières iii Liste des Tableaux, des Figures et des Encadrés v Abréviations ix Préface xiii Remerciements xv Résumé xvii 1 Introduction et contenu du livret 1 2 Contexte 5 2 1 Concepts clés 5 2 2 Les systèmes de production agricole 17 2 3 Niveaux d’adaptation 24 3
[PDF] Table des matières. Sous-section 1. Le droit commun 9 Sous-section 2. Le régime dérogatoire au profit du travailleur 9
[PDF] TABLE DES MOTS DU DICOPROPRIETE
[PDF] table des sommaire matières
[PDF] Tableau comparatif Bail commercial
[PDF] Tableau comparatif des cotisations sociales personnelles dans les régimes des professions indépendantes et le régime des salariés
[PDF] TABLEAU COMPARATIF Propositions de la commission. Texte en vigueur. Texte adopté par l Assemblée nationale en première lecture
[PDF] TABLEAU COMPARATIF. Texte adopté par le Sénat en première lecture. Texte adopté par l Assemblée nationale en première lecture
[PDF] TABLEAU DE BORD ANTILLES / GUYANE. Les chiffres de l'emploi et du chômage des personnes handicapées
[PDF] TABLEAU DE BORD DE L INNOVATION
[PDF] Tableau de bord des communautés de l Estrie DEUXIÈME ÉDITION INDICATEURS DÉMOGRAPHIQUES ET SOCIOÉCONOMIQUES
[PDF] Tableau des aides au recrutement de personnes handicapées
[PDF] Tableur OpenOffice : Les Outils
[PDF] Tarification dans le domaine du sauvetage
[PDF] Tarifs individus 2016
A la mémoire de Henri Versillé
(1931-2004) 1 Tout d'abord, je voudrai remercier mon directeur de recherches, Anne Fillon, dont ladisponibilité, la patience, les encouragements et la grande générosité m'ont permis de vivre ce
travail comme une heureuse et enrichissante expérience.Je tiens à dire toute ma gratitude à Jean-Marie Constant, qui dès mon arrivée à l'université
a su, plus que tout autre, me donner le goût d'étudier l'histoire moderne. Je suis redevable à Hélène et Louis du Peyroux, qui durant de nombreuses années, ontaccueilli avec enthousiasme les étudiants du séminaire d'histoire moderne de l'Université et ont
permis d'associer les communications scientifiques à la découverte du patrimoine de notre province
du Maine. Que soient remerciés les personnels des Archives Départementales de la Sarthe, de la Médiathèque du Mans et le père Moulin, Conservateur des archives de l'évêché. Je veux préciser toute la contribution de Patrick et Olga Gentil, propriétaires du château d'Ardenay, qui m'ont fait l'amitié de m'ouvrir leur demeure, de me permettre de l'explorer et deretrouver l'âme que les Leprince y avaient laissée. La mise à disposition de leurs archives fut une
faveur qui a grandement facilité l'aboutissement de ce travail. L'accueil que m'ont réservé Gilles de
Gastines et son épouse, qui ont passé une grande partie de leur vie à Ardenay, m'a beaucoup touché
et leur manière de parler avec émotion d'Ardenay m'a beaucoup appris. Annick Pialot, Christophe Clavel, Lionnel Favre, Laurent Girard, Frédéric Hardouin, Martine Taroni sont des amis qui ont apporté leur compétences tant pour la réalisation desillustrations, que pour leur maîtrise de l'informatique et la relecture de ce travail. Leur aide, leur
soutien ont été précieux. Les encouragements de Colette Hubert, ma mère, de Clotilde, Richard, Matthieu, Cyrielleet Ameline m'ont permis de ne jamais baisser les bras. Qu'ils soient loués pour avoir supporté la
présence de Leprince d'Ardenay dans les conversations des déjeuners dominicaux et pour m'avoir suivi pendant les vacances sur les traces de notre mémorialiste. 2Sommaire
( la table des matières détaillée se trouve en fin de thèse) Sommaire ................................................................... Liste des abréviations ........................................................................ Introduction ........................................................................ - Publication et annotation du manuscrit complet des Mémoires de Leprince d'Ardenay........................................................................ ......................19- Présentation du manuscrit........................................................................
................20- Analyse des feuillets et description du manuscrit..........................................................28
- Le temps de l'écriture........................................................................ ...............................29 - Raconter sa vie et son époque : une préocupation partagée dans toutes les strates de la société du Maine au XVIII e siècle .............................................................. .....................32- Précisions méthodologiques........................................................................
.....................34- Table des matières des Mémoires de Leprince d'Ardenay...........................................35
Le manuscrit complet de Leprince d'Ardenay.
- Chapitre 1 : Origine, naissance, 1ère
- Chapitre 2 : Suite de mon éducation depuis mon entrée au collège jusqu'à mon départ pour
- Chapitre 3 : 1 er voyage et séjour à Paris en qualité de clerc, de procureur et d'étudiant en droit - Chapitre 4 : 2 e et 3 e séjour à Paris- fin de mon droit- Etude du notariat et de la banque-Voyagessubséquents dans la capitale-Evènements divers................................................................67
3- Chapitre 5 : Histoire des 4 dernières années de ma jeunesse............................................78
- Chapitre 6 : De mon mariage et de tout ce qui y a rapport...............................................85
- Chapitre 7 : Voyages avec ma femme à Paris, à Guibray et à Lucé-sous-Ballon.............96
- Chapitre 8 : De la juridiction consulaire......................................... .................................107- Chapitre 9 : Mariage de mes frères et soeurs...................................................................114
- Chapitre 10 : Voyages à Forbonais, à Caen, à la Délivrande et à Ardenay.....................121
- Chapitre 11 : Voyages en Suisse et en Allemagne..........................................................128
- Chapitre 12 : Diverses parties de campagne....................................................................144
- Chapitre 13 : Maladie et mort de Mde de la Rozelle.......................................................153
- Chapitre 14 : Société Littéraire et patriotique du Mans..................................................157
- Chapitre 15 : Acquisition de mes maisons et de la terre de la Houletière.......................171
- Chapitre 16 : De la Société d'Agriculture.......................................................................178
- Chapitre 17 : Les plaisirs d'Artenay et la fête de Claircigny..........................................185
- Chapitre 18 : De la mort de mes père et mère.................................................................192
- Chapitre 19 : De l'administration des Hôpitaux..............................................................199
- Chapitre 20 : Grande maladie de ma femme, bénédiction de la chapelle d'Ardenay, baptême du
juif Coguirche........................................................................- Chapitre 21 : De ma fille adoptive........................................................................
..........218 4- Chapitre 22 : Du bureau de charité........................................................................
..........224- Chapitre 23 : De l'administration provinciale.................................................................233
- Chapitre 24 : Assemblées relatives aux Etats-Généraux.................................................242
- Chapitre 25 : Commission du Roi pour la formation du département de la Sarthe et de ses - Chapitre 26 : De la Mairie........................................................................ .......................252- Chapitre 27 : Du tribunal de commerce........................................................................
..259 - Chapitre 28 : De ma retraite à Ardenay en 1793 et de quelques événements antérieurs etpostérieurs à cette époque........................................................................
.........................264- Chapitre 29 : Des différentes places que j'ai occupées après ma retraite à Ardenay..........275
- Chapitre 30 : Evènements particuliers depuis 1789 jusqu'à la fin du XVIII e siècle...........280 - Chapitre 31 : Des cinq premières années du XIX e- Chapitre 32 : Vacances de 1806........................................................................
..................288- Chapitre 33 : Poisson d'avril 1810........................................................................
..............296 - Chapitre 34 : Etablissement de mon oratoire du Mans et nouvelle décoration de ma chapelle- Chapitre 35 : Boîte mystérieuse ou cadeau de ma fille adoptive à sa soeur Louise............312
- Chapitre 36 : Du retour des Bourbons............................................... ..................................316 - Chapitre 37 : Nouvelle adoption en actions de grâce du rétablissement de ma santé (1816) Leprince d'Ardenay : homme des Lumières ?.........................................329Chapitre I : Les Hommes et les lieux du quotidien............................................................330
- Le cadre de vie........................................................................- Le petit monde de M. Leprince........................................................................
.................333 5Chapitre II : Le négociant........................................................................
............................344- L'activité manufacturière des Leprince vue par les contemporains.................................345
- La manufacture Leprince ....................................................................... ...........................349- La réussite commerciale : de l'apogée au déclin..............................................................357
- La juridiction consulaire : une consécration.....................................................................366
- Les voyages de M. Leprince........................................................................ .....................370Chapitre III : M. Leprince chez lui........................................................................
.............373- La vie matérielle : le confort bourgeois........................................................................
....374 - A la table de M. Leprince........................................................................ ..........................382- Les vêtements de la famille Leprince........................................................................
.......388- Dans le silence des bibliothèques........................................................................
..............399 - Jeux et loisirs........................................................................Chapitre IV : influences culturelles et place du sentiment.............................................
...409 - L'homme et la Nature........................................................................ .............................. 410 - La religion de M. Leprince........................................................................ .......................419- Les cas de conscience de Leprince d'Ardenay : 1791, 1796, 1801..................................435
- Amours, famille et sentiments........................................................................
..................441 Table des matières........................................................................ 6 Table des annexes........................................................................ Table des illustrations........................................................................ .....................................656 7 Liste des principales abréviations utilisées. A.D - Sarthe : Archives Départementales de la Sarthe. Annales E. S. C : Annales, Economies, Sociétés, Civilisations.Art. cit : Article cité.
B. M. S : baptêmes, mariages, sépultures.
J-B-Henri-Michel Leprince : Jean-Baptiste-Henri-Michel Leprince. J-B-Jacques Leprince : Jean-Baptiste-Jacques Leprince.Ms : manuscrit.
P. U. F : Presses Universitaires de France.
P. U. L. I. M : Presses Universitaires de Limoges.P. U. R : Presses Universitaires de Rennes.
R. H. A. M : Revue Historique et Archéologique du Maine. R. H. M. C : Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine. S. H. A. M : Société Historique et Archéologique du Maine.S. H. M : Société Historique de la Mayenne.
8Introduction
9 Présenté au public depuis 1880, le texte des Mémoires de Leprince d'Ardenay connut plusieurs avatars avant que je décide, sur les conseils d'Anne Fillon, de choisir ce précieux manuscrit comme sujet de thèse. Il convient de les rappeler au souvenir du lecteur.Déléguée des " Vieilles Maisons Françaises » pour la Sarthe, Mme Lanson restaura et décora le
château d'Ardenay avec le raffinement et la simplicité qui permettaient de retrouver la douceur que
les Lumières des Leprince lui avait donnée. Curieuse de connaître les archives contenues dans un
vieux coffre du salon, elle demanda à son amie Anne Fillon de les inventorier. Celle-ci ouvrit lemanuscrit des Mémoires et découvrit plusieurs des passages supprimés par l'abbé Esnault dont
plusieurs étaient repérables par des parenthèses mises au crayon. Son sentiment fut qu'ils ajoutaient
de l'intérêt et du sens pour celui qui souhaitait étudier l'homme et son groupe social plutôt que
l'activité commerciale du négociant. L'entreprise d'une nouvelle publication des Mémoires naissait.
Déjà en 1989, Anne Fillon mettait en évidence dans Les trois bagues aux doigts 1 " quelquessimilitudes éclairantes, en ce qui concerne les situations, les rites et même les sentiments » du
villageois et du bourgeois anobli. Le départ d'Ardenay en l'an 2000 de Mme Lanson, et leschantiers fructueux déjà en cours d'Anne Fillon furent la cause du report de ce projet. Patrick Gentil
et son épouse Olga devenaient les nouveaux maîtres d'Ardenay. Ils devenaient aussi les dépositaires
de la mémoire et les propriétaires de ses archives. J'eus la chance de faire la connaissance de
Patrick Gentil qui me demanda d'examiner les vieux papiers qu'il avait acquis et plus tard d'en faire
un sommaire inventaire 2 . Je remarquai à mon tour les traces des coupures laissées par l'abbé Esnault sur le manuscrit des Mémoires qui indiquaient que des passages allaient être exclus de sapublication. J'informais alors de cette découverte Anne Fillon qui avait dirigé mon D.E.A. Elle me
proposa de choisir ce sujet pour ma thèse. Le projet était alors de restituer et d'éditer les Mémoires
complets de J-B-H-M Leprince d'Ardenay, de proposer une étude critique des censures de l'abbé Esnault et de replacer l'auteur dans son univers mental, sa vie quotidienne et son groupe social. 1 Anne Fillon, Les trois bagues aux doigts, Amours villageoises au XVIII e siècle, 1989, Robert Laffont, " Jean-Baptiste et Marie-Anne, Louisot et Nannon : La double constance », pp. 413-421. 10Mon travail commençait donc par plusieurs visites au château et des lectures répétées de l'édition
des Mémoires de 1880. Je tachais de mesurer l'ampleur du travail à refaire et de comprendre l'état
d'esprit de G. Esnault, ses objectifs, et les circonstances de la découverte afin de remonter jusqu'à
notre époque. C'est au cours des années 1870 que l'abbé Gustave Esnault, familier des Beauregard 3 , put découvrir dans un vieux coffre du XV e siècle les archives de la famille Leprince restées au château après la mort de Mlle de Biard, fille adoptive de Jean-Baptiste-Henri-Michel Leprince d'Ardenay,le 8 septembre 1846. Pionnier de l'histoire du Maine à l'époque moderne, l'abbé Esnault fouilla
inlassablement les archives notariales, paroissiales et départementales pour finalement éditer ces
Mémoires en 1880 chez Leguicheux-Gallienne, Imprimeur, Libraire-Editeur au Mans sous le titre " MEMOIRES DE J-B-H-M LE PRINCE D'ARDENAY, Avocat en parlement, Négociant, Juge-Consul et Maire du Mans ( 1737-1815)».
-Comment le travail de l'abbé Esnault fut-il reçu par les érudits de l'époque ? Louis de La Salle dans le tome IX, p. 146-153 ( 1881) de la Revue Historique et Archéologique du Maine en donne un abondant et poli compte-rendu. Cette bienveillance cache malle désintérêt des érudits de l'époque pour ce qui était de l'histoire encore contemporaine. La faveur
de ces derniers allait incontestablement à l'histoire médiévale. L'étude de nos élites mancelles à
l'époque des Lumières n'avait aucun intérêt en soi sinon expliquer ou justifier le présent.
Son article mérite d'être largement cité : " ( ...) Les bourgeois d'aujourd'hui sont-ils très supérieurs
" comme lumières et comme caractères à leurs grands-pères ? Sont-ils meilleurs citoyens ? Amis
" plus sincères des libertés nécessaires ?" Administrateurs plus zélés ? Juges consulaires plus habiles ? Leurs fils, pour avoir obtenu le
" diplôme de bachelier en deux temps et fait leur volontariat d'un an, plus fortement trempés pour
2" Sommaire inventaire des archives du château d'Artenay », propriété de M. Patrick Gentil, réalisé par Benoit Hubert
en janvier 2002. 3Esnault remercie dans sa préface en note 1 Mme de Beauregard ( p. VIII) " qui, avec une bienveillance dont je ne puis
assez la remercier, me l'a communiqué avec plusieurs dossiers et documents qui m'ont permis de dresser, en partie, le
chapitre des pièces justificatives ». 11" les luttes de la vie ? J'avoue que les vieilles maisons où l'on s'entassait en famille, où l'on se
" faisait la nuit un tas de plaisanteries d'un goût équivoque, avec les douves à l'entour où l'on
" pêchait à la ligne, leurs jardins encadrés de hautes charmilles et les chemins d'accès tellement
" défoncés qu'on n'y pouvait passer qu'à cheval, me paraissent dignes encore d'un certain respect.
" Les madrigaux et les quatrains que les hommes échangeaient en l'honneur des belles, valaient" bien le cigare ou la pipe fraternellement allumés ; les empressements trop galants auprès des
" dames, la fuite au cercle ou au café voisin, qui ne le sont pas assez. Il n'est pas jusqu'à ces petits
" concerts de famille où l'on accompagnait sur la clarinette " Fleuve du Tage » ou " Femmes »,
" voulez-vous éprouver », et les chansons au dessert, qui ne valussent, à un certain point de vue, les
" sonates et les mélodies savantes, prétentieusement importées du couvent des Oiseaux. La" modestie sied au mérite, et notre époque, qui se croit si supérieure, sous tous les rapports, à ses
" devancières, rehausserait encore cette supériorité en montrant pour elles, leurs plaisirs et leurs
" habitudes, une indulgence plus intelligente et plus sympathique." Cette société qui s'ébattait si joyeusement à la veille de l'orage révolutionnaire qui devait
" la disperser, sans prescience des dangers au-devant desquels elle courait en chantant, mérite sans
" doute d'être plainte et blâmée. Par ses jalousies, par ses préjugés, qui répondaient, hélas ! à
" d'autres préjugés non moins injustes chez les classes aristocratiques, par sa complaisance pour des
" idées qui, au fond, n'étaient pas les siennes et son indulgence pour certains excès qu'elle eût dû
" condamner sévèrement, elle préparait la chute de l'ancienne monarchie et sa propre décadence.
" Nous la blâmons, et sommes-nous plus sages ? N'avons-nous pas poussé et ne marchons-nous pas" à l'inconnu avec une égale légèreté, moins excusable cependant que nos pères, car leur exemple
" devrait nous éclairer ? La leçon se dégage de ce livre frivole en apparence, pour qui saura l'y
chercher ». A la mort de l'abbé Esnault le 25 avril 1894, à l'âge de cinquante et un ans, le Comte deBastard qui était son collègue à la Société Historique et Archéologique du Maine se charge de son
Il s'agit de Louise-Eléonore-Dolly de Saint-Ouen, née le 21 juillet 1821 au château de la Genevraye ( Maine et Loire)
12éloge funèbre en insistant davantage sur ses qualités humaines que sur celles de l'historien : " esprit
vif, à la vie intellectuelle si en éveil », " nature délicate et fine, éminemment distinguée, esprit
prompt et fertile, coeur ardent et dévoué » 2 . Cet hommage cache mal les relations difficiles entre les deux hommes que nous livre l'étude de la correspondance privée de Gustave Esnault à son amiEmile Chambois
4 . Cette dernière reste muette sur l'origine du différend mais Esnault précise le 30janvier 1893 qu'il ne votera pas pour M. de Bastard à la présidence de la Société Historique et
Archéologique du Maine pour " une affaire personnelle » dans laquelle " il m'a joué un vilain
tour ». Dans le tome II de La Province du Maine ( 1894) p. 162-164, l'Abbé Ambroise Ledruretrace la vie et la carrière de son " ennemi intime » de la société savante concurrente. En rendant
hommage à l'érudit et à l'infatigable défricheur, l'auteur de l'Histoire de la Maison de Broc
5 nemanque pas de minimiser l'oeuvre de son collègue et d'insister sur la subjectivité d'Esnault dans son
analyse de la société d'Ancien Régime :" L'abbé Gustave-René-François Esnault naquit au Mans le 13 avril 1844, du mariage de François-
Joseph Esnault et de Justine Mautouchet. Il fut ondoyé le 27 du même mois et baptisé le 18 juillet
dans l'église de N-D du Pré par son oncle, Jacques Mautouchet, chanoine titulaire de la cathédrale.
Ordonné prêtre en juin 1873, il fut nommé pro-secrétaire de l'évêché par Mgr Fillion et succéda
dans la direction de la Semaine du Fidèle à M. l'abbé Besnard, actuellement doyen de Beaumont-le-
Vicomte, le 30 juillet 1885. En 1876, il avait contribué, pour une large, part à la fondation de la
Société Historique et Archéologique du Maine dont il fut d'abord secrétaire puis enfin vice-
président. L'oeuvre historique de l'abbé G. Esnault n'est pas aussi considérable qu'on aurait pul'espérer. Notre regretté confrère a publié, en dehors, de notices qui n'ont pas été tirées à part :
mariée le 19 décembre 1839 à Charles-Auguste-Robert de Beauregard ( 1817-1861). 2" Esnault ( M. l'abbé. G), sa mort. Discours de M. le Comte de Bastard à ses funérailles », in RHAM, tome XXXV,
chronique p. 314-316, 1894. 4A. D Sarthe - 6 F 2.
5Abbé Ambroise Ledru, Histoire de la Maison de Broc, Mamers, 1898, G. Fleury et A. Dangin Imprimeurs-Editeurs..
13 6 . On affirme que l'abbé Esnault laisse presque achevé un ouvrage sur les Artistes Manceaux avant la Révolution. Il faut espérer qu'une main amie mettra au jour ce travail etrecueillera les innombrables notes réunies par l'auteur avec une persévérance digne des plus grands
éloges. Tout porte à croire que la bibliothèque de M. l'abbé Esnault, qui renferme de rarissimes
livres manceaux ne sera pas dispersée. Ses héritiers auront certainement à coeur de conserver intacte
cette unique collection locale. Il est banal de dire que très souvent on perd en profondeur ce que l'on gagne en étendue.Cette vérité ne pouvait échapper à l'abbé Esnault qui se consacra surtout à l'étude de la société
mancelle pendant les XVII e et XVIII e siècles. Le Moyen-Age l'attirait moins. Il a particulièrementvécu parmi les générations voisines de la Révolution, pour employer ses expressions : " au milieu
de ces vieilles familles de la magistrature ou d'épée, races fécondes, qui avaient projeté dans le sol
de notre province de si vigoureuses racines, et que la Révolution a transplantées et étouffées en
partie 7. Son culte pour cette époque lui en faisait quelquefois exagérer les qualités, et, par là-même,
amoindrir les imperfections. Toutefois, l'abbé G. Esnault doit prendre un rang distingué au milieu
de ceux qui ont enrichi par leurs travaux, les annales de notre province. A ce titre, l'union historique
et littéraire du Maine lui rend ici un juste et suprême hommage ».L'éloge funèbre de l'abbé Ledru laisse bien transparaitre l'état des relations entre les deux
hommmes : une implacable rivalité. Très longtemps les deux prêtres vont s'espionner afin deconnaître leurs sujets d'études et les lieux de leurs recherches.L'abbé Chambois renseigne ainsi
Gustave Esnault le 15 février 1888 : " L'abbé Ledru a été vu dans les environs de la Flèche pendant
le mois de janvier. Que faisait-il dans ce pays ? a t-il trouvé une nouvelle mine à exploiter ? »
L'inimitié des deux abbés historiens prend toute sa mesure en 1890 quand Esnault accuse son rival
d'être prêt à tout pour s'attirer les faveurs de la noblesse locale et avoir accès à de précieuses
archives.Lorsque Mme de Saint Maixant charge Esnault d'inviter l'abbé Ledru au château lors de son passage à Montmirail, celui-ci témoigne : 6 Ledru liste ici les quinze articles publiées par le défunt. 14 " Je n'ai pas osé : il n'a pas assez de formes pour faire bonne figure dans un salon eminementaristocrate. Je l'ai vu à l'oeuvre chez M. de la Trémoille et j'ai été affligé de voir ce noble
personnage le traiter avec un sans-gêne insultant pour un prêtre " Au revoir, mon ami » sur le ton de
" Hue Frontin, avance Lafleur ». Cela m'a vraiment choqué. Il faut dire que notre cher ami, en madré manceau, sait bien y trouver son compte et qu'il avale toutes les pilules pourvu qu'elles soient douces ». Les souhaits de l'abbé Ledru de voir une main amie achever l'oeuvre de Gustave Esnault seréaliseront grâce au travail de l'abbé Denis qui achevera le Dictionnaire des Artistes et Artisans
manceaux, publié en 1899. Mais le rêve de Ledru de voir s'ouvrir aux historiens la fabuleusebibliothèque de Gustave Esnault ne se réalisera pas. Emile Chambois l'avait d'ailleurs assuré à son
propriétaire dans une lettre, un an avant sa mort : " L'abbé Ledru pas plus et encore moins qu'un
autre n'aura la moindre note extraite de vos manuscrits » 8 -Un livre " militant ». Le parti pris de Gustave Esnault en faveur des monarchistes est évident. Ce livre est aussi un ouvrage de propagande au moment où le Comte de Chambord refuse toujours le drapeau tricolore et alors que la restauration de la monarchie devient un sujet de moins en moins d'actualité quidisparaîtra définitivement avec l'élection de Jules Grévy à la Présidence de la République en 1879
et la mort du prétendant en 1883. Le Pro-Secrétaire de l'Evêché brosse un surprenant tableau de la
société d'Ancien Régime paré des vertus de la République : " Avant la Révolution, quoi qu'on en
dise, quoi qu'on en pense 9 , il était tout aussi facile au mérite, au travail, de s'élever et de prendrerang dans la société, que de nos jours. Bien plus, ajouterai-je, toutes les dispositions de cette
ancienne société, ses lois, ses coutumes, ses aspirations tendaient sans cesse à élever l'homme au-
dessus de son origine, à le grandir, à l'ennoblir. C'est le propre de tout Etat qui s'appuie sur
7 Mémoires de Nepveu de la Manouilllière, t. I, p. XIV. 8