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Max Weber Économiste et sociologue allemand [1864-1920] (1919) LE SAVANT ET LE POLITIQUE Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole,
LE SAVANT - Yola
Max Weber, Le savant et le politique 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Max Weber Le savant et le politique (1919) Une édition électronique réalisée à partir du livre de Max Weber (1919), Le savant et le politique
ET LA SOCIOLOGIE HISTORIQUE
MAX WEBER ET LA SOCIOLOGIE HISTORIQUE DES RELIGIONS Apropos de: Max WEBER, Le Savant et le politique, Paris, Plon, 1959, 231 p (Recherches en Sciences humai-
L’État selon Max Weber - WordPresscom
1 Économie et société, Max Weber, Collection Pocket Agora, 2003, p 96 à 100 2 Le Savant et le Politique, Max Weber, La Découverte, 2003 3 L’Ultima ratio regum, ou le dernier argument des rois, est la devise que Louis XIV avait fait graver sur ses canons L’État selon Max Weber 11
Department of Political Science, University of Helsinki
1 See Max Weber – Le savant et le politique, trad Julien Freund, introd Raymond Aron, Paris, Plon, 1959 About the professionalization of local politicians, see Elodie Guérin and Eric Kerrouche – Les élus locaux en Europe, un statut en mutation, Paris, La documentation française, Coll Etudes, 2006 As for this
L’impossible neutralit e axiologique
Depuis la préface de Raymond Aron au livre de Max Weber, Le savant et le politique, publié en 1959 chez Plon dans une traduc-tion de Julien Freund, l’idée s’est longtemps imposée que le socio-logue allemand aurait fondamentalement défendu l’incompatibi-lité des vertus du politique avec celles du savant Le livre regroupe
- extrait - Le concept wébérien de neutralité axiologique
Par le refus du jugement de valeur, Max Weber vise aussi et surtout la possibilité qu'a le savant d'influencer son auditoire Mais il ressort des analyses d'Austin qu'il n'existe pas de critères grammaticaux permettant de repérer une phrase performative d'une phrase constative, tant les « fonctions » sont entremêlées dans une même phrase
LES ÉTATS DE LA DÉFINITION WÉBÉRIENNE DE LÉTAT
Max Weber, Le savant et le politique, trad de l’all par Catherine Colliot-Thélène, Paris, La Découverte, 2003, « La politique comme profession et vocation », p 118
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Müller Fabrice, " Durkheim, Weber, et la normativité du savoir », In: L'Homme et la société, n. 138,
2000 " Psy et société »., pp. 93-110. - extrait -
Le concept wébérien de neutralité axiologiqueLorsqu'elles se contentent de dérouler leur action au niveau de la recherche en ouvrant l'esprit du
savant, Weber situe les valeurs dans la catégorie de la Wertbeziehun. Lorsqu'elles portent directement sur l'objet d'étude, elles sont de l'ordre du Werturteil, le jugement de valeur. " Lejugement de valeur signifie que je prends position de façon concrète et déterminée face à la
singularité concrète de l'objet. 51» Dans ce cas, la procédure consiste à modifier l'être de l'objet
pour le diriger, suivant des valeurs, vers un devoir-être. " Nous entendons par évaluationl'appréciation pratique d'un phénomène sur lequel notre activité peut exercer une influence en
adoptant à son égard une attitude d'approbation ou de désapprobation 52. »Se poser la question de l'intégration du jugement de valeur dans le procès de connaissance revient
donc à se demander si l'on peut concilier l'étude de l'être avec celle de son devoir-être. En bon élève
de Kant, Weber applique une dichotomie stricte entre sein et sollen. Il se contente d'énumérer des
questions morales auxquelles l'utilisation d'une rationalité stricto sensu peut difficilement répondre
et en déduit l'irréductibilité du jugement de valeur et du jugement de fait 53. D'un fait quelconque
on ne pourrait tirer aucune conclusion sur sa valeur et, inversement, il devient impossible d'inférer
le caractère factuel d'une chose de la valeur. Il établit ainsi deux sphères autonomes, celle des faits
régie par des lois de causalité, celle des valeurs où règne l'évaluation normative 54.
En correspondance avec cette dichotomie, Max Weber va dégager deux vocations, celles de savant et de politique, qui feront l'objet des conférences de 1919, Wissenschaft als Beruf et Politi k als Beruf. Le métier de savant, comme celui de politique, apparaîtra sous sa plume comme un typeidéal, façonné par l'idée de vocation (Beruf 55). Ainsi, l'activité scientifique va être définie comme
une action finalisée qui s'attache à " l'établissement des faits 56 », rien d'autre qui ne vise cette fin à
atteindre ne doit entrer en compte dans le déroulement de l'activité à mener. Les sciences sociales
vont de ce fait strictement s'intéresser à la validité empirique des faits sans se soucier des
conséquences possibles du résultat de leurs recherches sur la vie sociale, ces dernières relevant du
Politique. D'une dichotomie construite entre fait et valeur découleraient deux vocations également
autonomes, accompagnées de leur morale propre, rejetant dans l'une le jugement de valeur afin que l'autre reste indemne d'une telle normativité. De l'impossibilité théorique de dichotomiser faits et valeursSelon John R. Searle 57, la dichotomie entre l'être et le devoir- être provient de l'image caricaturale
que l'on peut donner de la réalité pourtant constituée d'un magma hétérogène de faits et de valeurs.
Alors, en désignant le domaine de l'être comme celui des faits bruts, il est facile d'opposer par une
définition circulaire tout ce qui est norme ou jugement de valeur. Cette constatation s'applique remarquablement à Max Weber qui, sans logiquement poser la question du passage de l'être audevoir-être, la stigmatise en opposant les faits aux valeurs. Weber peut ainsi prétendre que " toute
intrusion du problème philosophique de la Liberté dans la méthodologie de l'histoire, supprimerait
tout autant son caractère de science empirique que l'interpolation de miracles dans son
enchaînement causal 58 ». Cet exemple montre pourtant très bien l'hétérogénéité existant à
l'intérieur de chaque sphère, ainsi que les différentes communications pouvant s'effectuer entre les
deux. Car on ne voit pas en quoi un questionnement philosophique sur l'idée de Liberté dans une
étude historique viendrait interférer dans le déroulement de la causalité. Cela pourrait au contraire
ouvrir des perspectives nouvelles de causalité. Max Weber est d'ailleurs conscient de cet aspect du
problème puisqu'il estime qu'une discussion portant sur des évaluations pratiques " lorsqu'elle est
conduite correctement, féconde en permanence la recherche empirique en tant qu'elle suscite lesproblématiques au cours du travail 59 ». Le Werturteil pourrait donc se transformer en
Wertbeziehung. D'inacceptable au départ, il serait accepté par la suite. Ce qui n'est pas sanscomplexifier le concept de neutralité axiologique en lui donnant, pour le moins, des contours assez
flous. Il serait également naïf de penser qu'une sélection effectuée par des valeurs à la base du
processus de connaissance n'ait aucune influence sur la façon de présenter l'objet de connaissance
60.Les hypothèses de base et le type idéal, effectuant un tri de la réalité, présentent
inévitablement le phénomène de façon biaisée. Ce biais est en soi un jugement de valeur. " C'est
tout un pan de la vie sociale qui est alors privilégié 61. » Encore une fois, cette difficulté ne semble
pas avoir échappé à Weber, lorsqu'au congrès de Verein, à Vienne en 1909, il attaqua le professeur
Liefmann qui pensait avoir construit un concept de productivité économique neutre de toutes valeurs. Son angle d'approche, selon Weber, en naturalisant l'économie, poussait finalement leshommes à être résignés face aux modifications que celle-ci pouvait engendrer dans leur vie sociale
62.Cette démonstration ne signifie pas que la distinction qu'effectue Weber entre jugement de valeur et rapport aux valeurs soit inutile, mais simplement qu'il existe un passage, dans un sens comme dans l'autre, entre les deux concepts, permettant aux valeurs de s'acheminer d'un bout à
l'autre du procès de connaissance. Par contre, elle remet en cause la possibilité de séparer de
manière tranchée le domaine des faits de celui des valeurs, et donc le procédé de neutralité
axiologique en tant que tel. De l'impossibilité pratique de séparer faits et valeurs. Outre cette remise
en cause théorique du principe de la Wertfreiheit, on peut douter de la possibilité de son application.
Non seulement le savant voit sa personnalité se dédoubler afin que les jugements de valeur ne soient
émis que lors d'occasions adéquates, mais celle-ci lui impose des règles extrêmement strictes quant
à son langage 63, au point que Weber reconnaît lui-même " la difficulté de séparer la constatation
empirique de l'évaluation pratique... 64 » Ce qui apparaît pour Weber comme une difficulté pratique est en fait une impossibilitélinguistique. C'est parce que le réel est un subtil mélange de faits et de valeurs que la distinction et
l'éventuel tri linguistique sont impossibles. Une telle séparation entre être et devoir-être suppose que
toutes les propositions exprimables puissent se ranger suivant une partition rigoureuse entre propositions purement énonciatives et propositions purement normatives. Mais l'expérience nousmet en présence d'expressions mixtes, en ce que leurs contenus comportent des éléments normatifs
liés à des éléments de fait, et l'on ne saurait dissocier les uns des autres 65. On s'aperçoit alors que
mises à part des banalités nous ne pouvons guère formuler quelque chose d'intéressant qui ne soit
pas normatif. En resituant la difficulté dans le domaine de la sociologie, un chercheur dégageant
simplement le phénomène de la prostitution serait inévitablement entraîné dans les affres du
jugement de valeur 66. Max Weber en parlant d'avarice, prononçait lui aussi des jugements devaleur. De plus, l'utilisation d'un vocabulaire nourri de normatif et d'émotif n'est pas forcément
superflue dans une analyse. L'auteur doit non seulement établir les éléments de la doctrine en
question mais également rendre compte de la motivation qui la sous-tend. Ce que l'on peut difficilement effectuer sans une terminologie empreinte de valeurs 67. Par le refus du jugement de valeur, Max Weber vise aussi et surtout la possibilité qu'a lesavant d'influencer son auditoire. Mais il ressort des analyses d'Austin qu'il n'existe pas de critères
grammaticaux permettant de repérer une phrase performative d'une phrase constative, tant les "fonctions » sont entremêlées dans une même phrase. Une énonciation constative peut produire des
effets réels dont les conséquences ne sont pas forcément voulues (actes perlocutoires). Ainsi, il est
possible de convaincre une personne de faire quelque chose, rien qu'en constatant un phénomène.
Elle peut par exemple prendre son parapluie en nous entendant simplement constater : " Le ciel est gris 68. » Jùrgen Habermas, commentant l'oeuvre de Weber, note que dans ses études sociologiques,notamment lorsqu'il envisageait le désenchantement du monde, il dépassait largement sa conception
descriptive de la science 69. Bien qu'il refusât de donner à son idéal-type de la bureaucratie un
caractère évaluatif, la simple description de ce qui est la plus rationnelle des organisations humaines
nous influence à suivre implicitement cette direction. Toute connaissance influence d'une
quelconque façon son auditoire 70. À ce sujet, Weber était encore une fois en proie au doute, car "
laisser parler les faits, écrit-il, peut justement sous prétexte d'éliminer les évaluations pratiques, les
susciter d'une façon particulièrement suggestive 71 ». C'est la règle de neutralité axiologique qu'il
remet en cause puisqu'elle est elle-même la source de jugements de valeur. L'appliquer a donc desconséquences sociales. Ce postulat n'est pas neutre, il procède du processus de rationalisation du
monde moderne en même temps qu'il l'institue 72. La non-idéologie qu'il tente de symboliser fait
elle-même partie d'une idéologie particulière 73. Non seulement Weber, par son savoir, rend compte
du "désenchantement du monde », mais par sa méthode de la Wertfreiheit, il y participe. Durkheim et Weber présentent deux façons d'envisager les valeurs en aval du processus de connaissance. Le premier essaie de contenir les jugements de valeur dans un écart statistique, lesecond pense les évincer par le concept de neutralité axiologique. Mais ni l'un ni l'autre ne parvient
à atteindre le but qu'il s'est fixé. La distinction qu'effectue Durkheim entre le normal et lepathologique ne le dispense pas de porter des jugements moraux. Quant à la tentative wébérienne de
trier le bon grain factuel de l'ivraie normative, elle semble vouée à l'échec tant elle est idéalisée. Elle
s'enferme dans des contradictions insurmontables qui font de l'éviction des jugements de valeur, un
jugement de valeur au sens plein du terme, ayant des conséquences sur le devoir-être social. Le
savoir sociologique, puisqu'il agit d'une façon volontaire comme involontaire sur l'imaginaire de la
société, est par essence pratique et normatif. D'autre part, à suivre les analyses de Weber et
l'évolution de la position durkheimienne, il est difficile d'imaginer l'action du savant détachée de
son contexte culturel. Elle s'appuie inévitablement sur des valeurs. Ce double ancrage normatif, en
amont et en aval du processus de connaissance, réduit-il le rôle du spécialiste en sciences sociales à
celui d'un artisan de la société, guidé par un relatif savoir faire ? Cette image est à la fois
prétentieuse et dénigrante. Il serait en effet prétentieux de croire que le chercheur en sciences
sociales puisse agir sur la société, la façonner à sa convenance, comme un artisan ou un artiste
maîtrise ses matériaux. Les conséquences d'un savoir sur l'imaginaire social sont souvent
inattendues. Stanley Fish soutient que " on ne peut rien dire ni de particulier, ni de général au sujet
des conséquences politiques de la théorie parce que tout en étant palpables, elles ne sont pas
prévisibles ; elles ne s'ensuivent pas de la théorie, elles lui tombent dessus 74. »Pourtant, l'ambiguïté de la situation est telle que la connaissance du sociologue est plus fermement
établie qu'un simple savoir-faire. Bien que relative à notre façon de penser, elle n'est pas
individuelle mais partagée par la communauté. Elle est établie selon les normes de notre scheme
conceptuel qui lui procure son objectivité. En cela, parce qu'elle est normative, elle est une connaissance objective.