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Cet autre moi - fnac-staticcom

Cet autre moi Cet autre moi Roman tiré de carnets intimes de 1975 à 1978 Anne Besson 14 6 515898 amie que j’ai eue Je suis en cinquième, nous sommes



Quel rapport existe-t-il entre moi et autrui

Un autre moi-même, c’est-à-dire celui qui est à la fois comme moi et autre que moi, un moi qui n’est pas moi (pour reprendre Sartre) Rencontrer autrui, cela suppose donc d’une part la vie en communauté ; mais d’autre part, comme je ne saurais être moral tout seul, la moralité elle-même suppose la rencontre d’autrui



1

1 Faut-il avoir connu l'ombre pour voir enfin la lumière ? Faut-il avoir eu le temps d'exister pour savoir ce que c'est que de vivre ? Faut-il avoir passé toute sa vie auprès d'un autre pour savoir ce que c'est que d'aimer vraiment ?



Mon autre, cet inconnu que je ne suis pas Cath

Mon autre, cet inconnu que je ne suis pas 2 Est-ce que j’avais autre chose en direction de chez moi Étant donné que ça tournait encore un peu, je



LE PASSÉ COMPOSÉ + IMPARFAIT

1 - Quand j’étais petite, je pensais que personne d’autre ne portait le même prénom que moi Puis, un jour, j’avais six ans, des amis de mes parents sont venus à la maison avec leur enfant Ma mère me m’a dit : « Elle s’appelle Charlotte, comme toi » Moi, je n’ai lui ai pas dit bonjour Je suis partie en pleurant



projetsnormandielivrefr

même langue que moi Dans mon champs de vision, je ne vois ni mes parents, ni ma maison, ni rien qui ressemblerait de près ou de loin à mon quartier Cet homme que Jai oublié un bref instant, m'attrape violemment le bras Encore à moitié endormi, je reste muet Il continue de crier pendant un temps, puis enfin se tait



Ressources Montaigne dissertation

Cet autre monde ne fera qu’entrer en lumière quand le nôtre en sortira Nous aurons bien fort hâté sa déclinaison et sa ruine tant de villes rasées et la plus belle partie du monde bouleversée par la négociation des perles et du poivre une boucherie ( ) comme sur des bêtes sauvages Prolongements Lectures :



Manon Lescaut, Abbé Prévost (1731) Première rencontre

en incise dans la phrase « Elle me parut si charmante que moi, [ ], moi, dis-je, » le souligne Cette rencontre est aussi la première étape d'un apprentissage amoureux (semblable au roman picaresque) où la femme séductrice mène le jeu alors que le jeune héros, passif, subit le charme



diagonale de Socrate - WordPresscom

loin : « « c’est ainsi que, chez cet esclave, ces opinions viennent de surgir comme dans un songe6 » Je vais tirer juste un petit peu la couverture à moi, en rappelant, d’une part, les propos de Lacan nommant l’embarras comme dernière étape avant le passage à l’acte et l’angoisse7, et en rapprochant, d’autre part, cet

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1. Faut-il avoir connu l'ombre pour voir enfin la lumière ? Faut-il avoir eu le temps d'exister pour savoir ce que c'est que de vivre ?

Faut-il avoir passé toute sa vie auprès d'un autre pour savoir ce que c'est que d'aimer vraiment ?

Je n'aurais fait que bien peu de pas sur le chemin de cette vie, et pourtant... il a suffi de ce qui a

finalement ressemblé au temps d'un éclair pour qu'un seul être vienne tout bouleverser...

Il est celui qui a pansé mes plaies...

Il est celui qui a effacé la douleur...

Il est celui qui a libéré mon coeur de sa prison de pierre...

Celui qui a redonné vie à mon âme, qui est venu m'offrir sa lumière pour en inonder totalement ma

sombre existence...

Je lève une dernière fois les yeux vers le ciel alors que les larmes coulent sur mon visage... Ce ne

sont pas des larmes de tristesse, mais des larmes de gratitude. Parce que dans ce monde qu'il m'a été

impossible de comprendre, parmi toutes ces règles incohérentes que je n'ai jamais pu me résoudre à

suivre, j'ai pu enfin voir à quoi ressemblait la lumière, et c'est lui qui l'a semée dans mon coeur.

Mon plus grand malheur aura finalement donné naissance à la seule chose qui aura donné un véritable sens à ma vie...

J'aurais tant voulu qu'il sache... Qu'il sache à quel point il a illuminé mon existence depuis ce jour

où mon chemin a croisé le sien...

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2.

Où suis-je ?

Quel est donc cet endroit ?

On dirait une sorte de tunnel de pierre. Le sol est rugueux et froid sous mes pieds nus, mais ce n'est

pas ça qui trouble mon esprit... Cet endroit... il me semble étrangement familier. Mais quand donc y

serais-je déjà venue, moi qui n'ai jamais connu autre chose qu'un seul et éternel décor ? Je n'arrive

pas à m'en souvenir...

Il y a des failles dans la pierre. Elle est comme fissurée, brisée par endroits... Les failles laissent

filtrer les rayons du soleil et apportent une étrange lumière dans ce vaste espace si sombre... de la

lumière et un peu de chaleur.

J'ai tellement froid...

J'entends un bruit derrière moi... Un bruit étrange... On dirait un souffle... un souffle profond et

puissant, comme l'écho lointain d'une tempête qui serait en train de tout balayer...

Je me tourne alors vers l'endroit d'où semble provenir ce grondement sourd... Il fait si noir là-bas...

C'est alors que je les vois... Ces yeux, comme deux braises ardentes... Ils me fixent avec une troublante intensité. Je ne ressens pourtant aucune peur...

Un vent d'une puissance infernale se lève soudain, comme s'il était né depuis l'intérieur même du

tunnel... Un nuage de fumée épaisse et totalement opaque monte du sol et tout devient noir. Je lève

les bras devant mon visage, cherchant à me protéger, même si je ne sais pas de quoi au juste je suis

censée le faire, et alors que tout s'arrête d'un coup, lorsque mes yeux s'ouvrent à nouveau, je me

rends compte que je me trouve dans un tout autre endroit... Comment ai-je atterri ici ? Je ne comprends pas...

Je tourne sur moi-même et jette un rapide coup d'oeil tout autour de moi. Il semble n'y avoir aucune

menace ici. L'endroit dégage au contraire un sentiment apaisant... Je prends quelques instants pour

observer ce nouvel environnement... Ce lieu dégage une atmosphère étrange... étrange et

magnifique à vrai dire.... Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau...

La végétation y est luxuriante et à quelques pas de là se trouve un vaste bassin dont l'eau d'une

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couleur si jolie qu'elle semble presque irréelle scintille de mille feux, caressée par les rayons de ce

même soleil qui illuminait il y a si peu de temps encore la noirceur du tunnel où je me trouvais.

Tout est cependant très différent par ici. Tout est tellement plus lumineux, tellement plus coloré

aussi... Une image vient tout à coup frapper mon esprit, en un éclair brutal... Un sentiment étrange

m'envahit et vient comme me brûler de l'intérieur... Je ne comprends pas ce qui se passe. La mort

est-elle venue me chercher ?

Et quel est ce symbole étrange que je vois dans ma tête et qui martèle mon esprit, encore et encore...

On dirait une fleur... une fleur de lys... totalement noire... Elle est pourtant magnifique. L'image se fixe soudain sur mon écran mental et se met à briller intensément... tellement

intensément que bientôt je ne peux plus garder les yeux ouverts comme si cette fleur était vraiment

devant moi.

C'est alors que je me mets à chuter à une vitesse vertigineuse... Je hurle... Je ne comprends pas ce

qui se passe... Je vais mourir, c'est inévitable... Je devrais être terrifiée et pourtant, la seule chose qui

me revient en tête et que je voudrais pouvoir emporter avec moi dans l'autre monde est l'image de ces yeux... ces yeux de braise...

Je ferme alors les miens, m'attendant à toucher le sol d'un instant à l'autre pour sombrer dans le

néant, mais lorsque mon corps heurte violemment la terre, c'est le décor familier de ma chambre

que j'aperçois autour de moi...

Encore haletante, je m'assis sur le sol. Je posai mes mains sur mon coeur qui battait si fort que j'avais

l'impression qu'il allait exploser... Je respirai alors profondément pour tenter de m'apaiser...

Un cauchemar... C'était juste un cauchemar... toujours ce même cauchemar qui revenait encore et

encore après toutes ces années...

Qu'est-ce que ça signifiait ? Depuis quelque temps, ce songe revenait de plus en plus fréquemment,

et ce que je ressentais en le vivant était de plus en plus puissant, de plus en plus réel. Est-ce que ça

voulait dire que ma dernière heure allait bientôt arriver ? Ou n'était-ce rien d'autre qu'un rêve

terriblement angoissant, tout autant qu'il était troublant ?

Après tout, peut-être que ce n'était qu'un cauchemar, mais à présent c'en était un autre qui allait

commencer, bien réel celui-là...

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3.

Je regardai par la fenêtre et vis que les étoiles étaient toujours suspendues dans le ciel. Je n'avais

aucune idée du temps qu'il restait avant que l'aube ne vienne éclairer la mort de mes espoirs et de

ma liberté...

Ce jour avait été planifié bien avant ma naissance, à travers un pacte qui avait été signé entre deux

familles qui souhaitaient s'allier et assurer leur avenir et leur sécurité, quel qu'en soit le prix...

J'allais être offerte en mariage, tel un vulgaire bout de viande, à un homme que je haïssais du plus

profond de mon être. On me l'avait présenté alors que je n'étais encore qu'une enfant. Lorsque

j'avais appris la vérité, j'avais protesté de toutes mes forces, j'avais hurlé, supplié, mais Père et Mère

ne voulaient rien entendre... La seule chose qui importait était de respecter l'engagement qui avait

été pris.

Je n'avais pas mon mot à dire. Je devais obéir, comme si je n'avais été qu'une marchandise

appartenant à ceux qui m'avaient donné la vie. C'était ainsi et il fallait suivre les règles... Ces maudites règles...

Je vivais dans un monde qui n'était pas fait pour moi, que je n'arrivais pas à comprendre, et bien

plus encore que ça, j'avais l'impression d'y mourir à petit feu, un peu plus chaque jour qui passait.

Ceux qui m'entouraient semblaient s'en accommoder sans aucune difficulté, mais c'était impossible

pour moi. J'avais pourtant essayé, tellement de fois... D'abord pour plaire à mes parents et tenter de

me faire aimer d'eux, ensuite pour assurer ma propre survie et ne pas devenir complètement folle

devant une réalité qui me paraissait totalement incohérente, comme une pure et simple aberration.

Mes efforts pourtant acharnés pour tenter de m'adapter et de faire comme tout le monde avaient été

vains et j'avais alors choisi de porter un masque devant les autres, tout en continuant à faire vivre à

l'intérieur de moi ce qu'ils n'avaient pas réussi à détruire, tout ce qui représentait à mes yeux le

véritable moi, la source de mon salut... ce qui me maintenait en vie au milieu de tous ces morts- vivants.

Et j'allais maintenant devoir affronter une nouvelle épreuve... La pire de toutes. La seule option

qu'on m'offrait - qu'on m'imposait - était la résignation. Combien de fois avais-je souhaité être née

homme pour ne pas avoir à m'unir à celui que je ne pouvais voir autrement que comme un tyran. Il

n'avait aucun coeur, ne cultivait aucune des valeurs que je chérissais... Seuls lui importaient le

pouvoir et la domination. Il n'y avait aucune humanité en lui, aucune bonté... J'avais pourtant

cherché, espérant trouver en lui au moins une petite étincelle de lumière, mais tout ce que je

percevais chez cet homme me donnait l'impression d'être face à une coquille vide qui ne serait emplie que de venin ou de poison.

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Il m'était tout simplement impossible d'accepter le chemin qu'on voulait m'imposer... La seule issue

pour moi était de m'enfuir pour disparaître à jamais... J'avais tout préparé depuis un moment déjà,

rassemblant et cachant ce qui pourrait m'être utile pour ce périple dont Dieu seul pouvait connaître

l'issue. Je ne savais pas où j'allais aller. Je ne savais pas comment j'allais m'en sortir, mais il fallait

que je parte, que je m'offre une chance d'être libre. Et si jamais je devais échouer, l'autre monde deviendrait alors ma nouvelle patrie... Je gardais

précieusement près de moi une dague qui saurait me libérer, cette dague que Père m'avait offerte à

mon douzième anniversaire... Quelle ironie... Celui-là même qui voulait m'enfermer dans une prison

éternelle m'avait offert la lame qui pourrait m'en délivrer... J'espérais cependant que l'Univers me prendrait par la main pour me guider sur un autre chemin...

Qui savait ce que je pourrais y trouver... Après tout, toute ma vie n'avait été que retenue et privation.

Qu'est-ce qui pourrait être pire ? Je me sentais bien plus en danger à l'idée d'accepter mon sort qu'à

celle de tout quitter pour plonger dans un monde totalement inconnu.

Dans mon monde, il ne fallait ni rire ni sourire. Il ne fallait pas danser ni parler trop fort. Il fallait

constamment bien se tenir, suivre les règles et ne surtout pas faire de vagues, car il n'y avait que

ceux qu'on appelait les " sans âme » qui osaient se comporter ainsi, eux que nous avions banni de

nos vies et qui erraient dans les rues, le plus loin possible de nous, sales et miséreux. Eux qu'on

chassait à coup de fouet s'il le fallait pourvu qu'ils ne s'approchent pas trop près. Beaucoup

affirmaient que faire partie de leur monde était le pire qui puisse nous arriver, et pourtant... Il y avait

dans leurs yeux une étincelle qui semblait exprimer bien autre chose que la douleur et la ruine...

Une étincelle qui semblait les porter bien au-delà de toute l'apparente misère que semblait représenter leur sort...

Chacun avait fini par trouver plus ou moins sa place après la Grande Guerre et les " sans âme »

restaient à l'écart, acceptant leur sort avec un sourire qui ne quittait jamais leurs visages... Je les

observais parfois de loin, quand j'arrivais à échapper au regard inquisiteur de mes parents, ou

devrais-je dire de mes geôliers... et je me demandais alors pourquoi c'était eux qu'on nommait les

" sans âme », car il semblait y avoir bien plus de vie et de lumière en ces êtres qui n'avaient

pourtant presque rien qu'en ceux de mon peuple qui avaient pourtant absolument tout, d'après ce qu'en disaient les anciens en tout cas.

Nous devions suivre à la lettre les instructions qui nous étaient données, tels des pantins qui ne

pourraient lever leurs bras vers le ciel et glisser leurs jambes sur le sol rugueux que si une personne

disposant de l'autorité nécessaire décidait de tirer les ficelles en ce sens.

On cherchait à faire de nous des êtres parfaitement identiques, qui cadraient en tous points avec les

attentes du monarque, mon père, et tous ceux qui refusaient de s'y plier étaient sévèrement punis ou

parfois même menacés d'être exécutés ou livrés aux " sans âme ». Dans mon monde, nous ne savions pas ce que voulait dire être libre. Nous devions effacer tout ce

qui faisait de nous des êtres humains, tout ce qui colorait la vie et la rendait plus douce, tout ce qui

créait du lien entre chacun.

J'avais entendu dire que la vie n'avait pas toujours été ainsi, qu'il avait existé d'autres temps où

chacun pouvait mener son existence comme il le désirait, alors pourquoi en était-on arrivé là ?

Comment avait-on pu se couper à ce point de ce qui semblait pourtant être notre nature véritable, de

ce qui se manifestait spontanément à nous ?

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Mon coeur saignait si fort de devoir se contenir ainsi.

À maintes reprises j'avais tenté de parler au roi, pensant naïvement que les liens du sang laisseraient

peut-être la porte ouverte à un semblant de discussion, que peut-être, il finirait par se rendre compte

de l'abjection des règles qui nous étaient imposées, mais rejet après rejet, mon espoir s'amenuisait,

et lorsqu'un jour, il m'avait giflé si fort que du sang avait fini par couler sur mon visage, j'avais

compris qu'il ne serait jamais rien d'autre pour moi qu'un géniteur et que je devais faire le deuil

d'une vie meilleure au sein de cette cité...

Les élans d'affection étaient interdits eux aussi, y compris vis-à-vis des plus petits... et de la même

façon, on nous interdisait tout contact physique. C'était malsain disait-on... Ça risquait de faire fuir

notre âme... Dès notre plus tendre enfance, on nous avait appris à réprimer toute émotion, à les

enfouir au plus profond de notre être pour ne jamais les laisser transparaître ou remonter à la

surface, parce que " les émotions sont l'expression du mal » nous avait-on dit.

Quant au fait d'aimer... Ça n'existait que dans les contes, ceux que j'avais trouvés cachés quelque

part dans un recoin sombre du château, là où personne ne s'aventurait jamais. Depuis combien de

temps ces livres poussiéreux étaient-ils là ? Je n'en avais aucune idée. J'avais entendu murmurer un

jour que c'était depuis la Grande Guerre entre les peuples du Nord que tout avait changé, mais

personne n'avait jamais accepté de m'en parler... J'avais pourtant insisté, mais toutes les portes

étaient restées fermées comme s'il avait fallu maintenir le secret à jamais dans l'ombre.

La joie avait-elle seulement un jour existé au sein de mon peuple ? Pourquoi s'imposait-on un tel

supplice ? Je ne pouvais croire que la vie était censée être ainsi, même si on avait toujours tenté de

me convaincre du contraire. Mon coeur criait au mensonge et je ressentais au plus profond de mon être que notre manière de vivre ne correspondait en rien à notre élan naturel...

Ou était-ce moi qui étais si différente ? Qui était née dans la mauvaise cité, à la mauvaise époque ?

Était-ce seulement moi qui ne trouvais pas ma place ici, dans cette façon de vivre dont tous les

autres semblaient pouvoir se contenter ?

Dès mes premières années, on avait tout fait pour étouffer ma joie de vivre, cette joie qui débordait

pourtant de tout mon être comme l'eau déborde d'une cascade. On m'avait ordonné de faire comme

tout le monde et de devenir une ombre... rien d'autre qu'une ombre...

Je ne pouvais tout simplement plus m'y résoudre... Cette vie n'était pas une vie, alors peu importait

ce qui allait se passer pour moi... d'une façon ou d'une autre, je retrouverais ma liberté, quitte à ce

que ce soit en quittant ce monde...

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Le moment était venu. Tout le monde était encore endormi et c'était maintenant où jamais... Je me

penchai pour atteindre les cordes que j'avais accrochées sous mon immense lit à baldaquin et les

attachai solidement à une épaisse poutre proche de la fenêtre.

Je soulevai ensuite précautionneusement une planche du sol et sortis de mon coffre improvisé le sac

que j'avais préparé contenant des outils et d'autres affaires qui pourraient me servir lors de mon

voyage... Mais un voyage vers où au juste ? Je n'en savais rien... Nous ne parlions jamais du monde

qui nous entourait. Celui-ci était baigné de mystères et seuls les hommes du peuple avaient le droit

de s'y aventurer. Les hommes du peuple et les " sans âme ».

J'avais également pris des vêtements dans la grange des serviteurs du château, lorsque ceux-ci

s'affairaient à leurs tâches quotidiennes. La fille de notre cuisinier avait à peu près la même stature

que moi, ce qui tombait vraiment bien. Et pour réparer ce qui était finalement un vol, j'avais glissé

dans la poche d'une autre de ses robes une pièce d'or qui compenserait plus que largement la perte

subie.

Il fallait que je puisse passer totalement inaperçue, qu'on ne puisse pas me reconnaître si j'étais

amenée à croiser en chemin un habitant de notre cité.

Je frottai mes cheveux avec de la suie pour que d'un blond si pâle qu'il semblait blanc ils passent à

la couleur de la nuit. J'ajoutai également à mon sac les provisions que j'avais rassemblées la veille et

qui me permettraient de tenir au moins quelques jours.

Alors que je m'apprêtai à faire passer la solide corde qui allait me permettre de m'échapper par la

fenêtre, la porte de ma chambre grinça et je vis apparaître le visage de ma nourrice qui eut un

instant d'hésitation avant de se rendre compte que c'était moi...

Elle jeta alors un bref coup d'oeil dans le couloir derrière elle et entra dans la chambre en fermant la

porte très lentement, comme pour éviter de faire le moindre bruit. " Qu'est-ce que tu fais Alessya ? »

Je retins mon souffle, cherchant les mots pour lui faire comprendre. Cette femme avait été la seule à

être bonne et bienveillante avec moi, même si elle avait été obligée elle aussi de suivre les règles

sous peine d'être sévèrement punie.

" Nourrice... Je t'en supplie, ne dis rien aux autres. Sors de cette chambre et fais comme si tu n'avais

rien vu... Il faut que je parte. Je ne peux pas épouser ce monstre... Et ma place n'est de toute façon

pas ici... »

Elle se dirigea alors vers moi les yeux baignés de larmes et pris mes mains dans les siennes, pour la

toute première fois... Ce geste pourtant interdit signifiait tellement pour moi...

" Ma chère enfant... Pars... Suis le chemin de ton coeur et trouve la place qui est vraiment la tienne...

Je ferai tout ce qu'il faut pour couvrir tes arrières... Tu as été un soleil au sein de ma misérable

existence, je veux que tu ne l'oublies jamais... »

Elle hésita un instant puis se dirigea vers le foyer et plongea ses mains dans la cendre. Elle revint

alors vers moi et me frotta délicatement le visage. Elle remonta ensuite la capuche de ma cape sur

mes cheveux et s'arrêta un instant pour fixer son regard dans le mien, comme si elle voulait ancrer

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profondément en elle l'image de ce dernier moment que nous passions ensemble.

" Voilà, c'est bien... Courbe le dos et baisse la tête si tu croises quelqu'un. Ainsi on ne te reconnaîtra

pas... Va maintenant ! »

Elle me poussa vers la fenêtre en me faisant signe de ne rien dire et elle tint la corde pour s'assurer

que celle-ci m'emmènerait en parfaite sécurité jusqu'au sol. Alors que je m'arrêtai un instant pour la

regarder une dernière fois, elle me fit un signe de tête pour me signifier qu'il était temps de partir.

Après avoir vérifié que la voie était libre en bas, je me laissai glisser jusqu'au sol, mon sac sur le

dos, et je me mis à marcher à vive allure vers la forêt qui débutait à quelques centaines de pieds de

là pendant que ma nourrice remontait la corde.

Je me tournai une dernière fois vers elle, plaçant la main sur mon coeur pour qu'elle comprenne à

quel point elle avait compté pour moi, et je me mis ensuite à courir jusqu'à ce que je plonge enfin

dans l'ombre sécurisante des arbres.

La lune montante avait déjà fait la moitié de son parcours habituel et éclairait suffisamment le

chemin pour que je puisse évoluer sans difficulté au sein de la vaste forêt. Par chance, le ciel était

parfaitement dégagé. Il fallait que je fasse un maximum de chemin durant la nuit pour repousser

autant que possible les chances qu'on me retrouve et qu'on me ramène à cette vie qui ne pouvait tout

simplement plus être la mienne... " Puisse l'Univers guider mes pas et me conduire là où je trouverai ma liberté... »

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4.

Mes pieds commençaient à être douloureux. Les muscles de mes jambes étaient raides eux aussi,

peu habitués à marcher autant. Jamais encore je n'avais quitté ma cité. Cependant, même si ce

départ vers l'inconnu pouvait être effrayant, je me sentais en même temps exaltée de découvrir ce

nouveau monde qui s'offrait à ma vue à mesure que j'avançais.

J'avais vu de nombreuses illustrations dans les livres de contes que je lisais en cachette, et un jour,

une petite fille des " sans âme » que j'avais réussi à approcher m'avait parlé avec de grands yeux

ébahis de la beauté du monde qui nous entoure, mais rien de tout ce que j'avais pu imaginer n'égalait

la splendeur de ce que je voyais à présent de mes propres yeux... L'herbe était si verte, la végétation

si... vivante ! C'était comme si la nature pouvait parler avec moi, non pas comme nous le faisions en

tant qu'êtres humains, mais à travers un langage invisible, un langage qui venait toucher directement

mon coeur... J'avais l'impression d'entendre les arbres murmurer à mes oreilles. Le vent faisait

chanter leurs feuilles et danser leurs branches. C'était puissant... C'était intense et magnifique,

comme un hymne sacré que la Grande Déesse en personne se serait mise à fredonner.

Alors que les premières lueurs de l'aube poignaient à l'horizon, j'atteignis une vaste clairière où

coulait une rivière... Je décidai de m'arrêter quelques instants pour boire l'eau fraîche que notre mère

la Terre mettait à ma disposition et permettre également à mon corps de récupérer brièvement.

Puis, alors que j'étais penchée au-dessus de l'eau, je fus éblouie par quelque chose... Lorsque je levai

les yeux, je vis la surface de l'eau se mettre à scintiller comme si un million d'étoiles venaient d'y

plonger. Le reflet du soleil était en train de s'y imprimer, comme si la main d'un ange était en train

de l'y dessiner... Je levai les yeux vers l'astre du jour, tellement émerveillée par ce spectacle que

j'eus le sentiment de le voir pour la toute première fois.

C'était comme renaître... Libérée d'une prison invisible dans laquelle j'avais été enfermée toute ma

vie durant, avec dans mon coeur l'espoir d'une vie nouvelle qui ne pourrait être que plus belle que

celle que j'avais vécue jusque-là, quoi que l'avenir puisse me réserver. Je me relevai sans tarder pour reprendre ma route. On pouvait apercevoir au loin d'immenses

montagnes... J'irais jusqu'à elles et chercherais un abri quelque part là bas pour y passer la prochaine

nuit.

Depuis toujours, j'avais entendu d'étranges légendes au sujet des montagnes. On disait qu'il fallait

s'en méfier et aucun homme ne s'y aventurait jamais. Voilà qui ferait bien mon affaire. Ce serait à

l'évidence le refuge le plus sûr pour que personne ne puisse me retrouver...

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5.

Le soleil commençait déjà à redescendre à l'horizon lorsque j'entamai ma progression sur un chemin

escarpé qui semblait mener en plein coeur de la montagne. Je ne savais pas ce que j'allais y trouver,

ni si ce passage était autre chose qu'une impasse, mais je décidai de laisser l'Univers me guider une

nouvelle fois en choisissant de remettre mon sort entre ses mains bienveillantes.

Le sentier était un passage assez fin entre deux gigantesques parois rocheuses, si hautes qu'elles

semblaient toucher le ciel du bout de leurs doigts. Même le contact froid entre ma main et la pierre

était plus doux que celui que j'avais toujours connu avec l'immense majorité des êtres vivants qui

avaient croisé mon chemin, y compris au sein de ma propre famille...

Je levai les yeux quelques instants vers le ciel pour me laisser bercer par sa beauté... La lumière du

jour diminuait de plus en plus et peignait sur la toile de l'immensité un mélange de couleurs

magnifiques, allant du rose au rouge, avec quelques touches de violet et de bleu. C'était tellement

beau que des larmes se mirent à perler sur mes joues sans même que je me rende compte que j'étais

en train de pleurer... Mais c'étaient des larmes de bonheur... de bonheur et d'émerveillement... et rien

que pour ce cadeau de la Vie je bénissais le ciel de m'avoir permis de quitter ce qui avait été

autrefois mon foyer.

J'étais physiquement à bout de force, mais ma volonté d'être libre était si forte que mes jambes

continuaient à avancer malgré la douleur et les égratignures qui s'étaient multipliées au fil des

heures. Mon esprit quant à lui s'était tu, devenu complètement silencieux à mesure que je

m'éloignais de ce qui avait été le centre de mon monde pendant dix-huit années. Je me concentrais sur chaque nouveau pas que j'accomplissais et je sentais une énergie nouvelle

monter en moi, une énergie qui semblait anesthésier mon corps tout entier et me pousser toujours un

peu plus vers l'avant.

Je n'avais par ailleurs pas perdu une seule miette de la splendeur du paysage que j'avais traversé

jusque-là, même si je n'avais pu m'y attarder comme je l'aurais souhaité. J'avais traversé de hautes

herbes parsemées de fleurs de toutes les couleurs. De jolis papillons avaient volé partout autour de

moi et il m'était même arrivé par moment d'apercevoir d'adorables écureuils bondissant avec

légèreté de branche en branche, ou encore des oiseaux qui se laissaient planer, comme posés sur la

main du vent.

C'était magique... C'était plus beau que tout ce que j'avais pu imaginer, même dans mes rêves les

plus fous, et ces images s'étaient ancrées profondément en moi... Il s'agissait de choses tellement

simples et pourtant... Je me sentais tellement exaltée... Plus vivante que jamais malgré l'épuisement.

Comment pouvait-on seulement passer à côté de cet éblouissant spectacle et choisir de s'enfermer

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