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Les professions de la relation d’aide

leur cadre de référence et d’intervention diffère de ces derniers comme l’indiquent le champ d’intervention et les finalitésparticulières de chacune de ces professions Bien que situé dans une approche d’intervention similaire et partageant le même champ d’activités, il existe des différences dans le rôle des



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Les techniques de communication dans la relation d’aide psychologique La reformulation (écoute active) Evelyne Josse 2019 Maître de conférences associée à l’Université de Lorraine (Metz) Psychologue, psychothérapeute (EMDR, hypnose, thérapie brève), psychotraumatologue www resilience-psy com Sommaire



Les professions de la relation d’aide

Les professions de la relation d’aide Page 4 Les professions de la elation d’aide Comment les différencier? Mise en contexte Il existe plusieurs professions en sciences humaines qui pemettent d’inteveni en elation d’aide Cetaines exigent une fomation univesitaie, alos ue d’autes demandent une formation collégiale



LA RELATION D’AIDE PONCTUELLE

relation d’aide ponctuelle exige que l’on détermine d’abord un point précis qui fera l’objet d’un contrat d’intervention réalisable dans un nombre très limité de rencontres À ce titre, elle bénéficie de tous les travaux de recherche qui se sont faits



LA RELATION DAIDE - CH Vauclaire

LA RELATION D'AIDE : 1- DEFINITION : La relation d'aide, dont les principes fondamentaux ont été posés par les travaux de Carl Rogers en 1957 et Abraham Maslow dans la 2nde partie du Xxème siècle La relation d'aide est un sujet souvent débattu en sciences humaines Selon Carl Rogers, la relation d'aide (la relation thérapeutique) est



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ciale relève d'un modèle d'interaction qui emprunte à la relation de service comme à la relation d'aide 1 Relation de servic d'aide et relatioe socialne Il faudra attendre les années 1980 en France, avec l'intention de «moderniser les services publics», pour que des travaux sociologiques mettent l'usager au centre de leur analyse



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Vol. 2 no 2, Automne 1998 INTERACTIONS

LA RELATION D'AIDE PONCTUELLE

Yves St-Arnaud

Université de Sherbrooke

RÉSUMÉ

La psychologie des relations humaines comprend l'exercice de plusieurs rôles dont celui d'aidant. La relation d'aide ponctuelle est un mode d'intervention qui applique, dans le contexte de l'aide qu'on apporte à une personne, les principes et les particularités de l'intervention en psychologie des relations humaines. L'accent est mis, en particulier, sur la coopération et l'utilisation des ressources de la personne qui demande de l'aide. Deux fonctions servent à décrire les ressources de la personne aidante : une fonction de suppléance et une fonction d'assistance. Elles sont mises en relation avec les ressources de la personne aidée pour définir et illustrer quatre volets de compétences. Celles-ci permettent à la personne aidante de procéder à des expertises sur le contenu (volet I), d'utiliser les ressources de la personne aidée pour assurer la qualité de la suppléance (volet II), de gérer le processus d'intervention (volet III) et d'activer les ressources de la personne aidée pour qu'elle puisse mieux recevoir l'information en provenance de son organisme et de son milieu, faire des choix personnels et agir de façon efficace (volet IV).

INTRODUCTION

L'expression relation d'aide évoque un domaine d'intervention psychologique qui se caractérise par la diversité des méthodes d'intervention et par la confusion du vocabulaire utilisé pour le désigner. Trois termes sont utilisés, sans que l'on parvienne à les définir de façon univoque : relation d'aide, counseling et psychothérapie. Les deux derniers termes ont servi historiquement à distinguer deux types de services psychologiques dans le contexte nord-américain, mais au dire de plusieurs auteurs, cette distinction perd de plus en plus sa signification (Biggs, 1994, Rickey, L. G. et Christiani, T. S. (1995), Cottone (1992). L'émergence des thérapies brèves, en particulier, a contribué fortement à remettre en question la pertinence de distinguer ces deux modalités d'intervention (voir Hoyt, 1995). Un récent symposium sur le sujet, tenu au Québec, a permis de constater que la distinction est remise en question par certains (Lecompte, 1997, St-Arnaud, 1997b) et souhaitée par d'autres

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pour désigner une intervention dans un contexte de croissance, d'apprentissage et de prévention (Bujold, 1997), ou même pour " radicaliser la différence » (Lhotellier,

1997). Le vocabulaire utilisé dans le présent article adopte la position de Ivey et

Simek-Downing (1980), citée par Biggs (1994) dans son dictionnaire du counseling : relation d'aide est un terme générique qui désignera le cadre général d'une intervention auprès d'une personne, alors que les termes counseling (sous un vocable plus approprié) et psychothérapie désigneront deux modalités d'intervention, deux façons de faire une relation d'aide.

L'expression relation d'aide ponctuelle a été créée non pas d'abord pour désigner un

nouveau modèle (bien que les innovations n'y soient pas exclues) que pour adapter au contexte de la psychologie des relations humaines l'approche humaniste- existentielle. Dans le vaste champ de la relation d'aide, les modèles d'intervention sont très nombreux et souvent on les qualifie en fonction d'une approche: cognitive, comportementale, éclectique, gestaltiste, humaniste-existentielle, multimodale, psychanalytique, transthéorique, etc. Bien que les modèles d'intervention foisonnent, aucun, à lui seul, ne répond aux exigences de la relation d'aide telle qu'elle s'exerce dans le contexte de la psychologie des relations humaines. Le but du présent article est de combler cette lacune. Sous le titre relation d'aide ponctuelle, on trouvera un mode d'intervention qui peut être utilisé autant par des personnes qui pratiquent la psychologie des relations humaines avec une formation générale dans ce domaine que par des personnes qui ont, en plus, une formation en psychothérapie. Dans le contexte où se pratique la psychologie des relations humaines, le format prend une importance primordiale. Que ce soit dans le cadre d'un programme d'aide aux employés (PAE) ou dans le cadre d'un service public (CLSC, CSST), le peu de ressources professionnelles disponibles et les contraintes institutionnelles obligent les personnes qui interviennent à limiter a priori le nombre de rencontres qu'elles peuvent offrir. La relation d'aide ponctuelle est un mode d'intervention qui peut s'adapter à ces contraintes. En bref, l'expression relation d'aide ponctuelle est utilisée pour désigner un mode d'intervention de type humaniste-existentiel; un mode d'intervention qui soit en harmonie avec le profil de compétences pour intervenir en psychologie des relations humaines (St-Arnaud, Y.,1997a); un mode d'intervention qui prend en considération le format imposé par les contraintes institutionnelles; un mode d'intervention qui intègre plusieurs innovations contemporaines comme on le verra au cours de l'article. Un exemple de demande d'aide servira à illustrer quelques facettes de la relation d'aide ponctuelle. Un ensemble de compétences sera ensuite proposé pour mener à bien une telle relation.

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ILLUSTRATION : LE CAS DE MONSIEUR PER

Doris travaille comme psychologue dans un Service d'aide aux employés pour un établissement de santé. Monsieur PER, un professionnel à l'emploi de cet établissement, demande une relation d'aide pour traiter d'un problème personnel. Il a

27 ans et sa femme Karine en a 24. Le couple avait décidé d'attendre quelques années

avant d'avoir un enfant. Karine vient d'apprendre qu'elle est enceinte. " C'est un accident », selon les mots mêmes de Monsieur PER. Celui-ci souhaite que Doris l'aide à trouver des arguments pour convaincre Karine de se faire avorter. Voici un résumé du dialogue initial entre Monsieur PER et Doris.

Monsieur PER

Doris 1 Bonjour Monsieur PER, que puis-je faire pour vous? M.PER Il s'agit d'un problème familial. Ma femme, Karine, m'a appris hier qu'elle est enceinte et j'aimerais trouver des arguments pour la convaincre de se faire avorter Doris 2 Je comprends que, vous-même, vous ne voulez pas de cet enfant

M.PER C'est juste. Nous avions décidé, Karine et moi, de ne pas avoir d'enfant avant trois ou

quatre ans. C'est un accident. Doris 3 Vous me demandez des arguments pour convaincre Karine de se faire avorter; je

serais plus à l'aise si Karine avait son mot à dire. Ce que je peux vous offrir, c'est devous aider

à explorer différentes solutions que vous pourriez discuter avec Karine. M.PER Il n'y a pas trente-six solutions; il faut que Karine accepte de se faire avorter. Doris 4 Vous êtes convaincu que c'est la seule solution...; et vous aimeriez que Karine l'endosse...

M. PER Karine était d'accord, mais elle en a parlé à sa mère qui est une " pro-vie » enragée

et maintenant, elle hésite. Il faut trouver des arguments pour la convaincre. Doris 5 Je vous sens pressé de trouver de bons arguments, mais cela me semble prématuré.

M.PER J'ai lu qu'un bébé qui n'est pas désiré aura des problèmes psychologiques toute sa

vie. Doris 6 Avant de passer aux arguments, dans une situation aussi personnelle, il me semble préférable de se reprendre en main. Est-ce que je me trompe en disant que présentement vous

êtes un peu en état de panique?

M. PER Non; c'est vrai que je me sens affolé. Doris 7 J'ai l'impression que vous êtes sous le choc de découvrir que Karine est enceinte malgré vos précautions pour éviter un enfant. M. PER Si je venais vous voir avec Karine, est-ce que vous pourriez la convaincre de se faire avorter?

Doris 8 Ce n'est pas mon rôle de convaincre qui que ce soit, mais dans une rencontre à trois,

je pourrais vous aider à résoudre votre divergence et à faire des choix. Pour l'instant ce que je

peux faire pour vous aider c'est de vous inviter à parler de ce que vous vivez personnellement dans cette situation. M. PER Je n'ai pas dormi de la nuit; on s'est chicané toute la nuit Karine et moi. Doris 9 J'ai l'impression que vous avez besoin de temps pour digérer le choc que vous vivez...

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[Le dialogue se poursuit pendant 30 minutes.]

M. PER Je ne sais plus quoi penser.

Doris 10 C'est tout le temps dont nous disposons aujourd'hui, mais, si vous le souhaitez, nous pourrions nous revoir...

M. PER J'aimerais vous revoir. Je sens que j'ai besoin de parler. C'est vrai que j'ai réagi avec

panique, mais déjà, je me sens moins tendu.

LA RELATION D'AIDE PONCTUELLE

La relation d'aide ponctuelle s'établit lorsqu'une personne consulte au sujet d'une situation qui constitue une menace ou un défi pour son développement psychosocial. Le mot ponctuel, dans son sens figuré, signifie : " Ce qui ne concerne qu'un point, qu'un élément d'un ensemble » (Le Petit Robert). Bien qu'une personne puisse souhaiter à un moment de sa vie entreprendre une démarche de psychothérapie portant sur l'ensemble de sa personnalité, lorsqu'on lui offre une aide ponctuelle, on part d'un événement précis ou de circonstances particulières qui ont fait émerger en elle une difficulté de fonctionnement au plan psychologique. Le modèle d'intervention présenté ici suppose que l'on puisse identifier " un point » ou " un

élément » que l'on désigne comme la situation à changer. Cette particularité n'exclut

pas cependant que le changement puisse impliquer l'ensemble de la personnalité. Dans le dialogue entre Doris et Monsieur PER, il est évident que la réaction de celui- ci face à l'annonce que sa femme est enceinte pourrait faire l'objet d'une demande d'aide. Monsieur PER pourrait découvrir, par exemple, que des aspects plus ou moins pathologiques sont à l'origine de son besoin de tout contrôler dans sa vie personnelle et considérer que ce besoin excessif de contrôle est un handicap dans ses relations interpersonnelles. Il pourrait alors envisager une psychothérapie visant à modifier cet aspect de sa personnalité. Dans la demande présentée à Doris, telle n'est pas son besoin, ni l'objet de sa demande : il demande de l'aide pour changer une situation sans manifester aucune intention de se changer. Quelle que soit la demande, la relation d'aide ponctuelle exige que l'on détermine d'abord un point précis qui fera l'objet d'un contrat d'intervention réalisable dans un nombre très limité de rencontres. À ce titre, elle bénéficie de tous les travaux de recherche qui se sont faits autour de ce qu'on a appelé la " psychothérapie brève » (Hoyt, 1995). L'exemple de Monsieur PER illustre une des caractéristiques de toute intervention en psychologie des relations humaines, qui consiste à procéder à ce qu'on appelle une

entrée; c'est une étape au cours de laquelle on cherche à définir la situation à changer,

le résultat attendu et les règles du jeu. On observe dans le cas cité un phénomène

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fréquent dans une relation d'aide ponctuelle : la nécessité de recadrer la demande initiale. Il est évident, en effet, que Doris refuse d'être complice d'une recherche d'arguments visant à imposer une décision à Karine; celle-ci fait partie du système- client, tel que défini par Doris. Trois possibilités ont été offertes, compatibles avec une intervention en psychologie des relations humaines : 1) explorer différentes solutions (intervention 3), 2) aider le couple à faire un choix par mode de consensus, ce qui aurait amené Doris à exercer davantage un rôle de médiateur, ou 3) aider Monsieur PER à se ressaisir. À partir de l'intervention 8, Monsieur PER s'engage dans la relation d'aide qui correspond à cette troisième option; à la fin du dialogue, il demande de poursuivre cette démarche.

Comme tous les autres rôles

12 exercés en psychologie des relations humaines, le rôle d'aidant exige que l'on structure, dès le point de départ, une relation de coopération. Par définition, la coopération comporte trois éléments : un but commun, une définition précise des champs de compétence de chacun des partenaires et un équilibre du pouvoir en fonction de ces champs de compétence (St-Arnaud, 1995, p.

138-139). Dans la gestion d'une relation d'aide, les premières minutes d'une

rencontre unique, ou la première rencontre d'une intervention qui en comprend de six à dix, permettent ordinairement de s'entendre rapidement sur un but commun. La définition des champs de compétence et du type d'influence qu'on exercera de part et d'autre est une opération plus complexe qui amène les partenaires à clarifier leurs conceptions respectives du changement personnel. Dans le dialogue avec Monsieur PER, Doris a limité son champ de compétence, à l'intervention 8, en précisant que

son rôle n'était pas " de convaincre qui que ce soit ». Il reste à définir positivement

les champs de compétence de toutes les personnes impliquées dans l'intervention.

LES CHAMPS DE COMPÉTENCE

Pour comprendre les compétences que l'on met à la disposition d'une personne qui demande de l'aide, il faut d'abord traiter des ressources de la personne aidée. La perception que l'on aura de celles-ci influencera le choix que l'on fera des stratégies d'intervention. Les ressources de la personne aidante seront décrites, quant à elles, à partir de deux grandes fonctions dites de suppléance et d'assistance. La première comprend toutes les interventions qui servent à transmettre une expertise sur la situation ou à gérer le processus même de l'intervention. La seconde comprend toutes les interventions par lesquelles la personne aidante utilise ou active les ressources de la personne qui consulte. 12 La liste des rôles varie selon les auteurs, mais on y retrouve, par exemple, les rôles d'agent de feed-back, d'analyste, d'aidant, d'animateur, de coach, de conseiller, de formateur et de médiateur.

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Les ressources de la personne aidée

Lorsqu'une personne demande de l'aide psychologique, elle est implicitement en difficulté dans un processus de changement 13 . Il y a plusieurs façons de nommer le changement qui fait l'objet d'une intervention professionnelle. Le modèle de relation d'aide ponctuelle proposé ici utilise un continuum dont les deux positions extrêmes sont 1) le changement d'une situation jugée insatisfaisante en réduisant ou en éliminant les facteurs pathologiques chez la personne aidée, 2) le changement d'une situation jugée insatisfaisante en utilisant les structures saines de la personne concernée. Bien que souvent l'intervention privilégie un de ces deux aspects, on ne peut les dissocier complètement. On peut considérer chez toute personne adulte deux facettes de sa personnalité, identifiées ailleurs (St-Arnaud, 1996) comme le " soi conflictuel » et le " soi intégré »; le premier comprend tout ce qu'il y a de plus ou moins pathologique chez une personne; le second comprend tout ce qu'il y a de sain. La psychopathologie est le secteur du savoir disciplinaire qui s'occupe de la première partie; la psychologie de la personnalité, ou la psychologie de la santé (selon l'expression introduite par Maslow, 1972), est le secteur du savoir disciplinaire qui s'occupe de la seconde. L'importance relative accordée au soi conflictuel et au soi intégré, pendant la relation d'aide, permet de situer le type de changement visé et, en conséquence, de déterminer le type de ressources qu'on devra mobiliser pour atteindre les objectifs qu'on se sera donnés. On peut considérer que les ressources de la personne aidée, par rapport à l'objet de la consultation, se distribuent sur un continuum qui va du plus faible au plus fort : les ressources sont faibles lorsque la personne aidée veut modifier les aspects pathologiques de sa personnalité (soi conflictuel); elles sont fortes lorsque la personne utilise les parties saines de sa personnalité (soi intégré). Dans les situations où l'on choisit de réduire le soi conflictuel, la personne aidée demande de l'aide pour " se modifier ». On se trouve alors dans une situation difficile car la personne aidée se sent très démunie; on constate que ses ressources actives sont au plus faible, puisque des éléments pathologiques qui échappent à son contrôle perturbent son processus naturel de croissance. On verra plus loin qu'il y a deux

façons de réagir à cette situation. On peut faire appel à la suppléance sur le contenu

ou intensifier l'assistance pour activer des ressources latentes chez cette personne. 13 Le modèle proposé ici endosse la position épistémologique de Cottone (1992) qui, dans sa recherche d'un nouveau paradigme pour le counseling et la psychothérapie, considère que le

changement est la donnée de base, l'individu et la personnalité n'étant qu'un état provisoire

d'un processus de changement continu: " Individuals are not static entities, but rather they are processes in constant change » (p. 267).

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Dans les situations où le changement visé exige le développement des parties saines de la personnalité, la personne aidée n'a pas à se modifier; elle demande de l'aide pour mieux s'utiliser. On se retrouve alors dans une situation où les ressources associées au processus de croissance de la personne sont au plus fort. En effet, plus on considère les aspects sains de la personnalité, moins le comportement est

déterminé; il est l'objet d'un processus d'autodétermination qui, par définition, tend à

particulariser le cheminement d'une personne. On verra, en conséquence, comment ce type de changement peut se produire par l'utilisation et l'activation des ressources de la personne aidée. Dans le cas de Monsieur PER, il est évident que celui-ci n'envisage pas de se modifier; il serait d'ailleurs irréaliste de subordonner la solution du problème qu'il vit présentement à une modification des aspects pathologiques qui peuvent contribuer à son problème. Même si on parvenait, par exemple, à établir un diagnostic qui expliquerait sa réaction de panique ou son attitude contrôlante à l'égard de sa conjointe, le problème resterait entier. Les trois objectifs proposés par Doris sont tous centrés sur le changement à court terme de la situation qui menace la santé du couple. On présume que Monsieur PER peut " s'utiliser » pour résoudre le problème qu'il vit sans être obligé de " se modifier ». Plusieurs modèles d'intervention utilisés en psychothérapie fonctionnent dans une structure de service qu'on associe souvent au " modèle médical » : la personne qui intervient établit un diagnostic, élabore avec la personne qui fait appel à ses services un plan de traitement que l'on réalise ensuite. Dans une relation d'aide ponctuelle, même lorsqu'on cherche à agir sur les facteurs pathologiques, on mise sur les ressources de la personne aidée. On vise, comme dans toute intervention en psychologie des relations humaines, à établir et à maintenir une structure de coopération. On suppose que le changement visé, quel qu'il soit, est possible uniquement si une personne se voit comme active et responsable de ce changement. Des verbes d'action servent donc à nommer les deux positions extrêmes du continuum qui représentent les ressources de la personne aidée : dans chaque intervention, on doit vérifier si la personne qui demande de l'aide a les ressources et la motivation pour SE modifier et pour S'utiliser. Que la personne aidée souhaite se modifier en réduisant les aspects pathologiques de sa personnalité ou qu'elle entreprenne de s'utiliser pour faire face à une situation difficile, une attitude proactive est toujours considérée comme une condition de succès 14 14 Les recherches sur les facteurs communs ont démontré qu'un des facteur de succès est précisément l'implication de chacun des partenaires. Castonguay (1987) analyse ces recherches et conclut que " l'état actuel de la recherche semble suggérer que l'implication du client

demeure la variable thérapeutique qui prédit le mieux les résultats du traitement » (p. 195); il

précise que " les clients qui bénéficient le plus de leur traitement sont capables de chercher le

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Contrairement au modèle médical où la personne consultée se voit a priori comme une ressource pour diagnostiquer et traiter les aspects pathologiques chez la personne qui consulte, lorsqu'on utilise le modèle de relation d'aide ponctuelle, on présume que la personne qui consulte peut changer la situation qu'elle juge indésirable sans être obligée de " se modifier » de sorte que la personne qui intervient se voit d'abord comme une ressource pour accompagner la personne qui consulte dans son entreprise de changement. L'initiative de traiter les aspects pathologiques, s'il y a lieu, ne vient pas de la personne consultée, mais de la personne qui demande de l'aide. Et même si l'objectif est de se modifier, on misera sur les ressources latentes qu'on cherchera à activer; c'est toujours la personne aidée qui assumera la responsabilité du changement. Dans le cas utilisé ici, Doris part avec le préjugé favorable que Monsieur PER et Karine, compte tenu de ce qu'ils sont présentement, ont les ressources dont ils ont besoin pour changer la situation qui vient perturber leur vie de couple. Ce préjugé favorable repose sur un des postulats de base de l'approche humaniste-existentielle : la présence dans tout organisme humain d'une tendance à l'actualisation. La théorie du changement utilisée par la personne qui gère une relation d'aide ponctuelle a été présentée ailleurs (St-Arnaud, 1999). Si dans une intervention particulière la personne qui intervient ne parvient pas à croire que la personne aidée a les ressources pour gérer elle-même son processus de changement, elle sera plus efficace en proposant une structure traditionnelle de service plutôt que de maintenir l'illusion qu'une structure de coopération pourra s'établir. Dans un tel cas, le modèle médical serait plus approprié. Cette option de maximiser l'utilisation des ressources de la personne aidée n'est pas nouvelle. Carl Rogers (1951) s'en est fait le champion dès les années 1950, dans son approche " centrée-sur-la-personne ». C'est une approche encore très présente sur la scène professionnelle (Lietaer, Rombauts et Van Balen, 1990; Bohart, 1995; Raskin et Rogers, 1995) . D'autres développements, dans le cadre de la psychothérapie brève (Cabié et Isebaert, 1997; De Shazer, 1995; Watzlawick, Weekland et Fisch, 1974) privilégient explicitement l'utilisation des ressources de la personne aidée pour " s'utiliser ». De Shazer (1988, 1996) est un thérapeute contemporain qui contribue activement à cette orientation; dans une présentation et une adaptation de son approche, O'Hanlon et Weiner-Davis (1995) font état d'un changement de perspective:quotesdbs_dbs44.pdfusesText_44