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JEAN·LOUIS MISSIKA*

L'IMPACT DES MÉDIAS : LES MODÈLES THÉORIQUES rions familiales et amicales, etc ) dans les­ quels sont insérés les individus, et l'exis­ tence de leaders d'opinions au sein de ces groupes, ont une importance déci­ sive La première diffusion du message des médias s'effectue de façon verticale, en direction des leaders d'opinion Elle



L’influence des médias sur l’opinion publique

L’influence des médias sur l’opinion publique On appelle « média » un moyen de diffusion d'informations vers un grand nombre d'individus, sans personnalisation du message, et « opinion publique », l’état d’esprit



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Contexte: En 2015-2016, l’équipe des médias sociaux du Journal canadien de la médecine d’urgence a travaillé en collaboration avec des équipes de sites Web médicaux établis afin de faire la promotion d’articles du Journal par la baladodiffusion et l’infographie, et de suivre l’évolution de la diffusion et du lectorat



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Le but est de souligner l’importance stratégique des outils d’information et d’évaluer leur impact sur l’opinion publique Organiser l’exposé Commencez par rappeler le contexte de mai 1968 en vous appuyant sur une présentation rapide des documents

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L'IMPACT DES MÉDIAS:

LES MODÈLES THÉORIQUES**

Le modèle de Paul Lazarsfeld demeure la principale référence théo· rique de l'analyse de l'influence des médias sur les individus.

D'autres approches (critique,

p9litique, technologique) ont cherché à réfuter ou à renouveler ce modèle. D

ÈS LES PREMIERS pas des

recherches en sciences de la communication, la question de l'influence des médias sur les individus a constitué un des principaux objets d'investigation des chercheurs. A la suite des travaux fondateurs de Harold

H. Lasswell, et surtout

de ceux de Paul

Lazarsfeld, de nombreux modèles d'in

terprétation se sont progressivement construits.

L:essentiel de

ces travaux est d'origine anglo-saxonne. En France, les recher ches sur la communication médiatique ne se sont développées que ponctuelle ment et tardivement, et aujourd'hui encore, il n'existe pas à proprement parler une communauté scientifique constituée sur la question. A l'exception notable de Georges Friedmann gui a discuté les thèses de Paul Lazarsfeld, de

Theodor Adorno, etc.

(1), ou de Jean

Cazeneuve (2),

il n'y a pas eu d'inser tion de la communauté scientifique française dans le débat international.

Cette déconnexion s'explique

par le fait gue les médias ont été rapidement pris comme objet d'analyse par la frange la plus radicale de la sociologie.

Le paradigme (3)

de P. Lazarsfeld, modèle dominant d'interprétation dans le monde, s'est retrouvé paradoxale ment ultraminoritaire en France. En * Maitre de conférences à l'Institut d'études politiques de

Paris.

** Sciences Humaines, n' 13, janvier 1992, revu par l'auteur, juillet 1998.

1. Dans Sept études sur l'homme et la technique,

Denoël,

1966.

2. J. Cazeneuve, Les Pouvoirs de la télévision, Gallimard,

1970; L'Homme téléspectateur, Denoël, 197 4.

3. Voir mots clés en fin d'ouvrage.

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LES MÉDIAS ET LA COMMUNICATION DE MASSE

revanche, la pensée critique, autour de l'Ecole de Francfort (4), était en posi tion dominante, mais dans un registre caricatural, sans aucune volonté de se confronter à une sociologie pratique avec la mise en place d'une méthodo logie de recherche et des enquêtes sur le terrain.

Des effets limités et indirects

Le paradigme de P. Lazarsfeld, établi à

l'aube des années 40, reste dans une certaine mesure la référence dominante, aujourd'hui encore.

TI peut être réswné

en quelques mots : les médias ont des effets limités, indirects et

à court terme.

Il s'agit

donc d'une théorie des effets puisque

P. Lazarsfeld s'est principale

ment intéressé à l'influence des médias sur l'opinion.

Il s'inscrit dans le courant

de la sociologie empirique et s'est natu rellement porté sur l'analyse du court terme dans ses ouvrages les plus connus.

Ces travaux, contrairement aux

analyses précédentes datant des an nées 30 (le modèle de la seringue hypo dermique, dans lequel les médias sont conçus comme inoculant directement les messages dans la tête des gens), ont montré que l'individu possède des outils de défense et des filtres.

Il utilise

trois niveaux de sélectivité par rapport aux messages médiatiques : -l'exposition sélective: l'attention por tée à tel ou tel message dépend de la relation personnelle que l'individu entretient avec cette information. Autre ment dit, les individus sélectionnent les informations auxquelles ils sont expo sés, en fonction de leur socialisation, des contraintes techniques, de leur éduca tion, de leur histoire personnelle, etc. ?JUI

Un sympathisant d'un parti politique,

par exemple, aura tendance

à s'exposer

aux messages politiques qui sont en accord avec ses préférences.

Inverse

ment, il évitera d'être confronté aux "opinions opposées» ; -la perception sélective : nous ne per cevons qu'une partie des messages aux quels nous nous exposons, et nous en rejetons d'autres. Ainsi, lorsqu'une per sonne regarde un journal télévisé, elle ne saisit réellement (immédiatement après l'écoute) que 20 à 30% de l'en semble des sujets traités; la mémorisation sélective : nous ne nous souvenons que de manière impar faite de la partie que nous avons per

çue, nous n'en retenons que quelques

éléments.

Cette sélection par la

mémoire s'effectue en fonction du cadre de pensée, des préférences cul turelles et de la vision du monde de l'individu concerné. :Ceffet de la communication médiatique n'est pas seulement limité, il est aussi indirect: en 1955, Elihu Katz et Paul

Lazarsfeld établissent l'hypothèse de

"la communication à deux niveaux» (Two-step flow of communication), puis

à plusieurs niveaux (5). Ce faisant, ils

remettent en cause la vision d'une société composée d'individus atomisés d'un côté, et de médias de l'autre. Ils soutiennent au contraire que l'influence des médias s' opère par un système complexe d'influences et de filtrages.

Les groupes de référence (communauté

de travail, associations, syndicats, rela-

4. Voir mots clés en fin d'ouvrage.

5. E. Katz et P. Lazarsfeld, Personnallnfluence: the Part

P/ayed

by the People in the Row of Mass CommunicCe processus horizontal s'opère par des discussions, réinterpré tations, prises de positions, rejets.

E. Katz et

P. Lazarsfeld introduisent

donc un niveau de médiation supplé mentaire. Certes, les médias touchent directement les individus, mais lorsque ceux-ci rencontrent des difficultés pour s'approprier ou interpréter le message, ils se tournent vers leurs groupes d'ap partenance. De ce fait, les messages que délivrent les médias sont soumis à la pression des groupements quels qu'ils soient et reflètent en grande partie les opinions et idéologies préétablies de ces derniers. Dans cette perspective, les médias, et en particulier la télévision, sont, sauf exception (lorsqu'il y a, comme aujourd'hui, crise vis-à-vis des leaders, ou désir de changement de la part des individus ou des groupes) des outils de renforcement d'opinion et non pas de changement d'opinion.

De nouveaux modèles

interprétatifs

Depuis ces travaux fondateurs, le

modèle interprétatif de P. Lazarsfeld a donné lieu à de multiples tentatives d'approfondissement ou de fondation de nouveaux paradigmes (6). Parmi ces différentes approches, nous nous limi terons à présenter sommairement les trois courants principaux : le paradigme critique de l'Ecole de Francfort, le para digme politique, établi par les théori ciens de la fonction d'agenda des masses-médias, le paradigme technolo gique établi au cours des années 60, dont la figure la plus connue est Mar shall McLuhan (7).

Le questionnement de P. Lazarsfeld,

nous dit E. Katz, postulait que les médias indiquent aux gens <Dans le paradigme technologique enfin, les médias sont conçus comme des opéra-

6. E. Katz. " La recherche en communication depuis

Lazarsfeld

", Hermès, n" 4, 1987.

7. Voir, dans ce volume, l'article d'Alexandrine Civard

Racinais. p. 297.

8. Principales figures : Theodor Adorno, Max Horkheimer. Herbert Marcuse, Walter Benjamin, Jurgen Habermas. 9.

En particulier Maxwell McCombs et Donald Shaw.

10. Voir mots clés en fin d'ouvrage.

LES MÉDIAS ET LA COMMUNICATION DE MASSE

teurs de la pensée : ils modifient la façon de voir le monde. Ainsi la récep tion et la transmission, par les individus, des messages écrits diffère fondamen talement de celles des messages audio visuels: à tel point que l'on peut oppo ser une civilisation de l'écrit à une civilisation de l'image électronique. Ce dernier paradigme s'intéresse au long terme et non au court terme.

Les changements

du contexte politique

Si la démarche critique de T. Adorno et

de

H. Marcuse remettait en cause les

fondements du modèle de P. Lazars feld, le paradigme politique, établi dans les années 70, peut être analysé comme une tentative pour sauver le point de vue de P. Lazarsfeld. Il adopte une approche empirique, qui a permis d'in terpréter des phénomènes que le para digme de

P. Lazarsfeld ne pouvait expli

quer : les tenants de ce courant ont montré, par exemple, que lorsque les médias mettent en lumière un pro blème que les individus considèrent comme important, ils ont un effet puis sant, sans pour autant modifier la struc ture des opinions individuelles (11).

En outre, le contexte politique a singu

lièrement changé depuis que

P. Lazars

feld s'interrogeait dans un monde sans télévision, où l'identification partisane était très forte. Depuis, le phénomène de l'électorat flottant s'est développé: les électeurs se déterminent en fonction d'un problème (par exemple le chô mage, l'insécurité ... ) et non pas d'un choix global qui résulterait d'une idéo logie.

Une fraction de la population

témoigne à la fois d'une faible apparte- 290
nance partisane, et d'un fort intérêt pour la politique. C'est dans les médias que ces personnes vont puiser les élé ments de leurs choix. Lorsque 20 ou

30% d'un électorat refuse de se définir

comme républicain ou démocrate aux

Etats-Unis,

ou en France, de gauche ou de droite, les données du problème sont radicalement changées.

Cette évo

lution, peut-être liée à l'élévation du niveau d'éducation et à la généralisation des masses-médias, aboutit à renforcer le rôle des messages médiatiques.

La fin de la fracture

empirisme/critique?

Au cours de la période récente, plu

sieurs évolutions marquantes se sont manifestées. En premier lieu, des cher cheurs s'inscrivant dans le courant cri tique ont commencé à mettre en place des processus de recherches empi riques : les travaux de David Morley sur les réactions face au journal télévisé en

Grande-Bretagne ne seraient pas reniés,

au plan de l'enquête, par des socio logues empiristes américains (12). Il s'agit, par exemple, de construire le concept de knowledge gap. Ce terme désigne le fossé culturel qui peut exis ter entre différents individus ou diffé rents groupes sociaux : il est un obstacle la communication, à l'acquisition des savoirs, et plus généralement à la capa cité à décoder et de donner un sens à des informations.

Nous avons là un

11. G.R. Funkhouser, "The Issues of the Sixties : an

Exploratory Study in the Dynamics of Opinion ... Public

Opinion Quarter/y, n' 37, 1973.

12.

D. Morley, Nationwide Audience : Structure and

Decoding. British Rlm lnstitute. 1980; T. GiUin (dir.). Wat ching Television, Pantheon, 1987. L'IMPACT DES MÉDIAS : LES MODÈLES THÉORIQUES concept critique typique, construit à partir d'une enquête de terrain.

De leur côté,

les chercheurs empiriques s'interrogent sur des notions qu'ils uti lisaient jusqu'à présent comme des don nées :l'opinion publique, l'informa tion, etc. La grande ligne de fracture entre empirisme et critique, qui était l'une des caractéristiquesquotesdbs_dbs16.pdfusesText_22