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Population, environnement et développement

les problèmes de survie et de la pauvreté dominent largement les préoccupations écologiques Ces contextes orientent différemment les politiques en matière de population, de développement rural et de préservation de l'environnement Mais, qu'ils s'agissent des pays du Nord ou du Sud, elles ont cependant plusieurs points



Population, environnement et développement

Population environnement et développement Michel PICOUET Directeur de recherche h URLI (ex ORSTOM) La confrontation de deux précarités humaine et écologique Les activités humaines se développent aujourd’hui et plus qu’avant sous des contraintes croissantes dont la croissance démographique est l’une des plus fortes



Partie I Les relations entre population et environnement en

forte entre environnement et population est posée Depuis le Club de Rome en 1972 et, plus récemment, la Conférence sur l'Environnement et le Développement de Rio de Janeiro en 1992, les conséquences de la «démographie galopante» sur l'environnement sont en bonne place dans la liste des préoccupations environnementales actuelles



Dynamique de population et Développement Durable

Dynamique de population et environnement 2 « • Les gouvernements peuvent influencer la trajectoire de la consommation, tout en renforçant la dignité et la durabilité sociale en investissant dans les services publics pour tous, qui font en sorte que les acquis du développement sont distribués à tous, sans discrimination



ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE - UVT

ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE Cours H B BRAHIM 6 Liste des figures Chapitre 1 : Interaction environnement homme - démographie et notion de développement - durable Figure I-1 Evolution de la population humaine 11 Figure II-1



Population, Environnement et Changement Climatique

l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) conjointement avec le Centre Latino-Américain de Démographie (CELADE) prévoient respectivement 10,085,214 habitants en 2010, 10,911,219 en 2015 et 11,743,017 en l’an 2020 Population, Environnement et Changement Climatique Haïti : Evolution de la Population depuis 1804 AnnéEs



INTRODUCTION La population et le défi du développement durable

14 POPULATIONS ET ENVIRONNEMENT DANS LES PAYS DU SUD jours que l’on précise dans quels contextes temporel, spatial et culturel il s’insère (Tabutin, in Zamoun et al , 1995) De plus, l’étude des relations entre population et environnement est par excellence un champ de recherche interdisciplinaire, exercice par nature difficile



Population - développement dividende démographique et

Population- développement- environnement Croissance de la population par périodes et régions, 18200,0-2001 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 Europe de l'Ouest Europe de

[PDF] croissance démographique et pression sur l environnement

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Partie I Les relations entre population et environnement en

Partie I. Les relations entre population et

environnement en zone tropicale : controverses et questions scientifiques

Plan de la Première PartieIntroduction

Chapitre 1.La croissance démographique, cause de tous les maux ?

Section 1.Faits et paradigme

Section 2.Les grandes théories sur la population Section 3.Au delà des doctrines, des approches plus pragmatiques Chapitre 2.Comprendre la dynamique des paysages ruraux Section 1.Etudier des paysages et comprendre leur dynamique Section 2.Mananara, une région des tropiques humides

Conclusion

15Introduction

"La désertification gagne du terrain sur tous les continents, dans l'indifférence générale.

Pourtant, le climat n'est pas seul en cause. La pression démographique et la surexploitation des sols expliquent la progression du mal» 1.

Cet extrait est tiré de la kyrielle d'écrits consacrés à l'environnement où la pression

démographique est accusée de tous les maux. Désertification, déforestation, érosion et

salinisation des sols, réchauffement global et extinction d'espèces sont quelques manifestations du "mal» environnemental. La croissance démographique des pays du Sud est l'une des causes les plus souvent avancées. D'emblée, l'existence d'une liaison forte entre environnement et population est posée. Depuis le Club de Rome en 1972 et, plus récemment, la Conférence sur l'Environnement et le Développement de Rio de Janeiro en 1992, les conséquences de la "démographie galopante» sur l'environnement sont en bonne place dans la liste des préoccupations environnementales actuelles. Aussi bien parmi l'abondante littérature que dans l'opinion publique, la diversité des approches et des opinions est grande et la séparation entre discours scientifiques et doctrines est quelquefois délicate. Ce paradigme concerne surtout les pays du Sud bien que ce soient les pays du Nord qui contribuent le plus largement aux problèmes environnementaux planétaires, comme le réchauffement global. Mais la démographie du Nord, stagnante, n'alimente pas de scénarios catastrophes et c'est le Nord qui construit des scénarios dans lesquels la démographie du Sud a le rôle central. Nous verrons dans un premier temps de quels faits se nourrissent les discours sur la "bombe-population» et dans quels contextes scientifiques cette question est (ou a été)

abordée. A partir d'une revue des différentes théories et approches relatives à ce sujet,

nous formulerons une nouvelle question de travail. Enfin, nous présenterons un terrain d'étude où nous avons mis en application cette question. 1

extrait de l'article "Les déserts n'avancent pas, c'est l'homme qui les crée", Courrier International, n°427,

janvier 99, p.46.

16Chapitre 1.La croissance démographique, cause de

tous les maux ?

Section 1. Faits et paradigme

1. Les faits : démographie, environnement, développement en

zone rurale tropicale Une croissance démographique rapide dans un contexte de pauvreté, des dégradations écologiques locales qui contribuent aux problèmes environnementaux mondiaux : c'est le tableau des pays du Sud qui est généralement dressé. Les faits correspondent-ils à ce tableau ? Sont-ils toujours présentés de façon alarmante ? a. La population En 1950, la Terre comptait 2,5 milliards d'êtres humains ; en 2000, il y en aura environ

6,3 milliards. C'est en comparant avec les accroissements antérieurs que l'on peut

réaliser la rapidité de l'augmentation actuelle : alors que la population a mis plus de deux millions d'années pour atteindre un total d'un milliard au début du dix-neuvième siècle, elle a augmenté d'un milliard en douze ans entre 1987 et 1999. Sur la figure ci- dessous, l'évolution de la population depuis deux millénaires montre une stagnation jusqu'en 1700 et une augmentation de plus en plus rapide ensuite.0246

010002000Population en milliards

Années

Figure 1. Evolution de la population mondiale depuis 2 millénaires (d'après les données de Grigg, 1980) En raison de l'inertie de la plupart des caractéristiques démographiques, il est possible d'établir des scénarios d'évolution de la population (voir figure ci-dessous). Par exemple, la pyramide des âges de la population mondiale actuelle permet d'estimer de façon assez sûre l'accroissement démographique des dix ou vingt prochaines années. On évalue qu'en

2025 la population mondiale se situera entre 7,6 et 9,4 selon les différentes hypothèses

des Nations Unies (Agrasot et al., 1993).

17Si la croissance de la population mondiale est forte, c'est dû essentiellement à la

croissance démographique des pays du Sud (voir la figure ci-dessous). Alors que la population des pays du Nord a augmenté de 32% pendant les 40 dernières années, celle du Sud s'est accrue de 135%.0

123456789

19501960197019801990200020102025EuropeExURSSAmérique du Nord

Asie de l'EstOcéanieAsie du Sud

et de l'OuestAmérique LatineAfriquePopulation en milliards

195019902025

NordNordNord

Sud Sud SudFigure 2. Evolution de la population par région et de la part des pays du Nord et du Sud entre 1950 et 2025 (données : Nations

Unies, 1991)

L'Afrique sub-saharienne a une croissance particulièrement élevée à cause du retard dans la transition démographique

1 par rapport aux autres pays du Sud : les taux de

fécondité

2 restent élevés (environ 6,5 pendant les 25 dernières années alors qu'il est de 4

pour l'ensemble des pays du Sud : voir figure ci-dessous) et l'espérance de vie a progressé de 43 à 51 ans depuis 1965. La croissance démographique est de 3% par an actuellement

3 pour 2,7% par an entre 1965 et 1980.

1

la transition démographique est un schéma théorique qui se décompose en quatre phases caractérisées par

des taux d'accroissement de la population différents (Coutrot et Husson, 1993) : d'abord des taux de natalité

et de mortalité élevés (stagnation de la population), ensuite une baisse de la mortalité (phase de croissance

accélérée) puis une baisse de la natalité (baisse du taux d'accroissement) et enfin des taux de natalité et de

mortalité faibles (stagnation de la population). 2 nombre moyen d'enfants qu'une femme a dans sa vie. 3 soit un doublement de la population en 23 ans. 18012
3456

Europe, URSS,

Amérique du NordAsie de

l'EstAmérique

LatineAsie du

SudAfriqueTaux de fécondité en 1990

Taux minimum de renouvellement

Figure 3. Taux de fécondité dans différentes régions du globe en

1990 (données : Nations Unies, 1991)

Ce type de données quantitatives introduit la plupart des discours sur l'explosion démographique ou sur la surpopulation. La façon de présenter les données est souvent teintée de catastrophisme. On utilise par exemple les qualificatifs de dramatique pour les estimations les plus élevées. Dans un article sur l'évolution de la population mondiale qui semble pourtant assez modéré, l'auteur présente "une projection encore plus dramatique : si la fertilité en Afrique ne diminue pas jusqu'au seuil de remplacement (2,1 enfants par femme) en 35 ans mais en 60 ans, alors ce seront 1,5 milliard de personnes en plus en Afrique» (Lutz, 1994). Il en est de même pour les phénomènes

associés à la croissance démographique, comme l'urbanisation effrénée et la détérioration

des cadres de vie urbains. Si les projections à dix ou vingt ans sont assez sûres, pour les projections à plus long

terme, il faut définir des hypothèses sur la natalité, la mortalité et les migrations. Il y a

quelques années seulement, on estimait que la population en 2100 serait de 7,5 (hypothèse basse des Nations Unies en 1983) à 14,2 milliards (hypothèse haute) (Lee,

1991). Or, l'observation récente de la baisse des taux de fécondité dans les pays du Sud

bouleverse ces scénarios : si ces tendances se poursuivent, la population devrait plafonner vers 8 milliards et baisser à partir de 2050. " L'explosion démographique attendue par tous semble aujourd'hui remise en question » (Dufour, 1996). b. L'environnement

Avant tout, le concept d'environnement nécessite d'être défini. D'après Passet (1990), le

terme d'environnement désigne " l'entour, c'est-à-dire un ensemble de choses et de

phénomènes localisés dans l'espace ». Pour insister sur les interactions qui existent entre

l'environnement et les activités économiques, Faucheux et Noël (1995) proposent de définir l'environnement comme " la sphère d'influence réciproque existant entre l'homme et son milieu extérieur ». Pour Weber et Bailly (1992), l'environnement se définit par des notions d'appropriation : il est " constitué de ce qui n'appartient à personne en particulier ». Outre ces caractérisations analytiques, les définitions de l'environnement sont souvent phénoménologiques (Weber, 1995). Les phénomènes pris en compte sont généralement

19des dégradations. Le terme d'environnement englobe habituellement les pollutions

atmosphériques (globales comme pour le changement climatique), la dégradation des sols (érosion, salinisation, pollution), la déforestation et l'évolution des ressources en bois, la raréfaction de l'eau (la désertification et la persistance des sécheresses) et les pollutions de l'eau, la disparition d'espèces et l'évolution du cadre de vie. Cette liste de phénomène donne une idée du tableau dressé dans les ouvrages sur "la dégradation de l'environnement mondial». Dans un document technique de la Banque Mondiale, Cleaver et Schreiber (1998)

avancent quelques chiffres : "la moitié des terres cultivées de l'Afrique est affectée par la

dégradation et l'érosion des sols et jusqu'à 80% des pâturages donnent des signes de

détérioration», sans toutefois préciser leurs définitions de la dégradation ou de la

détérioration. Les surfaces de forêts diminuent : par exemple en Afrique, sur les 660 millions d'hectares de forêt 3,2 millions disparaissent tous les ans et le taux est en augmentation. "Le rythme du déboisement est 29 fois supérieur à celui du reboisement» (Cleaver, 1993). Or, les déboisements ont des conséquences certaines sur le climat mondial, sur la biodiversité, sur les écosystèmes aquatiques, sur l'érosion et la dégradation des sols ou sur le développement local. Les mêmes auteurs précisent qu'en Afrique, "il y peu de succès à rapporter quand il s'agit d'environnement (...). En regardant de près, pourtant, il est possible de découvrir quelques endroits, comme le district de Machakos au Kenya, où une amélioration de

l'environnement a été réalisée en dépit d'une rapide extension de la population». Ces

affirmations amènent quelques réflexions. Si l'environnement et sa dégradation sont des notions assez vagues, qu'en est-il de "l'amélioration de l'environnement» ? Si on

considère que la déforestation est une dégradation, alors une forêt en croissance est une

amélioration : le problème est de discerner ces "améliorations», souvent lentes et discrètes à la différence des dégradations. Pour le cas cité, celui du district de Machakos, une étude (Tiffen et al., 1994) a mis en évidence l'augmentation des surfaces boisées ou des terrassements des versants et la

réduction des phénomènes d'érosion entre les années 1930 et aujourd'hui, en parallèle

avec une forte croissance démographique. C'est le cas dans beaucoup d'autres endroits (Fairhead et Leach, 1996; Rossi, 1998b; Kull, 1998). Pourtant, certains avancent qu' "il y

a peu de succès à rapporter», à croire que la dégradation est généralisée et que les

améliorations se limitent aux rares endroits dont on parle positivement.

Il faut également juger de façon critique certaines idées reçues. Un bel exemple est celui

de la déforestation à Kissidougou en Guinée (Fairhead et Leach, 1996). Dans cette région de Guinée, les paysages sont caractéristiques de la transition forêt-savane en Afrique

occidentale : des îlots denses de forêt semi-décidue sont disséminés dans des étendues de

savane. Depuis un siècle, les scientifiques et les administrations ont vu ce paysage comme le résultat d'une dégradation du couvert boisé : la forêt aurait couvert autrefois

de grandes superficies et les passages répétés de feux pour la culture sur brûlis auraient

20transformé la forêt en savane ; les îlots d'aujourd'hui sont les restes de cette forêt.

L'étude de Fairhead et Leach a montré, à partir de photos aériennes, d'enquêtes et de consultations d'archives, que la lecture généralisée de la dynamique du paysage est fausse : la tendance n'est pas à la raréfaction de la forêt bien au contraire. La savane

était plus étendue autrefois et les forêts se sont développées (et s'étendent aujourd'hui

encore) autour des villages. c. Le développement Le développement peut être défini comme "l'ensemble des transformations sociales qui rendent possible une croissance économique autonome et qui se nourrit elle-même» (Perroux, 1963). Depuis les années 1970, le tableau du développement qui est dressé est sombre (Sachs,

1980) : la crise économique est mondiale, les politiques de développement échouent, les

inégalités se creusent, les conditions de vie se dégradent. D'ailleurs, à propos des pays du

Sud, le terme de développement, "qui s'est progressivement substitué à celui de sous-

développement, semble se limiter de plus en plus à la description de réalités appréciées

d'une manière négative» (Guichaoua et Goussault, 1993). Dans un contexte de forte croissance de la population, la production agricole de l'Afrique sub-saharienne n'a augmenté que de 1,9% par an entre 1965 et 1980 (2,7% pour la population) et de 2% seulement dans les années 1980 (3,1% pour la population). Par conséquent, le déficit de production s'est accru, les importations alimentaires ont augmenté de 75% entre 1974 et 1989 et l'aide alimentaire de 185%

1. Le secteur agricole

est peu performant. Sauf dans quelques cas

2 où les systèmes de culture sur brûlis ont

évolué vers des systèmes plus intensifs (avec conservation du sol et de la fertilité,

intégration de l'arbre et de l'élevage), la tendance générale est à des dégradations des

sols, des migrations des populations rurales et des baisses de la production. "C'est en Afrique sub-saharienne que les relations entre agression de l'environnement et faillite du développement apparaissent le plus brutalement» (Agrasot et al., 1993). Cependant, d'après Weinberg (1992), "l'opinion courante d'un tiers monde dans l'impasse, rivé dans une spirale infernale du sous-développement, est fausse». En moyenne, la croissance du PIB par habitant a été plus forte dans les pays du Sud que dans les pays du Nord (3,1% annuels contre 2,5%) malgré la plus forte croissance démographique du Sud. Entre 1960 et 1990 dans les pays du Sud, la ration alimentaire

par habitant a augmenté de 20%, le taux de mortalité infantile a été réduit de moitié,

l'alphabétisation s'est accrue de 40%. Si ces moyennes masquent des disparités fortes et 1

données : Banque Mondiale, 1989. L'Afrique sub-saharienne, de la crise à une croissance durable, étude de

prospective à long terme. Washington. 2

par exemple les régions montagneuses de l'Afrique de l'Est, le Rwanda, les zones densément peuplées du

Nigeria, etc.

21des situations critiques, elles ont le mérite de tempérer certains discours catastrophistes

généralisés. Qu'il s'agisse de population, d'environnement ou de développement, notre intention n'est pas de nier l'existence de problèmes mais de relativiser certaines descriptions catastrophistes qui masquent la réalité. Des situations critiques existent et elles méritent des analyses rigoureuses, loin des discours sur la démographique galopante responsable de tous les maux

2. Les problématiques de recherche

S'il existe aujourd'hui un accord général sur l'importance des liens entre population environnement et développement (Arizpe et al., 1994), ce paradigme est le résultat d'une évolution du monde et des pensées pendant les trente dernières années. Des problématiques de développement durable sont abordées, mêlant population, environnement et développement. Une remise en question des théories et des méthodes a été nécessaire dans de nombreuses disciplines des sciences de la nature ou des sciences sociales. a. Environnement et développement : un aperçu historique Depuis une trentaine d'années, les transformations de la situation économique et environnementale ont été accompagnées d'une évolution des politiques et de la recherche sur le développement ou l'environnement. Histoires des politiques, des recherches et des faits sont présentées en parallèle.

· Pensée économique et environnement

L'évolution de la pensée économique est indissociable de l'évolution de la conception que

les hommes se font de leur relation avec la nature (Passet, 1979). D'une vision de soumission à la nature, les Européens ont, à partir de la révolution industrielle, progressivement inversé leur vision, qui est devenu celle d'une domination sur la nature. En effet, à partir de cette époque, les hommes développent des techniques qui leur permettent de s'affranchir des contraintes naturelles et les productions humaines dépendent de plus en plus des moyens humains ou financiers investis et de moins en moins de la nature. Cette évolution s'est traduite par un repliement de la place de l'environnement ou des ressources dans la pensée économique (Passet, 1979). Pour les physiocrates1 (milieu du

dix-huitième siècle), l'ordre naturel domine les hommes, les sociétés doivent respecter cet

ordre, la richesse vient de la nature. Plus tard, pour les classiques

2 (deuxième moitié du

1 en particulier Quesnay, Turgot 2 en particulier Smith, Malthus, Ricardo, Mill, Say

22dix-huitième siècle), les ressources naturelles sont inépuisables, l'important réside dans

la reproduction du système économique dont les richesses naturelles sont exclues.

Pour les socialistes

1 (milieu du dix-neuvième siècle), l'économie et la nature sont liés

mais les travaux sur ce thème sont masqués par d'autres (par exemple l'étude des contradictions du système capitaliste). D'après Faucheux et Noël (1995), le statut des ressources naturelles est ambigu dans le travail de Marx. Ensuite, les néoclassiques 2

(deuxième moitié du dix-neuvième siècle) font de l'équilibre du marché leur thème

central, les phénomènes hors marché, comme l'environnement, sont évacués. Jusque dans les années 60, les ressources naturelles et l'environnement sont peu présentes dans la théorie économique. Mais à partir des années 70, une prise de conscience provoque un sursaut.

· A partir des années 1970

Les années 1970 représentent un tournant, non seulement dans la prise en compte dequotesdbs_dbs29.pdfusesText_35