Mathématiques Tout-en-un ECS 2e année - ITC BOOKs
Mathématiques Tout-en-un • ECS 2e année Cours et exercices corrigés Christian Gautier André Warusfel Serge Nicolas Professeur au lycée HENRI IV à Paris Bruno Caminade Professeur au lycée militaire de Saint-Cyr-l’École Sous la direction de Prépas commerciales et
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sur le programme d’études de Mathématiques M à 7, tout en en précisant les points particuliers et les exi-gences spéciales Cette section renferme les renseignements suivants : • la raison d’être du programme d’études de Mathématiques M à 7 dans les écoles de la Colombie-Britannique; • les objectifs du programme d’études de
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Laurent Fleury
SOCIOLOGIE
DE LA CULTURE
ET DES PRATIQUES
CULTURELLES
3 eédition
Sous la direction
de François de Singly La précédente édition a été traduite au Brésil : Sociologia da Cultura e das Pràticas culturais, Sao Paulo (2010), ainsi qu'aux États-Unis : Sociology of Culture and Cultural Practices : The Transformative Power of Institutions, préface de Terry Clark, Lanham, Maryland, Lexing- ton Books, 2014. Conception de couverture : Atelier Didier Thimonier © Armand Colin, 2016 pour la présente édition.Armand Colin est une marque de
Dunod Éditeur, 5 rue Laromiguière, 75005 ParisISBN : 978-2-200-61394-5
3Sommaire
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51. Les sociologues et la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1. Deux précurseurs parmi les fondateursþ:
Weber et Simmel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102. Deux sociologies de la culture au sein des sociétés
industrielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173. Linstitutionnalisation de la "þsociologie
de la cultureþ» en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242. Les publics de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1. Le public, le "þnon-publicþ», les publics . . . . . . . . . . . 29
2. Une sociologie des publics de la culture . . . . . . . . . . . 37
3. La construction des univers culturels . . . . . . . . . . . . . 46
3. L'explication des hiérarchies sociales et culturelles . . . . . . . 51
1. Les goûtsþ: produits de la socialisation . . . . . . . . . . . . 51
2. Les goûtsþ : expression dun "þhabitusþ» . . . . . . . . . . . 58
3. Les goûtsþ: manifestation pratique dune différence
sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 624. La question de la démocratisation de la culture . . . . . . . . 70
1. La formation historique de lidéal de démocratisation
de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 702. "þLéchec de la démocratisationþ»þ: un discours politique . . 77
3. Les institutions culturelles et la réalisation
de la démocratisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84Sommaire
45. Les réorientations contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
1. La critique de la théorie de la légitimité culturelle . . . 92
2. La réorientation des problématiques et des objets . . . 98
3. Les voies dune sociologie de la réception . . . . . . . . . . 109
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
5Introduction
"þLa culture est le plus protéiforme des concepts sociologiques. Plus entraîne dans le plus vertigineux dédale dune bibliothèque babé- lienneþ» (Passeron, 2003þ: 369). Le mot "þcultureþ» véhicule des conte- nus affectifs si forts et si polémiques que lon se dispute à son sujet avant même de sexpliquer. Sagit-il des "þculturesþ», au sens ethnolo- gique du terme, ou, dans une perspective plus anthropologique, dune caractérisation de lhumanité de lhomme, comme être de culture, par opposition à la natureþ? Sagit-il de la "þculture généraleþ» que les parents désirent pour leurs enfants, et alors, celle-ci renvoie-t-elle aux Humanités ou à un contenu aujourd"hui moins circonscritþ? Le même mot a servi pour le travail de la terre et le perfectionnement de lesprit, de même quil a permis dopposer lesþcultures indigènes et la civilisation occidentale. Peut-on par ailleurs concevoir une sociologie qui ne donne pas une place considérable aux faits de cultureþ? Si lon accorde que les moda- lités dorganisation dont les hommes se dotent et la manière dont ils vivent et dont ils pensent leur vie et leur monde relèvent de la culture, alors toute sociologie place la culture au coeur de son analyse. La culture nest-elle pas constitutive de la sociologie mêmeþ? Celle-ci nest- elle pas lhéritière des sciences de la culture, ou "þsciences de l"espritþ» (Geisteswissenschaften), pour emprunter à Wilhelm Dilthey (1883) qui les opposait aux sciences de la natureþ? Posée à un tel degré de géné- ralité, la question paraît presque décourageante. De fait, la notion de culture est de celles qui ont suscité en sciences sociales les travaux les plus abondants, les plus contradictoires aussi. Dans cette confusion comment mettre un peu dordreþ? Litinéraire proposé dans ce livre articule ces deux questions relatives à la défini- tion même de "þla cultureþ» et à son autonomisation comme objetIntroduction
6 danalyse à lorigine de la "þsociologie de la cultureþ». Les deux séries de problèmes qui leur sont associés savèrent intimement imbriquées puisque la diffusion des savoirs de sciences sociales produit des effets sociaux tant dans la manière de se représenter la culture que dans la façon de penser, par exemple, la question de la démocratisation de la culture. Il nappartient pas au sociologue de distinguer ce qui relève de la culture de ce qui nen relève pas. Sa tâche se borne à constater la plu- ralité des acceptions dont la notion de culture a été lobjet. Le terme peut tantôt désigner un panthéon de grandes oeuvres "þlégitimesþ», tan- tôt prendre un sens plus anthropologique, pour englober les manières de vivre, sentir et penser propres à un groupe social. Dans une pers- pective sociologique, trois sens hétérogènes du mot "þcultureþ» ont pu être distinguésþ: la culture comme style de vie, la culture comme com- portement déclaratif, la culture comme corpus d"uvres valorisées (Passe- ron, 1991þ: 324-334). Le contraste entre une acception française, plutôt centrée sur les pratiques relatives aux arts, et une acception anglo-saxonne, plus anthropologique, élargie aux moeurs ou à la civi- lisation dans une société donnée, fonde la polysémie constitutive dun premier défi. Le premier objectif de ce livre tient dans lélucidation des rapports que les sociologues ont instaurés à la culture, généalogie dune différenciation à lorigine de ce que lon appelle aujourdhui communément la "þsociologie de la cultureþ» (chapitre 1). La sociologie de la culture qui, du moins pour le cas de la France, est encore assimilée aujourdhui à la sociologie des pratiques cultu- relles, présente les traits dune question bien documentée mais aussi fort controversée. Il faudra exposer les différentes manières de décrire les publics de la culture et rappeler les grands traits de la distribution sociale des pratiques culturelles, dans ses aspects "þdescriptifsþ», mais également dans ses enjeux méthodologiques et théoriques. Cela permet de saisir comment la question problématisée dans les termes généraux de la consommation de la culture savère indissociable des formes his- toriques de linstitutionnalisation politique de la culture en France (chapitre 2). Il sagira ensuite de présenter les cadres dintelligibilité classique- ment mobilisés pour expliquer et comprendre la distribution socialeIntroduction
7 des pratiques culturelles. La sociologie de la culture telle quelle a été pratiquée depuis son invention possède le mérite davoir produit un savoir positif sur les comportements culturels et des concepts éclai-rants, tels que ceux de "þsocialisation culturelleþ», d"þhabitusþcultivéþ»
ou encore de "þdistinctionþ», qui seront ici commentés. La théorie qui articule ces notions, qualifiée de "þthéorie de la légitimité culturelleþ» et imputée à Pierre Bourdieu (1979), sera étudiée en raison de son triple statut de modèle historique puisque, inaugurale, elle a fondé la sociologie de la culture en France, de son statut de référence scientifique, puisque le discours déchec de la démocratisation est fondé sur cette théorie aux accents déterministes, de son statut de paradigme théorique enfin, puisque les hypothèses de Pierre Bourdieu ont été âprement dis- putées par la communauté scientifique nationale et internationale (cha- pitre 3). Lusage de concepts aussi éclairants que ceux de socialisation, dhabi- tus ou de distinction, tant par les communautés scientifiques que poli- tiques, pose toutefois une série de problèmes. Dune part, les choix scientifiques sont discutésþ: soit le choix des outils méthodologiques commandé par lobjectif détablir une sociographie des pratiques cultu- relles, soit la définition des "þpratiquesþ» qui tend à réduire la "þpra- tiqueþ» à un comportement et ne fait ainsi guère de place aux représentations, ou encore les cadres théoriques pour analyser ces résul- tats font lobjet de disputes. Dautre part, les résultats sont utilisés à des fins politiques. Le fait que des "þdéterminants sociauxþ» aient pu être traduits en termes de "þdéterminismesþ» pose problème. Lusage même des résultats de la sociologie de la culture pose également problème, puisque le discours d"þéchec de la démocratisation de la cultureþ» se présente aujourdhui avec un statut dévidence dautant plus affirmé quil convoque la caution de la sociologie de la culture. Il importera donc ici dintroduire non seulement, dans la démarche théorique elle- même, un questionnement concernant limplication de la théorie dans la société mais plus encore de nuancer, voire récuser, les discours idéo- logiques en les confrontant aux résultats denquêtes, françaises et amé- ricaines, qui permettent de penser la réalisation même de lidéal de démocratisation de la culture (chapitre 4).Introduction
8 La culture a longtemps été, du moins en France, définie dans les termes de "þla culture légitimeþ». Cette perspective tient au double héritage de la définition politique de la culture associée à la création du ministère des Affaires culturelles en 1959 et de linvention conco- mitante dune tradition sociologique, inventée par Pierre Bourdieu, fondant ce que Michel Foucault eût appelé un épistémé ou Thomas Kuhn un paradigme. C"est ce paradigme de la culture légitime qui se trouve aujourdhui battu en brèche. En proposant un tableau de la constitution séculaire de la sociologie de la culture, chronologique en raison même des processus dinstitutionnalisation de questionnements dans le monde académique et des mobilitésþdun chantier de recherche, cet ouvrage cherchera à mettre fin à un provincialisme français qui identifie la sociologie de la culture à la seule théorie élaborée par Pierre Bourdieu et aux disputes quelle a depuis suscitées. Les recherches récentes doivent être discutées, car les débats scientifiques contemporains sur la culture posent, au plan international, la question de larticulation entre Cultural Studies et sociologie de la culture (Janet Wolff, 1999), qui inspire des réflexions sur le statut contemporain de la culture. Cette critique positive dun héritage de recherche ouvre la voie à la compréhension des métamorphoses de la notion même de culture, dans le siècle qui a connu le déploiement progressif de la sociologie de la culture. La critique du modèle de la culture légitime, comme les réorientations contemporaines quelle provoque, ouvre les voies à un programme de sociologie de la réception (chapitre 5). 9 1Les sociologues et la culture
Parmi les problématiques dont la sociologie de la culture a hérité de lanthropologie culturelle, il en est une première, celle de lethnocen- trisme qui s"avère centrale pour penser la tension entre culture, au singulier, et cultures, au pluriel. L"ethnocentrisme est un refus et un rejet. Refus de la diversité des cultures et de la relativité de la sienne, mais aussi rejet dans la nature, c"est-à-dire hors de la culture, de la personne qui ne partage pas les mêmes normes et valeurs de la société de référence. Lethnocentrisme nest pas réservé à des figures historiques (celles de "þbarbaresþ», "þsauvagesþ», "þprimitifsþ»)þ: il demeure présent à létat de préjugé dans lethnocentrisme de classe ou de genre. Une seconde problématique est léguée par lanthropologie culturelle. Elle insiste sur la diversité des cultures et la spécificité de chacune, interrogation typique du culturalisme. Celui-ci définit une culture par lexistence de traits culturels spécifiques qui sont communs aux membres dun groupe, forment un système unifié cohérent, et se trans- mettent enfin de génération en génération sans subirþde modification sensible. Les concepts d"þhéritage culturelþ» de Ralph Linton (The Cultural Background of Personnality, 1945) ou de "þpersonnalité de baseþ» dAbraham Kardiner (L"individu et sa société, 1939), de "þmodèle culturelþ» (Patterns of Culture) de Ruth Benedict (1934) en procèdent. Dans ses études comparatives des personnalités sociales des ethnies de Nouvelle-Guinée (Murs et sexualité en Océanie, 1955), Margareth Mead (1901-1978) distingue plusieurs types de transmission de la culture. Cependant, lorsque le culturalisme devient un mode dexpli- cation exclusif et véhicule une conception de la culture comme rele- vant dun univers clos, immuable et homogène, il entraîne alors des dérives identitaires, celles de substantialiser des traits culturels au point de les rendre apparemment naturels.1 Les sociologues et la culture
10 Une troisième problématique enfin, informe la définition même de la culture. La mise au jour du caractère "þarbitraireþ» de toute culture consti- tue un point commun à lanthropologie culturelle et à la sociologie de la culture. Lidée darbitraire ne saurait être confondue ici avec un quel-conque caractère "þinjusteþ». Larbitraire fait ici référence à l"arbitraire du
signe linguistique que Ferdinand de Saussure a défini dans son Cours de linguistique générale (1908) en plaçant au principe de la langue le caractère arbitraire de la relation entre signifiants et signifiés. Il fait aussi référence à la prohibition de linceste qui, selon Claude Lévi-Strauss, constitue une institution en s"opposant à l"instinct et, ce faisant, institue non seulement la famille mais la société (Les Structures élémentaires de la parenté, 1949). La culture, conformément à sa définition anthropologique, est informée par un ensemble dinstitutions, chacune inscrite dans lhistoricité et dotée de particularités. La nature, définie à linverse par le règne de la loi comme principe universel, soppose ainsi à la culture, domaine de la règle carac- térisée par sa variabilité. Lopposition anthropologique entre nature et culture se retrouve ainsi dans les distinctions entre identité et identifica- tion, communication et langage, organe et outil, hérédité et héritage. À linstar du langage, la culture renvoie ainsi à un système de signes et à "þlarbitraireþ» de toute relation symbolique. Au-delà de ces héritages que le présent ouvrage ne permet pas de développer, il reste à comprendre comment la "þcultureþ» est devenue un objet spécifique de l"analyse sociologique. Si l"on accorde à Durkheim, Weber et Simmel le statut de fondateurs de la sociologie, alors Weber et Simmel apparaissent comme précurseurs de la sociolo- gie de la culture, entendue dans sa plus stricte acception, alors que Durkheim ne sy intéresse pas spécifiquement.