Séquence 1 – la femme et sa chevelure en poésie Objet d’étude
Pierre de Ronsard, Second livre des Sonnets pour Hélène, 1578, orthographe modernisée Ces cheveux, ces liens, dont mon cœur tu enlaces, Grêles1, primes2, subtils, qui coulent aux talons, Entre noirs et châtains, bruns, déliés et longs, Tels que Vénus les porte, et ces trois belles Grâces3; 5 Me tiennent si étreints, Amour, que tu me
Séquence ① : la pléiade et le renouvellement de la poésie
poètes, et Ronsard évoque le terrible supplice auquel est soumis Prométhée Enfin l’état amoureux est un état d’impuissance tragique : Pétrarque parle de “prison” et évoque ses “liens” et ses “fers”, Ronsard se dit “captif”, et Labé est “menée” par l’amour et doit subir l’ironie du destin qui la met
Sujet bac blanc-Janvier 2017
2 TexteA:PierredeRonsard,Sonnetspour’Hélène,secondlivre,LI,1578 5 10 Cescheveux,cesliens,dontmoncœurtuenlaces, Menus,primes,subtils
Document - LES POEMES A DIRE - cercle-enseignementcom
- « Ces cheveux, ces liens », de Pierre de Ronsard,(Les Amours, Poésie/Gallimard) - « Conjugaisons et interrogations », Jean Tardieu , ( L’accent grave et l’accent aigu , Poésie /Gallimard)
353mes de Pierre de Ronsard - Discours d un amoureuxdoc)
Et ses cheveux, les liens de ta prise, Sa belle main à la victoire aprise, Son ris, son chant, son parler & sa voix Meritent bien le mal que tu reçois : 205 Endure doncq, les Amours sont semblables Aux jours qui sont de nature muables, Tantost serains & tantost pluvieux, Chauts & glacez, ainsy qu'il plaist aux Cieux
1e S1 / 1 e S2
Joachim du Bellay « Ces cheveux d’or sont les liens, Madame » Ronsard, Sonnets pour Hélène « Quand vous serez bien vieille » Litt p 26 Pierre de Marboeuf « Et la mer et l’amour » Nicolas Boileau « Art poétique » (extrait) Alphonse de Lamartine « Le lac », Victor Hugo « Elle était déchaussée » Victor Hugo
Héroïnes tragiques et comparaison animale Du détail lexical
que j'ensevelissais morte dans la terre " Rets d'amour, ils rejoignent la topique de Ronsard (Amours) : "Ces cheveux d'or sont les liens Madame, Dont fut premier ma liberté surprise, [ ] Adieu cheveux, liens ambitieux, Dont l'or frizé me retint en service, Cheveux plus beaux que ceux que Berenice Loin de son chef envoya dans les cieux " 2
Problématiques : Comment les poètes décrivent-ils et jugent
maladie, comme ceux de Pierre de Ronsard, Der-niers vers, « Je n’ai plus que les os », et de Jules Laforgue, Les Complaintes, « Complainte d’un autre dimanche », peuvent être groupés avec d’autres, dans lesquels ce thème est traité de façon métapho - rique : Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le der-
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Objet d'étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours
EXERCICE DE TYPE-BAC : Questions sur Corpus
pétrarque (1304-1374), labé (1524-1566), ronsard (1524-1585)Pétrarque (Francesco Petrarca) est un érudit, poète et humaniste italien qui fut publié dans toute l'Europe au XVIe siècle. Avec Dante
et Boccace, il compte parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne.D'origine toscane, il vécut alternativement en Italie et dans la région d'Avignon où il rencontra Laure de Noves. Le Canzoniere est un
recueil de poèmes dédiés à la jeune femme.Je ne suis pas en paix et ne fais pas la guerre
Je ne suis pas en paix et ne fais pas la guerre ;
Et je crains et j'espère ; je brûle et suis de glace ;Je vole à travers ciel, et suis gisant
1 par terre ; Nulle chose n'étreins, le monde entier j'embrasse. Telle en prison me garde, et ne m'enferme guère,Ni ne me veut tenir, ni mes liens ne délace ;
Amour ne me tue pas ni ne m'ôte mes fers
2Ni ne me veut vivant, ni ne m'accorde grâce.
Je vois et n'ai point d'yeux, et sans langue je crie ;Je désire périr, et demande secours ;
Pour moi je n'ai que haine et pour autrui qu'amourJe dévore mon mal ; et en pleurant je ris ;
Et autant m'insupportent et la mort et la vie :
En tel état par vous, ma Dame, je languis
3Pétrarque, Canzoniere, CCCXXXIV (1342-1374)
Dans la lignée de Marie de France, Christine de Pisan, Marguerite de Navarre et Pernette du Guillet, Louise Labé ose endosser le rôle
masculin de poète. Le point de vue féminin inverse la vision et les rôles : c'est l'homme qui est l'objet du désir, le centre du fantasme.
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis
4 entremêlés de joie.Tout à un coup
5 je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief
6 tourment j'endure ;Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie
7Ainsi Amour inconstamment
8 me mène ;Et, quand je pense avoir plus
9 de douleur,Sans y penser je me trouve hors de peine.
1/3 1étendu
2 mes chaînes 3 Languir = dépérir, demeurer longtemps dans une situation inconfortable, qui mine 4 tourments 5 au même moment 6 grave 7 du verbe "verdoyer" = devenir vert, verdir 8 de façon inconstante, instable 9 le plusLaure de Noves (1310-1348)
(Noves est une petite ville desBouches du Rhône, au sud
d'Avignon).Pétrarque (1304-1374)Labé (1524-1566)
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur
10Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé, Sonnets, VIII (1555)
Un jour de 1545, Ronsard avait aperçu à la cour une toute jeune fille de 13 ans, Cassandre, fille du banquier italien Salviati. Brève
rencontre, mais qui suffit à faire d'elle l'inspiratrice du jeune poète. Cinq ans plus tard, Ronsard dédiera Les Amours à la jeune femme.
Dans ce recueil, à partir du souvenir vécu et en même temps du nom prestigieux de Cassanfre (cf Homère), Ronsard célèbrera le
bonheur et le mystère d'aimer, comme Pétrarque l'avait fait avec Laure de Noves.comme Pétrarque chantant sa Laure, Ronsard va célébrer, à partir du souvenir et du nom prestigieux de Cassandre, le mystère et le
bonheur d'aimer.Les Amours sont dédiés à la jeune femme.
J'espère et crains
J'espère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores
11 un feu chaud,J'admire tout, et de rien ne me chaut
12Je me délace
13 , et puis je me relie.Rien ne me plaît sinon ce qui m'ennuie,
Je suis vaillant et le coeur me défaut
14J'ai l'espoir bas, j'ai le courage haut,
Je doute Amour, et si
15 je le défie.Plus je me pique
16 , et plus je suis rétif 17J'aime être libre, et veux être captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.Un Prométhée
18 en passions je suis ;Et, pour aimer perdant toute puissance,
Ne pouvant rien, je fais ce que je puis.
Ronsard, Les Amours, XII (1552-1553)
Questions :
Vous comparerez ces trois sonnets en répondant successivement aux deux questions suivantes : -Quelle vision de l'amour les trois poètes nous proposent-ils ? -Quelles sont les différences dans le traitement de ce thème ? 2/3 10 bonheur 11Or...ores = tantôt...tantôt,
12 de rien ne me chaut = rien ne m'importe, 13 délace = délie, relie = renoue 14 le courage me fait défaut 15 et si = et pourtant 16 on pique un cheval avec les éperons pour le faire obéir 17 rétif = désobéissant, indiscipliné 18mes passions renaissent perpétuellement (comme le foie de Prométhée : celui-ci, pour avoir volé le feu aux dieux, fut condamné à
avoir le foie éternellement dévoré par un aigle)Ronsard (1524-1585)
Objet d'étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours CORRIGE EXERCICE DE TYPE-BAC : Question sur un corpus de sonnets pétrarque (1304-1374), labé (1524-1566), ronsard (1524-1585)L'amour est un des thèmes de prédilection des poètes. Il est décliné ici dans trois sonnets de poètes des XIV
° (Pétrarque) et XVI° siècles (Labé, Ronsard). Nous nous proposons de comparer leur conception de l'amour.Pour cela, nous verrons tout d'abord en quoi ces trois poètes se rejoignent, avant d'analyser en quoi leurs
points de vue diffèrent.A deux siècles de distance, Labé et Ronsard reprennent la conception de Pétrarque d'un amour tissé de
paradoxes, et donc exprimé à travers de nombreuses antithèses figurant le changement total d'humeur
selon que l'on se croit ou non aimé.Cet état instable est aussi un état extrême, le tout ou rien : le froid est "de glace" pour Pétrarque et Ronsard,
le chaud est "extrême" pour Labé, il est comme un "feu" pour Ronsard, auquel Labé et Pétrarque se
"brûlent". De même, les poètes passent de l'enthousiasme le plus grand (Pétrarque "vole jusqu'au ciel",
Ronsard "admire tout" et Labé est "au haut de [son] désiré heur") au désespoir le plus complet : "je gis à
terre", "je désire périr", nous dit Pétrarque, "je meurs", nous confient Labé et Ronsard.
C'est aussi un état douloureux : "ennui, malheur, tourment, douleur" reviennent sous la plume des trois
poètes, et Ronsard évoque le terrible supplice auquel est soumis Prométhée.Enfin l'état amoureux est un état d'impuissance tragique : Pétrarque parle de "prison" et évoque ses "liens"
et ses "fers", Ronsard se dit "captif", et Labé est "menée" par l'amour et doit subir l'ironie du destin qui la met
chaque fois dans un état inverse de celui dans lequel elle croit être (quand je pense...", "quand je crois...").
Mais si nos trois poètes se rejoignent dans leur conception d'un amour paradoxal, ils divergent dans leur
façon de l'évoquer.A la fin de son poème, Pétrarque s'adresse à sa dame et lui dédie, en quelque sorte, cet état paradoxal
dans lequel il se trouve. Une chute d'ailleurs à double sens, comme si le poète voulait à la fois rendre
hommage à sa dame ("pour vous" sonne alors comme une offrande, un sacrifice), et en même temps la
culpabiliser de le faire souffrir ("pour vous" peut alors signifier "à cause de vous"). Le sonnet s'achève sur
cette indécision et laisse le lecteur choisir son interprétation.Chez Louise Labé, c'est sur la rapidité des changements que se trouve mis l'accent ("Tout à un coup //
Tout en un coup"), donnant au thème une coloration plus tragique car le caractère aléatoire de la situation
fait d'elle un pantin aux mains du destin. C'est d'ailleurs Labé qui insiste le plus sur la notion de souffrance :
les "ennuis" (v.4) ont un sens fort qui rejoint celui de "tourment" (v.6) et réfère à la torture, et le dernier mot
du sonnet, celui qui résonne longtemps dans l'oreille du lecteur, est "malheur".Enfin Ronsard, lui, paraît moins personnel : son sonnet se termine sur une sorte de boutade un peu
enfantine ("je fais ce que je puis"), et il convoque la mythologie pour se comparer à Prométhée souffrant,
dans une exagération et une érudition qui vont un peu à l'encontre de la sincérité du sentiment.
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