La Reine Morte dHenry de Montherlant et La reine crucifiée de
41 Henry de MONTHERLANT La Reine Morte : drame en trois actes
La Reine morte
LA REINE MORTE. Extrait de la publication. Page 6. Extrait de la publication. Page 7. HENRY DE MONTHERLANT. LA REINE. MORTE. DRAME EN TROIS ACTES. TEXTE CORRIGÉ
La Reine morte Lanalyse des motifs du meurtre dInès de Castro
Résumé. La Reine morte fut écrite par Montherlant en 1942. Elle met en scène une reprise d'un drame historique intitulé «Régner après sa mort» de l'auteur
Un classique dans toute sa modernité : la Reine morte
Avec sa mise en scène de cette pièce d'Henry de Montherlant dont la création remonte à 19421 Denise Guilbault a effectué un vrai coup de maître. Sa Reine
La reine morte Henry de Montherlant (1895-1972)
Langue : Français. Catégorie de l'œuvre : Œuvres textuelles. Genre ou forme de l'œuvre : Théâtre (genre littéraire). Date :.
judyta stachniak - trois figures feminines face a la passion
70 Henry de MONTHERLANT La Reine morte
JEANNE LA FOLLE «Les connaisseurs nont pas à simpatienter si j
Dans la pièce de Henry de Montherlant la reine apparaît. [] vêtue d'une ... dans le château à Tordesillas où séjournait la reine après la mort de son mari.
La reine morte dHenry de Montherlant
Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF. La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des
VUES SUR LE THEATRE DE MONTHERLANT
On connaît le sujet de la Reine Morte qui est historique. Le roi Alphonse IV de Portugal — rebaptisé ici Ferrante — veut
Lhomme en marge de la societe dans lœuvre theatrale de Henry
résumé de Demain it fern jour apres cclui dc Fils de personae car la piece ... Montherlant `La Reine morte' : Analyse Critique. Paris: Hatier. .1973. Les ...
La Reine morte
HENRY DE MONTHERLANT. LA REINE. MORTE. DRAME EN TROIS ACTES. TEXTE CORRIGÉ PAR L'AUTEUR. AVEC LES COUPURES POSSIBLES. POUR LA REPRÉSENTATION.
La Reine Morte dHenry de Montherlant et La reine crucifiée de
41 Henry de MONTHERLANT La Reine Morte : drame en trois actes
La reine morte
Éditions de La reine morte (43 ressources dans data.bnf.fr). Livres (21). La reine morte. (2006). Henry de Montherlant. (1895-1972)
La Reine morte Lanalyse des motifs du meurtre dInès de Castro
Résumé. La Reine morte fut écrite par Montherlant en 1942. Elle met en scène une reprise d'un drame historique intitulé «Régner après sa mort».
Henry de Montherlant essayiste 1935-1944
Henry de Montherlant Garder tout en composant tout
Etude de laction dans la dramaturgie de Montherlant
1 déc. 2011 Romain Lancrey-Javal Le Langage dramatique de La Reine morte
ENTRETIENS AVEC HENRY DE MONTHERLANT
J'avais commenté la Reine morte en Australie en Nouvelle-Zé- lande et au Canada (où il se plaignait d'être méconnu) avant de.
LE JEU DANS LŒUVRE DE HENRY DE MONTHERLANT
16 Henry de Montherlant La Reine morte (1942)
Bulletin trimestriel Quintes-feuilles
d'années il entretint des relations amicales avec l'auteur de La. Reine morte (ce qui fut loin d'être le cas de Gaston Goor1) : Montherlant a d'ailleurs
Jean Knauf. La Comédie-Française 1942 _PPA_
Reine morte d'Henry de Montherlant et la nouvelle présentation de Phèdre de Jean Racine dans la mise en scène de Jean-Louis Barrault. La Reine morte est la
JJeeaann KKnnaauuff
LLaa CCoommééddiiee--FFrraannççaaiissee11994422
Affiche de La Reine morte de Montherlant, mise en scène de Pierre Dux, 8-9 décembre 1942 - © Comédie-Française 2 3 avant-proposDeux évènements majeurs marquent l"année 1942 à la Comédie-Française : la création de La
Reine morte d"Henry de Montherlant et la nouvelle présentation de Phèdre de Jean Racine dans la mise en scène de Jean-Louis Barrault. La Reine morte est la très libre adaptation d"une comedia de l"andalou Luis Velez de Guevara, Reinar después de morir (Régner après sa mort)1 par Henry de Montherlant à qui Jean-Louis
Vaudoyer avait proposé de composer une pièce pour la Comédie-Française.2 L"oeuvre de
l"auteur espagnol met en scène les amours de Don Pedro, prince héritier du trône du Portugal
et d"Inès de Castro alors que la raison d"Etat commande qu"il épouse l"Infante de Navarre. Les injonctions du roi Don Alonso, la colère de Doña Blanca, l"infante de Navarre offensée,ne parviennent pas à séparer ce couple. Finalement, le roi, sous la pression de ses conseillers,
décide la mort d"Inès. Pour l"essentiel, Montherlant, séduit par les situations dramatiques et le
pathétique de certaines scènes, reprend l"intrigue de son modèle mais il modifie le propos.Alors que la pièce espagnole reste l"histoire d"une passion amoureuse confrontée à la raison
d"état, La Reine morte se présente avant tout comme une pièce politique opposant les
exigences du royaume à l"inaptitude du prince à gouverner. Le Roi du Portugal, devenu
Ferrante, est protagoniste du drame ; le conflit dramatique met en scène un père et un fils faible, incapable de gouverner. Du même coup, le thème de l"amour profond qui unit Pedro àInès se trouve dévalorisé, voire caricaturé. La pièce connaît un immense succès puisque qu"en
une année, elle atteint les 100 représentations. Le public est sensible au néo-classicisme de la
langue, à la grandeur et au pathétique des situations ... Il reste que la pièce est violemment
attaquée et qualifiée de collaborationniste3 dans les colonnes des Lettres françaises qui
paraissent clandestinement4. Selon Patrick Marsh, auteur d"un numéro de La revue d"histoire
du théâtre intitulée Le théâtre à Paris sous l"occupation allemande5, nuance un propos qui
fait de La Reine morte une pièce fasciste. S"il est certain que la philosophie personnelle
d"Henry de Montherlant est nourrie de lectures d"écrivains exaltant des valeurs de violence1 On lira le texte de cette pièce dans Théâtre espagnol du XVII° siècle, 1, traduction André Nougué, p. 993-1042,
Bibliothèque de la Pléiade, nrf.
2 Henry de Montherlant, Comment fut écrite La Reine morte in Théâtre, p. 179-182, Bibliothèque de la Pléiade,
nrf, 19723 On soulignera que les poètes engagés dans le combat de la résistance au nazisme (Aragon, Eluard, Pierre
Emmanuel, Elsa Triolet, Jean Cayrol, Robert Desnos ...) ont exalté le sentiment de l"amour contre les valeurs
guerrières et "machistes" que véhiculent les idéologies fascistes. Dans La Reine morte, de nombreuses répliques
dévalorisent le lien amoureux. On lira également les textes de L"équinoxe de septembre dans Montherlant,
Essais, Bibliothèque de la Pléiade, nrf.
4 On lira en annexe les deux articles que cette publication a consacré à La Reine morte.
5 1981, III.
4guerrière, l"héroïsme qu"il prône est ambigu. Doit-on le considérer comme raciste ? Certaines
répliques fustigeant la lâcheté ont été reçues comme s"adressant à la politique menée par le
Front populaire. Pierre-Henri Simon écrit : "Il [Montherlant] a jeté dans un sujet classiquel"accent de sa philosophie personnelle, un nihilisme absolu qui ôte toute limite à l"orgueil et
toute raison à la conduite. Dès lors le drame perd cette généralité de sentiments sans laquelle
il n"est pas de grandeur tragique."6 Quoi qu"il en soit de la portée idéologique de cette
oeuvre, on est tout de même sidéré de lire sous la plume de Pierre Sipriot, voulant sauver Montherlant de l"opprobre : "De 1940 à 1944, Montherlant s"est comporté comme unrévolutionnaire à qui un besoin de sécurité, d"assurance, de tranquillité, a donné le goût de
ne plus passer à l"action."7 Une chose est certaine, en choisissant de jouer Montherlant8, la
Comédie-Française se range du côté d"une esthétique néo-classique qui la pénalisera
longtemps en l"éloignant des tendances innovantes du théâtre. Après guerre, le paysage
théâtral prendra trois directions : · Le théâtre des nouvelles écritures : Adamov, Audiberti9, Beckett, Ionesco10, Sarraute,
Pinget, Duras ... ;
· La compagnie Renaud-Barrault, héritière de Claudel et d"un théâtre poétique :
Vauthier, Schéhadé, ... ;
· Le T.N.P. de Jean Vilar, héraut d"un théâtre social et citoyen, Brecht, Büchner, Kleist,
Pichette, Vauthier, O"Casey, Hugo, Lorenzaccio de Musset ... suivi par les metteurs en scène de la décentralisation (Dasté, Planchon, Sarrazin, Garran, Rétoré, Gignoux ...)La fracture entre conservatisme et innovation apparaîtra clairement et, hélas, elle ne sera pas
au crédit du premier théâtre de France. Les prochains numéros de cette édition permettront de
mieux situer la place du Français dans l"évolution générale du théâtre.Le second événement majeur est la présentation de Phèdre de Racine dans la mise en scène de
Jean-Louis Barrault. Ce projet était celui de Bourdet qui l"avait confié à Louis Jouvet et Jean
Hugo pour le décor. Par ailleurs, Marie Bell souhaitait interpréter le rôle-titre. Le départ de
Jouvet pour l"Amérique du Sud en différa la réalisation. Marie Bell, qui tenait absolument à
7 Pierre Sipriot, Montherlant sans masque, tome II, Ecris avec ton sang, 1932-1972, Biographies sans masque,
Rober Laffont, p. 258
8 Avec 1030 représentations, Henry de Montherlant est un des auteurs les plus représentés au XX° siècle. Seul
Georges Feydeau, du point de vue des chiffres, dont la première pièce Feu la mère de madame fut créé à la
même époque, peut lui être comparé. Après La Reine morte suivront Pasiphaé (1953), Port-Royal (1954),
Brocéliande (1956), Le Maître de Santiago (1957), Le Cardinal d"Espagne (1960) et Malatesta (1969).
9 Fera exception Les Femmes du boeuf, pièce créé le 23 novembre 1948, jouée 8 fois. La Fourmi dans le corps
fera scandale lors de son entrée au répertoire le 27 mars 1962.10 La Soif & la faim sera créé le 27 février 1966.
5aborder ce rôle emblématique, s"adressa à Barrault pour réaliser cette mise en scène. Jean-
Louis Barrault aborde la pièce la plus célèbre de Racine comme un opéra, une symphonie : "Symphoniquement les cinq actes de Phèdre peuvent se diviser en quatre interventions : 1 er mouvement : acte I. 2° mouvement : acte II. 3° mouvement : actes III et IV. 4° mouvement : acte V."11 Et Jean-Louis Barrault, chef d"orchestre-metteur en scène, va organiser les
différents instruments qui forment le spectacle : le verbe, la voix, le geste ..."12 D"ailleurs, les
personnages sont définis à partir de leur tessiture vocale : "Thésée, baryton (...), Phèdre,
mezzo-soprano dramatique, 1 er rôle tragique, Hippolyte, ténor, jeune premier tragique,Aricie, soprane, jeune première tragique, Oenone, contralte, mère tragique, Théramène,
basse, père noble tragique, Ismène, soprane, confidente tragique, Panope, mezzo-soprane, confidente tragique"13. Cette approche est résolument moderne qui organise la représentation
théâtrale en un ensemble d"éléments non purement textuels. "L"étude de Phèdre devait me
marquer pour toujours : élixir alchimique des secrets de notre art. Quintessence de la poésiethéâtrale : Amour, haine, agressivité, théâtre de la cruauté. Racine m"apparut comme le plus
musicien des poètes français. Je fis une étude des mouvements symphoniques de Phèdre. J"en
décomposai la métrique comme pour une tragédie grecque. Je l"étudiai tellement que je pus
un jour, dans un couvent de dominicains, en faire lecture sans recours au texte. Les 1654 vers me sortaient de la peau. Je revins de cette plongée plus convaincu que jamais."14 La
distribution réunit Maurice Escande et Marie Bell, Maurice Donneaud et Mary Marquet.Renée Faure, jeune sociétaire nouvellement promue, joue Aricie mais c"est surtout la présence
de Jacques Dacqmine, encore élève du Conservatoire, interprète du rôle d"Hippolyte, qui
surprend : aucun sociétaire ni pensionnaire n"ayant été choisi pour ce rôle important. Dès lors
qu"il s"agit de hardiesse dans la création, la critique, installée dans ses habitudes, fait la moue.
Georges Ricou dans La France socialiste ne comprend pas les intentions du metteur en scènelorsqu"il écrit que Barrault a contraint les acteurs à adopter: "une récitation artificielle,
traînante ou asthmatique. Cette curieuse interprétation fausse tout, éteint la sensibilité, tue
l"émotion."15 Quant à Alain Laubreaux qui ne peut que détester la hardiesse de Barrault, il se
livre à une longue analyse du Cheval arabe donné en lever de rideau et clôt de façon
11 Jean-Louis Barrault, Nouvelles réflexions sur le théâtre, p. 186 Flammarion 1959.
12 On lira dans l"excellent collection Mise en scène aux Editions du Seuil, La Mise en scène de Phèdre par Jean-
Louis Barrault. Points-Seuil, 1946, 1972
13 Jean-Louis Barrault, La Mise en scène de Phèdre, p. 28, opus cit.
14 Jean-Louis Barrault, Souvenirs pour demain, p. 151, Seuil, 1972.
15 2 décembre 1942, cité par Patrick Marsch, op. cit., p. 331
6 lapidaire : "Le spectacle se terminait par une reprise de Phèdre."16 Jean Cocteau consacre à
Marie Bell une analyse sensible et juste que l"on retrouvera en annexe 17.Ce même Jean-Louis Barrault aborde le rôle de Hamlet18. La pièce avait été montée à la
Comédie-Française en 1932 avec Jean Yonnel dans le rôle-titre. La traduction d"alors était
celle d"Eugène Morand et Marcel Schwob. L"interdiction de jouer des auteurs juifs s"appliqua en 1942 et on recourut à la traduction de Guy de Pourtalès. Charles Granval19, sociétaire
retraité, auteur de nombreuses mises en scène dans les années 1920-1930, revint dans la
Maison afin d"assurer la réalisation de ce spectacle. Le jeu de Jean-Louis Barrault est salué à
peu près unanimement. Ainsi, Maurice Rostand dit de l"interprète d"Hamlet qu"il est :
"angoissé, bouleversant, vivant le drame immortel comme si ce fut le sien."20 Quant à Alain
Laubreaux, pour une fois il ne se contente pas d"imprécations, et analyse le travail du
comédien Barrault : "M. Jean-Louis Barrault (...) semble né pour incarner Hamlet. Dans quelque personnage qu"on l"ait vu, il avait toujours l"air de jouer Hamlet. Le voici dansHamlet, et il n"a encore que l"air de le jouer. C"est peut-être qu"il a trop pensé son rôle, qu"il
y voit trop de choses, qu"il veut faire un sort à tous les mots. En vérité, son Hamlet "pose", il
s"écoute, il s"observe, on le sent heureux de soi-même ... A tout dire, M. Jean-Louis Barraultn"entend pas son rôle en comédien, mais en littérateur, en psychologie, c"est-à-dire en
pédant. Il ne nous dit pas : "Voici Hamlet !". Il nous dit : "Voici ce que doit être
Hamlet"."
21La pièce connut un beau succès avec 49 représentations ce qui la place en tête des
pièces les plus représentées au cours de l"année 1942.Après la venue du Schiller Theater en 1941, la Comédie-Française subit une seconde
humiliation. Sous prétexte d"échange" culturel, la propagande allemande proposa une sorte deconfrontation entre les comédiens français et ceux du théâtre national de Münich à partir de la
tragédie de Goethe, Iphigénie en Tauride. La mise en scène de la version française fut confiée
à Jean Yonnel, grand tragédien, et la première eut lieu le vendredi 10 avril. La troupe
munichoise donna deux représentations salle Richelieu les mardi 14 et mercredi 15 avril ; la16 Alain Laubreaux dans Le petit parisien du 19 novembre 1942, cité par Patrick Marsch, p. 331.
17 Jean Cocteau, OEuvres complètes, volume 11, Le Foyer des artistes, p. 415-419. Marguerat,
18 Le rôle d"Hamlet est emblématique de Jean-Louis Barrault. Avant d"entrer au Français, il avait déjà abordé le
personnage dans la version de Jules Laforgue. Après son départ, c"est avec Hamlet, dans la traduction d"André
Gide, que la Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault donne son premier spectacle au Théâtre
Marigny, le 17 octobre 1946.
19 Charles Granval fut le premier époux de Madeleine Renaud. Ensemble, ils eurent un fils Jean-Pierre Granval.
Charles Granval contribua dans les années 1920-1930 à la modernisation d"un certain nombre de mises en scène
du répertoire à une époque où la Maison s"abîmait dans le conformisme.20 Dans Paris-Midi du 19 mars 1942 cité par cité par Patrick Marsch, p. 329.
21 Dans Le petit parisien, 18 mars 1942, cité par Patrick Marsch, p. 331.
7 mise en scène de la version allemande était signée Kurt Langenbeck. La critique collaborationniste se déchaina : Alain Laubreaux, le sinistre propagandiste de Je suis partout,écrivit que la mise en scène française ne supportait pas la comparaison et il en profita pour
exiger le départ de Jean-Louis Vaudoyer. On lit sous sa plume que Jean Yonnel "transforme la tragédie de Goethe en une longue pleurnicherie hébraïque"22. Jean Cocteau qui, à cette
époque, entretient des relations ambigües avec l"occupant, écrit dans son Journal : "La plus
belle représentation de tragédie que j"aie jamais vue"23 On nuancera ce propos car Cocteau est
impatient de voir jouer sa pièce Renaud et Armide ; or, Vaudoyer repousse la mise enrépétition donnant la priorité à Montherlant et sa Reine morte. D"ailleurs, Cocteau, après avoir
analysé avec enthousiasme la prestation des acteurs allemands, écrit : "L"ambassadeur (OttoAbetz) m"avait invité dans sa loge. Vaudoyer se précipite sur l"ambassadeur. J"arrive. Il
m"écarte d"une bourrade, me parle de dos ... (...) Personnage absurde et abominable. Je rêvede reprendre ma pièce et de la créer ailleurs. Du reste, j"ai compris ce soir que les acteurs du
Français sont une tombe (l"ensemble) par manque d"amour et de discipline."24 D"autres
critiques - André Castelot, Charles Méré, Lucien Rebatet - louèrent la virtuosité et le génie
allemand. L"échange se mua en éhontée propagande. Marie-Agnès Joubert analyse ainsi
l"événement : "La propagande ne souhaitait plus seulement démontrer la puissance du théâtre
allemand, mais assurer sa supériorité de la façon la plus éloquente qui soit : en provoquant un
face à face entre les acteurs français et munichois autour d"une même oeuvre. Tout se passe comme si au regard de deux interprétations forcément et heureusement différentes, il faille désigner un vainqueur. On admettra sans peine la stupidité d"une telle démarche sur le planartistique. Plusieurs critiques pourtant se complurent à ce jeu, dont la maison de Molière sortit
parfois humiliée.25 La pièce de Goethe fut jouée 14 fois. Par ailleurs, une matinée poétique est
consacrée aux deux Faust avec un trio de jeunes comédiens : Julien Bertheau, Jean-LouisBarrault et Madeleine Renaud.
La création d"une pièce de Musset ne peut passer inaperçue. Le lundi 27 avril, la Comédie-
Française inscrit à son répertoire Les Marrons du feu dont l"auteur écrit dans le prologue :
"La pièce à parler franc, est digne de Molière ; Qui le pourrait nier ? Mon groom et ma portière,22 article cité par Marie-Agnès Joubert, La Comédie-Française sous l"occupation, p. 174, Tallandier, 1998.
23 Jean Cocteau, Journal 1942-1945, p. 85. Gallimard, nrf. 1989
24 id.
25 id. p. 171
8 Qui l"ont lue en entier, en ont été contents. 26Ecrite en 1829, si l"on en croit Paul de Musset, le frère d"Alfred, la pièce ne figure pas dans
les différentes éditions du théâtre de Musset, mais elle est toujours recueillie dans les éditions
des poésies au même titre que La Coupe et les lèvres ou encore A quoi rêvent les jeunes filles ? Mise en scène par Jean Martinelli, avec une belle distribution (Aimé Clariond, Julien Bertheau, Jeanne Sully ...) cette comédie obtient un succès d"estime et atteint seulement 8représentations. Au même programme figure la reprise d"une comédie de Jean-François
Régnard qui n"a pas été à l"affiche depuis 1851, Le Distrait. Jacques Charon, promis à un
grand avenir dans la maison, y fait ses débuts officiels. Au chapitre des actes ambigus et sources de polémiques figure la reprise de L"autre danger de Maurice Donnay à l"occasion de la commémoration de ses quatre-vingt trois ans. Un document du site ina.fr rend compte de la reprise de cette pièce qui connut un grand succèsdepuis sa création à la Comédie-Française en 1902. Seulement, cet auteur de boulevard
fréquentait de près le groupe Collaboration et la reprise de la pièce donna lieu à un fort
soutien de la presse collaborationniste. Deux autres reprises connaissent un beau succès. Le Barbier de Séville de Beaumarchais avec28 représentations est donné avec une nouvelle distribution. Yves Furet effectue ses débuts
dans le rôle de Figaro tandis qu"André Brunot qui s"illustra si longtemps dans le rôle de Figaro - tant dans Le Barbier que dans Le Mariage de Figaro - aborde celui de Bartholo. Gringoire de Théodore de Banville appartient au vieux répertoire et conserve toujours sonpublic. Ainsi lorsque l"on constate que Théodore de Banville, auteur à peu près complètement
oublié aujourd"hui, on reste perplexe, une fois de plus, devant l"écart existant entre les goûts
des contemporains et ceux de la postérité. Les trois auteurs les plus souvent joués restent, comme en 1941, Molière, Alfred de Musset etShakespeare.
En cette année 1942, les tournées redeviennent plus nombreuses. A deux reprises, la troupe seproduit au Casino de Vichy. Gisèle Casadesus qui interprète le rôle de Lisette dans Le Jeu de
l"amour et du hasard de Marivaux évoque dans ses mémoires le climat qui régnait : " La troupe comprenait Escande, Debucourt, Clariond, Marie Bell, Pierre Bertin, Weber. Lemaréchal Pétain vient sur la scène féliciter les acteurs. Curieuse atmosphère. Drôle
d"ambiance dans cette "zone libre". On retrouve des Parisiens réfugiés, certains par crainte26 Alfred de Musset, Poésies complètes, p. 19, Bibliothèque de la Pléiade, nrf.
9de l"Occupation, d"autres pour être tout près de (l"éphémère) pouvoir. (...) On se méfie de
tout et de tous ... C"est la guerre ou pire, l"Occupation. » 27Un grand mouvement se produit dans la troupe puisque trois sociétaires - Berthe Bovy, Marie Ventura et Jean Hervé - sont mis à la retraite
28 et six pensionnaires accèdent au sociétariat. Un
cas particulier mérite toute notre attention. Le décret de Moscou en 1812 a consacré
l"indépendance du Comité, seule instance habilitée à nommer les sociétaires ou à mettre fin à
leur activité. La pensionnaire Irène Brillant a été engagée en 1929 ; elle est l"épouse du
colonel Fonck, un aviateur, "as des as" de la guerre de 1914-1918 pendant laquelle il aurait vaincu 75 avions allemands, devenu en 1940 proche conseiller du maréchal Pétain. Depuis la nomination de Bourdet, Fonck multiplie les pressions afin que son épouse accède au sociétariat. En vain ! Jean-Louis Vaudoyer, nommé, le colonel sollicite l"appui de Vichy et deJérôme Carcopino - secrétaire d"Etat à l"éducation nationale et à la jeunesse. En décembre
1941, le comité par six voix et deux abstentions refuse la nomination de la pensionnaire. Le
secrétaire d"état impose alors Irène Brillant au sociétariat. Jean-Louis Vaudoyer lui impose
d"accepter tous les rôles y compris ceux qui sont hors de son emploi. De fait, Irène Brillant ne
sera jamais distribuée dans les créations importantes des années 1942-1944. Pour autant, mis
à part son refus de signer la pétition dirigée contre la candidature d"Alain Laubreaux à la
succession de Vaudoyer en 1944, on ne peut rien reprocher à Irène Brillant. Marie-AgnèsJoubert écrit : " (...) rien ne permet d"affirmer qu"Irène Brillant fut introduite dans la Société
pour propager des idées favorables à la collaboration. La Commission d"épuration ne
retiendra d"ailleurs aucune charge contre elle. Il n"en demeure pas moins que, pour lapremière fois, la Société accueillait en son sein un élément indésirable. »
29 Cinq autres
pensionnaires accèdent au sociétariat : Antoine Balpétré - dont on reparlera à la fin de la
période de guerre -, Julien Bertheau qui joue toujours des rôles importants dont le prince DonPedro de La Reine morte, Jean Meyer qui en cinq ans a déjà interprété 119 rôles et réalisé 3
mises en scène, Mony Dalmès, Renée Faure, l"une et l"autre formant un intéressant duo de jeunes premières ...Pour la première fois depuis 1938, la moyenne des rôles joués est en augmentation : 5,59 et le
nombre des rôles repris est le plus élevé depuis 1938 : 10, 9. La moyenne des rôles créés et
27 Gisèle Casadesus, Le jeu de l"amour et du théâtre, p. 153, Philippe Rey, 2007.
28 Nous évoquerons dans notre édition de 1943, le douloureux départ de Fernand Ledoux qui, sur sa demande,
fait valoir ses droits à la retraite au 31 décembre 1942.29 Marie-Agnès Joubert, opus cit. p. 68
10 repris s"élève à 14,12. C"est encore Jean Meyer - comme en 1941 - qui tient le plus grand nombre de rôles : 33. Il est suivi par Jacques Charon (31) et Jean Valcourt (30). Les matinées poétiques restent nombreuses en toute logique puisque l"on rappellera que Jean- Louis Vaudoyer, fin lettré, avant d"être nommé administrateur, fut le grand ordonnateur desmatinées poétiques. Alternent poètes classiques (Virgile, La Fontaine , Musset, Stendhal,
Héredia ...), modernes (Mallarmé, Valéry, Paul Fort, Tristan Derème, Claudel ...) et
itinéraires thématiques (le masque et le couteau ou la poésie et le théâtre, le dialogue lyrique
de Ronsard à Mallarmé ...) En dépit des circonstances et des jugements que l"on peut porter sur la valeur de telle ou tellecréation, 1942 reste une grande année dans l"histoire de la Comédie-Française. L"année 1942
avec l"année 1943 qui va suivre, demeure une année phare que retient l"histoire du théâtre.
Elle est à mettre au crédit de Vaudoyer qui sut attirer un nouvel auteur, Henry de Montherlant,
comme l"avait fait avant lui Edouard Bourdet amenant François Mauriac au théâtre avec
Asmodée et en n"hésitant pas à faire confiance à Jean-Louis Barrault, véritable animateur de
théâtre et metteur en scène de grand talent comme le prouvera la suite de sa carrière.Jean Knauf
111. La Troupe
12 13Administrateur : Jean-Louis Vaudoyer
Sociétaires
André Brunot Madeleine Renaud
Denis d"Inès Marie Bell
Jean Yonnel Mary Marquet
Georges Lafon Andrée de Chauveron
Fernand Ledoux (retraité au 31 décembre) Catherine FonteneyPierre Bertin Germaine Rouer
Jean Weber Jeanne Sully
André Bacqué Henriette Barreau
Pierre Dux Gisèle Casadesus
Maurice Escande
Irène Brillant (sociétaire au 1
er janvier)Maurice Donneaud
Mony Dalmès (sociétaire au 1
er janvier)Maurice Chambreuil
Renée Faure (sociétaire au 1
er janvier)Jean Martinelli
Aimé Clariond
Jean Debucourt
Antoine Balpétré (sociétaire au 1
er janvier)Julien Bertheau (sociétaire au 1
er janvier)Jean Meyer (sociétaire au 1
er janvier) 14Pensionnaires
Pierre de Rigoult Jane Faber
Marcel le Marchand Marcelle Gabarre
Jean le Goff Lise Delamare (départ)
Jean Valcourt Denise Clair
Louis Seigner Nadine Marziano
Jean Deninx Maria Fromet
Jean-Louis Barrault Françoise Delille
Georges Marchal (jusqu"au 31 juillet) Geneviève AugerJean Marais (jusqu"au 31 juillet)
Denise Bosc (engagement au 1
er mai)Jacques Charon (engagement au 1
er janvier) Clarisse Deudon (engagement au 1er septembre)Jean Chevrier (engagement au 1
er janvier) Mireille Perrey (engagement au 1er septembre)Yves Furet (engagement au 1
er mars)Jean Desailly (engagement au 1
er septembre)Coryphées
Nicole Chollet à partir 1
er janvierMichel Vadet à partir du 1
er juinMarie Aldona à partir du 1
er janvierJ. Deslandelles à partir du 1
er juinJeanne Dehelly à partir 1
er septembre 15Sociétaires honoraires
Jules Truffier
Georges Berr (décédé le 21 juillet)
Raphaël Duflos
Eugénie Segond-Weber
Marie Leconte
Emile Dahelly
Béatrix Dussane
16 172. Créations
et nouvelles présentations 18 19Lundi 9 février
Gringoire
Comédie en 1 acte, en prose, de Théodore de Banville (575°)30 MM.Denis d"Inès Louis XI
Georges Lafon Simon Fournier
Antoine Balpétré Olivier-le-Daim
Jean-Louis Barrault Pierre Gringoire
MmesGermaine Rouer Nicole Andry
René Faure Loyse
Mise en scène de Denis d"Inès
Décor de Suzanne Lalique
30 Création à la Comédie-Française le 21 juin 1866.
20Lundi 9 février
Le Barbier de Séville (919°)
31Comédie en Trois actes de Beaumarchais
MM.André Brunor Bartholo
Pierre Bertin Bazile
Jean Weber Almaviva
Pierre Dux Figaro
Marcel Le Marchand Le notaire
Louis Seigner La Jeunesse
Jacques Charon L"Eveillé
Georges Marchal Un alcade
MmeMadeleine Renaud Rosine
Mise en scène de M. Pierre Dux
Décors de Mme Suzanne Lalique
Musique de M. Louis Beydts
Orchestre de M. R. Charpentier
31 Création à la Comédie-Française le 23 février 1775.
21Lundi 16 mars 1942
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