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Bachelor of Arts en travail social
Haute École de Travail Social - HES-SO//Valais - Wallis, SierreRéalisé par : Shera Sejdija
Bach 17, service social, plein temps
Sous la direction de : Viviane Cretton
Sierre, le 12 février 2021
Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
2Remerciements
Je tiens particulièrement à exprimer mes remerciements aux personnes qui m'ont aidée àréaliser mon Travail de Bachelor. Grâce à leurs compétences diverses et leur disponibilité, j'ai
pu achever mon travail de recherche. v Madame Viviane Cretton qui est ma directive TB. Je la rem ercie pour toutes les suggestions et son suivi durant tout ce processus.v Les 4 participantes qui ont accepté de témoigner. Je les remercie pour leur disponibilité.
v Une amie à moi, Kenza Kebaili, étudiante en Science Politique à Lausanne, qui a relu et corrigé ce travail.Déclaration
" Les opinions émises dans ce travail n'engagent que leur auteure » " Je certifie avoir personnellement écrit le Travail de Bachelor et ne pas avoir eu recours à d'autres sources que celles référencées. »" Tous les emprunts à d'autres auteur·e·s, que ce soit par citation ou paraphrase, sont clairement
indiqués. »" Le présent travail n'a pas été utilisé dans une forme identique ou similaire dans le cadre de
travaux à rendre durant les études. »" J'assure avoir respecté les principes éthiques tels que présentés dans le Code éthique de la
recherche. » " Je certifie également que le nombre de signes de ce document (corps de texte, sans les espaces) correspond aux normes en vigueur »Shera Sejdija
Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au masculin générique : ils sont à la fois valeur d'un féminin et d'un masculin.Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
3Résumé
En résumé, ce Travail de Bachelor se porte sur une problématique peu connue par la société qui
est la famille des personnes qui purgent une peine de prison à long terme.Ce travail m'a donc permis de m'intéresser à un thème qui est encore assez " tabou » lié à la
criminalité et de donner la parole à des personnes dont la souffrance reste encore, à ce jour,
méconnue.En effet, la famille et la personne détenue renvoient communément une image assez péjorative
due au côtoiement du monde carcéral. La personne détenue est vue comme un " criminel » et
sa famille comme " complice ». Ce Travai l de Bachelor met en lumière les diffé rentesproblématiques que rencontrent la famille après que le père/époux soit mis en maison d'arrêt.
Afin de mener à bien cette problématique, trois concepts théoriques vous seront présentés: le
milieu carcéral, la famille de la personne détenue ainsi que la stigmatisation. De plus, grâce aux témoignages effectués par quatre personnes, notamment par trois femmes d'origine albanaise et une assistante sociale, j'ai pu consolider une analyse à partir du cadre théorique.D'une part, nous verrons que la famille fait face à une grand précarité matérielle. D'autre part,
le regard que la famille subit par son entourage l'amène à se retirer et être exclue de la vie
sociale. Pour finir, nous verrons que la culture influence fortement ce processus d'enfermement.Ici, il sera question de la culture albanaise. En parallèle, les familles évoquent également le fait
que peu d'aide existe et que leur souffrance est minimisée voire invisibilisée.Mots clefs
Prison-Epoux-Mari-Femme-Epouse-Rôle Social -Stigmate-CriminalitéBachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
41 Table des matières
2 Choix de la thématique .................................................................................................................... 6
3 Motivations ..................................................................................................................................... 6
4 Question de départ et problématique ............................................................................................... 6
5 Objectifs .......................................................................................................................................... 7
5.1.1 Professionnels ................................................................................................................. 7
5.1.2 Personnels ....................................................................................................................... 8
6 Lien avec le travail social ................................................................................................................ 8
7 Le cadre théorique ........................................................................................................................... 9
7.1 La population carcérale ........................................................................................................... 9
7.1.1 Le milieu carcéral .......................................................................................................... 10
7.2 La famille de la personne détenue ......................................................................................... 11
7.2.1 La famille en crise ......................................................................................................... 12
7.3 Stigmatisation des proches des détenus ................................................................................. 16
7.3.1 Définitions ..................................................................................................................... 16
7.3.2 L'étiquetage et la stigmatisation .................................................................................... 17
7.3.3 Le stigmate et la haine de soi ........................................................................................ 18
8 Méthodologie ................................................................................................................................ 19
8.1 Question de recherche ........................................................................................................... 19
8.2 Les hypothèses de compréhension ........................................................................................ 19
8.3 Le terrain d'enquête et échantillon ........................................................................................ 20
8.4 Les personnes interrogées et la prise de contact .................................................................... 20
8.5 Les méthodes de collecte ....................................................................................................... 21
8.6 Risques méthodologiques ...................................................................................................... 22
8.7 Déroulement de l'entretien .................................................................................................... 22
8.8 Impression personnelle .......................................................................................................... 23
8.9 Enjeux éthiques ..................................................................................................................... 23
9 L'analyse ....................................................................................................................................... 24
9.1 État de la famille avant l'emprisonnement ............................................................................ 24
9.2 La désorganisation familiale ................................................................................................. 27
9.2.1 La crise familiale ........................................................................................................... 27
9.3 La réorganisation familiale : ................................................................................................. 30
9.3.1 Le rétablissement .......................................................................................................... 30
9.3.2 La réorganisation ........................................................................................................... 31
9.4 La stigmatisation et la honte .................................................................................................. 35
Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
59.4.1 L'image sociale ............................................................................................................. 35
9.4.2 La honte ......................................................................................................................... 36
10 Résultats .................................................................................................................................... 37
10.1 Synthèse de l'hypothèse 1 ..................................................................................................... 37
10.2 Synthèse de l'hypothèse 2 ..................................................................................................... 38
10.3 Synthèse de l'hypothèse 3 ..................................................................................................... 38
10.4 Réponse à ma question de recherche ..................................................................................... 39
11 Réflexion liée à la pratique professionnelle .............................................................................. 40
12 Partie conclusive ....................................................................................................................... 41
12.1 Nouvelle vision de la problématique ..................................................................................... 41
12.2 Nouveaux questionnements ................................................................................................... 41
12.3 Évolution professionnelle et personnelle ............................................................................... 42
12.4 Bilan méthodologique ........................................................................................................... 42
12.5 Pistes d'actions ...................................................................................................................... 43
12.6 Conclusion finale .................................................................................................................. 44
13 Bibliographie ............................................................................................................................. 45
14 Annexes ..................................................................................................................................... 47
14.1 Annexe 2 : canevas des entretiens pour les femmes .............................................................. 48
14.2 Annexe 3 : canevas pour l'assistante sociale ......................................................................... 50
Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
62 Choix de la thématique
Par ce travail, j'ai dirigé une recherche autour du milieu carcéral. Le monde de la prison est, à ce jour,
un sujet encore " tabou ». Je suis arrivée à cette constatation grâce entre autres aux conversations que
j'ai pu entretenir avec des amis ou des collègues de travail.Selon l'Office Fédérale de la statistique, près de 9'000 personnes sont en prison en Suisse. (OFS) Ces
personnes sont incarcérées, car elles ont commis un délit ou un crime. Celles-ci sont amenées ensuite, à
réintégrer la société une fois leur peine terminée. Durant cette dernière, les familles et proches des
détenus subissent également les conséquences de l'emprisonnement. Cette problématique est néanmoins
peu connue du grand public. C'est pourquoi je trouve pertinent et intéressant de mener une analyse sur
cette thématique dans le cadre de mon Travail de Bachelor.J'ai moi-même connu des familles qui ont dû faire face à l'emprisonnement d'un proche. Ainsi, cela fait
plusieurs années que je m'interroge sur ce sujet. Ces personnes se retrouvent souvent isolées de la
société. Par ailleurs, ayant connu des situations de ce genre, je peux dire que j'ai ressenti qu'il y avait
une image très négative pour le détenu et sa famille.3 Motivations
La raison principale qui m'a amenée à m'intéresser au domaine carcéral et élaborer un travail de
recherche sur ce sujet est que j'ai moi-même connu des personnes qui ont vécu la prison dans ma vie
professionnelle et personnelle. Leurs expériences et leur récit de vie m'ont bouleversée, car j'ignorais
en effet l'ampleur des conséquences que cela pouvait engendrer sur une vie.Le milieu carcéral est très fermé. Ce terme " prison » évoque en moi un monde secret auquel nous
n'avons pas accès. Entrer dans une prison est très difficile sans autorisation et dans la société, il s'agit
d'un endroit caché.La sociologue Géraldine Bouchard, définit la détention comme un processus de "prisonniérisation». En
d'autres termes, la famille doit inclure la prison dans son quotidien. (Bouchard, 2007)J'aimerais documenter par ce travail la souffrance que subissent l'épouse et les enfants d'un individu
condamné à une peine d'emprisonnement. Par la suite, j'aimerais identifier les ressources que ces
femmes et enfants mettent en place afin de retrouver une nouvelle stabilité familiale pendant l'absence
du mari. J'ai choisi de traiter le point de vue de l'épouse, car les hommes représentent 95% de la
population carcérale en Suisse selon l'OFS. (OFS, 2020)Je suis intéressée à en apprendre davantage sur la manière dont est vécu un enfermement carcéral pour
l'ensemble de la famille.4 Question de départ et problématique
Le but de mon travail est de mettre en évidence les multiples problématiques que rencontrent les auteurs
de délits qui ont été isolés de la société ainsi que les conséquences sur leur famille.
J'ai mené une recherche à partir du moment où le jugement pénal a été prononcé. Comme je m'intéresse
aux détenus ainsi qu'à la crise familiale que l'incarcération engendre, ma recherche se porte sur les
individus qui purgent une privation de liberté à moyen ou long terme, c'est-à-dire deux ans et plus. Par
la suite, je m'intéresserai uniquement aux modèles des familles traditionnelles, c'est-à-dire, un couple
et des enfants dont le père est en maison d'arrêt. J'ai choisi de traiter ce sujet, car comme précité, les
hommes représentent 95% de la population carcérale en Suisse selon l'OFS.Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
7Comme il y a davantage de familles concernées par cette problématique, il sera pour moi plus facile de
trouver des témoignages pour mon Travail de Bachelor.Dans le modèle de famille " traditionnelle », l'homme travaille et son épouse reste à la maison. Dans
cette conception, le rôle de l'homme et de la femme est bien distinct. C'est pourquoi il est selon moi
pertinent d'enquêter sur ce type de famille " traditionnelle », afin d'analyser quelles ressources sont
mobilisées par la famille pour combler ce vide important qui est le père de famille.Lorsque j'ai commencé à chercher mon terrain d'enquête, la première femme à témoigner était d'origine
albanaise. Ainsi, plusieurs éléments importants liés à la culture albanaise sont ressortis. Ce qui par
conséquent m'a fortement intéressée et motivée à aiguiller cette recherche à questionner uniquement des
familles originaires du Kosovo 1 Par ailleurs, je traiterais la question du genre dans mon travail de Bachelor. Comme le mentionneGéraldine Bouchard, la prison est un monde uniquement composé d'hommes, le besoin de se montrer
viril est parfois ressenti. (Bouchard, 2007)Lorsque j'ai pu accompagner une connaissance dans ce processus d'emprisonnement, j'ai relevé, lors
de nos visites, que le conjoint interdisait à son épouse de porter certains bijoux ou essayait de lui imposer
un style de vie. J'ai donc relevé un besoin de domination masculine de la part de son époux. (Bourdieu,
1990)Dès lors, comme nous sommes dans une constante évolution sociétale autour de la place de la femme et
étant donné l'enjeu du rôle social dans cette thématique, je vais aborder les inégalités de genre ainsi que
le poids du patriarcat dans le public étudié.Ainsi ma question de départ est :
Quelles problématiques et enjeux sociaux pour des épouses albanaises face à l'incarcération de leur époux ?5 Objectifs
Pour mener cette recherche autour de la famille des détenus, je me suis fixée les objectifs ci-
dessous5.1.1 Professionnels
è Approfondir mes connaissances théoriques en lien avec cette thématique ; è Prendre connaissance de ce qui existe au niveau social et du soutien pour les familles et les détenus ; è Acquérir des outils professionnels à appliquer lors de ma future carrière. Analyser la place du travailleur social dans la société ; è Comprendre les enjeux sociaux pour le détenu et sa famille ; è Comprendre les conséquences d'une incarcération sur une famille ; 1Personne albanophone du Kosovo
Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
85.1.2 Personnels
è Gérer le stress pour la réalisation d'un Travail de Bachelor ; è Découvrir le ressenti des femmes et des enfants ; è Acquérir des outils personnels afin de favoriser le lien social dans le monde de la prison ; è Prendre en compte la dime nsion émotionnelle dans l'accompagnem ent en milieu carcéral ;6 Lien avec le travail social
À mon sens, la place du travailleur social dans le monde carcéral est très pertinente. En effet, avoir un
accompagnement social fait partie des droits 2 du détenu.Du point de vue du prisonnier, avoir un suivi avec un assistant social permet avant tout, de maintenir
des relations sociales durant l'incarcération. La personne se retrouve en effet isolée, le travail de
l'assistant social peut donc s'orienter et se concentrer sur la réinsertion sociale et professionnelle en vue
de la future sortie du détenu. En effet, j'ai eu la chance de visite la prison Crète Longue dans le cadre
du module G6, l'assistante sociale a mis en exergue le travail qu'elle effectue.Par ailleurs, l'assistante sociale de Crète Longue nous a affirmé qu'elle était disponible pour les proches
du détenu en cas de besoin et de questions. Elle nous a également indiqué qu'au niveau de la société peu
d'éléments étaient à disposition pour ces familles se retrouvant en pleine crise.Personnellement, en tant que future travailleuse sociale, une sensibilisation ainsi qu'une prévention
autour de cette stigmatisation me sera bénéfique.Enfin, le travail d'un assistant social est pour moi multifonctionnel. En effet, il doit se préoccuper du
détenu concernant ses droits ainsi que sa réinsertion. Il doit également se concentrer, au maintien des
liens familiaux ainsi qu'essayer de déconstruire le stéréotype " criminel » aux yeux de la société.
2Article 75 du Code pénal suisse
Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
97 Le cadre théorique
Pour problématiser ma recherche, J'ai développé trois principaux concepts. Dans un premier temps, je
vais commencer par définir la population carcérale. Dans un deuxième temps, je vais présenter le
concept de la famille de la personne détenue. Finalement, je vais exposer la notion de la stigmatisation
du détenu et de ses proches.7.1 La population carcérale
Je vais commencer par vous parler de la population carcérale. Pour comprendre celle-ci, j'ai décidé
d'aborder l'organisation de la société ainsi que la notion de la " déviance ».Dans une société, il y a des normes sociales et des valeurs. Cependant les valeurs sont des interprétations
personnelles, le sens qu'on leur donne est différent pour chacun. En revanche, les normes sociales
relèvent d'un comportement qui peut être sanctionné socialement si on ne les respecte pas. Bien que les
normes ne sont pas des lois, notre système juridique s'est inspiré de ces normes sociales pour élaborer
des lois afin de garantir la sécurité des citoyens. (Becker, 1985)Les normes et les lois ne sont pas " en dehors » de la société, elles sont conçues par des individus au
sein de la société, pour son bon fonctionnement. L'auteur explique donc que la criminalité est à la fois
une transgression des lois pénales et des normes sociales.§ Mucchielli nous donne la définition suivante pour la Déviance : " Pour qu'une situation de
déviance existe, il faut que soient réuni s trois élém ents : l'existence d'une norme, un
comportement de transgression de cet te nor me, un processus de stigmatisation de cett e transgression ». " Le point commun de tous ces comportements (déviants), c'est le fait qu'ilssont tous condamnés par différentes normes sociales, reconnues ou pas par le droit, partagées
à des degrés divers dans les différents groupes sociaux qui composent une société à un moment
donné de l'histoire. (Mucchielli, 1999, pp. 20-25) Selon Howard Becker dans son livre Outsiders, " Les groupes sociaux instituent des normes dont latransgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant
comme déviants. De ce point de vue, la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis, mais plutôt la
conséquence de l'application pour autrui de règles et de sanctions à l'encontre d'un " contrevenant ».
Le déviant est un individu auquel cette désignation a été appliquée ; la déviance est une conduite
qu'autrui désigne de cette manière ». (Becker, 1985)En d'autres termes cela veut dire que la déviance n'est pas un comportement en lui-même, mais celui-
ci relève d'une interaction entre la personne qui commet l'acte et celle qui réagit à cet acte. Suite à la
réaction de la transgression, cela permet de repérer la norme imposée par la société. La déviance est un
comportement construit par un groupe social qui définit les normes d'une société. (Becker, 1985).
La société impose des modèles de comportements afin de maintenir la cohésion sociale. Toutefois,
Durkheim définit le crime comme fait social " normal ». En effet, selon le sociologue, la déviance est
révélatrice d'un désordre social. La société n'a pas su intégrer certaines personnes dans la société.
Celles-ci sont victimes d'inégalité sociale. Les personnes soumises à des inégalités auront en effet moins
de chance d'avoir accès aux prestations proposées par la société. Ce groupe de population va donc
transgresser la norme afin de pouvoir y accéder. (Durkheim, 1894, pp. 65-72).Le sociologue Jean-François Dortier cite la théorie de Robert Merton dans son ouvrage " entre théorie
et empirisme », la sociologie de RK. Merton. Celui-ci ajoute un complément à la théorie de Durkheim :
chaque société a des buts hiérarchisés et des moyens légitimes pour les atteindre.Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
10 Il nous explique alors que pour les personnes ayant un décalage entre les buts et les moyens, latransgression est une réaction normale pour atteindre les buts fixés si ces personnes n'en ont pas les
moyens. Ce comportement découle du manque de ressources, ainsi la classe sociale populaire est particulièrement visée. (Dortier, 2009)Une inégalité sociale est une différence perçue comme injuste dans la distribution des ressources
sociales. Elle inclut des possibilités d'actions sociales telles que politiques, économiques, culturelles et
sociales. Les grandes inégalités concernent par exemple l'accès à la formation, l'accès à la culture,
l'accès au logement ou encore l'accès à la santé. De plus, ces personnes sont davantage sujettes à des
discriminations et aux stigmates en raison de leurs différences. (Bourdieu, 1970 )Le sociologue français Pierre Bourdieu met en lumière ces différentes inégalités sociales. Selon lui, les
différents capitaux économiques, sociaux et culturels expliquent ce phénomène.• Le capital économique : l'ensemble des biens matériels possédés par un individu et son revenu
• Le capital social : le réseau de relations personnelles qu'un individu peut mobiliser. Ce réseau est en partie hérité par les relations familiales. • Capital culturel : l'ensemble des ressources culturelles dont dispose un individuSelon, Pierre Bourdieu, les trois capitaux sont liés. Si notre capital économique est élevé, notre capital
social et culturel le sera aussi. Il est également important de relever que la classe sociale dans laquelle
on vit influence nos goûts, nos pratiques ainsi que notre identité. (Bourdieu, 1970 )Il est important de relever de quelles classes sociales proviennent les personnes incarcérées. Comme je
m'intéresse à la crise familiale à la suite d'un emprisonnement, le statut social économique est important,
car celui-ci détermine la manière de gérer la situation au sein de toute la famille.En effet, selon Gérard de Coninck qui était professeur à l'École de criminologie de l'Université de
Montréal, les conséquences de l'incarcé ration sur la famille varient en fonct ion des r essources
matérielles, des diplômes, de la part icipation s ociale de l'épouse et si ce tte dernière exe rce une
profession ou non. (Coninck, 1982),7.1.1 Le milieu carcéral
Selon le dict ionnaire en ligne Larousse, nous pouvons défi nir le milieu c arcéral comme un :
" Établissement où sont détenues les personnes condamnées à une peine privative de liberté ou en
instance de jugement ». (Larousse, s.d.)Le philosophe Michel Foucault, explique que la prison a un but punitif. De ce fait, lorsqu'une personne
commet un délit, en d'autres termes, transgresse les normes de la société, elle se retrouve privée de
liberté en raison du désordre social qu'elle a engendré. Foucault nous indique également que le but de
cette punition n'est pas la réparation du tort, mais l'évitement de la récidive. Il faut donc que la loi
prévoie une sanction adaptée par rapport à l'infraction commise pour que l'individu ne recommence
plus et que la cohésion sociale soit rétablie. (Foucault, 1975).7.1.1.1 Sanction pénale moderne
Marc Ancel, auteur d'une théorie de la politique criminelle appelée " la Défense sociale nouvelle »,
nous invite à voir le système pénal d'un point de vue de la défense de l'humain. " L'humanisme
judiciaire caractérise son courant et met sur le devant de la scène la défense sociale, la réhabilitation
et la réinsertion du délinquant. Pour lui, la première nécessité est de faire en sorte que socialement
réinséré, le délinquant ne commette plus d'infraction. Le but est donc de lutter contre la récidivité. »
(Ancel, 1954)Bachelor of Arts en Travail Social Shera Sejdija
117.1.1.2 " La récidive comme fondement »
Le centre européen de formation au coaching professionnel nous éclaire également sur les conditions et
les conséquences de l'isolement sur un individu suite à un délit. En effet, le centre explique que la peine
doit sans doute atteindre l'humain dans sa dignité et son honneur. L'individu qui a enfreint les règles
doit être sanctionné afin de réparer le tort qui a été causé à la société. De ce fait, la personne doit alors
être privée de sa liberté afin de déclencher une prise de conscience du " mal » dans le but d'éviter toute
récidive (coaching, 2016). Comme le dit Foucault, l'objectif est d'arriver à un " vivre ensemble » et de
ne représenter plus aucun danger pour la société. L'idée de cette atteinte à la dignité est de décourager
l'individu à récidiver à l'aide d'une sanction à la hauteur de son but. (Foucault, 1975)Selon une étude canadienne sur l'évaluation du risque de récidive, il est impératif de prendre en compte
plusieurs facteurs afin de déterminer s'il y a une menace ou non de ce genre de comportement. Cesfacteurs sont ainsi liés à des facteurs statiques et dynamiques lors de l'arrestation. (Vacheret, 2005)
• Facteur statique : âge, infraction, peine et incarcérations antérieures • Facteurs dynamiques : emploi, relations matrimoniales et familiales ainsi que les relations socialesNous soulevo ns donc que le risque de réci dive et la réin sertion soci ale grâc e à l'entourage sont
intimement liésLa psychiatre Alexandra Baratta explique également que le risque de récidive est une évaluation de la
dangerosité criminelle. Premièrement, l'instabilité professionnelle, la qualité de vie conjugale et les
antécédents judiciaires s ont des facteurs aggravant le risque. À cela, s'ajoute un comportem ent
antisocial 3 , en d'autres termes, une personnalité antipathique et/ou impulsive. De plus, une dépendanceliée par exemple à l'alcool ou à une drogue augmente significativement les risques de récidive. Tous ces
aspects mis en tension peuvent nous éclairer sur le potentiel niveau de la dangerosité criminelle de
l'individu. Globalement, évaluer la capacité de discernement est un enjeu important. En effet, elle nous
rend attentifs sur la prise de conscience du délinquant quant à son infraction. Nous pouvons remarquer
ce phénomène par le biais du comportement de l'individu : si celui-ci minimise ou banalise par exemple
son acte. (Baratta, 2011)Toutefois, Alexandra Baratta avec son analyse nous explique que même si une personne réunit tous les
facteurs à risque, celle-ci ne recommencera pas automatiquement à commettre d'autres délits. Nous ne
pouvons donc pas présager avec certitude un avenir judiciaire sous prétexte que l'individu présente un
risque accru de récidive. (Baratta, 2011)7.2 La famille de la personne détenue
Jusqu'ici, nous avons pris connaissance de la population carcérale. Le point de vue que nous avons
abordé était davantage centré sur le détenu ainsi que sur les liens qu'il pouvait entretenir avec sa famille.
Par conséquent, dans cette partie du Travail de Bachelor, nous nous pencherons davantage sur lesquotesdbs_dbs35.pdfusesText_40[PDF] pourquoi travailler dans le domaine de la santé
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