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J.-B. WECKERLIN
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Document
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A It)i\ ONCLE
3.-B, WECKERLIN
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Im maye ;lfl'eeIueux au v°n°r°
doijen de la famille ('t l'in.fa- ligaliiL' travailleur octoq°natre.J.-B. 1VECIERLIN
Lyon, le 1r Janvier I9O.
rJ. B. W.
P R EF'A CE
L'histoire (les corporations d'arts et m°tiers au moyen ge est un th°ine qui occupe depuis longtemps les chercheurs et les savants de fous les pays. Les °tudes sorties (le leu,' plume formeraient une biblio- graphie assez volumineuse et qui serait trs instruc- tive'. Depuis la publication du livre des m°tiers d'Etienne Boileau " par G.-!?. Depping, ouvrage qui fut une v°ritable r°v°lation, le sujet a f.-lit fortune. Les corporations d'arts et m°tiers ont °t° examin°es aux points de vue les plus (lifl'°renls organisation des corporations, r...le religieux, politique, social, °cono- mique., etc., etc., niais le c...t° industriel, la partie technique, moyens de production, outillage des artisans, proc°d°s de fabrication n'ont fait, jusqu'ce jour, l'objet d'aucune °tude approfondie. Pourquoi l'histoire technologique des arts et m°tiers au moyen 4ge, a-t-elle °t° n°glig°e ?1l serait cependant I Nous n'oublions pas In bonne bibliograpbe des corporations ouvrires par Il. Blanc, Paris, t85; mais cette publication embrasse une p"riode Li-s vaste; elle part de I'oriine et va jusqu' l'ann"e I789. En outre, elle ne se rapporte qu'aux documents fran...ais ou "crits en langue fran...aise. Depuis l'a nnedc sa publication les ouvra- ges nouveaux Sut' CC Sujet sont fort nombreux. --8 int°ressant de connaitre les proc°d°s de /briea!ioi qui °taient employ°s par les humbles pr°d°cesseurs de nos grands industriels modernes. Bien (les inventions, aux- quelles on assigne une date relativement r°cente, se retrouveraient ; une °poque qu'on qualifie encore assez volontiers d'obscure lorsqu'il s'agit de technologie. Le chercheur patient ferait des trouvailles curieuses et il pourrait inscrire en fte de ses recherches .' Nihil non sub sole! " Il y a l; un terrain, trs vaste qui est encore en fri- che, mais, h°las ! il ne faudrait pas entreprendre ce dur labeur dans l'espoir d'un lucre, mme modeste... Ceux qui devraient encourager particulirement les °tudes de ce genre, nos industriels, n'ont i'' (le temps consacrer . la lecture (le u vieux documents qui ne feuj' rapporteraient aucun avantage mat°riel, aucun perfectionnement nouveau. Ifs ont d°/; fort i faire pour se tenir au courant des publications modernes, in du.s'trielles et scient ifiques. La lutte pour l'existence, dans notre sicle de vapeur. (/°leCI'iCif e' (et d'argent), est tellement pre qu'ils n'ont que faire des proc°d°s (le fabrication de leurs confrres des mie, XIIIC etXIVe sicles, u re(/ulesCant in pace / "
Ce n'est donc pas eux qu'il faudrait s'adresse,'
pour rencontrer des S!IFflp1t hies et des encouragements. C'est encore auprs rie l'historien, de l'°conomiste, de l'arch°ologue toujours heureux de voir un nouveau rayon de lumire p°n°trer dans l'histoire du moyen ;ge, que des °tudes de ce genre trouveraient un accueil favorable. Les notifa pour lesquels les questions technologi- ques n'ont °t° qu'effleur°es jusqu'; ce jour peuvent se r°sUmer ainsi: Lev documents publi°s renfermant des indications int°ressant l'ex°cution (lu travail au moyen les donn°es r°ellement techniques, sont encore rares. C'est le tramail de l'historien, dit de les mettre nu jour. Une fois que ces documents seront accessibles, en grand nombre, au technicien pr°par° par des °tudes approfondies ; les comprendre, son °ducation industrielle, technique, lui permettra de nous les e.vpliquer. M. II. Pirenne, de l'Universit° tic Gand, l'historien moderne de la Belgique. n compris le grand int°rt que pr°senteraient des recueils de documents de ce genre, et il nous pr°pare en collaboration avec 31. Es- pinas. de Paris, la publication de foutes les pices, ordonnances, rqienients, etc., concernant l'art de la draperie dans les Flandres au moyen ge. iVui doute que ces documents, se rapportant .' une °poque o les Flandres d°tenaient pour ainsi dire le monopole de la fabrication, de la belle draperie /imze, ne nous r°vlent une infinit° de d°tails trs int°ressants pour les diff°- rentes phases de la fobricat ion des (issus (le laine. Un travail documentaire analogue se m'apportant aux r°pu- bliques de l'Italie du Nord serait un digne pendant au travail entrepris par M. Pirenne 1. Doi,i, dans sa belle et consciencieuse "tude ur l'art de la perie Florence, que nous aurons citer souvenL dans le cours de notre travail, avoue lui-mme avoir "t" oblig" de n"gliger la partie technologique. Cependant, il nous donne quelques jt1i'cs inttres - sanies dans les documents justilicatifs. Nous regrettons vivement que certaines pices uniques, pal' exemple celles concernant l'art de la teinture, n'aient pas "L& publi"es int"gralement. - 10 - Pour la France, en g°n°ral, nous poss°dons le grand recueil classique des Ordonnances des rois de France de la troisime i'ace " par La.urire, Secousse, de Ville- rauli, etc..., publi° de 17.3 4 1849. Cet ouvrage, au point de vue des arts et m°tiers, donne un grand nom- bre de pices int°ressantes, mais il n'°puise nullement le sujet, car il ne contient que des ordonnances royales 1°L'essai que nous donnons dans les quelques pages
qui vont suivre, sur l'°tymologie du mot °carlate et sur sa siyni/icat ion au moyen ge, a pour but dc d°mon- Irer que la connaissance approfondie de l'histoire tech- nologique des arts et m°tiers pourrait tre d'un pr°- cieux concours pour l'explication de textes rest°s incompr°hensibles et jeter °galement de la lumire sur l'°tymologie de certains mots sur lesquels on n'a °mis .jusqu'pr°sent que des hypothses. Dans le cas particulier de l'art de la draperie qui va nous occuper, cet essai laissera, nous l'esp°rons, l'impression que les draps fins fabriqu°s au moyen ge n'°taient pas com- parer aux draps grossiers que fabriquent aujourd'hui encore nos montagnards pyr°n°ens et alpins, ou les habitants des steppes russes, comme l'ont pr°tendu certains auteurs, mais bien des draps d'une beaut° et d'une finesse comparables aux plus beaux produits de notre industrie moderne. Sans entrer dans d'autres d"tails, nous tenons cependant mentionner ici les Monuments in"dits d'A. Thierry, puis les Recueils de documents, publi"s par M. Fagniez.LE DRAP "ItH t 1tt4tLI J
AU M O Y EN A ( E
et notes techniques sur la fabrication de ce drap de laine au moyen ae 1INTRODUCTION
Une question rest"e encore assez obscure, malgr"
le grand nombre de personnes, historiens, linguistes, arch"ologues, etc., qui s'en sont occup"s, est celle de l'"tymologie et de la v"ritable signification du mot escarlale au moyen ge. De prime abord, la ques- tion semble trs embrouill"e, car nous trouvons (les textes (le la mme "poque, oit "carlate est tantt em- ploy"e dans le sens de couleur rouge, tantt dans le sens (le qualit" de drap, sans distinction (le coloris.Voici deux exemples typiques o Item que nul dra-
pier, chapperonnier ne autre, ne vende drap pour u escarlate. se il n'est tout pur de graine, sans autre mislion de tainture quelconque'.... u
.ucun doute n'est possible ; d'aprs cet exemple, "carlate d"signe un drap rouge, teint en graine et est I-cg1cxnent des drapiers de Paris de 1362,5. - Lespinasse, les M°tiers et Corporations de Paris, t. Iii, p. t4. - 12 - nettement employ" dans le sens de couleur. Autre exempleDe par la duchesse de Bourgogne. - ° Baillif. - Nous vous prions tant acertes comme ° plus paons et pour cause qui moult louche noire honneur et flOtr(' estat que VOUS flOUS CflVOICZ (lues u esquallates blanches gont"e (le vermeil, une esqual- laie vernioille cl une au ire paonaee qui se traie aussi ...t comme sur morcy, c'est--dire qu'elle ait colour (le u droite violete. Et toutes ces quatre esquallates soient les meilleurs elles plus lins que l'on pourra recou- vrer, combien que elles dolent couster' .....u Ici, il s'agit de draps fins et (le diff"rentes couleurs.Le sujet. (le cette "tude nous fut sugg"r" par un
entretien que nous avons cil M. Pirenne. il y u environ deux ans, et o M. Pirenne "mettait lopiliioli que l'"tymologie du mol "carlate pourrait bien tre cherch"e dans le mot flamand seaerlakeu . scar- lakcn , drap-tondu. Nous pr"f"rons le sens (le drap tondre ou reteindre. Les raisons qui militent en fa- veur de cette "tymologie sont nombreuses, connue nous allons le voir dans la suite. Le mot scarlaken a pass" (le bonne heure dans la basse latinit" sans beau- coup de changements, sous la forme de n scailatumNous le retrouvons en langue picarde ortliographi
escarlaken2 dans Debaisne3 plusieurs endroits21 ni ai 1335. Extrait de Dehaisire, Documenhi et extraite divers con-
cernant l'Histoire de l'Art dans la FlanLit le,st;, t, I, p. 300.2 Exlrait (l'LlII C0tUi)Lt (1'\[Iris de I38(. ' Item a lIly prit VI beckets
LXII. idem u luv 1)ilL eseaiiitken suuvyn large, j verd et r hlanc Soci°t° d'°mulation pour l'°tude (le l'histoire et des antiqu. de InFlandre, t. Ii!, a s"rie, p. i;Ia.
3 l)ehaisrie, loc. cil,
- 13 -011 tlOIIV( cu tiiol "crit :scarlate n Il a "galement
pass" dans la langue anglaise sans modification essen- tielle sous la forme de scarlet n. L'addition de la voyelle initiale e aux primitifs latins commen...ant par se est presque g"n"rale et de la mme fa...on le se dans k mot flamand scarlaken s'est transform" en escarlaken et (le l en escarlate Nous avons retrouv" un exemple tout fait analo- gue d'"tymologie. en "tudiant un acte notari" (le i545 aux archives (fl pres'.A plusieurs reprises, nous avons rencontr" le mot
scan keloene qui, (le prime abord, nous "tait in- compr"hensible, mais qui ne pouvait logiquement, et dans tous les cas o nous l'avions trouv", tre tra- duit que par notre mot "chantillon. Dans d'anciens lexies nous retrouvons le mot orthographi"escan- tilloii et eschant.illo dans la langue anglaise, nous retrouvons ce mme mot sous la forme de scant- bu n. D'un autre ct", nos recherches faites en vue de trouver une "tymologie plausible (lu mot n "chan- tillon sont rest"es infructueuse,,,,. Avant de d"velop- per les arguments (111i parlent en faveur de la d"rivation du mot escarlate de n scarlaken n, d"monstration que nous esp"rons pouvoir faire plus facilement en nous appuyant situ l'expos" technique de la fabrication (les draps "carlates au moyen gc, nous croyons qu'il n'est pas hors dc propos (le consigner ici les diff"rentes oin- nions qui ont "t" "mises, autant au sujet de l'"tymolo - Pice analyse par Diegeiick, Inventaire des chartes 1 docunen/s de la ville (l'Ypres, L. V, p. 268. - 14 - logie que (le la signification (le ce mot.,par diff"rents auteurs et diff"rentes "poques Du CN;I: dit : scarlatum, scarlata, squalata, coccus, vel coccinus, vel pannus coccineus ..... et. plus loin, il dit : u latine vero grana tinctorum unde tingitur scar- latnm.....Quidam ex Arahico Yxqiierlat, qnod idem sonat deduclam vocem volunt u° Lesexemplesqu'il cite ne prouvent pas que le mot u scarlatum n'"tait em- ploy" que pour d"signer un drap rouge teint, en graine ou en kerms. Au mot escallata il cite des exem- ples qui contredisent l'opinion "mise au mot scarla- tum . par exemple u escarlate brune ", mais il aj6ute purpuram intelligo u. LA GrIINE DE SAIN17E-P.L.YE. u Escarlate . drap au xii' sicle. il signifie "Loffe (le pourpre. Et comme preuve il cite un passage de Thomas de Cantorhery u Donc devint li sainz hom plus vermeilz, quant ...o vit, que nen est escarlate u. - Il est partisan de l'acception (le drap invariablement rouge ; cependant son exemple n'est pas bien probant, car il a bien pu tre dans l'esprit de l'auteur de dire: que nen est escarlate vermeilz u, il n'a pas voulu r"p"ter deux fois ce mot. La Curne ajoute : A partir du xvi' sicle c'est une "toffe (le couleurs diverses. Voici l'avis de Brc1I.%NN 1 (le pre de la techno- logie) : On appelait la marchandise teinte en kerms scarlata, squarlata u, etc.,. tout le monde trouvera que ces mots ont une analogie trs grande avec notre t Beckmann, Bejrqe zar Geschich(e der Erfindunge,, t. Iii,Leipzig, 1792, )..
- 15 -- Scharlach , mais il n'est pas si facile de trouver la premire "tymologie de ce terme PEzR0N (Paul), dans les Antiquit"s de la nation et de la langue des Celtes 1, fait d"river "carlate de la la langue celtique et dit qu'il signifie autant que Gala- lieus rubor (rouge gaulois). Littr" est "galement tic cet avis. SPATEN dit que le mot o scharlacli est tout fait allemand et est d"riv" du mot Schor qui signifie le feu et o Laken , drap. Drap de feu, drap vif, couleur de feu.D'autres, d'aprs Beckmann veulent trouver une
certaine analogie entre les mots, quisquilium, cusculiumn ou scolecium employ"s par Pline et le mot scarlatum . Une autre "tymologie trs ing"nieuse, mais bien invraisemblable est celle cherch"e dans lerapprochement des deux mots kerms et laque (ltc/);en supprimant la seconde syllabe de kerms et en
mettant un s au commencement, on obtient,, skerlack et l'auteur ajoute Si on admet la d"rivation du mot arabe lack = rouge, cela signifierait vermiculare rubrum rouge de kerms). Si on admet la d"rivation du mot flamand laken , cela signifierait (c pannus ver- miculamis , drap teint en (kerms 3). HEISKE, dans ses remarques sur Constantini libr. de ceremoniis aube flyzantime ', dit vocabuluin ScharalParis, 1703.
Spaten (Stiler), der deulschen Spraehe Stambaum, Nurnberg,I(J,, tfl-., S. I062.
' Beckmann, (oc. rit., t. III, p. 4o.II, p. 13 H.
Li ww quo(I cocciiwum colorem notat litLexico non prostat liabetur taiiieii in Moallacah quinta. L'"ty- mologie (1tte'lleiske donne la m'me occasion du mot charlatan est plus int"ressante, il croit que les acro- bates, prestidigitateurs qui "taient au moyen ge habill"s de longe fuient appel"s e searlatati ou searlatani e, de l le mot charlatan. Mais la d"riva- tion du mot ciailare e, bavarder,, de l le mot italien u ciarlatano n. est Lotit aussi acceptable.LE GRANo n'Aussy "galement "prouve de l'embar-
ras pour expliquer le sens du mot "carlate, il (lit u Pour moi, sans vouloir entreprendre ici des discus- sions qui sont fort au-dessus de mes connaissances, je proposerai une conjecture c'est que pendant long- temps, l'"carlate et la pourpre ne s'"tant employ"es cause de leur chert" que pour la teinture (les draps les1)1115 lins, on donna par la suite le nom de pourpre et
d'"carlate, non la couleur, mais l'"toffe elle-mme, quelle que ft la couleur. Vii )LLET- LE-l)uc 2. Parmi ces "toffes (le luxe cl trs probablement (le soie, il fauL citer la pourpre et l'"car- late. Il y cil avait de toutes couleurs, et ces d"signations indiquaient une qualit", non point une nuance. GACHFT interprte le mot "carlate par "toffe d'un rouge "clatant. Quand l'explication (les diverses nuances de l'"toffe qui poilait ce nom, cet auteur dit t Note 3 au Laide Lanval (Fabliaux ou contes), "cit. de HenouardL. 1,.181 e.
2 Dans le Dicliwt. du Mob, franais.
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