[PDF] RadioMorphoses 4 1 nov. 2019 Dans le





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I. ANALYSE LITTÉRAIRE

26 juin 2021 C'est dès la quatrième fable du second recueil « Le Héron. La fille » que La Fontaine aborde cette question chère à la philosophie épicurienne.



Correctio

Entre le vers 1 et le vers 23 orgueilleuse et exigeante



Lémergence du naturel dans les Fables de La Fontaine (A propos

lement que l'étude particulière du Héron et de La Fille doit nous Pierre Collinet qui l'un par analyse interne



Étude transversale n°1 : La pensée dans les Fables de La Fontaine

La fille ». (VII4) résumés (au présent) analysés. ... l'anecdote survenue au Héron qui



La jeune fille au héron. Genre et érotique dans liconographie

Même si tous les cas ne sont pas nécessairement utiles dans cette analyse8 il s'agit du corpus qui contient le plus d'occurrences de l'animal. Les vases 



Des oiseaux et des femmes. Quelques remarques sur la grue du

4 août 2017 Meyer « Le fabliau du Héron ou la. Fille mal gardée »



Argumentation et Analyse du Discours 12

20 avr. 2014 l'impertinence raisonnable (Héron) analyse la manière dont ... retrouver sa fille



(Livres VII à XI)

Analyse du « Pouvoir des Fables ». 56. Livre IX. 98. Analyse des « Deux Pigeons » LE HÉRON. LA FILLE. Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où.



RadioMorphoses 4

1 nov. 2019 Dans le chapitre conclusif du manuel Analyser la radio Frédéric Antoine souligne qu'. « en ce début de siècle



Yves Thériault et la critique

que les Contes pour un homme seul la Fille laide et le Dompteur d'ours. Après avoir analysé la thématique du Marcheur

RadioMorphoses

Revue d'études radiophoniques et sonores

4 | 2019

Les renouvellements de l'écriture

radiophonique : programmes, formes, contenus

Séverine

Equoy Hutin et

Christophe

Deleu (dir.)

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/radiomorphoses/279

DOI : 10.4000/radiomorphoses.279

ISSN : 2649-9630

Éditeur

GRER - Groupe de Recherches et d'études sur la radio

Référence

électronique

Séverine Equoy Hutin et Christophe Deleu (dir.),

RadioMorphoses

, 4

2019, "

Les renouvellements de

l'écriture radiophonique : programmes, formes, contenus

» [En ligne], mis en ligne le 01

novembre 2019, consulté le 20 mai 2022. URL : https://journals.openedition.org/radiomorphoses/ 279
; DOI : https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.279 Ce document a été généré automatiquement le 20 mai 2022.

RadioMorphoses

SOMMAIREContributions scientifiquesQuand l'écriture renouvelle les programmes radiophoniques : analyser les pratiques, lesformes et les contenusSéverine Equoy Hutin et Christophe DeleuLa place de l'écrit (numérique) dans la production du discours radiophoniqueMatériaux pour une comparaison entre radios colombienne, française et italienneLaurent Fauré et Natalia Marcela Osorio-Ruiz" La radio est le plus grand professeur de France » : la causerie radiophonique pourtransmettre les savoirs historiques (années 1945 - années 1960)Céline LoriouLes radios libres renouvellent l'écriture radiophonique : Le cas de Radio Libertaire de 1978 à

1986Félix PatièsDe l'opéra à la transfiction radiophoniqueDavid ChristoffelDu son à l'image, un effet d'exotismeFrancesca CaruanaContributions professionnellesLes Passagers de la Nuit de France Culture, dispositif collectif d'invention radiophoniqueThomas BaumgartnerLa création associative : la radio du sensible" L'ordre du jour » émission matinale d'écriture radiophoniqueLolita VoisinRadio brute et singulièreMelissa WyckhuyseDe l'écriture aux écritures... " écrire/jouer avec les sons pour qu'émerge une écrituresingulière, la nôtre »Entretien avec Martial Greuillet et Aurélien Bertini, Radio Campus BesançonSéverine Equoy Hutin, Martial Greuillet et Aurélien BertiniVariaLes frontières de la nuit radiophoniqueMarine Beccarelli

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Positions de thèsesLa détérioration des conditions sociales et du rôle de la radio communautaire : une analysedu processus de démocratisation de la communicationThèse en Sciences sociales, Université Pontificale Catholique de São Paulo - Brésil, (dir. Maura Pardini Bicudo Véras),

le 23 Mars 2018

Edney Mota Almeida

Les émissions interactives : au croisement de la radio classique et de la radio connectée. Identification des acteurs et des mécanismes de participation dans la production de contenu d'information

Thèse en communication, Université Catholique de Louvain - Belgique (dir. Frédéric Antoine), le 21 décembre 2017

Vinciane Votron

Notes de lecture

Pierre-Marie Héron, Françoise Joly et Annie Pibarot (dir.), Aventures radiophoniques du

Nouveau Roman

Presses universitaires de Rennes, collection " Interférences », 2017.

Andrée Chauvin Vileno

Christian Rosset, Les voiles de Sainte-Marthe. Micro-récits et notes d'atelier

Lyon, Hyppocampe édition, 2018

Christophe Deleu

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Contributions scientifiques

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Quand l'écriture renouvelle lesprogrammes radiophoniques :analyser les pratiques, les formes etles contenusSéverine Equoy Hutin et Christophe Deleu

1 Dans le chapitre conclusif du manuel Analyser la radio, Frédéric Antoine souligne qu'

" en ce début de siècle, la radio connaît de nombreux renouveaux, qui en modifient à la fois les contenus, les formes, les modes de transmission et de réception et revisitent son statut de média de masse » (Antoine, 2016 : 203). Certes les travaux récents sur la radio

insistent largement sur les évolutions liées au numérique et le tournant

"postradiophonique" (Poulain, 2010 ; Gago et alii, 2007). S'il n'est pas possible d'en ignorer les enjeux ni d'en minorer l'impact sur l'identité même du média et ses frontières, ce dossier consacré aux renouvellements des écritures radiophoniques ne s'en tient pas exclusivement à un questionnement spécifiquement centré sur les relations entretenues entre la radio et les nouvelles technologies numériques : il interroge plus largement les mutations des formes (Cotte, 2001) radiophoniques et leurs modes d'agencement. La radio possède sa propre médiativité (Marion, 1997 ; Groensteen, 2005) et, comme le rappelle Laurent Fauré, " les capacités d'adaptation de

la radio à l'ère numérique se trouvent sans doute nourries de ses qualités antérieures et

que le web a développées » (2013 : 8). Comme les autres médias, la radio détient un

" levain » (Soulez, 2015) spécifique, " une force interne qui agit » (Ibid, 2015 : 241) sur sa

propre morphologie en fonction de l'environnement qu'elle côtoie. La radio, développant et poursuivant sa propre " raison sociale » (Ibid : 46), fait émerger et fait évoluer des formes qui modifient sans cesse la relation média-médium. Elle produit des dispositifs formels qui ajustent son rôle et travaille son identité. Partant de la fonction d'accompagnement du quotidien (Starkey, 2008) que l'on reconnaît au média radio et notamment de l'idée que celle-ci évolue en relation avec les autres médias (au sens large), sur le plan des pratiques de production professionnelle et de réception, des

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logiques de programmation et des formes, nous avons réuni dans ce dossier des études qui mettent l'accent sur les trans-formations de l'écriture radiophonique.

2 Le concept d'écriture, entendu comme mode d'agencement des formes a fait l'objet de

nombreux travaux qui en ont montré toute la complexité (Leroi-Gourhan, Christin, Goody, Jeanneret) et toute la plasticité. Son intérêt dans le champ des médias réside notamment dans le fait qu'il renvoie aux différents lieux de production du sens qui se trouvent intriqués : instance de production comprenant les logiques de l'ensemble des acteurs professionnels impliqués (Glevarec, 2001), les logiques organisationnelles (éditoriales notamment) et les logiques économiques ; instance de réception (les publics, projetés ou réels) et aux logiques de captation-fidélisation qui influencent le processus ; et instance de construction du produit médiatique appréhendé dans sa matérialité (les choix formels, énonciatifs, rhétoriques et discursifs tenant compte du dispositif - matériau et support -, des genres et formats, de la nature du propos et des

systèmes de représentations associés). Plus particulièrement, l'écriture radiophonique

met en scène différents éléments " organisés, construits, élaborés selon certaines lignes

d'orientation par la volonté d'un producteur ou d'un auteur radiophonique » (Richard,

1985 : 30) et " recrée efficacement l'illusion d'une continuité cohérente, d'un temps

plus intense : le temps de l'écoute » (Saint Martin et Crozat, 2007 : 7). Sa fonction

première est d'organiser cette écoute en mettant en scène des éléments disparates dans

une forme de flux qui suscite l'image et l'imaginaire (Oliveira, 2011). Elle produit et rend visible des traces (Jeanneret, 2011), des actes qui renvoient à des processus de production, de construction et de réception. Ce sont précisément ces dynamiques de passage, d'altération (Peytard) et d'innovation et les traces qu'elles laissent que les contributeurs de ce dossier ont cherché à saisir à travers l'observation des dispositifs radiophoniques.

3 Deux axes majeurs traversent ce dossier :Le premier interroge la plasticité des genres, la diversité des formats et les relations

intermédiatiques que la radio entretient dans leur relation à l'avènement ou au retour de formes ou de modes. Depuis la typologie des genres radiophoniques des années 30 proposée par Méadel (1994) et l'ouvrage dirigé par Charaudeau (1984), le paysage de

l'offre radiophonique s'est considérablement modifié : des thématiques ont émergé, des

genres et des formats nouveaux sont apparus. Avec le podcast, la fiction, qui a presque

disparu sur les ondes françaises, commence peu à peu à réapparaître (Aux États-Unis,

The black tapes, Homecoming, The Truth ou Welcome to night vale). Le podcast, toujours, favorise les récits des témoins (Slate, Binge Audio, BoxSons), ainsi que le storytelling. Le genre " journal intime » s'est aussi imposé depuis l'apparition d'Arte

Radio en 2003, alors qu'il était très peu présent à la radio avant cela. De manière plus

générale, de nombreux podcasts sont associés à leur concepteur ou animateur

(Nouvelles écoutes, This American Life, Serial) alors que la radio traditionnelle faisait

du nom de la radio l'élément le plus marquant de son identité. Poussé à son paroxysme,

le nom du concepteur devient lui aussi écriture et genre. Dans le langage des professionnels, pour qualifier l'identité, la forme ou le contenu d'un podcast, il n'est pas rare d'utiliser le terme de " marque » pourtant propre au secteur du marketing.

4 À l'inverse, on a assisté à des disparitions, à des explosions ou à des retours en force de

certains genres (issus, par exemple, de la radio numérique et de la web radio) ou de certains formats. Ces thématiques, ces genres, ces formats ont émergé en relation avec des contextes particuliers ou des évènements. Les logiques de programmation et leur

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évolution en relation avec des logiques économiques et des logiques d'usage méritentégalement d'être interrogées sous l'angle de l'écriture, des traces et des codes que lesinitiatives des programmateurs bousculent. Par exemple, des ajustements aux tempssociaux (Glevarec et Pinet, 2007) des auditeurs (explosion des matinales), des logiques

d'inclusion, de participation et d'interactivité avec l'auditeur anonyme (Deleu, 2006) ont pu être observés, pour répondre aux enjeux de fidélisation, de segmentation et de passage au numérique.

5 Le second axe s'intéresse aux créations et aux initiatives sonores pour en observer les

dispositifs, identifier les acteurs et les contextes de ces performances sonores. La production radiophonique est conçue par des structures aux statuts qui diffèrent, pour un public déterminé. Si le paysage radiophonique a peu évolué depuis les années 1980 (depuis l'apparition des radios libres), le développement du numérique a fait évoluer, au sein même des radios existantes, les pratiques professionnelles, les modes d'écoute, et aussi les écritures radiophoniques. Par exemple, des structures comme les radios associatives peuvent constituer des laboratoires de création sonore d'une manière plus évidente qu'auparavant, quand créer nécessitait des moyens financiers importants (appareils d'enregistrement, de montage et de mixage). Ces stations travaillent les formes et la dimension esthétique de la radio (Deleu, 2013). Par ailleurs, de nouveaux acteurs apparaissent sur le Web (podcasts), et innovent eux aussi du fait même d'un affranchissement des règles de diffusion linéaire, définies par les grilles de programme (Biewen et Dilworth, 2017). L'étude des contextes et des acteurs permet d'échapper à une vision qui considérerait les nouvelles écritures comme des entités en elles-mêmes, qui s'organiseraient dans un contexte autonome.

6 Ce dossier s'organise en trois temps :La première partie rassemble cinq contributions d'universitaires (Laurent Fauré etNatalia Marcela Osorio-Ruiz, Céline Loriou, Félix Patiès, David Christoffel et Francesca

Caruana) qui problématisent les questions liées aux écritures radiophoniques sous différents angles. De façon transversale dans cette partie se posent des questions méthodologiques : les spécificités des observables engendrent en effet des ajustements. Les chercheurs qui s'intéressent aux écritures radiophoniques les relient

nécessairement aux enjeux matériels, sociaux, économiques et culturels qu'elles

recouvrent : ils revisitent et ajustent leur modèle d'analyse, croisant les spécificités du

média-médium en contexte et leurs propres entrées analytiques (esthétique,

sémiolinguistique, discursive, historique).

7 Laurent Fauré et Natalia Marcela Osorio-Ruiz proposent d'interroger l'écriture commesupport de la communication radiophonique contemporaine en l'abordant sous l'angle

des relations entre écrits de travail préparatoires et parole délivrée à l'antenne. Partant

d'enquêtes ethnographiques réalisées in situ dans trois radios de trois pays différents (France Inter, pour la France, Rai Radio 1 et 3 pour l'Italie et Caracol Radio pour la Colombie), la perspective préaxéologique adoptée tient compte des différents " lieux de pertinence du sens » pour reprendre le modèle du contrat de communication médiatique de Charaudeau (2005) auquel font référence les auteurs. Ainsi, approcher l'écriture radiophonique et plus largement les phénomènes de radiomorphoses (Glevarec, 2001 ; Méadel, 1994) dans une perspective d'analyse du discours nécessite d'appréhender les paramètres inhérents à l'oral radiophonique et les contraintes qui orientent la production verbale à l'antenne (contraintes discursives : dispositif, genres, types de discours ; contraintes organisationnelles : contexte spatio-temporel

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caractérisant les conditions de production, acteurs engagés dans la production... ;conditions d'interprétation). Dans le cas présent, les auteurs s'appuient sur un corpus

hétérogène, multimodal mêlant extraits sonores, textes rédigés, lectures-performances

des textes, enregistrements audio, vidéo et notes du chercheur prises pendant l'observation. La fabrique du radiophonique et sa " textualité éclatée » s'apprécient alors au plus près des corps professionnels engagés, écrivant dans des continuums et des processus de co-construction qui mêlent langage et environnement sociotechnique.

Les auteurs donnent à voir et à comprendre la vie laborieuse du discours

radiophonique, réinterrogent les lieux de passage et de maillage des ordres (du scriptural, de l'oral, du digital) qui s'inscrivent dans une sémiotique interagissante plurielle et complexe indexée sur les temps et les espaces (du studio, de la régie, mais aussi de la réception) du radiophonique. Loin d'être figée, l'écriture, à travers les

pratiques scripturales, mais aussi par sa plasticité et sa disponibilité au

renouvellement, " fait tenir » la parole radiophonique.

8 Céline Loriou aborde l'écriture radiophonique sous l'angle de l'évolution des dispositifs,

formats et genres radiophoniques associés à la médiation des savoirs historiques. Partant de l'émission culturelle l'Heure de culture française, diffusée dans les années

50, elle s'intéresse en premier lieu à la causerie pédagogique en mettant en relation

l'émission et ses conditions de production : le processus de la " radiomorphose » (au sens de Glevarec, 2007) est déconstruit et permet à la fois de pointer les interactions

préparatoires entre écriture et lecture et d'insister sur les temporalités de l'écriture.

L'intérêt de son approche réside également dans l'ouverture du processus d'écriture sur les modalités de son enrichissement progressif : le texte radiophonique qui sera lu à l'antenne est ainsi ajusté et travaillé avec d'autres écrits (correspondances, dossiers de préparation, notes de recherche, scripts, mais aussi critiques de la presse spécialisée de

l'époque, courriers de lecteurs) qui sont plus ou moins rendus audibles. Cette

contribution pose aussi la question de la porosité des genres et des phénomènes d'importation, en l'occurrence des pratiques académiques dans la causerie radiophonique. Au-delà, c'est la représentation que les conférenciers orateurs se font du média radio comme celle des auditeurs et de leur place dans le dispositif d'écriture qui se joue. Pour aller plus loin et pour donner une dimension contemporaine à sa réflexion, Céline Loriou interroge, dans une perspective diachronique, l'évolution des programmes et l'abandon progressif de la causerie dans la seconde moitié des années

60 au profit d'une recherche d'un nouveau type de relation pédagogique avec

l'auditeur, en partie consécutive aux évènements de mai 68 : les savoirs historiques trouvent alors leur place dans de nouveaux formats de programmation (journées thématiques, entretiens ou émissions mêlant différents genres comme le commentaire, la lecture, le recours aux archives, le récit...). Le contexte de la montée en puissance de la dimension divertissante et interactive peut en outre permettre de mieux comprendre cet abandon progressif. Mais la parole magistrale dans la médiation des savoirs a-t-elle pour autant dit son dernier mot ? Lorsqu'elle prend acte des initiatives de France Culture qui propose sur son site internet et sur les réseaux socionumériques une série de conférences filmées, en public, organisées dans des lieux institutionnels comme la Bibliothèque nationale de France, l'auteure s'interroge : " ne peut-on pas comparer la tentative de faire parler les historiens de l'Institut et du Collège de France à la radio à celle, plus actuelle, qui cherche à diffuser des conférences sous forme de

vidéos rassemblées sur une plateforme et partagées sur les réseaux sociaux ? ». Ainsi, le

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regard porté sur le renouvellement d'un genre interroge celui d'un média et de sesfrontières dans le contexte de la radio prolongée sur le web.

9 Felix Patiès s'empare de la notion d'écriture radiophonique pour interroger les apports

des radios " libres » (après avoir été " pirates ») en matière de dispositifs et de contenus

radiophoniques. La question est d'importance : les radios libres ont-elles fait émerger de nouvelles écritures, ou se sont-elles inspirées des formes préexistantes pour se consacrer au combat pour la liberté d'expression ? Si la mémoire collective a surtout retenu l'affranchissement de ces radios aux conventions ou aux normes de l'époque (Carbone 14 par exemple, voir Lefebvre, 2012), et si les études sur les radios libres ont souvent mis en avant les spécificités de telle ou telle radio (en particulier leur positionnement idéologique), l'analyse des formes a été moins privilégiée. En prenant

pour objet Radio Libertaire, Félix Patiès montre que si ce média s'est réapproprié des

genres stabilisés (interview, musiques, chroniques...), c'est pour atteindre le plus grand nombre d'auditeurs dans une perspective politique (transmission de messages). La radio se fait ici tribune politique et vise à élargir le nombre de militants à la cause

défendue par la Fédération anarchiste. Ainsi, les innovations sont davantage à

rechercher du côté de l'élargissement de l'espace public (profil des invités) et de l'offre

musicale (diffusion de chansons françaises délaissées par les grandes radios

généralistes) que d'une révolution des formes.

10 David Christoffel utilise une expérience menée avec des étudiants du ConservatoireNational Supérieur de Musique et de Danse de Paris pour questionner la transgénéricité

comme forme de médiation musicale complexe. L'écriture radiophonique est observée au prisme de cette expérience : le " projet Radio-Opera » que l'auteur relate et problématise sous l'angle du passage de genres, consiste en la création de modules radiophoniques par l'adoption du principe de transposition. Ainsi, le passage d'un genre opératique au genre radiophonique de la confession de libre antenne permet de

" redistribuer l'horizon de l'intelligibilité de l'intrigue », d'en " révéler les raideurs » et

d'explorer les " rigueurs sentimentales » des personnages. S'appuyant sur le dialogisme bakhtinien, les travaux de Gérard Genette sur la transposition ou encore sur les recherches d'Alain Rabatel sur le point de vue, l'auteur montre que la transposition

intergénérique peut révéler le potentiel radiogénique de l'opéra. Si elles facilitent

l'appréhension de l'histoire et des personnages, l'expérience du passage d'un genre à l'autre - avec les effets narratifs, énonciatifs, lexicaux qu'il induit -, la reproduction- reconstitution d'émissions, la " redramatisation » radiophonique de l'opéra Giulio Cesare in Egitto, orientent selon les cas à plusieurs apports que détaille la contribution : une démultiplication des niveaux d'adresse, un élargissement de l'empan de l'instance réceptrice en pariant sur le pouvoir éducatif de la fiction et la motivation de l'auditeur qu'elle induit, l'émergence d'une vision critique ou encore un questionnement sur les spécificités génériques.

11 Francesca Caruana propose une approche de l'écriture radiophonique encoredifférente : elle problématise son expérience de création-réalisation d'une pièceradiophonique feuilleton " Balade en couleurs » pour les Ateliers de création de Radio

France en se focalisant sur les processus de traduction sémiotique à l'oeuvre en situation de médiation culturelle : aller de l'oeuvre aux mots et des mots aux sons radiophoniques. Peut-on traduire la peinture en matière sonore ? Quel rôle joue le son ? Comment adjoindre à une image un texte, à un texte le son, le ton, la musique pour transformer l'intransitivité visuelle et produire un effet d'attraction que l'auteure

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compare à celui du " tam tam » ? Partant d'objets " étrangers au son », en l'occurrence des oeuvres picturales, Francesca Caruana explore les relations entre les images et les sons, entre logique de l'intransitif et logique de l'immédiateté, et montre comment les textes sonores, leurs logiques sémantiques et rhétoriques, leur ambiance sonore, leur

qualité rythmique, sont construits de façon à devenir indices et à inciter l'auditeur à

" se confronter à la peinture ». Le pouvoir évocateur sensoriel et la performativité des textes (valeurs des couleurs, des textures) deviennent possibles vecteurs de sens et de

motivation, créent une relation de contiguïté, appellent et rappellent à l'image, incitent

au déplacement vers et dans le musée, à la fréquentation des oeuvres... Mais ils n'imposent pas : le processus d'appropriation par le lecteur-auditeur produit une " tiers oeuvre » qui jaillit de la rencontre de l'image et des sons. Interpréter, élargir, diversifier... la radio augmente l'espace de l'oeuvre en activant des images mentalisées : elle rend " la peinture sonore jusqu'à charmer le spectateur ».

12 La deuxième partie de ce dossier est consacrée à des praticiens de la radio (Aurélien

Bertini et Martial Greuillet, Melissa P. Wyckhuyse, Lolita Voisin et Thomas Baumgartner). La revue Syntone ayant relayé l'appel à contribution de ce numéro, la thématique a attiré des professionnels dont il nous a semblé important d'intégrer ou de recueillir la parole, que ce soit sous la forme d'entretien ou de récit d'expérience de créations et de trajectoires de vie professionnelle. Leur regard, complémentaire au point de vue universitaire, offre une précieuse ouverture sur les acteurs de terrain qui

écrivent la radio au quotidien.

13 Pour ce numéro consacré aux nouvelles écritures, nous avons donc proposé à plusieurspraticiens de la radio d'écrire sur leur activité radiophonique. Car ce sont eux, au jour

le jour, qui inventent et réinventent les genres que l'on croyait bien connaître. C'est d'abord une double rencontre au Festival Longueur d'ondes de Brest, en février 2018, qui nous a donné cette idée : Melissa P. Wyckhuyse, chargée d'antenne à Radio Campus Tours et Lolita Voisin, qui réalise des émissions de radio pour la radio associative Studio Zef, à Blois, y présentent alors toutes les deux leur travail avec passion

1. Chacune

décrit sa pratique comme une recherche permanente. C'est donc fort logiquement qu'on se tourne vers elles pour les inviter à écrire sur leur pratique. L'une comme l'autre, n'ont pas vraiment eu de formation radio avant de se lancer dans la production d'émissions. Mais, l'une comme l'autre, décrivent la radio comme un espace d'invention qu'elles ont investi avec ferveur, et de rapprochement entre les individus, tant au sein de la radio, qu'avec les auditeurs. Lolita Voisin conçoit son émission matinale comme une émission de fin de soirée, et, grâce aux nouveaux modes de communication, intègre des sons que ses partenaires lui envoient de plusieurs endroits du monde. C'est un intense processus créatif en action qu'elle décrit ici. Melissa P. Wyckhuyse, tout en étant chargée d'antenne, anime aussi des émissions parmi lesquelles des restitutions d'ateliers avec ceux qui n'ont pas forcément l'habitude de s'exprimer au micro. Chaque rencontre lui rappelle ses propres débuts, quand elle ne savait pas encore très bien se servir de la technique, et que la radio l'impressionnait. Elle aussi raconte bien comment la radio se crée en compagnie des autres, ceux avec qui elle a tissé des liens au fil des jours. De ces rencontres naissent les dispositifs radiophoniques qui vont ensuite s'élaborer et se métamorphoser au fil du temps.

14 Ces deux articles illustrent le développement de la création radiophonique dans les

radios associatives. Si, longtemps, la radio associative s'imaginait en studio, et en direct, de par les contraintes techniques et économiques, de nombreuses possibilités se

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sont offertes à celles-ci grâce au développement du numérique et à la réduction descoûts de production. La plupart des radios associatives, ainsi que les podcasts sur le

Web, conçoivent ainsi des espaces de création où s'imaginent les écritures

d'aujourd'hui.

15 Nous avons voulu compléter cette série d'articles sur les radios associatives avec unentretien qui met en relief les parcours singuliers de Martial Greuillet et de Aurélien

Bertini de Radio Campus Besançon. Celui-ci met surtout l'accent sur la genèse des actions et des propositions sonores, sur les processus d'écriture, avec en toile de fond, des idées, des valeurs, des envies de faire de la radio un peu autrement. Faire entendre le monde aux autres, avec les autres.

16 Dans ce numéro sur les nouvelles écritures, nous avons enfin demandé à ThomasBaumgartner, ancien producteur à France Culture, de revenir sur la création desPassagers de la nuit (2009-11), émission inventive, bien que trop éphémère, de France

Culture. Durant deux années, celui-ci a exploré les formes courtes, documentaires ou fiction, on ne savait plus toujours très bien, dans un esprit ludique et régénérant. Ilquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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