LE DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE
Langage animaL Langage humain de quoi parlent les bébés de différents pays ? ... plusieurs langues
Lapparition du langage
t-il un réel fossé qualitatif
SEMAINE 3_QUEST CE QUE LE LANGAGE HUMAIN
Module A : Il y a des langues. Unité_A1. Nombre et répartition des langues. Ce dont le philosophe le grammairien ou le linguiste dispose d'abord pour
Stage : la conscience est-elle le propre de lhomme ? Le but de ce
c'est dans l'usage du langage que réside la différence (P 1320) : « …On n'a pu observer qu'aucun animal en soit venu à ce point de perfection d'user.
Communication animale et communication humaine. Une
L'évaluation des différences entre humains et animaux La dimension syntaxique du langage est le fait qu'il est fait d'unités combinées selon des.
Le langage comme forme symbolique
différent du "langage" des animaux. A son avis il ne faut pas confondre le langage humain avec le "langage" animal
Transcriptions: Compréhension Orale FRENCH Examen de
On n'utilise généralement pas le terme de langage quand on parle de l'animal. C'est un peu l'objectif de cet exposé d'essayer de voir avec vous aussi si
Imagination humaine et imagination animale chez Aristote
Raison langage
Le cerveau humain et les origines du langage
Une certitude toutefois: c'est dans le cerveau humain qu'il faut différencie des animaux même de ... (c'est la fonction lexicale du langage)
SEMAINE3_
QU'EST
CEQUELELANGAGE
HUMAIN
11SEMA1I!!"#$%&'($'!"$')$')*+,*,$'-".*/+
2Unité_A3.ExerciceFrancophonie4
ModuleB.Lacréativitédulangage
6Unité_B3.Ladoublearticulation
8Unité_B4.Larécursivité10
15Unité_C1.Quelquesmotsd'introduction
15Unité_C3.Lelangage:unfaitsocial18
Unité_C4.Deuxdimensionscompatibles20
Unité_C5.Uneexaptation22
24Unité_D1.Communiquer24
29SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN2 Qu'estcequelelangagehumain?→Vidéo:ConsulterlavidéoenligneModuleA:IlyadeslanguesUnité_A1. Nombre et répartition des langues Cedontlephilosophe,legrammairienoulelinguistedisposed'abordpourétudierlelangage,cesontleslangues.Lalinguistiqueestdoncunescienceempiriquedontledonnéobservableestconstituéparl'ensembled eslangues dumonde.L'espècehumaineadé veloppéunegrandevariétédelanguesaussidifférentesquelegrecetlesumérien,lejaponaisetl'inuktitut(l'unedeslanguesparléesparlespopulationsInuits),lebambara(languenationaleduMali)etlefinnois(oufinlandais).Cesontceslanguesparléesparlesêtreshumainsquel'onpeutapprendre,observer,transcrire,enregistrer,décrire .Cesontàpartirdeceslanguesparticul ièresettoutestrèsdifférentesquel'onpeutinventerdessystèmesd'écritureetélaborerdesgrammaires.Oncompteaujourd'huienviron6000languesdanslemondeparmilesquellesseulementunetoutepetiteminorité,environ200,disposentdesystèmesd'écriture.D'autrepart,alorsquel'apparitiondespremière slanguesremontepeut-êtreà100000ansavantnotreère,lespremiè resécriture ssontapparuesbeaucoupplus tardivement,environ3500ansavantJ.-C.Leslan guesdumond esontdoncini tialementetmajoritairementorales,mêmes iellespeuventégale mentutiliserplutôtlamodalité visuel lequelamodalitéauditivecomme c'estlecaspourleslanguesdessignes,quisontdeslanguesàpartentière.Parailleurs,leslanguesdumon desontparlées(etparfoisécr ites)pard escommunautéshumainesdetaillestrèsvariables, avecdesrépartitionsgéograph iquestrèsi négalesetdes statutspolitiquesetsociauxdivers.Lacarteci-dessousreprésentelesvariationsdeladensitédeslangues(c'est-à-diredunombredelanguesdansunerégionouunpaysdonné)selonleszonesgéographiquesduglobe.LECLERC,Jacques."Lerecensementdeslangues»dansL'aménagementlinguistiquedanslemonde,Québec,TLFQ,UniversitéLaval,02mai2010.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN3
uecentrale,l'Afriquecentrale,L'Indeou languessontpar ienunedeuxièmelangue qu'ils utilisent quotidiennement pour communiquer. C'est le cas du chinois mandarin et de del'arabequisontparléspar200million certaines langues sont parlées par un beaucoup plus petit nombre de personnes, comme l'inuktitut(un múra8nit_
iGT 9tatut sociolinguistique des langues Nous aborderons rapidement ici le statut social et politique des langues, étudié par la souverainsaccordent ietde ses habitants utilisent pour se comprendre entre eux, même s'ils n'ont pas la même langue sur le plan démographique, économique, politique, militaire, culturel ou rel igieux. Le rôle dedescriptiondeceslanguesetdesensibSorosoro).
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN4
enIran,enIrak,enTur exemple) ou les langues des diasporas (comme l'arabe par exemple) sont parlées sur des dufrançaisquébécoisparexemple). lecoursdocumentaireci ,7âXO 4db B[»-RâR» Q-J7RwîGw7â»2<4)*')1$(/2#)%2*!+2#)$%+282
=2 *-)$3!2 3-'/!2 %!65!%65!2 '1$*$+)/12 *!2 "(1>6*.2 ?%)/6(#5(/$!@2 %.#(/3!A2 !/2 6$/&2 :2 3$B2 *$0/!+2 )'B2
&'!+1$(/+2&')1%!2&'!+1$(/+26$ 3!+F GHIJKLMN2O282G'-!+1
6!2&'!2*)2?%)/6(#5(/$!2P
F GHIJKLMN2Q282R("E$!/23!2#)S+23)/+2*!2"(/3!2)##)%1$!//!/12:2*)2?%)/6(#5(/$!2P22F2GHIJKLMNT282G'!*+2+(/126!+2#)S+2P
2F GHIJKLMN2U282G'!+1$(/23!2%.?*!B$(/282S2)
1SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN5 Unité_A4. Conclusion et références Danscepremiermodule,nousn'avonsfaitqu'effleurerlesquestionspassionnantesqueposeladescriptiondeslanguesdumonde.Parexemple,nousn'avonsrienditdeladifficultéqu'ilyaàdéfinirlescontoursd'u nelangue.No usn'avonspasabordénon pluslaquestionde laclassificationdeslanguesdumonde,nicelledesrelationsdefiliationoudecontactentreleslangues.Surcesdifférentesquestions,labibliographieetlasitographiequiaccompagnentcepremiermoduledevraientvousaideràallerplusloinsivousledésirez.RemerciementsUngrandmerciàPascalRomeas,principalesourcedesinformationsprésentéesdanscemodule.RéférencesNousnousbornonsiciàproposerunebibliographiesuccincteenfrançais.Haspelmath,M.,Pourquoilatypologiedeslanguesest-ellepossible?BulletindelaSociétédeLinguistiquedeParis,Louvain:Peeters2009Breton,Roland,Atlasdeslanguesdumonde,unepluralitéfragile,EditionsAutrement,2003Comrie,B.,Matthews,S.,Polinski,M.,AtlasdesLangues:L'origineetledéveloppementdeslanguesdanslemonde,Paris,Acropole,2004Malherbe,Michel,Leslangagesdel'humanité-Uneencyclopédiedes3000languesparléesdanslemonde,RobertLaffont,2001(rééditionaugmentée)Nettle,Daniel;Romaine,Suzanne,Ceslangues,cesvoixquis'effacent,EditonsAutrement,2003SitesinternetIciencor e,nousn'avonsrépertori équequelques sourcesenfrançais.D enombreusesautresressourcesexistentenanglaisetdansd'autreslangues.l'UniversitéLaval(Québec),surl'aménagementlinguistiquedanslemondeparJacquesLeclerc.Sorosoro,sitesurleslanguesdumondeetleslanguesendanger.l'INALCOou"langues'O»,Paris.Dicovia,fichessommairesetcartessurlesfamillesdelangues.L'OIF,l'organisationinternationaledelafrancophonie.l'EcoleNormaleSupérieure,bibliographiesurlafamilleindo-européenne.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN6 ModuleB.LacréativitédulangageUnité_B1. Quelques mots d'introduction... Entantquesciencedulangage,lalinguistiques'estdonnépourtâchededéfinircequ'estlelangagehumainengénéralau-delàdeslanguesparticulièresetàpartirdeleurdescription.Or,parmilespropriétésdulangagehumainquiontleplusintriguélesphilosophes,lesgrammairiensetleslinguistesfigurel'étonnantecapacitéqu'ontlesêtrehumainsentantqu'êtresparlantsdeproduireuneinfinitédephrasesinéditesàpartird'unnombrefinidemotsetdesons.Ondésignecettepropriétésouslenomdecréativitédulangage.Pourtenterdel'expliquer,ilnousfautdéfini rtroisco nceptsfondamentauxdévelop pésparlalingui stiqueduXXesiècle:l'arbitrairedusigne,ladouble articulationetlar écursi vité.L'animationci-dessousvousen donneraunpremierape rçu.Pui s,lessectionssuivantesd ecemodulevouspermettron td'approfondirtouràtourchacundecesconcepts.→Vidéo:LacréativitédulangageUnité_B2. L'arbitraire du signe linguistique Lelingu istegenevoisFerdinanddeS aussureestconsidérécomme lepèredelalinguistiquemoderne.Lorsqu'ildéveloppeleconceptdesignelinguistiquedanssonCoursdelinguistiquegénérale(1916),ilmetl'accentsurlapropriétéqu'ontlesmots,lesunitéssignifiantes,d'êtrearbitraires.Celanesignifiepasquechaquesujetparlantpeutchoisiràsaconvenancequelleformesonoreilvaassocieravecl'idéequ'ilveuttransmettre.End'autrestermes,jenepeuxpaschoisird'utiliserlemot"table»pourdésignerunechaise,nilemot"clabir»pourdésignerlefaitdechanter.Quefaut-ilcomprendrealorsici?SelonSaussure,lesunitéssignifiantes(lessigneslinguistiques),résul tentdel'associationd'une formeson ore,lesignifiant,etd' uncon cept,lesignifié.Parexemple,lemot"table»résultedel'associationentrelasuitedesons/tabl/[1]etleconceptd'unobjetmanuf acturécomportantu nplateausupporté parplusieurspieds.Cetteassociationestarbitrairedanslamesureoùaucunerelationnaturellenemotivel'associationd'uneformesonoreavecleconceptqu'ellevéhicule.Parexemple,laformesonorenedoitpasressembleràlachosequeleconceptdécrit:lemot"table»neressembleenrienàl'objettable.Celaexpliquepourquoi,d'unelangueàl'autre,lemêmeconceptpeutêtreassociéàdesformessonorestrèsdifférentes.Parexemple,leconceptde"table»seraassociéàlaformesonore/masa/enturcouencore/tiʃ/enallemand[2],deuxsignifiantstrèsdifférentsentreeuxettrèsdifférentsdusignifiantde"table»enfrançais.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN7 Ilyadeuxobjectionsquel'onpeutopposeràlanotiond'arbitrairedusigne.1. Laprem ièreestl'existencedansles languesd 'onomatopées,c'est-à-dired'expressionslinguistiquesquisimulentlesbruitsproduitspardesanimauxoudesobjets.Or,ilsetrouvequemêmelesonomatopéesvarientd'unelangueàl'autredetellesortequ'onpeutenconclurequel'arbitrairedusignes'yappliqueégalement,neserait-cequepartiellement:enfrançais,lecriducoqestreprésentéparl'onomatopée'cocorico'alorsquec'est'cock-a-doodle-doo'quel'onutiliseenanglais.2. Onobjecteaussiparfoisàl'arbitrairedusignequ'enfait,lechoixdelaformesonored'unmotnouveau atoujoursuneexplic ation rationnellequel'onpeu treconstituer ,unemotivationhistoriqueougéographique.Parexemple,onpeutexpliquerlacréationrécentedumot'wifi'enfrançaisparsonempruntàl'anglaisetl'adaptationdumotanglaisàlaprononciationfrançaise,etonpeutmêmeexpliquerlacréationdumotanglaiscommel'acronymedel'associationdesmots'wireless'"sansfil»et'fidelity'"fidélité»surlemodèledumotplusanc ien'hifi '('high-fidelity'"hautefidé lité»).Biensûr,detel lesexplicationspeuventêtrereconstituéespourtouslesmotsd'unelangue.Maisilrestequelemot'wifi'apudésignerleconceptnouveaude"connexionsansfil»françaisparcequelaformesonore/wifi/étaitdisponibledanscettelangue.Ontouchelàlepointderelationentrelanotiond' arbitrair edusigneetlacr éativitédulangage.Parcequ'iln' yapasd'obligationderessemblanceentrelaformesonore(lesignifiant)d'unmotetleconceptqu'iltransmet(sonsignifié),toutechaînesonorenonutiliséeestdisponiblepours'associeràunnouveausignifié.L'associationson/sensestainsilibéréedelalourdecontraintedelaressemblance,cequiluidonneunchampd'applicationbeaucouppluslargequesicettecontraintes'appliquait.[1]laformesonoreesttranscriteiciaumoyendel'alphabetphonétiqueinternationalouAPI(AssociationPhonétiqueInternationale)quiconstitueunsystèmedetranscriptiondetouslessonsdeslanguesdumonde.[2]lesigne/ʃ/del'APItranscritlesonquel'orthographefrançaisetranscritparlasuitededeuxlettres"ch».
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN8 Unité_B3. La double articulation Onentrouveuneformulationtrèsclairedansl'ouvragedulinguistefrançaisAndréMartinetintitulé"Élémentsdelinguistiquegénérale»etparuen1960.Onpeutlarésumerainsi:onpeutconsidérerquelelangageconsisteenunecombinatoireàdeuxniveaux.Lepremierniveau,appelépremièrearticulation,combineentreellesdesunitésdesens,autrementdit,cequeSaussureappelledessigneslinguistiques.Lepointimportantparrapportàlacréativitélinguistiqueestquelacombinaisond'unnombrelimitédesigneslinguistiquespermetlacréationd'unnombreillimitédemessages.Enoutre,lesformessonoresdessigneslinguistiques(leurssignifiants)sontelles-mêmesconstituéesparunecombinaisond'unitéssanssignifications:lessonslinguistiquesouphonèmes(voirladéfinition auparag raphesuivant).C'estcequ'André Martinet appelleladeuxièmearticulationdulangage.Cettecombinatoireàdeuxniveaux,trèsproductiveàpartirdemoyenslimités,estd'unegrandeéconomiepourlacommunicationetl'unedesprincipalesconditionsdepossibilitédelacréativitélinguistique.Ilesttoutefoisnécessaired' expli querplus précisémentceprincipe généralpourcomprendresaportée.Pourcefaire,précisonsunpeulemécanismedeladeuxièmearticulation,c'est-à-diredelacombinaisondessonsdanslesformessonoredessigneslinguistiques.Enréalité,plusieurscontraintesrestreignentlespossibilitéscombinatoiresdessonsdansunelanguedonnée.Nousévoqueronsicilesdeuxplusimportantes:lapremièreestquechaquelanguesélectionneuninventairedesonslimité,lasecondeestquecessonssontorganisésensyllabesquiempêchentcertainescombinaisons.UNEPREMIÈRERESTRICTION:LESSYSTEMESPHONOLOGIQUESUnpremierpointimportantestdoncquetouslessonsutilisésparleslanguesdumondeetquisontrépertoriésparl'Alphabetphonétiqueinternational(APIenfrançais,IPAenanglais)nesontpasdisponiblespourunelanguedonnée.Enréalité,chaquelanguesélectionneunsous-ensembledecessonsqu'elleorganiseensystèmed'oppositionsappelésystèmephonologique.Parexemple,lesystèmephonologiquedel'espagnolcompte5voyelles,/i,u,e,o,a/,alorsqueceluidel'italienencompte7/i,u,e,ε,o,a/.Onappellephonèmeslescatégoriessonoresquis'opposententreellesdanslesystèmephonologiqued'unelanguedonnée.Cetteoppositionditedistinctivedesphonèmesrenvoieaufaitque,dansunelanguedonnée,lasubstitutiond'unphonèmeàunautredansuneformesonorepermetdemodifierlasignificationassociéeàcetteformesonore.Parexemple,lasubstitutionduson/f/auson/s/danslaformesonoredusignelinguistique"sable»/sabl/produitlaformesonor e/fable/quelalangue françai seassocieàunautreconcept:"fable»,fo rmantai nsiun autresignelin guistique. Ilsuffitdoncde substituerunphonèmeàunautredansune su itesonore pourobteni runenouvel leformesu sceptiblede
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN9 s'associeràunnouveauconceptpourformerunautresignelinguistique.Lespossibilitésouvertesparcettecombinatoiresontd'autantplusgrandesquelenombredephonèmesdansuneformesonoreesttrèsvariable:certainssigneslinguistiquesontuneformesonored'unseulphonèmecomme"et»/e/ou"ou»/u/,d'autresbeaucouppluscomme"libellule»/libelyl/quiencomptesept.UNEDEUXIÈMERESTRICTION:LESSYLLABESEneffet,l'organisationensyllabesimposeplusieurscontraintesauxchoixdesphonèmesdanslasuitesonorequ iconstituelesignifian t.Lapremièredecescontraintes, estquela structuresyllabiquefaitalternervoyelles etconsonn es.Ainsi,onaurarare mentdesformessonoresconstituéedevoyellesuniquementoudeconsonnesuniquement.Ladeuxièmecontrainteestquechaquelanguesélectionnedesformatsdesyllabesparticuliers.Ainsi,enfrançais,60%dessyllabesontunestructureCV,quifaitalterneruneconsonneCetunevoyelleV.EnAllemand,enrevanche,seules30%dessyllabesontunestructureCValorsque40%ontunestructureCVCquisetermineparuneconsonne.Enoutre,certainescombinaisonsdesonssontimpossiblesdansunelanguedonnée.C'estcequ'onappellelescontraintesphonotactiquesdelalangue.Parexempleenfrançais,unesyllabenepeutpascommencerparlesgroupesdeconsonnes/ml/,/bm/ou/rs/;parcontre,ellepeutcommencerparlegroupe/ps/commedans"psychologie»ouparlegroupe/pl/commedans"plaire».Malgrécesrestrictionsimposéesàlacombinatoiredesphonèmesdanslaformesonoredusignelinguistique,unelanguedonnéen'exploitejamaislatotalitédescompositionssonoreslicitesquesonsystèmephonologiqueluipermettraitdeconstruire.Ilrestetoujoursungrandnombredesuitespotentielleme ntdisponibles.Ainsi,desmotscomme"surf» ou" wifi»emprunté sàl'anglaisontpusansdifficultés'intégrerauvocabulairecommundufrançais(moyennantuneadaptationdeleurprononciation)carlessuitesdesonsquicomposentleurssignifiantsn'étaientpasencore utiliséesparnotrelangue. Cetterichessepotentie lleestd'aill eursexploréeetexploitéepardenombreuxjeuxdelangageauxquelsnousnouslivrons,commeentémoignentverlanetmots-valises.Parexemple,le verlanpro cèdeparinversiondessyll abesd'un motgénéralementbisyllabique:ainsilenomduchanteurbelgeStromaecorrespond-ilauverlandumotmaestro!
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN10 Unité_B4. La récursivité Laréc ursivitéestlatroisièmepropriétéq uiexpliq uela créativitédeslanguesnaturelle s.Cemécanismeconcernel'organis ationdesmotsdanslaphrasequ eleslinguistesnommentlasyntaxe(cequirenvoieaussiauniveaudelapremièrearticulation).C'estlelinguisteaméricainNoamChomskyquiamisenévidencel'importancedecemécanismedanslefonctionnementdeslangueshumaines.Danslathéoriequ'ilproposeetquel'ondésignesouslenomdelinguistiquegénérative,unélémentestditrécursifs'ilprésentelapropriétédesereproduiredanslastructuredesphrasesàlafoiscommeconstituantetcommeconstitué.Lasubordinationreprésenteunbonexempledecemécanisme.Eneffet,dansunesubordonnée,ontrouveunephrase,laphrasesubordonnée,quiestinclusecommeconstituantdanslastructured'uneautrephrase,laphraseprincipalequienestconstituée.Parexemple,laphrase"l'écoleétaitfacultative»estunconstituantdelaphrase"monfilspensaitquel'écoleétaitfacultative».Unautreexempleestceluidel'enchâssementdesgroupesnominauxenfrançais.Ainsi,legroupenominal"lavoisine»estenchâssédanslegroupenominal"lechatdelavoisine»dontilestundesconstituants.Ondistinguelarécursivitéàdroitecommedanslasubordination,oudansl'enchâssementdesgroupesnominaux,delarécursivitéàgauche,fréquentedansdeslanguescommel'anglaisoul'allemand.Parexemple,ontrouvefréquemmentenanglaisunesuited'adjectifsquiformentunadjectifcomplexeplacéàlagauchedunomqu'ilqualifie:danslaphrase"SheboughtapairofredItalianleathershoes»lesadjectifs"red»,"Italian»et"leather»sontlesconstituantsduconstituéadjectivalquiqualifielenom"shoes».L'usagedelarécursivitéestvariabled'unelangueàl'autreetsurtoutselonlesstylesdediscours.Ontrouver aplusd'enchâssements danslediscour srhétoriquedesorateursoudeshommespolitiquesoudanslestylelitté rairedeMar celProustqu edansla conversationquoti dienne.Quoiqu'ilensoit,cettepropriétérécursivedeslangueshumainespermetd'expliquerpourquoi,àpartird'unnombrelimitédetypesdeconstituants(laphrase,legroupenominal,l'adjectifetquelquesautres)onpeutprod uiredestypesde structuredephrase d'uneimpressionn antevariété.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN11
8nit_?' .llustration q la rcursivit chez 6arcel Droust
isiunephraseextraitedupremiertomede"Larecherchetempsperdu
»intitulé"
DucôtédechezSwann
».Nousreproduisonsci-dessous
troisversionsdecettephrase: uLè'v0Ia:a portai framboises que M. Swann avait apportées exprès, des cerises, les premières qui vinssent du ien c'étaitnotretourdel'offrir.SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN12
s.Wrv6fGpG bleus et le n ombre 0, et dont le sujet et le verbe, "Françoise ajoutait
» sont présentés en
unesdanslesautres stsonconstitué. génie,etsibienque aup ortaildescathédrales une barbue parce que1[la marchande lui en avait garanti la fraîcheur], une dinde parce
qu' qu' grandaircreuse1[dans quinze jours il n'y en aurait plus], des framboises1[que M. Swann avait apportées
exprès n'en donnait plus ], du fromage à la crème1[que j'aimais bien autrefois], un gâteau aux amandesparcequ' del'offrirSEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN13
s.Wrv6fG7G Dans la version 3, nous montrons comment Marcel Proust utilise la coordination, un autre entre parenthèses) qui forment un grand GP complexe (entre crochets), mais aussi des coordinations de groupes nominaux (GN). On trouve également une coordination de GP (en :unedeGPetunedeGN(ennoir).Car, au fond permanent
GP[GP(d'oeufs),GP(de côtelettes),GP(de pommes de terre), lamarée génieGP[GP(dessaisons)etGP(desépisodes
delavi e ière-là ),GN(un GN(des épinards pour changer),GN(des abricots parce que c'était encore une rareté),Swannavaitapportéesexprès
aprèsdeuxansqu'iln'endonnaitplus quec'étaitnotretourdel'offrirSEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN14
8nit_?eT ?ibliographie et sources
W Martinet,André,
<*."!/1+23!2*$/0'$+1$&'!20./.%)*!; Paris,ArmandColin,(1960).
1995).
Sctrick,Robert,
Gondry,Michel,
R(/4!%+)1$(/2)/$".!2)4!62N()"2R5("+9S;
Film documentaire (2014). API: AssociationPhonétiqueInternationale
W Vallée, Nathalie;Rousset, Isabelle;Boë, Louis-Jean,^!+2 *!B$&'!+2 )'B2 +S**)E!+2 3!+2 *)/0'!+2 3'2
dansleslangues .Étudestypologiques,Vol.45 (2001). SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN15
8nit_
2LT puelques mots dÕintroduction
AuXIXesi
comparatiste Franz Bopp compare les langues à des organismes vivants qui naissent, se redela générativeaumilieuduXXesiècle,p un(%0)/!2 "!/1)*2 $//.. Au même moment, se développe une approche+(6$(*$/0'$+1$&'!du dimension biologique. Ainsi, comme nous l'avons évoqué dans la semaine introductive de ce MOOC, le langage humain est
il pensé tantôt dans sa dimension/)1'%)*$+1!, tantôt dans sa et culture. Ce module s'attache à montrer comm ent on peut penser ensemble ces deux dimensions du langage. Pour ce faire, nous nous attarderons sur la faculté de langage selon Chomsky, que l'on peut aussi concevoir à partir du concept d'!B)#1)1$(/. Nous reviendrons la sociolinguistique, avant d'évoquer comment certaines approches contemporaines tentent d'articulercesdeuxdimensions. SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN16 Unité_C2. Le langage : une faculté innée L'idéequelelangagedoublementarticuléestunefacultéquel'onpeutpenserdanssadimensionbiologiqueaussilégitimementquedanssadimensionculturelleousocialeestdéjàprésentechezlelingui steaméricainCharlesHockettdon tMarieMontantvousreparleral orsdelaquatrièmesemainedeceMOOC.Toutefois,c'estàNoamChomskyetàlalinguistiquegénérativequel'ondoi td'avoirdonné toutesamesure àcetteidée.Dansl'app rochenaturalisteque Chomskypropose,lemécanismegénéraldefonctionnementdulangagehumainestréarticuléavecunorganismevivantparticulierissudel'évolutionbiologiquedarwinienne:l'êtrehumain,conçucommeleseulanimalpourvudela"facultédelangage».L'idéegénéraleestquechaqueêtrehumainhérite,departsonappartenanceàl'espècehumaine,d'undispositifdéjàtrèsricheetcomplexequi,avantmêmelanaissance,prépareetpermetl'acquisitiondeslangueshumaines.Chomskyfaitl'hypothèsequecedispositifesttrèsélaboréetilassignepourtâcheàlalinguistiquedelemettreàjoursouslenomdegrammaireuniverselle(GU),àpartirdel'étudeapprofondiedesgrammairesparticulièresdeslanguesparticulières.Cepositio nnements'articulecrucialementavecuneco nceptiondel'acquisitionquin'estpas l'apprentissageetquilemetenoppositionaveclepsychologueJeanPiagetetsonapprocheconstructiviste:lebébéhumainn'estpasuneardoiseviergesurlaquelles'imprimelestracesdesarenc ontreavecl'environnement(l emilieu,l asociété,laculture).Aumoinspourcequiconcernelelangage,undispositifinnéetuniverselextrêmementélaboréprépareetcontraintlarencontreavecl'environnement(voirledébatChomsky-Piagetenbibliographie).Cetteidéeseraitlaformulationlinguistiquedel'intuitiondarwiniennequivoitàl'originedulangage"uninstinctpouracquérirunart".Cetteconceptio ndela"facultédelangage»com medispo sitifi nnéme ttantenformelarencontreavecl'environneme ntauraunerép ercussionconsidérablesurl'élaborationduprogrammederecherchedessciencescognitivesàleurorigine,enparticulierpourlapsychologie.IlfaitaussitrèsprofondémentéchoauxthèsesdubiologisteKonradLorenzquithéorisedesoncôtél'émergencedelafonctionsymboliqueauseindelavieàpartirduconceptd'organementaldontlafacultédelangagepourraitêtreunedesmanifestationsspécifiques.Commenousl'avonsdéveloppédanslemoduleBdececours(aveclanotiondecréativitédulangage),cettefacultéqueseulsleshumainsontenpartageleurpermetdeformulerunensemblepotentiellementillimitédemessageslangagiersquidécriventtouteslessituationsréelles,possiblesouimaginaires,advenues,ouàvenir.Elleleurpermetaussideréaliserdifférentstypesd'actescommeposerdesquestions,yrép ondre,demanderouordonner,e xprimerdessensationsou desémoti ons,promettreoumentir,etc..Enfin,etplusfondamentalementpourNoamChomsky,lafacultédelangagepermetauxêtr eshumainsunetrès grandeél aborationdel'acti vitédepenser(nousreviendronssurcepointdanslemoduleD"Lesfonctionsdulangage:communiqueretpenser»).
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN17 UNEFACULTÉDELANGAGESPÉCIFIQUEÀL'ESPÈCEHUMAINE?Plusieursargumentssoutiennentcettehypothèse.1. Unpremie rargumentimportantprovien tdel'échecqu'ontrencontr élestentativesd'apprendredeslangueshumainesàn ospluspro chesparentsprimatesqu iontétémenéesàpartirdesannées1970.2. Ledeuxièmeargumentimportant,invoquéparNoamChomsky,estissudelaconstatationempiriquequelesbébéshumainsapprennentla(oules)toute(s)première(s)langue(s)àlaquelle(auxquelles)ils sontexposésavecunerapiditéetunef acilitéquie xclutlapossibilitéqu'ilsl'apprennentuni quementenrecoupantl' informationlinguistiquetransmiseparlesphrasesqu'ilsentendent(cequ'ilsentendentdireàleurmèreet/ouàleursproches):c'estl'argumentdelapauvretédustimulus.Enparticulier,l'apprentissagedelasyntaxenepeutpassemettreenplaceparinférencecarlesénoncésquerencontrel'enfantlorsdelaphased'apprentissagenesontpasassezricheseninformationspourlepermettre.C'estdoncquel'enfantsaitdéjàuncertainnombredechoses,qu'ildisposedefaçoninnéed'unensembled'informationsquivontpermettre,faciliter,l'apprentissagedelapremièrelangueapprise,etenparticulierdel'organisationstructurelle(syntaxiquepourChomsky)decettelangue.3. D'autresargumentsproviennentdel'observationdelanaissancedeslanguesditescréoles.Lorsdelaformationdeceslangues,onobserved'aborddespidginsutiliséspardesadultesquineparlen tpaslamê melanguematernelle. Cespid ginsj uxtaposentdesmo tsdescriptifs(desnoms,desverbes,desadjectifs)sansmotsgrammaticaux(conjugaisons,auxiliaires,articles,etc.).Alagénérationsuivante,onobservedesenfantsquiapprennentcespidginscommelanguematernelleetyajoutentalorsdesmotsgrammaticauxcommedanslesautreslanguesnaturelles.Or,ilsn'ontpaspuapprendrecesmotsquin'existentpasdanslepidginparléparleursparents:ceux-ciproviendraientdoncdescontraintesimposéesparlafacultédelangage.4. D'autresargumentsquen ousn'avonspaslaplaced' exposerici sontfournispar ledéveloppementspontanédelanguesdessigneschezlesenfantssourds,ouencorepardesobservationsprovenantdespathologiesdulangage(pouruneexpositiondétailléedecesargumentsetdesprécédents,voirl'articled'AnneChristopheenbibliographie).Ilestdoncassezconsensuelaujourd'huiqu'ilexistebienuneprédispositionàacquérirleslangueshumaines.Undesdébatsmajeur sportedé sormaissur lanature,lecon tenuetl'organisationprécisedecettefacultédelangage.Pourapprofondir laquestiondeladimensionnaturel ledu langage,lireledocument "Uneexaptation»,danslapartieC5decemodule.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN18 Unité_C3. Le langage : un fait social Centrésurlacompréhensionetl'explicationdelafacultédelangageinnéedesêtreshumains,leprogrammederecherchedelalinguistiquegénérativealaissédecôtéladimensionsocialedulangage.Cetaspectsocial,quiétaitaucoeurdelalinguistiquestructuralisteissuedesréflexionsthéoriquesdeFerdinanddeSaussure,aensuiteétédéveloppéparlasociolinguistique,dontl'undespèresfo ndateursetl'undes représentantslespluséminen tsestWilliam Labov.Cettequestiondulangagecommefaitsocialredevientunequestioncentralederechercheaujourd'hui,ycomprisauseind'approchesnaturalistesquinerenoncentpasàl'idéed'unefacultédelangage.LALANGUEÉMERGED'UNACCORDTACITEENTRESESLOCUTEURSRevenonsuninstantàSaussurepourcomprendrel'importancethéoriquedeladimensionsocialedulangage.PourSaussure,toutelangueprocèdeenpremierlieud'unaccordconventionnelentreseslocuteurs .Lalangueémerged'un accordtacite,d'unsavoi rpartagéentrese slocuteurs(rappelez-vousl'undesdeuxtextesdontnousvousavonsproposélalecturelorsdelapremièresemaineintroductivedeceMOOC).Pourexpliquercela,Saussuredéveloppeuneconceptiondulangagecommesystèmed'oppositionsinternesoùlesunitéslinguistiques,àtouslesniveauxdel'analyse(celuidessons,celuidesunitésdesens,celuidesphrases),sontdéfiniesplutôtparleréseaudeleursrelationsaveclesunitésdemêmeniveauqueparleurnatureintrinsèqueouleurrelationaveclemonde.Ceciexpliquequetoutesleslanguesdumondepuissentpartagerlesmêmesmécanismesg énérauxd'organisationetdifférer toutesdansleréseaud'un itésetderelationsqu'ellesmobilisent.Parexemple,ladifférenceentre"fleuve»et"rivière»estplusimportantepourdéfinirlesensrespectifdecesdeuxmotsquelefaitqu'ilsdésignentuncoursd'eau.Parcequesonorganisationinterneestdifférente,lalangueanglaisen'utilisepascetteoppositionetnedisposequedumot"river»pourdésignerlesdeuxtypesdecoursd'eau.UNECONCEPTIONDELALANGUECOMMEFAITSOCIALPlusfondamentalementencore,l'oppositionconceptuelleentrelangueetparolequeproposeSaussuredépenddesaconceptiondelalanguecommefaitsocial.Eneffet,leson[a]neserajamaisprononcéstrictementdelamêmefaçonpardeuxlocuteursdifférents,mêmes'ilsparlentlamêmelangue(s'ilsn'ontpaslamêmehauteurdevoixparexemple),nimêmeparlemêmelocuteurselonqu'ilestenrouéouqu'ilesttristeougai.Parcontre,deuxlocuteursdufrançaisseronttoujourscapablesdereconnaîtrequ'un/a/(lavoyelledumot"gras»)n'estpasun/ã/(lavoyelledumot"grand»)parcequeladifférenceentrecesdeuxvoyellesleurpermetdedistinguerlasignificationdel'adjectif"grand»decelledel'adjectif"gras».Parcontre,ilfaudradutempsàunlocuteurdel'italienquinedisposepasdevoyellesnasalescomme/ã/danslesystèmed'oppositionssonoresdesalangue(sonsystèmephonologique,voirlemodueB),pour
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN19 entendreladifférenceentre/a/et/ã/etencorepluspourparveniràlaproduire.Eneffet,cettedifférencen'estpasfonctionnelleenitalien,ellenesertpasàdistinguerdessignifications:elleestphonétiqueetrelèvedeceque Saussur eappellelaparole.Au contraire, enfranç ais,cettedifférencepermetdedistinguer"grand»de"gras»,maisaussi"lent»de"las»etl'onpourraittrouverbiend'autresexemplessimilaires:enfrançais,ladifférenceentre/a/et/ã/estdoncfonctionnelle,phonologique,etrelèvedelalangue.C'estlaconnaissancepartagéepartousleslocuteursdufrançaisdelapo tentialitédi stinctivedecesdeux sonsqui leur permetdesecomprendreentreeuxetdenepasconfondre"gras»et"grand»:informationpartagéedontlanatureestsociale.Lasociolinguistiques'intéressetoutefoisàunaspectdifférentducaractèresocialdulangage.PourWilliamLabov,leprogrammedelasociolinguistiqueconsisteàidentifier,àdécrireetàexpliquerl'impactdefacteurssociaux(qu'ildéfinitcommedesfacteursexternesàlastructurelinguistique)su rlastructureinternedulangage.Parexemp le,dansson livre "SociolinguisticPatterns»(1972,traduitenfrançaissousletitre"Sociolinguistique»)ontrouveuneétudesurlavariationdelaprononciationduson[r]danslavilledeNewYorkselonl'originesocialedeslocuteurs.Depuis,untrèsgrandnombred'étudessurl'impactdelaclassesociale,del'originegéographique,dugen re,del'âge,delapréférencesexuelle ,etc.sur lastructurelinguistique,quecesoitsurlaphonologie(lessons),surlamorphologie(lastructuredesmots),oùsurlasyntaxe(l'organisationdemotsdanslaphrases),ontmontrél'importancedesfacteurssociauxpourexpliquerlesvariationsdelastructurelinguistiqueauseind'unemêmelangue.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN20 Unité_C4. Deux dimensions compatibles VERSLACOMPATIBILITÉDESDIMENSIONSINNÉESETSOCIALESDULANGAGEOnretrou vecetteidéequeladimen sionsociale dulangageexpli quecertainsas pectsd esastructurelinguistiquedansdestravaux pluscontem porainsenprove nancededomaine sderecherchedifférents(linguistique,maisaussisciencescognitivesetintelligenceartificielle).Parexemple,deschercheursqu itravaillentsu rlasignificationdulangage(ensémantiqueetenpragmatique)s'intéressentàunphénomènelinguistiquequel'onretrouvedanslamajoritédeslangueshumaines:lastructurationinformationnelledesphrases.Unexempl etrèssimplepermettrad'e ncomprendre leprincipe.Enfran çais,ilexisteunedifférencedesensentrelaphrase"Sabinedessinelesanimations»etlaphrase"C'estSabinequidessinelesanimations».Cettedifférenceneconcernepaslascènedécritequiestlamêmepourlesdeuxphr ases.Enrevanch e,alorsquelapremière phraserépondtrèsnaturelle mentàlaquestion"Qu'est-cequisepasse?»,lasecondeestuneréponsemieuxadaptéeàunequestioncomme"Quidessine lesanimations?».Alors quelapremièreph raseprésente toutes lesinformationsqu'ellecontientsurlemêmeplan,lasecondedistinguetrèsclairementl'information"Sabine»,quiestprésentéecommel'informationimportanteounouvelleapportéeparlaphrase,del'information"quelqu'undessinelesanimations»quiestprésentéecommedéjàpartagéeparlesinterlocuteurs:ainsi ,lastructuresyntaxiq uede laphrasereflètel'étatde connaissancemutuelledesinformationstransmisesquepartagentlelocuteuretl'interprèteaufuretàmesurequ'avancelediscours.Expliqueruntelphénomènesupposedoncdeconstruireunmodèledusavoirpartagéparlesin terlocuteurs etdesonévolutionaucoursdudérouleme ntde laconversation.Cephénomènereflètedoncl'impactdeladimensionsocialedulangagesursastructure.LERÔLEDESINTENTIONSCOMMUNICATIVESParailleurs,unensemblederecherchesd'orientationfonctionnaliste(voirl'articledeJacquesFrançoisenbibliographiepourunrésumédecestravaux,deleursthèsesetdeleursenjeux)accordentuneplacecentraleàlasignificationlinguistique,conçuecommereconnaissancedesintentionsdecommunicationde celuiqu iparle.Selonleursauteurs,lesintentionscommunicativesjouentunrôlecentral,àlafoisdansl'émergencephylogénétiquedelafacultédelangage(sonapparitio nauseindel'e spècehumaine)etdans lastabilisation dess tructuresgrammaticaledeslanguesaucoursdesgénérations.Pourcesauteurs,l'acquisitiond'unelanguepasseégalementpar lareconnaissancedesfon ctionsattri buées auxstructuresdelalangue.Prenonsl'exempled'unjeunefrancophoneapprenantsalangue.L'enfantneseracapabledevraimentcomprendreetproduirelaphrase"lachanson,Mariel'aécritependantsesvacances"
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN21 quelorsqu'ilauracomprisqueledétachementàgaucheducomplémentd'objet"lachanson"apourfonctiondesignalerque"lachanson"devientcedontonparle,lethèmedelaconversationàcemoment -làdel 'échange. Cesfonctionsdesstructuresgr ammaticales(com melafonctionthématiqueou"topicale»del adislocati onàgau cheillustréedansl'exempleprécédent)n eprennentsensquelorsd el'échangesoci alentredeux interlocuteurs. Dansces approchesfonctionnalistes,lelangageestconçuàlafoiscommeunefacultéinnée,etunfaitsocialsansquecesdeuxdimensionssoientcontradictoires.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN22 Unité_C5. Une exaptation LAFACULTÉDELANGAGECOMMEPRODUITD'UNEEXAPTATIONDanscedébat, lederni erdéveloppemen tdelali nguistiquegénérative,que l'onappelleleprogrammeminimaliste,défendunehypothèsesingulièrequel'onpeutinterpréteraumoyenduconceptd'exaptationqueBaptisteMorizotvousaapprisàmanierlorsdeladeuxièmesemainedeceMOOC.Lafacultédelangagesemblenepasêtreleproduitd'uneadaptationdarwiniennedirecteàunefonction uni voque(parex emplelacommunication).Ence sens,el len'estp asnéoformée,c'est-à-direnouvellementapparueàpartirderienpourcettefin.L'hypothèseestplutôtquelaform etrèscompl exeet trèsélaboréedela facultédelang agetellequ'elleestreconstituéeparleslinguistessouslenomdeGrammaireUniverselle(G.U.)dansleprogrammeminimaliste,estlaconséquencede ladouble contrain tequipèsesurelleàpartirdesdeux structuresquiluipréexistent:• d'unepartlespensées(l'appareilconceptuel-intentionnel),• d'autrepartlaboucheetl'oreille(lesystèmesensori-moteur).Eneffet,laG.U.afinalementpourfonctiondetransformerdespenséesenparoles.C'estpourquoielledoitêtrelisiblepourcesdeuxsystèmes:l'appareilconceptuel-intentionneld'oùémanentlespenséesquivontêtreformuléesdoitpouvoirorganisercespenséesdanslecadreproposéparlagrammaire,qui,àsontour,do itpouvoircomman der lesystème sensori-moteurquipermetd'encoderetdedécoderlesupportmatérieldel'expressionetdelatransmissiondecespensées(lessonsdelaparole).Or,laformedespenséesestradicalementdifférentedelaformedesondessonores:parexemple,lespenséesnesontpaslinéairesalorsquelesondessonoreslesont.Malgrécela,laformedelaG.U.doitêtrecompatibleàlafoisaveclaformedespenséesetaveccelledesondessonores.Commeleformuletr èsclaire mentJean-YvesPollockdan ssonarticlesurChomsky dansl'EncyclopaediaUniversalis:"Lathèseestdoncquelespropriétésdelafacultédelangagenerésultentpasdirectementdelasé lectionnatu rellemaissontlessous-produitsdecontraintesstru cturalespréexistantes[...].»,end'autrestermes,leproduitd'uneexaptation.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN23 Unité_C6. Bibliographie Chomsky,Noam,Structuressyntaxiques,Paris,LeSeuil,coll.Pointn°98,1957(trad.françaiseparM.Braudeau,1969)Christophe,Anne,L'apprentissagedulangage:unecapacitéinnée?,Intellectica,2002/1,n°34,pp.189-210.Jacques,François,Lafacultédelangage:travauxrécentsd'inspirationfonctionnalistesursonarchitecture,sesuniversaux,sonémergenceetsatransmission,dansCorela,1-1,2003.Labov,William,SociolinguisticPatterns,Philadelphie,UniversityofPennsylvaniaPress,1972(trad.françaisepara.Kihm:Sociolinguistique,Paris,ÉditionsdeMinuit,1976).Piattelli-Palmarini,Massimo,Théoriesdulangage,théoriesdel'apprentissage.LedébatentreJeanPiagetetNoamChomsky,Paris,Seuil,1979.Pollock,Jean-Yves,Chomsky,Noam,articledel'EncyclopaediaUniversalis.Coursdelinguistiquegénérale,Paris,Payot,éd.critiquedeTulliodeMauro,(1916,1995).
8nit_
oLT 2ommuniquer Dans ce module, nous évoquerons les deux grandes fonctions du langage: communiquer et commedéclencheurdelapensée. O; ,I2,=N]=]I2JIWK>L,2=7=NK2KMHK2c2RMYYHNLGHIWP
L'approche fonctionnaliste que nous avons évoquée dans le module précédent fait de la nosi une action, qu'une information nouvelle attende un acquiescement. Ainsi, l'analyse des conversationsa t lorsdeséchangeslinguistiques :les" um,um ouais ahouais c'estvrai »,maisaussi
D'au authèmemomentanédudiscoursencours. Ainsi,lafonctioncommunicativeest
Q; RMYYHNLGHIW@2IJK>RI2HNI2aMNRKLMN2XWMXWI2=H2,=N]=]I2P communiquonsparbiend'autresmoyens. pas linguistiques. Selon le philosoph e Charles Sanders Peirce, les signes linguistiques appartiennent à la catégorie des+S"E(*!+qui associent arbitrairement une forme et une SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN25
émoticônesmimentlestraits
de la sémiotique (ou sémiologie), cette science des signes dont la linguistique est une des jusqu 'à nos objets les plus quotidiens comme la voiture, entraient dans des réseaux de significations interprétables, communiquant notre état d'esprit au sein d'une situation, notre volonté de paraître, notre statut social, notre désir ou non désir, et bien d'a utres aspects, beaucoupplusgénérale. 7l .fGyB6vGU.rGr[réZY.rG^.G46YYBfv4név6fG^.rGnfvYnB_GvUUBréW.fégvUrG4.éé.
GDG La quatrième semaine de ce MOOC, proposée par Marie Montant et consacrée aux n communicativen'estpasl'apanagedulangage. SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN26
8nit_
oGT puell es sont les relations du langage avec la pense h moins deux sous-questions: comment le langage influence-t-il la pensée? etexiste-t-il une penséesanslangage? Une prem
ière approche des relations entre langage et pensée interroge essentiellement la du monde. Pour Saussure et la linguistique structuraliste, chaque langue estun système mangeons des " moutons », les anglais élèvent des "
sheep» et mangent du "mutton». La you »convientà
(presque) toutes les situations, à l'importante différence entre l'usage de " tu » et celuidu
vous »singulierdepolitesseenfrançais
ilsen danslesannées1 Une deuxième approche des relations entre langage et pensée met plutôt l'accent sur les mécanismes propre à la structure linguistique et sur leur potentiel d'élaboration de repr inédites,jamaisencoreproduites créativité linguistique (voir le module B de ce cours), inhérente au fonctionnement de laquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
Vallée, Nathalie;Rousset, Isabelle;Boë, Louis-Jean,^!+2 *!B$&'!+2 )'B2 +S**)E!+2 3!+2 *)/0'!+2 3'2
dansleslangues .Étudestypologiques,Vol.45 (2001).SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN15
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2LT puelques mots dÕintroduction
AuXIXesi
comparatiste Franz Bopp compare les langues à des organismes vivants qui naissent, se redela générativeaumilieuduXXesiècle,p un(%0)/!2 "!/1)*2 $//.. Au même moment, se développe une approche+(6$(*$/0'$+1$&'!du dimension biologique. Ainsi, comme nous l'avons évoqué dans la semaine introductive de ceMOOC, le langage humain est
il pensé tantôt dans sa dimension/)1'%)*$+1!, tantôt dans sa et culture. Ce module s'attache à montrer comm ent on peut penser ensemble ces deux dimensions du langage. Pour ce faire, nous nous attarderons sur la faculté de langage selon Chomsky, que l'on peut aussi concevoir à partir du concept d'!B)#1)1$(/. Nous reviendrons la sociolinguistique, avant d'évoquer comment certaines approches contemporaines tentent d'articulercesdeuxdimensions.SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN16 Unité_C2. Le langage : une faculté innée L'idéequelelangagedoublementarticuléestunefacultéquel'onpeutpenserdanssadimensionbiologiqueaussilégitimementquedanssadimensionculturelleousocialeestdéjàprésentechezlelingui steaméricainCharlesHockettdon tMarieMontantvousreparleral orsdelaquatrièmesemainedeceMOOC.Toutefois,c'estàNoamChomskyetàlalinguistiquegénérativequel'ondoi td'avoirdonné toutesamesure àcetteidée.Dansl'app rochenaturalisteque Chomskypropose,lemécanismegénéraldefonctionnementdulangagehumainestréarticuléavecunorganismevivantparticulierissudel'évolutionbiologiquedarwinienne:l'êtrehumain,conçucommeleseulanimalpourvudela"facultédelangage».L'idéegénéraleestquechaqueêtrehumainhérite,departsonappartenanceàl'espècehumaine,d'undispositifdéjàtrèsricheetcomplexequi,avantmêmelanaissance,prépareetpermetl'acquisitiondeslangueshumaines.Chomskyfaitl'hypothèsequecedispositifesttrèsélaboréetilassignepourtâcheàlalinguistiquedelemettreàjoursouslenomdegrammaireuniverselle(GU),àpartirdel'étudeapprofondiedesgrammairesparticulièresdeslanguesparticulières.Cepositio nnements'articulecrucialementavecuneco nceptiondel'acquisitionquin'estpas l'apprentissageetquilemetenoppositionaveclepsychologueJeanPiagetetsonapprocheconstructiviste:lebébéhumainn'estpasuneardoiseviergesurlaquelles'imprimelestracesdesarenc ontreavecl'environnement(l emilieu,l asociété,laculture).Aumoinspourcequiconcernelelangage,undispositifinnéetuniverselextrêmementélaboréprépareetcontraintlarencontreavecl'environnement(voirledébatChomsky-Piagetenbibliographie).Cetteidéeseraitlaformulationlinguistiquedel'intuitiondarwiniennequivoitàl'originedulangage"uninstinctpouracquérirunart".Cetteconceptio ndela"facultédelangage»com medispo sitifi nnéme ttantenformelarencontreavecl'environneme ntauraunerép ercussionconsidérablesurl'élaborationduprogrammederecherchedessciencescognitivesàleurorigine,enparticulierpourlapsychologie.IlfaitaussitrèsprofondémentéchoauxthèsesdubiologisteKonradLorenzquithéorisedesoncôtél'émergencedelafonctionsymboliqueauseindelavieàpartirduconceptd'organementaldontlafacultédelangagepourraitêtreunedesmanifestationsspécifiques.Commenousl'avonsdéveloppédanslemoduleBdececours(aveclanotiondecréativitédulangage),cettefacultéqueseulsleshumainsontenpartageleurpermetdeformulerunensemblepotentiellementillimitédemessageslangagiersquidécriventtouteslessituationsréelles,possiblesouimaginaires,advenues,ouàvenir.Elleleurpermetaussideréaliserdifférentstypesd'actescommeposerdesquestions,yrép ondre,demanderouordonner,e xprimerdessensationsou desémoti ons,promettreoumentir,etc..Enfin,etplusfondamentalementpourNoamChomsky,lafacultédelangagepermetauxêtr eshumainsunetrès grandeél aborationdel'acti vitédepenser(nousreviendronssurcepointdanslemoduleD"Lesfonctionsdulangage:communiqueretpenser»).
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN17 UNEFACULTÉDELANGAGESPÉCIFIQUEÀL'ESPÈCEHUMAINE?Plusieursargumentssoutiennentcettehypothèse.1. Unpremie rargumentimportantprovien tdel'échecqu'ontrencontr élestentativesd'apprendredeslangueshumainesàn ospluspro chesparentsprimatesqu iontétémenéesàpartirdesannées1970.2. Ledeuxièmeargumentimportant,invoquéparNoamChomsky,estissudelaconstatationempiriquequelesbébéshumainsapprennentla(oules)toute(s)première(s)langue(s)àlaquelle(auxquelles)ils sontexposésavecunerapiditéetunef acilitéquie xclutlapossibilitéqu'ilsl'apprennentuni quementenrecoupantl' informationlinguistiquetransmiseparlesphrasesqu'ilsentendent(cequ'ilsentendentdireàleurmèreet/ouàleursproches):c'estl'argumentdelapauvretédustimulus.Enparticulier,l'apprentissagedelasyntaxenepeutpassemettreenplaceparinférencecarlesénoncésquerencontrel'enfantlorsdelaphased'apprentissagenesontpasassezricheseninformationspourlepermettre.C'estdoncquel'enfantsaitdéjàuncertainnombredechoses,qu'ildisposedefaçoninnéed'unensembled'informationsquivontpermettre,faciliter,l'apprentissagedelapremièrelangueapprise,etenparticulierdel'organisationstructurelle(syntaxiquepourChomsky)decettelangue.3. D'autresargumentsproviennentdel'observationdelanaissancedeslanguesditescréoles.Lorsdelaformationdeceslangues,onobserved'aborddespidginsutiliséspardesadultesquineparlen tpaslamê melanguematernelle. Cespid ginsj uxtaposentdesmo tsdescriptifs(desnoms,desverbes,desadjectifs)sansmotsgrammaticaux(conjugaisons,auxiliaires,articles,etc.).Alagénérationsuivante,onobservedesenfantsquiapprennentcespidginscommelanguematernelleetyajoutentalorsdesmotsgrammaticauxcommedanslesautreslanguesnaturelles.Or,ilsn'ontpaspuapprendrecesmotsquin'existentpasdanslepidginparléparleursparents:ceux-ciproviendraientdoncdescontraintesimposéesparlafacultédelangage.4. D'autresargumentsquen ousn'avonspaslaplaced' exposerici sontfournispar ledéveloppementspontanédelanguesdessigneschezlesenfantssourds,ouencorepardesobservationsprovenantdespathologiesdulangage(pouruneexpositiondétailléedecesargumentsetdesprécédents,voirl'articled'AnneChristopheenbibliographie).Ilestdoncassezconsensuelaujourd'huiqu'ilexistebienuneprédispositionàacquérirleslangueshumaines.Undesdébatsmajeur sportedé sormaissur lanature,lecon tenuetl'organisationprécisedecettefacultédelangage.Pourapprofondir laquestiondeladimensionnaturel ledu langage,lireledocument "Uneexaptation»,danslapartieC5decemodule.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN18 Unité_C3. Le langage : un fait social Centrésurlacompréhensionetl'explicationdelafacultédelangageinnéedesêtreshumains,leprogrammederecherchedelalinguistiquegénérativealaissédecôtéladimensionsocialedulangage.Cetaspectsocial,quiétaitaucoeurdelalinguistiquestructuralisteissuedesréflexionsthéoriquesdeFerdinanddeSaussure,aensuiteétédéveloppéparlasociolinguistique,dontl'undespèresfo ndateursetl'undes représentantslespluséminen tsestWilliam Labov.Cettequestiondulangagecommefaitsocialredevientunequestioncentralederechercheaujourd'hui,ycomprisauseind'approchesnaturalistesquinerenoncentpasàl'idéed'unefacultédelangage.LALANGUEÉMERGED'UNACCORDTACITEENTRESESLOCUTEURSRevenonsuninstantàSaussurepourcomprendrel'importancethéoriquedeladimensionsocialedulangage.PourSaussure,toutelangueprocèdeenpremierlieud'unaccordconventionnelentreseslocuteurs .Lalangueémerged'un accordtacite,d'unsavoi rpartagéentrese slocuteurs(rappelez-vousl'undesdeuxtextesdontnousvousavonsproposélalecturelorsdelapremièresemaineintroductivedeceMOOC).Pourexpliquercela,Saussuredéveloppeuneconceptiondulangagecommesystèmed'oppositionsinternesoùlesunitéslinguistiques,àtouslesniveauxdel'analyse(celuidessons,celuidesunitésdesens,celuidesphrases),sontdéfiniesplutôtparleréseaudeleursrelationsaveclesunitésdemêmeniveauqueparleurnatureintrinsèqueouleurrelationaveclemonde.Ceciexpliquequetoutesleslanguesdumondepuissentpartagerlesmêmesmécanismesg énérauxd'organisationetdifférer toutesdansleréseaud'un itésetderelationsqu'ellesmobilisent.Parexemple,ladifférenceentre"fleuve»et"rivière»estplusimportantepourdéfinirlesensrespectifdecesdeuxmotsquelefaitqu'ilsdésignentuncoursd'eau.Parcequesonorganisationinterneestdifférente,lalangueanglaisen'utilisepascetteoppositionetnedisposequedumot"river»pourdésignerlesdeuxtypesdecoursd'eau.UNECONCEPTIONDELALANGUECOMMEFAITSOCIALPlusfondamentalementencore,l'oppositionconceptuelleentrelangueetparolequeproposeSaussuredépenddesaconceptiondelalanguecommefaitsocial.Eneffet,leson[a]neserajamaisprononcéstrictementdelamêmefaçonpardeuxlocuteursdifférents,mêmes'ilsparlentlamêmelangue(s'ilsn'ontpaslamêmehauteurdevoixparexemple),nimêmeparlemêmelocuteurselonqu'ilestenrouéouqu'ilesttristeougai.Parcontre,deuxlocuteursdufrançaisseronttoujourscapablesdereconnaîtrequ'un/a/(lavoyelledumot"gras»)n'estpasun/ã/(lavoyelledumot"grand»)parcequeladifférenceentrecesdeuxvoyellesleurpermetdedistinguerlasignificationdel'adjectif"grand»decelledel'adjectif"gras».Parcontre,ilfaudradutempsàunlocuteurdel'italienquinedisposepasdevoyellesnasalescomme/ã/danslesystèmed'oppositionssonoresdesalangue(sonsystèmephonologique,voirlemodueB),pour
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN19 entendreladifférenceentre/a/et/ã/etencorepluspourparveniràlaproduire.Eneffet,cettedifférencen'estpasfonctionnelleenitalien,ellenesertpasàdistinguerdessignifications:elleestphonétiqueetrelèvedeceque Saussur eappellelaparole.Au contraire, enfranç ais,cettedifférencepermetdedistinguer"grand»de"gras»,maisaussi"lent»de"las»etl'onpourraittrouverbiend'autresexemplessimilaires:enfrançais,ladifférenceentre/a/et/ã/estdoncfonctionnelle,phonologique,etrelèvedelalangue.C'estlaconnaissancepartagéepartousleslocuteursdufrançaisdelapo tentialitédi stinctivedecesdeux sonsqui leur permetdesecomprendreentreeuxetdenepasconfondre"gras»et"grand»:informationpartagéedontlanatureestsociale.Lasociolinguistiques'intéressetoutefoisàunaspectdifférentducaractèresocialdulangage.PourWilliamLabov,leprogrammedelasociolinguistiqueconsisteàidentifier,àdécrireetàexpliquerl'impactdefacteurssociaux(qu'ildéfinitcommedesfacteursexternesàlastructurelinguistique)su rlastructureinternedulangage.Parexemp le,dansson livre "SociolinguisticPatterns»(1972,traduitenfrançaissousletitre"Sociolinguistique»)ontrouveuneétudesurlavariationdelaprononciationduson[r]danslavilledeNewYorkselonl'originesocialedeslocuteurs.Depuis,untrèsgrandnombred'étudessurl'impactdelaclassesociale,del'originegéographique,dugen re,del'âge,delapréférencesexuelle ,etc.sur lastructurelinguistique,quecesoitsurlaphonologie(lessons),surlamorphologie(lastructuredesmots),oùsurlasyntaxe(l'organisationdemotsdanslaphrases),ontmontrél'importancedesfacteurssociauxpourexpliquerlesvariationsdelastructurelinguistiqueauseind'unemêmelangue.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN20 Unité_C4. Deux dimensions compatibles VERSLACOMPATIBILITÉDESDIMENSIONSINNÉESETSOCIALESDULANGAGEOnretrou vecetteidéequeladimen sionsociale dulangageexpli quecertainsas pectsd esastructurelinguistiquedansdestravaux pluscontem porainsenprove nancededomaine sderecherchedifférents(linguistique,maisaussisciencescognitivesetintelligenceartificielle).Parexemple,deschercheursqu itravaillentsu rlasignificationdulangage(ensémantiqueetenpragmatique)s'intéressentàunphénomènelinguistiquequel'onretrouvedanslamajoritédeslangueshumaines:lastructurationinformationnelledesphrases.Unexempl etrèssimplepermettrad'e ncomprendre leprincipe.Enfran çais,ilexisteunedifférencedesensentrelaphrase"Sabinedessinelesanimations»etlaphrase"C'estSabinequidessinelesanimations».Cettedifférenceneconcernepaslascènedécritequiestlamêmepourlesdeuxphr ases.Enrevanch e,alorsquelapremière phraserépondtrèsnaturelle mentàlaquestion"Qu'est-cequisepasse?»,lasecondeestuneréponsemieuxadaptéeàunequestioncomme"Quidessine lesanimations?».Alors quelapremièreph raseprésente toutes lesinformationsqu'ellecontientsurlemêmeplan,lasecondedistinguetrèsclairementl'information"Sabine»,quiestprésentéecommel'informationimportanteounouvelleapportéeparlaphrase,del'information"quelqu'undessinelesanimations»quiestprésentéecommedéjàpartagéeparlesinterlocuteurs:ainsi ,lastructuresyntaxiq uede laphrasereflètel'étatde connaissancemutuelledesinformationstransmisesquepartagentlelocuteuretl'interprèteaufuretàmesurequ'avancelediscours.Expliqueruntelphénomènesupposedoncdeconstruireunmodèledusavoirpartagéparlesin terlocuteurs etdesonévolutionaucoursdudérouleme ntde laconversation.Cephénomènereflètedoncl'impactdeladimensionsocialedulangagesursastructure.LERÔLEDESINTENTIONSCOMMUNICATIVESParailleurs,unensemblederecherchesd'orientationfonctionnaliste(voirl'articledeJacquesFrançoisenbibliographiepourunrésumédecestravaux,deleursthèsesetdeleursenjeux)accordentuneplacecentraleàlasignificationlinguistique,conçuecommereconnaissancedesintentionsdecommunicationde celuiqu iparle.Selonleursauteurs,lesintentionscommunicativesjouentunrôlecentral,àlafoisdansl'émergencephylogénétiquedelafacultédelangage(sonapparitio nauseindel'e spècehumaine)etdans lastabilisation dess tructuresgrammaticaledeslanguesaucoursdesgénérations.Pourcesauteurs,l'acquisitiond'unelanguepasseégalementpar lareconnaissancedesfon ctionsattri buées auxstructuresdelalangue.Prenonsl'exempled'unjeunefrancophoneapprenantsalangue.L'enfantneseracapabledevraimentcomprendreetproduirelaphrase"lachanson,Mariel'aécritependantsesvacances"
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN21 quelorsqu'ilauracomprisqueledétachementàgaucheducomplémentd'objet"lachanson"apourfonctiondesignalerque"lachanson"devientcedontonparle,lethèmedelaconversationàcemoment -làdel 'échange. Cesfonctionsdesstructuresgr ammaticales(com melafonctionthématiqueou"topicale»del adislocati onàgau cheillustréedansl'exempleprécédent)n eprennentsensquelorsd el'échangesoci alentredeux interlocuteurs. Dansces approchesfonctionnalistes,lelangageestconçuàlafoiscommeunefacultéinnée,etunfaitsocialsansquecesdeuxdimensionssoientcontradictoires.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN22 Unité_C5. Une exaptation LAFACULTÉDELANGAGECOMMEPRODUITD'UNEEXAPTATIONDanscedébat, lederni erdéveloppemen tdelali nguistiquegénérative,que l'onappelleleprogrammeminimaliste,défendunehypothèsesingulièrequel'onpeutinterpréteraumoyenduconceptd'exaptationqueBaptisteMorizotvousaapprisàmanierlorsdeladeuxièmesemainedeceMOOC.Lafacultédelangagesemblenepasêtreleproduitd'uneadaptationdarwiniennedirecteàunefonction uni voque(parex emplelacommunication).Ence sens,el len'estp asnéoformée,c'est-à-direnouvellementapparueàpartirderienpourcettefin.L'hypothèseestplutôtquelaform etrèscompl exeet trèsélaboréedela facultédelang agetellequ'elleestreconstituéeparleslinguistessouslenomdeGrammaireUniverselle(G.U.)dansleprogrammeminimaliste,estlaconséquencede ladouble contrain tequipèsesurelleàpartirdesdeux structuresquiluipréexistent:• d'unepartlespensées(l'appareilconceptuel-intentionnel),• d'autrepartlaboucheetl'oreille(lesystèmesensori-moteur).Eneffet,laG.U.afinalementpourfonctiondetransformerdespenséesenparoles.C'estpourquoielledoitêtrelisiblepourcesdeuxsystèmes:l'appareilconceptuel-intentionneld'oùémanentlespenséesquivontêtreformuléesdoitpouvoirorganisercespenséesdanslecadreproposéparlagrammaire,qui,àsontour,do itpouvoircomman der lesystème sensori-moteurquipermetd'encoderetdedécoderlesupportmatérieldel'expressionetdelatransmissiondecespensées(lessonsdelaparole).Or,laformedespenséesestradicalementdifférentedelaformedesondessonores:parexemple,lespenséesnesontpaslinéairesalorsquelesondessonoreslesont.Malgrécela,laformedelaG.U.doitêtrecompatibleàlafoisaveclaformedespenséesetaveccelledesondessonores.Commeleformuletr èsclaire mentJean-YvesPollockdan ssonarticlesurChomsky dansl'EncyclopaediaUniversalis:"Lathèseestdoncquelespropriétésdelafacultédelangagenerésultentpasdirectementdelasé lectionnatu rellemaissontlessous-produitsdecontraintesstru cturalespréexistantes[...].»,end'autrestermes,leproduitd'uneexaptation.
SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN23 Unité_C6. Bibliographie Chomsky,Noam,Structuressyntaxiques,Paris,LeSeuil,coll.Pointn°98,1957(trad.françaiseparM.Braudeau,1969)Christophe,Anne,L'apprentissagedulangage:unecapacitéinnée?,Intellectica,2002/1,n°34,pp.189-210.Jacques,François,Lafacultédelangage:travauxrécentsd'inspirationfonctionnalistesursonarchitecture,sesuniversaux,sonémergenceetsatransmission,dansCorela,1-1,2003.Labov,William,SociolinguisticPatterns,Philadelphie,UniversityofPennsylvaniaPress,1972(trad.françaisepara.Kihm:Sociolinguistique,Paris,ÉditionsdeMinuit,1976).Piattelli-Palmarini,Massimo,Théoriesdulangage,théoriesdel'apprentissage.LedébatentreJeanPiagetetNoamChomsky,Paris,Seuil,1979.Pollock,Jean-Yves,Chomsky,Noam,articledel'EncyclopaediaUniversalis.Coursdelinguistiquegénérale,Paris,Payot,éd.critiquedeTulliodeMauro,(1916,1995).
8nit_
oLT 2ommuniquer Dans ce module, nous évoquerons les deux grandes fonctions du langage: communiquer et commedéclencheurdelapensée.O; ,I2,=N]=]I2JIWK>L,2=7=NK2KMHK2c2RMYYHNLGHIWP
L'approche fonctionnaliste que nous avons évoquée dans le module précédent fait de la nosi une action, qu'une information nouvelle attende un acquiescement. Ainsi, l'analyse des conversationsa t lorsdeséchangeslinguistiques :les" um,um ouais ahouais c'estvrai»,maisaussi
D'au authèmemomentanédudiscoursencours.Ainsi,lafonctioncommunicativeest
Q; RMYYHNLGHIW@2IJK>RI2HNI2aMNRKLMN2XWMXWI2=H2,=N]=]I2P communiquonsparbiend'autresmoyens. pas linguistiques. Selon le philosoph e Charles Sanders Peirce, les signes linguistiques appartiennent à la catégorie des+S"E(*!+qui associent arbitrairement une forme et uneSEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN25
émoticônesmimentlestraits
de la sémiotique (ou sémiologie), cette science des signes dont la linguistique est une des jusqu 'à nos objets les plus quotidiens comme la voiture, entraient dans des réseaux de significations interprétables, communiquant notre état d'esprit au sein d'une situation, notre volonté de paraître, notre statut social, notre désir ou non désir, et bien d'a utres aspects, beaucoupplusgénérale.7l .fGyB6vGU.rGr[réZY.rG^.G46YYBfv4név6fG^.rGnfvYnB_GvUUBréW.fégvUrG4.éé.
GDG La quatrième semaine de ce MOOC, proposée par Marie Montant et consacrée aux n communicativen'estpasl'apanagedulangage.SEMAINE3_QU'EST-CEQUELELANGAGEHUMAIN26
8nit_
oGT puell es sont les relations du langage avec la pense h moins deux sous-questions: comment le langage influence-t-il la pensée? etexiste-t-il une penséesanslangage?Une prem
ière approche des relations entre langage et pensée interroge essentiellement la du monde. Pour Saussure et la linguistique structuraliste, chaque langue estun système mangeons des " moutons», les anglais élèvent des "
sheep» et mangent du "mutton». La you»convientà
(presque) toutes les situations, à l'importante différence entre l'usage de " tu» et celuidu
vous»singulierdepolitesseenfrançais
ilsen danslesannées1 Une deuxième approche des relations entre langage et pensée met plutôt l'accent sur les mécanismes propre à la structure linguistique et sur leur potentiel d'élaboration de repr inédites,jamaisencoreproduites créativité linguistique (voir le module B de ce cours), inhérente au fonctionnement de laquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46[PDF] le langage théâtral (exercice créé par d-a. carlier) correction
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