Le principe dégalité
principes constitutionnels telle la liberté d'entreprendre ou les droits de la défense
Les principes dégalité et de non-discrimination une perspective de
La protection par le droit contre les discriminations injustifiées peut être considérée comme effective dans le droit du Conseil de l'Europe malgré les limites
Les principes dégalité et de non-discrimination une perspective de
principe d'égalité devant le Conseil constitutionnel français. La conception classique de l'égalité en droit français est une égalité devant la loi et ...
? La France a de longue date érigé légalité en principe
citoyen de 1789 (« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».) et l'article 1er précise que « la France (…) assure l'égalité devant la loi de
Le principe dégalité dans la jurisprudence du Conseil
4 avr. 2020 Le principe évolue néanmoins par l'effet de changements d'approche des pouvoirs publics et de l'imprégnation du droit communautaire et européen ...
Les principes dégalité et de non-discrimination une perspective de
Quatrièmement le rapport décrit la réception en droit belge du concept de la discrimination positive né Outre-Atlantique. Enfin
Le principe dégalité dans le droit de la fonction publique et de la
4 avr. 2020 Si dans l'arrêt Barel
DIRECTIVE 2006/54/CE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU
5 juil. 2006 relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité des chances et de ... mination fondée sur le sexe et consacrent le droit à l'égalité.
Le principe dégalité en droit béninois de la famille
3 avr. 2018 L'égalité dans les relations au sein des couples. SECONDE PARTIE. LE DROIT BÉNINOIS DE LA FAMILLE SOUS LE PRISME DU PRINCIPE.
2LE droIT À LA SANTÉ ET LE PrINcIPE dÉgALITÉ dE TrAITEmENT
Le droit à la protection de la santé. La loi relative aux droits des personnes malades et à la qualité du système de santé du.
Président :
Monsieur Noël A. GBAGUIDI, Professeur Titulaire, Université d'Abomey-CalaviDirecteurs de thèse :
Monsieur Roch Gnahoui DAVID, Maître de conférences, Agrégé, Université d'Abomey-Calavi
Monsieur Frédéric BICHERON, Professeur des Universités, Univsersité Paris-EstRapporteurs :
Monsieur Nanga SILUÉ
Monsieur Akodah AYÉWOUADAN,
Membre :
Monsieur Romain BOFFA, Professeur des Universités, Université Paris-EstPrésentée et soutenue publiquement le 16 avril 2016
par :Simone Kossiba HONVOU
JURYChamp disciplinaire : Droit privé
Préparée par :
LE PRINCIPE D'ÉGALITÉ EN DROIT
BÉNINOIS DE LA FAMILLE
ORGANISATIONS, MARCHÉS, INSTITUTIONSChaire Unesco des droits de la personne et de la démocratieUNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVIUNIVERSITE PARIS-EST
Les Facultés de Droit et de Sciences Politiques des Universités Paris-Est et d'Abomey-Calavi n'entendent donner aucune approbation ni improbation aux opinionsémises dans cette thèse : ces opinions doivent être considérées comme propres à leur
auteur. 3DÉDICACE
À vous qui m'avez soutenu
4REMERCIEMENTS
Ce travail ne peut se réaliser sans l'aide précieuse de certaines personnes que nous ne saurions assez remercier.Nos humbles remerciements s'adressent :
- aux professeurs Roch Gnahoui DAVID et Frédéric BICHERON qui ont accepté malgré leurs multiples occupations, de diriger cette recherche. Vous n'avez ménagé aucun effort à nous accorder toute l'assistance nécessaire. Trouvez ici l'expression de notre profonde gratitude ; - aux membres du jury pour avoir accepté de consacrer de leur précieux temps à l'évaluation de cette recherche ; - au professeur Noël GBAGUIDI, Titulaire de la Chaire UNESCO des droits de la personne et de la démocratie, pour ses conseils avisés et pour la facilitation dans les procédures administratives pendant toute cette recherche ; - à Madame Gisèle DANTINNON et à tout le personnel de la Chaire UNESCO des droits de la personne et de la démocratie de l'Université d'Abomey-Calavi, de l'Institut des recherches en droit privé de la Faculté de droit et de sciences politiques de l'Université de Nantes et du laboratoire Obligations-Biens- Marchés de la Faculté de droit de l'Université Paris-Est.- à M. le Doyen Djedjro MÉLÈDJE pour son parrainage, son soutien, ses conseils et orientations ;
- à M. Jérôme BENZIMRA-HAZAN, pour son soutien, sa disponibilité et ses relectures ; - à Sar ELIEL et à Sgan YEKESKIEL pour leurs encouragements au travail, leurs prières et leurs soutiens ; - à M. Éric DÉWEDI, pour ses encouragements et son soutien ; - à Pierre TOGBÉ, pour son soutien et ses prières - à nos parents, nos frères et soeurs et à tous nos amis, en espérant qu'ils nous pardonneront pour notre état pendant cette fin de recherche obstinée ; - à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont aidé, soutenu, stimulé etécouté.
5PRINCIPALES ABRÉVIATIONS
aff. Affaire AFJB Association des femmes juristes du BéninAJ fam Actualité juridique famille.
al. AlinéaAN. Assemblée Nationale
Ann. afr. Annale africaine
art. ArticleAss. Plén. Assemblée plénière
avr. Avril Bull. civ. Bulletin des arrêts de la Cour de cassation (chambre civile)C. civ Code civil
C. Code
c. Contre Cass. 1ere civ. arrêt de la première chambre civile de la Cour de cassation Cass. 2e civ. arrêt de la deuxième chambre civile de la Cour de cassation Cass. 3e civ. arrêt de la troisième chambre civile de la Cour de cassation Cass. ass. plén. arrêt de l'Assemblée plénière de la Cour de cassation Cass. civ. chambre civil de la Cour de cassation Cass. crim. chambre criminel de la cour de cassation Cass. mixte chambre mixte de la Cour de cassation Cass. req. chambre des requêtes de la Cour de cassationCE Conseil d'État
CEDEF Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes CEDH Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales CEFORP Centre de Formation et de Recherche en matière de Population CEPREMAP Centre pour la recherche économique et ses applications cf. Confer ChADHP Charte africaine des droits de l'homme et des peuples chap. Chapitre chron. Chronique de doctrine cir. Circulaire 6 CJCE arrêt de la Cour de justice des communautés européennes CNRS Centre national de la recherche scientifique coll. collection comm. Commentaire comm. Communication concl. Conclusions Cons. const. arrêt du Conseil constitutionnel Cour EDH Cour européenne des droits de l'hommeCPF Code des personnes et de la famille
CREDIJ Centre de recherches et d'Etudes en droit et Institutions judiciaires en Afrique crit. CritiqueD. recueil Dalloz
dec. Décembre Defrénois Répertoire du Notariat DefrénoisDH recueil Dalloz (hebdomadaire)
dir. Direction doctr. DoctrineDr. et patr. Droit et Patrimoine
Dr. fam. Revue droit de la famille
DUDH Déclaration universelle des droits de l'hommeéd. Édition
etc. et ceteraFES Friedrich Ebert Stiftung
fév. Février FIVETTE Fécondation In Vitro et Transfert des Embryons. GAJ. civ. Grands arrêts de la jurisprudence civileGaz. Pal Gazette du Palais
IA insémination artificielle
Ibid. au même endroit
ICSI Intra Cytoplasmic Sperm Injection
infra ci-dessous (plus bas) INSAE Institut national de statistique d'analyse économiqueIVG Interruption volontaire de grossesse
7J. -Cl. Juris-Classeur
JAF Juge aux affaires familiales
janv. Janvier JCP G Jurisclasseur périodique. La semaine juridique, édition générale JCP N Jurisclasseur périodique. La semaine juridique, édition notarialeJCP Juris-classeur périodique
JDI Journal du droit international (Clunet)
JO Journal officiel (décrets et lois)
juil. JuilletJurispr. Jurisprudence
lég. Législation LGDJ Librairie générale de droit et de jurisprudenceSirey Librairie du Recueil Sirey
loc. cit loco citato (à l'endroit cité)LPA Les Petites Affiches
M. Monsieur
Mme Madame
n° Numéro not. Notamment nov. Novembre obs. Observations oct. OctobreONG organisation non gouvernementale
op. cit. opere citato (ouvrage précité) p. pp. Page PagesPacs Pacte civil de solidarité
PIDCP Pacte international relatif aux droits civils et politiquePMA Procréation médicalement assistée
préc. Précité préf. PréfacePrés. afr. Présence africaine
PUAM Presses Universitaires d'Aix-Marseille
PUF Presses universitaires de France
8PUS Presses Universitaires du Septentrion
QPC Question prioritaire de constitutionnalitéRapp. Rapport ou Rapporteur
RBSJA Revue Béninoise des Sciences Juridiques et AdministrativesRDFA Revue française de droit administratif
RDP Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étrangerRec. Recueil
Rép. civ. Répertoire de droit civil, éditions Dalloz Rép. com. Répertoire de droit commercial, éditions Dalloz req. Requête Rev. crit. DIP Revue critique de droit international privéRev. société Revue société
Rev. Revue
RID comp. Revue international et de droit comparéRJPF Revue juridique personne et famille
RJPIC Revue juridique et politique indépendance et CoopérationRLDC Revue Lamy droit civil
RLDC Revue Lamy Droit civil
RRJ. Revue de la recherche juridique. Droit prospectifRSD Revue sénégalaise de droit
RTD civ. Revue trimestrielle de droit civil
RTD eur. Revue trimestrielle de droit européen RTD sanit. soc. Revue trimestrielle de droit sanitaire et socialRTDH revue trimestrielle des droits de l'homme
RUDH Revue universelle des droits de l'homme
S. Recueil Sirey
s. suivant (s) sept. SeptembreSIDA Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise
soc. société de législation comparée spéc. spécialement supra ci-dessus t. Tome 9TGI tribunal de grande instance
TI Jugement du Tribunal d'instance
TPI Jugement du Tribunal de première instance Trav. Assoc. Capitant Travaux de l'association Henri Capitant trib. TribunalUCL Université Catholique de Louvain
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et laCulture
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
VIH Virus de l'Immuno-déficience Humaine
vol. Volume voy. Voyez 10SOMMAIRE
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
LE DROIT BÉNINOIS DE LA FAMILLE SOUS LE PRISME DU PRINCIPED'ÉGALITÉ : DE LEGE LATA
TITRE I
LA TRADITION COMME OBSTACLE Á L'ÉGALITÉ EN DROIT DE LAFAMILLE
CHAPITRE I. Le maintien de traditions inégalitaires dans le mariage au Bénin CHAPITRE II. Le maintien de traditions inégalitaires quant aux éléments identifiant les personnesTITRE II
LA LOI COMME OUVERTURE Á PLUS D'ÉGALITÉ EN DROIT BÉNINOIS DELA FAMILLE
CHAPITRE I. L'égalité résultant de la suppression des options CHAPITRE II. L'égalité dans les relations au sein des couplesSECONDE PARTIE
LE DROIT BÉNINOIS DE LA FAMILLE SOUS LE PRISME DU PRINCIPED'ÉGALITÉ : DE LEGE FERENDA
TITRE I
LES MUTATIONS SOCIALES, VECTEUR DE PLUS D'ÉGALITÉ EN DROIT DELA FAMILLE
CHAPITRE I. La marche inachevée vers une égalité consacrée dans les différentes formes de couples CHAPITRE II. Les conséquences embryonnaires d'une égalité consacrée au sein des couplesTITRE II
LES PROGRÈS DE LA MÉDECINE, VECTEUR DE PLUS D'ÉGALITÉ ENDROIT DE LA FAMILLE
CHAPITRE I. La revendication de l'égalité visant la maîtrise positive de la procréationCHAPITRE II. La revendication de l'égalité visant la maîtrise négative de la procréation
CONCLUSION GÉNÉRALE
11RÉSUMÉ EN FRANÇAIS
L'égalité a investi le champ du droit béninois de la famille depuis plus d'unedécennie. Elle a ainsi permis la suppression du pluralisme juridique et judiciaire qui
prévalait jusqu'en 2004. Elle a aussi permis la suppression de la polygamie et la fidélité est
ainsi devenue une obligation envers un conjoint unique. La discrimination dansl'appréciation et la répression de l'adultère aussi a disparu. La puissance maritale, et son
corollaire, l'incapacité de la femme mariée ont aussi été retirées du droit béninois. Les
enfants bénéficient désormais d'une protection presque égale de la loi quel que soit leurs
sexes et l'origine de leurs filiations. En dépit de cette grande ouverture du droit de la famille à l'égalité, il y demeure d'importants points d'ombre. Il s'agit notamment du nom des époux, de la transmission dunom aux enfants, de l'acquisition et de la transmission de la nationalité, du choix du
domicile conjugal et du délai de viduité. En marge de ces inégalités, les mutations sociales et les progrès de la médecine constituent un tremplin pour de nouvelles revendications de l'égalité. Il est possible de prédire, dans un avenir très proche, l'organisation d'un statut du concubinage, des luttes pour le mariage des homosexuels et des transsexuels en vertu du principe d'égalité. De même, le droit à l'avortement et le droit à l'enfant pourraient avoir les mêmes bases. 12RÉSUMÉ EN ANGLAIS
Equality invested field of Benin family law for over a decade. It has enabled the removal of legal and judicial pluralism that existed until 2004. It also allowed the suppression of polygamy and loyalty has become an obligation to a single joint. Discrimination in the appreciation and punishment of adultery also disappeared. The marital power and its corollary, the inability of married women were also removed from the Beninese law. The children now have an almost equal protection of the law regardless of their gender few and origin of their affiliations. Despite the openness of family law to equality, there remain significant gray areas. These include the name of the spouses, the name of the transmission to children, acquisition and transmission of nationality, the choice of the marital home and the waiting period. Besides these inequalities, social changes and medical advances are a stepping stone for new claims of equality. It is possible to predict, in the very near future, the organization of a status of concubinage, struggles for marriage of homosexuals and transsexuals under the principle of equality. Similarly, the right to abortion and the right to the child might have the same bases. 13INTRODUCTION
1. L'égalité, un impératif démocratique. Selon Hobbes, " la nature a fait les
hommes si égaux pour les facultés du corps et de l'esprit que bien que l'on puisse parfois trouver un homme manifestement plus fort physiquement ou d'esprit plus agile qu'un autre, somme toute la différence entre un homme et un autre n'est pas si considérable qu'un homme puisse en se fondant sur elle réclamer un quelconque avantage auquel unautre ne puisse prétendre aussi bien que lui »1. Il existe certes un déséquilibre naturel entre
les personnes humaines qui tient à leurs caractéristiques personnelles. Les inégalités
naturelles ne sauraient toutefois justifier une prise en compte inégale par le droit. L'égalité
" sentiment passionné »2, constructeur de notre identité personnelle autant que d'être
humain, entretient une relation très intime avec chacun. Elle est l'un des " principes
particulièrement nécessaires à notre temps »3 et elle tend à " réguler l'organisation et
l'activité étatique »4. Son intégration dans le droit devient alors un impératif démocratique
puisque l'expansion rapide de la démocratie est associée à l'acceptation universelle de l'idée d'égalité5 qui garantit, avant tout, l'État de droit6. Or la famille est le premier terrain
d'éclosion de la démocratie.2. La famille, le premier champ d'éclosion de la démocratie. La configuration à
donner à une nation dépend de celle attribuée à la famille. Ce constat a été déjà fait depuis
le XIVe par Jean Bodin lorsqu'il affirmait qu'" il est impossible que la République vaillerien si les familles qui sont les piliers d'icelle sont mal fondées »7. Or la famille est
l'élément naturel et fondamental de la société8. Depuis les années 1980, l'Assemblée
Générale, le Conseil Économique et Social et la Commission du développement des
Nations Unies considèrent la famille comme " la plus petite démocratie au coeur de lasociété »9 puisque c'est au sein de la famille que naît la culture démocratique. L'égalité
1 Th. HOBBES, Léviathan ou matière, forme et puissance de l'État chrétien et civil, par Gérard MAIRET, Paris,
Gallimard, 2000, chap. XIII, p. 220.
2 J. ANDRIANTSIMBAZOVINA, H. GAUDIN, J.-P. MARGUÉNAUD, S. RIALS et F. SUDRE (dir.), Dictionnaire des
Droits de l'Homme, Paris, PUF, 2008, p. 802.
3 Voy. le Préambule de la Constitution française de 1946.
4 V. MARTENET, Géométrie de l'égalité, Paris, LGDJ, 2003, n° 389.
5 C. J. FRIEDRICH, " La crise de l'égalitarisme », in L'égalité, Travaux du centre de philosophie du droit de
l'Université Libre de Berlin, Bruxelles, Bruylant, 1971, p. 306.6 V. MARTENET, op. cit., n° 392, p. 173.
7 J. BODIN, De la République, Paris, Librairie de Médicis, 1949, livre I, chapitre 2, p. 7 ; H. MAZEAUD, " Une
famille "dans le vent", la famille hors mariage, (le projet de loi relatif à la filiation) », D. 1971, chron. p. 99.
8 Cf. art 16.3 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, art 23§1er du Pacte international relatif aux
droits civils et politiques, voy. également art. 18.1 de la Charte africaine des droits de l'homme et des
peuples.9 Cf. Résolution 44/82 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 8 décembre 1989.
14entre les individus doit être ainsi étudiée dans le cadre familial parce que c'est là que gisent
les origines des inégalités 10. Avant d'exposer la démarche et le plan à suivre dans cette recherche (VI), il convient d'abord de faire observer la permanence de la question de l'égalité à travers son historique (I). Ensuite, on ne saurait valablement discuter de l'égalité sans convenir de soncontenu (II) et préciser le domaine dans lequel elle sera étudiée (III). Á travers la
permanence de la question de l'égalité, on pourrait croire que sa problématique est résolue
avec le temps. Or son actualité dans le droit de la famille prouve tout le contraire et justifiela nécessité de la présente recherche qui a un intérêt certain tant au plan théorique que
pratique (IV). Une fois ces précisions apportées, il conviendra enfin de dégager la
problématique de la présente recherche (V). I. LA PERMANENCE DE LA PROBLÉMATIQUE DE L'ÉGALITÉ3. La formalisation du concept d'égalité. Dans l'Antiquité, " les premières
tentatives de formalisation du concept d'égalité »11 se retrouvent dans l'oeuvre de Platonqui associe l'idée de justice à celle d'égalité. Aristote aussi considère que la démocratie est
essentiellement caractérisée par " l'égalité selon le nombre » 12. Ensuite, il y a eu l'apport
de la tradition judéo-chrétienne à travers l'oeuvre de Saint Thomas d'Aquin qui peut être
considérée comme un prolongement de la pensée d'Aristote. Il estime comme Aristote que " la forme générale de la justice est l'égalité »13.Malgré ces réflexions, l'égalité n'est entrée dans les textes juridiques qu'au siècle
des lumières dont " l'originalité [...] fut de transporter le concept d'égalité sur le terrain
du droit »14. Cette transformation du concept philosophique d'égalité en norme juridique ou, plus précisément sa juridicisation15, n'a pu se réaliser que parce qu'au début du XVIIe
siècle, des penseurs comme Thomas Hobbes et John Locke ont posé comme postulat quedans " l'état de nature »16 les hommes étaient égaux entre eux et que les inégalités étaient
créées essentiellement par la loi. Ils dégageaient ainsi les bases du raisonnement que
Montesquieu et Rousseau mèneront en affirmant que, puisque les hommes naissent égaux10 F. DEKEUWER-DÉFOSSEZ, L'égalité des sexes, Paris, Dalloz, 1998, p. 17.
11 F. MÉLIN-SOUCRAMANIEN, Le principe d'égalité dans la jurisprudence du conseil constitutionnel, Paris,
Économica, 1997, n° 23 ; F. DEKEUWER-DÉFOSSEZ, op. cit., p. 5.12 ARISTOTE, Politique, Trad. Par J. Aubonnet, Paris, Les belles lettres, 1971, p. 156.
13 THOMAS D'AQUIN, Somme théologique, tome III, Paris, éd. du Cerf, 1990, question 61, p. 407.
14 S. GOYARD-FABRE, " L'égalité des droits en 1789. Un rêve d'impossible sur un horizon d'espérance », in
Égalité uguaglianza, éd. par J. Ferrari et A. Postigliola, Rome, Liguori, 1990, p. 113.15 O. DUHAMEL et Y. MÈNY, Dictionnaire constitutionnel, Paris, PUF, 1992, p. 544.
16 J. LOCKE, Le second traité du gouvernement, Paris, PUF, 1994, chapitre 2, p. 6.
15dans l'état de nature et qu'ils sont devenus inégaux par la loi, c'est à la loi qu'il appartient
de rétablir l'égalité originelle. Cette idée novatrice qui donne un nouveau sens au principe
d'égalité est clairement exprimée dans l'oeuvre de Montesquieu lorsqu'il souligne que
" dans l'état de nature, les hommes naissent bien dans l'égalité ; mais ils n'y sauraientrester. La société la leur fait perdre, et ils ne redeviennent égaux que par la loi »17.
Cependant, c'est surtout avec les écrits de Rousseau et en particulier Du Contrat social que" l'idée d'égalité quitte le domaine de l'utopie où elle était confinée jusqu'alors pour
entrer dans celui du Droit »18. En France, l'aboutissement de ce processus a été l'inscription de l'égalité dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dont l'article premier dispose que" les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit »19. L'égalité est alors entrée
dans la plupart des textes constitutionnels français depuis 1789 puisqu'elle est considérée comme " la force agissante de la Révolution »20. Cependant la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 ne consacra nullement l'égalité des sexes. Il s'agissait d'une égalité entre les personnes de sexe masculin.4. Une égalité limitée aux personnes de sexe masculin. Même si les premières
réflexions sur l'idée d'égalité se trouvent dans l'Antiquité, il ne s'agissait que de l'égalité
entre les citoyens. Les femmes n'étaient évidemment pas considérées comme des citoyens.Le monde antique était tout entier construit sur un modèle d'inégalité. Dans la Politique
d'Aristote, la femme se situe à un niveau intermédiaire entre l'esclave et le citoyen. On peut aussi noter dans l'Ancien Testament le discours inégalitaire issu d'une civilisation sémite où le père de famille concentrait tous les pouvoirs en ses mains, y compris celui de sacrifier ses enfants21. Il n'était donc pas question d'une égalité entre les hommes et les
femmes. Le contenu de l'égalité a ainsi varié d'une période à l'autre. Il serait donc
important de fixer son contenu dans la présente recherche afin de mieux en discuter. Que peut-on alors entendre par égalité ?17 MONTESQUIEU, De l'esprit des lois, Paris, Garnier-Flammarion, t 1, 1979, livre III, chapitre III, pp. 245 et
246.18 F. MÉLIN-SOUCRAMANIEN, Le principe d'égalité dans la jurisprudence du conseil constitutionnel, Thèse,
PUAM, 1997, n° 31.
19 Cf. art. 1er de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789.
20 M. HAURIOU, La science sociale traditionnelle, Paris, Larose, 1896, p. 80.
21 Voy. par exemple 1 Corinthien 13. 3-15 ; Ephésiens 5. 22-33.
16II. LA NOTION D'ÉGALITÉ
5. Il est indispensable de déterminer d'emblée le contenu de la notion d'égalité
avant tout autre développement, ce qui permettra d'établir plus tard le lien entre le droit dela famille et l'égalité pour en déduire l'intérêt de la présente recherche. Sera donc étudié le
contenu du principe d'égalité et de ses notions voisines (A) avant de le distinguer d'autres notions opposées (B).A. L'égalité et les notions voisines
6. L'égalité. L'égalité, notion omniprésente dans presque tous les domaines de
l'activité humaine, répond à une définition complexe parce que c'est une notion à contenu
variable. Elle est définie de manière classique comme le " principe d'après lequel tous les
individus ont, sans distinction de personne, de race ou de naissance, de religion, de classe ou de fortune, ni, aujourd'hui, de sexe, la même vocation juridique aux régimes, charges etdroit que la loi établit »22. L'égalité est souvent employée dans un groupe de mot qui
simplifie ou complexifie parfois sa compréhension. On rencontre ainsi souvent lesexpressions égalité devant la loi, égalité de droit, égalité juridique, égalité en droit, égalité
des droits, égalité abstraite, égalité formelle, égalité matérielle, égalité des sexes, égalité
concrète, égalité réelle, égalité de genre, égalité de chance, parité, discrimination et
non-discrimination. Chacune de ces notions a un contenu propre mais on peut toutefois rapprocher quelques unes d'entre elles.7. L'égalité devant la loi. L'égalité devant la loi renvoie principalement à
l'application de la loi23 par les tribunaux24 et fait obligation aux autorités en charge
d'exécuter ou d'appliquer les lois, notamment le pouvoir judiciaire et exécutif, qu'elles le fassent de manière égale pour tous25 et non de manière arbitraire. L'égalité devant la loi
imposerait donc la rigueur dans l'application de la loi en obligeant l'autorité en charge del'application de la loi à se conformer à la légalité. L'égalité devant la loi reviendrait donc à
22 G. CORNU (dir.), Vocabulaire Juridique, Paris, PUF, 2014 : voy. l'entrée " égalité ».
23 H. KELSEN, La théorie pure du droit, traduction en français par C. EINSENMANN, Paris, 2è éd, Dalloz, 1962,
p. 190 ; C. LEBEN, " Le conseil constitutionnel et le principe d'égalité devant la loi », RDP 1982, pp. 285
et s. ; P.-Y. VERKINDT, " L'égalité au risque de la diversité », in Archive de philosophie de droit, t. 51,
L'égalité, Paris, Dalloz, 2008, p. 144 ; Conseil d'État, Sur le principe d'égalité, Extrait du Rapport public
1996, Paris, La documentation française, 1998, p. 81 ; Ch. PERELMAN, Justice et raison, éd. de l'Université
de Bruxelles, 1972, p. 187.24 J. ANDRIANTSIMBAZOVINA, H. GAUDIN, J.-P. MARGUÉNAUD, ST. RIALS et F. SUDRE (dir.), Dictionnaire des
droits de l'homme, op. cit., p. 358 ; F. SUDRE, art. préc., p. 128.25 L. HENNEBEL, La jurisprudence du Comité des droits de l'homme des Nations unies - Le pacte
international relatif aux droits civils et politiques et son mécanisme de protection individuel, Bruxelles,
Bruylant, 2007, p. 314.
17 la légalité26. Elle est également désignée " égalité matérielle »27 qui est " un principe
d'action selon lequel les êtres d'une même catégorie essentielle doivent être traités de la
même façon »28. Elle est sensiblement différente de l'égalité dans la loi.8. L'égalité dans la loi. L'égalité dans la loi s'adresse au législateur et lui interdit
de " fonder une différence de traitement sur certaines distinctions très déterminées telles
que celles qui ont trait à la race, à la religion, à la classe sociale ou à la fortune »29.
L'égalité dans la loi apparaît alors dans la création du droit30 et serait une " égalité
formelle ». En revanche pour le Doyen Cornu, au sens large du terme, l'égalité civile,l'égalité juridique, l'égalité de droit, l'égalité devant la loi, l'égalité de chance de départ,
l'égalité théorique et l'égalité abstraite ont un même contenu31 et signifieraient l'" égale
aptitude des citoyens a jouir des droits politiques et des droits civils »32.9. Rapprochement de la non-discrimination de l'égalité abstraite. La prise en
considération de certains critères dits sensibles en raison du fait qu'ils se rapportent à des
caractéristiques personnelles des individus constitue des discriminations directes. Cescritères sont énumérés par la loi. La discrimination consisterait alors à la prise en compte
de certains éléments sensibles visés par les normes dans le traitement des individus. Lanon-discrimination vise la correction du désordre qu'engendrent certaines inégalités. Il y a
alors une interchangeabilité, quoique limitée entre le principe d'égalité et la non-discrimination.10. Les critères de discriminations retenus. L'article 26 de la Constitution
béninoise fait une liste de ces éléments que sont l'origine, la race, le sexe, la religion,l'opinion politique ou la position sociale. Toute distinction fondée sur ces critères constitue
une violation du principe d'égalité et une discrimination. La Constitution intègre la Charte
africaine des droits de l'homme et des peuples33, les critères de discrimination retenus par
26 H. KELSEN, La théorie pure du droit, traduction en français par Ch. Einsenmann, Paris, 2è éd, Dalloz, 1962,
p. 190 ; O. JOUANJAN, Le principe d'égalité devant la loi en droit allemand, Thèse, Paris, Économica, 1992,
p. 10 ; Ch. LEBEN, " Le Conseil constitutionnel et le principe d'égalité devant la loi », RDP, 1982, p. 303.
27 O. JOUANJAN, Thèse préc., p. 10 ; Ch. LEBEN, art. préc., p. 301 ; Ch. PERELMAN, op. et loc. cit.
28 Ch. PERELMAN, op. cit., p. 190.
29 H. KELSEN, op. cit., p. 190.
30 O. JOUANJAN, Thèse préc., p. 10.
31 G. CORNU, " Rapport sur les notions d'égalité et de discrimination en droit civil français », in Travaux de
l'association Henri Capitant, t. XIV, Paris, Dalloz, 1965, p. 90 ; F.-C. BERNARD, " L'égalité d'accès aux
services publics », in Archive de philosophie de droit, t. 51, L'égalité, Paris, Dalloz, 2008, p. 64. Pour une
opinion opposée, voy. O. JOUANJAN, Thèse préc., p. 11 : " une égalité devant la loi ne peut être une égalité
dans la loi ».32 G. CORNU, art. préc., p. 90.
33 En raison du fait que la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples fait partie de la Constitution
béninoise par le renvoi de l'article 7 de cette dernière aux dispositions de la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples, l'article 3 de celle-ci fait partie intégrante de la Constitution du Bénin. Or le
Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes est une
18 cette dernière ne figurant pas dans la Constitution viennent s'y ajouter. Dans la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples34, les critères visés sont l'ethnie, la couleur,
la langue, toute autre opinion - en dehors des opinions politiques -, l'origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.11. Un élargissement infini du domaine de l'égalité juridique. Par combinaison,
quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46[PDF] Le principe de l'échographie
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