[PDF] Descriptif séquence 1 Les Bonnes





Previous PDF Next PDF



Lanalyse des changements de la position du pouvoir dans Les

Cette étude essaie de donner une analyse sur la pièce Les Bonnes de rôle de Madame boit le tilleul empoisonné devant Solange. Le «.



Descriptif séquence 1 Les Bonnes

Texte 1 Les Bonnes – Jean Genet Les deux bonnes sont là - les dévouées servantes! Devenez plus belle pour les ... SOLANGE : Le tilleul est prêt Madame.



dp Les Bonnes.indd

28 févr. 2022 Pistes de lecture ... Genet y analyse sa conception du théâtre comme métaphore ... Claire joue le rôle de monsieur et boit le tilleul.



Untitled

19 avr. 2021 Les pièces Les Bonnes et Le Balcon de Jean Genet sont inscrites ... l'analyse que vous ferez de ce corpus



Untitled

Votre lecture du Balcon et des Bonnes de Jean Genet vous semble-t-elle limites à la lumière d'une part



La rénova?on thermique des maisons individuelles occupées par

20 juin 2012 Analyse de la demande de rénovation énergétique . ... travaux de performance énergétique bénéficient d'une assez bonne opinion auprès de la ...



Analyse du texte dramatique et gender studies : vers une étude des

troisième et quatrième chapitre proposent l'analyse de Les Bonnes et Le Balcon. dernière fois de tuer Madame en l'empoisonnant grâce à du tilleul ...



Formes et fonctions du jeu dans Les Bonnes de Jean Genet

dimension ludique du jeu à travers l'analyse de l'espace du langage et des s'entretuer et finalement Claire boit le tilleul empoisonné qu'elles avaient ...



genet-les_bonnes.pdf

théâtral des deux actrices figurant les deux bonnes doit Elle prépare le tilleul·de Madame. ... qu'on analyse l'écriture et qu'on sache qui a pu.



LECTURE DUNE ŒUVRE INTÉGRALE Jean GENET Les Bonnes

Toute la scène de la mort de Claire renoue avec le jeu des Bonnes à partir de la page Lecture analytique 2= Le jeu des miroirs. ... Le tilleul= poison.

Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours

Séquence 1 Les Bonnes - Jean Genet (1947)

(Edition Belin - Gallimard Classico-Lycée)

Problématique Comment la pièce propose-t-elle un renouvellement de la relation entre le maître et le

valet ? Lectures analytiques (exposé) Lectures cursives (entretien)

Textes

Texte 1

p.20 " Je suis prête... » à p.22 " ... t'achever »

Texte 2

p47 " Nous n'abandonnerons jamais Madame.. » à p.50 " Le tilleul, Madame. »

Texte 3

p70 " CLAIRE - dolente, voix de Madame.. » à la finLittérature et culture de l'Antiquité : la comédie antique : L'Aululaire - Plaute

Le valet au théâtre

L'île des esclaves - Marivaux

Le mariage de Figaro - Beaumarchais

Lecture cursive intégrale au choix :

Tartuffe ou Dom Juan Molière

L'île des esclaves ou Le jeu de l'amour et du hasard

Marivaux

Le mariage de Figaro - Beaumarchais

Histoire des

arts Mises en scène de la pièce évoquées en classe •Louis Jouvet - Théâtre de l'Athénée - 1947 •Captation en DVD

Jacques Vincey - TNP Villeurbanne - 2011

•Extraits disponibles sur Internet •Philippe Adrien - Comédie Française - 1997 •Camille et Monolo Quental - Théâtre du Centaure (Marseille) 1998 •Pierre Heitz - Lyon - 2010 •Guillaume Clayssen - La comédie de l'Est - 2011 •Ivan Romeuf - théâtre de Lenche (Marseille)- 2011

Les liens figurent sur le blog de la classe

Projection du film La Cérémonie de Claude Chabrol (1995) dans le cadre du projet " Lycéens au cinéma »

Synthèses et

pistes de

réflexionL'espace : comparaison des décors/scénographies dans les différentes mises en scène

Incarner les Bonnes : repérage des clés données par Genet dans le texte liminaire " Comment jouer les

Bonnes » - comparaison des différents interprètes : en quoi le choix des comédiens révèle-t-il une

interprétation du personnage ?

Le personnage du valet au théâtre de la comédie antique au XVIII°siècle. Quelle est l'originalité des

Bonnes de Genet ?

Quelques élèves rédigent des fiches de révisions collectives pour le blog de la classe : le théâtre antique,

le drame romantique et les genres au théâtre.

Activités

communes et

personnelles- sortie au théâtre de l'Alliance Française pour voir les Bonnes (spectacle en portugais, Grupo Tapa)

- rencontre avec deux actrices

Journal de lecture

- rédaction d'une critique du spectacle vu à l'Alliance Française

- à partir de la lecture cursive choisie : présentez le/les personnages du valet, et analysez sa/leur relation

avec son/leur maître » dans la pièce

Projet - à partir de la lecture cursive choisie : mise en voix d'une scène et rédaction de consignes du

metteur en scène.

Texte 1 Les Bonnes - Jean Genet

5 10 15 20 25
30
35

40SOLANGE, doucement d'abord: Je suis prête, j'en ai assez d'être un objet de dégoût. Moi aussi, je vous hais...

CLAIRE: Doucement, mon petit, doucement...

Elle tape doucement l'épaule de Solange pour l'inciter au calme.

SOLANGE: Je vous hais! Je vous méprise. Vous ne m'intimidez plus. Réveillez le souvenir de votre amant, qu'il vous

protège. Je vous hais! Je hais votre poitrine pleine de souffles embaumés. Votre poitrine... d'ivoire ! Vos cuisses...

d'or! Vos pieds... d'ambre! (Elle crache sur la robe rouge.) Je vous hais!

CLAIRE, suffoquée: Oh! oh! Mais...

SOLANGE, marchant sur elle: Oui Madame, ma belle Madame. Vous croyez que tout vous sera permis jusqu'au

bout? Vous croyez pouvoir dérober la beauté du ciel et m'en priver? Choisir vos parfums, vos poudres, vos rouges à

ongles, la soie, le velours, la dentelle et m'en priver? Et me prendre le laitier? Avouez! Avouez le laitier! Sa jeunesse,

sa fraîcheur vous troublent, n'est-ce pas? Avouez le laitier. Car Solange vous emmerde!

CLAIRE, affolée: Claire! Claire!

SOLANGE: Hein?

CLAIRE, dans un murmure: Claire, Solange, Claire.

SOLANGE: Ah! oui, Claire. Claire vous emmerde! Claire est là, plus claire que jamais. Lumineuse! Elle gifle Claire.

CLAIRE: Oh! oh! Claire... vous... oh!

SOLANGE: Madame se croyait protégée par ses barricades de fleurs, sauvée par un exceptionnel destin, par le

sacrifice. C'était compter sans la révolte des bonnes. La voici qui monte, Madame. Elle va crever et dégonfler votre

aventure. Ce monsieur n'était qu'un triste voleur et vous une...

CLAIRE: Je t'interdis!

SOLANGE: M'interdire! Plaisanterie! Madame est interdite. Son visage se décompose. Vous désirez un miroir? Elle

tend à Claire un miroir à main.

CLAIRE, se mirant avec complaisance: J'y suis plus belle! Le danger m'auréole, Claire, et toi tu n'es que ténèbres...

SOLANGE: ... infernales! Je sais. Je connais la tirade. Je lis sur votre visage ce qu'il faut vous répondre et j'irai

jusqu'au bout. Les deux bonnes sont là - les dévouées servantes! Devenez plus belle pour les mépriser. Nous ne vous

craignons plus. Nous sommes enve1oppées, confondues dans nos exhalaisons, dans nos fastes, dans notre haine pour

vous. Nous prenons forme, Madame. Ne riez pas. Ah! surtout ne riez pas de ma grandiloquence...

CLAIRE: Allez-vous-en.

SOLANGE: Pour vous servir, encore; Madame! Je retourne à ma cuisine. J'y retrouve mes gants et l'odeur de mes

dents. Le rot silencieux de l'évier. Vous avez vos fleurs, j'ai mon évier. Je suis la bonne. Vous au moins vous ne

pouvez pas me souiller. Mais vous ne l'emporterez pas en paradis. J'aimerais mieux vous y suivre que de lâcher ma

haine à la porte. Riez un peu, riez et priez vite, très vite! Vous êtes au bout du rouleau ma chère! (Elle tape sur les

mains de Claire qui protège sa gorge.) Bas les pattes et découvrez ce cou fragile. Allez, ne tremblez pas, ne

frissonnez pas, j'opère vite et en silence. Oui, je vais retourner à ma cuisine, mais avant je termine ma besogne.

Elle semble sur le point d'étrangler Claire. Soudain un réveille-matin sonne. Solange s'arrête. Les deux actrices se

rapprochent, émues, et écoutent, pressées l'une contre l'autre. Déjà?

CLAIRE: Dépêchons-nous. Madame va rentrer. (Elle commence à dégrafer sa robe.) Aide-moi. C'est déjà fini, et tu

n'as pas pu aller jusqu'au bout.

SOLANGE, l'aidant. D'un ton triste: C'est chaque fois pareil. Et par ta faute. Tu n'es jamais prête assez vite. Je ne

peux pas t'achever.

Texte 2 Les Bonnes - Jean Genet

5 10 15 20 25
30
35

40SOLANGE : Nous n'abandonnerons jamais Madame. Aprèstout ce que Madame a fait pour nous.MADAME:Je le sais, Solange. Étiez-vous trèsmalheureuses ?SOLANGE: Oh !MADAME: Vous êtes un peu mes filles. Avec vous la vie

me sera moins triste. Nous partirons pour la campagne. Vous aurez les fleurs du jardin. Mais vous n'aimez pas les jeux. Vous êtes jeunes et vous ne riez jamais. A la campagne vous serez tranquilles. Je vous dorloterai. Et plus tard, je vous laisserai tout ce que j'ai. D'ailleurs, que vous manque- t-il? Rien qu'avec mes anciennes robes vous pourriez être vêtues comme des princesses. Et mes robes... (Elle va à l'armoire et regarde ses robes.) A quoi serviraient-elles?

J'abandonne la vie élégante.

Entre Claire, portant le tilleul.

CLAIRE: Le tilleul est prêt.

MADAME: Adieu les bals, les soirées, le théâtre. C'est vous qui hériterez de tout cela. CLAIRE, sèche: Que Madame conserve ses toilettes.

MADAME, sursautant: Comment ?

CLAIRE, calme: Madame devra même en commander de plus belles. MADAME: Comment courrais-je les couturiers? Je viens de l'expliquer à ta soeur: il me faudra une toilette noire pour mes visites au parloir. Mais de là... CLAIRE: Madame sera très élégante. Son chagrin lui donnera de nouveaux prétextes. MADAME: Hein? Tu as sans doute raison. Je continuerai à m'habiller pour Monsieur. Mais il faudra que j'invente le deuil de l'exil de Monsieur. Je le porterai plus somptueux que celui de sa mort. J'aurai de nouvelles et de plus belles toilettes. Et vous m'aiderez en portant mes vieilles robes, en vous les donnant, j'attirerai peut-être la clémence sur

Monsieur. On ne sait jamais.

CLAIRE: Mais, Madame...

SOLANGE : Le tilleul est prêt, Madame.

MADAME: Pose-le. Je le boirai tout à l'heure. Vous aurez mes robes. Je vous donne tout. CLAIRE: Jamais nous ne pourrons remplacer Madame. Si Madame connaissait nos précautions pour arranger ses toilettes ! L'armoire de Madame, c'est pour nous comme la chapelle de la Sainte Vierge. Quand nous l'ouvrons... SOLANGE, sèche: Le tilleul va refroidir. 455055606570 CLAIRE: Nous l'ouvrons à deux battants, nos jours de fête. Nous pouvons à peine, regarder les robes, nous n'avons pas le droit. L'armoire de Madame est sacrée.

C'est sa grande penderie!

SOLANGE : Vous bavardez et vous fatiguez Madame.

MADAME: C'est fini. (Elle caresse la robe de velours rouge) Ma belle "Fascination ». La plus belle. Pauvre belle. C'est Lanvin qui l'avait dessinée pour moi. Spécialement. Tiens! Je vous la donne. Je t'en fais cadeau, Claire! Elle la donne à Claire et cherche dans l'armoire.

CLAIRE :Oh! Madame me la donne vraiment?

MADAME, souriant suavement:Bien sûr. Puisque je te le dis.

SOLANGE: Madame est trop bonne. (A Claire.) Vous

pouvez remercier Madame. Depuis le temps que vous l'admiriez. CLAIRE: Jamais je n'oserai la mettre. Elle est si belle. MADAME: Tu pourras la faire retailler. Dans la traîne seulement il y a le velours des manches. Elle sera très chaude. Telles que je vous connais, je sais qu'il vous faut des étoffes solides. Et toi, Solange, qu'est-ce que je peux te donner? Je vais te donner... Tiens, mes renards. Elle les prend, les pose sur le fauteuil au centre.

CLAIRE: Oh! le manteau de parade!

MADAME: Quelle parade?

SOLANGE: Claire veut dire que Madame ne le mettait qu'aux grandes occasions. MADAME: Pas du tout. Enfin. Vous avez de la chance qu'on vous donne des robes. Moi, si j'en veux, je dois les acheter. Mais j'en commanderai de plus riches afin que le deuil de Monsieur soit plus magnifiquement conduit.

Texte 3 Les Bonnes - Jean Genet

5 10 15 20 25
30

35CLAIRE dolente, voix de Madame. Fermez la

fenêtre et tirez les rideaux. Bien. SOLANGE - Il est tard. Tout le monde est couché.

Ne continuons pas.

CLAIRE, elle fait de la main le geste du silence. -

Claire vous verserez mon tilleul.

SOLANGE - Mais ...

CLAIRE - Je dis mon tilleul.

SOLANGE - Nous sommes mortes de fatigue. Il

faut cesser.

Elle s'assoit dans le fauteuil.

CLAIRE - Ah ! Mais non ! Vous croyez, ma bonne,

vous en tirer à bon compte ! Il serait trop facile de comploter avec le vent de faire de la nuit sa complice.

SOLANGE - Mais...

CLAIRE - Ne discute pas. C'est à moi de disposer en ces dernières minutes. Solange, tu me garderas en toi.

SOLANGE - Mais non ! Mais non ! Tu es folle.

Nous allons partir ! Vite, Claire. Ne restons pas.

L'appartement est empoisonné.

CLAIRE - Reste

SOLANGE - Claire, tu ne vois donc pas comme je

suis faible ? Comme je suis pâle ?

CLAIRE- Tu es lâche. Obéis-moi. Nous sommes

tout au bord. Solange. Nous irons jusqu'à la fin. Tu seras seule pour vivre nos deux existences. Il te faudra beaucoup de force. Personne ne saura au bagne que je t'accompagne en cachette. Et surtout, quand tu seras condamnée, n'oublie pas que tu me portes en toi. Précieusement. Nous serons belles, libres et joyeuses, Solange, nous n'avons plus une minute à perdre. Répète avec moi.

SOLANGE - Parle, mais tout bas.

CLAIRE, mécanique. - Madame devra prendre son

tilleul.

SOLANGE, dure. Non, je ne veux pas.40455055

CLAIRE, la tenant par les poignets. Garce !

Répète. Madame prendra son tilleul.

SOLANGE- Madame prendra son tilleul. ..

CLAIRE - Car il faut qu'elle dorme ...

SOLANGE - Car il faut qu'elle dorme ...

CLAIRE - Et que je veille.

SOLANGE - Et que je veille.

CLAIRE, elle se couche sur le lit de Madame.-

Je répète. Ne m'interromps plus. Tu m'écoutes ? Tu m'obéis? (Solange fait oui de la tête.) Je répète ! mon tilleul !

SOLANGE, hésitant. - Mais ...

CLAIRE - Je dis ! mon tilleul.

SOLAGE - Mais, madame . . .

CLAIRE - Bien. Continue.

SOLANGE - Mais, madame, il est froid.

CLAIRE Je le boirai quand même. Donne.

Solange apporte le plateau.

Et tu l'as versé dans le service le plus riche, le plus précieux ...

Elle prend la tasse et boit cependant que

Solange, face au public, reste immobile, les

mains croisées comme par des menottes. Rapports de police, de médecins légistes et récits de la presse

à scandale sur l'affaire Papin

Rapport du greffier Bouttier

"Le 2 février 1933 revenant d'un transport de justice à Ruantin [...] on vint me prévenir chez moi

qu'un double assassinat venait de se commettre rue Bruyère n° 6 chez M. René Lancelin, ex-avoué.

Sa femme et sa fille venaient d'être victimes d'un abominable crime; le plus odieux jusqu'à ce jour

au Mans et ce, commis par deux servantes de la maison: Christine et Léa Papin. MM. Hebert, Juge

d'instruction, Riegert procureur de la République, Millet Lacombe, substitut, le Dr Chartier et le

greffier se transportèrent immédiatement sur les lieux - et là, sur le palier, une vision d'horreur

s'offrit aux regards. Les deux femmes étaient assassinées - coupées - tailladées, les yeux arrachés.

La vision de ce drame a jeté la consternation parmi tous ceux qui furent chargés de cette affaire".

Médecin légiste

"Mme et Melle Lancelin ont été tuées presque sans lutte avec un acharnement et un raffinement de

cruauté dont la littérature médico- légale offre peu d'exemples [...] Le fait le plus particulier du

crime est l'arrachement des yeux à l'aide des doigts sur des victimes encore vivantes mais incapables de se défendre parce que déjà affaiblies par des blessures considérables".

Journaliste de la Sarthe

Un épouvantable crime a été commis jeudi soir, à la fin de l'après- midi dans un quartier du Mans

habité bourgeoisement. Deux domestiques, deux soeurs ont tué leur patronne dans des circonstances

tellement abominables que la plume du journaliste devrait presque renoncer à les décrire. Un brigadier et deux agents arrivèrent aussitôt mais la porte cochère restait close.

Il fallut passer par le n° 8 et l'agent Vérité sauta un mur. Les agents pénétrèrent alors dans

l'immeuble. Au rez-de-chaussée, personne. Sur le palier du premier étage, deux cadavres étaient

étendus presque parallèlement [...] La tête et le visage de Mme Lancelin étaient absolument écrasés,

les traits étaient méconnaissables. Melle Lancelin couchée sur le ventre, il était difficile de savoir à

quelles blessures elles avaient succombé. Mais la partie postérieure des corps était horriblement

déchiquetée [...] qu'on nous pardonne cette comparaison mais les jambes ressemblaient à des pains

portant les traces transversales du couteau du boulanger [...]

Des gouttes de sang avaient jailli sur les murs. Sur les premières marches de l'escalier conduisant au

second se trouvait un petit pichet d'étain absolument écrasé et veuf d'une anse, ce qui prouve avec

quelle violence les malheureuses furent frappées. Epars sur le parquet et autour des victimes, se

trouvaient leurs sacs à main, un trousseau de clés, des épingles à cheveux en corne et des débris de

vaisselle d'ornement maculés de sang. Mais la plus lamentable trouvaille faite par les enquêteurs fut

celle d'un oeil qui gisait sur la deuxième, avant-dernière marche de l'escalier".

Extraits du dossier pédagogique du théâtre des Amandiers- de T. Karsanti et M. Poirson - qui s'appuie sur l'ouvrage

d'Yves Chevalier, En voilà du propre ! Jean Genet et Les Bonnes, Paris, L'Harmattan, 1998, " Acte d'accusation »

L'Aululaire (Acte V, scène 1) - Plaute (254-184 avt J.C.-)

Lyconide veut épouser Phédra, la fille du vieil Euclion qui est très avare. Strobile, l'esclave de Lyconide a

trouvé le trésor d'Euclion.

STROBILE, à part.

Pourquoi ne pas lui déclarer le butin

qui m'est advenu ? Et puis, je lui demanderai qu'il m'affranchisse.

Entrons en matière. (Haut) J'ai

trouvé ....

LYCONIDE, avec empressement.

Qu'as-tu trouvé?

STROBILE.

Ce n'est pas ce qui fait crier aux

enfants : Je l'ai trouvé! quand ils

épluchent la fève.

LYCONIDE.

Voilà de tes gentillesses ordinaires.

STROBILE.

Un peu de patience, mon maître. Je

vais te le dire. Ecoute.

LYCONIDE.

Parle donc.

STROBILE.

Je viens de trouver un trésor immense.

LYCONIDE.

Où ?STROBILE.Une marmite pleine d'or, quatre livrespesant.LYCONIDE.Qu'entends-je?STROBILE.Je l'ai dérobée au vieil Euclion, notrevoisin.LYCONIDE.Où est cet or ?STROBILE.Dans un coffre à moi. Je désiremaintenant que tu m'affranchisses.LYCONIDE.Moi, t'affranchir, ramas de tous lescrimes?STROBILE.Fort bien, mon maître. Je devine tapensée. Par ma foi, c'était uneplaisanterie ; j'ai voulu t'éprouver. Tut'apprêtais à me l'arracher. Ah! si jel'avais trouvée en effet, où en serais-

je ?LYCONIDE.Je ne me paie, pas de tes sornettes.Allons, rends cet or.STROBILE.Que je le rende?LYCONIDE.Oui, te dis-je, rends-le, pour que je leremette à Euclion.STROBILE.Et quel or ?LYCONIDE.Celui qui est dans un coffre à toi. Nel'as-tu pas déclaré ?STROBILE.C'est mon habitude, vraiment, de

jaser à tort et à travers. Ma parole!

LYCONIDE.

Sais-tu bien ce qui t'attend ?

STROBILE.

Par Hercule! tue-moi, si tu veux. Tu

n'obtiendras rien. (traduction : ute/marmite.htm) Le Mariage de Figaro (Acte V scène 3) Beaumarchais (1778)

Figaro a toujours fidèlement servi son maître le comte Almaviva. Alors qu'il s'apprête à épouser Suzanne, il

découvre que son maître a l'intention d'avoir recours à son droit de cuissage. Il ignore cependant que

Suzanne va piéger le comte. Se croyant trahi, Figaro laisse éclater son dépit. FIGARO, seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre :

O femme! femme! femme! créature faible et décevante!... nul animal créé ne peut manquer à son instinct:

le tien est-il donc de tromper?... Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa

maîtresse; à l'instant qu'elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie... Il riait en lisant, le

perfide! et moi comme un benêt... Non, monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce

que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places,

tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien

de plus. Du reste, homme assez ordinaire; tandis que moi, morbleu! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu

déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à

gouverner toutes les Espagnes: et vous voulez jouter... On vient... c'est elle... ce n'est personne. - La nuit est

noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu'à moitié! (Il s'assied sur un

banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée? Fils de je ne sais pas qui, volé par des bandits, élevé dans

leurs moeurs, je m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête; et partout je suis repoussé! J'apprends

la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main

une lancette vétérinaire! - Las d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à

corps perdu dans le théâtre: me fussé-je mis une pierre au cou! L'île des esclaves (scène 9) Marivaux - 1725

A la suite d'un naufrage, quatre personnages se retrouvent sur une île occupée par des esclaves révoltés, où les

rôles sont inversés : les maîtres (Euphrosine et Iphicrate) deviennent esclaves, et inversement. Les esclaves

(Cléanthis et Arlequin) profitent de leur nouvelle condition pour se moquer de leurs anciens maîtres. Après avoir

été repoussé par Euphrosine (ancienne maîtresse) Arlequin va retrouver son ancien maître Iphicrate.

ARLEQUIN.- Eh ! qui est-ce qui te dit que je ne t'aime plus ? IPHICRATE. - Tu m'aimes, et tu me fais mille injures ?

ARLEQUIN. - Parce que je me moque un petit brin de toi; cela empêche-t-il que je t'aime ? Tu disais bien que tu

m'aimais, toi, quand tu me faisais battre; est-ce que les étrivières (1) sont plus honnêtes que les moqueries ? IPHICRATE. - Je conviens que j'ai pu quelquefois te maltraiter sans trop de sujet. (2)

ARLEQUIN. - C'est la vérité.

IPHICRATE. - Mais par combien de bontés ai-je réparé cela !

ARLEQUIN. - Cela n'est pas de ma connaissance.

IPHICRATE. - D'ailleurs, ne fallait-il pas te corriger de tes défauts ?

ARLEQUIN. - J'ai plus pâti des tiens que des miens; mes plus grands défauts, c'était ta mauvaise humeur, ton

autorité, et le peu de cas que tu faisais de ton pauvre esclave.

IPHICRATE. - Va, tu n'es qu'un ingrat au lieu de me secourir ici, de partager mon affliction, de montrer à tes

camarades l'exemple d'un attachement qui les eût touchés, qui les eût engagés peut-être à renoncer à leur

coutume ou à m'en affranchir, et qui m'eût pénétré moi-même de la plus vive reconnaissance !

ARLEQUIN. - Tu as raison, mon ami; tu me remontres (3) bien mon devoir ici pour toi; mais tu n'as jamais su le

tien pour moi, quand nous étions dans Athènes. Tu veux que je partage ton affliction, et jamais tu n'as partagé la

mienne. Eh bien ! va, je dois avoir le coeur meilleur que toi; car il y a plus longtemps que je souffre, et que je sais

ce que c'est que de la peine. Tu m'as battu par amitié : puisque tu le dis, je te le pardonne; je t'ai raillé par bonne

humeur, prends-le en bonne part, et fais-en ton profit. Je parlerai en ta faveur à mes camarades, je les prierai de

te renvoyer, et, s'ils ne veulent pas, je te garderai comme mon ami; car je ne te ressemble pas, moi; je n'aurai

point le courage d'être heureux à tes dépens.

IPHICRATE,s'approchant d'Arlequin. - Mon cher Arlequin, fasse le ciel, après ce que je viens d'entendre, que j'aie

la joie de te montrer un jour les sentiments que tu me donnes pour toi ! Va, mon cher enfant, oublie que tu fus

mon esclave, et je me ressouviendrai toujours que je ne méritais pas d'être ton maître.

ARLEQUIN. - Ne dites donc point comme cela, mon cher patron : si j'avais été votre pareil, je n'aurais peut-être

pas mieux valu que vous. C'est à moi à vous demander pardon du mauvais service que je vous ai toujours rendu.

Quand vous n'étiez pas raisonnable, c'était ma faute. IPHICRATE,l'embrassant.- Ta générosité me couvre de confusion. ARLEQUIN. - Mon pauvre patron, qu'il y a de plaisir à bien faire !

Après quoi il déshabille son maître.

IPHICRATE. - Que fais-tu, mon cher ami ?

ARLEQUIN. - Rendez-moi mon habit, et reprenez le vôtre; je ne suis pas digne de le porter. IPHICRATE. - Je ne saurais retenir mes larmes. Fais ce que tu voudras.

1.Étrivières : sortes de fouet - 2. sujet : de motif 3. remontrer : faire la leçon (des remontrances)

HISTOIRE DES ARTS

HISTOIRE DES ARTS

projection du film La Cérémonie, Claude Chabrol 1995 (Lycéens au cinéma)quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
[PDF] lecture analytique les choses

[PDF] lecture analytique les choses georges perec

[PDF] lecture analytique les misérables cosette

[PDF] lecture analytique les misérables fantine

[PDF] lecture analytique les trois mousquetaire Dumas

[PDF] Lecture Analytique Lettre 81 liaisons dangereuses

[PDF] lecture analytique manon lescaut incipit

[PDF] Lecture analytique Manon Lescaut l'Abbé Prévost

[PDF] lecture analytique manon lescaut la lettre

[PDF] lecture analytique manon lescaut la mort de manon

[PDF] lecture analytique manon lescaut les retrouvailles

[PDF] Lecture analytique méthode

[PDF] lecture analytique méthode fiche

[PDF] lecture analytique micromégas chapitre 1

[PDF] lecture analytique micromégas chapitre 2