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Multilinguales

15 | 2021

Recherches algériennes en sociolinguistique et en littérature : discours scientifique/discours militant, quelles frontières ?

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/multilinguales/5968

DOI : 10.4000/multilinguales.5968

ISSN : 2335-1853

Éditeur

Université Abderrahmane Mira - Bejaia

Référence

électronique

Multilinguales

, 15

2021, "

Recherches algériennes en sociolinguistique et en littérature : discours scienti que/discours militant, quelles frontières ? » [En ligne], mis en ligne le 15 juin 2021, consulté le

02 mai 2023. URL

: https://journals.openedition.org/multilinguales/5968 ; DOI : https://doi.org/

10.4000/multilinguales.5968

Ce document a été généré automatiquement le 2 mai 2023. Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modi cation 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0

SOMMAIREAvant-proposMourad BektacheIntroductionRecherches linguistiques et littéraires en Algérie : terrain et enjeux Nabil Sadi

Esquisse d'une sociolinguistique de la littérature dans le contexte algérien : enjeux théoriques et positionnements épistémologiques

Mokhtar Boughanem et Hassiba Benaldi

Recherche en littérature écrite d'expression amazighe : état des lieux et typologie des discours critiques

Salim Ayad

Une lecture de la reception du roman de langue kabyle (ou l'ungal)

Nabila Sadi

Tajeumt n tmazit de Mouloud Mammeri : terminologie grammaticale et métalangage

Mahmoud Amaoui

Autour de l'acte humoristique en Algérie : le français au service de l'implicite

Radia Touati

Une analyse discursive de l'acte humoristique à travers les créations lexicales dans la presse francophone algérienne

Samira Allam Iddou

Varia La lecture/déchiffrement en Algérie et la méthode syllabique

Afaf Salhi et Mourad Bektache

Les insultes " mots-doux » dans les échanges conversationnels dans l'espace public en Côte d'Ivoire

Kouakou Kouman Fodjo

L'identité nationale à travers les manuels scolaires de langue française en Algérie. Cas du

manuel de première année moyenne Adila Sahraoui Idriss et Fatima Zohra Chiali Lalaoui " La nuit de noce sur la natte » : l'expression liminaire d'une initiation ratée

Zahir Sidane

Deux romans de Kamel Daoud, entre militantisme satirique et symbiose interculturelle

Smail Mahfouf

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Avant-proposMourad Bektache Recherches algériennes en sociolinguistique et enlittérature : discours scientifique/discours militant,quelles frontières ?

1 Depuis plusieurs années les études dans les domaines des sciences du langage et de la

littérature en Algérie prolifèrent. L'ouverture de ce pays maghrébin dans différents

niveaux (sociopolitique, économique, culturel) depuis les années 1990 a libéré

ostensiblement la recherche scientifique. Rappelons qu'après l'indépendance, la recherche dans le domaine des sciences sociales était bridée et très peu encouragée. Si elle existait elle se faisait à l'étranger par quelques chercheurs algériens exilés ou, souvent, par des universitaires étrangers (Tristan Leperlier, 2018). L'étude de terrain

était très peu développée. Les quelques travaux produits étaient davantage

institutionnels et étatiques. Ceux-ci constituaient un moyen de légitimation des pouvoirs publics de l'époque (Tristan Leperlier, idem). Les travaux sur les langues

n'étaient pas en reste puisqu'ils constituaient l'un des éléments les plus contrôlés dans

la politique nationale du pays. Les seuls travaux tolérés sont ceux qui sont limités au cadre descriptif des langues. Du fait d'une politique d'arabisation, les études traitant de la langue arabe institutionnelle ont été encouragées. La libération du champ politique en Algérie dès 1990 a favorisé la multiplication des travaux universitaires dans le domaine des sciences du langage et de la littérature. En sociolinguistique, par exemple, plusieurs études sont menées sur les langues autrefois interdites (l'amazight et l'arabe dialectal). Même dynamique est observée dans le domaine de la recherche littéraire :

plusieurs travaux ont été publiés sur des oeuvres littéraires interdites auparavant. Cette

nouvelle donne a favorisé l'apparition de mouvements d'universitaires défenseurs des

langues minorées (l'amazigh et l'arabe dialectal) et de la liberté d'expression (théâtre,

cafés littéraires, presse écrite, art et cinéma...). Comme leurs pairs occitanistes (universitaires-militants défenseurs de la langue occitane ; R. Lafont, Ph. Martel, H. Boyer, P. Sauzet, par exemple), plusieurs universitaires algériens prônent un discours

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plutôt militant vis-à-vis des langues algériennes, des questions identitaires, culturelles et religieuses.

2 Notre intérêt dans cet appel à contribution est porté sur les discours universitaires(Dominique Maingueneau, 2010) produits dans les domaines de la recherche en sciencesdu langage et en littérature depuis l'indépendance en Algérie. Il s'agit pour nous de

recueillir des travaux sur le positionnement dans le discours (Christian Le Bart, 1998) de chercheurs sur des questions linguistiques et littéraires. Un bilan de tous les travaux menés dans ces disciplines permettrait de comprendre l'évolution de la recherche dans ces domaines, d'en comparer les différentes étapes et, surtout, de tracer une typologie des discours propres aux chercheurs algériens.

3 Dans le domaine des sciences du langage nous pouvons citer le travail mené par Dalila

Morsly (2012) qui retrace les travaux sociolinguistiques menés en Algérie. Elle évoque les positions des uns et des autres à l'égard de l'objet d'étude. L'article de Chachou Ibtissem et Bensekat Malika (2016), intitulé "Le traitement de la variation linguistique dans

les travaux universitaires sur les langues pratiquées en Algérie : Cas de quelques positions de

recherche », tente une étude sur les postures de recherche d'universitaires algériens sur la variation linguistique. L'étude met en avant, à travers un corpus limité, quelques postions épistémologiques de chercheurs vis-à-vis de l'objet d'étude de leur recherche. D'autres études (Abderazak Dourari, Khaoula Taleb Ibrahimi, Foudil Cheriguen) tentent tant bien que mal de démonter la complexité de l'objet langue en Algérie.

4 Ce numéro se propose de répondre à deux questionnements : la complexité du rapport

au terrain algérien (Attika-Yasmine Abbes-Kara) et le statut des connaissances produites par des chercheurs algériens. Le premier soulève des questions d'ordre méthodologique (quelle posture adopte le chercheur de terrain [Philipe Blanchet, 2012] dans un contexte généralement tendu, conflictuel et souvent en mouvement continu ?) ; le deuxième renvoie aux positions épistémologiques des chercheurs [Françoise Demaizière, Jean-Paul Narcy-Combes, 2007] (quels sont les statuts respectifs des connaissances et des discours scientifiques et militants produits en Algérie ?). Il s'agit, en effet, de savoir quelles postures discursives (Aude Bretegnier, 2009) caractérisent les connaissances produites par des chercheurs algériens. Quels sont les mécanismes discursifs mis en place par les universitaires algériens quand un lien direct existe entre le chercheur (impliqué/distancié) et l'objet d'étude analysé ? Et quels discours sont produits (représentations) sur ces connaissances scientifiques ? Les universitaires- militants en sociolinguistique (Tirvassen Rada, 2019 ; Philippe Blanchet, 2014) produisent quel discours sur les langues en Algérie ? Quelles sont les frontières entre le chercheur algérien dans ces disciplines et son objet d'étude ?

5 Ces questionnements pourront trouver des réponses à travers les axes suivants :Axe 1 : Quels bilans peut-on faire des productions scientifiques dans les domaines des

sciences du langage et de la littérature en Algérie ? Quelle typologie peut-on en dégager ? Quel type de discours est produit sur les questions linguistiques et littéraires en Algérie ? Quelles positions discursives adoptent les chercheurs algériens dans leur acte de production des connaissances face à l'ordre du discours (Aïcha Kassoul, 2008) mis en place par les institutions ? Axe 2 : Les universitaires algériens en sciences du langage s'inscrivent-ils dans un cadre épistémologique imposé par la nature/particularité de leur objet d'étude ? Comment gèrent-ils (des marqueurs discursifs le font apparaitre) les pressions sociales et institutionnelles dans leur recherche ? Quel discours produisent-ils sur les langues

Multilinguales, 15 | 20213

minorées et les langues institutionnelles ? Comment se construit le discours produit par l'universitaire-militant ? Quel impact a-t-il sur la recherche et le devenir des langues en Algérie ?

AUTEUR

MOURAD BEKTACHE

Directeur de publication, memebre du comité scientifique et de lecture de Multilinguales,

Université de Bejaia

Multilinguales, 15 | 20214

IntroductionRecherches linguistiques et littéraires en Algérie : terrain et enjeux Nabil Sadi

1 Ce numéro de Multilinguales se veut thématique, dressant un panorama des recherches

en sociolinguistique et en littérature dans le contexte algérien et questionnant le discours scientifiques et militant autours des auteurs algériens à l'intérieur ou en dehors du pays. En effet, et comme le souligne Bektache dans son avant-propos, " depuis plusieurs années les études dans les domaines des sciences du langage et de la littérature en Algérie prolifèrent. L'ouverture de ce pays maghrébin dans différents niveaux (sociopolitique, économique, culturel) depuis les années 1990 a libéré ostensiblement la recherche scientifique. Rappelons qu'après l'indépendance, la recherche dans le domaine des sciences sociales était bridée et très peu encouragée. Si elle existait elle se faisait à l'étranger par quelques chercheurs algériens exilés ou, souvent, par des universitaires étrangers (Tristan Leperlier,

2018) ».

2 Les articles retenus dans cette quinzième édition relèvent de deux rubriques, à savoirthématique et varia. Les textes, mettant en avant la problématique du terrain et des

enjeux de la recherche scientifique en Algérie, répondent à deux questionnements : la complexité du rapport au terrain algérien et le statut des connaissances produites par des chercheurs algériens. Le premier soulève des questions d'ordre méthodologique ; le deuxième renvoie aux positions épistémologiques des chercheurs.

3 Dans cette perspective, Mokhtar Boughanem et Hassiba Benaldi proposent de

reconstituer, à partir de quelques travaux scientifiques algériens, les fondements épistémologiques d'une sociolinguistique de la littérature qui se veut en pleine émergence. Dans un premier temps, ils ont tenu à souligner la prédisposition de la sociolinguistique à travailler sur des terrains hétérogènes, juste parce que la question

de l'usage de la langue y est posée. Ensuite et à l'aide d'une étude quantitative basée sur

des données bibliométriques, ils ont fait en sorte de situer les travaux sociolinguistiques orientés vers la littérature par rapport à l'ensemble de la production scientifique qui traite de la relation entre langue et littérature. Ils ont approfondi leur

analyse par une étude qualitative portant sur le contenu des publications qui

s'inscrivent dans le cadre de la sociolinguistique de la littérature. Au terme de leur

étude, ils ont abouti à ces conclusions : la littérature est envisagée en sociolinguistique

Multilinguales, 15 | 20215

comme une pratique étroitement liée à un contexte de production et de circulation, etsurtout comme une pratique qui fait interagir des formes linguistiques fluctuantes avec

un contenu socialement marqué ; la littérature est le siège de phénomènes

sociolinguistiques qui se déploient sur deux principaux axes, celui des rapports instaurés entre les langues et celui des rapports entretenus à l'égard des langues ; la littérature n'est pas à proprement parler un objet d'étude pour la sociolinguistique

mais un terrain d'investigation à entrée textuelle. Ils affirment que ces trois

conclusions sont révélatrices des présupposés épistémologiques qui guident les travaux

effectués dans le cadre de la sociolinguistique de la littérature. L'intérêt d'une telle approche réside dans le fait que celle-ci contribue, par-delà les frontières disciplinaires traditionnelles, à une meilleure compréhension des relations complexes entre langue et littérature.

4 Nous enchaînons avec la contribution de Salim Ayad qui questionne les contours et les

limites de la recherche littéraire amazigh. Il pose comme question principale : où on est la recherche dans le domaine de la littérature écrite d'expression amazighe en Algérie ? Les réflexions qu'il développe dans son article, en s'appuyant sur des propositions théoriques, cherchent à rendre compte de ses orientations et à proposer une typologie des discours critiques produits par la recherche littéraire. Il dresse, en conclusion, un bilan de ses lectures de l'ensemble des critiques exposées dans l'étude. Cette lecture a permis une vue d'ensemble de ce qui a été fait, mais aussi d'en saisir les grandes tendances de ce discours. Mais cela ne s'est pas fait sans difficulté, car il avance qu'il a dû, en cours de route, se séparer de quelques travaux pour éviter de reproduire les mêmes constats. Une autre difficulté à laquelle il avait dû faire face est de dresser un

état des lieux des plus fidèles possible.

5 Dans le même contexte de productions en langue kabyle, Nabila Sadi propose aussi de

suivre le discours critique ayant accompagné l'ungal, un roman de langue kabyle, et d'observer les jalons de son évolution au gré des enjeux du champ littéraire dans lequel il est produit. Il est question de voir la manière dont ces enjeux ont contribué à façonner les lectures qu'elles soient de l'ordre de la recherche universitaire ou s'inscrivant dans un cadre plus " informel », comme le cas des comptes rendus de lecture. L'objectif est de décrire la manière dont la réception s'est organisée pour

répondre à certaines problématiques de l'espace social, à certains aspects

contraignants du champ littéraire kabyle, et comment celle-ci s'est vue transformée

une fois que ce même champ s'était doté de nouvelles données. Elle est arrivée à saisir

les conditions qui ont amené la réception de l'ungal à s'adapter à des contraintes " externes » en déployant plusieurs stratégies de valorisation (notamment au niveau des comptes rendus de lecture) visant à asseoir une certaine autorité à l'ungal et à oeuvrer à l'amélioration des conditions de son lectorat. Et dès lors que le champ littéraire s'est vu attribué de nouvelles données (ouvertures des départements de langue et culture amazighes, enseignement et institutionnalisation de la langue amazighe), une nouvelle orientation de la critique de l'ungal prend place pour répondre à des interrogations plus " internes » aux textes. Il souligne que c'est à partir des années 2000 que s'élève tout un discours de légitimation de cette forme générique (centré autour de la poétique des textes) s'accompagnant, également, d'une orientation à caractère plus prescriptif, s'interrogeant à propos de la codification de l'ungal et de

l'ambigüité de certaines assignations génériques, perçues par certains critiques comme

aberrantes. Entre prescription et réflexions sur le corpus de l'ungal, ces discours dépendent grandement des positionnements méthodologiques de ces critiques et du

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système de références (souvent imprégnés des canons de la littérature occidentale) àpartir duquel ils discutent les textualités de ce nouveau genre, encore en construction.

6 La grammaire kabyle a été à l'honneur dans ce numéro thématique, avec lacontribution de Mahmoud Amaoui, intitulé " Tajeumt n tmazit de Mouloud

Mammeri : terminologie grammaticale et métalangage ». Son étude se penche sur l'analyse de quelques aspects du métalangage scientifique (le lexique métalinguistique et les caractères linguistiques de l'autonymie, plus particulièrement) usité dans le premier manuel de grammaire kabyle (et berbère) rédigé entièrement en kabyle, Tajeumt n tmazit de Mouloud Mammeri, et qui est également la première tentative de construire un discours métalinguistique en cette langue. Il souligne, en introduction, que la publication de Tajeumt n tmazit de Mouloud Mammeri en 1976 marque une étape importante à la fois dans le processus de grammatisation de la langue kabyle et dans la constitution du métalangage scientifique dans les langues berbères. Pour être historiquement le premier texte grammatical kabyle (et berbère) entièrement rédigé en kabyle, ce manuel met en oeuvre une terminologie grammaticale, des techniques discursives et des procédés morphosyntaxiques qui sont jusque-là inconnus dans les écrits berbères. Il dresse un état des lieux des travaux sur le sujet en soulignant que le vocabulaire dit " technique » de Tajeumt a déjà fait l'objet d'une étude systématique par R. Achab (1996 : 103-131). Celle-ci s'inscrit dans le cadre de la néologie lexicale comme le sont les autres vocabulaires analysés dans le même ouvrage de R. Achab (Amawal, Mathématiques, Éducation...). Mais il avance qu'aborder un tel vocabulaire dans le cadre de la terminologie grammaticale et plus généralement de l'élaboration du

métalangage en berbère conduit à des conclusions très différentes de celles de l'étude

des néologismes. En s'inscrivant dans l'approche théorique des études linguistiques du métalangage (notamment Rey-Debove, 1997), il a tenté dans un premier temps d'inventorier le lexique métalinguistique contenu dans le manuel de Mammeri avant de déboucher sur l'étude de sa terminologie grammaticale. Il arrive à la conclusion que la terminologie grammaticale employée dans le texte de Tajeumt est beaucoup plus riche que ne laisse apparaitre le glossaire au début de l'ouvrage. Mais malgré tout, un déficit énorme en la matière est nettement perceptible dans le discours métalinguistique.

Cette situation a bien évidemment un coût : il se traduit dans le discours

métalinguistique quelquefois par des définitions tautologiques et un contournement du métalangage.

7 La rubrique thématique s'achève en questionnant l'humour dans la presse algérienne.

D'abord avec la contribution de Radia Touati qui suggère une analyse du discours humoristique du journal satirique algérien " El Manchar ». Son étude est principalement basée sur deux compétences, linguistique et encyclopédique, en langue française qui permettent de mettre en relief l'impact d'une interaction culturelle qui allie la langue de l'Autre (la langue française) destinée à provoquer l'humour chez le public algérien (le Même, le nôtre, le mien) en période de Hirak et de la COVID-19. Elle souligne que l'humour a, de tout temps, accompagné les révolutions algériennes en offrant un espace matriciel de développement d'une pensée critique, et ce, en s'interrogeant et interrogeant les valeurs qui unissent les sociétés. Dans son expression

spontanée, le rire a tendance à délier les langues et les pensées. La période du Hirak

algérien est marquée par une lourde censure, qu'elle soit journalistique ou non, qui porte préjudice à la réflexion. Elle affirme que les nombreuses arrestations connues durant cette période tendent à réprimer la créativité. El Manchar fait partie de ces

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médias qui ont bravé l'interdit et a multiplié les publications comme " arme redoutable »

(Dahak, 2018 : 15). Au terme de son étude, elle confirme que le discours humoristique

est une écriture créative. D'une part, elle fait appel à des compétences linguistiques qui

se manifestent dans la tribune d'El Manchar à travers l'expression implicite des messages ainsi que les divers jeux de mots relevés au cours de l'analyse. D'autre part, la compétence encyclopédique se traduit par le recours aux éléments culturels tant

algériens (le Même) que français (l'Autre). Ces compétences ont permis aux

chroniqueurs de tisser des textes résultants d'une polyphonie culturelle qui offre un espace de cohabitation pour créer une association d'éléments culturels appartenant à l'un et à l'autre dans une symbiose créative. Le corpus analysé, constitué de certains écrits d'articles issus du journal El Manchar, a permis de mettre en avant une image " sommaire » d'une sorte d'inclusion de la langue de l'Autre. Avec sa dimension culturelle, le français a permis d'exprimer et de distinguer la culture du Même par la voie de procédés linguistiques tels que les jeux de mots, véhiculant l'implicite et la dérision, dont le rapport signifiant-signifié a engendré un humour adopté par le destinataire.

8 Enfin, Samira Allam Iddou vise à mettre en valeur l'acte humoristique dans le discours

journalistique francophone à travers des créations lexicales. Elle souligne que si l'innovation lexicale a fait l'objet de nombreuses études, elle ne recense aucune étude

consacrée à la création lexicale à effet humoristique de la presse algérienne

francophone. Pour cela, elle propose d'actualiser une analyse discursive de l'humour à travers les créations lexicales manifestées dans le discours journalistique. Dans le cadre de son étude, elle commence par identifier toutes les créations pouvant servir de base à des effets humoristiques afin de les analyser puis met en évidence la mise en oeuvre du processus de la création lexicale. En mettant l'accent sur les procédés de création lexicale (dérivation, composition, inversion, synapsie, troncation ou siglaison,

métaphore, emprunt) pour véhiculer l'humour, elle a pu rendre compte de la

domination du domaine social. Le domaine culturel se trouve plus au moins néologène par rapport aux autres domaines, un fait confirmé par le nombre considérable des emprunts. Ainsi des lexies telles que cultureur ou encore sketchistes ont été recensées. Elle note aussi que le domaine politique vient en troisième position, or des créations lexicales attachées à la politique intérieure sont plus nombreuses que celles qui appartiennent à la politique extérieure. Des lexies néologiques ont été également recensées dans le domaine économique. Elle affirme que ces innovations lexicales à

effet humoristique ont été créées suite à la crise économique qui a touché le système

économique de tous les pays du monde. Le domaine scientifique et de la technologie vient en dernière position, ce qui s'explique par le fait qu'il s'agit d'un journal non spécialisé.

9 La rubrique Varia de ce numéro abrite cinq articles traitant de la didactique, de la

linguistique ainsi que de la littérature. Afaf Salhi et Mourad Bektache abordent la lecture/déchiffrement en Algérie et la méthode syllabique en soulevant la problématique de la répercussion de l'application de la méthode syllabique sur le rendement des apprenants algériens de troisième année primaire quant à l'appropriation de l'habileté de la lecture/déchiffrement. A travers une expérimentation dans quinze classes de troisième année primaire appartenant à neuf écoles de la circonscription f2 de la wilaya de Constantine, les résultats indiqueront à quel point l'apport de l'application d'une telle démarche serait en faveur d'une bonne

maitrise de cette activité. Le questionnaire destiné aux enseignants a permis

Multilinguales, 15 | 20218

d'apprécier l'adéquation des principes méthodologiques de cette méthode avecdifférentes conditions de travail. Ils aspirent à un statut de lecteur autonome en dehors

de toute dépendance familiale. Ils s'intéressent également de les libérer de la technique

de mémorisation des textes condamnés le plus souvent à l'oubli. Les résultats ont prouvé qu'effectivement la méthode syllabique serait adéquate pour enseigner la

lecture/ déchiffrement dans nos écoles grâce à ses principes didactiques

" facilitateurs » car ils s'organisent autour d'une logique d'apprentissage progressif qui va du plus simple qu'est la lettre vers le plus complexe dont le mot, la phrase et enfin le texte. Les insuffisances décelées n'ont pas eu un impact trop négatif sur ce choix du moment que les indices positifs sont restés prédominants le long de l'évaluation continue.

10 En restant dans le contexte de la pédagogie des langues et des approches en classe,

Adila Sahraoui-Idriss et Fatima Zohra Chiali-Lalaoui abordent l'identité nationale à travers les manuels scolaires de langue française en Algérie. Leur contribution vise

l'analyse des finalités actuelles du système éducatif algérien, traduites en objectifs de

formation, via le manuel de première année moyenne. Leur postulat de départ était que par le biais de ses textes, ses illustrations et ses activités variées, le manuel scolaire est susceptible de contribuer au renforcement de l'identité algérienne des apprenants. À l'issue de leur recherche, il s'avère que ce support pédagogique ne semble pas interférer dans l'identité " nationale » algérienne. Elles retiennent donc que les

thématiques reflétant l'identité algérienne ne représentent que 34 % de la totalité des

textes (73) proposés dans le corpus ; le thème de la guerre de libération nationale ainsi que la présence de quelques indices reflètent l'identité nationale ; les auteurs sont

sélectionnés de manière équitable entre nationalité algérienne et étrangère,

notamment française avec un pourcentage significatif de 50 % ; l'iconographie occupe une grande place dans les pages du manuel à raison de 80 images. Toutefois, celles qui ont proprement représenté l'Algérie sont à proportion de 16 %, et ce, à travers la référence des personnalités et régions algériennes.

11 Quant à Kouakou Kouman Fodjo, il aborde les insultes qui sont des faits et des actes

qui rythment la vie communautaire. Elles surgissent généralement dans un

environnement " confligène ». Il pense que, toutefois, l'on rencontre des cas

" insolites » de leur manifestation, notamment dans des conversations entre des catégories ou classes sociales, professionnelles qui partagent une certaine connexité, où, loin d'offenser le destinataire et provoquer son hérissement, les insultes se font " mots-doux ». En s'appuyant sur un corpus composite constitué de conversations, promouvant des insultes qui fonctionnent comme des " mots-doux », entre deux catégories de personnes, il décèle la première catégorie qui concerne des personnes qu'unissent globalement quelque lien d'amitié, de camaraderie ou de proximité du fait de la communauté professionnelle ou de lieu de travail. Dans cette catégorie, il relève majoritairement des jeunes, conducteurs et apprentis de véhicules de transport en commun, élèves du secondaire et étudiants. Il y note également, mais très rarement,

des personnes âgées ou très âgées, peut-être par exigence sociale. En effet, fors les cas

de pacte d'autorisation " d'insultes non épigrammatiques » dans le cadre des alliances interethniques, il est rare que des personnes adultes se distribuent des insultes » affectives » publiquement. Le respect et la courtoisie régulent les rapports publics entre eux et avec les autres. La seconde catégorie ressortit naturellement à des alliés interethniques sans distinction d'âge. Pour lui, il s'agit de deux phénomènes qui sont très étroitement liés par nombre de leurs mécanismes de mise en oeuvre.

Multilinguales, 15 | 20219

Toutefois, le fonctionnement de l'insulte qui consiste à vexer s'oppose à celui de l'insulte mot-doux qui produit l'effet inverse. Ainsi, des mots et expressions, généralement des adjectifs qualificatifs et des noms ou groupes nominaux, naturellement ou contextuellement violents, sont les constituants de l'insulte mot- doux avec une réception positive. Au demeurant le registre préférentiel de l'insulte mot-doux est familier voire relâché avec un mélange du nouchi et de langues du pays. L'insulte mot-doux se range en insulte mot-doux sexotype, tribale et personnelle. Loin d'être un phénomène banal, elle participe du rapprochement des populations et joue un rôle éminemment important sur les plans culturel et social.

12 Les sciences des textes littéraires se sont invitées dans ce numéro à travers lequestionnement de l'ethnocritique et de l'expression interculturelle et militante dansdes oeuvres romanesques algériennes. Zahir Sidane propose une lecture ethnocritique

du texte d'Assia Djebar " Ombre Sultane », en exposant l'apport de cette théorie à l'étude des chronotopes rituels et les logiques culturelles qui architecturent son roman. Ces logiques ritiques ainsi que les métissages anthropologiques articulés autour du rite du mariage, et les symboles qui lui sont associés, sont retraduits par l'oeuvre en dé- nouant les difficiles traversées des frontières, mobiles et labiles, du personnage liminaire d'Isma et constitue le point nodal du procès narratif. Il conclue en affirmant que le rite du mariage tel qu'il figure au seuil du texte a narrativement une fonction prédictive. La nuit de noce, au lendemain d'une nuit consommée comme dans un rapt, est vécue avec la brutalité d'un viol " sur la natte » ; un passage socialement consenti et

normalisé par la collectivité. Organisé selon une éthno-logique inversée, il constitue

symboliquement un " mauvais » passage. Il ajoute que les noces sont donc ici le temps d'une initiation ratée si toutefois on tient compte d'un parcours préparatoire à la socialisation par l'apprentissage qui a abouti à l'emprisonnement de la jeune fille dans un chronotope de crise. Et c'est au moyen des schèmes culturels qui, dans leurs progressions parallèles, rendent compte de la spécificité endogène de ces pratiques, que l'auteur nous livre une mixture, où les hiérarchies d'ordre linguistiques, culturelles et autres, sont plus ou moins fluctuantes. L'espace scriptural se dessine donc à travers des combinaisons complexes définies par des logiques multiples, et devient alors un lieu d'interrogations sur les univers symboliques ; un espace à la fois saisissable et fuyant, ouvert à tous les possibles.

13 De son côté, Smail Mahfouf aborde l'écriture des romans Zabor ou Les Psaumes et Le

peintre dévorant la femme de Kamel Daoud qui revêt un caractère équivoque, un projet

créateur écartelé entre une expression militante amplement satirique et une

orientation interculturelle esthétiquement travaillée. Il souligne qu'en apparence, cette écriture se présente sous la forme d'un discours satirique qui cible le sacré, soit en tenant un discours offensant, sarcastique, soit en se livrant à un jeu intertextuel marqué par le travestissement burlesque, la transposition thématique et la citation

ironique. En filigrane, cette écriture est également une esthétique dans laquelle le sacré

se transmue en un dialogue interculturel, qui vise à harmoniser les imaginaires oriental et occidental. Ce dialogue des cultures est sous-tendu par la fusion des arts du nu pictural et de la calligraphie arabe, de la robinsonnade et des Mille et Une Nuits, du genre romanesque et de l'ésotérisme de la mystique musulmane. L'analyse qu'il fait de cette ambiguïté romanesque qui spécifie l'écriture des deux romans se dresse en deux parties successives et complémentaires. La première concerne l'énoncé politique de cette

écriture, ce discours idéologique impliquant la moralité de l'écrivain et sa visée de la

refonte culturelle dans le monde arabe. D'où la formule " Le sacré, cible d'un

Multilinguales, 15 | 202110

rabaissement satirique » qui résume cette dimension politique de l'écrituredaoudienne. La seconde partie de l'analyse consiste à démontrer que ce même sacré

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