[PDF] Des indicateurs pour accompagner `` les éleveurs de microbes





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Chiffres clés 2019 - Des produits sous signes de la qualité et de l

CNAOL / INAO / ODG laitiers - décembre 2020 - page 3 AOP. IGP fromages beurres crèmes fromages crème. 45. 3 ... 2015 2016 2017 2018 2019.





Des indicateurs pour accompagner `` les éleveurs de microbes

14 Sept 2021 En 2015 le Conseil national des Appellations d'origine laitières (CNAOL) – instance ... fromages artisanaux au lait cru aux États-Unis



Le Camembert en Normandie Etats des lieux des fabrications et des

14 Jun 2018 La production normande de fromages AOP a connu un décrochage en 2007 lorsque les entreprises. Lactalis et la Coopérative d'Isigny-Sainte Mère ...



Untitled

cle 1 de l'ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015 3•. lDenrées alimentaires. «On entend par «denrée alimentaire» (ou «aliment»).



Rôles impacts et services de lélevage européen : rapport de l

7http://www.lemonde.fr/planete/video/2015/03/20/le-vrai-poids-de-la- 1.2.8.1.1 Portrait des productions animales sous AOP IGP et STG par pays de l'UE.



Lagriculture la forêt

https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/GraFra2021Integral/GraFra2021_integral.pdf



PLAN DE LA FILIERE OVINE FRANCAISE

14 Dec 2017 Roquefort AOP: 3 900 tonnes. 11%. Ovins vivants: 422 000 agneaux et 46 000 ovins adultes. Fromages en saumure: 10 800 tonnes.

Revue d'anthropologie des connaissances

15-3 | 2021

Un tournant microbien

Des indicateurs pour accompagner "

les éleveurs de microbes Une communauté épistémique face au problème des laits paucimicrobiens » dans la production fromagère au lait cru (1995-2015) Indicators to accompany "microbe breeders". An epistemic community facing the problem of "paucimicrobial" milk in raw milk cheese production (1995-2015) Indicadores para acompañar a los "criadores de microbios». Una comunidad epistémica frente al problema de la leche "paucimicrobiana» en la producción de queso de leche cruda (1995-2015)

Élise

Demeulenaere

et

Mathilde

Lagrola

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/rac/24953

ISSN : 1760-5393

Éditeur

Société d'Anthropologie des Connaissances

Ce document vous est offert par Campus Condorcet

Référence

électronique

Élise Demeulenaere et Mathilde Lagrola, "

Des indicateurs pour accompagner "

les éleveurs de microbes

Revue d'anthropologie des connaissances

[En ligne], 15-3

2021, mis en ligne le 01

septembre 2021, consulté le 14 septembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/rac/24953 Ce document a été généré automatiquement le 14 septembre 2021.

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Des indicateurs pour accompagner" les éleveurs de microbes »Une communauté épistémique face au problème des laits" paucimicrobiens » dans la production fromagère au lait cru (1995-2015)

Indicators to accompany "microbe breeders". An epistemic community facing the problem of "paucimicrobial" milk in raw milk cheese production (1995-2015) Indicadores para acompañar a los "criadores de microbios». Una comunidad epistémica frente al problema de la leche "paucimicrobiana» en la producción de queso de leche cruda (1995-2015)

Élise Demeulenaere et Mathilde Lagrola

" Certaines formes de savoir et de contrôle requièrent une réduction du champ de vision.

Cela offre le grand avantage de mettre en

évidence certains aspects précis d'une réalité par ailleurs bien plus complexe et difficile d'accès.

Par le truchement de cette simplification, le

phénomène placé au centre du champ de vision est rendu plus lisible et il est dès lors plus aisé de lui appliquer des mesures et des calculs précis » (Scott, 2021, p. 27).

1 En 2015, le Conseil national des Appellations d'origine laitières (CNAOL) - instance

rassemblant l'ensemble des organismes gérant les Appellations d'Origine Protégées (AOP) laitières françaises - consacrait son assemblée générale aux contributions positives du lait cru dans les productions fromagères

1. Lors de la rencontre, organisée

en octobre à Rocamadour, les intervenants - une microbiologiste de l'unité Productions fromagères de l'INRA à Aurillac, et trois producteurs - déclinent, tout en insistant sur " leur préoccupation permanente de qualité sanitaire », les bienfaits du lait cru " tant

sur le goût, la santé, la biodiversité que sur la préservation de spécificités culturelles »2.

À cette occasion, il est mentionné une tendance jugée inquiétante : alors que le nombreDes indicateurs pour accompagner " les éleveurs de microbes »

Revue d'anthropologie des connaissances, 15-3 | 20211 de germes/ml de lait cru en France était en moyenne de 200 000 dans les années 1970, il serait tombé à 5000 selon les chiffres de la profession

3. Lors de la 3ème journée technique

organisée quelques mois plus tard par la revue Profession Fromager, la thématique des " laits pauci-microbiens » - " avec peu de microbes » - est annoncée comme l'un des " nouveaux défis des fromages au lait cru »

4. La chercheuse de l'INRA précédemment

intervenue, Marie-Christine Montel, inaugure la première session " Préserver la

biodiversité en amont ». Elle qualifie les laits crus de " laits vivants », et en appelle à

" faire preuve de plus de discernement » pour " préserver les microorganismes utiles ». Son intervention est suivie par celle d'Antoine Bérodier qui présente et représente le programme de recherche-action " FlorAcQ » conçu pour " Accompagner les producteurs de lait engagés dans des filières sous signe de qualité et d'origine pour gérer la flore microbienne des laits crus » et aider les éleveurs à améliorer les " équilibres microbiens de leur lait ». Un producteur fermier de Camembert de Normandie est invité à raconter " comment [il a] réussi à revenir au lait des années cinquante », en s'engageant dans la recherche de " laits riches ». Sous l'intitulé " les stratégies collectives », la session suivante aborde les réponses mises en place par une poignée d'Appellations d'origine, à travers la constitution de " souchothèques », c'est-

à-dire de collections de souches sélectionnées à partir d'échantillons prélevés

localement. L'après-midi, une session vise à " Préserver la biodiversité en fabrication »,

à partir d'une série de pratiques relevant de traditions en partie réinventées

permettant une meilleure expression des microflores natives du lait. Dans la foulée de

l'assemblée générale de Rocamadour, un groupe de travail " Lait cru » est réuni au sein

de la Commission scientifique et technique de l'Institut National des Appellations d'origine (INAO). Lors de la réunion de février 2018, le groupe de travail insiste sur l'enjeu du problème des laits pauci-microbiens - qui sont " une façon de supprimer le lait cru sans le dire » - et " à l'utilisation de ferments [exogènes] qui rapprochent progressivement les fromages à forte identité des fromages industriels ». " Avant d'être des éleveurs d'animaux, nous sommes des éleveurs de microbes », martèle le président du groupe de travail Patrice Chassard, par ailleurs producteur fermier et président de l'Union des producteurs de Saint-Nectaire fermier 5.

2 Si l'appauvrissement des flores natives du lait n'est pas constitué en " problème

public », au sens où il n'a pas une grande visibilité dans les arènes publiques (Cefaï,

1996), il est en revanche devenu en quarante ans un point de préoccupation majeur

tant pour les acteurs que pour les connaisseurs de la production fromagère au lait cru. L'objet de cet article est de décrire la manière dont la tendance à l'appauvrissement des laits émerge comme une situation problématique et comment des acteurs se mobilisent pour y remédier, à travers la production de nouvelles connaissances (notamment, de nouveaux indicateurs de la qualité microbienne des laits), mais aussi à travers de nouvelles façons d'organiser la production et l'appropriation de ces connaissances, en

se rapprochant " du terrain ». Le sujet se prête à une approche inspirée du

pragmatisme sociologique, car il rencontre le chemin d'acteurs confrontés à une

situation inédite et pleine d'indétermination que leur enquête collective vise à résoudre

(Dewey, 2006). Notre insertion sur ce terrain de recherche et la nature du corpus rassemblé nous a amenées à concentrer l'analyse sur la période 1995-2015, et sur un collectif de personnes bien identifié que nous qualifierons de " communauté épistémique » : l'expression conceptualise le fait que des communautés scientifiques

partageant un paradigme développent une même vision du monde, qu'elles peuventDes indicateurs pour accompagner " les éleveurs de microbes »

Revue d'anthropologie des connaissances, 15-3 | 20212

être amenées à défendre par des activités d'expertise, des plaidoyers épistémiques, et

toute autre forme d'action (Haas, 1992).

3 Cet article est rédigé dans un moment intellectuel où les microorganismes sont investis

comme un objet d'intérêt pour les sciences humaines et sociales. Les auteurs pionniers de ce champ des ethnographies multiespèces posent, de plus, que la période actuelle

serait caractérisée par une transformation du regard porté sur les microbes, de " péril »

en " promesse » (Paxson & Helmreich, [2014] 2017). Ethnographe du renouveau des fromages artisanaux au lait cru aux États-Unis, où le lait pasteurisé est la norme, l'anthropologue Heather Paxson est une protagoniste majeure de ce " tournant microbien » (voir introduction au numéro). Dans " Post-pasteurian cultures », son article le plus cité, elle met en scène un affrontement entre les " pasteuriens » ennemis des microbes, et les " post-pasteuriens » incarnés par les fromagers artisanaux qu'elle étudie, promoteurs d'une alliance avec les microbes (Paxson, 2008). Il en résulte une vision opposant contre et pour les microbes, avec une sympathie pour la deuxième position

6. Tout en reconnaissant l'apport de ces travaux, nous nous en démarquons par

notre terrain et notre approche. D'une part nous travaillons dans un pays de culture

fromagère dans lequel la fabrication au lait cru est une tradition ancienne et

ininterrompue, qui représente actuellement 15 % des fromages commercialisés en France : il ne s'agit pas d'une alternative en marge d'un système dominant, mais d'un secteur du marché structuré, et dont on va voir qu'il est traversé par des tensions internes. D'autre part, nous revendiquons un principe méthodologique cher aux historiens et aux anthropologues, qui consiste à prêter attention aux termes utilisés par

les acteurs de l'enquête, considérant que ces termes sont porteurs d'univers

sémantiques singuliers que la recherche vise précisément à décrypter. Il faut noter à

cet égard que les acteurs que nous étudions n'utilisent pas le terme microbe, sauf exceptionnellement, dans des arènes et des contextes dans lesquels ils cherchent à marquer les esprits

7. Ils parlent - selon les époques et leur communauté

d'appartenance - de germes, de souches, de communautés microbiennes, d'écosystèmes microbiens... Cette pluralité lexicale renvoie à différentes façons de saisir la vie microbienne - à différentes échelles, avec différentes instrumentations - chacune de ces onto-épistémologies8 ne faisant pas ressortir les mêmes propriétés du vivant. Outillées par le regard des science studies, les sciences sociales peuvent aller un cran plus loin en s'intéressant aux dispositifs que mettent en place les acteurs pour

" instaurer » dans le monde social telle ou telle ontologie microbienne : cette

thématique, travaillée de longue date sur d'autres terrains agricoles (Demeulenaere,

2014), a surgi au fil de notre enquête à travers la question des indicateurs utilisés pour

quantifier ou qualifier la vie microbienne des laits. Plus précisément, nous avons pu observer les efforts des acteurs soucieux du maintien de la microbiodiversité laitière pour construire un indicateur alternatif à celui qui prévaut dans la réglementation (le " nombre de germes/ml »), illustrant un point analysé par les sciences sociales : la dimension politique et performative des indicateurs (Bouleau & Deuffic, 2016) et l'importance des querelles métrologiques dans la définition des problèmes sanitaires et environnementaux (Chateauraynaud & Debaz, à paraître).

4 Le sujet conduit à se concentrer sur le secteur des fromages au lait cru,particulièrement investis par les Appellations d'origine9. La microflore native y est en

effet préservée tout au long de la chaîne de fabrication, du lait au fromage : sa permanence dans le produit fini y est revendiquée comme étant un élément du lien au

terroir. Du côté des chercheurs, les protagonistes sont issus des laboratoires spécialisésDes indicateurs pour accompagner " les éleveurs de microbes »

Revue d'anthropologie des connaissances, 15-3 | 20213 dans la production fromagère et délibérément ancrés dans des territoires de tradition fromagère : pour l'INRA, le Centre d'Aurillac dans le Massif Central et le Centre de Poligny dans le Jura. Dans ce secteur où les activités de recherche, de développement,

et de production sont fortement intégrées, les instituts techniques dédiés à la R&D en

production fromagère, implantés régionalement, sont un autre espace important de la production de connaissances 10.

5 La première partie remet en contexte historique la fabrique des métriques de lamicrobiologie du lait qui prévalent dans la réglementation actuelle (notamment le

" nombre de germes/ml »), et leur performativité dans les choix des agriculteurs contemporains. Nous examinons ensuite comment ont émergé, dans les années 1990,

les recherches liées à l'appauvrissement microbien des laits crus, et la bifurcation créée

par les chercheurs travaillant au plus près des appellations d'origine. Celle-ci se structure autour d'un groupe de travail au départ informel, diversement connu sous le nom de " Flore des laits », " Interflore », ou " Écosystèmes microbiens »

11. Nous nous

attardons ensuite sur " FlorAcQ », la démarche d'accompagnement des producteurs laitiers qui en découle, et sur la façon dont elle tente de modifier en pratique, à travers la mobilisation d'indicateurs microbiens alternatifs, l'appréhension des microorganismes dans les fermes.

Remettre en histoire les indicateurs microbiens

réglementaires Le nombre de germes/ml : origine et performativité d'une métrique instaurée dans un contexte d'industrialisation de la production laitière

6 La production fromagère en France a connu durant le siècle dernier de profondes

transformations, dont l'histoire a été retracée par la géographe ruraliste Claire Delfosse

(Delfosse, 2007). Quelques jalons sont rappelés de façon récurrente par les connaisseurs de la filière, qu'ils soient scientifiques, techniciens fromagers, ou producteurs

12. Il faut

citer l'électrification des fermes dans les années 1950, qui s'est accompagnée de la

généralisation des machines à traire, et des tanks réfrigérés à partir de 1970. La

machine à traire, qui a permis le passage d'une traite à la main à une traite mécanisée,

participait explicitement de l'amélioration des conditions de travail des éleveurs. La

traite étant une étape critique de contamination du lait par les bactéries pathogènes, la

machine à traire et son lactoduc qui fait circuler le lait directement de la mamelle vers le tank, en minimisant les échanges avec l'environnement extérieur, étaient en outre perçus comme un progrès en termes d'hygiène

13. Par ailleurs, la concentration des

unités de production fromagère et l'abandon de la livraison biquotidienne jugée trop astreignante ont imposé le transport du lait sur de plus grandes distances et un

allongement du délai entre la traite et la fabrication : durant cette étape, la

conservation du lait au froid (et non à température ambiante) était explicitement promue par les microbiologistes de l'INRA pour conserver un lait cru " de bonne qualité bactériologique »

14. Le ralentissement du développement des microorganismes par le

froid était en effet considéré comme un levier efficace pour lutter contre les

proliférations pathogènes. Parallèlement, les méthodes d'estimation de la qualité

bactériologique en laboratoire évoluent au fil des recherches, de la coagulation parDes indicateurs pour accompagner " les éleveurs de microbes »

Revue d'anthropologie des connaissances, 15-3 | 20214

l'alcool proposée dans les années 1950, à la réduction par le bleu de méthylène, à une

méthode de dénombrement des bactéries qui devient progressivement accessible à grande échelle (Richard & Daufin, 1973). C'est ainsi que la mesure du nombre global de microorganismes par unité de volume de lait s'impose progressivement comme un indicateur de la " propreté » du lait. Elle s'exprime classiquement en nombre de " germes/ml », ou bien, de manière équivalente, en " UFC/ml » pour Unité Formant Colonie, expression qui a le mérite d'expliciter la méthode utilisée pour opérer le décompte, en l'occurrence la mise en culture des bactéries sur boîtes de Pétri après multiples dilutions du lait, ou encore en " FMAR/ml » pour Flore Mésophile Aérobie Revivifiable, qui précise le type de microorganismes qu'elle permet de dénombrer.

7 En 1969, la loi Godefroy institue le " paiement du lait à la qualité »15 ; ses décrets

d'application introduisent, entre autres critères impactant le prix du lait, le nombre de germes/ml

16. Ce nouveau cadre réglementaire s'appuie sur deux décennies de travaux

menés dans le centre de l'INRA à Jouy-en-Josas ; il est conçu comme le " "moteur"

principal de l'amélioration de la qualité [des laits] », les laits de bonne qualité étant

explicitement définis par les microbiologistes comme ceux " dont la flore bactérienne [est] aussi réduite que possible » (Richard & Daufin, 1973, cités par Cornu et al., 2018, p. 176). Ces représentations prévalent encore de nos jours : les teneurs en " germes totaux » sont présentées par l'interprofession laitière comme des " indicateurs de la propreté des élevages et de la santé des vaches » 17.

8 Si l'intention était de promouvoir plus d'hygiène dans les fermes, cette réglementation,

renforcée par la transposition en droit français de la directive européenne de 1992 interdisant la collecte des laits dépassant le seuil de 100 000 germes/ml

18, a contribué à

instituer la charge totale en microorganismes comme un indicateur négatif de la qualité sanitaire du lait, sans discrimination aucune entre la flore utile et la flore

pathogène. L'expression " germes totaux », qui utilise de surcroît un terme associé à la

maladie, est à cet égard significative. Selon un graphe présenté par l'interprofession laitière sur son site, en 2011, plus de 90 % des exploitations produisent un lait avec un taux de germes totaux inférieur à 50 000 unité/ml, contre environ 78 % en 1990 - ce qui est commenté comme un progrès vers " l'excellence sanitaire » (fig. 1). De nos jours, le paiement du lait à la qualité et son indicateur de germes totaux ont un rôle incitatif fort pour les éleveurs

19. Sans compter que certaines coopératives laitières adoptent des

seuils encore plus contraignants, telle Sodiaal qui applique depuis 2019 des pénalités à partir de 50 000 germes/ml 20. Des indicateurs pour accompagner " les éleveurs de microbes » Revue d'anthropologie des connaissances, 15-3 | 20215 Figure 1 : Graphe présenté sur le site de l'interprofession laitière, le CNIEL

Graphe intitulé et légendé : " Un process qualité qui produit des résultats. Au l des ans, la

composition du lait s'améliore. (...) Le niveau de germes a sensiblement diminué depuis les années 70

et témoigne aujourd'hui d'une excellente qualité sanitaire ».

Source : http://www.liere-laitiere.fr/fr/liere-laitiere/qualite-au-coeur-liere-laitiere [consulté le 4 mars

2018]

9 Les producteurs de lait, qu'il soit ensuite pasteurisé ou bien utilisé cru pour la

transformation fromagère, ont été (et sont encore) soumis aux mêmes incitations à la réduction de la charge microbienne totale. Les motivations sont au départ hygiéniques. Elles se doublent de motivations techniques et économiques. En effet, si la pasteurisation éradique la quasi-totalité des microorganismes présents dans le lait avant transformation, le processus de pasteurisation requiert un barème Temps x Température d'autant plus réduit que la charge microbienne des laits utilisés est faible au départ. Dans les termes d'un de nos interlocuteurs, " plus les laits sont contaminés,

plus il faut les matraquer ; ça dénature les protéines, la nutrition s'abîme », c'est pour

cela que les transformateurs passant par la pasteurisation préfèrent des laits très pauvres en germes. Crises sanitaires, menaces sur le lait cru et focalisation sur les " pathogènes »

10 Après l'hygiénisation de la collecte du lait et l'industrialisation de la transformation

laitière et fromagère des années 1960, les années 1980 à 1990 voient émerger une préoccupation plus ciblée sur la sécurité sanitaire de l'alimentation. De nouveaux indicateurs liés aux microorganismes classés pathogènes surgissent dans la

réglementation. Quand bien même leurs effets se font déjà ressentir sur la qualité des

laits (voir plus loin), le contexte est peu favorable à une remise en question des pratiques hygiénistes.

11 La deuxième moitié des années 1980 est en effet marquée par la préparation d'un" code d'usages en matière d'hygiène pour les fromages non maturés/non affinés et les

fromages affinés à pâte molles » au Codex alimentarius21. Les négociations sont bloquéesDes indicateurs pour accompagner " les éleveurs de microbes »

Revue d'anthropologie des connaissances, 15-3 | 20216 du fait d'un refus catégorique, par les représentants français, de l'interdiction des fromages au lait cru sur les marchés internationaux

22. La période n'est pas favorable :

c'est en effet à ce moment qu'éclate la crise de la listeria (Listeria monocytogenes), bactérie à l'origine de la listériose, dont on découvre en 1987 qu'elle se transmet par contamination alimentaire, et qui cause une trentaine de décès chez des consommateurs de vacherin suisse (Leseur, 1998). À la suite d'une action diplomatique intense menée par la France, l'Italie et la Suisse, un compromis émerge finalement au Codex, selon lequel les fromages au lait cru restent autorisés dans les échanges internationaux à condition qu'ils assurent la même sécurité sanitaire que les fromages

au lait pasteurisé. C'est à la même période qu'est préparée la directive européenne

92/46 " arrêtant les règles sanitaires pour la production et la mise sur le marché de lait

cru, de lait traité thermiquement et de produits à base de lait »

23. Mu par une logique

d'harmonisation de la qualité sanitaire des produits laitiers amenés à circuler sur le marché européen, ce texte prévoit une série de mesures encadrant non seulement les pratiques de traite, de collecte, de transport, de fabrication, mais aussi, l'aménagement des ateliers de production, et également les seuils pour les microorganismes considérés comme pathogènes 24.
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